Crise burundaise de 2015

La crise burundaise de 2015 est un ensemble de manifestations ayant lieu au Burundi à partir du 26 avril 2015 visant à protester contre la candidature du président Pierre Nkurunziza à un troisième mandat. La mort de Nkurunziza et la première élection démocratique du pays en 2020 met fin à la crise.

Crise politique au Burundi
Description de l'image Policiers burundais pourchassent des manifestants qui protestent contre un 3e mandat du président Pierre Nkurunziza, vendredi 17 avril 2015.jpg.
Informations générales
Date 2015-2020
Lieu Burundi
Issue Première élection démocratique du pays
Belligérants
Drapeau du Burundi Burundi FNL
FPB
RED-Tabara
Commandants
Pierre Nkurunziza
Adolphe Nshimirimana
Godefroid Niyombare
Cyrille Ndayirukiye
Agathon Rwasa
Forces en présence
Forces armées du Burundi :
20 000 militaires
30 000 paramilitaires
150 véhicules blindés
11 avions
6 hélicoptères
Imbonerakure
Forces républicaines du Burundi
Pertes
2 000

Batailles

Coordonnées 3° 22′ 57″ sud, 29° 21′ 40″ est
Géolocalisation sur la carte : Burundi
(Voir situation sur carte : Burundi)
Crise politique au Burundi
Géolocalisation sur la carte : Afrique
(Voir situation sur carte : Afrique)
Crise politique au Burundi

Contexte

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Président du Burundi depuis 2005 et réélu en 2010, Pierre Nkurunziza, affirme vouloir se représenter aux élections de 2015 afin d'entamer un troisième mandat présidentiel. Le Parlement rejette, le 21 mars 2014, une révision de la Constitution permettant à Nkurunziza de briguer un troisième mandat[1].

Le 25 avril 2015, il annonce qu'il se présente à l'élection présidentielle burundaise de 2015, qui doit se tenir le 26 juin 2015, pour un troisième mandat consécutif. Le 5 mai, la Cour constitutionnelle valide sa candidature, dans la controverse[2]. Son vice-président, dénonçant « des pressions énormes et même des menaces de mort[3] », démissionne et s'enfuit.

Par ailleurs, les textes sont formels.

D'une part l'Accord d'Arusha statue dans l'article 7 que : « [Le président] est élu pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois. Nul ne peut exercer plus de deux mandats présidentiels »[réf. nécessaire]. D'autre part l'article 96 de la constitution du Burundi, promulguée en mars 2005, précise que : « Le Président de la République est élu au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans renouvelable une fois »[4].

Déroulement

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Tentative de coup d'État

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Le 13 mai 2015, le général Godefroid Niyombare, ancien chef d'état-major des armées[5], issu du CNDD-FDD[6], annonce sur une radio privée un coup d'État alors que le président Nkurunziza s'était rendu à un sommet consacré à la crise politique burundaise à Dar-es-Salaam, en Tanzanie[7]. La présidence burundaise dément le coup d'État et annonce le retour du président. Le général putschiste ordonne la fermeture des frontières et de l'aéroport de Bujumbura.

Le 14 mai, les putschistes échouent à prendre le contrôle de la Radio-Télévision nationale du Burundi, qui reste aux mains des loyalistes. Des combats ont lieu aux sièges d'autres médias, tels que la Radio publique africaine. Le soir, l'entourage de Pierre Nkurunziza annonce qu'il est rentré au Burundi[8].

Élections présidentielles et législatives

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Post-élection

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Les troubles continuent, après l'élection. Plusieurs meurtres, visant des personnalités politiques ou militaires, de l'opposition ou du camp présidentiel, ont lieu[9]. Le vendredi 11 septembre, le général Prime Niyongabo, chef d'état-major de l'armée, survit à un attentat faisant sept morts (deux assaillants, quatre militaires et une policière)[10].

Des opposants réfugiés dans des pays voisins sont aussi tués[11].

Rébellion à partir de décembre 2015

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Le , l'ex-lieutenant-colonel Édouard Nshimirimana annonce la formation des Forces populaires du Burundi (Forebu), dont le but affiché est de veiller à l'accord d'Arusha, renverser Pierre Nkurunziza et « restaurer la démocratie »[12]. Le général Godefroid Niyombare en prend la tête[13].

Le , le général Kararuza, officier tutsi et conseiller du Premier vice-président, est assassiné avec sa femme par des hommes armés[14].

En parallèle, la répression contre les manifestants de 2015 se poursuit au point d'entraîner en décembre 2015 l'adoption d'une résolution en faveur d'une commission d’enquête à l'ONU[15], de même que l'ouverture d'une enquête par la Cour pénale internationale en avril 2016[16].

Le , un avant-projet de révision de la constitution du Burundi est annoncé[17]. Le projet final est annoncé le , et prévoit la création d'un poste de Premier ministre, le passage d'un quinquennat à un septennat, la limite de mandats sera seulement consécutive et le seuil d'adoption des lois passerait des deux tiers à la majorité absolue[18]. De fait, l'accord d'Arusha est abrogé[19]. En janvier 2018, lors de la campagne électorale pour le référendum, le pouvoir burundais a fait arrêter des opposants[20].

Le , des centaines de délégués du CNDD-FDD, parti au pouvoir, tiennent un congrès à Gitega, dans le centre du pays, pour désigner leur candidat à l'élection présidentielle. Évariste Ndayishimiye est choisi et devient le favori de l'élection. Ndayishimiye est élu avec 68,72% des voix et devance très largement le principal candidat de l'opposition, Agathon Rwasa, président du Conseil national pour la liberté (CNL), qui réunit 24,19 % des voix[21].

Conséquences

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Manifestations

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La candidature du président sortant provoque d'importantes manifestations à partir du 26 avril. Près de 25 000 Burundais ont fui à l'étranger, au Rwanda notamment. Au moins vingt-deux manifestants sont morts[3].

Réactions internationales

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Début mai 2015, la Belgique annonce qu'elle suspendait son soutien financier au processus électoral[22]. Le 11 mai, l'Union européenne a demandé le report des scrutins législatifs et présidentiels[23].

Action des ONG internationales et situation des réfugiés

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La situation humanitaire s'aggrave au pays[24] depuis qu'éclate la crise politique consécutive à la tentative de coup d'État contre le président Pierre Nkurunziza après avoir brigué un troisième mandat[25], bien que la Constitution de 2005 l'interdise. La crise subsiste durant plusieurs années et se caractérise par une répression extrêmement violente de la part de l'État contre les opposants, une répression qui gagne même les camps de réfugiés[26]. De nombreuses violations des droits de l'Homme sont constatées tandis que l'État de droit ne cesse de reculer en supprimant ses garanties constitutionnelles[27]. L'instabilité et l'insécurité sont telles qu'elles obligent certaines organisations internationales gouvernementales ou non-gouvernementales, par exemple, UniRef et Avocats sans frontières, à restreindre leurs actions, ce qui explique d'ailleurs que les programmes d'aide aux réfugiés dans la région soient les moins financés au monde[28]. L'exemple le plus flagrant est sans doute la fermeture du Bureau des droits de l'Homme en 2018[29] alors que l'ONU ouvrait une enquête indépendante sur ces violations en 2015[30]. Cet évènement survient alors que la situation dans les pays voisins se dégrade, augmentant les flux de réfugiés entrant au Burundi, au même moment où des réfugiés burundais cherchent refuge dans les pays voisins. En effet, l'instabilité s'accentue aussi parallèlement en République démocratique du Congo lorsqu'une nouvelle vague de violences tout aussi grave[31] secoue à son tour ce pays entre 2016 et 2019. Faute de dialogue avec l'opposition, le Burundi est aujourd'hui dans une impasse politique qui minimise les chances de résolution du conflit[32] et rend très difficile toute intervention humanitaire. Depuis octobre 2018, l'action des dernières ONG étrangères encore actives malgré les restrictions imposées depuis 2017, est suspendue par une circulaire gouvernementale[33].

Notes et références

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  1. « Burundi : l’Assemblée nationale retoque le projet de révision constitutionnelle de Nkurunziza – Jeune Afrique », sur JeuneAfrique.com, jeuneafrique1, (consulté le ).
  2. « Burundi : le risque de contagion régionale existe », Laurence Caramel, Le Monde Afrique, 6 mai 2015
  3. a et b Violences politiques : des milliers de Burundais se précipitent au Rwanda, Pierre Lepidi, Le Monde Afrique, 6 mai 2015
  4. « LOI N°1/ 010 DU 18 MARS 2005 PORTANT PROMULGATION DE LA CONSTITUTION DE LA REPUBLIQUE DU BURUNDI »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur justice.gov.bi (consulté le ).
  5. Burundi : qui est le général putschiste Niyombare ?, Raoul Mbog, Le Monde Afrique, 13 mai 2015
  6. Burundi: Godefroid Niyombaré avait mis en garde Nkurunziza, Pierre Nkrurunziza, RFI, 13 mai 2015
  7. Burundi : bras de fer entre le président et un général putschiste, Le Monde Afrique, 13 mai 2015
  8. « Burundi : des combats sporadiques autour des sièges de plusieurs médias », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  9. « Nouvel assassinat d’un opposant au Burundi », Le Monde Afrique,‎ (lire en ligne)
  10. « Burundi : le chef d’état-major de l’armée réchappe d’une tentative d’assassinat », Le Monde Afrique,‎ (lire en ligne)
  11. Mélanie Gouby, « Le Burundi liquide ses opposants en exil », Le Figaro, samedi 3 / dimanche 4 septembre 2016, page 6.
  12. Burundi: une nouvelle rébellion veut chasser Nkurunziza du pouvoir, RFI, 23 décembre 2015.
  13. Burundi: le général Godefroid Niyombaré à la tête des Forebu, RFI, 21 janvier 2016.
  14. Burundi: le général Kararuza tué dans une attaque à Bujumbura, RFI, 25 avril 2016.
  15. « Burundi : la répression sanglante continue à Bujumbura, l’ONU demande une mission d’enquête », sur jeuneafrique.com, (consulté le ).
  16. « Burundi: un an de répression et toujours pas d'issue », sur liberation.fr, (consulté le ).
  17. « Burundi: la commission de révision de la Constitution est en place - RFI », sur RFI Afrique (consulté le ).
  18. « Burundi: un projet de révision en profondeur de la Constitution adopté - RFI », sur RFI Afrique (consulté le ).
  19. « Burundi: le projet de nouvelle Constitution, coup de grâce à l'accord d'Arusha - RFI », sur RFI Afrique (consulté le ).
  20. « Burundi: des opposants au référendum constitutionnel arrêtés - RFI », sur RFI Afrique (consulté le ).
  21. « Évariste Ndayishimiye élu président du Burundi (officiel) », RFI, .
  22. Burundi : la Belgique suspend son soutien à l'élection, les manifestations se poursuivent, Jeune Afrique, 11 mai 2015
  23. À un mois de la présidentielle au Burundi, les Occidentaux haussent le ton, France 24, 11 mai 2015
  24. « Situation du Burundi », sur UNHCR (consulté le ).
  25. Centre d’études stratégiques de l’Afrique, "La crise politique et la détérioration du secteur de sécurité au Burundi", 10 décembre 2015. Accessible sur : https://africacenter.org/fr/spotlight/la-crise-politique-et-la-deterioration-du-secteur-de-securite-au-burundi/
  26. Paul Nantulya,"Le Burundi, la crise oubliée, brûle toujours" Centre d'études stratégiques de l'Afrique, 3 octobre 2019. Accessible sur : https://africacenter.org/fr/spotlight/le-burundi-la-crise-oubliee-brule-toujours/
  27. Paul Nantulya, "Après le référendum au Burundi, une volonté de démanteler les Accords d’Arusha", Centre d'études stratégiques de l'Afrique, 10 août 2018. Accessible sur : https://africacenter.org/fr/spotlight/apres-le-referendum-au-burundi-une-volonte-de-demanteler-les-accords-d-arusha/
  28. L'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, « Les agences humanitaires recherchent 290 millions de dollars pour l'aide aux réfugiés burundais », sur UNHCR (consulté le ).
  29. « Burundi : Michelle Bachelet regrette la fermeture du Bureau des droits de l’homme de l’ONU », sur ONU Info, (consulté le ).
  30. « OHCHR | UNIIB United Nations Independent Investigation on Burundi », sur ohchr.org (consulté le ).
  31. Conseil des droits de l’homme des Nations unies, «Rapport de l’Equipe d’experts internationaux sur la situation au Kasaï», 6 juin 2018. Accessible sur : https://www.ohchr.org/FR/HRBodies/HRC/ITEKasaiDRC/Pages/Index.aspx
  32. Paul Nantulya, "Les coûts de l’inaction régionale face à la crise au Burundi", Centre d'Études Stratégiques de l'Afrique, 2 février 2017. Accessible sur https://africacenter.org/fr/spotlight/les-couts-de-linaction-regionale-face-la-crise-au-burundi/:
  33. « Burundi. La suspension des ONG va désorganiser le fonctionnement de services indispensables », sur amnesty.org (consulté le ).

Voir aussi

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Articles connexes

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