Charles de Méan
Charles de Méan, seigneur d'Atrin, né en 1604 à Liège et mort le dans cette même ville, est un jurisconsulte et homme politique liégeois.
Bourgmestre de Liège, membre du conseil ordinaire et du conseil privé du prince-évêque, conseiller à la cour féodale, commissaire-déciseur à Maastricht |
---|
Seigneur (Atrin) |
---|
Naissance | |
---|---|
Décès | |
Formation | |
Activités |
Observationes et res judicatœ ad jus civile Leodiensium, Romanorum, aliarumque gentium, canonicum et feudale |
Considéré comme le plus éminent juriste de toute l'histoire de la principauté de Liège, il reçoit le surnom de « Papinien liégeois » et celui « d'oracle du droit liégeois », signifiant par cela son importance et sa primauté par rapport à tout autre juriste de son temps. Ses travaux sont si importants et si savamment présentés que chaque nouveau magistrat en recevait un exemplaire lors de son entrée en fonction.
Il est considéré comme l'un des plus grands jurisconsultes liégeois avec Mathias-Guillaume de Louvrex et Dominique-François de Sohet.
Biographie
modifierProvenant de la famille de Méan, déjà reconnue et estimée, Charles de Méan réalise ses études à l'université de Louvain à partir de 1620, jusqu'au grade de licencié[1]. Après un bref voyage à Paris, il revient à Liège où il est amené à exercer de nombreuses fonctions dans une période agitée.
Au début du XVIIe siècle, de violents troubles politiques viennent troubler le régime communal liégeois. Deux camps opposés s'affrontèrent : les Chiroux et les Grignoux. Les premiers sont décrits succinctement comme des conservateurs, des partisans du prince et de l'alliance espagnole, tandis que ces derniers sont qualifiées de républicains[2], de membres du parti populaire[3] et de partisans de la France[4].
Après l'assassinat de l'échevin La Ruelle, le prince-évêque Ferdinand doit s'échapper de la ville. Pour pouvoir y revenir et tenter d'apaiser les conflits, il décide de convoquer les États qui se réunirent à Tongres et signent le 26 avril 1640 la paix de Tongres, dite aussi paix fourrée (car personne ne la souhaite réellement)[5]. Charles de Méan est à cette occasion désigné comme député de la « bonne ville de Liège » et prend part aux débats.
Charles de Méan est ensuite élu à deux reprises en tant que bourgmestre de Liège. La deuxième fois, en 1646 et dans un contexte explosif, provoque de nombreux morts qui le poussent à se démettre de ses fonctions en déclarant « Je ne veux sacrifier à mon ambition la vie des bourgeois et l'intérêt de l’État »[6].
Après ces troubles, il se retire de la vie politique et se consacre à ses magistratures et à l'étude du droit. Très versé dans l'érudition, Charles de Méan expose de manière claire et précise toutes les arcanes du droit liégeois. Les critiques contemporaines et postérieures ne tarissent pas d'éloges sur son savoir et sur sa science[7].
Il est enterré avec son épouse dans une tombe de l'église Sainte-Claire de Liège, aujourd'hui détruite, dans un tombe gravée d'une épitaphe distinctive[8].
Œuvres
modifier- Recueil des points marquez pour coustumes du pays de Liège. Par le sieur Pierre de Méan, conseiller de Son Altèze Sérénissime, eschevin de sa haute justice, reveuz l’an 1642 par les députez de Son Altèze et de ses estats (1650 ; publication de l'œuvre de son père, qui avaient été empêchées par les troubles politiques)
- Observationes et res judicatœ ad jus civile Leodiensium, Romanorum, aliarumque gentium, canonicum et feudale (6 parties entre 1652 et 1678 ; une édition de 1740 annotée par Mathias-Guillaume de Louvrex en rassemble les différentes parties)
- Annales Rerum Leodiensium
- Resolution de droit pour la subsistance du fidéicommis de la maison d'Egmont au profit de Philippe, comte d'Egmont (1649)
- Résolution de droict pour Illustre Dame, Madame Anne Marguarite de Reede, Heritiere d'Illustre Dame, Madame Marguarite d'Eynatten Comtesse de Groesbeeck, Adiournée en matière de Reuision. Contre Illustre Seigneur Adolphe Baron d'Eynatten, Seigneur de Nieuwenbourgh, Suppliant, & Impétrant (1646)
- Iure sustineri non potest (1663)
- Responsum de jure (1663-1666)
- Recueil des recès pour la régence de la ville de Maestricht, entre les seigneurs Arnold, baron de Kerckhem, et Charles de Mean
- Nomenclator Idiotismi Leodiensis (1671)
Armoiries
modifierEn mars 1648, Charles de Méan reçoit de l'empereur Ferdinand III[3] des lettres d'anoblissement qui lui permettent d'ajouter l'aigle impériale à ses anciennes armoiries. Ces lettres ne lui accordent cependant aucun titre, comme certains travaux le prétendent[9] (en revanche, les cinq fils de Méan seront biens fait barons du Saint-Empire). Le blason de la famille de Méan est depuis lors :
D'argent à l'arbre au naturel, chargé de fruits, posé sur un terte de sinople ; à l'aigle éployée de sable, becquée et membrée de gueules et couronnée d'or, tenant dans ses serres une tringle d'or, brochant sur le fût de l'arbre[10]
Hommages
modifier- Une statue en pierre de sable de Méan sculpté par Guillaume Geefs, accompagnée de celles de trois autres juristes liégeois, orne la façade de l'ancien palais de justice de Verviers[11].
- Une rue de Liège porte son nom, bien que certains pensent qu'elle a été ainsi nommée en l'honneur du dernier prince-évêque de Liège[12].
- Le palais provincial de Liège, adossé au palais des princes-évêques, comporte une statue de Charles de Méan réalisée par Jules Halkin.
- Au sein du campus du Sart Tilman, le bâtiment B31 abritant la faculté de droit, de science politique et de criminologie de l'université de Liège comporte un amphithéâtre nommé « De Méan »[13].
- La galerie des bustes du palais de Justice de Bruxelles, situé près de la Cour de cassation, comporte un buste de Charles de Méan[14].
Notes et références
modifier- Lagasse 2017, p. 98.
- H. Lonchay, La principauté de Liège, la France et les Pays Bas au XVIIe et au XVIIIe siècle : étude d’histoire diplomatique, Bruxelles, Académie royale de Belgique, , p. 71
- Falloise 1897, p. 184.
- Edmond Poullet, Histoire politique nationale, t. 2, Louvain, Charles Peeters, (lire en ligne), p. 514-515
- Paul Delforge, « 26 avril 1640 : la Paix de Tongres, dite la paix fourrée », sur connaitrelawallonie.be (consulté le )
- Falloise 1897, p. 187.
- Lagasse 2017, p. 103-104.
- Abry 1867, p. 125.
- Dr Hoefer, Nouvelle biographie universelle, t. XXXIV, Paris, Firmin Didot frères, (lire en ligne), p. 631
- Baron Isidore de Stein d'Altenstein, Annuaire de la noblesse de Belgique, vol. 2, Bruxelles, , p. 143
- Paul Delforge, « De Méan Charles : connaître la Wallonie », sur connaitrelawallonie.wallonie.be (consulté le )
- Lagasse 2017, p. 105.
- « B31 - Faculté de Droit, de Sciences politiques et de Criminologie et Faculté de Sciences sociales », sur campus.uliege.be (consulté le )
- « Sculptures du Palais de Justice de Bruxelles », sur sculpturepublique.be (consulté le )
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier- Louis Abry, Les hommes illustres de la nation liégeoise, Liège, H. Helbig et S. Bormans, (lire en ligne), p. 123-125
- Maurice Falloise, Nouvelle Biographie Nationale, t. XIV, Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique, (lire en ligne), « Méan, Charles de », p. 183-196
- Benoît Lagasse, Charles de Méan, le Papinien Liégeois, Université de Liège, (lire en ligne)
- « Mercuriale prononcée par A. Meyers sur la vie et les œuvres de Charles de Méan », Chronique archéologique du pays de Liège, t. XVIII, no 1, , p. 182 (lire en ligne)
Articles connexes
modifierLiens externes
modifier- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :