Académie Suisse
L'académie Suisse est un ancien atelier français de peinture ouvert à Paris dans l'île de la Cité dès 1815, au 4, quai des Orfèvres[1], et qui forma, durant une cinquantaine d'années, de nombreux artistes peintres devenus célèbres. Après 1870, elle change d'adresse et devient l'Académie Colarossi.
Histoire
modifierMartin-François Suisse est né à Paris en 1781, fils d'un perruquier parisien[2]. Le patronyme « Suisse » est la forme francisée de « Schweitzer », celui d'une famille originaire de Düsseldorf, qui s'est installée à Paris au cours du XVIIIe siècle. D'abord modèle de Jacques-Louis David, Martin-François Suisse fonde son académie en 1815. Surnommé « le père Suisse »[3], il la dirige jusqu'à sa mort en 1859 à 78 ans[4].
L'atelier est ensuite dirigé par son neveu[5], Charles Alexandre Suisse (1813-1871), mort à 57 ans, et dont Gustave Courbet fit au moins deux portraits[6].
Moyennant une somme mensuelle modique, 10 francs-or, les artistes nécessiteux pouvaient y bénéficier des services d'un modèle pour s'exercer au nu académique. De nombreux artistes en devenir ont fait leurs premières peintures dans ce qui était parfois dénommé « le sanctuaire de l'Art et du tapage[7] », les artistes ayant en effet une liberté absolue de recherches et de procédés, d'où le fait qu'on y subodoraient de possibles débordements[8]. La fréquentèrent entre autres Camille Corot[9], Paul Cézanne[10], Édouard Manet[11], Claude Monet[12] ou Camille Pissarro[13], pour les plus connus.
Vers la fin du Second Empire, le sculpteur italien Filippo Colarossi rachète à Charles Suisse son atelier, nommé à cette époque « Académie Suisse-Cabressol » et la rebaptise tout d'abord « Académie de la Rose ». En 1870, il décide de la transférer au 10, rue de la Grande-Chaumière dans le 6e arrondissement[14].
Une photographie du quai des Orfèvres, datée du , où figure l'immeuble, aujourd'hui détruit, situé au no 4 et à et l'angle du boulevard du Palais — reconnaissable à l'enseigne du dentiste Sabra — est conservée à Paris dans les collections du musée Carnavalet[15].
Principaux élèves de l'académie Suisse
modifierNotes et références
modifier- M. Tompkins Lewis, « La montée de Cézanne à Paris », In: Cézanne et Paris, [catalogue de l'exposition présentée du 16 octobre 2011 au 26 février au musée du Luxembourg], Réunion des musées nationaux, 2011, p. 44-53.
- Benoît Noël, Parisiana : la capitale des peintres au XIXe siècle, DISLAB, , p. 134.
- Muriel Michel, « Martin François Suisse et Eugène Delacroix », in Eugène Delacroix, le général romain (1818-1819), s.d. (lire en ligne).
- Familysearch, Reconstitution chronologique des actes de décès, Paris, série V.2E, 1630-1859, décès 6/11/1859-28/11/1859, vue 3070/3226 : décès de Martin François Suisse le. Artiste peintre célibataire, né vers 1781, celui-ci est décédé 4 quai des Orfèvres à Paris, à l'âge de 78 ans. Acte en lien.
- Relevé partenaire Geneanet[réf. incomplète] : naissance de Charles Alexandre Suisse le (relevé au nom de famille de Charles Alexandre Henry). Archives départementales du Val de Marne, décès Saint-Maurice, vue 263/449, acte n°122 : décès de Charles Alexandre Suisse le à Saint-Maurice. Il est toutefois mentionné fils naturel d'Angélique Reine Alexandre Suisse et de père non dénommé. Née vers 1784, sa mère est la sœur de Martin François Suisse, fondateur de l'Académie Suisse.
- (en) « Charles Suisse, 1861 » sur metmuseum.org, catalogue en ligne, cf. notes [1871].
- F. Baille, Les Petits Maîtres d'Aix à la Belle Époque, Aix-en-Provence, Éd. Paul Roubaud, 1981, p. 86.
- Jean-Jacques Lévêque, Paul Cézanne : le précurseur de la modernité, 1839-1906, Paris, A.C.R Édition, (ISBN 978-2-867-70072-9), p. 25.
- Jean Selz, Camille Corot : un rêveur solitaire, 1796-1875, A.C.R Édition, , p. 188.
- Biographie de Cézanne.
- Biographie de Manet.
- Biographie de Monet.
- Cézanne et Pissarro 1865-1885.
- Noël (2006), p. 134.
- Paris Musées Collections, catalogue en ligne.
Annexes
modifierBibliographie
modifier- Sophie Monneret, L'impressionnisme et son époque, dictionnaire international, tome I, Denoël, 1978-1979, p. 925 (ISBN 2-221-05222-6).
- Benoît Noël et Jean Hourmon, Parisiana : la capitale des peintres au XIXe siècle, Les Presses Franciliennes, 2006, p. 134 (ISBN 978-2952721400).