La Gazette des tribunaux
La Gazette des Tribunaux est un journal français du XIXe siècle centré sur les affaires judiciaires. Créée en 1825 par Jean-Jérôme-Achille Darmaing et Jean-Baptiste-Joseph Breton, la Gazette parut jusqu'en 1915. Ce journal quotidien regroupe les débats judiciaires ainsi que les jurisprudences de la veille.
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Le format du journal est organisé selon 4 rubriques récurrentes : la justice civile, la justice criminelle, les chroniques et les annonces. Le siège de la Gazette des tribunaux se situe à Paris mais le journal incorpore des affaires de l'ensemble du pays par correspondance et parfois même étrangères.
La rédaction des quotidiens du journal est confiée à des professionnels du droit tels que des avocats par exemple. Nous pouvons citer André Marie Jean Jacques Dupin.
La Gazette des tribunaux est également un support de débat autour de questions et réformes législatives. La peine de mort est de plus en plus controversée au XIXe puis au XXe siècle, jugée trop sanglante. Ce genre de débat comme celui de l'abolition ou non de la peine de mort pouvait se retrouver parmi les pages du journal.
Une autre Gazette des tribunaux existait à la fin du XVIIIe siècle en France[1]. Ce journal est paru de novembre 1774 jusqu'en 1789[2].
Organisation du journal
modifierUn sommaire détaillé sur quelques brèves lignes précède les rubriques du périodique. Ce sommaire est composé des titres des affaires. Ces titres sont les motifs de comparution.
Sont indiqués pour les rubriques "Justice civile" et "Justice criminelle" : le lieu et la date des audiences, la présidence ainsi que les motifs de comparution.
Justice civile
modifierOn retrouve dans cette partie les affaires concernant le tribunal civil, la Cour de cassation, la cour impériale (sous le Second Empire) et des tribunaux du commerce.
Dans cette rubrique, le journal propose des comptes-rendus des audiences, souvent de manière romancée. Le texte s'organise en paragraphes, avec parfois des citations des réponses des accusés ou des remarques de la présidence imbriquées dans la narration du journaliste. Parfois, des passages entiers de l'audience sont retranscrits sans forme de narration.
Justice criminelle
modifierCette rubrique concerne particulièrement les affaires jugées à la Cour d’assises, à la chambre criminelle de la Cour de cassation. Les conseils de Guerre sont également placés dans cette partie du journal.
La forme est la même que pour la rubrique "Justice civile".
Chroniques judiciaires
modifierLa sous-rubrique "Départements" est inscrite dans la partie des "Chroniques". Cette sous-rubrique expose des évènements juridiques et judiciaires d'importance "secondaire". Nous pouvons par exemple retrouver dans "Départements" des annonces d'exécution ou bien des rapports de journaux locaux. Le ton est très narratif dans cette partie du journal. Quant aux cas les plus importants (souvent mentionnés avec une "correspondance particulière"), ils sont mis dans l'une des deux premières catégories du journal. Il y a donc un tri effectué parmi les nouvelles.
Annonces
modifierCette rubrique un peu "fourre-tout" rassemble par exemple l'état de la bourse de Paris, les ventes immobilières, les décès et inhumations, quelques publicités d'entreprises ou services, séparations, des faillites, etc.
Historiographie
modifierLa Gazette des Tribunaux est une excellente source pour les historiens puisqu'à travers cette presse judiciaire, c'est en réalité les mœurs et manières de pensée de la société et de la justice qui sont exposées. La manière dont les affaires et les audiences sont romancées donne matière à étudier la construction du crime au XIXe siècle, soit par le biais des audiences, soit par le biais de la presse.
Certains écrivains se sont également inspirés de véritables affaires relatées dans le journal pour développer leurs personnages.
Le personnage de Julien Sorel dans le roman Le Rouge et le Noir de Stendhal est par exemple issu d'un assassin condamné à mort par la Cour d'assises de l'Isère. Stendhal avait eu connaissance de cette affaire en lisant la Gazette des tribunaux[3].
Notes et références
modifier- (en) Jean-Louis Halperin, « Legal Interpretation in France Under the Reign of Louis XVI : A Review of the Gazette des tribunaux », dans Yasutomo Morigiwa, Michael Stolleis et Jean-Louis Halperin (éd.), Interpretation of Law in the Age of Enlightenment : From the Rule of the King to the Rule of Law, Dordrecht / New York, Springer, coll. « Law and Philosophy Library » (no 95), , XIX-193 p. (ISBN 978-94-007-1505-9, DOI 10.1007/978-94-007-1506-6_2), p. 21-43.
- Hervé Gunéot, « Gazette des Tribunaux », sur Dictionnaire des journaux (consulté le )
- Enap, « Histoire et Patrimoine pénitentiaire. La Gazette des tribunaux 1825 - 1832 », sur École nationale d'administration pénitentiaire (consulté le )
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier- Pierre-Nicolas Barenot, « Entre littérature et droit, la Gazette des tribunaux vue par les juristes du XIXe siècle », Cahiers Jean Moulin, no 5 « Droit et quotidien », (e-ISSN 2553-9221, DOI 10.4000/cjm.780, lire en ligne).
- Amélie Chabrier, « De la chronique au feuilleton judiciaire : itinéraires des « causes célèbres » », COnTEXTES, no 11 « Le littéraire en régime journalistique », (ISSN 1783-094X, DOI 10.4000/contextes.5312, lire en ligne).
- Amélie Chabrier, Les genres du prétoire : la médiatisation des procès au XIXe siècle, Paris, Mare & Martin, coll. « Droit & littérature », , 360 p. (ISBN 978-2-84934-430-9, présentation en ligne). Texte remanié de la thèse de doctorat Les genres du prétoire : chronique judiciaire et littérature au XIXe siècle, Littérature française, Université Paul Valéry - Montpellier III, 2013, [lire en ligne].
- Frédéric Chauvaud, « La petite délinquance et La Gazette des Tribunaux : le fait-chronique entre la fable et la farce », dans Benoît Garnot (dir.), La petite délinquance du Moyen Âge à l'époque contemporaine : actes du colloque de Dijon, 9 et , Dijon, Éditions universitaires de Dijon (EUD), coll. « Publications de l'Université de Bourgogne. Série du Centre d'études historiques » (no 8), , 507 p. (ISBN 2-905965-25-8), p. 79-89.
- Anne Durepaire, « Chronique de faits divers et grandes affaires judiciaires : des différents discours sur le désordre des conduites dans La Gazette des Tribunaux à la fin du XIXe siècle », Les Cahiers du journalisme, no 17, , p. 7-16 (ISSN 1280-0082, e-ISSN 2118-7169, lire en ligne).
- Anne Durepaire, « Les drames conjugaux à la fin du XIXe siècle dans la « Chronique » de La Gazette des tribunaux », Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest, t. 116, no 1 « Le fait divers en province », , p. 89-98 (ISSN 0399-0826, e-ISSN 2108-6443, DOI 10.4000/abpo.152, lire en ligne).
- Anne Durepaire, « Les mauvaises victimes dans la Gazette des tribunaux (1886-1914) », dans Frédéric Chauvaud et Gilles Malandain (dir.), Impossibles victimes, impossibles coupables : les femmes devant la justice (XIXe – XXe siècles), Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire. Justice et déviance », , 315 p. (ISBN 978-2-7535-0886-6, lire en ligne), p. 57-67.
- Laetitia Gonon, Le fait divers criminel dans la presse quotidienne française du XIXe siècle, Paris, Presses Sorbonne Nouvelle, coll. « Sciences du langage », , 328 p. (ISBN 978-2-87854-587-6, présentation en ligne, lire en ligne).
- Philippe Hamon, « Introduction. Fait divers et littérature », Romantisme, no 97 « Le fait divers », , p. 7-16 (ISSN 0048-8593, e-ISSN 1957-7958, lire en ligne).
- Eléonore Reverzy, « Archiver des détails : les Goncourt lecteurs de La Gazette des tribunaux », Cahiers Edmond et Jules de Goncourt, no 26 « Les Goncourt et le détail », , p. 57-67 (ISSN 1243-8170, e-ISSN 2497-6784, DOI 10.4000/cejdg.757, lire en ligne).
Liens externes
modifier- Marc Escola, « La Gazette des Tribunaux. Laboratoire et miroir de la littérature (1825-1870) », Fabula, 25 février 2014, présentation en ligne.
- Perrine Coudurier, « Gazette des Tribunaux. Laboratoire et miroir de la littérature (1825-1870) », Fabula, 13 janvier 2015, présentation en ligne.
- Marc Renneville, « Gazette des Tribunaux. Laboratoire et miroir de la littérature (1825-1870) », Criminocorpus, 9 février 2015, présentation en ligne.