École nationale professionnelle

Ancien établissement secondaire d'enseignement technique en France

Une école nationale professionnelle (ENP) est, dans le système éducatif français, un ancien établissement secondaire d'enseignement technique. Ce type d'établissement a été créé en 1880 et remplacé en 1960 par les lycées techniques d'État. Une trentaine d'écoles de ce type a existé. Elles avaient pour mission de former des contremaîtres et de préparer aux concours d'admission aux écoles d'arts et métiers.

École nationale professionnelle d'Armentières, début XXe siècle (actuel lycée Gustave-Eiffel).
alt=Emblème des ENP, représentant les outils qui y sont utilisés[1],[2],[3],[4] : * un compas de dessinateur, * un marteau de mécanicien, * un maillet de menuisier.
Emblème des ENP, représentant les outils qui y sont utilisés[1],[2],[3],[4] :

Histoire modifier

Les écoles nationales professionnelles trouvent leur origine dans la loi du créant des « écoles manuelles d'apprentissage »[α], loi promue par Jules Ferry, à la fois ministre de l'Instruction publique et président du Conseil[5]. Les modalités d'application de cette loi sont précisées par le décret d'application du , qui dispose[β],[5] :

« Art. 1er. — Les écoles manuelles d'apprentissage, qui font l'objet de la loi du , sont divisées en deux catégories :
1o Les écoles manuelles d'apprentissage publiques ou libres, fondées en vue de développer chez les jeunes gens qui se destinent aux professions manuelles la dextérité nécessaire et les connaissances techniques ;
2o Les écoles publiques d'enseignement primaire complémentaire dont le programme comprend des cours ou des classes d'enseignement professionnel et les écoles libres à la fois primaires et professionnelles. »

Les écoles nationales professionnelles correspondent à la première catégorie[5]. Les quatre premières d'entre elles sont créées à Vierzon (1881), Armentières (1882), Voiron (1882) et Nantes (1898)[6], sous le nom d'« écoles nationales d'enseignement primaire supérieur et d'enseignement professionnel préparatoire à l'apprentissage »[7]. Leur dénomination est fixée en « écoles nationales professionnelles » par le décret du [γ],[6].

D'autres écoles nationales professionnelles voient ensuite le jour dans l'entre-deux-guerres et après la Seconde Guerre mondiale, pour arriver à un total d'une trentaine, dont six pour filles[6] (ces écoles n'étant pas mixtes).

De plus l'école nationale d'horlogerie de Besançon (actuel lycée Jules-Haag) et l'école nationale d'horlogerie de Cluses (actuel lycée Charles-Poncet) reçoivent en 1948 le statut d'écoles nationales professionnelles d'horlogerie (ENPH)[a],[8],[6].

Le décret du [δ] transforme les écoles nationales professionnelles en lycées techniques d'État[9].

Caractéristiques modifier

Les écoles nationales professionnelles, réparties en particulier dans les centres industriels traditionnels, étaient des éléments très importants de l'enseignement technique en France entre 1880 et 1960. Elles étaient fortement corrélées aux écoles d'arts et métiers.

Liste modifier

Commune Département Type Création Ouverture Établissement actuel Coordonnées géographiques
Armentières Nord Garçons [b] [10] Lycée Gustave-Eiffel 50° 41′ 19″ N, 2° 52′ 20″ E
Bourges Cher Filles [c] Lycée Jacques-Cœur 47° 04′ 22″ N, 2° 24′ 35,5″ E
Chalon-sur-Saône Saône-et-Loire Garçons [d] Cité scolaire Niepce-Balleure 46° 47′ 19″ N, 4° 50′ 07,5″ E
Corte Corse Garçons [c] jamais ouverte [11]
Creil Oise Garçons [e] Lycée Gournay jusqu'en 1986, transféré au lycée Marie-Curie de Nogent-sur-Oise[12], puis désaffecté et détruit en 2022[13] 49° 15′ 37″ N, 2° 27′ 40,5″ E
Creil Oise Filles [f] Lycée Jules-Uhry 49° 15′ 31,5″ N, 2° 28′ 28″ E
Dellys Alger Garçons [g]
Égletons Corrèze Garçons [h] Lycée Pierre-Caraminot
Épinal Vosges Garçons [i]
Limoges Haute-Vienne Garçons [j] Lycée Turgot
Lyon Rhône Garçons [c]
Lyon Rhône Filles [k]
Metz Moselle Garçons [d]
Montluçon Allier Garçons [j] Lycée Paul-Constans
Morez Jura Garçons [c] Lycée Victor-Bérard
Nancy Meurthe-et-Moselle Garçons [j] Lycée Henri-Loritz 48° 41′ 27″ N, 6° 11′ 34,5″ E
Nantes Loire-Atlantique Garçons [l] déjà ouverte[n 1] [10] Lycée Eugène-Livet 47° 13′ 31,5″ N, 1° 32′ 44″ O
Oyonnax Ain Garçons [f] Lycée Paul-Painlevé
Poligny Jura Filles [d] Lycée Hyacinthe-Friant
Saint-Étienne Loire Garçons [c] Lycée Étienne-Mimard
Saint-Ouen Seine-et-Oise Garçons [d] Bâtiment occupé par l'Institut supérieur de mécanique de Paris
Strasbourg Bas-Rhin Filles [m]
Tarbes Hautes-Pyrénées Garçons [n] Lycée Jean-Dupuy
Thiers Puy-de-Dôme Garçons [c] Lycée Jean-Zay
Toulouse Haute-Garonne Garçons [m]
Vierzon Cher Garçons [o] [10] Lycée Henri-Brisson 47° 13′ 42,5″ N, 2° 03′ 45″ E
Vizille Isère Filles [p] Lycée Portes de l'Oisans 45° 04′ 05″ N, 5° 46′ 05″ E
Voiron Isère Garçons [q] [10] Lycée Ferdinand-Buisson 45° 21′ 40,5″ N, 5° 36′ 00,5″ E

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. Prend la suite de l'institution Livet ouverte depuis 1846.

Références modifier

  1. « Les anciens du lycée Gournay rencontrent la jeune génération du lycée Marie-Curie », Nogent le mag', Ville de Nogent-sur-Oise, no 257,‎ , p. 17 (lire en ligne).
  2. Clarisse Lorieux, « Ancienne usine de construction électrique, puis Ecole Nationale Professionnelle de Creil », dossier d'œuvre architecture IA60001645, sur inventaire.hautsdefrance.fr, Inventaire général des Hauts-de-France.
  3. « Lycée GOURNAY : Rencontre à Nogent pour la présentation du livre retraçant l’histoire du Lycée », sur fonderie-piwi.fr, Association des anciens élèves de l'école supérieure de fonderie et de forge (AAESFF), .
  4. « Lycée Gournay, 37 ans après sa fermeture, anciens élèves et professeurs partagent leurs souvenirs », sur nogent.tv, .
  5. a b et c Meylan 1983, p. 31.
  6. a b c et d Meylan 1983, p. 36.
  7. Gérard Bodé, « La dénomination de l'enseignement technique en France et en Allemagne, XIXe et XXe siècles », dans Georges Hanne (dir.) et Claire Judde de Larivière (dir.), Noms de métiers et catégories professionnelles : Acteurs, pratiques, discours (XVe siècle à nos jours) (actes du colloque Langage du travail, travail du langage. Approche historique de l'identité professionnelle dans les dispositifs de nomination et d'enregistrement des personnes, organisé par le laboratoire France, Amériques, Espagne - Sociétés, pouvoirs, acteurs (FRAMESPA), Université Toulouse II, -), Toulouse, Presses universitaires du Midi, coll. « Méridiennes / Études médiévales ibériques », , 367 p. (ISBN 978-2-912025-64-7, DOI 10.4000/books.pumi.33116, lire en ligne), p. 217–226.
  8. Louis Bastain, « Nos écoles nationales professionnelles d'horlogerie », Annales françaises de chronométrie, vol. 19,‎ , p. 95–96 (Bibcode 1949AFChr..19...95B, lire en ligne).
  9. Meylan 1983, p. 41.
  10. a b c et d Meylan 1983, p. 33.
  11. Lambert 2017.
  12. Simon Gourru, « Creil : quel avenir pour le site de l'ancien lycée technique ? », Le Parisien, .
  13. Benjamin Derveaux, « “On se rappelle les bons souvenirs… et les mauvais !” : Lancement de la démolition de l'ancien lycée Gournay de Creil », Le Parisien, .

Dans le Journal officiel de la République française (JORF), sur Gallica ou Légifrance :

  • Textes de portée générale :
  • Textes portant création des écoles :
  1. Décret du portant attribution de la dénomination « écoles nationales professionnelles d'horlogerie » aux écoles nationales d'horlogerie de Besançon et de Cluses, JORF, no 289, , p. 11940.
  2. Décret du portant création à Armentières (Nord) d'une école nationale d'enseignement primaire supérieur et d'enseignement professionnel préparatoire à l'apprentissage, JORF, no 73, , p. 1451.
  3. a b c d e et f Loi du portant fixation du budget général de l'exercice 1926, JORF, no 164, , art. 248, p. 6586.
  4. a b c et d Loi du portant fixation du budget général de l'exercice 1930-1931, JORF, no 93, , art. 160, p. 4230.
  5. Loi du portant fixation du budget général de l'exercice 1928, JORF, no 301, , art. 101, p. 13074.
  6. a et b Loi du portant fixation du budget général de l'exercice 1932, JO, no 77, , art. 116, p. 3355.
  7. Arrêté du portant assimilation de l'école d'industrie de Dellys (Algérie) à une école nationale professionnelle, JORF, no 302, , p. 13120.
  8. Loi du portant fixation du budget général de l'exercice 1930-1931, JORF, no 93, , art. 162, p. 4230 et Décret du fixant le siège d'une école nationale professionnelle, JORF, no 121, , p. 5596.
  9. Loi du ayant pour but la création d'une école nationale professionnelle d'industrie et de commerce à Épinal, JORF, no 313, , p. 9944.
  10. a b et c Loi du portant fixation du budget général de l'exercice 1931-1932, JORF, no 77, , art. 93, § 3, p. 3585.
  11. Décret du transformant l'école pratique de commerce et d'industrie de jeunes filles de La Martinière, de Lyon, en école nationale professionnelle, JORF, no 175, , p. 7906.
  12. Décret du portant création à Nantes d'une école nationale d'enseignement primaire supérieur et d'enseignement professionnel préparatoire à l'apprentissage, JORF, no 286, , p. 6467–6468.
  13. a et b Décret du relatif à l'ouverture d'écoles nationales professionnelles, JORF, no 231, , p. 9715.
  14. Loi du ayant pour objet la création d'une école nationale professionnelle à Tarbes, JORF, no 213, , p. 7228.
  15. Décret du créant à Vierzon (Cher) une école nationale d'enseignement primaire supérieur et d'enseignement professionnel préparatoire à l'apprentissage, JORF, no 187, , p. 3802–3803.
  16. Loi du portant ouverture et annulation de crédits sur l'exercice 1928 au titre du budget général et des budgets annexes, JORF, no 77, , art. 60, p. 3782.
  17. Décret du portant création à Voiron (Isère) d'une école nationale d'enseignement primaire supérieur et d'enseignement professionnel préparatoire à l'apprentissage, JORF, no 204, , p. 4051.

Bibliographie modifier

Sources primaires :