Château d'Apremont (Cher)

château à Apremont-sur-Allier (Cher)
Château d'Apremont-sur-Allier
Ici : Le logis, l'aile principale, une partie de l'enceinte et l'une des tours du Château d'Apremont, à Apremont-sur-Allier.
Présentation
Type
Destination initiale
Destination actuelle
Demeure privée
Style
Architecte
Construction
2e moitié du XVe siècle
1re moitié du XVIIe siècle
1re moitié du XIXe siècle
1re moitié du XXe siècle.
Commanditaire
Propriétaire
Patrimonialité
Site web
Localisation
Département
Commune
Coordonnées
Carte

Le château d'Apremont est situé sur la commune d'Apremont-sur-Allier, dans le département du Cher, en région Centre-Val de Loire. Par son emplacement en léger surplomb, il occupe une position dominante sur les rives de l'Allier.

Au milieu du Moyen Âge, en lieu et place de l'actuel château, s'élevait précédemment une place forte qui contrôlait l'unique route proche de l'axe fluvial formé par l'Allier. Au cours de la guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons à la fin du XIVe début du XVe siècle, cette première forteresse subit une destruction complète. Postérieurement, entre 1450 et 1500, la demeure seigneuriale est entièrement reconstruite pour devenir le château actuel[Note 2].

C'est probablement au cours de ces travaux, en 1477, que l'enceinte du fort est remaniée[5]. Cette dernière se pare dès lors de cinq tours fortifiées, dont la tour dite « du Bourg » et la celle dite « de la Chapelle ». Entre chacune sont déployés des courtines.

Au commencement du XVIIe siècle, le logis seigneurial fait l'objet d'une surélévation d'un étage.

Au siècle suivant, l'une des ailes du corps de bâtiment est réaménagée pour un atelier royal de verrerie fondé en 1752.

Pendant la première moitié du XIXe siècle, l'ancienne résidence seigneuriale bénéficie d'une importante restauration. Des écuries sont alors construites en lieu et place de la verrerie royale. L'élément d'enceinte qui raccorde la tour du Bourg avec celle de la chapelle est par contre détruit.

Entre 1934 et 1942, le château fait l'objet d'une reconstruction, supervisée et financée par l'industriel Eugène Schneider. Cette opération est effectuée avec le décorateur De Galéa. Ces travaux caractérisent le château d'un style néogothique.

Le château et les écuries qui lui sont attenantes bénéficient d'une inscription au titre des monuments historiques par arrêté du 16 juin 1989[6].

Localisation modifier

Situé à 16 km de Nevers, aux confins du Berry et de la Bourgogne, le château d’Apremont domine l’Allier qui coule à son pied.

Histoire modifier

Il ne reste pas grand-chose de la formidable forteresse anglo-bourguignonne de 12 à 14 tours du XVe siècle. Aux premiers seigneurs connus, la famille des Barres[7] qui habita le château aux XIIe siècle, XIIIe siècle et XIVe siècle, succédèrent Guyot de Revillon puis Philibert de Boutillat, bailli de Nevers et trésorier du Royaume de France[2], qui le reçut en apanage du comte de Nevers en 1477. À cette date, Philibert de Boutillat demande les fonds nécessaires à son suzerain pour reconstruire partiellement le château. C’est la forteresse qui est de nos jours visible avec ses cinq tours, ses remparts, ses courtines et ses mâchicoulis.

Diverses familles se succèdent pendant les XVIe et XVIIe siècles. Le fils de Philippe de Boutillat, Nicaise, le cède aux descendants de la famille des Barres. En 1602, François de Roffignac achète le château. Sa descendance le vend en 1722 à Louis-Marie-Victoire comte de Béthune-Charost-Pologne[8]. Dès ce moment, il restera dans la même famille en lignée féminine : Béthune, Masseran, Saint-Sauveur, Schneider et Brissac.

Caroline de Fiesque-Masseran, l'aînée des petites-filles de la comtesse de Béthune-Pologne Antoinette-Marie-Louise (de) Crozat de Thiers, épouse en 1801, Aldonce, marquis de Saint-Sauveur, qui fait d'Apremont sa résidence d'été.

À la fin du XIXe siècle, la famille est ruinée. Le marquis Paul-Henry-Raymond de Rafélis de Saint-Sauveur (1838-1884 ; de la famille[9] de l'évêque Charles-Joseph) a dilapidé sa fortune dans les fêtes et au jeu. Il s'est suicidé. Ses terres, ses voitures, ses meubles ont été vendus à l'encan. Il ne subsiste guère que le château d'Apremont, un bien souvent transmis par les femmes, qui ont réussi à le sauver pendant la Révolution. Désormais inhabité, il se délabre. En 1894, sa fille, arrière-petite-fille d'Aldonce, Antoinette de Rafélis-Saint-Sauveur[10], épouse Eugène Schneider, maître de forges au Creusot, et troisième de la dynastie industrielle. Elle l'emmène en voyage de noces à Apremont. Il s'enthousiasme pour le site, rachète à sa belle-mère et à ses beaux-frères leurs parts respectives, et devient alors le seul propriétaire du château. Il ne cessera alors de le transformer et d'en améliorer le confort pendant 50 ans.

À la mort de son mari, en 1942, Antoinette Schneider se consacre au maintien de la demeure. À sa mort en 1969, sa fille, la duchesse de Brissac Marie/May Schneider, épouse de Pierre de Cossé (1900-1993), duc de Brissac, fils du duc François-Anne-Marie-Timoléon (1868-1944)[11] en devient la propriétaire.

Après avoir perdu un fils de 22 ans, tué en combat aérien en 1918, Antoinette Schneider avait demandé à son époux, qui la voyait inconsolable, de lui donner un jardin. Le goût des jardins s'est transmis à son petit-fils, Gilles de Brissac[12], dernier fils du duc Pierre, qui décide de créer, en 1976, un parc floral à Apremont. Celui-ci englobe une partie du village. Il attire environ 40 000 promeneurs au cours des six mois d'ouverture au public et contribue à maintenir le village en vie.

Description modifier

Lors de ses différentes phases de construction, certaines parties de la demeure seigneuriale ont probablement été réalisées au moyen d'une pierre à caractère calcaire et de couleur jaunâtre[13],[14]. Ce type de matériau, essentiellement exploité au cours des XVIIe et XVIIIe siècle, est issu des carrières de la ville d'Apremont-sur-Allier[15],[13],[14]. Les blocs de pierre, qui pourvoyait une vaste région englobant les territoires situés à proximité du bassin de la Loire, étaient alors acheminés par voie navigable en suivant le cours de l'Allier, puis celui de la Loire (pour les autres édifices) grâce à des embarcations à fond plat[15]

Le parc et les jardins modifier

Le parc floral d'Apremont-sur-Allier a été imaginé, créé et modelé par Gilles de Brissac. Les premiers travaux ont commencé en 1970. Le jardin a été aménagé à partir de rien. Sur un terrain plat, sans volume, composés de prés et d’une ancienne carrière désaffectée, une cascade a été construite avec 650 tonnes de rochers, une vallée a été barrée afin de constituer une série d’étangs sur lesquels s’épanouissent maintenant une collection de plantes aquatiques, de nymphéas et de lotus. Les prés ont été changés en pelouses et en massifs d’arbustes à fleurs dédiés à la promenade (il n’y a pas d’allées dans le parc).

Le parc qui s’étend sur quatre hectares se confond avec les champs qui le bordent ainsi qu’avec une grande retenue d’eau qui semble faire partie du domaine. Il s’agrémente de « fabriques » qui sont des constructions de fantaisie, réalisées dans l'esprit de la deuxième moitié du XVIIIe siècle. Celles-ci sont l’œuvre du peintre-architecte d’origine russe, Alexandre Serebriakoff. Le Pont-Pagode et son toit en écailles rappelle la Chine, tandis que Le Pavillon Turc et son décor intérieur (de J. Robinet, et illustrant les âges de la vie) évoque les rives du Bosphore et les splendeurs passées de l'Empire ottoman. Le Belvédère est, quant à lui, d’inspiration russe. Huit panneaux ont été réalisés spécialement pour le parc floral d'Apremont-sur-Allier par la faïencerie Montagnon de Nevers, sur les dessins originaux d’Alexandre Serebriakoff. Sur ces panneaux se déroule le voyage imaginaire autour du monde des «Pulcinelli», les polichinelles de la Comédie Italienne. Dix années de travail ont été nécessaires pour leur réalisation.

Le parc abrite les essences les plus rares de conifères et de caduques, qui ont fait sa renommée. Les arbres en bac, pesant chacun entre trois et quatre tonnes, ont été amenés en camion semi-remorque et mis en place. Il est ainsi possible, de nos jours, de voir s’épanouir des séquoias, des cèdres pleureurs, des cyprès chauves, des thuyas dorés, des cryptomérias du Japon, des chamaecyparis ou des obtusas Crippsii (cyprès du Japon)…pour les conifères ; des tulipiers, des liquidambars, des hêtres panachés, des hêtres pourpres, des bouleaux pleureurs, des ginkos bilobas, des érables brillantissimes, des magnolias soulangeana et lennei, des cerisiers et des pommiers d’ornement… pour les caduques.

Les arbustes à fleurs (rhododendrons, azalées, forsythias, lilas, kolkwitzias, choisyas, weigelias, deutzias, seringats, buddleias, rosiers, clérodendrons, pyracanthas, cotonéasters, desmodium, penduliflorum…) constituent une riche collection.

Les vivaces ne sont pas oubliées et forment des bordures colorées durant le printemps, l’été et l’automne qui attirent abeilles et papillons.

La pergola est exclusivement composée de fleurs à grappes ; cytises jaunes, acacias roses et surtout d’extraordinaires glycines du Japon mauves valent à elles seules le déplacement au moment des floraisons à la mi-mai.

Surplombant la cascade, des plantes de rocaille et des conifères rampants introduisent des notes vives dans l’entassement des pierres.

D’inspiration anglaise, ce parc laisse également la part belle aux pelouses, lien entre ces divers univers très poétiques. Inspirée du « jardin blanc » anglais de Sissinghurst, situé dans le Kent, une bordure d’arbustes et de plantes vivaces à fleurs blanches ou à feuillages argentés s’étend devant un groupe de maisons médiévales créant, ainsi, une ambiance très pittoresque.

Les périodes de floraison :

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. En plus d'être de posséder le statut de seigneur d'Apremont, Philibert de Boutillat remplissait les fonctions, vers au Bas Moyen Âge (XVe siècle), de bailli de Nevers et de trésorier du Royaume de France[2].
  2. Cette campagne de reconstruction est commanditée par le seigneur Philippe Boutillat alors chargé du bailliage de la cité médiévale de Nevers[4]

Références modifier

  1. « Carte IGN classique » sur Géoportail.
  2. a et b M. De Barante, Histoire des ducs de Bourgogne de la Maison de Valois 1364-1477, vol. 2, Société Typographique Belge, , 779 p. (lire en ligne), page 580, note 2.
  3. « Château d'Apremont-sur-Allier », notice no PA00096630, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  4. Jean-Bernard de Vaivre, « Un primitif tiré de l'oubli : le panneau de Philippe Pot de Notre-Dame de Dijon (note d'information). », Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, vol. 149e année, no 2,‎ , page 822 ; note 37 (DOI 10.3406/crai.2005.22898, lire en ligne, consulté le ).
  5. Notice no PA00110209, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  6. Notice no PA00096630, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  7. « Maison des Barres, p. 7 », sur Racines & Histoire.
  8. Pologne car neveu maternel de la reine de Pologne Marie-Casimire-Louise de La Grange d'Arquien par sa mère Louise-Marie ; cf Philippe.
  9. « Famile de Rafélis, p. 508-525, notamment p. 519-522 », sur Dictionnaire de la Noblesse, t. XIV (ou II du Supplément), par François-Alexandre Aubert de La Chesnaye des Bois, chez Badiez, à Paris, 1784.
  10. « Antoinette de Rafélis de St-Sauveur », sur Geneanet Pierfit.
  11. « Maison de Cossé-Brissac, p. 12 », sur Racines & Histoire.
  12. Gilles de Brissac, 1934-2002.
  13. a et b Franck Tournade, « Châteauneuf-sur-Loire : Découvertes inédites sur la grande salle du château. », Bulletin Monumental, vol. tome 168, no 4,‎ , pages 377 et 378 ; note 29 (DOI 10.3406/bulmo.2010.7606, lire en ligne, consulté le ).
  14. a et b « Le château d'Apremont : Apremont-sur-Allier », dans Caroline Holmes, Tim Knox (introduction) et Odile Menegaux (traduction), Folies et fantaisies architecturales d'Europe, Paris, Citadelles & Mazenod, (ISBN 978-2-85088-261-6), pages 218 à 221.
  15. a et b Sylviane Albertan-Coppola (dir.), Antony McKenna (dir.) et al., « Françoise de Person : Bateliers sur la Loire 17e-18e siècles., 2001. », dans Sylviane Albertan-Coppola (dir.), Antony McKenna (dir.) et al., Christianisme et Lumières, vol. 34, Dix-huitième Siècle, (lire en ligne), page 609.

Voir aussi modifier

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie modifier

  • Collectif - DIREN (Direction Régionale de l'Environnement), « Apremont-sur-Allier : Le Château et le village », dans Direction Régionale de l'Environnement, Atlas des sites du département du Cher., Centre du développement durable, , 110 p. (lire en ligne [PDF]), pages 25 à 30.
  • Michel Balard (dir.), Jean-Philippe Genêt (dir.) et al., Des Barbares à la Renaissance, vol. 14/456/9, t. 20, Paris, Hachette, coll. « Initiation à l'Histoire », , 280 pages et 42 cartes (ISBN 978-2-01-006274-2).
  • Jacqueline Soyer, « Les fortifications circulaires isolées en France. », Annales de Normandie, vol. 15e année, no 3,‎ , pages 353-414 (DOI 10.3406/annor.1965.6731, lire en ligne, consulté le ).
  • Jacqueline Soyer, « Cadastres romains et terroirs circulaires. », Dialogues d'histoire ancienne, vol. 10,‎ , pages 330 et 331 (DOI 10.3406/dha.1984.1631, lire en ligne, consulté le ).
  • Querrien Armelle, « Parcellaires antiques et médiévaux du Berry. », Journal des savants, no 2,‎ , pages 235 à 366. (DOI 10.3406/jds.1994.1580, lire en ligne, consulté le ).
  • J. N. Morellet, S. B. Barat et E. Bussière, Le Nivernois : Album historique et pittoresque, la bibliothèque de l'État de Bavière Zajol, (lire en ligne), pages 190 à 200.
  • Pierre De Cossé Brissac, Le Château d'en face, Grasset, , 240 p. (lire en ligne), pages.
  • Caroline Holmes et Odile Menegaux (trad. oui), « Le château d'Apremont : Apremont-sur-Allier », dans Caroline Holmes, Tim Knox (introduction) et Odile Menegaux (traduction), Folies et fantaisies architecturales d'Europe, Paris, Citadelles & Mazenod, (ISBN 978-2-85088-261-6), pages 218 à 221.
  • Monique De Saint Martin, « Une grande famille. », dans Monique De Saint Martin, Le capital social, vol. 31, Actes de la recherche en sciences sociales., (DOI 10.3406/arss.1980.2070, lire en ligne), pages 4 à 21.

Liens externes modifier

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