L’inuit est considéré comme une langue unique, lui-même subdivisé en quatre grandes aires dialectales réparties sur une surface considérable (15 000 km de côtes)[1] :

  • iñupiaq (Alaska)
  • inuktun (ouest du Canada)
  • inuktitut (est du Canada)
  • kalaallisut ou groenlandais (Groenland, dépendant du Danemark)

C'est une des langues les plus fréquemment citées quand on évoque les langues polysynthétiques.

carte des principaux parlers inuits

Conventions de notation

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  1. L'astérisque * précédant un mot marque une forme agrammaticale.
  2. Un suffixe qui efface la consonne précédente est précédé d'un /, un suffixe qui ne l'efface pas est précédé d'un +.

Caractéristiques fondamentales communes des dialectes inuit

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L'inuit présente certaines caractéristiques communes à toutes les aires dialectales

  • phonologie pauvre (trois voyelles et une quinzaine de consonnes)
  • structure syllabique est assez stricte, jamais plus de 2 consonnes successives et seulement en jointure de syllabe
  • agglutination qui utilise exclusivement des suffixes, très nombreux
  • noms sans genre ni article

Phonologie

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Voyelles

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Le nunavimmiutitut comprend trois voyelles. Les trois voyelles constituent le triangle vocalique fondamental a, i, u, chacune de ces voyelles pouvant être réalisée brève ou longue, la longueur ayant une valeur distinctive en toute positions (initiale, médiane, finale), la longueur étant marquée par le redoublement de la voyelle :

  • takujanga « il le voit » vs takujaanga « il me voit »
  • inuk « une personne » vs inuuk « deux personnes »
Notation API Orthographe
Voyelle basse, centrale, non-arrondie, brève [a] a
Voyelle basse, centrale, non-arrondie, longue [aː] aa
Voyelle haute, antérieure, non-arrondie, brève [i] i
Voyelle haute, antérieure, non-arrondie, longue [iː] ii
Voyelle haute, postérieure, arrondie, brève [u] u
Voyelle haute, postérieure, arrondie, longue [uː] uu

Attention : bien que la longueur vocalique ait une valeur distinctive, elle n'en est pas pour autant un élément phonologiquement pertinent, le nombre de voyelles phonologiques est bien de trois et non de six. C'est pourquoi la transcription est entre crochets, car il s'agit d'une transcription phonétique et non strictement phonologique. En effet, si ces voyelles ont une réalisation phonétique longue ou brève et que cette différence est pertinente pour la différenciation des mots, phonologiquement les voyelles longues sont la réunion de deux voyelles brèves. En effet, cela est vérifiable par la loi phonétique suivante : si en nunavimmiutitut il existe de nombreux groupes de deux voyelles en hiatus, chacune étant le noyau d'une syllabe (il n'y a pas de diphtongues), en revanche il est impossible de trouver trois voyelles à la suite. Si un tel cas se présente, une des voyelles disparaît ou est dissociée des deux autres par une consonne. Si une voyelle longue est impliquée dans une telle situation, elle comptera pour deux voyelles et non pour une seule. Exemple avec le pluriel nominal en /it, suffixe qui commence par une voyelle et qui efface systématiquement la consonne finale du radical s'il y en a une) :

  • nuna "terre, territoire" pl. nuna-it
  • inuk "humain, personne" pl. inu-it

Mais :

  • umiaq "umiaq, embarcation collective" pl. umia-t et non **umia-it
  • qallunaaq "homme blanc" pl. qallunaa-t et non **qallunaa-it

Ce dernier exemple montre bien qu'une voyelle longue comme aa se comporte en réalité comme les deux voyelles en hiatus ia, on doit donc du point de vue phonologique considérer des voyelles longues comme deux voyelles identiques en hiatus, même si ce n'est pas leur réalisation phonétique. Un dernier point vient conforter ce point de vue : leur relativement faible fréquence lexicale comparée à celle des voyelles brèves.

Consonnes

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Le nunavimmiutitut comporte treize consonnes phonologiques, et comme pour les voyelles, la longueur a aussi une valeur distinctive, mais pas de pertinence phonologique, et ce pour des raisons légèrement différentes qui seront expliquées plus bas dans le chapitre sur la loi des doubles consonnes. Les consonnes longues ne se trouvent qu'entre deux voyelles :

  • savik "couteau" vs savvik "poitrine"

Voici le tableau des consonnes, en gras leur orthographe et entre slashs la transcription phonologique stricte.

Labiales Alvéolaires Palatales Vélaires Uvulaires
Occlusives sourdes p /p/ t /t/ k /k/ q /q/
Fricative sourde s /s/
Sonores v /v/ l /l/ j /j/
g /ɣ/ r /ʁ/
Nasales m /m/ n /n/ ng /ŋ/

La loi des doubles consonnes (loi de Schneider)

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Rappel : les groupes de consonnes ne peuvent comporter plus de deux éléments, et ne se trouve qu'en position médiane, ni en début, ni en fin de mot. Le nunavimmiutitut, ainsi que son voisin immédiat le dialecte du Labrador, possède une règle phonologique sans équivalent dans les autres parlers inuits appelée la loi des doubles consonnes ou loi de Schneider. Elle consiste en ceci : lorsque deux groupes de consonnes se suivent, la première consonne du deuxième groupe tombe, ce qui fait qu'on ne doit jamais trouver deux groupes de consonnes consécutifs, le deuxième se simplifiant automatiquement. Cette loi ne souffre pas d'exceptions et s'applique à partir du début du mot. De plus, elle ne concerne que deux groupes de consonnes qui se suivent directement, c'est-à-dire seulement séparés par une ou deux voyelles. Trois exemples pour mieux comprendre :

  • tusaqtuq "il entend"
  • tusanngituq "il n'entend pas"
  • tusatsiangittuq "il n'entend pas bien"

La base verbale dans ces trois exemples est tusaq- (en réalité elle ne peut apparaître seule) et la terminaison verbale -tuq, le q final tombe toujours devant la nasale (n)ng (simple ou double). Dans le deuxième exemple, le suffixe de négation -nngit-, qui comprend une double consonne à l'initiale nng, fait tomber son t final, il ne reste plus que celui de la terminaison -tuq, d'où tusanngituq et non **tusanngittuq. Dans le troisième exemple, le suffixe -tsiaq-, qui présente lui aussi deux consonnes à l'initiale, simplifie le nng de /nngit-, et du même coup le t précédemment tombé réapparait, parce qu'il n'est plus précédé de deux consonnes, d'où tusatsiangittuq. Remarquez que des formes comme **tusanngittuq, non-conformes à l'usage en nunavimmiutitut, sont par contre normales dans les sous-ensembles dialectaux voisins qui eux ne pratiquent pas cette simplification.

Ces exemples ont été choisis à dessein parce qu'ils comprennent des consonnes longues nng et tt, ce qui signifie que cette loi s'applique aussi aux consonnes longues, ce qui signifie bien que, phonologiquement, les consonnes longues sont en réalité des groupes de consonnes comme les autres.

Références

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Voir aussi

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Liens externes

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Liste des affixes en Inuktitut http://www.tusaalanga.ca/fr/grammar