Massacre de Srebrenica

massacre durant la guerre de Bosnie-Herzégovine
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Le génocide de Srebrenica, également appelé massacre de Srebrenica[1],[2], désigne le massacre de plus de 8 000 hommes et enfants bosniaques dans la région de Srebrenica, en Bosnie-Herzégovine, au mois de , durant la guerre de Bosnie-Herzégovine.

Génocide de Srebrenica
Image illustrative de l’article Massacre de Srebrenica
Tombes au mémorial de Srebrenica.

Date 11 -
Lieu Srebrenica
Victimes Civils bosniaques musulmans
Morts 8 372
Auteurs Drapeau de la République serbe de Bosnie Armée de la république serbe de Bosnie
Scorpions
Motif Nettoyage ethnique
Guerre Guerre de Bosnie-Herzégovine
Coordonnées 44° 06′ nord, 19° 18′ est
Géolocalisation sur la carte : Bosnie-Herzégovine
(Voir situation sur carte : Bosnie-Herzégovine)
Massacre de Srebrenica
Géolocalisation sur la carte : Europe
(Voir situation sur carte : Europe)
Massacre de Srebrenica

Ces tueries ont été perpétrées par des unités de l'armée de la république serbe de Bosnie (VRS) sous le commandement du général Ratko Mladić, appuyées par une unité paramilitaire de Serbie, les Scorpions[3],[4],[5], dans une ville déclarée « zone de sécurité » par l'Organisation des Nations unies (ONU). Cette dernière y maintenait une force d'environ 400 Casques bleus néerlandais, présents dans la région de Srebrenica au moment du massacre[6]. En , les Pays-Bas ont été jugés partiellement responsables car leurs forces n'ont pas protégé les civils dans cette zone et ont autorisé la séparation des hommes et des femmes, après quoi les hommes ont été exécutés et les femmes expulsées[7],[8].

Ce crime est considéré comme le « pire massacre commis en Europe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale »[9],[10]. Il est qualifié de génocide par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY)[11],[12] et la Cour internationale de justice à plusieurs reprises[13],[14].

En 2005, la Chambre des représentants des États-Unis a pris position en faveur de l'hommage solennel aux victimes du génocide en Bosnie-Herzégovine. Elle a également appelé l'ONU à reconnaître sa part de responsabilité dans le génocide de Srebrenica, soulignant son incapacité à prendre des mesures adéquates pour empêcher de tels événements de se reproduire[15].

Le , le Parlement européen a adopté une résolution rendant hommage aux victimes du génocide de Srebrenica. Cette résolution condamne sans équivoque le génocide, réaffirme l'engagement à prévenir toute répétition de telles atrocités, et rejette fermement toute tentative de nier, de minimiser ou de déformer la réalité de ce génocide[16].

Le programme officiel de l'Éducation nationale en France utilise également le terme de génocide pour ce crime[17]. Celle-ci est cependant contestée par certains historiens spécialisés, ainsi que par beaucoup de Serbes[18],[19].

En 2021, le Haut représentant de l'Union européenne a réitéré la reconnaissance du massacre de Srebrenica en tant que génocide. Il a toutefois souligné qu'une tendance à nier ce génocide persiste encore et a affirmé : « Toute tentative de révision de l'histoire, de négation du génocide et des crimes de guerre et de glorification des criminels de guerre doit cesser. »[20].Le , le porte-parole de l'UE a également mis en garde : « Ceux qui nient ou relativisent le génocide de Srebrenica n'ont pas leur place en Europe. »[21].

Des experts onusiens considèrent que ce génocide appartient à une vaste campagne de « nettoyage ethnique » en Bosnie multiculturelle[22] ,[23], mise en œuvre par les Serbes dans le but de créer un territoire « ethniquement pur » et le joindre à la Serbie. C’est le plan de création d'une « Grande Serbie »[24],[23],[25], idéologie qui apparaît en 1844 (Ilija Garašanin) et qui est toujours actuelle.

Mémorial et cimetière de Srebrenica-Potocari

Le 11 juillet de chaque année, des dizaines de milliers de personnes se retrouvent au mémorial de Potočari, créé en mémoire des victimes.

Cette journée a était proclamé « Journée internationale de réflexion et de commémoration du génocide commis à Srebrenica » lors d'un vote à l'ONU le 23 mai 2024[26],[27]

En 2024, l'identification et la ré-inhumation des corps se poursuivent, car toutes les victimes n'ont pas été retrouvées et de nombreux auteurs et commanditaires de ces crimes n'ont pas encore été traduits en justice.

Devant le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) et la justice de Bosnie-Herzégovine, une quinzaine de personnes ont été reconnues coupables de génocide, parmi lesquelles les dirigeants politiques et militaires de la république serbe de Bosnie, Radovan Karadžić et Ratko Mladić[28],[29].


Chronologie

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Contexte

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Après l'effondrement de la république fédérative socialiste de Yougoslavie et la guerre qui s’ensuivit, l'Armée populaire yougoslave (JNA), des Chetniks de Šešelj de Serbie, des unités spéciales serbes comme la Garde des volontaires serbes, ainsi que des groupes paramilitaires locaux serbes[30], ont commencé à mettre en œuvre en Croatie et en Bosnie le plan de Slobodan Milošević visant à créer une Grande Serbie englobant tous les territoires habités par des Serbes[31]. La république serbe de Krajina en Croatie et la république serbe de Bosnie se sont autoproclamées et ont entamé leur rattachement à la Serbie. En Bosnie, de nombreuses villes et régions à majorité bosniaque devaient être intégrées dans la République des Serbes de Bosnie, entraînant l'expulsion forcée des Bosniaques de ces territoires. Ainsi commença la prise de contrôle de vastes zones de la Bosnie orientale, où les Bosniaques constituaient la population principale mais que les Serbes considéraient comme partie intégrante de leur nouvel État, menant à une campagne de nettoyage ethnique contre les Bosniaques (« Musulmans ») dans la région. Cette campagne est documentée par des milliers de témoignages de témoins oculaires et des rapports d’organisations internationales. En avril 1992, avant la formation de l'Armée de la république de Bosnie-Herzégovine en tant que seule force militaire régulière, de nombreuses villes à majorité bosniaque ont été occupées sans qu'une population non armée puisse opposer une résistance significative[32],[33]. Les massacres, les viols, les destructions de biens et les expulsions forcées de milliers de Bosniaques ont commencé. Seules quelques enclaves isolées, telles que Goražde, Srebrenica et Žepa, ont réussi à repousser l'attaque initiale des forces serbes.

Srebrenica.

Ayant fait de Srebrenica un objectif majeur de leur stratégie, les forces serbes ont graduellement renforcé l'isolement de la ville. Dès avril 1992, l'Armée populaire yougoslave (JNA) positionne des pièces d'artillerie à chaque point stratégique sur les hauteurs entourant Srebrenica, redéployant également de nombreuses unités, retirées de la Croatie, dans la région située au bord de la rivière Drina, près de la frontière avec la Serbie. Le , les forces serbes prennent la ville de Zvornik, isolant ainsi Srebrenica de Tuzla. Le , elles s'emparent de Skelani, au sud-est de Srebrenica, et mettent en place des postes de contrôle sur la route de Srebrenica. Le , une délégation de cinq musulmans de Srebrenica dirigée par Besim Ibišević, président de la municipalité, rencontre des dirigeants serbes de Bosnie dans leur fief de Bratunac. C’est là, à l’hôtel Fontana, qu’un ultimatum est lancé aux habitants musulmans de Srebrenica, sommés de rendre toutes leurs armes et de quitter la ville dans les 24 heures. Beaucoup de Serbes des régions périphériques et de la ville ont rejoint les forces paramilitaires serbes au début du conflit, aidés par la JNA qui leur a fourni des armes et des munitions, participant même parfois aux attaques pour piller et détruire les maisons bosniaques.

Après la prise de Bratunac, les forces serbes lancent leur attaque sur Srebrenica le  : environ 5 000 obus d'artillerie sont tirés sur la ville et les villages bosniaques environnants. Ils ne rencontrent aucune résistance. Le jour même, les Serbes entrent dans la ville, où ils commencent à piller les biens, incendier les maisons et tuer les habitants qui, en raison de maladie ou de leur grand âge, ne sont pas en mesure de s'échapper dans les bois environnants. La plus jeune victime était un bébé âgé de 12 mois, Nezir Suljić.

Le , des formations militaires serbes essaient de pénétrer à Potočari, un village bosniaque près de Srebrenica. Elles sont interceptées par un groupe de villageois bosniaques armés de fusils de chasse ayant à sa tête Naser Orić. Les villageois ont mis en place une embuscade et ont tué quatre agresseurs qui appartenaient à une unité paramilitaire, les Garde des volontaires serbes («Tigres d'Arkan»).

Les forces serbes se retirent de Srebrenica après la mort de leur chef, Goran Zekić, tué dans une embuscade le . Zekić avait été l'un des principaux organisateurs de la purification ethnique de la population bosniaque de Srebrenica et de Bratunac. Après sa mort, les Bosniaques peuvent retourner dans leur ville détruite et commencent à organiser une défense.

Siège de la ville

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Cependant, bien que Srebrenica ait été libérée, la ville reste assiégée, totalement isolée et coupée des territoires contrôlés par la République de Bosnie-Herzégovine. Les forces serbes poursuivent leurs bombardements réguliers depuis la Serbie, utilisant des positions sur le mont Tara, où se situe le centre de formation des unités spéciales du ministère de l'Intérieur (MUP) de Serbie. Dans l'affaire « Naser Orić », le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie a conclu : « D’ à , les Serbes ont soumis la ville de Srebrenica et les villages situés en territoire musulman à de multiples offensives, notamment à des attaques d’artillerie, des tirs isolés et, occasionnellement, à des bombardements aériens. Ces attaques suivaient toutes le même schéma. Des soldats et des paramilitaires serbes investissaient un village ou hameau musulman, appelaient la population à rendre les armes, puis commençaient à bombarder et à tirer sans discrimination. Dans la plupart des cas, ils entraient ensuite dans le village ou le hameau, chassaient ou tuaient les habitants, qui n’offraient que peu de résistance, et détruisaient leurs maisons. À cette époque, Srebrenica était chaque jour et de toutes parts la cible de bombardements indiscriminés. C’était surtout le village de Potočari, maillon stratégique de la ligne de défense autour de Srebrenica, qui essuyait les attaques quotidiennes de l’artillerie et de l’infanterie serbes. Par ailleurs, d’autres villages musulmans étaient systématiquement attaqués. Ces opérations ont jeté un grand nombre de réfugiés sur les routes et fait beaucoup de victimes. »

La population de Srebrenica, initialement de 9 000 habitants, a rapidement augmenté à 20 000, puis à 60 000, en raison de l'afflux de réfugiés chassés des villes et villages environnants par les opérations de nettoyage ethnique.La situation devient catastrophique. Faute de nourriture, d’eau et d’électricité, les gens meurent de faim, tandis que les réfugiés dorment dans la rue, exposés au froid. L'hôpital est dépourvu de médicaments, ce qui conduit à des décès dus à des maladies normalement bénignes, et les opérations sont effectuées sans anesthésie. Ces conditions si inhumaines ont été décrites par l'ambassadeur vénézuélien à l'ONU, Diego Arria, comme un « camp de concentration à ciel ouvert » et a qualifié cette agression de « génocide au ralenti »[34],[35].

Bien que Srebrenica soit largement reconnu comme ayant occupé une position stratégique clé pour les Serbes dans ces plans, certains attribuent les raisons du massacre à la haine raciale et à la vengeance pour les crimes de Naser Orić, qui ont été exagérés. Le jugement dans l'affaire Orić montre clairement que le village serbe de Kravica était une base militaire à partir de laquelle les Serbes de Bosnie lançaient des attaques meurtrières sur les villages musulmans voisins et sur la ville de Srebrenica elle-même. La contre-attaque bosniaque sur Kravica, le , était une réponse au blocus de l'aide humanitaire par les forces serbes et les attaques constantes contre les villages bosniaques musulmans à proximité. Selon le jugement du TPIY : « Les combats se sont intensifiés en décembre 1992 et au début de janvier 1993, lorsque les Serbes ont attaqué les Musulmans, surtout depuis la direction de Kravica et Ježestica. » Des preuves irréfutables indiquent que les gardes de village « bénéficiaient bel et bien du soutien de la VRS et que, après les combats de l’été 1992, elles ont reçu un appui militaire, notamment sous forme d’armes et d’instruction. Des armes et des munitions étaient entreposées en grand nombre à Kravica et à Šiljkovići. Il apparaît en outre que, mis à part les patrouilles de surveillance de village, il y avait une présence militaire serbe de Serbie et serbe de Bosnie dans la région. » [36]. Lors de l’audition devant l'Assemblée nationale française en 2001 au sujet de la chute de Srebrenica, le général Philippe Morillon a affirmé : « Dans la nuit du Noël orthodoxe, nuit sacrée de janvier 1993, Naser Orić a mené des raids sur des villages serbes… Il y a eu des têtes coupées, des massacres abominables commis par les forces de Naser Orić dans tous les villages avoisinants »[37]. La chute de Kravica crée une onde de choc parmi les Serbes de Bratunac, tandis que pour les Bosniaques, cette victoire constitue un encouragement considérable qui permet aux forces d'Orić de rejoindre les forces bosniaques à Konjević Polje et Cerska. Le jugement dans l'affaire Orić confirme que les réfugiés bosniaques dans l'enclave assiégée ont commencé à mourir de faim en raison du blocus serbe de l'aide humanitaire. En conséquence, les Bosniaques, confrontés à une situation désespérée, ont été contraints de lancer des contre-attaques autour de Srebrenica pour obtenir les vivres et autres ressources indispensables à leur survie : « Entre juin 1992 et mars 1993, les musulmans de Bosnie ont attaqué un certain nombre de villages et hameaux habités par les Serbes de Bosnie, ou de lieux desquels les musulmans de Bosnie avaient auparavant été expulsés. L'un des objectifs de ces actions était de se procurer de la nourriture, des armes, des munitions et des équipements militaires ». Le jugement précise également que « Les forces serbes de Bosnie qui contrôlaient les routes d’accès empêchaient toute aide humanitaire internationale — et surtout la nourriture et les médicaments — d’atteindre Srebrenica. Il y avait donc une pénurie permanente de vivres, entraînant une famine qui a atteint son comble durant l’hiver 1992/1993. De nombreuses personnes sont mortes de malnutrition. »[38]. Naser Orić a été condamné après par le TPIY, puis acquitté en appel en 2008, le tribunal ayant pris en compte la jeunesse du commandant au moment des faits et l'absence de preuves démontrant sa connaissance des exactions commises par ses troupes[39].

Au cours des mois suivants, l'armée serbe s'empara des villages de Konjević Polje et Cerska, coupant ainsi la liaison entre Srebrenica et Žepa et réduisant l'enclave de Srebrenica à 150 kilomètres carrés.

Trois ans avant le génocide de Srebrenica, les nationalistes serbes de Bosnie — avec le soutien logistique, moral et financier de la Serbie et de l'Armée populaire yougoslave (JNA) — détruisent 296 villages bosniaques autour de Srebrenica et massacrent au moins 3 166 Bosniaques, y compris de nombreuses femmes, enfants et personnes âgées[40].

Zones de contrôle et enclaves de la Bosnie orientale, 1994

En , le commandant de la FORPRONU, le général Philippe Morillon, se rend à Srebrenica, où les habitants affamés et terrifiés l'empêchent de repartir. Il s'adresse à la foule en déclarant : « Vous êtes désormais sous la protection des Nations Unies. Je ne vous abandonnerai pas. »[41],[42]. Cet acte de bravoure force l'ONU à intervenir pour protéger les civils en danger. Cependant, il conduit également à la destitution de Morillon, qui est rapidement relevé de ses fonctions et muté à un autre poste[43]. En , la FORPRONU déploie des troupes canadiennes, remplacées plus tard par des contingents néerlandais, pour protéger Srebrenica, désignée comme l'une des cinq « zones de sécurité » établies par l'ONU. Cette initiative a obligé les Serbes à suspendre provisoirement l'offensive contre Srebrenica, mais la ville reste assiégée. Avec la proclamation de Srebrenica comme « zone de sécurité », la ville devait être démilitarisée. Cependant, les forces bosniaques commandées par Naser Orić ont conservé certaines de leurs armes et maintenu plusieurs tranchées défensives derrière la zone sécurisée, tandis que les Serbes continuaient de déployer des chars et de l'artillerie autour de la ville. Sous les auspices du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), plusieurs milliers de civils et de blessés ont été évacués de Srebrenica. Par la suite, les évacuations ont été interrompues par le gouvernement bosniaque, qui craignait qu'elles ne facilitent le nettoyage ethnique du territoire à prédominance bosniaque.

La situation humanitaire à Srebrenica s’est aggravée au fil des mois et des années de siège. Cependant, la pression logistique exercée par la partie serbe n’a pas abouti à l’évacuation de l’enclave comme escompté. Les convois d'aide humanitaire, y compris ceux destinés au ravitaillement des unités de la FORPRONU, étaient bloqués, réduisant encore les maigres sources d'approvisionnement de la population civile. En conséquence, les réserves de nourriture, de médicaments, de carburant, et même de munitions des forces de l'ONU sont devenues dangereusement basses.

Les forces serbes, composées de soldats de l'ex-JNA reconvertis en VRS et de formations paramilitaires, étaient déployées autour de l'enclave, équipées de chars, de véhicules blindés, d'artillerie et de mortiers. En revanche, les forces bosniaques (ARBiH) dans l’enclave, mal organisées et sous-équipées, manquaient cruellement d’armes et de munitions. Certains de leurs membres ne possédaient que de vieux fusils de chasse ou étaient totalement désarmés, et très peu portaient des uniformes. Beaucoup n’étaient pas de vrais soldats, mais des civils armés vivant avec leurs familles qu’ils tentaient de défendre.

En , Radovan Karadžić, Président de l’entité autoproclamée de Republika Srpska, a ordonné l'élimination des musulmans des enclaves de Srebrenica et de Žepa par une directive intitulée « Directive no 7 ». Celle-ci stipulait : « Par des actions de combat planifiées et bien conçues, créez une situation d’insécurité totale, ne laissant aucun espoir de survie ou de vie future aux habitants de Srebrenica et de Žepa. » En juillet 1995, ces instructions ont été traduites en « un plan concret, qui a débuté par une opération portant le nom de code de “Krivaja 95” et a mené au meurtre ou à la disparition de jusqu’à 8 000 hommes et garçons musulmans de Bosnie, et au transfert forcé hors de l’enclave de jusqu’à 30 000 femmes, enfants et personnes âgées musulmans de Bosnie. »[44].

La chute de l'enclave de Srebrenica

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Fin , 400 Casques bleus sont pris en otage par les forces bosno-serbes à la suite d'un raid aérien de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (OTAN) contre un dépôt de munitions. Le , le commandant français des forces militaires de l'ONU en ancienne Yougoslavie, le général Bernard Janvier, rencontre secrètement le général Ratko Mladić pour obtenir la libération des otages, dont plus de la moitié étaient français. Mladić exige de Janvier qu'il n'y ait plus de frappe aérienne. Le , 111 otages ont été libérés, suivis le13 juin par la libération de 118 otages supplémentaires[45]. Le New York Times rapporte que les Serbes de Bosnie ont obtenu l'assurance que les avions de guerre de l'OTAN ne procéderaient pas à des frappes aériennes sur leurs positions en échange de la libération des soldats des Nations Unies[46]. Les représentants de l'ONU ont nié l'existence d'un tel accord, et Yasushi Akashi, déclare que l'ONU « se conformerait strictement au principe de maintien de la paix ».

Le , les forces serbes de Bosnie menées par le général Ratko Mladić prennent d'assaut la ville. Au cours des jours suivants, cinq postes d'observation de la FORPRONU situés autour de l'enclave tombent successivement face à l'avancée des forces serbes. Certains soldats néerlandais se replient à l'intérieur de l'enclave après l'attaque de leurs positions, tandis que les équipages d'autres postes d'observation se rendent aux Serbes. Simultanément, les forces de défense de l’ABiH essuient des tirs nourris et sont repoussées vers la ville. Les Néerlandais de la FORPRONU demandent en vain plusieurs fois un soutien aérien de l'OTAN pour défendre la ville, mais aucune aide n'arrive avant midi le 11 juillet 1995, lorsque l'OTAN bombarde les chars serbes approchant de la ville. Les frappes aériennes sont ensuite abandonnées car les forces serbes menacent de tuer les soldats néerlandais retenus en otages[47].

Encouragé par la rapidité de l'avancée des forces serbes et par l'absence de réponse adéquate de la FORPRONU, Radovan Karadžić a ordonné la poursuite de l'offensive pour occuper Srebrenica et liquider définitivement l'enclave. En conséquence, la zone protégée de Srebrenica a été capturée sans résistance significative des forces néerlandaises de la FORPRONU et sans soutien aérien de l'OTAN. Les forces bosniaques se sont retirées vers la périphérie de la ville, incapables de résister efficacement. Le , Naser Orić a quitté Srebrenica pour participer aux préparatifs de l'opération visant à briser le siège de Sarajevo, laissant le commandement à ses lieutenants[48]. Cette absence a été exploitée par les médias pour accuser les forces bosniaques de ne pas assurer une défense adéquate, bien que la responsabilité de la protection de cette « zone protégée » incombait à l'ONU, et non à des combattants bosniaques affamés et partiellement désarmés.

Le , les forces serbes ont pénétré dans Srebrenica, désormais désertée par ses habitants. Environ 30000 personnes avaient fui vers Potočari, où se trouvait la base néerlandaise de la FORPRONU. Des pillages, des incendies de maisons, des démolitions d'édifices religieux et des assassinats d'individus qui tentaient de se cacher ou qui étaient incapables de quitter la ville ont alors commencé dans la ville abandonnée.

Massacres

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Crimes à Potočari

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À Potočari, environ 5000 civils, parmi lesquels au moins 300 hommes, s'étaient réfugiés à l'intérieur de la base de l'ONU, tandis que 600 à 900 hommes faisaient partie de la foule de 25 000 personnes à l'extérieur de la base. Environ 15 000 autres hommes, enfants et personnes âgées, parmi lesquels un tiers étaient des combattants, se sont rassemblés à Šušnjari, à la périphérie de Srebrenica[49].. Ils ont formé une colonne et tenté de briser le siège pour atteindre le territoire contrôlé par les Bosniaques.

Les conditions à Potočari étaient désastreuses. Les réserves de nourriture et d'eau étaient presque épuisées, la chaleur de juillet était insupportable, et les gens étaient terrifiés. Les soldats serbes sont intervenus dans la foule à Potočari, et des meurtres ont été perpétrés. Un témoin a rapporté avoir vu un soldat tuer un enfant avec un couteau au milieu d’une foule d'exilés[50]. En fin de matinée du , entre 20 et 30 corps ont été découverts entassés derrière le bâtiment des « Transports » à Potočari, tandis qu'à l'usine de zinc, des soldats serbes ont été observés en train de tuer plus d'une centaine d'hommes bosniaques et de charger leurs corps sur un camion[50]. À la tombée de la nuit, la terreur s’est intensifiée avec des cris, des coups de feu et d’autres bruits terrifiants qui résonnaient sans arrêt. Les soldats serbes ont extrait les gens de la foule et les ont emmenés, tandis que certaines femmes ont été violées, le tout devant le bataillon néerlandais. Le lendemain matin, des histoires de viols et de meurtres se sont répandues parmi les réfugiés, accroissant la terreur régnant dans le camp.

Séparation des hommes à Potočari

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Dès le matin du 12 juillet, les forces serbes ont commencé à séparer les hommes des autres réfugiés à Potočari, les confinant dans des lieux distincts avant de les transporter par camion. Une colonne de bus, certains provenant de Serbie, était prête pour embarquer les réfugiés bosniaques. Lors de l'embarquement, les soldats serbes ont méthodiquement identifié les hommes valides tentant de monter à bord. Parfois, ils retenaient également des hommes plus jeunes ou plus âgés, les conduisant dans un bâtiment de Potočari connu sous le nom de « maison blanche ». Des soldats du bataillon néerlandais ont observé que les forces serbes exécutaient certains des hommes bosniaques après les avoir séparés. Durant l'après-midi, entre 20 et 40 coups de feu par heure ont retenti. En route vers le territoire bosniaque, le convoi de bus transportant environ 25000 civils a été fréquemment arrêté. Les soldats serbes ont séparé certains civils, y compris des femmes, pour les emmener vers une destination inconnue. Tous les hommes séparés des civils à Potočari ont été exécutés[51].

La colonne des hommes bosniaques

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Carte des activités militaires lors du massacre de Srebrenica

Le , après la chute de Srebrenica, une colonne de 12 000 à 15 000 personnes, incluant des hommes, des garçons et des personnes âgées, formée à Šušnjari, tente de s'exfiltrer de nuit à travers un champ de mines. Les hommes estimaient qu'ils avaient plus de chances de survivre en essayant de s'échapper plutôt qu'en se laissant capturer par les Serbes. Environ un tiers des hommes armés se trouve en tête de la colonne, tandis que les deux tiers restants, désarmés, suivent à l'arrière[52] La plupart des membres de la colonne, non armés et affamés pendant le siège, avaient très peu de nourriture et d'eau avec eux, ce qui s'est avéré insuffisant pour parcourir les 55 km jusqu'au territoire bosniaque sur un terrain vallonné et inaccessible.

Le , la majeure partie de la colonne a franchi les lignes serbes sans affrontement dans la vallée de Cerska. Toutefois, une fois passé, elle a été prise en embuscade à plusieurs reprises par les forces serbes, notamment à Nova Kasaba, Kamenica, Sandići et Snagovo. Ces embuscades, utilisant des armes lourdes, ont causé la mort de centaines d'hommes, d'enfants et de personnes âgées de la colonne. Les forces serbes continuent à poursuivre de la colonne, faisant des victimes jusqu'au territoire bosniaque. Des survivants accusent les serbes d'avoir utilisé des armes chimiques ou biologiques. Apparemment il s'agissait d'un gaz incapacitant composé de benzilate, qui désoriente ses victimes et leur donne des hallucinations[53].

La colonne d’hommes a tenté à rejoindre la route près de Konjević Polje, un point de passage vers le territoire contrôlé par les Bosniaques. Environ un tiers des hommes de la colonne ont réussi à traverser[54]. Après le passage du premier grand groupe d'hommes armés, la zone a été complètement bouclée, piégeant ceux qui n'avaient pas réussi à franchir la frontière[55]. Les forces serbes dans cette région, utilisant du matériel volé à l'ONU, ont offert de fausses assurances de sécurité pour encourager la reddition des hommes musulmans, en promettant de les échanger contre des prisonniers. De nombreux civils et combattants se sont rendus, mais en dehors de leur statut de prisonniers de guerre, beaucoup ont été exécutés sur place. Certains combattants se sont suicidés, d'autres ont été tués par les soldats qui les avaient capturés, individuellement ou en petits groupes, tandis qu'un grand nombre de civils ont été exécutés dans les lieux où ils avaient été temporairement regroupés. La chasse à l'homme a duré des semaines après, et un nombre indéterminé de Bosniaques tentant de fuir le territoire assiégé ont été tués.

Exécutions massives

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Exhumation des victimes du génocide de Srebrenica
Exhumation de restes de victimes du massacre.
Exhumation d'un crâne.

Le , entre 4 000 et 6 000 prisonniers, principalement des civils, incluant des garçons âgés de seulement 13 ans ainsi que des hommes âgés, ont été dépouillés de leurs effets personnels et transportés à Bratunac, le centre de rassemblement de la région. Le général Mladić leur a rendu visite, promettant un échange de prisonniers[52]. Sur place, des milliers de détenus ont été victimes de traitements barbares: interrogatoires brutaux, tortures cruelles, et exécutions sommaires au cours de la nuit.

Le , les prisonniers, majoritairement des civils, ont été emmenés vers plusieurs sites au nord où des exécutions massives ont eu lieu. Ils ont été temporairement détenus dans des conditions inhumaines. Selon les témoignages, ̺« il faisait extrêmement chaud, l’endroit était bondé, les hommes ne recevaient ni nourriture ni eau, et certains prisonniers ont eu si soif qu’ils se sont résolus à boire leur urine (…) plusieurs hommes sont morts de chaleur et de déshydratation. » [56] Sur ces sites, des bulldozers creusaient des fosses communes pour enterrer les cadavres. La plupart des prisonniers avaient les yeux bandés et les mains menottées. Ils étaient alignés puis abattus par des rafales d’armes automatiques. Les survivants des premières salves sont ensuite tués par des tirs isolés à bout portant. Les massacres continuent les 15 et . Jean-René Ruez, chef de l’équipe Srebrenica au Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie, estime que entre 4 000 et 5 000 personnes exécutées ont été passées par Bratunac puis déportées vers leur exécution dans un « processus organisé et systématique ». Le reste des victimes a été porté disparu, est mort au combat, a été exécuté sur place lors de leur reddition, ou s'est suicidé[52].

Les exécutions massives ayant fait le plus grand nombre de victimes ont eu lieu approximativement dans les endroits suivants:

  • 12-13 juillet 1995 : Dans la nuit du 12 au 13, environ une centaine de personnes ont été tuées derrière l'école Vuk Karadžić à Bratunac, tandis qu'un nombre similaire a été massacré à Nova Kasaba[55].
  • 13 juillet 1995, matin : Exécution de 16 hommes sur la rive de la rivière Jadar[56].
  • 13 juillet 1995, après-midi : Exécution de 149 hommes, âgés de 14 à 50 ans, dans la vallée de Cerska. Parmi eux, 147 étaient en civil, et environ la moitié avaient les mains attachées dans le dos[56].
  • 13 juillet 1995, fin d'après-midi : Entre 1 000et 1 500 hommes ont été exécutés dans l'entrepôt de Kravica. Les soldats ont lancé des grenades et tiré sur les hommes entassés à l'intérieur de l'entrepôt[56],[57].
  • 13-14 juillet 1995 : Exécution de 22 hommes à Tišća, dans le camion qui les transportait[56].
  • 14 juillet 1995 : Plus de 1 000 hommes, transportés de Bratunac, ont été exécutés à Orahovac. Les prisonniers avaient les yeux bandés. Le général Ratko Mladić était présent[56],[57],[58].
  • 14-15 juillet 1995 : 1 500 à 2 000 hommes, transférés de Bratunac, ont été exécutés dans un champ près du barrage de Petkovci. Ils avaient les mains attachées dans le dos[56],[57].
  • 14-16 juillet 1995 : Entre 1 000 à 1 200 hommes, amenés de Bratunac, ont été tués à la ferme militaire de Branjevo. Dražen Erdemović a témoigné que tous les prisonniers, sauf un, étaient en civil[56],[57],[59].
  • 16 juillet 1995 : 500 prisonniers musulmans, transportés de Bratunac, ont été exécutés dans le Centre culturel de Pilica. Le colonel Ljubiša Beara a participé aux exécutions[56],[57],[60].
  • 14-17 juillet 1995 : Environ 500 prisonniers déplacés de Bratunac ont été exécutés à Kozluk, avec les yeux bandés et les mains liées[56],[57].
  • 13-18 juillet 1995 : Près de Konjević Polje, des centaines de Bosniaques, y compris des femmes et des enfants, ont été sommairement exécutés[61].
  • 17-18 juillet 1995 : Dans les environs de Konjević Polje, environ la moitié des 150 à 200 Bosniaques capturés ont été tués[61].
  • 18-19 juillet 1995 : Aux alentours de Nezuk, une vingtaine de petits groupes de 5 à 10 hommes bosniaques chacun se sont rendus et ont été sommairement exécutés[61].
  • 20-22 juillet 1995 : Dans la région de Meces, environ 150 Bosniaques ont été capturés, contraints de creuser leurs propres tombes avant d'être exécutés[61].

Outre les exécutions massives planifiées des prisonniers rassemblés à Bratunac, de nombreux Bosniaques tentant de s'échapper de l'enclave en petits groupes ont été capturés par les forces serbes et exécutés sur-le-champ.

Nombre de victimes

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L'estimation du nombre de personnes tuées lors de la prise de la ville a beaucoup varié au cours du temps.

La Croix-Rouge a publié une liste de 7 333 personnes portées disparues basée sur les témoignages des familles des disparus[62].

Les recherches de corps auxquelles le TPIY a procédé jusqu'à la fin 2001 ont permis d'identifier 2 361 cadavres dans les environs de Srebrenica.

La liste préliminaire des personnes disparues publiée par la commission internationale pour les personnes disparues (Federalna Komisija za nestale osobe) compte 8 106 noms, elle comprend 500 noms de personnes qui avaient moins de 18 ans, de plusieurs dizaines de femmes et de quelques jeunes filles[63].

Bien que les victimes soient principalement des hommes et des jeunes garçons, les femmes et les enfants ayant été évacués en cars vers les lignes bosniaques, on y compte aussi des adolescents de moins de 15 ans et des personnes âgées de plus de 65 ans. Ainsi la plus jeune victime, Fatima Muhić, est un nouveau-né de deux jours tandis que la plus vieille, Šaha Izmirlić, est une grand-mère de 94 ans[64],[65].

En , l'ADN de 6 186 victimes a été identifié, par l'analyse de restes humains trouvés dans les charniers et 3 647 victimes ont été inhumées au mémorial de Potočari. C'est sur ce mémorial qu'est gravé le nombre de 8 372 victimes.

Grâce à l'utilisation de l'empreinte génétique (ADN), la Commission internationale pour les personnes disparues (ICMP) a identifié 6 981 victimes d'ici 2023. Cependant, 7 500 personnes demeurent portées disparues en Bosnie, dont environ 1 000 victimes du génocide de Srebrenica. Le principal défi pour retrouver et identifier ces disparus réside dans le manque d'informations fiables sur l'emplacement des tombes clandestines, aggravé par le temps écoulé et la diminution du nombre de témoins[66].

La commission internationale des personnes disparues estime, à 8 100, le nombre de personnes disparues à la chute de Srebrenica[67].

Responsabilités du Génocide de Srebrenica

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Les dirigeants politiques et militaires des Serbes de Bosnie sont les principaux responsables de ce génocide, qui s'inscrit dans le projet nationaliste de la Serbie visant à créer une Grande Serbie. Cependant, bien que la Serbie ait planifié et financé cette guerre, armé les Serbes de Bosnie et dirigé les opérations militaires par l'intermédiaire de la JNA, son implication directe n'a pas été établie jusqu'à récemment[68]. Malgré de nombreux éléments suggérant une participation active, dont une vidéo montrant l'exécution de Bosniaques par l'unité paramilitaire des Scorpions, affiliée au ministère de l'Intérieur de Serbie (MUP), ces preuves ne suffisaient pas pour confirmer une responsabilité directe. Ce n'est qu'en 2021, grâce au verdict du procès de Jovica Stanišić et Franko Simatović, ex-responsables du ministère de l'Intérieur de Serbie (MUP), que l'implication directe de la Serbie a été formellement reconnue[69].

La communauté internationale porte la responsabilité de sa réponse inadéquate à la campagne de nettoyage ethnique et au massacre de 8 000 civils non armés dans une ville déclarée « zone de sécurité » par l'ONU. Le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, a reconnu : « Nous avons fait de sérieuses erreurs de jugement, enracinées dans une philosophie d'impartialité et de non-violence qui, quoique admirable, était mal adaptée au conflit en Bosnie . Il a ajouté : « C'est pourquoi, […] la tragédie de Srebrenica hantera notre histoire pour toujours ». »[70].

De nombreux éléments concordants indiquent que les puissances occidentales ont délibérément abandonné l'enclave de Srebrenica aux Serbes. Malgré les garanties de protection internationale accordées aux milliers d'habitants musulmans, aucune action n'a été entreprise pour les sauver du massacre, car la présence de ces enclaves constituait un obstacle au plan de paix en préparation[71].

Le bataillon néerlandais de la FORPRONU a été accusé de ne pas avoir protégé la zone déclarée « zone protégée » par l'ONU, ayant permis aux forces serbes de séparer les hommes des femmes. Par la suite, les hommes ont été exécutés et les femmes ainsi que les enfants ont été déportés.

Les Bosniaques ont été critiqués pour leur défense insuffisante de Srebrenica et pour ne pas avoir totalement démilitarisé l'enclave. La FORPRONU a cependant jugé le processus de démilitarisation satisfaisant, contrairement à la VRS, qui n'a jamais retiré ses armes lourdes. Face aux attaques de la VRS, bien équipées de blindés et d'artillerie lourde, les Bosniaques, mal équipés et privés de ravitaillement, ont demandé à la FORPRONU de leur restituer les armes déposées, une demande qui fut refusée avec l'argument que défendre les enclaves ne relevait pas de leur responsabilité." Les défenseurs bosniaques de Srebrenica sont également accusés d'avoir provoqué une offensive serbe en attaquant en dehors de la zone protégée. Cependant, l'état-major du bataillon néerlandais affirme que les incursions menées par les Bosniaques à l'extérieur de Srebrenica avaient peu ou pas de signification militaire, car elles étaient destinées à collecter de la nourriture en raison de l'interdiction de la VRS aux convois humanitaires d’entrer dans l’enclave.

Certains membres éminents du parti grec d’extrême droite Aube dorée furent impliqués dans le massacre[72].

Poursuite judiciaire

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Cour internationale de justice

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En 1993, la Bosnie-Herzégovine a porté plainte contre la Serbie devant la Cour internationale de justice (CIJ), l'accusant de génocide. En , la Cour internationale de justice a rejeté la responsabilité de l'État serbe dans le génocide, tout en soulignant que la Serbie n'avait pas pris "toutes les mesures en son pouvoir" pour empêcher le génocide de Srebrenica. Bien que la Bosnie ait soutenu qu'un génocide avait été commis sur l'ensemble de son territoire pendant la guerre de Bosnie, la Cour a statué que seuls les massacres ayant suivi la chute de Srebrenica constituaient un génocide.

Florence Hartmann affirme que le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) aurait pu prouver l’implication de la Serbie dans le génocide de Srebrenica grâce aux archives du Conseil suprême de défense de Serbie. Bien que ces documents aient été en possession du TPIY, ils ne furent pas transmis à la Cour internationale de justice (CIJ), qui ne les demanda pas non plus, ce qui a empêché les juges de prouver la responsabilité de la Serbie[73]. Pour avoir divulgué ces informations dans son livre Paix et châtiment, Hartmann a été condamnée à sept jours de prison par le TPIY[74],[75].

Antonio Cassese , spécialiste en droit international et premier président du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY), a qualifié ce jugement de « massacre judiciaire. »[76].

Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie

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Le général serbe Ratko Mladić et le chef politique des Serbes de Bosnie Radovan Karadžić sont mis en accusation par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) pour génocide, complicité de génocide, crimes contre l'humanité et violations des lois et coutumes de la guerre[77],[78].

Le , Radislav Krstić, un général serbe de Bosnie qui a mené l'assaut sur Srebrenica aux côtés de Ratko Mladić, est condamné par le TPIY à 46 ans de prison pour génocide et autres crimes. L'accusation de génocide est rejetée en appel, mais le tribunal retient une charge de complicité de génocide et condamne Krstić à 35 ans de prison le . En , il est transféré au Royaume-Uni où il purge sa peine[79].

En mai 2007, l'ex-général Zdravko Tolimir, proche du général Ratko Mladić, a été arrêté près de la frontière entre la Serbie et la Republika Srpska. Le TPIY avait inculpé Zdravko Tolimir, en février 2005, de génocide, de crimes contre l'humanité et de crime de guerre pour «le meurtre, l'expulsion et les traitements cruels» commis contre les populations musulmanes de Bosnie des enclaves de Srebrenica et de Žepa[80]. Il a été condamné pour génocide en .

Le , Radovan Karadžić est arrêté par les services secrets serbes à Belgrade. Le , il est doublement mis en accusation par le Tribunal pénal international pour génocide, une première fois pour les crimes commis en Bosnie-Herzégovine en 1992, une seconde fois pour le massacre de Srebrenica en . En 2016, le TPIY reconnaît sa culpabilité pour dix des onze chefs d'accusation portés contre lui, notamment la responsabilité pénale du génocide de Srebrenica[81]. En 2019, le Mécanisme pour les Tribunaux pénaux internationaux le condamne définitivement à l’emprisonnement à perpétuité pour génocide (en particulier à Srebrenica), crimes contre humanité et violations des lois ou coutumes de la guerre.

Après avoir échappé pendant seize ans à la justice internationale, Ratko Mladić est arrêté le 26 mai 2011[82]. Reconnu coupable de génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre, il est condamné à l'emprisonnement à perpétuité par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie le [83]. Le verdict et la peine sont confirmés en appel en 2021[84].

Tribunaux nationaux

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Bosnie-Herzégovine

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Pays-Bas

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En , une plainte a été déposée par le cabinet d'avocats Van Diepen & Van Der Kroef, au nom des survivants et parents des victimes de Srebrenica, contre les Pays-Bas et les Nations unies pour non-respect d'obligations contractuelles, « échec à prévenir un génocide » et « non-déclaration de crimes de guerre ». Il est reproché aux 450 Casques bleus néerlandais, positionnés à proximité de l'enclave et censés la protéger, de n'être pas intervenus face aux attaquants serbes (environ un millier), cela bien que la population ait cherché refuge auprès de leur base[85]. Le , le tribunal de La Haye estime que l'État néerlandais est civilement responsable de 300 morts à Srebrenica parce que les soldats néerlandais n'auraient pas dû évacuer ces hommes de la base où ils s'étaient réfugiés[86]. Cette décision est potentiellement lourde de conséquences pour les missions de l'ONU. En juin 2017, la Cour d'appel de La Haye a jugé les Pays-Bas partiellement responsables de la mort de 350 musulmans lors du massacre de Srebrenica[87].

Révisionnisme et négation du génocide

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Pour les institutions internationales il n'y a aucun doute quant à la qualification de génocide :

La majorité des politiques et médias français comme étrangers s'accordent sur le terme de génocide, bien que certains historiens et intellectuels contestent cette qualification[92] :

  • Rony Brauman, ancien président de Médecins sans frontières, déclarait : « Les faits sont pourtant clairs et acceptés par tous, mais on a appelé ça un génocide. Srebrenica a été le massacre des hommes en âge de porter des armes. C'est un crime contre l'humanité indiscutable, mais on a laissé partir des femmes, des enfants, des vieillards, des gens qui n'étaient pas considérés comme des menaces potentielles »[93] ;
  • l'universitaire Joël Kotek, régulièrement invité à des conférences sur la notion de génocide organisées par l'éducation nationale française[94] ;
  • l'historien spécialiste des génocides Yves Ternon fustigeait la CIJ d'étendre le terme de génocide au massacre de Srebrenica. « Le génocide est une forme extrême de crime contre l'humanité. On peut considérer qu'il y a génocide lorsque sont réunies cinq conditions : destruction physique, c'est-à-dire meurtre, d'un groupe humain (…), dans une part substantielle de ce groupe. Quatrièmement, les personnes sont tuées pour leur appartenance à ce groupe sans distinction d'âge ni de sexe. Cinquièmement, ce meurtre de masse est planifié, et seul un État ou une organisation qui prend la place de l'État, est à même de planifier un génocide à l'échelle géographique d'une nation, voire d'un continent[95].

Certains militaires impliqués dans les opérations de maintien de la paix ont aussi dénoncé la qualification de génocide. C'est notamment le cas de Lewis MacKenzie, général maintenant retraité qui fut le commandant en chef de la force de maintien de la paix de l'ONU à Sarajevo[96]. Quelques observateurs, dont la journaliste canadienne Carol Off (en) et le journaliste américain Roy Gutman[97],[98],, estiment cependant que MacKenzie ignore la situation politique en Bosnie et est manipulé par une propagande pro-serbe qui, lorsqu'elle minimise le nombre des victimes du massacre, confine au négationnisme[99].

Le , le Parlement européen dans sa résolution sur la commémoration de Srebrenica « demande au Conseil et à la Commission de commémorer dûment l'anniversaire de l'acte de génocide de Srebrenica-Potočari en soutenant la reconnaissance, par le Parlement, du 11 juillet comme journée de commémoration du génocide de Srebrenica, dans l'ensemble de l'UE, et leur demande d'appeler tous les pays des Balkans occidentaux à faire de même » [100].

Le , la Russie a mis son véto à un projet de résolution de l'Organisation des Nations unies (ONU) qui reconnaissait le massacre de Srebrenica comme un génocide, qualifiant le texte d'« agressif, motivé politiquement et pas constructif »[101].

En , le haut représentant international en Bosnie-Herzégovine, Valentin Inzko, décide d’utiliser son pouvoir discrétionnaire pour modifier le code pénal et interdire le déni du génocide Srebrenica et des crimes de guerre qui l'accompagnent. Cette décision entraine la protestation des nationalistes serbes et le blocage des principales institutions du pays[102].

Divergences et évolution des autorités serbe

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Le , le président de la république serbe de Bosnie (région autonome à forte majorité serbe de Bosnie-Herzégovine), Dragan Čavić, reconnaît, à la télévision de la Republika Srpska, que les forces serbes ont tué plusieurs milliers de civils en violant le droit international[103]. Il déclare que Srebrenica était un chapitre sombre dans l'histoire des Serbes. Le , le gouvernement de la République serbe de Bosnie a présenté ses excuses pour le massacre de Srebrenica et s'est engagé à traduire en justice les coupables.

En mars 2010, le Parlement de Serbie reconnaît le massacre de Srebrenica[104], geste lu comme un premier signal pour la réconciliation de toute la région par les instances de l'Union européenne[105]. Pour Catherine Ashton, haute représentante de l'UE pour la politique étrangère, et Štefan Füle, commissaire à l'élargissement, le geste du Parlement serbe est le premier signal pour la réconciliation de toute la région[106].

Le , le président Tomislav Nikolić déclare lors d'un entretien à la télévision monténégrine qu'« il n'y a pas eu de génocide à Srebrenica[107] », ajoutant qu'« il est très difficile d'inculper et prouver devant un tribunal qu'un événement avait la forme d'un génocide ». Cependant, l'année suivante, lors d'un entretien à la télévision bosnienne BHT dont des extraits paraissent dès le , deux jours avant sa diffusion intégrale, il demande « que la Serbie soit pardonnée pour le crime commis à Srebrenica », sans toutefois aller jusqu'à reprendre le terme de « génocide »[108].

Mémorial de Potočari-Srebrenica

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Le mémorial et cimetière de Srebrenica-Potočari a été inauguré le par Bill Clinton. Il se trouve sur l’ancienne base du bataillon néerlandais à Potočari.

En 2022, 6 671 victimes y sont inhumées[109].

Sur une pierre figure cette inscription :

In the Name of God The Most Merciful, the Most Compassionate / Au Nom de Dieu, Le Très Miséricordieux, Le Très Compatissant
We pray to Almighty God / Nous prions Dieu Tout-Puissant
May grievance become hope! / Que les griefs deviennent l'espoir !
May revenge become justice! / Que la vengeance devienne la justice !
May mothers tears become prayers / Que les larmes des mères deviennent prières
That Srebrenica / Que Srebrenica
Never happens again / Ne se reproduise jamais
To no one and nowhere! / Pour personne et nulle part !

Commémoration

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Notes et références

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Références

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  13. TPIY, « Allocution de Theodor Meron, Président du TPIY, au cimetière commémoratif de Potočari », sur icty.org, 23juin 2004 : « En cherchant à éliminer une partie des Musulmans de Bosnie, les forces serbes de Bosnie ont commis un génocide. Elles ont œuvré à l’extinction des 40 000 Musulmans de Bosnie qui vivaient à Srebrenica, un groupe qui était représentatif des Musulmans de Bosnie dans leur ensemble. Elles ont dépouillé tous les hommes musulmans faits prisonniers, les soldats, les civils, les vieillards et les enfants de leurs effets personnels et de leurs papiers d’identité, et les ont tués de manière délibérée et méthodique du seul fait de leur identité ».
  14. Cour internationale de justice, « Application de la convention pour la prévention et la répression du crime de génocide (Bosnie-Herzégovine c. Serbie-et-Monténégro) »,  : « La Cour conclut que les actes relevant des litt. a) et b) de l’article II de la Convention commis à Srebrenica l’ont été avec l’intention spécifique de détruire en partie le groupe des Musulmans de Bosnie-Herzégovine comme tel ; et que, en conséquence, ces actes étaient des actes de génocide, commis par des membres de la VRS à Srebrenica et à proximité à partir du 13 juillet 1995. », p. 127, paragraphe 297.
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Voir aussi

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Articles connexes

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Bibliographie

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Vidéographie

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Liens externes

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