La lemniscate de Bernoulli fait partie d'une famille de courbes décrite par Jean-Dominique Cassini en 1680, les ovales de Cassini. Jacques Bernoulli la redécouvre en 1694 au détour de travaux sur l'ellipse[1], et la baptise lemniscus (« ruban » en latin). Le problème de la longueur des arcs de la lemniscate est traité par Giulio Fagnano en 1750.
Une lemniscate de Bernoulli est l'ensemble des points M vérifiant la relation :
où F et F′ sont deux points fixes et O leur milieu. Les points F et F′ sont appelés les foyers de la lemniscate, et O son centre.
Alternativement, on peut définir une lemniscate de Bernoulli comme l'ensemble des points M vérifiant la relation :
Démonstration
On voit bien que :
La première relation est appelée « équation bipolaire », et la seconde « équation tripolaire ».
La courbe ainsi définie fait partie de la famille des lemniscates (courbes en forme de 8), dont elle est l'exemple le plus connu et le plus riche en propriétés. Pour sa définition, elle est l'exemple le plus remarquable d'ovale de Cassini. Elle représente aussi la section d'un tore particulier par un plan tangent intérieurement.
En partant de l'équation en coordonnées polaires ρ2 = 2 d2 cos 2θ on peut représenter la lemniscate de Bernoulli par les deux équations suivantes, en prenant pour paramètre l'angle polaire θ :
Démonstration
On passe des coordonnées polaires aux coordonnées cartésiennes par les relations x = ρ cos θ et y = ρ sin θ. De ρ2 = 2d2 cos 2θ on déduit |ρ|. On peut ne garder que la valeur positive car il est équivalent de changer le signe de ρ ou d'augmenter θ de π.
Cette représentation présente cependant le défaut que pour parcourir une fois la lemniscate il faut faire varier θ de –π/4 à +π/4 puis de 3π/4 à 5π/4, une variation qui n'est pas continue ni monotone.
Partons de la représentation précédente et exprimons tout en fonction de tan θ (voir par exemple l'article Identité trigonométrique) :
donc :
Posons cos φ = tan θ :
Il ne reste plus qu'à remplacer par
La lemniscate est parcourue une fois en faisant varier φ de –π à +π. Le paramètre φ est directement relié à l'angle polaire par la relation cos φ = tan θ, ou θ = arctan(cos φ).
On peut aussi convertir la représentation précédente, trigonométrique, en une représentation paramétrique rationnelle :
Démonstration
Partons de la représentation précédente et exprimons tout en fonction de t = tan(φ/2) (voir par exemple l'article Identité trigonométrique) :
donc :
La lemniscate est parcourue une fois en faisant varier t de –∞ à +∞. Le paramètre t est directement relié à l'angle φ par la relation t = tan(φ/2).
L'abscisse x décrit l'intervalle [–a, a] (les bornes sont atteintes pour y = 0). L'ordonnée y décrit l'intervalle (les bornes sont atteintes pour ). La demi-distance focale est
Il est possible d'expliciter y en fonction de x :
mais il est généralement plus pratique de manipuler l'équation implicite que d'utiliser cette expression explicite de y.
En partant de l'équation en coordonnées polaires ρ2 = a2 cos 2θ on peut représenter la lemniscate de Bernoulli par les deux équations suivantes, en prenant pour paramètre l'angle polaire θ :
Cette représentation présente cependant le défaut que pour parcourir une fois la lemniscate il faut faire varier θ de –π/4 à +π/4 puis de 5π/4 à 3π/4, une variation qui n'est pas continue ni monotone.
La lemniscate est parcourue une fois en faisant varier φ de –π à +π. Le paramètre φ est directement relié à l'angle polaire par la relation cos φ = tan θ, ou θ = arctan(cos φ).
On peut aussi convertir la représentation précédente, trigonométrique, en une représentation paramétrique rationnelle :
La lemniscate est parcourue une fois en faisant varier t de –∞ à +∞. Le paramètre t est directement relié à l'angle φ par la relation t = tan(φ/2).
L'aire délimitée par la lemniscate de Bernoulli vaut :
Quadrature de la lemniscate : impossible pour le cercle, la quadrature exacte est possible pour la lemniscate de Bernoulli. Son aire est en effet égale à celle de deux carrés égaux (le côté des carrés étant la distance entre le centre et un foyer de la lemniscate[a]). Cette aire est aussi égale à l'aire d'un carré dont le côté est la distance séparant le centre d'un sommet de la lemniscate.
Pour deux points B et C et un angle α aigu fixe, une lemniscate de Bernoulli est le lieu des points A tels que, dans le triangle ABC, la médiane issue de A et sa symédiane forment un angle α ; le centre de la lemniscate est alors le milieu de [BC][2].
La lemniscate de Bernoulli est souvent considérée comme une courbe qui se parcourt sans fin. Cette caractéristique de la lemniscate serait à l'origine du symbole de l'infini, ∞, mais une autre version vient contredire cette hypothèse, l'invention du symbole étant attribuée au mathématicien John Wallis, contemporain de Bernoulli[3].
↑(en) Francisco Javier García Capitán, « Lemniscates and a Locus Related to a Pair of Median and Symmedian », Forum Geometricorum, vol. 15, , p. 123–125 (ISSN1534-1178)