District de Moutier

Le district de Moutier est l'un des 26 districts du canton de Berne en Suisse. Depuis le , il coexiste avec l'arrondissement administratif du Jura bernois. Son périmètre sert notamment à délimiter la circonscription électorale pour l'élection au Conseil du Jura bernois.

District de Moutier dans le canton de Berne
District de Moutier dans le canton de Berne
District de Moutier
Communes du district de Moutier

Il est l'un des 3 districts entièrement francophones du canton de Berne et constitue la région du Jura bernois avec les 2 autres districts francophones du canton, le district de Courtelary et le district de La Neuveville. La commune de Moutier est le chef-lieu. Celui-ci a une population de 23 017 habitants au . Sa superficie est de 217 km2.

Avant 2018, il comptait 26 communes :

Commune Habitants (2004) Superficie
Belprahon 327 379
Bévilard 1723 563
Champoz 165 711
Châtelat 127 409
Corcelles 217 678
Court 1355 2460
Crémines 534 935
Elay 82 842
Eschert 368 656
Grandval 345 821
Loveresse 318 464
Malleray 1897 1035
Monible 39 339
Moutier 7601 1953
Perrefitte 508 867
Pontenet 199 274
Rebévelier 49 352
Reconvilier 2342 823
Roches 242 897
Saicourt 591 1375
Saules 167 425
La Scheulte 53 561
Sornetan 128 562
Sorvilier 283 702
Souboz 122 1063
Tavannes 3319 1465

En 2018, il était composé de 21 communes :

Commune Habitants (2004) Superficie
Belprahon 294 379
Champoz 170 711
Corcelles 205 678
Court 1420 2460
Crémines 509 935
Elay 58 842
Eschert 377 656
Grandval 404 821
Loveresse 348 464
Moutier 7384 1953
Petit-Val 426 2385
Perrefitte 463 867
Rebévelier 41 352
Reconvilier 2317 823
Roches 201 897
Saicourt 628 1375
Saules 151 425
La Scheulte 36 561
Sorvilier 283 702
Tavannes 3586 1465
Valbirse 3975 1867

Histoire

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À l'origine, l'ancienne République rauracienne se compose de cinq bailliages. L'ancêtre du district de Moutier est alors le bailliage de la Prévôté-Grandval. Le 20 mars 1815, le Congrès de Vienne rattache l'ancienne république au canton de Berne. Ce rattachement devient effectif le 21 décembre de la même année[1]. En 1831, le canton de Berne décide d'institutionnaliser ses territoires en districts, chacun placé sous l'autorité d'un préfet. Ces derniers représentent directement le Conseil-exécutif bernois. Face à l'immensité du canton, cette organisation permet à ses dirigeants d'affirmer leur autorité dans chaque région[2].

Le district est initialement composé des paroisses de la prévôté de Moutier-Grandval et de la courtine de Bellelay. Cependant, le découpage géographique présente certaines particularités. Il s’étend jusqu’aux portes de Delémont et inclut une enclave dans le val Terbi. Cette singularité s’explique par l’influence de la puissante et riche paroisse de l’abbaye de Moutier-Grandval, qui, au fil des siècles, accumule les possessions des paroisses environnantes[2].

Depuis son rattachement au canton de Berne, de profondes divergences opposent les Jurassiens aux autorités cantonales. Ces tensions trouvent leur origine dans des différences culturelles, linguistiques, juridiques et religieuses. Connues sous le nom de « Question jurassienne », elles se traduisent, entre et les années , par diverses luttes en faveur de l'autonomie du Jura, menées par des groupes séparatistes. Toutefois, c’est dès 1947 que ces tensions atteignent leur paroxysme. Cette lutte aboutit aux « nouvelles dispositions constitutionnelles relatives au Jura », approuvées par votation populaire cantonale le . Celles-ci définissent les modalités d’une procédure d’autodétermination pour le Jura, structurée en trois étapes successives de « votation en cascade », connues sous le nom de « plébiscite jurassien »[3].

Le premier plébiscite, organisé le , se prononce en faveur de la création d'une République et canton du Jura, intégrant alors le district de Moutier à ce futur canton. Toutefois, selon les modalités du deuxième plébiscite jurassien, qui stipulent que « si, dans l'ensemble des sept districts, la majorité se prononce pour un canton du Jura (oui), les districts ayant donné une majorité négative (non) pourront demander, dans un délai de six mois, un nouveau scrutin leur permettant de décider s'ils veulent adhérer au nouveau canton ou demeurer bernois », une votation est organisée le . À cette occasion, les habitants du district de Moutier choisissent à 56 % de rester bernois[3].

Le troisième plébiscite suit une autre règle : « si, à l’issue des deux premiers votes, un canton du Jura à territoire limité voit le jour, les communes situées à la frontière de ce nouveau canton disposent d’un délai de deux mois pour s’autodéterminer et décider si elles souhaitent ou non y adhérer ». Lors des votations de et , le district de Moutier perd huit communes — Châtillon, Corban, Courchapoix, Courrendlin, Mervelier, Rossemaison, Lajoux et Les Genevez — qui choisissent de rejoindre le canton du Jura, mais gagne une commune, Rebévelier, qui opte pour son rattachement au canton de Berne[4]. Ce découpage suit alors la frontière confessionnelle, la Réforme protestante du XVIe siècle ne dépassant pas la Roche Saint-Jean[2].

À la suite de la votation cantonale bernoise du , de la votation jurassienne du et de la votation populaire fédérale du , la commune de Vellerat rejoint le canton du Jura le , réduisant ainsi le district de Moutier d'une commune[2],[5].

En 2010, le canton de Berne engage une réforme et supprime les districts au profit de régions administratives. Les trois districts du Jura bernois se trouvent ainsi regroupés en l'Arrondissement administratif du Jura bernois, et le préfet quitte Moutier pour s’établir à Courtelary[2].

Le , la ville de Moutier se prononce sur son appartenance cantonale et approuve, par 51,72 % des voix, de rejoindre le canton du Jura[6]. Après annulation de la consultation, un nouveau vote le confirme le premier par 54,9 % des voix. Le , les citoyens des cantons de Berne et du Jura sont appelés à se prononcer conjointement sur le transfert de la commune de Moutier. Dans le canton de Berne, la votation concerne l'approbation du concordat intercantonal relatif au transfert de Moutier du canton de Berne à celui du Jura, ainsi que la suppression de la mention de « districts » dans la Constitution bernoise. Dans le canton du Jura, le scrutin porte également sur l'approbation du concordat intercantonal, mais aussi sur l'abrogation de l'article 139 de la Constitution jurassienne. En définitive, l'ensemble des propositions soumises au vote a été approuvé[7]. Le , les citoyens jurassiens se prononcent sur l'établissement d'un quatrième district au sein de leur canton : le district de Moutier. Constitué uniquement de la commune de Moutier, ce district permettra à la ville de former une circonscription électorale pour les élections au Parlement jurassien, lui donnant la possibilité d'élire 7 députés sur 60 lors des élections prévues à l'automne . Il s'agit d'une mesure transitoire, d'une durée de cinq ans, car, selon le droit fédéral, la ville est trop petite pour justifier à elle seule la création d'un district. Le Gouvernement examinera diverses options, dont la possibilité d'établir un cercle électoral unique pour l'ensemble du canton[8]. Le résultat s'avère favorable, avec 81,82 % des voix[9]. Le district prendra officiellement fonction le .

Économie

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Au cours du XIXe siècle, profitant de l’essor de l’horlogerie dans l’ensemble de l’Arc jurassien, le district s’industrialise et, dès les années , se spécialise dans la fabrication de machines-outils, un secteur durement frappé par la crise horlogère des années . La métallurgie joue également un rôle majeur, avec les fonderies Von Roll à Choindez et Boillat à Reconvilier[1].

De nos jours, l'économie du district de Moutier est prioritairement axée sur le secteur secondaire (industrie et bâtiment) qui occupe plus de la moitié de la population. Les 80 % de la production industrielle du district sont exportés.

Les préfets du District de Moutier

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  • Emanuel von Rodt Bernhard (1815-1822)
  • Sigismond Moreau (1822 -1825)
  • Johann Karl Albrecht von Büren (1825 -1831)
  • Charles-Henri Moschard (1832 - 1836)
  • Daniel-Henri-Célestin Borle (1836 - 1842)
  • Charles-Frédéric Klaye (1842 - 1850)
  • David Mérillat (1850 - 1858)
  • Charles-Frédéric Klaye (1858 - 1870)
  • Louis Péteut (1870 - 1901)
  • Jean Romy (1901 - 1922)
  • Otto Boeschenstein (1922 - 1933)
  • Georges Cuttat (1933 - 1943)
  • Marcel Bindit (1944 - 1966)
  • Roger Macquat (1966 - 1976)
  • Fritz Hauri (1977 - 1992)
  • Jean-Philippe Marti (1993 - 2009)

Notes et références

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  1. a et b « Moutier (district) », sur hls-dhs-dss.ch (consulté le )
  2. a b c d et e Jonas Girardin, « Moutier : de puissant à minuscule district », Le Quotidien Jurassien,‎ , p. 8 (lire en ligne Accès payant)
  3. a et b Chronologie jurassienne, « Dispositions constitutionnelles Jura 1970 » Accès libre, sur chronologie-jurassienne.ch (consulté le ).
  4. « Communes mutées »
  5. « Détails de la mutation 1890 »
  6. « Moutier dit oui au Jura », sur Radio télévision suisse,
  7. kkub (RTS), « Les cantons de Berne et du Jura plébiscitent le Concordat sur le transfert de Moutier » Accès libre, sur rts.ch, (consulté le )
  8. RTS, « Projet de création dans le Jura d'un district de Moutier » Accès libre, sur rts.ch, (consulté le )
  9. RTS, « La création du district de Moutier largement acceptée dans le canton du Jura » Accès libre, sur rts.ch, (consulté le )

Liens externes

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