Libyque

langue parlée dans l'Afrique du Nord antique
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Le libyque ou berbère ancien — ou encore libyco-berbère — est «l'état ancien de la langue berbère»[1],[2], autrefois parlé par les populations libyennes en Libye antique (Afrique du Nord) et desquelles descendent le berbère ou encore le « Tamazight » modernes. Attesté dès le 12ème siècle av- J.C[3], cette forme du berbère est surtout attestée dans les inscriptions en écriture libyco-berbère (la forme antique de l'alphabet Tifinagh).

Libyque
Langues filles Langues berbères
Région Libye antique (Afrique du Nord)
Écriture Écriture libyque
Classification par famille
Codes de langue
IETF nxm
ISO 639-3 nxm
Glottolog numi1241

Les mots libyques liés à l'élevage et à l'agriculture, suggèrent un développement de ce langage dès le Néolithique.

Le libyque est aussi appelé paléo-berbère, berbère ancien, libyque ancien, proto-berbère et libyco-berbère[4]. Certains berbéristes parlent de tamazight ancien.

C'est surtout à travers les stèles, inscriptions ou peintures rupestres que nous est connue la langue libyque, indéniablement une forme plus ancienne du berbère. Elle présente des cohérences lexicales, grammaticales avec le berbère d'aujourd'hui. En outre, l'évolution de la langue berbère à travers les âges sembler limitée[2]

Les inscriptions anciennes montrent des similarités à la fois linguistiques et culturelles avec l'époque actuelle: ainsi les Berbères anciens se définissaient comme X fils de Y (X w Y)[2] comme on aura su retranscrire plus correctement les noms de personnalités berbères anciennes, comme Massinissa, dont le nom réel s'avéra être MSNSN, à rapprocher du berbère moderne "Mas-nsen" signifiant "Leur seigneur" ou encore Micipsa dont le nom réel s'avéra être MKWSN, probablement prononcée Mikiwsen ou Mekusen.

Le vocabulaire semble également similaire dans plus d'une inscription, on notera par exemple les mots asghar désignant le bois, uzzal désignant le fer, agellid désignant le roi, ou encore des mots disparus en berbère moderne comme inababen désignant les travailleurs[5],[6],[7].

Cette persistance s'explique sans doute par le fait que les Romains ont eu du mal à comprendre et à parler le libyque. Pline l'Ancien évoque des « noms imprononçables par d'autres bouches que celles des indigènes »[8].
Pour cette période tardive, on parle de néo-libyque afin de marquer l'évolution de la langue, notamment sous l'influence punique[réf. nécessaire].

Parentés

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Le libyque fait partie de la famille des langues chamito-sémitiques.

Le professeur Salem Chaker, dans une publication de 2012, le rattache à la culture du Natoufien à l'origine des langues chamito-sémitiques (afro-asiatiques)[9].

Certains[Qui ?] l'ont rapproché de la langue basque[10].

Influences

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Certains mots libyques seraient passés dans le grec ancien, par exemple le nom de la tenue traditionnelle hellénique appelée péplos et de l'habillement des statues d'Athéna ; Hérodote (Melpomène, livre 4, 189) dit[11] :

« Les Grecs ont emprunté des Libyennes l'habillement et l'égide des statues d'Athéna, excepté que l'habit des Libyennes est de peau, et que les franges de leurs égides ne sont pas des serpents, mais des bandes minces de cuir : le reste de l'habillement est le même. Le nom de ce vêtement prouve que l'habit des statues d'Athéna vient de Libye. Les femmes de ce pays portent en effet, par-dessus leurs habits, des peaux de chèvres sans poil, garnies de franges et teintes en rouge. Les Grecs ont pris leurs égides de ces vêtements de peaux de chèvres. »

Écriture

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Inscription bilingue (punique à gauche et libyque à droite) de Thugga

Le libyque utilisait un alphabet consonantique, ancêtre du tifinagh actuel que les Touaregs ont conservé[12] et dont une variante est officiellement utilisée en Algérie et au Maroc.

Les inscriptions libyques qui nous sont parvenues sont principalement funéraires et privées mais il existe quelques inscriptions publiques bilingues punico-libyques (comme à Thugga) et libyco-latines[réf. nécessaire].

On ne connaît aucune trace de littérature ; le libyque était essentiellement basé sur les traditions orales[réf. nécessaire].

Malgré les quelques traces bilingues et les filiations potentielles avec les langues actuelles, les spécialistes n'ont déchiffré cette langue que partiellement, à savoir la forme orientale, probablement influencée par le punique. La forme occidentale, qui comporte treize lettres supplémentaires, serait plus primitive et/ou moins inluencée par le sémitique.

Notes et références

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Références

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  1. Lionel Galand, « Libyque et berbère », Annuaires de l'École pratique des hautes études, vol. 105, no 1,‎ , p. 167–180 (lire en ligne, consulté le )
  2. a b et c S. Chaker, « Libyque : écriture et langue », Encyclopédie berbère, nos 28-29,‎ , p. 4395–4409 (ISSN 1015-7344, DOI 10.4000/encyclopedieberbere.344, lire en ligne, consulté le )
  3. The Qeheq Papyrus: A Bridge Between Egyptology and Berberology, Northern California ARCE (, 60:30 minutes), consulté le
  4. H. Iglesias, La parenté de la langue berbère et du basque : nouvelle approche, (lire en ligne), page 1, note 2
  5. (en) « Libyco-Berber - Examples of writing », sur mnamon.sns.it (consulté le )
  6. (en) Jona Lendering, « Libyan' Inscriptions in Numidia and Mauretania », sur World History Encyclopedia (consulté le )
  7. Mansour Ghaki, « Épigraphie libyque et punique à Dougga (TBGG) », dans Dougga (Thugga). Études épigraphiques, Ausonius Éditions, coll. « Études », , 27–45 p. (ISBN 978-2-35613-257-4, lire en ligne)
  8. Pline l'Ancien, Histoire naturelle, V, 1.
  9. Chaker (2012), p. 104-105
  10. H. Iglesias, La parenté de la langue berbère et du basque : nouvelle approche, (lire en ligne)
  11. « Hérodote : livre IV : Melpomène (bilingue) », sur remacle.org (consulté le ).
  12. http://www.mondeberbere.com/, L'évolution de Tifinagh.

Voir aussi

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Bibliographie

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  • 1977 : Lionel Galand, Le berbère et l'onomastique libyque, in L'onomastique latine, Paris, 1977, p. 299-304.
  • 2006 : René Rebuffat, Aires sémantiques des principaux mots libyques, in MEFRA 118/1, 2006, p. 267-295.
  • 2015 : Dominique Casajus, L'alphabet touareg, Paris, CNRS Éditions, 2015, 223 pages (il contient plusieurs chapitres sur le libyque), (ISBN 2-7177-2023-5).
  • Salem Chaker, Berbère et afro-asiatique: réflexions du berbérisant, Folia Orientalia, (lire en ligne Accès libre)

Articles connexes

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Liens externes

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