Wikipédia:Lumière sur/Vêpres grecques

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Le cuirassé français Mirabeau bombardant Athènes, le 1er décembre 1916. Quatre obus sont tirés dont un tombe près du Palais Royal.
Le cuirassé français Mirabeau bombardant Athènes, le 1er décembre 1916. Quatre obus sont tirés dont un tombe près du Palais Royal.

Les vêpres grecques, ou événements de novembre (en grec moderne : Νοεμβριανά / Noemvrianá) sont les combats qui opposèrent, le 1er décembre (18 novembre julien) 1916, des troupes loyalistes du royaume de Grèce à des forces franco-britanniques débarquées à Athènes afin d’y réquisitionner des armes. Le surnom de « vêpres grecques » donné, en Europe occidentale, au massacre qui s'ensuivit fait référence aux « vêpres siciliennes » de 1282, durant lesquelles les troupes du roi angevin Charles Ier furent systématiquement massacrées par la population sicilienne. En Grèce, les combats sont, par contre, appelés « événements de novembre », du fait du maintien du calendrier julien dans le pays.

Dès le début de la Première Guerre mondiale, des tensions très vives se manifestent entre les gouvernements de la Triple-Entente et la Grèce, qui souhaite maintenir sa neutralité durant le conflit. Cependant, c’est la reddition sans condition, en mai 1916, du Fort Rupel, une importante place forte grecque située en Macédoine, face aux troupes bulgares, qui conduit au refroidissement des relations entre le royaume hellène et les Alliés. À partir de ce moment, l’Entente, et surtout la France, soupçonne le roi Constantin Ier et son gouvernement d’avoir conclu en secret une alliance avec les puissances centrales et de menacer ainsi l’armée d’Orient, établie à Thessalonique depuis octobre 1915.

Durant tout l’été 1916, des négociations diplomatiques sont entreprises entre Athènes et l’Entente, qui demande au roi de lui remettre l’équivalent des armes capturées par les Bulgares au Fort Rupel. Cependant, l’échec des négociations et l’occupation d’une partie de la Macédoine par l’armée bulgare favorisent la proclamation d’un gouvernement de défense nationale par l’ancien Premier ministre grec pro-Allié Elefthérios Venizélos, à Thessalonique. Le soutien des Alliés à l'homme politique crétois provoque le « Schisme national », une guerre civile larvée entre monarchistes pacifistes neutralistes, et vénizélistes bellicistes pro-Alliés.

Malgré tout, fin octobre, un accord secret est signé entre le gouvernement de Constantin Ier et la diplomatie alliée. Des pressions de l’état-major royaliste et la maladresse des vénizélistes conduisent toutefois le souverain à renoncer à l’accord. Toujours désireux de récupérer les armes exigées, le vice-amiral Louis Dartige du Fournet débarque à Athènes à la tête d'un petit contingent franco-britannique, le 1er décembre (18 novembre julien) 1916. Les troupes de l’Entente sont alors accueillies par un feu nourri des troupes royales grecques. Après une journée de combats, un compromis est trouvé entre les belligérants et les survivants peuvent rembarquer pacifiquement. Mais le départ des Alliés déclenche, durant trois jours, une féroce répression contre les vénizélistes dans la capitale hellénique.

Sur le front macédonien comme à Paris et à Londres, les conséquences de ces « vêpres » ne se font pas attendre. Louis Dartige du Fournet est ainsi démis de ses fonctions tandis qu’un blocus naval très strict est imposé à la Grèce. Surtout, le gouvernement de défense nationale de Venizélos est en partie reconnu par les Alliés. Enfin, à Londres, le Premier ministre Herbert Henry Asquith et une partie de son cabinet démissionnent le 5 décembre tandis qu’à Paris, un important remaniement ministériel est opéré le 12.