Un groupe aéronaval (GAN) — en anglais : Carrier heaVier Battle Group (CVBG) ou Carrier Strike Group (CVSG) — est un groupe de combat naval articulé autour d'un porte-avions. Les groupes aéronavals représentent une part importante des capacités de projection de puissance militaire des pays dont les marines sont dotées de porte-avions. Il s'agit d'un "outil militaire qui permet à son détenteur de figurer parmi les grandes puissances"[1].

Groupe aéronaval de l'USS Abraham Lincoln (CVN-72) en 2000
Groupe aéronaval de l'USS George Washington (CVN-73) en 2006

L'US Navy (qui possède 11 porte-avions) déploie en permanence quatre ou cinq groupes aéronavals opérationnels (dans l'océan Atlantique, en Méditerranée, dans l'océan Pacifique, dans l'océan Indien ou dans le golfe Persique).

La Marine nationale française peut mettre en œuvre un groupe aéronaval autour du porte-avions Charles de Gaulle.

Missions

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Le groupe aéronaval peut être employé pour différentes missions :

  • pour l'attaque d'objectif terrestre avec l'aviation d'assaut embarquée et des missiles de croisière ;
  • en protection du trafic commercial ou de convois militaires ;
  • en appui et protection d'une opération amphibie ;
  • pour établir une supériorité aérienne sur une zone en coopération avec des forces aériennes basées à terre ;
  • pour assurer une présence navale dans la gestion politique d'une crise.
  • pour faire de la lutte anti-navire
  • pour assurer la dissuasion nucléaire

Un groupe aéronaval n'a donc pas une composition prédéterminée ; il est formé et dissous en fonction des circonstances.

Articulation

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Outre le porte-avions et son groupe aérien embarqué (dont la composition dépend également de la mission et qui sont aux États-Unis appelés actuellement Carrier Air Wing), il comprend en général :

  • une escorte contre les menaces aériennes ;
  • une escorte contre les menaces sous-marines ;
  • un navire ravitailleur pour le ravitaillement en vivres, en combustible des bâtiments à propulsion classique, en carburant aviation et en munitions du porte-avions ;
  • un sous-marin nucléaire d'attaque pour la lutte antinavire et anti-sous-marine.

Structure américaine

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Dans l'US Navy, une force opérationnelle, appelée Carrier strike group, comprend actuellement :

Structure française

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La Marine nationale peut réaliser depuis 1994 ce groupe aéronaval :

À la fin des années 1970, les opérations Saphir ont été l'occasion d'un groupe aéronaval autour du Clemenceau, vers le golfe d'Aden (jusqu'à dix-sept navires français)[3].

Royaume Uni

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En tant que pionnière du concept porte-avions, la Royal Navy a maintenu la culture d'une force aéronavale depuis la mise en service du HMS Argus (I.49) en 1918[4],[5]. Cependant, cette capacité a été temporairement perdue entre 2010 et 2018, à la suite du retrait des porte-avions de la classe Invincible et du Harrier GR.9[6]. Durant cette période, la Royal Navy s'est efforcée de régénérer sa capacité de frappe aéronavale basée sur le concept de projection de puissance embarquée (CEPP) en commandant deux porte-avions de classe Queen Elizabeth et le F-35B Lightning pour opérer à partir d'eux[7]. Afin de maintenir ses compétences et son expérience, la Royal Navy a intégré du personnel et des bâtiments auprès de marines alliées, en particulier l'United States Navy[8].

Historique

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Les groupes aéronavals ont été constitués pour la première fois pendant la Seconde Guerre mondiale. Ils comportaient alors un bien plus grand nombre de bâtiments qu'aujourd'hui. Ce conflit a aussi connu les seules batailles à ce jour entre groupes aéronavals, comme dans la bataille de Midway où le Kidô Butai, la formation aéronavale de la marine impériale japonaise perd quatre porte-avions.

Pendant la guerre froide, leur principal rôle dans un affrontement Est-Ouest était la protection des convois dans l'Atlantique Nord et la destruction, avant sa sortie de la mer de Norvège (barrage GIUK) de la marine soviétique. De son côté, cette dernière avait planifié la destruction des groupes aéronavals occidentaux au moyen de ses nombreux sous-marins et de son importante puissance de feu en missiles antinavires.

Cette utilisation des missiles antinavires contre un groupe aéronaval a également représenté le principal effort de la marine argentine contre la Royal Navy pendant la guerre des Malouines.

Notes et références

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  1. Omer Aury, « GAN, concentré de puissance », Cols Bleus,‎ , p. 16-25 (ISSN 0010-1834, lire en ligne)
  2. Marine nationale, « Infographie du groupe aéronaval », sur twitter.com, (consulté le ).
  3. Laurent Suteau, « l’opération Saphir II et l’indépendance de Djibouti », sur institut-strategie.fr, (consulté le ).
  4. Jane's Naval Airpower: The Complete History, Collins-Janes, (ISBN 9780007111527) :

    « La Royal Navy a été la première à utiliser des porte-avions pendant la Première Guerre mondiale, mais elle a perdu le Prince of Wales et le Repulse face aux bombardiers japonais basés à terre en 1941. »

  5. « Porte-avions : un travail de construction époustouflant », BBC News,‎ (lire en ligne) :

    « La Royal Navy a été la première à utiliser des porte-avions, explique Hewitt, responsable des attractions et des collections au Portsmouth Naval Base Property Trust. »

  6. « La Grande-Bretagne s'apprête à restaurer sa capacité de frappe aéronavale avec la mise en service de navires de guerre », Defense News,‎ (lire en ligne)
  7. « La Royal Navy mise tout sur les porte-avions », National Interest,‎ (lire en ligne)
  8. « Le groupe aéronaval de la Royal Navy mis à l'épreuve », Royal Navy,‎ (lire en ligne)

Liens externes

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