Liste des seigneurs et barons de Craon

La baronnie de Craon, qualifiée ordinairement de première baronnie d'Anjou, comprenait comme domaine : le château de Craon, les halles, le four banal, plusieurs moulins, huit étangs, la forêt de Craon et plusieurs autres bois[1] ; plusieurs métairies[2].

Le baron de Craon avait plus de cent châtelains ou seigneurs lui rendant aveu et disposait des prébendes de l'église Saint-Nicolas de Craon, avait droits honorifiques dans toutes les églises du Craonnais ; 35 paroisses étaient dans le ressort de sa sénéchaussée. Les sépultures des seigneurs de Craon au Couvent des Cordeliers d'Angers ont été étudiées dans le Bulletin de la Mayenne[3].

La baronnie de Craon comprenait plusieurs Chalandes. Certaines paroisses restaient disputées comme Cossé-le-Vivien dont le bourg dépendait du Comté de Laval, et dont le Ressort dépendait de la baronnie de Craon et de l'Anjou.

Seigneurs de Craon

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  • Suhart le Vieux, Suhardus, dominus Credonensis castri quem dicunt velulum, reçut l'inféodation de Craon de Foulques Nerra. Quand il donna Saint-Clément de Craon à l'abbaye Saint-Aubin d'Angers, Geoffroy II d'Anjou, né en 1006, était enfant.
  • Guérin, fils aîné du précédent, Garinus, filius ejus (Suhardi vetuli) et hæres.
  • Suhart le Jeune, frère du précédent, Garino mortuo, Suhardus minor, frater ejus successit, avant 1037 ; dépossédé pour félonie par Charles Martel, c'est-à-dire en 1040 au plus tôt[4].

L'acte de félonie d'un des trois premiers seigneurs de Craon envers le comte d'Anjou, qui amena la confiscation de la baronnie et son inféodation à Robert de Nevers, reste obscur[5].

Armes : losangé d'or et de gueules

Barons de Craon

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Sceau d'Amaury Ier de Craon, sénéchal d'Anjou (1223)
  • Amaury Ier de Craon, frère du précédent, dit le chantre de la Philippéide, marié vers 1212 à Jeanne des Roches, dame de Sablé, de Briollay, de Châteauneuf-sur-Sarthe, de Précigné, de Brion, d'Agon, de La Roche-aux-Moines et sénéchale d'Anjou à partir de 1222, fut fait prisonnier par Pierre Mauclerc, duc ballistre de Bretagne, le 3 mars 1223, mourut après 1226 et eut aussi sa sépulture en l'abbaye de la Roë. Jeanne des Roches mourut avant 1247, d'après l'enquête qui eut lieu en cette année-là sur les méfaits des officiers royaux, où l'on apprend encore que la terre avait été saisie pour une dette de cent marcs envers la veuve de Jean Le Bigot. Le même document montre enfin que Raoul de Fougères fut cité au Mans avant 1247 pour les affaires de Maurice de Craon, respectu Mauricii de Credonio.
  • Maurice IV de Craon, encore mineur en 1237, mourut le 27 mai 1250, marié à Isabelle de la Marche, sœur utérine d'Henri III, roi d'Angleterre. Charles du Fresne du Cange[12] cite quelques mots d'une charte d'Isabelle de la Marche, dame de Craon, datée de l'an 1265, et extraite d'un registre des comtes d'Angoulême, à la Chambre des Comptes de Paris.
  • Amaury II de Craon, fils aîné, était sous la tutelle de sa mère en 1259, et mourut sans enfant d'Yolande de Dreux, du 27 mai 1269 au mois de juin 1270.
  • Maurice V de Craon, frère du précédent, dut à la parenté de sa mère une situation spéciale à la cour d'Angleterre, sous Henri III et Édouard Ier. Il jouit aussi de la confiance de Charles II d'Anjou. La dévotion générale se portait alors vers les ordres mendiants. La chapelle funéraire des sires de Craon fut désormais au Couvent des Cordeliers d'Angers. Maurice V, mort à Paris au retour d'un voyage d'Angleterre, le 11 février 1293, y fut inhumé. Mahaut, fille de Gauthier VI Berthout, seigneur de Malines, qu'il avait épousée en 1275, convola avec Jean de Brienne le 22 juin 1305, en même temps que sa fille, Marie de Craon, épousait Robert Ier de Brienne, seigneur de Beaumont-le-Vicomte, fils de son second mari[13].
  • Amaury III de Craon, aîné des cinq enfants du précédent, représenta son père absent à l'intronisation de Guillaume III Le Maire, évêque d'Angers, 1291 ; occupa des charges importantes aux cours de France et d'Angleterre ; céda ses charges héréditaires de sénéchal de Touraine, d'Anjou et du Maine, 1323, 1331. Il avait épousé : le 24 août 1300, Isabeau de Sainte-Maure ; et au mois d'octobre 1312, Béatrix de Roucy. Il était veuf une seconde fois à sa mort, arrivée le 26 janvier 1333[14]. Pour lui ou pour ses enfants, Amaury III obtint de Jean XXII de nombreuses faveurs spirituelles et temporelles[15].
  • Amaury IV de Craon n'est que le petit-fils du précédent, Maurice, son père, étant mort avant d'arriver à la succession de Craon, laissant de Marguerite de Mello-St-Bris ce fils, âgé de sept ans, et une fille, Isabelle. Lieutenant du roi dans l'Anjou, le Maine, le Poitou, l'Aquitaine, la Normandie, la Touraine, de 1350 à 1370 ; fait prisonnier à la reddition de Romorantin (3 septembre 1356), délivré au traité de Brétigny ; il fut, quoique vassal du roi anglais pour ses terres de Thouars, un des fermes champions du Roi de France. En 1370, il renouvela les donations faites par son aïeul au prieuré de Sablé, parce que les « Gascons et Anglais qui s'étaient emparés de son château (de Sablé) avaient tout saccagé et avaient pris son sceau »[16]. Il mourut le 30 mai 1373, sans enfants de Pernelle de Thouars, après avoir fondé la chapelle du Buron (Morannes), et laissé en œuvres pies ou restitutions le revenu de ses terres pendant trois ans[17]. Amaury IV de Craon et Bertrand du Guesclin avaient récupéré sur les Anglais le monastère de Cunault, tant par les armes qu'au prix d'une rançon de 4 000 florins d'or. Le 5 novembre 1364, Urbain V écrit d'Avignon au comte d'Anjou de faire remettre le monastère au prieur Guy du Pin, son chapelain[18]. Guillaume de Mathefelon et Jean Lesillé, exécuteurs testamentaires d'Amaury IV. jouirent du revenu de ses terres pendant trois ans, pour l'acquittement de ses dettes ou la réparation des dommages causés par lui, solutionem forefactorum aut debitorum, 1375.
  • Isabeau de Craon, sœur et unique héritière du précédent, eut de nombreux procès avec ses cousins[19]. Fiancée toute enfant, le 11 mars 1339, avec l'héritier présomptif de Laval, si le mariage fut accompli, elle fut dame de Laval pendant les quinze mois où Guy XI de Laval († 22 septembre 1348) posséda la baronnie ce Craon. Elle épousa en secondes noces Louis de Sully, fils de Jean de Sully et de Marguerite de Bourbon, partisan des Anglais, et contre lequel elle fut obligée, en 1376, de recourir à la sauvegarde du duc d'Anjou. Veuve en 1381, elle mourut le 2 février 1394 et fut enterrée dans la chapelle de Saint-Jean-Baptiste, au Couvent des Cordeliers d'Angers.

Famille d'Aloigny

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  • Louis d'Aloigny, marquis de Rochefort (-sur-Creuse, à Sauzelles), époux de Marie Habert de Montmaur, par acquisition du 30 mai 1620, † 1654.
  • Henri Louis d'Aloigny, dit le « maréchal de Rochefort », marié le 3 avril 1662 à Madeleine de Laval-Bois-Dauphin, † 1676.
  • Louis Pierre Armand d'Aloigny, mort sans alliance en 1706, laissant pour héritière Marie-Henriette d'Aloigny, sa sœur. L'épitaphe d'Armand-Louis d'Aloigny est reproduite dans l'Épigraphie de la Mayenne[21].

Famille de la Forêt d'Armaillé

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  • François de la Forêt d'Armaillé, acquéreur en 1702, † 1731. Il acheta, en 1702, la baronnie de Craon de Marie-Henriette d'Aloigny, il fut marié avec Marie-Jaubert de Briolay et 2° avec Gabrielle de Boyslesve, fille de l'intendant général des finances, et mourut en 1731 à Paris.
  • François-Pierre de la Forêt d'Armaillé, mari de Françoise-Thérèse Gaubert, † 22 octobre 1743. Conseiller au parlement de Bretagne, 1714, il fut inhumé le 22 octobre 1743 à Saint-Nicolas de Craon, où son épitaphe a été retrouvée en 1846. L'épitaphe d'Armand-Louis d'Aloigny est reproduite dans l'Épigraphie de la Mayenne, dont la dalle de marbre est maintenant au cimetière de la Selle-Craonnaise.
  • Ambroise-Pierre de la Forêt d'Armaillé, fils aîné et principal héritier, né le 2 avril 1734, mourut vers 1805. Il mourut à Grigny, le 1er mars 1806, laissant une fille unique, Marie-Adélaïde, veuve de François-Artus-Hyacinthe-Timoléon de Cossé-Brissac. Né le 2 avril 1734, il épousa, le 6 juillet 1753, Marie-Gabrielle de Mornay-Mont-chevreuil. Ambroise-Pierre-Léonard, 1757, et Pierre-Ambroise-Gaspard, 1758, ses enfants, sont baptisés à Craon. Il fit bâtir, par le château de Craon. Le marquis d'Armaillé demeurait ordinairement à Paris et avait peu de sympathies à Craon. Revenu dans cette ville le 15 août 1789, il fut accueilli par une émeute de la population qui lui aurait fait un mauvais parti sans l'intervention de la garde nationale. Un pamphlet, daté de Craon ce même jour, 15 août 1789, et imprimé à Paris chez Guillaume Junior, sous ce titre : Amende honorable d'un gros marquis devenu tambour …, raconte ce qui se passa. Le marquis se cacha pendant la Révolution française dans les environs de Paris et mourut en 1805. Il avait épousé en secondes noces Mlle de Moncrif. Une autre branche de la famille possédait depuis 1751 la terre et le château de Saint-Amadour.

Notes et références

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  1. Dont la contenance totale pouvait être d'environ 5 000 journaux.
  2. la Touche-à-l'Abbesse, la Rochetaillée, Vendon, la Chenardière, la Belosseraie, etc. Le revenu total en 1701 s'élevait à près de 16 000 ₶.
  3. t. XVIII, p. 169, 284.
  4. Un troisième fils de Suhart le Vieux, nommé Guérin le Bastard, fut religieux à Saint-Aubin, Garinus cognomine Bastardus, Suhardi vetuli filius. Il y aussi Lisois, filius Suthardi de Credonio, mentionné dans l'acte de fondation de l'Abbaye Saint-Georges de Rennes, vers 1032. Dès avant cette époque, il avait vendu quelques terres dans la paroisse de Mordelles. On ajoute qu'Alain III de Bretagne l'avait chassé de sa cour.
  5. A priori, pour l'Abbé Angot, on doit supposer que l'acte de félonie est le fait du dernier des trois membres de la famille sur laquelle se fit la confiscation, c'est-à-dire Suhard le jeune. Si le coupable eût été son père, comment le comte d'Anjou eût-il laissé jouir de leur fief successivement les deux fils du félon ? Pourtant en publiant la charte de l'évêque d'Angers Eusèbe, attribuant le prieuré Saint-Clément de Craon à l'abbaye de Vendôme,Arthur Bertrand de Broussillon, revenant sur sa première opinion, attribue la rupture féodale entre Craon et Angers à Suhard le vieux (Maison de Craon, t. II, p. 301). Le texte porte en effet que Suhard le vieux avait enlevé l'église de Craon, cum omni honore Credonensi, à l'église d'Angers. Mais il ne s'agit ici, doit-on croire, que des droits de l'église et non de ceux du comte. Louis Halphen ne fait pas allusion à cette charte et attribue la forfaiture à Suhard II, qu'il dit fils et non frère de Guérin.
  6. Et avec laquelle on le trouve à l'abbaye de Marmoutier demandant le bénéfice des prières des religieux.
  7. D'après la charte huitième du cartulaire de l'Abbaye de la Roë.
  8. D'après l'auteur de la' Maison de Craon, dont la rectification n'est pas absolument nécessaire.
  9. On le dit auteur d'une chanson dont le texte se trouve accompagné du blason de Craon, dans le manuscrit 844 du fonds français de la Bibliothèque National (Chroniques craonnaises, p. 197).
  10. Puisqu'il donne à l'Abbaye de Fontaine-Daniel 6 ₶ de rente sur le péage de Chantocé (Charte du cabinet Brière) en 1208. Célestin Port cite même un don semblable au couvent des Loges, en 1209, et rien ne force absolument à reporter cet acte à son frère Amauri. Un de ses chevaliers, Hamelin de la Place, fit à l'autel Saint-Jacques, en l'abbaye de la Roë, où Maurice était enterré, une fondation dont la date est exprimée sous cette forme singulière ; M.CC.IX.X. Il est le premier à avoir porté l'écu losangé des Craon.
  11. Histoire de Bretagne, Preuves, t. I, col. 710.
  12. Edition Didot, t. I, p. 190, col. 2.
  13. Un sceau de la cour de Craon, appendu à un acte du 22 février 1295, est aux armes de cette dame unies à celles de Craon (Archives départementales de Maine-et-Loire, H. 1 820). Mahaut alla rejoindre son premier mari le 28 septembre 1306.
  14. Le sceau dont il se servait en 1331, dessiné par Paul de Farcy dans la Maison de Craon (t. I, p. 254) d'après une empreinte des Archives nationales, est ainsi décrit dans un vidimus de 1509 : « Par en bas avoit un bien grant seau, où avoit empraint ung homme monté sur un cheval ; lequel cheval est houssé d'une housse chargée de losenges ; et est la partie d'en haut du seau rompue ; et sur la queue où pend ledit seel, dessoubz l'autre partie où est ladite routure, est escript en forme d'aprobavimus ces mots : dedans les brandons, qui sont escriptz en rature en l'antépénultiesme ligne des dites lettres ; et à l'entour dudit seau a encores empraint en lettres SIRE… CRA… ; et si y a un trou environ le meilleur des dites lettres rongé de quelque beste ou de pouriture » (Chartrier du duc de la Trémoïlle).
  15. Privilège de l'autel portatif, ordre donné à l'évêque et au doyen du chapitre d'Angers de veiller, en cas de décès du baron, avant l'âge légitime de ses enfants, à ce que leurs domaines et leurs droits ne soient pas usurpés, 4 juin 1319 ; — indulgence in articulo mortis pour lui et dispense de résidence pour quatre clercs de sa maison, 4 janvier 1321 ; — privilège pour lui et pour Béatrix de Roucy, sa seconde femme, de faire célébrer une messe basse avant le jour, de la Toussaint à la Purification ; d'avoir un autel portatif ; de faire célébrer la messe dans les lieux interdits. S'il mourait citra montes, c'est-à-dire en France, il pourrait être embaumé et faire enterrer son corps et son cœur séparément à Saint-Nicolas de Craon et dans une autre église. Ses clercs jouissaient de la faveur déjà accordée, 13 avril 1325. Ses deux fils Pierre et Jean furent comblés de bénéfices ecclésiastiques, non seulement le second, le futur évêque du Mans et archevêque de Reims, chanoine d'Angers avant 1336, mais le premier, tige de la branche des Craon de la Suze, qui avait débuté dans la cléricature. En considération d'Edouard, roi d'Angleterre, son parent, et quoiqu'il n'ait pas encore atteint l'âge de puberté, le pape lui accorde le 20 avril 1324, un canonicat de l'église d'Angers, qui allait vaquer par la promotion au siège épiscopal d'Angers de Foulques de Mathefelon. Il fut pourvu le même jour en expectative d'un canonicat dans chacune des églises de Tours, de Salisbury et d'Evreux (Lettres communes de Jean XXII, 9.514, 12.811, 12.812, 13.840, 19.378, 19.379, 19.380, 19.434, 22.224. — 22.031. — Idem de Benoît XII, 3.104).
  16. D. Le Michel, Histoire de Marmoutier, f. 205.
  17. Archives nationales, X/1c. 24, f. 297.
  18. Lettres curiales d'Urbain V, n° 1344.
  19. Archives nationales, X/1a. 1474, f. 288.
  20. Chartrier de la Roë, vol. 194, f. 137.
  21. t. I, p. 259.

Voir aussi

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Histoire et généralités

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Données généalogiques

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Sources primaires

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Références utilisées par l'abbé Angot

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Liens externes

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