Joseph de Rigaud
Joseph Julien Honoré de Rigaud, dit Joseph[1],[2] de Rigaud, né le à Castres[3] et mort guillotiné le à Paris[1], est un juriste, professeur de droit[1] à l'université de Toulouse et homme politique français, principalement connu pour avoir été, du au [1], le premier[2] maire de Toulouse[1] et conseiller[1] Parlement de Toulouse. Il est également identifié[1] à Jean-Laurent de Rigaud[4],[5],[7], et Jean-Laurens Rigaud[8].
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Biographie
modifierJoseph-Julien-Honoré de Rigaud naît le à Castres, en Albigeois[3]. Fils de Pierre-Joseph de Rigaud et de son épouse, Marguerite de Bonnemain[3], il est co-seigneur de Lanta et de Belleville[3].
En , Rigaud épousera Mlle de Tournier[3] avec laquelle il aura deux fils[9].
En , il est le propriétaire et le seigneur des « terres et seigneuries de Lasbordes, Pébrens et Mézerac »[10],[11], près de Castelnaudary, dans la sénéchaussée de Lauragais.
Carrière universitaire
modifierDocteur en droit[4], Rigaud est candidat aux divers concours d'agrégation de droit ouverts de à [4]. En , il est enfin élu agrégé, à l'unanimité[4],[6]. Mais ce n'est que le qu'il est reçu au concours ouvert par l'université de Toulouse pour la chaire devenue vacante à la suite du décès du professeur Dèzes[4]. Il intègre alors la Faculté de droit qui, le , l'élit à la chaire du professeur Julien[4].
En , lorsque des facultés de l'université de Toulouse contestent le privilège de la Faculté de droit de nommer le recteur de l'université, Rigaud est élu syndic de la faculté de droit[12].
Fin , Rigaud est nommé, pour trois mois[4], recteur de l'université de Toulouse et c'est en cette qualité que, le , il adresse à Charles de Paule de Barentin, Jacques Necker et Laurent de Villedeuil, un mémoire tendant à faire reconnaître le droit des universités à députer directement aux États généraux[13].
En , Rigaud habite aux Puits-Clos ; il déménage et, en , habite rue Pargaminières[4].
Pendant l'année universitaire -, Rigaud professe un cours de droit canonique relatif au décret de Gratien[14]. Il poursuivra sa carrière universitaire au moins jusqu'en , année où il sera nommé, pour la seconde fois, recteur de l'université[15].
Carrière parlementaire
modifierEn , Rigaud est conseiller lai[16] au parlement de Toulouse et est membre de la Première Chambre des enquêtes[17] de cette cour supérieure. Le [17], il est membre de la Chambre de vacations[18] qui assure la continuité du parlement pendant les vacances judiciaires[17]. Le , dans la salle du Grand-Consistoire du Capitole de Toulouse, il prête le serment civique devant les capitouls de Bonfanton, de Gounon-Loubens, Merlé et Manent[19].
Le , Rigaud siège à l'Assemblée de la noblesse qui se à tient à Toulouse[20] ; le lendemain, il se fait représenter, à celle de la sénéchaussée de Castelnaudary, par Louis de Villeneuve de la Crouzille[21]. Il se retire dans son château de Saint-Pierre-de-Lages[22].
Premier maire de Toulouse
modifierLe [15],[5], à 70 ans[2], Joseph de Rigaud est élu premier[2] maire de Toulouse, contre de Chalvet, avec 1 104 voix sur 1 738 votants[15]. Il entre en fonctions le jour même[1], succédant ainsi aux capitouls. Le , il est le premier professeur de la Faculté de droit à prêter le serment civique, désormais requis des professeurs pour continuer à exercer dans les établissements relevant du département de l'Instruction publique[5].
Rigaud est réélu maire en [5], contre Marc Derrey, avec 248 voix sur 398 votants[15]. Mais, le , il est battu par Derrey[15]. De tendance girondine[5], celui-ci est élu maire avec 1 168 voix contre 211 pour Rigaud[15] dont le mandat prend fin le [1].
Victime de la Terreur
modifierSous la Terreur, Joseph de Rigaud est arrêté le puis libéré sous caution le [22]. Mais, le , la Convention décide d'étendre le champ d'application de loi des suspects afin de « permet(tre) l'arrestation immédiate, sans motif comme sans preuve, de tous ceux qui n'ont pas constamment manifesté leur attachement à la Révolution ou de ceux qui n'ayant rien fait contre la Liberté, n'ont rien fait pour elle »[23]. Considéré comme « suspect », Rigaud est arrêté une seconde fois, le [22], à la suite d'un mandat d'arrêt délivré, à la requête de l'accusateur public, par le tribunal révolutionnaire du département de la Haute-Garonne[24]. Ce même mandat d'arrêt permet l'arrestation de cinq de ses anciens collègues de la Chambre des vacations du parlement de Toulouse[24], à savoir[25],[26] : Jean-Jacques Balsa de Firmy[27], Philippe-Joseph-Marie de Cucsac[28], Jean-François de Montégut[29], Anne-Joseph de Lafont-Rouis[29] et d'Urbain-Élisabeth de Ségla[9]. Ensemble, ils sont détenus au couvent de la Visitation de Toulouse[22] qui sert de maison de justice[24]. « Prévenus de rébellion à la loi et de forfaiture », ils sont interrogés[24] puis transférés à la Conciergerie de Toulouse[22]. Quelques mois après, le Comité de sûreté générale mande leur transfert à Paris afin qu'ils comparaissent devant le tribunal révolutionnaire de la capitale[22]. Avant de quitter la Conciergerie, le , Joseph de Rigaud, qui ne se fait guère illusion sur le sort qui l'attend, fait son testament[22]. Il est condamné à mort et exécuté à Paris, le [1] (1er floréal an II[30]).
Son père, Pierre-Joseph, âgé de 81 ans, est assigné à résidence et placé sous la garde de sa belle-fille[9].
Ses importantes propriétés rurales sont confisquées puis vendues[9].
Notes et références
modifier- AMT.
- Jalabert 2008.
- Duboul 1890, p. 126.
- Donat 1937, p. 292.
- Devaux 1987, p. 24.
- Lamouzèle 1932, p. 440, n. 4.
- Les graphies Jean Laurens[1], Jean Laurent[6] sont attestées.
- Bulletin municipal de la ville de Toulouse, septembre 1939, p.535.
- Duboul 1890, p. 129.
- Mouynès 1864, p. 35.
- Mouynès 1864, p. 36.
- Donat 1937, p. 292-293.
- Donat 1937, p. 289.
- Donat 1937, p. 293.
- Donat 1937, p. 303.
- C'est-à-dire laïque.
- Duboul 1890, p. 62.
- Duboul 1890, p. 58 et 73.
- Duboul 1890, p. 58.
- Bulletin de la Société archéologique du Midi de la France, année 1940, page 203.
- Duboul 1890, p. 127-128.
- Duboul 1890, p. 128.
- Ghislain de Diesbach, « Suspects, loi des (1793) », sur Encyclopædia Universalis [en ligne] (consulté le ).
- Duboul 1890, p. 376.
- Duboul 1890, p. 109.
- Duboul 1890, p. 375.
- Duboul 1890, p. 120.
- Duboul 1890, p. 122.
- Duboul 1890, p. 123.
- Madeleine Albert, Le fédéralisme dans la Haute-Garonne (thèse de doctorat soutenue en à la Faculté des lettres de l'université d'Aix-Marseille), Paris, Librairie universitaire J. Gamber, , 1re éd., 328 p., gr. in-8o (25 cm) (OCLC 409996599, BNF 34106268, SUDOC 012812331), p. 289 [lire en ligne (page consultée le 10 décembre 2016)].
Annexes
modifierBibliographie
modifier: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- [Devaux 1987] Olivier Devaux, « Entre la mort de l'Université et la naissance de l'École centrale : l'Institut Paganel et la difficile survie de l'enseignement du droit à Toulouse en 1794 », Revue d'histoire des Facultés de droit et de la science juridique, no 5, , p. 23-32 (lire en ligne [fac-similé], consulté le )
- [Donat 1937] Jean Donat, « II. L'université de Toulouse et les États généraux de 1789 », Annales du Midi : revue archéologique, historique et philologique de la France méridionale, vol. 49, no 195, , p. 286-304 (DOI 10.3406/anami.1937.5384, lire en ligne [fac-similé], consulté le )
- [Duboul 1890] Axel Duboul (préf. de Jean-Baptiste Dubédat), La fin du parlement de Toulouse, Toulouse, F. Tardieu, , 1re éd., XI-430-[2], gr. in-8o (25 cm) (OCLC 457265058, BNF 30360834, SUDOC 111516676, lire en ligne [fac-similé])
- [Lamouzèle 1932] Emmanuel Lamouzèle, « II. Contributions à l'histoire de l'instruction publique à Toulouse sous la Révolution (fin) », Annales du Midi : revue archéologique, historique et philologique de la France méridionale, vol. 44, no 176, , p. 433-443 (DOI 10.3406/anami.1932.5160, lire en ligne [fac-similé], consulté le )
- [Mouynès 1864] Germain Mouynès (inventaire établi par), Série B, t. 2 : Cours et Juridictions. – Parlements, bailliages, sénéchaussées et autres juridictions secondaires, Cours des comptes, Cours des aides, Cours des monnaies, Carcassonne, Archives départementales de l'Aude, , 516 p. (lire en ligne [fac-similé])
Articles connexes
modifierLiens externes
modifier- [AMT] « Joseph de Rigaud », Les maires de Toulouse, sur Archives municipales de Toulouse (consulté le ) avec un portrait de de Rigaud appartenant à une peinture à l'huile de 52 x 66,5 cm sur toile executée en novembre 1790, soit un tableau de 18 portraits en médaillon des membres du deuxième conseil municipal de de Rigaud, dû à Joseph Roques -ou Gaubert Labeyrie-, qui le donna à la famille Virebent dont il était un proche, la veuve de Gaston Virebent le donnant à son tour après le second conflit mondial à Madame veuve Henri Giscard (voir à "Fabrique Giscard"), qui le donna à son tour au Musée des Augustins en 1994 (Jean-Jacques Virebent faisait partie du deuxième conseil de de Rigaud) - Bulletin municipal de la ville de Toulouse, septembre 1939, p.535
- L'intégralité du deuxième conseil municipal de Jean Laurens Rigaud, en novembre 1790, Musée des Augustins, côte 1994 3 1
- [Jalabert 2008] Guy Jalabert, « Toulouse, la saga des maires », sur La Dépêche du Midi, (consulté le )