Jean-Marie Saisset
Jean-Marie Joseph Théodose Saisset (ou de Saisset, usuellement appelé l'amiral Saisset), né à Paris en 1810, mort à Paris en 1879, est un officier de marine et homme politique français.
Jean-Marie Saisset | ||
Amiral Saisset, vers 1862. | ||
Surnom | Amiral Saisset | |
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Nom de naissance | Jean Marie Joseph Théodose Saisset | |
Naissance | Ancien 1er arrondissement de Paris |
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Décès | (à 69 ans) 8e arrondissement de Paris |
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Origine | Français | |
Allégeance | Royaume de France République française Empire français |
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Arme | Marine nationale Marine impériale française |
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Grade | Vice-amiral | |
Années de service | 1825 – 1875 | |
Commandement | Division navale d'Océanie, Escadre d'évolutions en sous-ordre, Forts de l'Est parisien, Garde nationale de Paris et de Seine-et-Oise |
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Conflits | Guerre de Crimée Guerre de 1870 |
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Faits d'armes | Attaque de Sébastopol Défense de Paris Attaque du Plateau d'Avron |
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Distinctions | Grand officier de la Légion d'honneur | |
Autres fonctions | Député de la Seine | |
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Contre-amiral puis vice-amiral, il s'illustre pendant la guerre de 1870 en commandant les troupes de marine, en dirigeant la défense des forts de l'Est de Paris, et réussit l'attaque du plateau d'Avron.
Élu député en 1871 et nommé général en chef de la garde nationale de Paris au début de la Commune de Paris, il tente une difficile médiation entre Paris et le gouvernement réfugié à Versailles. Il réussit un accord avec la Commune sur la base du mandat que lui a donné le gouvernement, mais il est désavoué par l'Assemblée nationale qui refuse toute concession. Après l'échec des négociations, Saisset démissionne de la garde nationale et reprend place à l'Assemblée nationale. Il y siège au centre, d'abord au centre gauche puis au centre droit.
Biographie
modifierJean-Marie Joseph Théodose Saisset, né le , est le fils du négociant Pierre-Joseph Saisset, appelé plus tard Pierre-Joseph de Saisset, et de Marie Joséphine Félicité de Lardemelle ; il est le neveu du député Jean Baptiste Joseph de Lardemelle[1].
Il suit ses études primaires à Nancy puis à Paris, entre ensuite au collège royal de Bourbon, suit la classe de Mathématiques supérieures et intègre à 15 ans l'école de la marine royale à Angoulême[1].
Officier de marine
modifierEn , il est aspirant de 2e classe et embarque sur la Victorieuse pour le Levant, puis sur la Proserpine pour le blocus d'Alger. Nommé en 1829 aspirant de 1re classe sur l'Atride, il prend part successivement à la prise d'Alger (1830) et à la campagne de l'Adriatique (1831). Il sert au Levant comme enseigne de vaisseau, puis est second sur la Lionne et participe à diverses opérations en Algérie. Il retourne au Levant en 1835, puis est officier de manœuvre dans l'escadre de la Méditerranée[2].
Saisset est nommé en lieutenant de vaisseau, second du Ducouédic en 1838, puis en 1839 commandant de la Mutine en Guadeloupe. En 1841 il devient aide de camp du gouverneur de la Guadeloupe. En , il commande la Loire qu'il emmène de Guyane aux Antilles puis en Afrique du Sud pour une mission économique particulière : il est chargé d'y repérer les meilleurs emplacements de guano et de protéger les navires français qui en récoltent, ce qui lui vaut des félicitations officielles en [2].
Il devient capitaine de frégate en , second sur l'Iéna ; il commande ensuite l'Alcibiade au Brésil et à La Plata de 1848 à 1850, puis est de nouveau second sur l'Iéna[2].
Capitaine de vaisseau en février 1852, il prend en août le commandement de la Forte et est chef d'état-major de l'amiral Febvrier Despointes qui commande la division du Pacifique, mais Saisset ne s'entend pas avec son supérieur ; il intervient pour protéger les Français à Guayaquil, puis rentre en France en 1853[2].
Saisset est nommé en mars 1854 commandant de l'Alger et participe à la guerre de Crimée, où il se distingue particulièrement à l'attaque de Sébastopol en . Il prend le mois suivant le commandement de la marine en baie de Kamiesch, et met en place l'organisation des transports militaires. En , il est nommé gouverneur des établissements français d'Océanie, et commandant de la division navale d'Océanie ; en 1859 il commande la pacification de la Nouvelle-Calédonie et organise les premières structures administratives de ce territoire. Il rejoint ensuite l'escadre d'évolutions où il commande le Saint Louis de 1861 à 1863[2].
Amiral, défend Paris
modifierDevenu contre-amiral en , Saisset commande en sous-ordre l'escadre d'évolutions[2].
En 1870, pendant le siège de Paris, l'amiral Saisset commande le groupe des forts de l'Est ; ces forts sont ceux de Romainville, de Rosny, de Noisy et de Nogent. En , il s'illustre à l'attaque du plateau d'Avron qu'il réussit à occuper ; il est alors nommé vice-amiral en récompense de son succès et de son esprit d'initiative[2],[3].
Député, médiateur entre la Commune et le gouvernement
modifierSaisset est élu député de la Seine le , le 7e sur 43[4]. Il fait partie de la commission parlementaire chargée de suivre les négociations sur les préliminaires de paix.
Au début de la Commune de Paris, le , la population veut nommer Saisset à la tête de la garde nationale[5]. L'amiral est populaire dans Paris, pour sa défense de la capitale à la tête des marins. Saisset accepte le commandement sous condition de ratification par le pouvoir exécutif légal ; Thiers le nomme officiellement général en chef de la garde nationale de Paris et de Seine-et-Oise. Saisset tente alors de rallier progressivement la garde nationale, en grossissant les rangs de ceux qui l'entourent, et en gagnant peu à peu et pacifiquement jusqu'au cœur de l'insurrection ; il y parvient partiellement, mais tente vainement de détacher des membres du Comité central pour se les rallier. Il rencontre les maires d'arrondissement, s'assure de leur soutien, et veut adresser le une première proclamation aux habitants pour obtenir leur ralliement ; mais les maires ne s'étaient engagés que verbalement et refusent leur signature. Il continue cependant ses négociations pour le rapprochement entre la population insurgée et le gouvernement de Versailles[6],[7],[3].
Le , Saisset parvient à ébaucher un accord entre les élus de Paris et le gouvernement ; il élabore une proclamation pour faire afficher sur les murs de Paris le contenu des négociations avec le gouvernement : la reconnaissance des franchises municipales, l'élection de tous les officiers de la Garde nationale, des modifications à la loi sur les échéances, et un projet de loi sur les loyers, particulièrement favorable aux locataires modestes[8],[9]. Selon Du Camp et selon les dépositions faites à la commission d'enquête ultérieure, la proclamation est publiée sous une forme qui considère comme acquis ce que l'amiral comptait soumettre au vote de l'Assemblée[10].
La population parisienne est « remplie de joie » en lisant cette affiche[11]. Le Comité central doit reconnaître que satisfaction est donnée aux parisiens ; mais il se montre intransigeant sur la date des élections. À Versailles, une majorité de la Chambre désavoue les concessions faites par Saisset. Les tentatives de conciliation échouent pour ces raisons. Saisset démissionne alors de sa charge de commandant de la garde nationale. Il a eu pour seuls résultats tangibles la libération de plusieurs prisonniers dont le général Chanzy qui était menacé d'exécution, et l'absence d'effusion de sang pendant la semaine de son commandement, ce qui était une de ses principales préoccupations[6],[12],[10],[3],[13].
Il revient à Versailles et y « déclare que Paris est dans un état épouvantable et qu'il faut s'attendre à avoir la guerre civile à Paris »[14]. Il reprend sa place à l'Assemblée nationale et y siège au centre gauche. Il vote alors pour l'abrogation des lois d'exil, pour la dissolution des gardes nationales, pour le pouvoir constituant de l'Assemblée, et soutient le gouvernement d'Adolphe Thiers. Il prend parfois la parole, à propos des traités commerciaux, de la marine marchande, des incompatibilités parlementaires[6]. Il est fait Grand officier de la Légion d'honneur le [6].
À la suite du message du président de la république le , Saisset se rapproche du centre droit et contribue le à la chute de Thiers. Il vote pour le septennat, pour l'état de siège, pour la loi des maires, pour le ministère de Broglie, contre l'amendement Wallon, contre les lois constitutionnelles[6]. Il quitte en 1875 le service actif[15].
Il ne se représente pas aux élections de 1876. À cette époque, il préside la société d'études pour un chemin de fer de Soissons à Chartres[1],[16].
Décès, inhumation avec son fils
modifierIl est inhumé au cimetière Montmartre, 21e division, avenue Cordier (2e ligne), avec son épouse Adélaïde-Armande de Chateaubodeau (1821-1878) et son fils Edgard Saisset, lieutenant de vaisseau tué à l’ennemi le à l’âge de 24 ans, atteint mortellement par un obus au Fort de Montrouge[18],[19].
On a donné le nom du fils de l'amiral à une rue de Montrouge.
Notes et références
modifier- Schweitz et Mayeur 2001, p. 523-525.
- Taillemite 2002, p. 477.
- Vapereau 1880, p. 1608
- Avec 154 379 voix sur 328 970 votants, soit 47 % des suffrages exprimés (Robert et Cougny).
- Delpit 1871, p. 20-21.
- « Jean-Marie-Joseph-Théodore Saisset », dans Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, Edgar Bourloton, 1889-1891 [détail de l’édition] [texte sur Sycomore].
- Delpit 1871, p. 21-45.
- Circulaire signée par le Vice-Amiral, commandant en chef provisoire, Saisset, Paris, le 23 mars 1871, en ligne sur Gallica.
- Delpit 1871.
- Maxime Du Camp, Les convulsions de Paris. La Commune à l'Hôtel de ville, Paris, Hachette, 1883.
- Frédéric Damé, La résistance, les maires, les députés de Paris et le comité central..., Paris, Lemerre, 1871.
- Delpit 1871, p. 38, 47-59.
- Henri Girard, Histoire illustrée de la troisième République..., Paris, 1884.
- Duchesse d'Uzès, Souvenirs, Paris, Plon, 1939 ; rééd. Paris, Lacurne, 2011, p. 116.
- Taillemite 2002, p. 478.
- Projet d'un chemin de fer vicinal de Soissons à Chartres, par Villers-Cotterets, Meaux, Melun, Étampes et Orsonville, signé : le président de la Société d'études : Saisset (Notice BNF).
- Acte de décès de Jean-Marie Saisset sur le site des Archives de Paris 8e, acte n° 901.
- Mort du fils de l'amiral Saisset, Le Figaro, 18 janvier 1871
- « Obsèques d'Edgard Saisset », Le Figaro, 19 janvier 1871.
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier- Étienne Taillemite, « Jean-Marie-Joseph-Théodose Saisset », dans Dictionnaire des marins français, Paris, éditions Tallandier, , 477-478 p. (ISBN 2-84734-008-4).
- Arlette Schweitz et Jean-Marie Mayeur, « Jean Marie Joseph Théodore de Saisset », dans Les parlementaires de la Seine sous la Troisième République - II. Dictionnaire biographique, Paris, Publications de la Sorbonne, , 523-525 p..
- Albert Delpit, Huit jours d'histoire. Le commandement de l'amiral Saisset du 19 au 25 mars 1871, Paris, E. Lachaud, .
- « Jean-Marie-Joseph-Théodore Saisset », dans Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, Edgar Bourloton, 1889-1891 [détail de l’édition] [texte sur Sycomore].
- Gustave Vapereau, « Jean-Marie-Joseph-Théodose Saisset », dans Dictionnaire universel des contemporains..., Paris, Hachette, , 1608 p. (lire en ligne).
- Bernard Noël, Dictionnaire de la Commune, vol. II, Paris, Mémoire du livre, , 642 p. (ISBN 2-913867-13-8 et 9782913867130).
- Félix Ribeyre, « Saisset », dans Biographie des représentants à l'Assemblée nationale, Angers, (lire en ligne).
Articles connexes
modifierLiens externes
modifier
- Ressources relatives à la vie publique :
- Base Léonore