Henry Castaing

haut fonctionnaire français

Henry André Castaing, né le à Lannemezan et mort le à Paris 16e[2], est un artiste et un commissaire de police. Résistant, il poursuivit une carrière dans l'administration préfectorale et la haute administration après la guerre.

Henry Castaing
Henry Castaing, alors commissaire spécial de la Sûreté générale affecté à la gare d'Orsay (juin 1929).
Ville de Toulouse, Archives municipales, Cote 9Fi Cartes postales.
Fonctions
Préfet de l'Allier
-
Préfet de la Creuse
-
Biographie
Naissance
Décès
Nationalité
Activités
Autres informations
Conflit
Distinctions
Archives conservées par

Biographie

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Fils de policier (son père est contrôleur général de la police des chemins de fer), Henry Castaing se destine d'abord aux arts. Il est élève de l'École des beaux arts de Paris et expose au Salon des indépendants des aquarelles et des dessins de 1927 à 1929[3]. Cette disposition artistique lui permettra même d'échapper à l'arrestation pendant la guerre. Après avoir participé comme volontaire à la Première Guerre mondiale, il entre malgré tout dans la police en 1920.

Policier

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La carrière de policier d'Henry Castaing débutée en 1920 se prolonge jusqu'en 1944 :

Résistant

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Découpage de la France après l'Armistice

Les réseaux d'évasion

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Henry Castaing entre en résistance très tôt. Il est immatriculé comme agent p. 1 de la France libre en [4]. Commissaire à Lons-le-Saulnier en 1941, il organise, en liaison avec le 2e bureau maintenu en zone libre, un réseau d'évasion de prisonniers belges et luxembourgeois vers l'Espagne. Il réussit à obtenir les renseignements nécessaires sur les patrouilles surveillant la ligne de démarcation, grâce à un officier allemand qu'il soudoie.

Parallèlement, il met en place un réseau de soutien et d'évasion de familles juives vers la Suisse et l'Espagne. Selon son témoignage[5] recueilli en , 3 000 familles juives sont sauvées par son réseau entre 1941 et 1943.

Ses activités ayant été repérées, il est arrêté par la Gestapo début 1943. Libéré faute de preuves, il doit quitter rapidement son affectation. Grâce à ses relations, il se fait nommer Commissaire spécial des renseignements généraux à Guéret en .

Kaolin et le réseau Ajax

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Dès son arrivée dans sa nouvelle affectation, il met en place, sous le pseudonyme de Kaolin, un réseau régional affilié au réseau AJAX d'Achille Peretti. Son réseau noyaute rapidement son service des renseignements généraux, le commissariat de Guéret, la gendarmerie, la préfecture et plusieurs services dont les PTT. Il prend les premiers contacts avec l'École de la Garde et le réseau Alliance. Son action complétée par le service NAP des MUR, dirigé successivement par Émile Labetoule, puis Albert Fossey-François et d'autres groupes de résistants, permet la mise en place d'une véritable administration parallèle dans le département. Cette organisation permet d'éviter de nombreuses arrestations de Résistants ou de Juifs réfugiés en Creuse.

Son action ne passe pas inaperçue. Les services de la Milice, qui le surveillent et lui sont systématiquement hostiles, tentent d'infiltrer son service. À la suite d'une opération d'interception de miliciens, menée conjointement par son service et des éléments de l'AS, il est contraint d'entrée en clandestinité en . Il est révoque par le gouvernement de Vichy le .

Carte détaillée du département de la Creuse avec ses réseaux routier et hydrologique principaux

Dans le maquis, il réorganise le service de renseignement des MUR. Parallèlement, il poursuit son action dans le réseau AJAX. Son réseau s'étend en de l'Indre au nord de la France. Grâce à son talent de dessinateur, il échappe à l'arrestation à Vieilleville en . En effet, il justifie sa présence en ce lieu par son activité supposée de dessinateur. Il fait à cette occasion le portrait du chef du groupe de la Gestapo qui est venu de Limoges procéder aux interpellations.

Après son retour à Guéret, lors de la première libération de la ville le , il reprend le maquis et se réfugie dans la région de Fresselines[6] jusqu'au , jour de la Libération officielle du département.

Haut fonctionnaire

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Les troupes d'occupations et les miliciens ayant quitté définitivement Guéret dans la nuit du 24 au , les troupes du maquis et de l'école de la Garde investissent la ville dès le lever du jour. Le chef départemental des FFI de la Creuse, le lieutenant-colonel Albert Fossey-François investit la préfecture à 8h30 et remet les pouvoirs aux autorités civiles à 10h30. Henry Castaing devient le nouveau préfet de la Creuse[7].

Cette nomination entraîne une violente polémique avec l'ancien préfet Vasserot[8]. L'éviction de l'ancien préfet, pourtant membre du réseau AJAX et préfet résistant le , est officiellement due à son manque de combativité au cours des mois de répression. La nomination de Castaing est apparemment validée par Claude Bouchinet-Serreulles[9], chargé pour la Délégation générale de la France Libre de la mise en place des nouvelles autorités dans la zone sud. Il est confirmé dans cette fonction par le commissaire de la République Pierre Boursicot lors de sa visite officielle à Guéret le .

Henry Castaing va donc s'atteler, avec l'aide du CDL, aux urgences du moment. Le ravitaillement est à organiser. Il faut également remettre en état de fonctionnement les pouvoirs publics et les communications. Enfin, il faut mener a bien l'épuration nécessaire pour sanctionner les collaborateurs tout en préservant les formes de la Justice. C'est un savant équilibre que doit maintenir le nouveau préfet, en intégrant les différentes revendications, parfois divergentes, qui sont exprimées en cette période troublée. Entre autres difficultés, le préfet doit veiller à la bonne administration de deux camps d'internement : La Pigue et Granchet.

Il exerce la fonction de préfet de la Creuse jusqu'au , date de sa mutation dans l'Allier. Il retrouve ensuite les services du ministère de l'intérieur en 1952, en tant que Directeur de la Police Judiciaire. Il est conseiller technique au cabinet des Présidents du Conseil d'avril à . Revenu au ministère de l'Intérieur, il demande à être mis en disponibilité pour être candidat SFIO dans la 4e circonscription (Vichy) de l'Allier lors des élections législatives de novembre. Il n'est pas élu[10]. Il prend sa retraite le , et s'adonne à sa passion pour la peinture et l'illustration jusqu'à la fin de sa vie.

Décorations

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Personnalités

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Évènements

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Notes et références

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  1. « http://www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/UD/FRAN_IR_001514/d_366 »
  2. Base Léonore
  3. René Édouard-Joseph, Dictionnaire biographique des artistes contemporains, tome 1, A-E, Art & Édition, 1930, p. 251
  4. Notice biographique sur le site historique de la Police nationale
  5. Archives nationales, 72AJ/117; Limore Yagil, Chrétiens et Juifs sous Vichy: sauvetage et désobéissance civile, Cerf, 2005, p. 439; Limore Yagil, La France terre de refuge et de désobéissance civile 1936-1944: sauvetage des Juifs, Cerf, 2010, t. II, p. 59-60; 243-244; Limore Yagil, Désobéir. Des policiers et des gendarmes sous l'Occupation, Nouveau Monde 2019;
  6. Mémoires du préfet Clément Vasserot, Archives départementales de la Creuse, 104J et Arch. Nat. 72AJ/621
  7. Les cadets de la garde dans la tourmente, éd. du Beffroi, 2001
  8. Mémoires du préfet Vasserot ibid.
  9. Archives départementales de la Haute-Vienne, 9J3 Fonds Boursicot
  10. Le maire de Vichy, Pierre Coulon (CNIP) est élu au second tour. Au premier tour, il recueille 15 688 voix contre 10 279 à Guillaumin (PCF), 11 052 à Péronnet (Radical), 4 459 à Castaing (SFIO), 3 509 à Tardif (UNR) et 3 047 à Faure (DVD)

Liens externes

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