Conservatoire d'espaces naturels

conservatoire d'espaces naturels


Les Conservatoires d'espaces naturels (CEN) sont en France des associations créées au milieu des années 1970 pour gérer et protéger des espaces naturels ou semi-naturels. Il s'agit d'associations de protection de la nature, participant à la gestion et la protection de la biodiversité et des espaces naturels de France. Leur action repose sur la maîtrise foncière et d'usage de sites naturels. En 2018, les Conservatoires d'espaces naturels gèrent un réseau de plus 3 300 sites qui représentent près de 161 000 hectares[1]. Chaque citoyen peut adhérer et participer à la gouvernance de ces associations dans les territoires.

Fédération des Conservatoires d'Espaces Naturels
Logo de l’association
Modèle de logo commun, adapté pour chaque association adhérente en y ajoutant des éléments symbolisants l'identité locale.
Cadre
Forme juridique Réseau d'associations réunies en une fédération
But conservation de la nature
Surnom FCEN
Fondation
Fondation 1976 pour le Conservatoire des Sites Alsaciens
1988 pour la fédération
Identité
Siège la fédération a son siège à Olivet (Loiret)
Président Christophe Lépine
Vice-présidentes Éliane Auberger, Françoise Tondre
Secrétaire général Michel Delmas
Secrétaire générale Annie-Claude Raynaud
Trésorier Alain Salvi
Trésorière adjointe Catherine Jourdain
Méthode acquisition foncière, gestion contractuelle d'aires protégées, expertise en botanique et zoologie
Membres 24 Conservatoires d'espaces naturels
9 300 adhérents
Employés > 1 000
Site web https://reseau-cen.org/

Notes

nombre de sites : 3300
espace naturel gérés : 145 000 ha
propriété foncière : 15 900 ha

La loi Grenelle II de 2010 prévoit qu'ils puissent être agréés par l'État et les régions[2], avec des missions confirmées par la loi. Les modalités d'agrément sont précisées par un décret.

Il y a des Conservatoires d'espaces naturels partout en métropole, sauf en Bretagne. Il existe en Outremer, un CEN, en Guyane. Ils sont réunis par la fédération des conservatoires d'espaces naturels qui les regroupe et « assure leur représentation et leur coordination technique à l’échelon national » aux fins de la mise en œuvre de leurs missions.

Historique

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Le premier Conservatoire d'espaces naturels a été le Conservatoire des Sites Alsaciens créé en 1976, dont le Président Daniel Daske[3] a été à l'initiative de la Fédération des conservatoires d'espaces naturels. Ce CEN gère et protège en 2010 plus de 200 sites répartis sur environ 6 000 hectares en Alsace.

Depuis 1988, les conservatoires sont rassemblés par la Fédération des conservatoires d'espaces naturels, dont le siège est situé à Orléans (département du Loiret). En 2012, 21 conservatoires régionaux et 8 conservatoires départementaux adhèrent à la fédération. Plusieurs autres CEN sont en cours d'adhésion

Au titre des lois Grenelle, les Conservatoires d'espaces naturels et leur fédération bénéficient dorénavant d'une possibilité d'agrément au niveau régional délivré conjointement par l'État et le Conseil régional. Cet agrément inscrit dans l'article L414-11 du Code de l'environnement précise les missions des CEN. Un décret et un arrêté ministériel publié au JO en précisent les conditions de délivrance de cet agrément.

Le premier CEN de France agréé est celui de Picardie qui l'a été par un arrêté conjoint du Président du Conseil régional de Picardie et du Préfet de région en date du . En 2014, 15 CEN, soit plus de la moitié du réseau, sont agréés.

En 2020 et 2021, plusieurs regroupements de CEN ont eu lieu pour que leurs périmètres correspondent au nouveau découpage des régions, et qu'ils puissent ainsi êtres agréés.

Missions

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Les Conservatoires contribuent à la « préservation d'espaces naturels et semi-naturels notamment par des actions de connaissance, de maîtrise foncière et d’usage, de gestion et de valorisation du patrimoine naturel sur le territoire régional », via notamment « des missions d’expertise » et parfois l'acquisition de milieux vulnérables (tourbière et autres zones humides par exemple)
Ils établissent un « plan d'actions » (renommés « plans stratégiques » à partir de mi-2024) par région, avec notamment un plan de gestion validé scientifiquement pour chaque site qu'ils ont en gestion.

En 2018, les 21 conservatoires régionaux à l'aide de 8 000 adhérents, 2 000 bénévoles et 600 salariés gèrent environ 3 300 sites pour un total de 161 000 hectares (avec huit structures départementales), ce qui en fait le premier acteur privé de gestion du réseau Natura 2000 en France[4]. Le réseau des conservatoires anime plusieurs programmes nationaux (Pôle-relais Tourbières, Loire Nature, Plan national actions chiroptères) et il accompagne la gestion écologique de 55 terrains militaires (80 000 ha sur les 275 000 du ministère des Armées, dont via trois projets Life depuis 2013).

En juin 2024, un décret de « simplification » étend la durée des plans d'actions des Cren (rebaptisés « plans stratégiques ») de cinq ans à dix ans. Les organismes agissant dans le territoire administratif d'une même région auront aussi un conseil scientifique et un plan stratégique communs, et leur arrêté d'agrément sera également commun. Le décret précise certaines des contributions de l'organisme à l'inventaire du patrimoine naturel, aux stratégies nationales pour la biodiversité et pour les aires protégées, ainsi qu'à d'autres documents de planifications régionales pour la biodiversité, et, quand cela est « pertinent », aux plans et stratégies relatifs à la biodiversité mis en place par des ministères pour le patrimoine qu'ils gèrent (ex. : pour la gestion du domaine public et privé de l'État, pour certains terrains militaires). Le décret de 2024 facilite l'acquisition de certaines parcelles forestières contiguës à certains sites du conservatoire [5].

Acquisition et gestion d'espaces naturels

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La toubière-étang de Chabannes, acquise par le Conservatoire d'espaces naturels du Limousin ( aujourd'hui CEN Nouvelle Aquitaine), sur la commune de Saint-Merd-les-Oussines, en Corrèze. Le site est classé comme réserve naturelle régionale.

Historiquement, c'est la maîtrise foncière des sites qui a permis aux conservatoires de développer un réseau de sites protégés. Par la suite, une approche partenariale avec les collectivités territoriales et les propriétaires privés a été favorisée, afin de faire participer au mieux les différents acteurs de la gestion des espaces naturels.

De très nombreux sites des Conservatoires d'espaces naturels sont ouverts au public pour des visites de découverte, ce sont ainsi des supports pour l'éducation à l'environnement.

Afin d'assurer sur le long terme la protection des sites qu'ils ont acquis ou qu'ils gèrent, les CEN peuvent mettre en place des obligation réelles environnementales (ORE). Plus de 43 ORE ont été signées, en 2024[6]. Les Dreals, peuvent, à la demande des CEN, reconnaitre les terrains gérés comme des aires en protection forte dans le décompte de la Stratégie nationale pour les aires protégées 2030, après une analyse au cas par cas.

Participation aux politiques publiques

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Grâce au savoir-faire et retours d'expériences développés sur leurs sites, les conservatoires d'espaces naturels s'investissent également dans l'émergence et la mise en œuvre des politiques publiques consacrées à la préservation/restauration des espaces naturels et de la biodiversité comme la constitution du réseau Natura 2000, la gestion des Espaces naturels sensibles des départements ou les réserves naturelles. Les CEN sont, depuis le début de la décennie 2010, les premiers partenaires du ministère de l'écologie dans le déploiement du réseau Natura 2000 en France en mettant en œuvre 147 documents d'objectifs, soit 16 % des DOCOB validés (chiffre 2011). Ils gèrent 511 espaces naturels sensibles pour 10 360 ha, 63 réserves naturelles nationales (24 866 ha) et 41 réserves naturelles régionales (11 132 ha)[1].

Ils interviennent également dans les politiques de préservation de la ressource en eau en travaillant notamment sur la conservation et la restauration des zones humides. Les CEN sont des partenaires des agences de l'eau et travaillent avec les collectivités locales dans la mise en œuvre des SAGE, des contrats de rivière et de bassin, etc.

Développement des connaissances naturalistes

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Les CEN enrichissent la connaissance naturaliste (connaissance sur la faune, la flore, la fonge, les habitats naturels, les services écosystémiques) via les études et suivis scientifiques mis en place sur les sites naturels. Les données recueillies sont mises à disposition de bases de données et intégrées au Système d’information sur la nature et les paysages et à l'Inventaire national du patrimoine naturel mis en place par le ministère de l'Écologie.

Plusieurs CEN ont travaillé sur la mise à jour des inventaires des ZNIEFF (Zones naturelles d'intérêt écologique faunistique et floristique) dans leur région.

Animation des réseaux d'acteurs

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Les CEN co-anime des groupes de travail thématiques rassemblant acteurs publics et privés autour de thématique consacrées à la préservation de certains milieux et espèces ou à la lutte contre les espèces exotiques envahissantes. Les CEN contribuent à mettre en œuvre les Plans nationaux d'action en faveur des espèces menacées mis en place par le ministère de l'Écologie. Certains CEN pilotent des pôles régionaux consacrés à la gestion des espaces naturels (exemple du CEN Rhône Alpes).

Liste des conservatoires

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Liste des conservatoires d'Espaces Naturels
Nom Année de création Territoire Siège
CEN Allier 1992 Allier (département) Maison des associations
Rue des Ecoles
03500 Châtel-de-Neuvre
CEN Alsace Alsace 3 Rue de Soultz
68700 Cernay
CEN Ariège 1992 Ariège (département) Vidallac

09240 Alzen

CEN Auvergne 1989 Auvergne (ancienne région) Moulin de la Croûte
Rue Léon Versepuy
63200 Riom
CEN Bourgogne 1986 Bourgogne (ancienne région administrative) Chemin du Moulin des Etangs
21600 Fenay
CEN Centre-Val de Loire 2015 (1990 CREN Centre) Centre-Val de Loire 3 Rue de la Lionne

45000 Orléans

CEN Champagne-Ardenne 1988 Champagne-Ardenne 9 Rue Gustave Eiffel
10430 Rosières-près-Troyes
CEN Corse 1972 Corse Maison Andreani

871 Avenue du Borgo
20290 Borgo

CEN Franche-Comté 1991 Franche-Comté Maison de l’Environnement de Bourgogne et Franche-Comté

7 Rue Voirin
25000 Besançon

CEN Guyane 2021 Guyane 2 lot. Patawa 2
97300 Cayenne
CEN Hauts-de-France 2020 Hauts-de-France 4 avenue de l'Étoile-du-Sud
80440 Boves
ASTERS - CEN Haute-Savoie 2000 Haute-Savoie (département) 60 Avenue de Novel
74000 Annecy
CEN Île-de-France 2021 Île-de-France 10 Chemin de halage
77130 Misy-sur-Yonne
CEN Isère - Avenir 1985 Isère (département) 2 rue des mails
38120 Saint-Égrève
CEN Loir-et-Cher 1987 Loir-et-Cher (département) La Cité administrative
34 Avenue du MaréchalMaunoury
41000 Blois
CEN Lorraine 1984 Lorraine 3 rue Schumann
57400 Sarrebourg
CEN Normandie 2020 Normandie Rue Pierre de Coubertin

BP 424
76805 Saint-Étienne-du-Rouvray

CEN Nouvelle-Aquitaine 2020 Nouvelle-Aquitaine 6 Ruelle du Theil
87540 Saint-Gence
CEN Nouvelle-Calédonie 2011 Nouvelle-Calédonie BP 10 - 98860 Koné
Presqu'île de Foué
CEN Occitanie 2020 Occitanie Immeuble « Le Thèbes »
26 Allée de Mycènes
41000 Montpellier
CEN Pays de la Loire 2014 Pays de la Loire 6 rue Arthur III
44200 Nantes
CEN Provence-Alpes-Côte d'Azur 1991 Provence-Alpes-Côte d'Azur Immeuble Atrium,

Bâtiment B
4 Avenue Marcel Pagnol
13100 Aix-en-Provence

CEN Rhône-Alpes 1988 Rhône-Alpes La Maison Forte
2 rue des Vallières
69390 Vourles
CEN Savoie 1991 Savoie (département) BP 51
165 Route de Chambéry
Le Prieuré
73372 Le Bourget-du-Lac

Agrément

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L'État et les Régions (ou, pour la Corse, la collectivité territoriale de Corse) peuvent, pour une période déterminée, agréer les conservatoires d’espaces naturels. Pour être agréé, les CEN doivent fournir un programme des actions envisagées sur 5 ans et disposer d'un conseil scientifique[7].

Partenariats

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Ils travaillent en partenariat avec de nombreux acteurs publics (DREAL, DRAAF, agence de l'eau), avec les associations de protection de l'environnement, les autres conservatoires, les Parcs naturels régionaux, etc.

Fédération

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La fédération des Conservatoires d’espaces naturels a été créée en 1989, à l'initiative du naturaliste haut-rhinois Daniel Daske, alors président du Conservatoire des sites alsaciens, pour organiser et améliorer l'efficacité du travail des 10 conservatoires régionaux alors existants. En 2011, elle regroupe 22 conservatoires régionaux et 8 conservatoires départementaux[8]. Son siège est situé sur la commune d'Orléans, dans le département du Loiret en région Centre-Val de Loire.

La fédération des conservatoires a été maître d'ouvrage de plusieurs programmes européens (LIFE) consacrés à la préservation d'espaces naturels sur le bassin versant de la Loire et de ses affluents (programme Loire nature), des pelouses et coteaux secs, des tourbières... Elle poursuit aujourd'hui ses actions en faveur de la Loire à travers ses missions au sein du Plan Loire Grandeur Nature. Elle est également chargée de l'animation du pôle relais national consacré aux Tourbières et implanté à Besançon. Enfin et récemment, la fédération a été chargée de la mise en œuvre du plan de restauration en faveur des Chiroptères (chauves-souris). La fédération a également pour mission de représenter le réseau des conservatoires auprès des instances nationales et de participer à l'élaboration des politiques publiques touchant à l'environnement et à l'aménagement du territoire.

La fédération a établi des conventions de partenariat avec la plupart des autres fédérations de gestionnaires d'espaces naturels : fédération des parcs naturels régionaux, fédération des conservatoires botaniques nationaux, réserves naturelles de France, Office national des forêts. Elle travaille en lien étroit avec les différents services de l'État.

Notes et références

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  1. a et b « Chiffres clés », sur reseau-cen.org (consulté le ).
  2. Article L. 414-11 du Code de l'Environnement, modifié par l'article 129 de la loi Grenelle II n° 2010-788 du 12 juillet 2010.
  3. « Décès : Daniel Daske, ancien président d'Alsace Nature 68 », L'Alsace,‎
  4. « Un décret définit les conditions d'agrément des conservatoires régionaux d'espaces naturels », sur banquedesterritoires.fr, (consulté le ).
  5. Dérogation au droit de préférence accordé au propriétaire d'une parcelle forestière voisine en cas de vente d'une propriété de moins de 4 hectares prévue par l'article L. 331-21 du Code forestier.
  6. « 42ème CONGRÈS DES RÉSERVES NATURELLES DE FRANCE - Du 3 au 6 avril 2024 à Seignosse (Landes)Du 3 au 6 avril 2024 à Seignosse (Landes) »
  7. décret n° 2011-1251 du 7 octobre 2011
  8. (fr) « Les Conservatoires d'Espaces Naturels, une approche territoriale et concertée des espaces ruraux et de la biodiversité », sur enf-conservatoires.org, (consulté le ).

Voir aussi

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Articles connexes

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Liens externes

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