Charles Gleyre

peintre suisse
Charles Gleyre
Autoportrait, château de Versailles.
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Cimetière du Montparnasse (7 - ), cimetière de Chevilly (d) ( - ), cimetière de La Sallaz (d) (-)Voir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Marc, Gabriel Charles GleyreVoir et modifier les données sur Wikidata
Surnom
Le peintre poèteVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalités
Domicile
Activité
Autres informations
A travaillé pour
Date de baptême
Mouvement
Mécène
John Lowell (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Maîtres
Élève
Genres artistiques
Influencé par
Œuvres principales
Les Illusions perdues (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Tombe de Charles Gleyre à Chevilly.

Charles Gleyre, né le à Chevilly et mort le à Paris 7e, est un peintre suisse, ayant enseigné essentiellement son art à Paris.

Biographie modifier

John Lowell Jr. (en) durant son voyage en Égypte (1836).

Après avoir passé par l'atelier de Louis Hersent, il part, en 1825, pour l'Italie[1], et peint son premier tableau à Rome, les Brigands romains. En 1831, il accompagne, en 1834, l’industriel américain et amateur d'art fortuné John Lowell Jr. (en), dans un long voyage en Sicile, Grèce, Égypte et au Soudan, puis au Proche-Orient. Il défraie le coût de son voyage au moyen de dessins de sites archéologiques.

En 1837, il rentre à Paris avec un problème de santé, sa vue s'étant altérée, vraisemblablement du fait d'un trachome, contracté en Égypte, qui le conduira, par la suite, à fermer son atelier[2]. La même année, plusieurs de ses tableaux orientalistes au Caire sont détruits lors d'un incendie.

En 1840, le duc de Luynes lui commande une peinture murale pour son château de Dampierre, qui sera remplacée quelque temps après par une peinture de Dominique Ingres[3].

En 1843, il expose, au Salon, Le Soir, plus tard appelé Les Illusions perdues[4], œuvre qui rencontre un vif succès au Salon, et fera son entrée au Louvre en 1879[5]. Peintre au dessin irréprochable, la poésie aux teintes irréelles de son œuvre annonce le symbolisme qu’il tenait d’Ingres[6], et de son ancienne intimité avec Paul Chenavard et Edgar Quinet[7]. Le sentiment poétique des choses, quelque peu mêlé d’archaïsme, de son œuvre, lui a valu le surnom de « peintre poète »[1].

En 1843, Il est nommé professeur à l'École des beaux-arts de Paris, en remplacement de Paul Delaroche dont il récupère aussi son atelier, surnommé La République[8]. Il ouvre également une Académie, ou atelier, au nº 69 de la rue de Vaugirard[9], décrit par George du Maurier dans son roman Trilby. Sont formés dans cet atelier certains de ceux qui deviendront les peintres impressionnistes, Alfred Sisley, Claude Monet, Frédéric Bazille, Ludovic-Napoléon Lepic, James Abbott McNeill Whistler et Auguste Renoir, ce dernier suivant également les cours de Gleyre aux beaux-arts[10]. Il fut également l'un des professeurs de François Bocion[11].

La plupart du temps, Gleyre est d'une grande générosité avec ses élèves : il ne leur fait payer que le loyer et les modèles. N'aimant pas blesser ses élèves, il veille avant tout à préserver la personnalité de ceux-ci[8].

Son art prône le retour à l'antique. Il dit à Monet :

« Rappelez-vous donc, jeune homme, que, quand on exécute une figure, on doit toujours penser à l'antique[12]. »

Le soir même, Monet réunit Bazille, Renoir et Sisley et leur suggère, selon sa déclaration, de quitter l'atelier de Gleyre, ce qu'ils feront 15 jours plus tard, au printemps 1863[13]. Pour d'autres auteurs, c'est Sisley qui, indigné par le dédain de Gleyre pour le paysage, a incité ses amis à quitter son atelier et à peindre dans la nature[14].

Mort subitement, de la rupture d’un anévrisme, à l’Exposition de peinture du Palais-Bourbon, au profit des Alsaciens-Lorrains[1], il travaillait encore, le matin-même au tableau d’Ève et Adam debout, enlacés dans le paysage d’un paradis encadré de montagnes[15]. Son corps, ramené de l’exposition à son domicile de la rue du Bac, il est enterré, dans un premier temps, au cimetière du Montparnasse, avant que le conseil d'État de Vaud ne réclame son corps, pour l'inhumer dans le cimetière de son village natal suisse de Chevilly. Regrettant rapidement cette inhumation presque anonyme dans un petit cimetière de village, la famille de l'artiste décide, vingt ans plus tard, de lui faire construire un tombeau digne de sa réputation. Dans ce dessein, elle obtient en 1896 du gouvernement vaudois de faire transférer sa dépouille au cimetière de La Sallaz à Lausanne. À la désaffection de ce cimetière, en 1947, il est ré-inhumé dans sa tombe de Chevilly[16].

En 1947, un de ses anciens élèves en peinture, Guillaume Alfred Strohl, a fait un don à travers son testament, pour la création d'une fondation Charles Gleyre[17].

Œuvres dans les collections publiques modifier

Aux États-Unis
  • Boston, musée des beaux-arts :
    • Femme turque (Mme Langdon), Smyrne, 1834, crayon, plume et aquarelle ;
    • Intérieur du Temple d'Amon à Carnac, 1835, crayon, aquarelle.
En France
En Suisse
  • Bâle, Kunstmuseum :
    • Penthée poursuivi par les Ménades, 1864, huile sur toile ;
    • La Charmeuse, huile sur toile.
  • Lausanne, musée cantonal des beaux-arts :
    • Femme turque (Dudo Narikos), Smyrne, 1840, huile sur toile, 41 × 33 cm ;
    • Étude pour la danse des bacchantes, 1848-1849, dessin, crayon noir ;
    • Trois Fellahs, 1835, huile sur toile ;
    • La Danse des bacchantes, 1849, huile sur toile ;
    • Le Déluge, 1856, huile sur toile ;
    • Les Romains passant sous le joug, 1858, huile sur toile ;
    • Le Coucher de Sapho, 1867, huile sur toile ;
    • Le Matin (le Paradis terrestre), 1869-1874, esquisse, huile sur toile ;
    • Le Retour de l'Enfant prodigue, 1873, huile sur toile ;
    • Minerve et les Grâces, 1866, huile sur toile.
  • Neuchâtel, musée d'art et d'histoire : Hercule aux pieds d'Omphale, 1862, huile sur toile.

Salons modifier

  • 1840 : Saint Jean sur l'Ile de Patmos.
  • 1843 : Les Illusions perdues ou Le Soir.

Expositions modifier

  • « Charles Gleyre et la Suisse romande », musée historique de Lausanne, du 23 septembre au 31 décembre 1994.
  • « Charles Gleyre, le génie de l'invention », musée cantonal des beaux-arts de Lausanne, du 7 octobre 2006 au 7 janvier 2007. 278 œuvres exposées, dessins, peintures.
  • « Charles Gleyre (1806-1874). Le romantique repenti », Paris, Musée d'Orsay, du 10 mai au 11 septembre 2016.

Élèves modifier

Charles Gleyre a formé environ 600 artistes. Un tableau représente les Quarante Trois Portraits de peintres de l’atelier de Charles Gleyre (Paris, Petit Palais)[19],[20]. Leur période d'apprentissage dans son atelier sont parfois mentionnées.

Notes et références modifier

  1. a b et c « Nécrologie : Charles Gleyre », La Chronique des arts et de la curiosité, Paris, no 16,‎ , p. 187 (ISSN 2420-0816, lire en ligne sur Gallica, consulté le ).
  2. Philippe Lanthony, Les Yeux des peintres, Lausanne, L’Âge d’homme, coll. « Hypothèses », , 165 p., in-8º (ISBN 978-2-82511-310-3, OCLC 42933608, lire en ligne), p. 122.
  3. Émile Zola, Salons, recueillis, annotés et présentés, p. 56 (voir cahiers-naturalistes.com).
  4. Paris, musée du Louvre.
  5. Louvre, « Le Soir, dit aussi Les Illusions perdues 1825/1850 », sur Département des Peintures (consulté le ).
  6. Norman Schlenoff, Ingres : ses sources littéraires, Paris, PUF, , 387 p., 48 pl. in-8º (ISBN 978-2-30735-880-0, lire en ligne), p. 267.
  7. Émile Montégut, « Charles Gleyre », Revue des deux mondes, Paris, vol. 48, no 23,‎ , p. 419 (lire en ligne, consulté le ).
  8. a et b Jean-Louis Ferrier, L’Aventure de l'Art au XIXe siècle, Paris, Chêne, , 928 p., in-8º (ISBN 978-2-84277-836-1, OCLC 227152945), p. 532.
  9. Benoît Noël et Jean Hournon, Parisiana : la capitale des peintres au XIXe siècle, Paris, Les Presses franciliennes, , 159 p., illustr. 27 cm (ISBN 978-2-95272-140-0, OCLC 76879491, lire en ligne), p. 134.
  10. (en) Richard Shone, Sisley, New York, Abrams, , 240 p., illustr ; 30 cm (ISBN 978-0-81093-832-8, OCLC 25282029, lire en ligne), p. 10.
  11. Norma Broude, L’Impressionnisme dans le monde, Paris, La Martinière, , 424 p., illustr. ; 33 cm (ISBN 978-2-73242-569-6, OCLC 196050838, lire en ligne), p. 10.
  12. Orsay, le goût d'une époque, Florence et Jean-Pierre Camard, 1990 (Time-life).
  13. Gustave Geffroy, Alfred Sisley, Paris, G. Crès, , 33, ix p., pl. illustr. ; 27 cm (OCLC 1380412, lire en ligne), p. 9.
  14. Nathalia Brodskaia, Impressionnisme et le post impressionnisme, Paris, Prisma, (ISBN 978-1-78310-511-3, OCLC 1031340603, lire en ligne), p. 256.
  15. Hippolyte Taine, « M. Gleyre », Journal des débats politiques et littéraires, Paris,‎ , p. 3 (lire en ligne sur Gallica, consulté le ).
  16. Sylvie Bazzanella, « Au cimetière du Calvaire à la Sallaz », sur notrehistoire.ch, (consulté le ).
  17. Conseil fédéral suisse, « Règlement de la fondation Gleyre (legs Strohl-Fern) », (consulté le ).
  18. Dominique Brême et Mehdi Korchane, Dessins français du musée des Beaux-Arts d’Orléans : le Trait et l’Ombre, Orléans, musée des Beaux-Arts, (ISBN 978-8-83665-132-0), nº 140.
  19. (en) « Delaroche’s and Gleyre’s Teaching Ateliers and Their Group Portrait William Hauptman », dans Studies in the History of Art National Gallery of Art, vol. 18, Washington.
  20. Anonyme, « Quarante-trois portraits de peintres de l'atelier Gleyre », sur Paris Musées (consulté le ).
  21. Philippe Bonnet, Peintures monumentales de Bretagne, PUR, 2021, p. 333.

Bibliographie modifier

Liens externes modifier

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