Bataille du convoi Espero

Bataille du convoi Espero
Description de cette image, également commentée ci-après
Le croiseur léger HMS Orion, navire amiral du Vice-amiral Tovey.
Informations générales
Date
Lieu Sud-ouest de la Crète, mer Méditerranée
Issue Indécise (voir section conséquences)
Belligérants
 Royal Navy
 Royal Australian Navy
 Regia Marina
Commandants
Drapeau du Royaume-Uni John Tovey Enrico Baroni
Forces en présence
5 croiseurs légers 3 destroyers
Pertes
1 croiseur léger légèrement endommagé 1 destroyer coulé
150-180 morts
47 capturés

Seconde Guerre mondiale

Batailles

Campagne de la Méditerranée

1940

1941

1942

1943

1944

1945

Mer Ligure


Coordonnées 35° 08′ 16″ nord, 20° 34′ 37″ est
Géolocalisation sur la carte : mer Méditerranée
(Voir situation sur carte : mer Méditerranée)
Bataille du convoi Espero

La bataille du convoi Espero est le premier engagement naval entre les navires de guerre italiens et alliés de la Seconde Guerre mondiale, l'affrontement s'étant déroulé le au sud-ouest de la Crète

La Regia Marina choisit trois destroyers de classe Turbine commandés par le capitaine de vaisseau Enrico Baroni pour renforcer les positions italiennes de Cyrénaïque et livrer une unité de canons antichar. Mais, sur leur route, les navires rencontrent cinq croiseurs britanniques. Pris dans le feu des navires alliés, le destroyer italien Espero est coulé, mais les autres bâtiments parviennent à s'échapper.

Arrière-plan modifier

Le , l'Italie déclare la guerre à la Grande-Bretagne et à la France. Face à l'avance des forces blindées de l'armée britannique en Cyrénaïque, le haut commandement italien décide d'envoyer une unité antichar à Tobrouk le plus vite possible. L'unité comprend dix canons antichars, 110 tonnes de munitions et 162 soldats.

Prélude modifier

Les Italiens choisissent trois destroyers de classe Turbine (Espero, Zeffiro et Ostro), pour leur grande vitesse (36 nœuds, 67 km/h) et leur capacité de chargement. La flottille italienne est commandée par le capitaine de vaisseau Enrico Baroni. Deux petits navires d'escorte datant de la Première Guerre mondiale, le Pilo et le Missori, transportant 52 soldats et des approvisionnements supplémentaires, partent indépendamment pour Tobrouk quelques heures plus tard.

Au même moment, trois convois alliés — deux de Malte et un autre de Grèce — se dirigent vers Alexandrie. Ils sont couverts par sept croiseurs (deux croiseurs légers — HMS Capetown et Caledon — et cinq de la 7e escadrille de croiseurs: HMS Orion (navire amiral), Liverpool, Gloucester, Neptune et HMAS Sydney) et 16 destroyers. Les navires de guerre britanniques sont commandés par le vice-amiral John Tovey. L'opération alliée est soutenue par les hydravions à coque Sunderland d'Alexandrie et de Malte.

La bataille modifier

Carte de la bataille.

Les destroyers italiens sont localisés à midi par deux Sunderland à environ 80 km à l'ouest de l'île de Zante. Alors à portée de tir du 7e escadron du vice-amiral Tovey, l'ordre est lancée d'intercepter les Italiens en deux divisions.

Les 6 premiers salves de 150 mm des croiseurs alliés sont tirés à 18 h 30 sur la flottille italienne prise par surprise, à une distance de 16 000 mètres. Baroni comprend que la flotte britannique n'est pas à portée de tirs. Malgré la meilleure vitesse de ses navires, il décide de sacrifier l'Espero afin de permettre aux deux autres destroyers de s'échapper. L'Espero pose des écrans de fumée et tente des manœuvres de fuite pendant que les Zeffiro et Ostro se dirigent en toute sécurité vers le sud-ouest à pleine vitesse.

Les tirs sont nourris, l'Espero est touché à 19 h 20 à une distance de 13 000 mètres. À ce moment, le vice-amiral britannique Tovey abandonne la poursuite des deux autres destroyers. Un obus italien de 120 mm heurte le Liverpool à 50 cm au-dessus de la ligne de flottaison, ne causant que peu de dommages. Après 130 minutes de combat et environ 5 000 obus tirés, la 7e escadrille envoie l'Espero par le fond.

47 naufragés du destroyer italien sont récupérés à bord du Sydney, et six autres sont retrouvés vivants par un sous-marin italien près de 20 jours plus tard. Le capitaine Baroni, décédé lors de l'affrontement, est décoré à titre posthume de la Medaglia d´oro al valor militare.

Conséquences modifier

Les destroyers Zeffiro et Ostro atteignent Benghazi le lendemain et Tobrouk peu de temps après. Les deux tiers du convoi sont sauvés. Les navires Pilo et Missori arrivent également en toute sécurité en Libye avec leurs précieuses cargaisons après avoir été détournés vers le port de Tripoli. À l'inverse, les tirs massifs d'obus par les croiseurs britanniques exacerbent la pénurie de munitions à Alexandrie, de sorte que les convois prévus vers Malte sont reportés de deux semaines. 

Des leçons sont tirées des deux côtés, après cette bataille. Pour les Alliés, la bataille montre qu'une action navale de jour à longue portée est peu susceptible d'être décisive lorsque les unités ennemies surpassent leur propre vitesse. Pour les Italiens, c'est une leçon sur l'importance d'une surveillance aérienne bien coordonnée : si des avions italiens avaient repéré les croiseurs alliés avant qu'ils ne soient à portée, les trois destroyers auraient pu s'en échapper indemnes.

Ordre de bataille modifier

(F) désigne navire amiral

Alliés modifier

  • Vice-Amiral John Tovey7e escadrille de croiseurs

Croiseurs légers: Orion (F), Neptune, HMAS Sydney, Gloucester et Liverpool.

Italien modifier

  • Capitaine de vaisseau Enrico Baroni2e escadron de destroyers

Destroyers: Espero (F), Ostro, Zeffiro

Notes et références modifier

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

Bibliographie modifier

  • Michel Vergé-Franceschi (dir.), Dictionnaire d'Histoire maritime, Paris, éditions Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 1508 p. (ISBN 2-221-08751-8 et 2-221-09744-0)
  • Guy Le Moing, Les 600 plus grandes batailles navales de l'Histoire, Rennes, Marines Éditions, , 620 p. (ISBN 978-2-35743-077-8)
  • Bragadin, Marc-Antoine, de la Marine italienne dans la seconde Guerre mondiale, 1re éd., US Naval Institute, Annapolis, 1957. (ISBN 087021327X)
  • Greene, Jack & Massignani, Alessandro : La Guerre navale dans la Méditerranée, 1940-1943, Chatam Publishing, Londres, 1998. (ISBN 1-86176-057-4).
  • Miller, Nathan : la Guerre sur Mer : Une Histoire de la Marine de la seconde Guerre Mondiale, Oxford University Press, Oxford, 1995. (ISBN 0-19-511038-2) (Pbk.).
  • De la Sierra, Luis: La Guerra Navale en el Mediterráneo, Editorial Juventud, Barcelone, 1976. (ISBN 84-261-0264-6). (es)
  • (en) Vincent P. O'Hara, Struggle for the Middle Sea : The Great Navies at War in the Mediterranean Theater, 1940–1945, Annapolis, Maryland, Naval Institute Press, , 324 p. (ISBN 978-1-59114-648-3)
  • Richard Woodman, Malta Convoys 1940–1943, Londres, John Murray, (ISBN 0-7195-6408-5)