Yvon Michiels, alias « Jean Sarment » pour la résistance, né et mort en 1982, est un chef d'entreprise, un tailleur qui est un membre de la résistance durant la Seconde Guerre mondiale. Tout d'abord au sein du Groupe Zéro et par la suite, au sein du Réseau Comète dont il assure, en succédant à Antoine d'Ursel « grillé » à Bruxelles, la coordination pour la Belgique, de à .

Yvon Michiels
Description de cette image, également commentée ci-après
Yvon Michiels vers 1940
Nom de naissance Yvon Albert Michiels
Alias
« Jean Sarment »[Notes 1] pour la résistance
Naissance
Décès
Nationalité Belge
Pays de résidence Belgique
Profession
Autres activités
Résistant
Membre du Réseau Comète
Chef du réseau pour la Belgique de à
Ascendants
Joseph Ernest Michiels (1880-1961)
Blondine Christophe (1884-1976)
Conjoint
Suzanne Dujardin
Descendants
5 enfants

Éléments biographiques

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Yvon Michiels nait dans une famille de commerçants, le [1], de Joseph Ernest Michiels et de Blondine Christophe qui s'étaient mariés, à Bruxelles, le . Le , son frère, Georges, nait à Bruxelles.

Il épouse Suzanne Dujardin et est père de cinq enfants[2]. Il est le fils ainé d'une famille qui tient une grande enseigne de confection installée depuis le milieu du XIXe siècle, rue Haute à Bruxelles[3].

Seconde Guerre mondiale

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Officier de réserve, le major Yvon Michiels entre de bonne heure dans la résistance. En , il intègre le Service de renseignement Zéro et rencontre William Ugeux. Il reçoit l'indicatif « 0.17 ». William Ugeux l'affecte en priorité au renseignement militaire. En , Yvon Michiels a tellement développé son sous-réseau à travers toute la Belgique que l'on parle désormais du « secteur 0.17 ». À son apogée, le secteur 0.17 a compté 430 membres. Lorsqu'Yvon Michiels sera contraint de rallier Londres, le , c'est Fernand Vuylsteek qui reprendra la coordination du secteur 0.17 qui restera actif jusqu'à la libération de la Belgique[4].

Après guerre, interrogé sur les raisons de son implication précoce dans le service Zéro, il répond : « Ne pas avoir accepté cette bête défaite. Avoir participé à cette débâcle et en être humilié. Vouloir continuer à tous crins (…) On change de personnalité quand on revêt un uniforme et quand on vient de l’enlever, même après une raclée, on conserve encore un peu cette mentalité. Le militaire est par essence, revanchard, c’est évident. Même les militaires d’occasion étaient revanchards aussi parce qu’ils sortaient d’en prendre[5]. ».

En via Jacques Donny, il croise la route du Réseau Comète et collabore avec Jean Greindl puis son successeur, Antoine d'Ursel. Lorsqu'il collabore avec Jean Greindl qui est en train de structurer le réseau pour drainer vers de grandes villes les aviateurs alliés tombés en territoire occupé et, de là, vers Bruxelles où démarre la filière, Yvon Michiels le seconde et crée des têtes de pont dans plusieurs villes du royaume[6],[7].

En , après l'arrestation de Frédéric De Jongh à Paris et le fait qu'Antoine d'Ursel soit « grillé » à Bruxelles, le réseau est, une nouvelle fois, totalement désorganisé. Jean-François Nothomb, le chef du réseau Comète depuis l'arrestation d'Andrée De Jongh, accepte qu'un agent du SOE soit envoyé à Paris depuis Londres, Jacques Le Grelle. À Bruxelles, c'est Yvon Michiels qui reprend la coordination assisté de Jules Dricot, « Deltour », et avec l'aide précieuse de Micheline Dumon, « Lily », la sœur d'Andrée Dumon, « Nadine », arrêtée en 1942. Yvon Michiels recrute également de nombreux résistants de son précédent réseau dont Albert Mattens, « Jean-Jacques »[8].

Début , Yvon Michiels rencontre pour la première fois le chef du réseau, Jean-François Nothomb à Orval. Antoine d'Ursel et Théodore d'Oultremont sont également présents. Face à la recrudescence des contrôles nazis, il est de plus en plus difficile de continuer à prendre les moyens de transport empruntés jusqu'ici pour traverser la frontière franco-belge. L'objectif de la réunion est de mettre en place de nouveaux points de passage pour la filière pour éviter les endroits critiques[9].

Le , il rencontre Jean de Blommaert et José Grimar, adjoint d'Yvon Michiels, à Paris pour jeter les bases de la Mission Marathon. Le , José Grimar est arrêté. Yvon Michiels est désormais trop exposé, le , Yvon Michiels est à son tour contraint de rejoindre l'Angleterre[6].

Après la guerre

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Dans l'immédiat après-guerre, il accompagne Jacques Le Grelle qui, de retour des camps, mène une enquête à Paris à propos de deux délateurs du réseau, Jacques Desoubrie et Maurice Grapin qui ont fait tomber des dizaines de résistants[10].

Yvon Michiels en septembre 1953 (au centre avec les lunettes), à sa droite Michèle Morgan et à sa gauche, Maurice Chevalier.

Très investi dans la vie de son quartier de Bruxelles, les Marolles, et dans son groupement de commerçants, il organise ainsi, en une quinzaine du cinéma français et parvient à y attirer de grands noms de l'époque[11].

Reconnaissances

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Notes et références

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  1. Ne pas confondre avec Jean Sarment, le dramaturge.

Références

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  1. Ministère de la Justice. Dossiers relatifs à l'octroi de la Croix des Evadés 40-45, Michiels Yvon (26/06/1909), dossier 2458.
  2. Debruyne 2006, p. 722.
  3. Vif 2006, p. 1.
  4. Van Crombrugge 2013, p. 63-64.
  5. Debruyne 2006, p. 665.
  6. a et b Comète Kinship Belgium, Yvon Michiels, (lire en ligne).
  7. Rémy 1967, p. 135.
  8. Ottis 2001, p. 141-142.
  9. Jouan 1948.
  10. Blanchard 2020, p. 30.
  11. Samin 2014, p. non nummérotées.
  12. Debruyne 2006, p. XXVII.

Bibliographie

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  • (en) Sherri Greene Ottis, Silent Heroes: Downed Airmen and the French Underground, University Press of Kentucky, (ISBN 978-0-8131-2186-4, lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Rémy, Réseau Comète: 15 janvier 1943 - 18 janvier 1944, Perrin, (ISBN 978-2-262-07551-4, lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Yaëlle Van Crombrugge, Les espions Zéro dans l'ombre du pouvoir, 1940-1944, Racine, (ISBN 978-2-87386-839-0, lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Yves-William Delzenne et Jean Houyoux (dir.), Le Nouveau Dictionnaire des Belges, t. 2, Bruxelles, 1998, p. 115.
  • Emmanuel Debruyne, La maison de verre. Agents et réseaux de renseignements en Belgique occupée. 1940-1944, (lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Cecile Jouan, Comète: Histoire d'une ligne d'évasion, Editions de Beffroi, (lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • La rédaction du Vif, « Mon tailleur est riche », Le Vif,‎ (lire en ligne, consulté le ). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Mathieu Blanchard, Université de Paris 1 - Panthéon-Sorbonne - Histoire (Thèse de doctorat), L’affaire Maurice Grapin : procès d’un résistant en sortie de guerre (1946-1949), , 206 p. (HAL dumas-02928271, lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • François Samin, Den Hof & son Jardin des Arbalétriers : Souvenirs historiques et anecdotiques de Fr. Samin, Bruxelles, , 56 p. (lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article

Archives

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  • CEGES, AA 1333, Archives de la Sûreté de l'État, dossier personnel d'Yvon Michiels.
  • Interview d'Yvon Michiels, par Jean Vanwelkenhuyzen et Daniel Vercauteren, .
  • Son dossier U.S. déclassifié - (voir les documents en lignes) - NAID: 262453432 - (47 scans).

Liens externes

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