Abbaye de Fontaine-Daniel
L'ancienne abbaye cistercienne de Fontaine-Daniel est située à Fontaine-Daniel dans la commune de Saint-Georges-Buttavent, dans le département français de la Mayenne et la région des Pays de la Loire. Elle fut fondée au commencement du XIIIe siècle, en 1204, par Juhel III de Mayenne, seigneur de Mayenne, revenu de Terre-Sainte dès 1196. Cette abbaye était pourvue d'une église, détruite après la Révolution française, de la taille de la cathédrale du Mans[4].
Nom local | Fontaine-Daniel |
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Diocèse | Laval |
Patronage | Notre-Dame |
Numéro d'ordre (selon Janauschek) | DXLV (545)[1] |
Fondation | 2 août 1204 |
Début construction | 1204 |
Dissolution | 1791 |
Abbaye-mère | Clermont |
Lignée de | Clairvaux |
Abbayes-filles | Aucune |
Congrégation | Ordre cistercien |
Période ou style | Style roman |
Protection | Inscrit MH (1927)[2] |
Coordonnées | 48° 16′ 40″ N, 0° 40′ 25″ O[3] |
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Pays | France |
Province | Comté du Maine |
Département | Mayenne |
Commune | Saint-Georges-Buttavent |
Site | https://www.abbaye.info/ |
Origine
modifierJuhel III de Mayenne
modifierIl s'agissait pour Juhel III de Mayenne d'affirmer son autorité face à ses vassaux et aux seigneurs de Laval dans la forêt de Salair, et de doter sa famille d'une nécropole.
Il la voulut grande et riche, digne des frères de Bernard de Clairvaux, l'apôtre des croisades, auxquels il la destinait. Pour Grosse-Duperon, on peut chercher des motifs moins élevés au choix que Juhel fait des Bernardins, il rappelle qu'il maltraitait, en ce temps-là, les moines de l'Abbaye de Marmoutier établis par son aïeul à Mayenne, au prieuré conventuel de Saint-Étienne, qui d'abord avaient été ses protégés et ses amis. À cette époque, il venait de brûler leur couvent.
Abbaye de Clermont
modifierL'abbaye est fondée sous l'autorité d'un autre monastère cistercien de la région : l'Abbaye de Clermont (Mayenne)[5]. La famille de Juhel III et les seigneurs de son entourage avaient effectué plusieurs donations à cette abbaye.
La Herperie
modifierL'abbaye est fondée d'abord à la Herperie[6] (Harperia), près Bourgnouvel sous le titre de Notre-Dame du Clairet[7].
La Herperie, placée sur la déclivité d'un coteau élevé, en contact avec la forêt de Bourgon, près de la chapelle Sainte-Anne de Bourgnouvel, ne convenait que médiocrement à l'établissement d'une abbaye. La chapelle Sainte-Anne était le but d'un pèlerinage fréquenté, et les foules, qui s'y rendaient plusieurs fois par an, venaient troubler la vie des premiers moines de Clairet[8].
La forêt de Salair
modifierJuhel reconnut que le choix de la Herperie n'était pas heureux[9], et transfèra en 1204 les moines de Clairet sur les rives fertiles et boisées de l'Anvore dans la forêt de Salair en Saint-Georges-Buttavent. L'abbaye ne s'y rend que l'année suivante, lorsqu'on eût préparé une chapelle et quelques bâtiments provisoires.
Juhel III de Mayenne dota cette abbaye des meilleurs biens de sa baronnie de Mayenne. C'est le jour de l'Ascension que les religieux de l'ordre cistercien, prirent possession de l'abbaye[10] le [11].
Histoire
modifierFondation
modifierLe fondateur Juhel III[12] déposa sur l'autel la charte contenant l'énumération des biens de la première dotation. Sans compter les bois de Salert et de Poillé, les biens s'étendaient en Saint-Georges, Contest, Saint-Baudelle, Moulay, Belgeard, Châtillon, Mayenne même, où les moines jouissaient des moulins, Saint-Aubin-Fosse-Louvain, Désertines, et enfin Réville en Normandie. Il y eut échange du lieu de la Herperie que laissaient les Cisterciens, contre d'autres possessions. Le patronage de l'Église Saint-Aubin de Fontenay-le-Pesnel, des droits de coutume sur les halles et marchés de la ville de Mayenne, la pêche depuis le pont de Mayenne jusqu'au pont Landry, l'exemption de cens sur les biens des moines dans toute l'étendue de la baronnie, la faculté de défricher les bois de Salert et de Poillé, complétèrent de la part de Juhel de Mayenne la dotation de « son abbaye », c'est ainsi qu'il l'appelait. La famille de Juhel de Mayenne, Hamelin, évêque du Mans (1205), Barthélemy de Vendôme, archevêque de Tours (1206), Philippe II Auguste (1206), Innocent III (1208), confirmèrent cet acte. La fondation de l'abbaye de Fontaine-Daniel est ratifiée par le pape Grégoire IX, en 1226.
L'abbaye est dotée dès l'origine, tant par son fondateur que par divers seigneurs de la contrée, de nombreuses terres et seigneuries, non-seulement dans diverses parties du Maine, mais encore en Normandie et jusqu'en Anjou.
Les Cisterciens de l'Abbaye de Savigny obtinrent, en vertu d'anciennes concessions à eux faites par les seigneurs de Mayenne, que[12] leurs frères de Fontaine-Daniel ne pourraient construire ni granges ni bergeries ni faire de nouvelles acquisitions au-dessus d'une ligne conventionnelle allant de Saint-Georges à Ambrières.
Construction
modifierLe monastère se construisait. Isabelle de Meulan avait assigné une rente, de 20 ₶. mancelles sur sa terre de Lassay, pour la construction du dortoir. Juhel III en assura la continuation jusqu'au parfait achèvement, si la donatrice venait à mourir, 1216. Il promit 1.000 ₶ pour l'église et les autres bâtiments. Dreux V de Mello, son gendre, qui lui succéda en 1220, se montra d'abord un peu prévenu contre les moines[12], mais finit par reconnaître leurs droits, confirma leur possessions et pour s'acquitter au moment de partir pour la Croisade, en 1231, des 1.000 ₶ promises par Juhel III de Mayenne, céda ce qu'il possédait à La Haie-sur-Colmont. Le monastère put donc s'achever[12].
Droit de justice
modifierL'abbaye fut pourvue dès 1243 par Dreux V de Mello, le successeur direct du fondateur, du droit de haute justice sur tous les vassaux qu'elle possédait dans les limites de la baronnie de Mayenne. Bientôt érigée elle-même en baronnie relevant nument du Maine, elle ne tarda à devenir, en même temps qu'une abbaye célèbre au loin par la piété et la charité de ses moines, une des terres féodales les plus considérables du Maine.
La consécration solennelle de l'église de Fontaine-Daniel fut faite en 1243, par Geoffroy de Loudon, évêque du Mans ; et Dreux de Mello et Isabelle de Mayenne confirmèrent à cette occasion toutes les donations que l'abbaye avait reçues précédemment.
Isabelle de Mayenne, veuve, ratifia encore, en 1249, tous les dons de Juhel, son père, ceux de son premier mari, ainsi que les siens. « Devenuee, veuve de Dreux de Mello, trop tôt décédé, et guidée par une pieuse pensée, j'ai confirmé à l'abbé et au couvent de« Fontaine-Daniel, toutes les donations qu'ils tiennent de Juhel, mon père ». Elle donne l'année de sa mort un muid de froment de rente, livrable au Château de Mayenne. Ce grain devait servir à la nourriture du moine qui célébrerait la messe, qu'elle fondait à perpétuité, dans l'église du monastère, pour le salut de son âme.
L'abbaye n'est d'abord, au milieu d'une grande prospérité temporelle, constituée que des religieux partageant leur temps entre la prière, le travail et l'aumône
La charte[12] que Dreux V de Mello fit rédiger est caractéristique de la législation de cette époque. Comme tribunal son sénéchal eut l'auditoire de Mayenne, jusqu'en 1658, puis le sien propre ; enfin en 1678, dans le nouveau Palais de justice de Mayenne.
Les dons, les fondations, les anniversaires continuèrent d'affluer pendant le siècle qui suivit l'achèvement du monastère[12].
Guerre de Cent Ans
modifierUne période troublée arrive par la suite pour l'abbaye: les dangers qu'elle court pendant la Guerre de Cent Ans et l'occupation anglaise. La guerre de cent ans et plus tard la Ligue, par les ravages qu'elles firent et les désordres qu'elles favorisèrent, vinrent jeter le trouble dans la vie des moines de Fontaine-Daniel.
Au commencement de la Guerre de Cent Ans[12], Jean II le Bon lui accorde des lettres de sauvegarde et d'autres privilèges que confirme Charles V le Sage.
Puis vient l'occupation de la région par les Anglais, on voit l'abbaye recourir, moyennant finance, à la protection anglaise, et les moines traiter :
- avec Jean de Lancastre[13], comte du Maine et Thomas Montagu, Comte de Salisbury ()[n 1].
- avec John Fastolf (juin 1427)[12].
Tous les trois mois, le monastère devait obtenir une prorogation de la sûreté qui lui était accordée et acquitter un droit qui variait, suivant le nombre des personnes et l'importance des biens protégés : en le percevant, l'officier anglais remettait des certificats « de ligeance », qu'on nommait « bulleltes»[13].
En 1431, Jeanne de Laval, fit bâtir le chœur de l'église abbatiale, qui est béni dans le cours de la même année, par Adam Châtelain, évêque du Mans. L'abbé Guillaume du Verger ne peut aller en Bretagne qu'en prenant un sauf-conduit. Deux autres voyages qu'il lit l'année suivante lui coûtèrent chacun le même prix (Le salut d'or équivalait à 28 sous 4 deniers tournois). des Anglais de Mayenne, 1433[12].
La lutte pour la commende
modifierVers l'année 1447, Jean Goulu ou Goulier, religieux Bernardin, avait remplacé Mâcé Couailler, comme abbé régulier de Fontaine-Daniel ; mais il fallut s'en débarrasser et lui retirer la supériorité. Goulu était resté en charge pendant quatorze ans[14].
Les règlements de l'Ordre de Citeaux réservaient au chapitre général la nomination des abbés des monastères de l'ordre. Malgré ses efforts, il ne put arriver à maintenir ce privilège et dut subir la commende, qui fut chez les Cisterciens, de même que pour les autres ordres, une cause de troubles et souvent de ruine : l'esprit religieux disparut de la plupart des couvents. C'est cette introduction sous le règne de Louis XI des abbés commendataires dans les abbayes, qui sera à l'origine de la période la plus critique de l'abbaye. Les moines employèrent pour se défendre contre l'envahissement des séculiers commendataires les armes et les procédés dont on usait contre eux.[réf. nécessaire]
François Cherot
modifierL'abbé Jean Goulu avait été déposé par le chapitre de l'ordre de Cîteaux et remplacé vers 1460 par François Cherot, profès de Fontaine-Daniel[12]. Pour se venger des mesures rigoureuses que l'ordre de Citeaux avait prises contre lui, Goulu s'entendit avec l'évêque d'Angers, Jean II de Beauvau. Goulu voulait échapper autant que possible aux conséquences de sa déposition[15], et la résignation près du Saint-Siège était une manœuvre qui devait permettre au pape de pourvoir l'abbaye d'un nouveau chef, arrière de Citeaux. Par ailleurs, de Beauveau avait l'assurance que l'appui du loi ne lui manquerait pas pour arriver à ses fins.
En 1463, l'évêque d'Angers, Jean II de Beauvau, est nommé grâce à la faveur royale de Louis XI abbé commendataire de Fontaine-Daniel, avait voulu aller prendre possession de l'abbaye, il l'avait trouvée occupée, à l'instigation de François Cherot, l'abbé régulier, par une troupe de gens armés qui lui en avaient fermé l'entrée. C'était un véritable scandale dont la commende avec les compétitions qu'elle suscitait était l'unique cause. L'emprisonnement de Cherot par de Beauveau ouvrait la série des méfaits du prélat vis-à-vis de l'Abbaye de Fontaine-Daniel.[réf. nécessaire]
À la destitution de Beauveau, l'évêque du Mans[16] eut quelques velléités de réclamer des droits sur le temporel de l'abbaye, peut-être d'en obtenir la commende, après de Beauveau ; « mais quand il eut été informé des statuts et privilèges de l'Ordre de Cîteaux, il s'en départit ». Les concessions de la Cour de Rome[17] lors du retour de Jean II de Beauvau firent penser à François Cherot que la lutte devenait dorénavant impossible. Le pape venait de relever de ses censures Jean II de Beauvau le .
Jean Courtin
modifierLes religieux de Fontaine-Daniel écrivirent[17] à Citeaux et proposèrent de remplacer le moine démissionnaire par Jean Courtin, que le chapitre accepta. Le pape confirma celle nomination et, « en tant que métier estoit, fist provision à Courtin de lad. abbaye »[17]. Jean Courtin fut désigné par la communauté aux supérieurs de Citeaux qui l'agréèrent. Jean Courtin défendit avec ardeur ses droits et ceux des religieux qui l'avaient élu, contre Jean II de Beauvau qui voulaient obtenir l'abbaye en commende[18].
Pendant ce temps, de Beauveau s'était empressé de venir prendre possession de Fontaine-Daniel et y avait installé un vicaire et un procureur[19]. Sa première visite fut onéreuse au monastère[17]. Il fit acte de possession lors de sa première visite au monastère en le dépouillant l'église de ce qu'elle avait de plus précieux.
La compétition devait se renouveler avec des conséquences plus fâcheuses encore en 1477 entre Jean Courtin et le même Jean de Beauvau. Puis en septembre 1477[17], ce fut Jean Courtin qui résolut de se mettre lui-même en possession de l'abbaye. Il est éconduit par les religieux mis en place par l'évêque d'Angers. Courtin « se transporte devers le roi et requiert[20] avoir provision de faire exécuter sa bulle de confirmation ».
Sa requête est écoutée et des lettres royales ordonnent aux juges « de Maine » de le mettre en possession. Ceux-ci désignent le sergent Jean Rousseau pour assister le nouvel abbé. Courtin ne procéda au même acte que Beauveau qu'après s'être muni par surcroît de bulles pontificales, visées à la chancellerie royale au mois de septembre 1477[18]. Il entra manu militari, car les partisans du commendataire étaient résolus à lui défendre l'entrée. Courtin se rendit à son tour à Fontaine-Daniel à la tête d'une vingtaine d'hommes d'armes[20], et, trouvant la porte fermée, y entra à main armée et par escalade. La porte du monastère leur est fermée, par ordre de Le Febvre et de Rogier ; mais quelques-uns des gens de l'escorte tournent la place, escaladent les murailles, durant qu'on parlemente et viennent ouvrir à leurs compagnons. Courtin victorieux fait son entrée au couvent et les religieux le reconnaissent pour abbé. Les meubles et objets mobiliers, qui appartiennent au commendataire et à son vicaire Le Febvre, sont saisis ; Rousseau arrête même momentanément ce dernier.[réf. nécessaire]
À l'annonce de cette prise par l'abbé régulier, de Beauveau s'adressa à son tour au roi. Il obtint qu'il fût déclaré que celle-ci enfreignait les Ordonnances. L'évêque expédia à l'abbaye le sergent Jean d'Anjou[21], pour « signifier sa sauve-garde, (disant) que on ne procédait contre lui par bulle apostolique ». Beauvau riposta en envoyant à l'abbaye le sergent-royal, Jean d'Anjou, chargé de faire valoir ses droits mais celui-ci, loin d'y parvenir après avoir été fort maltraité, fut fait et gardé prisonnier. Pendant ce temps-là, Courtin[21], échappé aux voies de fait de Jean d'Anjou, s'était empressé de se porter appelant des lettres du roi et d'obtenir son ajournement d'appel, « car il aimait mieux, disait une pièce de l'instruction, perdre l'abbaye, que d'en avoir autant que Cherot ».
Une action judiciaire allait donc s'ajouter encore aux précédentes, mais de Beauveau, envoya en octobre 1477 « sept à huit vingt hommes, gens d'armes. Ils étaient munis de couleuvrines et firent une brèche dans le mur de l'église. Les hommes d'armes prirent l'abbaye d'assaut après un siège en règle, non sans y causer les plus grands dégâts, et blessant mortellement plusieurs religieux. Ces différents épisodes eurent lieu coup sur coup pendant l'automne de 1477. Il ne s'agissait plus d'une prise du monastère à main armée; c'était un pillage[21].
Profitant du désarroi et du tumulte qui suivirent cette attaque, Courtin réussit à se cacher dans les bois. Ces faits donnèrent lieu à un autre procès[22], qui vint se greffer sur les premiers. Sur ces faits, une sentence d'excommunication de la cour de Rome vint frapper Courtin. Le pape déclarait que la bulle rétablissant de Beauveau dans tous ses droits comprenait la commende de Fontaine-Daniel. Pour Grosse-Dupéron, l'auteur de cette perturbation prolongée était Louis XI. Jean de Beauvau étant mort le , Jean Courtin se fit pourvoir à nouveau avec les formules les plus explicites contre toutes les revendications[18].
Lancelot du Fau
modifierJean Courtin comptait sans un autre concurrent. N. Penhouët, oncle de la femme du maréchal Pierre de Rohan-Gié, qui obtint provision et résigna aussitôt à Lancelot du Fau, qui, à son tour, s'empara de la maison abbatiale et s'y retrancha[18]. Il est vrai que peu après, poursuivi avec son père et Adam Fumée par la justice du roi Louis XI et craignant de perdre autre chose que son bénéfice, il quitta la place et se réfugia à Rome.
Il fallut avoir recours à Rome car on se demandait si Courtin pouvait légitimement[23] se dire alors abbé de Fontaine-Daniel : la prise de possession lui avait donné le droit d'administrer l'abbaye et d'en toucher les revenus ; mais il pouvait toujours être inquiété. Des personnes doutaient de la validité de ses lettres de provision, et, par suite, de la régularité de son installation. L'abbé se rendit à Rome[23] et s'adressa au pape Sixte IV, qui le tranquillisa. Ces termes ne parurent pas encore[23] suffisants à Courtin. Courtin soumit ses nouvelles inquiétudes au Saint-Siège. Sixte IV répondit à sa supplique par une bulle en date du 6 des calendes de juin 1479.
Courtin put rentrer à l'abbaye, appuyé par Pierre II de Bourbon, seigneur de Beaujeu, et comme Lancelot du Fau avait emporté les titres[18], il alla les reprendre dans la maison de son adversaire. Après la mort du roi Louis XI en 1483, Lancelot du Fau rentra en France, fit de nouveau irruption dans l'abbaye[18], menaçant de mort l'abbé. Sans perdre courage, Jean Courtin revint avec une troupe. Un des envahisseurs de l'abbaye fut saisi au moment où il préparait un nouveau coup de main, conduit à Mayenne, condamné et pendu[18].
Jean Courtin put jouir depuis, en paix, de son bénéfice jusqu'à sa mort, arrivée le . Il vécut au milieu des religieux.
Un des effets immédiats de ces scandales fut la diminution du nombre des religieux de Fontaine-Daniel[24].
« « Par lui, l'abbaye est demeurée à totale diminution, tellement que, où souloient être vingt-quatre religieux, ne sont pas plus de douze à treize. »
René d'Alençon, sur De Beauveau[24] »
Le XVIe siècle est à nouveau trouble pour l'abbaye. Ce sont d'abord de nouvelles compétitions entre les abbés élus par les moines et les abbés commendataires; puis, dans la seconde moitié du XVIe siècle, des procès continuels entre les abbés et les moines, tantôt à l'occasion des revenus de l'abbaye que les premiers essayaient de s'attribuer exclusivement au préjudice de ces derniers, tantôt au sujet du nombre des religieux que les abbés s'efforcent de diminuer le plus possible.
Matthieu (ou Macé) Petiot devient abbé régulier à la mort de Courtin. Moine de Fontaine-Daniel[25], il était déjà pourvu de l'Abbaye de l'Epau, près le Mans, où les affrontements entre lui et l'abbé commendataire sont violents[25]. À Fontaine-Daniel, la lutte recommença, vers 1523[26], après le décès de Macé Petiot. Les moines de Salair persistent à repousser la commende et procèdent toujours à des élections d'abbés. Trois compétiteurs sont en présence et briguent alors l'abbatiat : Pierre Cordier, le commendataire, docteur en décret, conseiller du roi en son grand conseil, prieur de Saint-Gilles ; un religieux, du nom d'Ambroise de Mondot, qui prétend, être le maître de l'abbaye ; et un autre religieux, Michel Le Fevre, que les moines ont choisi. Il y eut d'orageuses protestations à l'occasion de la prise de possession du commendataire Cordier. Michel Le Fevre, le régulier, entreprit de se maintenir contre Pierre Cordier, malgré les déboires qu'il éprouvait et le souvenir des problèmes de ses prédécesseurs[26].
Les différends
modifierLe Parlement de Paris délégua, en août 1528, deux juges commissaires, Nicolas Quelain et Brachet, pour l'instruction des différends qui existaient entre l'abbé commendataire et l'abbé régulier. Il y a apparence que la Cour donna gain de cause au premier, car le second, trois mois plus tard, tenta d'obtenir du Saint-Siège des bulles de provision, par l'intermédiaire d'un Banquier en Cour de Rome[27] Jean de Bardi, marchand banquier à Tours, auquel Michel Le Fevre s'adressa pour se procurer les bulles dont il avait besoin. Des conventions intervinrent entre eux et furent rédigées par Jean Bellangier, licencié ès-lois, notaire juré en la cour royale du Mans, le .
Michel Le Fevre ne réussit pas. En abandonnant ses droits à Le Fevre, Ambroise de Mondot s'était réservé la jouissance de la Baronnie de Réville. L'abbé commendataire Pierre Cordier se vit obligé d'entamer[28] avec ce second prétendant un procès qui dura plusieurs années.
La réforme
modifierLa réforme de l'ordre de Cîteaux dont l'application à Fontaine-Daniel fut confiée en 1549 à l'abbé de Clermont, n'eut pas grand succès[12].
François de Boislève se fit donner la commende après Pierre Cordier, à la fin de la première moitié du XVIe siècle. Son prédécesseur avait eu des difficultés avec les moines de l'abbaye[29] : il plaida lui-même contre eux, en 1550. On trouve parmi ses adversaires : frère Nicolas Richard, prieur, frères Guillaume Postel, Robert de Mondot, Jean Augier. Il abandonna son bénéfice, peut-être à la suite de son procès.
Fontaine-Daniel ne cessera désormais d'être la proie des favoris du pouvoir, des abbés commendataires. Les commendes étaient devenues générales depuis le concordat de François Ier[28]. En 1550, ou au commencement de 1551, l'officier de justice Peschard, écrivait[29] à Antoinette de Bourbon, veuve de Claude de Lorraine, marquis de Mayenne, duc de Guise, pour l'engager à solliciter la commende de Fontaine-Daniel, en faveur d'un de ses enfants. Les projets de Peschard n'eurent pas de suite, et l'abbaye fut donnée en commende à Jean du Bellay, évêque du Mans, cardinal-prètre du titre de Sainte-Cécile[30].
Les moines avaient profité[31] du départ de Jean du Bellay pour Rome et élu frère Étienne comme abbé régulier (1558). Ce choix ne fut qu'une protestation vaine contre la commende, on peut dire le dernier effort fait par les religieux pour s'y soustraire.
La commende
modifierLes successeurs de Jean du Bellay, oublieront également que les revenus de l'abbaye ne sont pas ceux de leur domaine propre, mais qu'ils appartiennent à l'Église[32]. L'abbaye fut sans cesse accordée à la faveur royale, et le nom du postulant, sa parenté, ses protections comptèrent toujours plus[31]. Ainsi, Giovanni Antonio Serbelloni voulût[31] en tirer un revenu excessif, en abusant de ses droits d'abbé, en ne laissant aux religieux que des secours infimes et tout à fait insuffisants. Pour réduire encore les dépenses du couvent, il visa à diminuer le nombre des novices[31]. L'Ordre de Cîteaux s'y opposa. Un des pères réformateurs, choisi par celle abbaye, se rendit à Salair en 1561 ou 1562 pour statuer par ordonnance. Le Parlement confirma cette ordonnance par arrêt du . Serbelloni ne tint aucun compte de l'arrêt. Les religieux, ne pouvant rien obtenir ni de lui, « ni de ses procureurs, facteurs et fermiers », en étaient réduits à saisir les revenus de l'abbaye à chaque échéance[33]. Des oppositions furent formées par l'abbé, qu'un nouvel arrêt du Parlement déboula de ses prétentions le . Bernardin de Saint-François succéda à Serbelloni. Il résignera[33] sa charge d'abbé de Fontaine-Daniel douze ans avant sa mort, dès 1570, en se choisissant pour successeur Jean de Morderet, écuyer, sur l'indication, semble-t-il, de Louis Garnier, religieux de la Congrégation de Saint-Maur, son ami et son procureur.
De Morderet prit possession du monastère le . Jean Orry, prêtre, religieux, eut ensuite la commende, en 1573[34].
Un des abus coutumiers aux commendataires consistait à faire réduire arbitrairement le nombre des religieux des monastères. Quelque temps avant l'arrivée d'Orry[34], l'abbé de Clairvaux, père des Bernardins, réglait par son ordonnance du , qu'il y aurait à Fontaine-Daniel 25 religieux.
Jean Orry obtint de Guillaume Paineau, abbé de Villeneuve, vicaire général des abbés de Clairvaux et de Cîteaux, lors de sa visite[35] aux abbayes de la Mayenne, en 1575, qu'il « ne serait entretenu que dix-huit religieux en l'abbaye de Notre-Dame de Fontaine-Daniel ». Les moines se firent autoriser, par arrêt du Parlement, à remettre en vigueur le premier règlement de l'abbé de Clairvaux. Dès que cette décision[35] fut connue d'Orry, il en sollicita l'annulation et obtint que la sentence précédente fût rapportée. En réduisant à 18 les moines, Guillaume Paineau avait agi comme « frère visiteur et réformateur ». Ceux-ci ne comprirent pas qu'on appelât réforme l'interdiction de se recruter, et continuèrent de recevoir des novices. Jean Orry[35] s'en prit alors à Jean Viel, le prieur, et à Pierre Eveillard, le procureur de l'abbaye. Il supposait que Viel encourageait ces admissions et chercha les moyens de le perdre. L'affaire fut par lui soumise au Parlement, en novembre 1578. L'information fut autorisée le . En cherchant à augmenter le nombre des religieux de son monastère, le prieur montrait selon Grosse-Dupéron plus de zèle que de relâchement[35]. En 1579, l'abbé de Clairvaux vint visiter Fontaine-Daniel, et ordonna qu'il y aurait 20 religieux, dont trois novices. Jean Orry[36] continua néanmoins son procès et le Parlement lui donna définitivement gain de cause le : il maintenait l'ordonnance de Guillaume Paineau, qui limitait à 18 le nombre des moines. Les efforts acharnés[36] qui seront faits contre le couvent finiront par avoir raison de sa constance : 100 ans après en 1697, il ne restera que sept religieux au monastère.
Les abbés commendataires pourvoyaient avec une parcimonie excessive aux besoins des moines, et il leur paraissait toujours pénible de subvenir aux réparations qu'exigeaient les bâtiments. De là des réclamations réitérées, des procès sans nombre et sans fin, et l'on peut dire que le désaccord était permanent entre l'abbé commendataire et le couvent[37].
Guerres de Religion
modifierUne période troublée arrive lors des guerres de Religion[38], subissant tour à tour les ligueurs, les royaux et l'étranger, trois soldatesques qui ne ménageaient personne et dont les excès étaient d'égale violence.
Les Anglais, qui étaient les alliés de Henri IV, à la fin de la Ligue, n'eurent, pas plus d'égards vis-à-vis de l'abbaye, avec les maux que lui firent éprouver les troupes de Robert Devereux (2e comte d'Essex) lors de leur passage par cette région.
En 1592[38], les bandes anglaises venues au secours des protestants français livrèrent l'abbaye au pillage. Au mois de mars, les moines de Fontaine-Daniel avaient été expulsés de leur couvent par les Anglais et s'étaient réfugiés à l'Hôtel-Dieu de Mayenne, dit du Saint-Esprit. Ils y restèrent un mois. La lettre d'un prieur de Fontaine-Daniel, écrite près d'un siècle plus tard, rappelle les circonstances de cette époque. Un moine de l'abbaye est tué en 1679 par le chef calviniste Benjamin de l'Ile-du-Gast.
À l'issue de la Ligue catholique[37], les constructions de Fontaine-Daniel, qui avaient souffert, eussent nécessité une restauration presque complète. Le mobilier, pillé ou détruit, était à remplacer. Les métairies, abandonnées sans entretien, demandaient de grands travaux de réfection, et il fallait les garnir de nouveaux bestiaux, car les ligueurs et les royaux n'y avaient rien laissé. Il s'agissait de dépenses considérables à s'imposer[37], pour faire disparaître les désastres de la guerre civile, et l'abbé et les religieux s'accordèrent moins encore que de coutume, parce qu'il eut été nécessaire de réserver pendant plusieurs années une large part des revenus de l'abbaye, de manière à couvrir ces frais exceptionnels. En somme, on n'y consacra que quelques centaines de livres, et lorsque le plus urgent eut été fait, l'abbé commendataire refusa d'en entendre encore parler.
Du Bellay
modifierLa famille du Bellay traita avec Orry de la résignation de l'abbaye, en faveur d'un de ses membres, pour une somme d'argent. Il y consentit « se munere abdicavit », dit le Gallia Christiana, et fut remplacé par René du Bellay[39]. Les autres abbés commendataires, qui vont se succéder, sont tous plus ou moins qualifiés et cumulent généralement les bénéfices.
Deux menses
modifierLa commende était alors aux mains de René du Bellay, et les moines jugèrent à propos de temporiser les besoins financiers nécessaires pour restaurer l'abbaye, pour ne pas se heurter aux grandes influences dont il disposait. Une occasion propice de sortir de l'état précaire dans lequel ils vivaient, leur parut arrivée, lors de la nomination de l'abbé commendataire Antoine Du Pont[40]. Ils sollicitèrent le partage des biens de l'abbaye : c'était une mesure extrême qu'ils avaient tardé à prendre, dans l'espoir d'être gouvernés par des abbés réguliers, qui eussent ramené la paix et l'ordre. Un arrêt du Conseil du roi, du , ordonna que le temporel de l'abbaye de Fontaine-Daniel serait partagé en deux menses d'égale valeur :
- l'une pour l'abbé ;
- l'autre pour les religieux[40].
Ce devait être une séparation définitive.
En conformité de cet arrêt, deux lots furent dressés par les soins des moines : le choix en était à l'abbé[41]. L'abbaye proprement dite et tous les bâtiments, cours, jardins, etc. qui étaient dans son enclos, n'entraient pas en partage : ils avaient été désignés, par l'arrêt du Conseil, pour l'habitation et l'usage de l'abbé et du couvent[40].
- Le premier lot comprenait[42] : La métairie de l'Enclos de l'abbaye (de la Basse-Cour), paroisse de Saint-Georges-Buttavent. Les prés de Bondie et de Maitre-Jean, même paroisse. Les métairies du Buron, avec les dîmes dud. lieu, les prés des Bouillons et l'étang du Bourg de Saint-Georges-de-Buttavent. Les métairies des Grinhardières », en Saint-Baudelle, « avec le droit des dîmes desd. métairies ; le petit pré des Aulnais, avec l'étang de la Leverie, en Saint-Georges. La Closerie du Buisson, le droit en la Cherrelière et leurs deniers censifs, hasards et profits de fiefs, dus en la paroisse de Vaiges. La métairie et les dîmes des Molands, en Saint-Baudelle, « avec le pré de Lamberdière. Quatre moulins sur la rivière de Mayenne, près le château, savoir : trois à blé et froment et un à tan, avec les maisons joignantes les moulins, paroisse de Notre-Dame de Mayenne. Le moulin joutant l'Enclos, l'étang du lac et le pré Gauthier, avec douze sous de rente, dus pour l'herbage dud. pré, après qu'il a été fauché, paroisse de Saint-Georges-Buttavent. Le moulin, le pré et l'étang de Daviet, paroisse de Contest. La terre et seigneurie de la Briensaye, paroisse de Hercé. La terre et seigneurie de Fontenay-le-Pesnel et le droit qui peut être dû à lad. abbaye en la terre et seigneurie de Monchamp, province de Normandie. Les métairies, vignes et rentes de Lierru, au pays d'Anjou, les rentes du lieu de la Motte, et les rentes dues en la ville d'Angers, à Avrillé et Craon. L'étang à peupler de la Baratinière, paroisse de Contest. La rente de vingt-quatre boisseaux trois quarts de froment, due par le sieur de Bourgon, à la mesure de Champou et le droit sur le lieu où elle doit être assignée, même tous autres froments, deniers censifs et autres devoirs aliénés aud. sieur de Bourgon, pour les poursuivre et réunir au présent lot et en jouir comme des autres terres et devoirs contenus ci-dessus. Les froments, seigles, avoines (mesure de Poillé), argent, cire, chapons, hasards, amendes et profits de fief, dus par les détenteurs des fiefs et ténements : De la Baratinière, de la Louvardière, de la Greu« dière, de la Tellerie, de la Chaussée du Bois-Huchet, de la Sauvagère, de la Haute et Basse-Monnerie, de la Terriennière, de la Terbronnière ou Tervionnière, de la Micaudière, de la Forge aux David, de la Massonnière, de la Fouchardière, de la Herserie ou Hérisserie, de la Poterie, de la Veillounière, de la Petite Bretonnerie (avec les cadiz[43] dudit lieu et de Denis-Lenoir) et de l'Islantière, paroisse de Contest. Du Fay[44] et de la Couturerie, en Alexain ; de la Leverie, de la Gendrie, y compris les rentes dues sur les terres feu Olivier, au Fauconnier, paroisse de Saint-Georges-Buttavent. De la Fosse au Breton, en Contest et Alexain, et d'André Doitée, paroisse de Contest. De la Passolière ou Pafolière, de la Henrière, de la Roussellière, de la Barbottière, de la Helberdière, du Tertre, du Parc, du Chat, de l'Oisonnière et de la Fouérie », paroisse de Saint-Baudelle ; « et les cadiz de rente dus sur les terres qui avaient appartenu à Olivier, au Fauconnier ; De la Sublardière, en Alexain. Les froments, seigles, avoines (mesure ancienne de Mayenne), argent, cire, chapons, hasards, amendes, profits de fief dus sur les fiefs et ténements de la Gouaudière, en Alexain ; Du lieu de Rouesson, des hoirs Julliot Le Breton, de la Louvellière et de la Petite-Roche, paroisse de Contest. Les froments, avoines (mesure des Coudrais), argent, chapons, amendes, hasards et profits des fiefs et ténements : D'Ouëron, de la Lande Maré, du Bourg-neuf, de la Fosse au Bouju, de la Jousselière, de la Quentinière, de Jean L'Aubain en la part de la Chalanderie aux Hermineaux », paroisse de Saint-Georges-Buttavent. De la Renardière cl des Blouais ou Blouins, paroisse de Contest. De la Cocherie », paroisse d'Oisseau. De l'Aulne ou de la Boussellière », paroisse de Châtillon-sur-Colmont. Les froments (mesure de barre), argent, amendes et profits de fief et autres devoirs dus à cause des fiefs : De la Vannerie, de Gasté, de la Guérettière, de Maunoury, des Tesnières, de Terroux, de la Bedellière (fief appelé plus tard Robton-Bedellière), de l'Echardière, de la Lucasière, d'Anjubault, de la Motte, de la Motte-Belouze, du Cruchet, de Godefroy, de. la Garrelière », paroisse de Châtillon-sur-Colmont. De la Trotterie, de la Pellerie, de la Fontainerie, paroisse de Placé. Ce qui est dû sur le Grenier de Mayenne. Les deniers censifs, poulets, argent, hasards, amendes et profits de fiefs dans les paroisses de Saint-Jean-sur-Mayenne, Andonillé, Javron, Alexain, Le Ham, Placé, Champéon, Marcillé, Gesnes, Montflours, Notre-Dame de Mayenne, Saint-Martin de Mayenne, Saint-Baudelle, Saint-Fraimbault, Châtillon, Contest, Villaines, Ambrières, Céaucé, Cigné, Brecé, Le Pas, Jublains, Saint-Martin de Laval et Saint-Melaine. Qui aura le premier lot aura trois cents livres par an, durant cinq années, pour récompense de la chaussée du lac, contenue en ce présent lot, qui est tenu « en faire et entretenir bonne et suffisante réparation, comme des autres choses contenues ci-dessus, sans en rien excepter ni réserver ; et pourra faire tenir les pieds et en percevoir tous émoluments et droits qui compètent à seigneur de fiefs. La moitié par indivis des bois de Salair et commune ou lande de feu Heulin, et tous droits, profits et émoluments qui peuvent ou pourront arriver, même droit de pêcher en la rivière de Mayenne jusqu'au Pont-Landry. Droit de pouvoir constituer, établir et ordonner les officiers de justice, conjointement et inséparablement avec celui ou ceux qui auront le second lot. Pourra retirer les domaines et terres qui ensuivent et en user comme des autres choses sus-dites, savoir est : des moulins de Chorin[45] et de Saint-Baudelle, avec l'étang dud. Chorin, qui sont de présent en la jouissance des héritiers de défunt Guillaume Lair, vivant sieur de la Touche ; la métairie de la Baste, paroisse de Loiron ; les Chesnots, l'étang du Parc, paroisse de Saint-Baudelle ; « la rente de la Coquinière, en Placé ; et, au cas qu'il ne les voulût retirer et faire poursuite, le second lot les pourra retirer ; et ainsi de toutes autres aliénations contenues en ce présent partage, et en pourra jouir jusqu'à ce qu'il ait été remboursé de tous ses frais, coûts et mises.
- Le deuxième lot consistait en : « Les métairies des Sepelières, avec le droit des dîmes dud. lieu », paroisse de Contest. La métairie de la Doullière, avec les dîmes du lieu de Champoux », paroisse de Montourtier. La métairie des Fichets, avec le droit des dîmes, paroisse de Saint-Georges-Buttavent. Les maisons, pêcheries, jardins, moulins, passages, communes et libertés de (la) rivière (de Mayenne) et de Brives, paroisses de Notre-Dame et de Saint-Martin de Mayenne ; les moulins, chaussées, étangs, communes et libertés de Fauconnier, y compris les prés du Bourget et de la Tronchaie, paroisse de Saint-Georges-Buttavent. Les moulin, chaussée, étang, maisons, jardins, communes et libertés du Fèvre, en Saint-Georges ; les closerie, communes et liberlés de la Brèche d'Ernée », paroisse de Contest, ainsi qu'en jouit le bûcheur d'à présent. Les halles, étalages, pontage et coutume de Mayenne, ainsi que on a accoutumé d'en jouir. Les closerie, vignes, renies et autres devoirs de Moërin, situés en la paroisse de Bouchemaine, avec les rentes dues à Chantocé ; les vignes de Saint-Sulpice, de Houssay, avec l'argent, les vignes de Fromentière, la rente de Vaugeois due par le sieur de la Cochinière ; et le droit de retirer les terres et vignes aliénées audit sieur, situées près Château-Gontier, qui sont les terres et vignes dud. Vaugeois », paroisse de Saint-Fort. La terre et seigneurie de Réville (dans le Cotentin), tout ainsi qu'elle a été affermée au sieur de Longaunay. La terre et seigneurie de Possons, paroisse de Parennes, près Sillé-le-Guillaume, ainsi qu'en jouissent ou ont droit de jouir les fermiers qui sont de présent. Les étangs à peupler du Roc et de la Helberdière », paroisse de Saint-Baudelle. Les froments, seigles et avoines, mesure de Poillé, argent, cire, chapons, amendes, deniers censifs et autres profits de fief, dus par les détenteurs des fiefs : De la Houellerie, de la Rabotinière et de la Quetterie », paroisse d'Alexain. De la Hamonière, de la Haute et Basse Moulairie, de la Chanteluère, des hoirs aux Guilleux ou Guillots, de la Guiherie, de la Roterie, des prés de Daviet, paroisse de Contest. De Fauconnier et de Lauberdière, paroisse de Saint-Georges-Buttavent. De la Haie-Bourgère, du pré de la Fontaine, de la Huardière, de la maison Honoré, de Prébonne, de la Haute-Bretonnière, paroisse de Moulay. De la Gaudinière, du pré de la Fosse, aliàs pré du Puits, de la Chevairie, du Saule-Renaut, de la Raffinière ou Ruffinière, du Bas-Être, de la Gilletière, de la Mortière, de la Cufferie, de la Marcirais, paroisse de Martigné ; De la Cheronnière », paroisse de Montourtier. Même les froments et cadiz, dus à lad. mesure de Poillé, et argent, par les détenteurs et propriétaires des fiefs qui furent Jean de Rouillon, Jean Rabot, et de la Basse-Bretonnière, situés en la paroisse de Moulay ; et en pourra jouir comme des autres choses sus-dites, en faisant la poursuite, à ses propres coûts et dépens. Les froments, seigles et avoines, à la mesure de Mayenne, l'ancienne, avec l'argent, les amendes, hasards, profits de fief et autres droits, dus à cause et pour raison des fiefs aux Moulin et de la Cocherie, en Contest ; De la Durantière », paroisse de Martigné ; Du Gasseau, de Marboué, du clos de la Lune, de Mezeray, de la Grurie et du champ de l'Epine, en Commer. Et même avec les hasards et profils de fief, amendes et autres droits qu'à seigneur de fief peut compéter et appartenir. « Dix boisseaux d'avoine, dus par le curé de Commer, à la mesure de Mayenne, à prendre sur sa dîme. Droit de pouvoir faire obéir, au profit et usage du présent lot, le setier de seigle que doit le prieur de Géhard sur la dîme de Commer. Les froments et avoines dus à la mesure des Coudrais, avec les hasards et profits de fief et autres dus à seigneur de fief, par les détenteurs des fiefs : De la Haie-Noyère, de Lousinière, de la Chalanderie aux Rousseau et de la Fauvellière », paroisse de Saint-Georges-Buttavent. Même pourra retirer les froments, seigles et avoines, argent et autres droits aliénés à défunt maître Jean Cazet, sieur de la Fontaine, et au sieur Douesneau, tant en Saint-Georges-de-Buttavent que ès-Loges, ainsi qu'il appert par les contrats d'aliénation. Les froments dus à la mesure de barre, avec l'argent et autres profits de fief, tels qu'à seigneur de fief appartient, qui sont dus annuellement par les détenteurs des fiefs : De la Graffardière, de Simon Juhel ou Juet, de la Motte-Belouze et de la Chamaillière, paroisse de Saint-Denis-de-Gastines. De Mauchamp, de la Motte-Chauvière, de la Fourminière, de la Rente et du fief Gaignard, paroisse de Saint-Georges-Buttavent. De Guimont » ou de la Guimonière, de Noyer ou du Grand-Noyer, de l'Aubinière ou Aubin, et de la Tournerie, paroisse de Placé. Les derniers censifs, cire, blés, chapons, poulets, oeufs, amendes, hasards et profits de fief et autres, ainsi qu'à seigneur de fief appartient, en Martigné, Moulay, Commer, Saint-Georges-Buttavent, Oisseau, Ernée, Vaucé, Saint-Loup-du-Gast, Chailland, Mon« tenay, Vautorte, Châtillon en Vendelaye, et Juvigné en Montanadais[46] et De tous les fiefs susdits pourra, celui à qui ils écherront, faire tenir les pieds et recevra les amendes qui en proviendront. « Rapportera au premier lot, suivant et au désir dud. arrêt, celui qui aura ce présent lot, quinze cents livres, pour aider à faire la chaussée du lac. Les charges suivantes devaient être laissées en commun et acquittées par moitié : Cent soixante seize boisseaux de blé-seigle, mesure de Mayenne, bon et loyal, pour faire les aumônes ordinaires et générales de lad. abbaye. Deux boisseaux de seigle et douze livres (en argent) pour les gages du forestier. Quatre vingts boisseaux de froment rouge[47], mesure de barre, dus de rente annuelle au prieuré de Géhard, avec huit livres quatre sous en argent. Au prieuré de Montguion, douze livres quatre sous. Au prieuré de Berne, dix livres tournois ; Pour le moine oblat, soixante livres ; Les décimes ordinaires, qui se montent à quatre vingt quinze livres environ, — plus les décimes extraordinaires. Pour les contributions, quatorze livres. Pour le droit des Pères visiteurs, trente livres. Trente-six livres de gages, au sénéchal. Quarante livres, pour les gages du procureur. Vingt-cinq livres de gages, au greffier. Trente-six livres de cire. Cent livres tournois, pour l'entretenement du dedans de l'église, tant pour avoir de l'huile, suif, cordes, lampes, linge et ornements. Quarante-cinq livres, pour une pipe de vin à célébrer la messe. Cent cinquante livres, pour l'hôpital (c'est-à-dire l'hospitalité de l'abbaye). Cent livres, pour l'infirmerie.« Trois cent deux livres, pour les gages du prieur, du sous-prieur, maître des jeunes, portier, infirmier, chantre et sous-chantre. Trente livres, pour le bûcheur, Cent livres, pour la pension doctorale. Les dîmes d'Argencé, en Oisseau et du Saule-Renault, en Martigné, qui appartenaient à l'abbaye, furent laissées en dehors du partage, et il était entendu qu'elles resteraient la propriété des religieux, à titre de rémunération des dépenses qu'ils avaient faites pour la confection des lots et « leur peine » à cet égard. La choisie de ces lots eut lieu le 22 novembre 1608, devant Mâcé Beaugars, notaire au duché de Mayenne, en résidence à Saint-Georges-Buttavent. Antoine du Pont s'y ht représenter par Jacques Leboucq, curé de Chazé sur Argos, son procureur : celui-ci, au nom de l'abbé commendataire, opta pour le second lot. Pierre du Bellay, chevalier, sieur de la Courbe, capitaine au régiment des gardes du roi, intervint à l'acte et promit conjointement avec Leboucq, d'apporter la ratification de du Pont. Mais le procès-verbal de choisie contenait plusieurs réserves de la part de l'abbé. Il n'entendait pas contribuer aux charges de l'abbaye, c'est-à-dire à la pension du religieux oblat, aux contributions, droits et frais de visites des supérieurs, à l'entretien de l'intérieur de l'église, aux frais et dépenses de l'hospitalité et de l'infirmerie, aux gages des officiers du couvent, du bûcheur et à la pension doctorale. C'était, disait le mandataire de du Pont, des obligations particulières de la mense conventuelle ; les religieux ayant pour ce faire, pour leur pitance et autres charges, la moitié du temporel de l'abbaye ». Il ne pouvait supporter non plus qu'on lui contestât le droit de pourvoir seul aux offices de justice et que les religieux pussent prétendre exercer les retraits féodaux. Le couvent protestait contre ces réserves.
À chaque mutation d'abbé, on dressait un état des possessions de la mense abbatiale, et le dernier titulaire ou ses héritiers devaient au successeur une indemnité suffisante[48], pour faire les réparations et les travaux qui avaient été omis : il en était toujours dû, car les abbés n'en exécutaient qu'à regret. L'acquit de ces dédommagements s'effectuait mal, si l'on en croit cette note du temps[48] : « Bouhier n'a pu tirer de son prédécesseur, pour défaut de réparations, que mille livres. Ce prédécesseur n'avait rien pu tirer des autres. »
Il y eut des procès[49], et Claude Bouhier de Lantenay, l'un des successeurs de du Pont, plaidait encore contre les moines, en 1732. Des transactions et des arrêts intervinrent et peu à peu les difficultés, qui étaient la suite du partage, finirent par être réglées, autant que cela se pouvait entre parties difficiles à contenter, toujours prêtes à reprendre la lutte et ne vivant jamais sans un grief pendant ou quelque droit méconnu[50][51].
À Fontaine-Daniel, comme dans tant d'autres couvents, il était alloué des gages aux moines qui étaient pourvus d'offices, et que ces allocations figuraient au partage. Parmi les charges communes aux deux menses, on a noté la nourriture et l'entretien des enfants exposés[52]. Il n'était pas nécessaire qu'il y eût « exposition de part » pour recevoir des secours de l'abbaye. Le juge de Fontaine-Daniel les accordait[53] à la nourrice du bâtard, né d'une fille dans le dénuement, et la procédure qu'il accueillait dans ce cas semble tellement simple et rapide qu'on pourrait la qualifier de charitable[54]. Les bois de Fontaine-Daniel avaient été laissés dans l'indivision entre les deux menses.
Échanges avec Mazarin
modifierAprès son achat du Duché de Mayenne en 1654 à Charles II de Mantoue, le cardinal Jules Mazarin, est désireux de racheter les biens et les droits que l'abbaye de Fontaine-Daniel possédait dans la ville de Mayenne et aux environs. Il pria en 1658, François Le Veneur, alors abbé commendataire, de se prêter à un échange et lui fit à cet égard des propositions qui furent acceptées[55]. Le partage en deux menses de 1608, ayant seulement une valeur attributive de jouissance, ne permettait pas à l'abbé d'agir, sans le concours du prieur et des religieux, et Le Veneur demanda à ceux-ci d'entrer dans les vues du nouvel acquéreur du duché. Ils le firent gracieusement, et[56] accordèrent l'autorisation d'aliéner qui était désirée avec une condition[57]. Jean-Baptiste Colbert, administrateur de la fortune de Mazarin, qui s'occupait de l'affaire, accepta cette obligation, puisqu'elle contribuait à l'extension souhaitée du domaine du duché[58]. Pierre III Henry, abbé de Clairvaux, approuva en principe, par acte du , les projets d'échanges qui lui furent soumis[59]. Robert de Campans, bourgeois de Paris, procureur de François Le Veneur, céda, à titre d'échange, au cardinal de Mazarin, que représentait Jean-Baptiste Colbert, les biens et droits concernés[60][61].
- Le premier article avait trait au droit de justice, qui appartenait à l'abbaye dans les deux paroisses de Notre-Dame et de Saint-Martin de Mayenne, et, comme accessoire, au greffe de cette portion de droit de justice, « avec la disposition et provision des offices » ; tel que le tout avait été adjugé à l'abbé par un arrêt du conseil privé du mois d'août 1609. Le Veneur gardait son droit de justice pour le surplus, mais ne pourrait pas le faire exercer dans les limites des deux paroisses de Mayenne, comme cela se pratiquait précédemment. Le sénéchal de l'abbaye siégeait en effet dans un auditoire commun au duché de Mayenne et à la baronnie de Fontaine-Daniel, situé rue de Bandais. On estima que la fraction abandonnée était le cinquième du droit entier de justice. Celle-ci produisait, à l'époque, année commune, 720# de revenu, duquel il fallait défalquer 320#, « pour la nourriture du « commis qui tenait la plume du greffe » ; en sorte que le produit net était seulement de 400# : soit 80# pour le cinquième[62].
- Le second article visait les halles de Mayenne et les droits « des hallages, estans au-dessus et au-dessous d'icelles ».
- Par le troisième article, le cardinal acquérait « tout « et tel droit qui pouvait compéter et appartenir à l'abbaye en la quarte semaine de la coutume de « Mayenne »[63].
- Le quatrième article concernait le droit que possédait l'abbaye sur la rivière la Mayenne, depuis le Pont-Landry jusqu'à Grenoux. L'abbé réservait pour lui et le couvent les abords du moulin de Grenoux, « ensemble la chaussée et portes étant en icelle, avec le droit de pêche auxd. portes et à la roue du moulin, et le droit de réparer la chaussée, quand besoin serait. » Ces réserves, était-il écrit, ne pourraient « empêcher de passer par lesd. portes, ou de les changer, s'il était utile, pour la navigation de la rivière de Mayenne. Au contraire, il y serait fait tout ce qui serait nécessaire, sans néanmoins qu'il en coûtât aucune chose aud. sieur abbé, ni à ses successeurs. ».
- Dans le cinquième et dernier article, il s'agissait du moulin de Brives[64], paroisse de Notre-Dame de Mayenne
En contre-échange, le cardinal de Mazarin prenait vis-à-vis de l'abbé plusieurs engagements[65]. Le prieuré de Notre-Dame de Fontaine-Géhard était crédirentier sur l'abbaye de Fontaine-Daniel[66]. Enfin, pour donner une valeur complémentaire et fournir ainsi l'équivalent des biens qu'on lui abandonnait, Mazarin s'obligeait à présenter à son co-échangiste, pour les faire siennes, « des terres en fiefs ou « rotures, d'un revenu annuel de seize cent cinq livres dix-huit sols, par an »[67]. Telles étaient, dans leurs parties essentielles, les conventions des échangistes. Elles appelaient une mise à exécution, qui n'eut pas lieu[68] Le contrat laissait à l'abbé de Fontaine-Daniel une sorte d'option dont il put user, et la mort du Cardinal Jules Mazarin, qui survint peu de temps après, facilita à François le Veneur une résistance, qu'il ne se serait sans doute pas permise auparavant[69]. À défaut d'acceptation des immeubles présentés, le contrat d'échange devait être considéré comme nul ; mais les ducs de Mayenne eurent trop d'intérêt à conserver les biens cédés, pour consentir à s'en dessaisir. Ils les gardèrent, en continuant, chaque année, le service de la rente de 1 605 livres 18 sous. En 1789, Louise d'Aumont, duchesse d'Aumont la payait encore à l'abbé[69].
Le contrat d'échange entre le cardinal et les moines fut passé à Fontaine-Daniel[69], dans la salle capitulaire, le . Louis Berryer, seigneur d'Enfernel, représentait le duc de Mayenne. Tous les prêtres du couvent donnèrent leurs signatures[70].
- Du côté des moines, il y avait cession en faveur de Mazarin de biens divers, qui firent l'objet de six chapitres : Le premier comprenait le droit des religieux « en la justice temporelle de l'abbaye » dans les paroisses de Notre-Dame et de Saint-Martin de Mayenne seulement, avec engagement par eux de ne pas y maintenir le siège de leur justice, pour l'exercice du droit qui leur restait[71] Sous le deuxième chapitre figurait « la moitié du droit appartenant à l'abbaye dans la rivière de Mayenne, depuis vingt perches au-dessous le carre« four des eaux (confluent de la Mayenne et de la Varenne), jusques à Grenoux ; sans que les religieux fussent tenus pour l'avenir de payer aucun droit de passage pour eux et leurs serviteurs, lorsqu'ils passeraient au passage de Saint-Baudelle et de Grenoux, sur la rivière de Mayenne. Et, était-il stipulé, auront lesd. sieur prieur et religieux droit de pêche en lad. rivière, entre lesd. lieux de Saint-Baudelle et Grenoux, sans que led. droit puisse néanmoins empêcher le seigneur cardinal duc et ses hoirs de disposer de la rivière, y pêcher et faire pêcher, tout ainsi que bon lui semblerait. »[72]. Au troisième chapitre figuraient les moulins de Ma yenne dits les Grands, situés au-dessous des ponts, sur « la grande rivière de Mayenne, avec les sujets et moutaux ». Dans le quatrième chapitre, les moines cédaient les moulins de Saint-Baudelle et de Chorin « et moutaux, en cas qu'il y en eût, étangs, riffours et retentions d'eaux, maisons, jardins et toutes les dépendances d'iceux ». Le cinquième chapitre regardait l'abandon d'une rente de 26 boisseaux de froment, mesure de barre, et d'une autre de 22 livres 10 sous en argent, dues au prieur et aux religieux par le duché, qui en opérerait confusion. Enfin, par le sixième chapitre, on ajoutait à la cession les fiefs de la mense conventuelle, situés dans les paroisses de Notre-Dame et de Saint-Martin de Mayenne, « les rentes, droits seigneuriaux et casuels d'iceux, avec le droit de suzeraineté du fief de la Trotterie, appartenant au sieur de Fresnay[73] ». [...La Trotterie, quoique fief en l'air ou à peu près, était pourtant très convoitée par Mazarin. Le patronage de l'église Notre-Dame de Mayenne avait appartenu à son possesseur : partie du sol de cette église, des maisons adjacentes, sur le parvis, et d'autres immeubles en Notre-Dame, des biens situés sur Saint-Martin, Saint-Baudelle, Saint-Georges-Buttavent et Alexain, dépendaient de ce fief[74], dont le chef était en Placé...]
- Berryer, au nom du cardinal, prenait en contre-échange les engagements ci-après : Le duc de Mayenne se chargeait de servir, aux lieu et place des moines, la moitié de la rente de 80 boisseaux de froment et de 8 livres 4 sous, qui était due, dans cette proportion, par la mense conventuelle au prieuré de Géhard. Il promettait, en outre, de fournir aux moines des« terres et héritages en fiefs ou rotures, de revenu par chacun an de la somme de dix-neuf cents livres ». Jusqu'à la mise en possession de ces biens, les religieux toucheraient chaque année pareille somme du duché. « Et en cas, était-il inséré au contrat, que iceux prieur et religieux ne veuillent prendre et accepter lesd. biens, conformément aux baux, ce qu'ils seront tenus de déclarer dans six mois prochains après qu'ils leurs auront été consignés, le présent contrat d'échange sera« et demeurera nul ».
Les Grands-Moulins de Mayenne étaient loués 800 livres par an[75]. Presque en contact avec les murailles du Château de Mayenne, leur acquisition était avantageuse, ne fut-ce qu'à raison du voisinage[76]« Les moulins, dits les Grands-Moulins, au nombre de quatre, situés sur la grande rivière de Mayenne, au-dessous du pont, ensemble le petit moulin du château », furent loués, le 14 décembre 1661, pour 1 500 livres de fermage annuel. Colbert avait en vue d'y trouver une place pour un moulin à papier. Il y renonça, en présence des difficultés qui surgirent aussitôt entre lui et les moines, dans l'exécution de l'échange, et en établit un en face de ces Grands-Moulins, à Boyère, sur la rive gauche de la Mayenne. Cette industrie ne réussit pas du reste, et l'on utilisa les bâtiments du moulin à papier pour l'installation d'une tannerie, qui a subsisté jusqu'à la construction des quais de la rivière, en 1862. Les moulins de Saint-Baudelle et de Chorin rapportaient 310 livres par an[77]. Des tentatives réitérées furent faites afin d'obtenir des moines qu'ils acceptassent des biens en quantité suffisante pour leur donner, en immeubles, le revenu de dix-neuf cents livres, promis par l'acte du . Le cardinal, pas plus que Armand-Charles de La Porte de La Meilleraye, son successeur, n'y parvinrent. Les religieux ne prenaient pas moins souci de la dignité de la baronnie de Fontaine-Daniel, que leur abbé, et ne purent se résoudre à introduire dans son domaine les biens en roture qu'on leur proposait[75].
Près de vingt ans se passèrent en pourparlers, tour a tour interrompus, repris, puis abandonnés. Le duc de Mayenne continuait de servir au couvent la rente de 1 900 livres, dans l'espérance de le voir céder sur de nouvelles propositions. Il ne restait qu'à résilier l'échange ; et, dans ce but, une transaction fut rédigée le [78]. Le contrat d'échange était annulé et la mense conventuelle reprenait la jouissance de ses biens à la Saint-Jean-Baptiste 1678. Les religieux ratifièrent cet arrangement le [79]. La transaction autorisait les moines à se servir du Palais de la justice ducale de Mayenne et à user de droits dans les nouvelles halles.
« Les religieux pourront faire exercer la justice de Fontaine-Daniel à compter dud. jour Saint-Jean-Baptiste prochain, dans le Palais de la ville de Mayenne et tenir audience les jours de mercredi de chaque semaine, et de relevée seulement, sans préjudicier à tous les droits acquis par feu son Eminence de Messire François Le Veneur, abbé de lad. abbaye.... Lesd. religieux, prieur et coûvent rentreront, aud. jour, dans tous les droits qui leur appartenaient auparavant l'échange, tout ainsi que si le contrat n'avait jamais été fait; et d'autant que les anciennes halles de la ville ont été démolies et transférées dans un autre lieu que celui où elles étaient situées, lors dud. contrat, lesd. sieurs religieux auront pareil droit, dans les halles nouvellement bâties, que celui qu'ils pouvaient avoir dans les anciennes halles. »
Entre Fontaine-Daniel et le duché les difficultés étaient permanentes. Les moines soignaient les intérêts de leur mense et ne perdaient aucune occasion de réclamer leurs droits[80]. De son côté, le seigneur de Mayenne, Armand-Charles de La Porte de La Meilleraye, duc de Mazarin, était procédurier. Un léger malentendu entre eux prenait les proportions d'un grand procès, et la lutte était toujours acharnée.
Au XVIIIe siècle, la décadence du monastère s'accentue. S'ils continuent à suivre, au moins en apparence, leur règle, déjà il est vrai fort adoucie, si surtout ils pratiquent plus que jamais le précepte de l'aumône, les moines vivent aussi de plus en plus dans la mollesse et l'oisiveté.
Jean-Baptiste Massillon séjourna[81] à l'abbaye en 1728, en se rendant à l'Abbaye de Savigny, que le cardinal Guillaume Dubois lui avait fait donner par le Régent.
« « La campagne est fort pauvre et bien peuplée. À l'aide des 88 boisseaux de seigle que l'abbé fournit aux religieux, ils font l'aumône générale tous les vendredis, depuis le 1er janvier jusqu'au 22 juillet, temps de la moisson. Il s'y trouve à l'ordinaire plus de six cents pauvres ; et, dans les temps de disette, plus de douze cents. En outre, les indigents et les enfants des mercenaires, qui ne peuvent par le salaire de leur travail les sustenter, viennent journellement demander leur vie à la porte de l'abbaye. Les malades envoient chercher du vin, du bouillon, de la viande. On n'en refuse aucun »
État de revenus dressé par de Vilque, prieur de Fontaine-Daniel, le [24] »
Relâchement et insubordination
modifierIl avait été question de supprimer la maison. Le bruit courut, au commencement de 1782[12], que l'abbaye de Fontaine-Daniel allait être supprimée. Michel-René Maupetit[82]. pensa que l'occasion pouvait être propice d'y annexer une partie de ceux de ce monastère[83]. Les aumônes que les moines continuaient de faire leur attachaient les populations de Saint-Georges, Contest, Saint-Baudelle, et quand la municipalité de Mayenne voulut faire attribuer, en 1780, ces aumônes à l'hôpital général, il y eut de vives protestations dans le pays[12]. Les moines étaient souvent dans la révolte contre le prieur claustral[12], par exemple en 1783[84]. Le prieur avait été amené à dresser procès-verbal contre ses frères révoltés ; et la situation était devenue critique[85]. Le [12], les moines insoumis imaginèrent de tenir chapitre, sans l'assistance de leur supérieur, qui fit constater leur infraction à la règle par deux témoins[86]. En définitive les profès restèrent maîtres de la situation. Le prieur claustral François-Joseph Bayard quitta Fontaine-Daniel ; et le prieur Delard, qui le remplaça, fut également sans autorité vis-à-vis de ses religieux indociles[12]. Les moines arrivaient à se soustraire à l'obligation qui leur était imposée de n'avoir rien en propre[87].
Les sept religieux qui habitaient l'abbaye dans ses dernières années vivaient dans le relâchement[88].
On reprochait aux moines de Fontaine-Daniel[12] d'oublier les malheureux des paroisses éloignées, où ils possédaient des biens, et de réserver toutes leurs largesses pour ceux de leur entourage. Des mentions des Cahiers de doléances[12], présentés aux États généraux de 1789, font mention de cette exclusion, comme à Saint-Aubin-Fosse-Louvain, Colombiers-du-Plessis, ou encore Hercé.
Le jeu semble avoir été la passion favorite des derniers religieux de Salair. Une salle de billard qu'on construisait n'était pas encore terminée au moment de leur départ. On rapporte qu'au XVIIIe siècle, un prêtre, du nom de Le Brun, qui habitait Saint-Georges, perdit, en jouant aux cartes avec le prieur de Fontaine-Daniel. Les mœurs de quelques moines furent peut-être répréhensibles. Pour Grosse-Duperon, un seul fait est rapporté. Ce témoignage arrive à une époque on voulait voir, que le mal dans tous les couvents, et les racontars les plus saugrenus sur les vilenies, qu'on supposait y être commises, étaient accueillis avec faveur.
Les religieux de Fontaine-Daniel n'étaient plus que sept en 1789.
- Louis Joseph Després, prieur, profès de l'Abbaye d'Igny, en Champagne, âgé de 43 ans ; il avait fait, comme prieur, son entrée à l'abbaye le 2 juillet 1789[89].
- François Xavier Boulangier, sous-prieur, receveur et trésorier général, profès de Fontaine-Daniel, âgé de 40 ans[90] ;
- Charles Coutelle, ancien officier de Fontaine-Daniel, profès jubilaire, âgé de 77 ans[91] ;
- Pierre Boucher, receveur grènetier, profès de Fontaine-Daniel, âgé de 48 ans[92] ;
- Frédéric Graux, procureur, profès de l'Abbaye de Beaupré, en Beauvaisis, âgé de 40 ans[93] ;
- Guillaume Cocu de la Fouchardière, sacristain, profès de Fontaine-Daniel, âgé de 50 ans[94] ;
- Nicolas Jean Gourdin, dépensier et maître des hôtes, profès de Fontaine-Daniel, âgé de 44 ans[95].
Lorsque la Révolution française vient supprimer leur règle et fermer leur abbaye, les moines auront des parcours différents.
En Février 1790, l'Assemblée constituante de 1789 décide l'abolition des vœux monastiques et la suppression des ordres et congrégations régulières autres que d'éducation publique et de charité[96]. Le prieur et les six religieux optèrent avec une sorte d'enthousiasme pour leur sécularisation au mois de mai 1790, et effectuent déclaration devant les officiers municipaux de Saint-Georges-Buttavent[97].
En mai 1790[12], précisément à l'époque de la déclaration des moines devant la municipalité de Saint-Georges, le couvent était devenu inhabitable. À la suite de l'augmentation du prix des céréales, la population montrait de l'anxiété ; il courait des bruits d'enlèvement et d'accaparement de grains, qui la rendaient ombrageuse et lui donnaient parfois l'alarme[12]. Les esprits s'échauffèrent, la misère y aidait, et l'on en vint aux voies de fait.
Les voituriers qui transportent les blés sont attaqués, arrêtés, pillés. On met à sac les greniers des châteaux de la Feuillée, en La Bigottière, et de Marigny, en Alexain, et ceux d'un grand nombre de cultivateurs des environs de Mayenne. Des gens sans aveu se concertent avec les bûcherons et les sabotiers de Salair, s'installent avec eux dans la forêt, y construisent des huttes de gazons et de branchages et les entourent de retranchements[98]. Les bûcherons s'emparèrent de la forêt de Salair et résistèrent aux patrouilles qu'on envoya contre eux..
Le district de Mayenne fit parvenir plus tard au Directoire du département ses plaintes pour la diminution de secours qu'avait entraînée la suppression de l'abbaye[12]. Les religieux de Fontaine-Daniel quittèrent l'abbaye vers la fin de 1790, ou le commencement de l'année suivante. Plusieurs vinrent à Mayenne. Nicolas-Jean Gourdin resta seul, comme locataire, au couvent. La disparition[12] des moines de Fontaine-Daniel jeta, dans la détresse les indigents du voisinage de l'abbaye : ceux-ci les regrettèrent profondément.
La vente par la Nation
modifierLa vente, par la Nation, des immeubles de l'abbaye commença dans les premiers mois de 1791. Henri Chenon[12], géomètre et expert, chargé par le District de Mayenne de donner son avis sur Fontaine-Daniel, essaya d'obtenir qu'on y installât un grand établissement public[99]. Chenon écrivait, dans un autre rapport
« « Jamais la beauté de l'emplacement, la solidité des bâtiments, la commodité de l'eau et la proximité des bois n'ont mieux convenu pour former un établissement public. » »
. Les efforts de l'expert furent inutiles : le District aliéna tous les biens de Fontaine-Daniel[12].
- PROVINCE DU MAINE
- Saint-Georges-Buttavent : La maison abbatiale et ses dépendances, vendue le 16 mai 1791, moyennant 2.025 livres. Le couvent, l'église, les cours, jardins, parterres, terrasses, promenades, canal, pré et terres dans l'enclos, le cimetière et le petit jardin contigu, les rues et issues, à Omer T[100]..., de Mayenne, le 6 fructidor an IV. Le pré ou herbage, dit de l'église, clos de murs, le 21 thermidor an IV, pour 4.460#. La métairie de la Basse-Cour et une prairie, dite du Vieil-Etang, le 31 août 1791, pour 41.000#. On avait compris dans ce lot un champ, de six journaux, appelé le Perrinet et un pré du même nom, de la superficie d'un journal. Le pré de Bondie, près la Leverie, le 18 mars 1791, pour 4.200#. La portion, nommée le Grand-Patis, de la prairie de Fauconnier, contenant 5 arpents 54 perches, le 31 mai 1791, moyennant 2.225#. Cette prairie de Fauconnier contenait en totalité 64 arpents et une perche, à raison de 100 perches par arpent et de 22 pieds par perche. Elle avait été divisée en dix lots, qu'on retrouve tous dans la nomenclature des biens vendus. Les Journaux-maigres (prairie de Fauconnier), de 10 arpents 10 perches, le même jour, pour 4.025#. Le Bas des Journaux-maigres et le Bourget (prairie de Fauconnier), d'une superficie de 13 arpents 25 perches, le 24 octobre 1792, moyennant 6.125#. La Pourrie (prairie de Fauconnier), de 12 arpents 75 perches, le 31 mai 1791, au prix de 8.025#. Le Moulin et la Barrière du Moulin (deux portions de lad. prairie de Fauconnier), d'une superficie de 2 arpents 74 perches, et de 2 arpents 57 perches, le 2 juillet 1791, pour 2.900#. La Motte (prairie de Fauconnier), contenant 3 arpents 13 perches, le 4 juin 1791, moyennant 2.125#. La Barrière du Haut (prairie de Fauconnier), d'une superficie de 9 arpents 99 perches, le 11 juillet 1791, au prix de 3.050#. Les Tronchets (prairie de Fauconnier), le 4 juin 1791, pour 1.975#. Il y avait deux portions dites les Tronchets, l'une d'un arpent 40 perches et l'autre de deux arpents 50 perches[101]. Les métairies des Grands et des Petits Burons, le 10 février 1791, au prix de 42.100#. La métairie des Fichets, le 5 avril 1791, moyennant 31.100#. Le moulin du Fèvre, ses bâtiments et jardins, l'étang et le pré de la Queue de l'étang, le même jour, pour le prix de 7.300#. Le moulin de Fauconnier et ses dépendances, le 14 juin 1791, au prix de 3.000#. Un friche, au bourg de Saint-Georges, le 1er octobre 1791, moyennant 480#. Il y aurait peut-être à ajouter une petite maison, dite le Paradis et un jardin, dont l'origine est douteuse, qui furent vendus le 5 vendémiaire an V.
- Contest : La ferme de la Baratinière, vendue le 15 avril 1791 pour 17.000#. La closerie de la Micaudière, le 19 avril 1791, moyennant 8.000#. Dans ce lot figurait un pré, dit de Géhard, qui avait été annexé à la closerie. Les Friches du moulin de Daviet, le 5 février 1791[102]. L'Islantière, le 6 juin 1791, pour 1.200#. La closerie de la Maison-Neuve, le 24 octobre 1792, moyennant 6.025#. Les deux métairies des Sepellières, le 5 février 1791, pour 33.000#. La closerie de la Brèche-d'Ernée, le 4 août 1792, pour le prix de 2.625#. La prairie de Tantonneau ou Tantineau, le 6 juin 1791, pour 4.650#. Un champ, dit du Pin, le 9 nivôse an III, moyennant 60#.
- Saint-Baudelle : La métairie des Grandes-Grinhardières, vendue moyennant 20.700#, le 18 février 1791. La métairie des Petites-Grinhardières, le 21 avril 1791, pour 22.000#. La Brosse de Montesson, pour 290#, le 24 mai 1791. Le pré, nommé l'Etang de la Helberdière, au prix de 1.800#, le 25 juin 1791. La métairie des Molands, moyennant 18.000#, le 1er mars 1791. La closerie des Chesnots, pour 5.750#, le 13 mars 1792. Les moulins de Saint-Baudelle et de Chorin, pour le prix de 6.900#, le 7 septembre 1791.
- Alexain : Les deux closeries des Quetteries, vendues le 31 janvier 1791, au prix de 11.600#.
- Notre-Dame de Mayenne : Les Grands-Moulins, aliénés le 4 germinal an VI, moyennant le prix de 91.100#.
- Moulay : Le moulin de Grenoux, maison, jardin et friche, vendus avec le bateau du passeur, le 19 septembre 1791, pour 4.000#.
- Montourtier : La métairie de la Daulière, vendue pour le prix de 14.000#, le 22 mars 1791.
- Le Pas : Le moulin de Folas, adjugé le 17 mars 1791, moyen-ant le prix de 5.150#. Le lieu de la Voisinière, le 3 juin 1791.
- Parennes : La métairie des Grands-Poissons ou Possons, vendue le 9 décembre 1791, moyennant 18.900#. La métairie des Petits-Possons, le même jour, au prix de 13.500#. La métairie de la Vrillère, à la même date, pour 15.800#.
- Rouez-en-Champagne : La métairie de la Gagnerie, vendue pour 19.100#, le 9 décembre 1791. La métairie de la Lottinière, le même jour, moyennant 6.450#.
- PROVINCE D'ANJOU
- Bouchemaine : La propriété de Monhéry, Mouëry ou Moirin, aliénée, par adjudication du 16 février 1791, pour le prix de 8.225#.
- PROVINCE DE NORMANDIE
- Réville : Les biens de Réville, vendus le 30 mars 1793, pour 17.175#.
- Fontenay-le-Pesnel : La Nation vendit par fractions les biens de Fontenay. Plusieurs des lots se composaient d'immeubles d'origines différentes et furent adjugés avec des désignations sommaires, sans ventilation de prix ; en sorte qu'on est empêché de donner des renseignements complets et précis sur les immeubles de l'abbaye et leur valeur vénale. Un « comble » de bâtiments près l'église de Saint-Aubin[103], cour, jardin et dix pièces de terre furent vendus moyennant 16.100#, le 22 juillet 1791. Un deuxième lot, composé de neuf pièces provenant du « personnat de Fontenay » et complété par des immeubles qui appartenaient « aux obits et à la cure de Saint-Martin », et à d'autres établissements ecclésiastiques, fut vendu au prix total de 24.000#, par les administrateurs composant le Directoire du District de Caen, le 29 juillet 1791. On aliéna encore onze acres dans la pièce des Vignons le 7 novembre 1791, pour 6.500#.
En application du Décret du 17 juillet 1793, le , les archives de l'abbaye sont détruites par le feu[104]. Elles comprenaient neuf 1 500 pièces et de nombreux registres ont été brûlées à Mayenne, sur la place de l'Égalité, le . Comme clôture de la fête de Marat et de Le Pelletier. Gaignières avait heureusement fait copier ou analyser les principaux titres. Ce cartulaire artificiel (Bib. nat., f. lat., 5.475) a été publié avec un volume d'étude historique sur l'abbaye, par MM. Grosse-Dupéron et Gouvrion (in-8, 1896, Mayenne).
Le juge de paix de Saint-Georges-Buttavent se rend le , à l'abbaye pour y apposer les scellés, en exécution de la loi du 31 octobre 1792. Les moines étaient sans doute considérés comme absents, peut-être suspects d'émigration. Le magistrat cantonal n'y trouva que les objets dont personne n'avait voulu[105].
L'abbatiale fut vendue nationalement le . Les terres de l'abbaye sont acquises aux enchères par une vingtaine d'acheteurs de la région, mais pas l'abbaye qui ne trouvera preneur que le [104].
La filature et le tissage
modifierLors de la cession suivante de l'abbaye, en 1806, les vendeurs s'obligent à faire démolir l'église à leurs frais, pour en récupérer les pierres de taille[104]. La famille Horem acquit l'abbaye de seconde main le . L'abbaye devient en 1806 la propriété de Pierre Horem et de Sophie Lewille, veuve de Louis Biarez : ces industriels parisiens du textile convoitaient les vastes locaux de l'abbaye pour y établir une filature. Ils voient tout l'avantage du lieu : la force motrice de l'eau, les vastes locaux de l'abbaye aptes à recevoir la première filature mécanique du département, ainsi que 100 métiers à tisser, et le savoir-faire régional en textile (3/4 de la population). Leur entreprise se développe : 560 ouvriers en 1810 et 760 en 1812. À la mort de Pierre Horem (1828), sa femme Sensitive Armfield (fille de Thomas) dirige seule l'entreprise[104].
La filature est actionnée en 1832, par une machine à vapeur et occupant 92 ouvriers[12]. Martin Denis prêta alors son concours et établit en 1838 une usine de tissage mécanique, qui employait en 1850 trois cents ouvriers et travaillait 150.000 kil. de coton brut. Le village a école et salle d'asile. Le bois, resté propriété de l'État, a été mis en adjudication le au prix de 182,073 francs[12].
Architecture
modifierL'état actuel des bâtiments et quelques textes descriptifs permettent une restitution de l'abbaye du XIIIe siècle.
Bâtiments
modifierLes bâtiments de l'abbaye représentent son importance à la fois religieuse et féodale partant dans leur partie principale d'une forme d'un vaste quadrilatère composé au nord par la chapelle ou église primitive, à l'est par le logement des moines, au sud par la maison abbatiale, à l'ouest par l'hôtellerie et les magasins, et ayant au centre le cloître avec sa cour, entourés eux-mêmes d'immenses servitudes, le tout précédé d'un porche monumental, ces bâtiments constituaient assurément une des plus belles abbayes de la région.
Les bâtiments[12] entouraient une cour carrée de 40 ou 50 m. de côté : à l'Est le couvent, au Sud l'abbatiale, à l'Ouest l'hôtellerie, les celliers et autres magasins, au Nord l'église. Le couvent contenait au rez-de-chaussée la sacristie, la salle capitulaire, le réfectoire ; au-dessus les dortoirs. C'est le bâtiment construit aux frais d'Isabelle de Meulan.
Les trois larges baies[106], sont conservées. Quoique du XIIIe siècle déjà avancé, elles sont en plein-cintre.
La façade extérieure a été reconstruite en 1745[107]. Le bâtiment du Sud, à l'angle duquel étaient les cuisines, était destiné à l'origine aux religieux, plus tard il le fut à l'abbé et par contrat de 1690 au prieur claustral pour lequel on le reconstruisit complètement en 1737[12].
Le corps de l'ouest contenait de magnifiques celliers, partagés en deux nefs par une rangée de cinq colonnes[108]. L'Abbé Angot[12] indique qu'un simple blocage de petites pierres anguleuses noyées dans le ciment, sans enduit, a suffi à l'architecte pour établir les voûtes de cet édifice d'un caractère unique et d'un aspect grandiose[109]. On nomme cette salle les Cacaudières.
Une autre, de construction analogue, séparée des bâtiments claustraux et au nord faisait partie, croît-on, d'un logement à l'usage des seigneurs de Mayenne[110]. Le portail voûté était du même côté[12]. À la fin du XVIIe siècle on y fit aménager quelques pièces pour l'abbé commendataire. Dans les jardins deux bassins de 15 m. de diamètre étaient alimentés par des sources[111].
L'église
modifierL'église surtout passait pour une merveille : C'est « la plus belle et la plus vaste de la province après la cathédrale »[12], écrit-on en 1766. : à l'extérieur sa porte surmontée d'un écusson aux armes des Laval avec inscription au-dessous. Au-dessous de ces armoiries et sur un linteau, on lisait l'inscription figurée qui suit :
« L'AN M.CCCC.XXXII FIST FE CE CVER NOBLE DAME JEHANE DE LAVAL DITTE CONTESSE DAME DE VITRE ET DE CHASTEILLON DIEV LY DOIBNT LA JOIE PDVRABLE. AMEN. »
L'église, au nord du cloître, avait la forme d'une croix[12], son chevet à l'orient, une nef, avec bas-côtés, un chœur entouré de sept chapelles et une tour sur la croisée, qui se terminait par une haute flèche. Il ne reste de cet édifice que les murailles sud de la nef, qui fermaient le cloître de ce côté. Elle occupait le côté nord, orientée à l'est, et n'avait pas moins de 60 m. de long[12]. Elle avait sans doute primitivement dans les deux transepts des chapelles parallèles au chœur[112] ; mais Anne de Laval fit reconstruire le chœur et y ajouta en 1431 sept chapelles rayonnantes.
Jeanne de Laval-Tinténiac, mère de la comtesse, fit clore le chœur par une sorte de jubé[113]. Il y avait en dehors du déambulatoire, quatre autels dans le transept et deux adossés aux piliers à l'entrée du chœur, la plupart entièrement délabrés en 1780[12].
Dans le chœur ou la nef étaient[12] : le le tombeau de Juhel III de Mayenne que Pierre-François Davelu a vu encore vers 1775 « tout en cuivre doré, élevé de deux à trois pieds, avec l'épitaphe et l'effigie du seigneur ». Le tombeau de Juhel III, qui occupait le milieu du sanctuaire, fut enlevé en 1784, et une plaque commémorative en marbre, appuyée à l'un des piliers de la croisée de l'église, rappelait seulement le fondateur[114]. Dix blasons ornaient les faces du monument funéraire, deux en tête, deux en pied et trois de chaque côté. On y remarquait[12] les armes de Mayenne ; de Craon : « lozangé d'or et de gueules » ; d'Avaugour : « d'argent, au chef de gueules » ; de la Guerche : « de gueules, à 2 léopards d'or, l'un sur l'autre ».
On y trouvait aussi le tombeau de Jean Courtin, les pierres tombales de Guillaume du Verger et de Pierre Bardoul, chargés d'inscriptions. On y trouve les imposantes pierres tombales de plusieurs anciens abbés ainsi que sept chapelles construites autour de la nef à différentes époques par les plus grandes et les plus illustres familles du pays, telles que les d'Avaugour et les des Vaux, et où les membres de ces familles avaient droit de sépulture.
Dans la chapelle du chevet, une grande verrière allégorique représentait la Vierge au-dessus de deux vasques débordantes, et en bas saint Bernard et un de ses disciples présenté par saint Pierre[115].
Les experts qui firent la visite de l'église le [12] ne remarquèrent malheureusement que les objets susceptibles d'être vendus[116]. L'argenterie fut livrée le par les derniers moines, « comme témoignage de leur patriotisme, » pesait 92 marcs.
Les stalles ont orné jusqu'en 1868 l'église Notre-Dame-des-Miracles de Mayenne.
L'orgue, « un seize pieds », construit en 1784 par Claude Parisot, fut adjugé[117] en 1792. L'église ne fut détruite qu'en 1806[12] par les premiers acquéreurs pour en enlever les matériaux utiles. On laissa les murailles à la hauteur d'un mur de clôture.
Le retable
modifierLe [12], frère François Boulain, religieux de Fontaine-Daniel, « personataire de Saint-Aubin de Fontenay-le-Pénel », fit marché avec François Langlois, architecte, pour la construction d'un grand autel qui devait avoir 46 pieds de haut et toute la largeur de l'espace compris entre les deux piliers.
L'œuvre devait être importante si l'on en juge par ses dimensions[118]. Trois rangs étagés de huit, six et deux colonnes de marbre rouge et noir, et un grand nombre de « pièces de marbre » incrustées dans le tuffeau décoraient ce haut retable d'une riche architecture.
Jacques Amiot, commandeur de Quittay, posa le [12], la première pierre de cet autel monumental[119].
Filiation et dépendances
modifierFontaine-Daniel est fille de l'abbaye de Clairvaux
Terriers, propriétés, revenus, dépendances
modifierRéville
modifierLa baronnie de Réville appartenait à l'abbaye de Fontaine-Daniel[120] qui possédait le premier fief noble de cette commune.
L'abbaye de Fontaine-Daniel fit du manoir seigneurial de Réville, que Juhel III de Mayenne lui avait donné en 1207, un prieuré, occupé à l'origine par deux ou trois moines. Un seul y resta ensuite, et il en fut ainsi jusqu'au partage de 1608, qui forma des biens de l'abbaye deux menses et mit Réville dans celle de l'abbé commendataire de Fontaine-Daniel[121].
L'abbaye[122] qui possédait le premier fief noble de cette commune, ainsi qu'on le voit dans un aveu rendu au roi le . Cet aveu renferme un passage ainsi conçu : Sous la souveraineté du roi notre sire, en son duché de Normandie, nous humbles religieux et couvent de l'abbaye et monastère de N. D. de Fontaine-Daniel de l'ordre de Citeaux, confessons et avouons tenir un fief ou membre de fief Haubert, franchement et noblement à gage pleige, cour et usage, situé et assis en la vicomté de Valognes, dont le chef est assis en la paroisse de Réville et s'étend aussi dans celles d'Anneville-en-Saire, Gatteville, Tocqueville et environs et eu icelui fief avons hommes, hommages, etc., et avons manoir, maison, chapelle en icelui, et domaine y attenant, contenant dix à douze vergées de terre, tant en jardin, pré, que terre secque, au dit lieu de Réville, lequel manoir est fort caduc, à l'occasion des anciennes guerres ; et à cause de notre fief, avons droit de gravage, etc.
Libéralités
modifierUn grand nombre d'autres seigneurs firent en même temps des libéralités à l'abbaye[123].
Églises données à l'abbaye
modifier- Église Saint-Aubin de Fontenay-le-Pesnel, en 1206[124] par Juhel III de Mayenne, patron de l'église, qui en a donné le patronage[125].
Granges dépendant de l'abbaye
modifierPatrimoine fluvial dépendant de l'abbaye
modifierD'après une charte de Jean de Faye, archevêque de Tours, reproduisant et confirmant une autre charte d'Hamelin, évêque du Mans, en faveur de l'abbaye de Fontaine-Daniel, Thibault Ier de Mathefelon donna à ce monastère la quatrième partie des droits de passage[126] de son fief du Pont de Laval, dit de Mayenne, et un homme dépendant de cette seigneurie (in eadem villa).
Les religieux possédaient la Mayenne[12]depuis le Pont-Landry, ou du moins à partir du Carrefour des eaux, jusqu'à leur moulin de Grenoux, en Moulay. Quelques fiefs et des droits de pèche abandonnés par eux au seigneur de l'Isle du Gast, le long de ses domaines dans les paroisses de Saint-Fraimbault-de-Prières et de Saint-Loup-du-Gast, relevaient de l'abbaye ; et les possesseurs de la seigneurie de l'Isle ne méconnaissaient pas leurs devoirs de vassalité. Les droits du couvent avaient même été formellement reconnus en 1420[12].
Abbés
modifierSépulture
modifierCartulaire
modifierLe cartulaire de l'Abbaye de Fontaine-Daniel est une source de renseignements sur les anciennes familles nobles de la contrée dont Mayenne est le centre en même temps que sur le passé des terres comprises dans la mouvance de l'abbaye.
Le cartulaire est précieux car les archives du monastère ont été entièrement détruites par la Révolution française. Restée manuscrite dans le fonds Gaignières de la Bibliothèque nationale de France, cette collection de chartes ou d'extraits de chartes était peu accessible. Elle est publiée au XIXe siècle par Grosse-Dupéron selon les règles dans l'ordre chronologique et avec une table alphabétique à la fin. Pour l'abbé Angot, par son manque d'exactitude, Gilles Ménage a induit en erreur pour certaines dates les éditeurs du Cartulaire de Fontaine-Daniel.
Notes et références
modifierNotes
modifier- « Protection et Sauvegarde. « Thomas de Montagu, comte de Salisbury et du Perche, seigneur de Monthermer et cappitaine général ordonné pour le roy sur le fait de la guerre de son royaume de France, par ladvis et deliberacion de monseigneur le régent le royaume, duc de Bedford, à tous chevaliers, escuiers, capitaines de gens darmes et de trait, archers, artillers et aultres gens de guerre et à tous les justiciers, oficiers et subgez, amis, aliez et bienveillans du roy nostre dict seigneur et de nous, ou à leurs lieutenans, salut. Savoir vous faisons que nous avons prins et mis et metons par ces presentes en la protection, seureté et garde especial du roy nostre dict seigneur et de nous, les relligieux, abé et convent de labaye de Fontaine-Daniel, leurs biens, leurs gens, metayers et serviteurs ... par vertu de la puissance à nous donée... mandons et enjoignons à chascun de vous de les laisser en repos et seureté. Sous nostre seel le 28 aost 1425. »
Références
modifier- (la) Leopold Janauschek, Originum Cisterciensium : in quo, praemissis congregationum domiciliis adjectisque tabulis chronologico-genealogicis, veterum abbatiarum a monachis habitatarum fundationes ad fidem antiquissimorum fontium primus descripsit, t. I, Vienne, , 491 p. (lire en ligne), p. 210.
- Notice no PA00109597, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
- « Fontaine-Daniel »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), sur cistercensi.info, Ordre cistercien (consulté le ).
- État du revenu de l'abbaye, du 17 octobre 1766.
- Ladurée 2013, p. 135-151.
- Cela signifie un cantonnement des harpayes.
- Le patronage de la Vierge était de règle dans toutes les abbayes cisterciennes : « decernimus ut omnes ecclesi0 nostrae ac successorum nostrorum in memoriam ejusdem coeli et terrae Reginae, Sanctae Mariae, fundentur ac dedicentur » (Inst. cistere., cap. XXI). .
- Une des règles des Cisterciens les obligeait à n'établir de monastère que dans des lieux retirés.
- Les moines y restèrent au moins huit ans, mais trouvant inhabitable ce lieu stérile et presque sans eau.
- « Abbaye de Fontaine-Daniel », dans Alphonse-Victor Angot et Ferdinand Gaugain, Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne, Laval, A. Goupil, 1900-1910 [détail des éditions] (BNF 34106789, présentation en ligne)
- Les moines y entrèrent avec solennité en présence des abbés de Clermont et de Champagne, de Juhel III de Mayenne et de Gervaise de Dinan, sa femme, d'Avoise de Craon, dame de Laval, de Pierre de Craon et d'un grand nombre de seigneurs le 19 mai 1205, jour de l'Ascension
- « Abbaye de Fontaine-Daniel », dans Alphonse-Victor Angot et Ferdinand Gaugain, Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne, Laval, A. Goupil, 1900-1910 [détail des éditions] (BNF 34106789, présentation en ligne), article Fontaine-Daniel, t. II.
- Grosse-Duperon et Gouvrion 1890, p. 91.
- Grosse-Duperon et Gouvrion 1890, p. 96.
- Grosse-Duperon et Gouvrion 1890, p. 98.
- Grosse-Duperon et Gouvrion 1890, p. 103.
- Grosse-Duperon et Gouvrion 1890, p. 108.
- « Abbaye de Fontaine-Daniel », dans Alphonse-Victor Angot et Ferdinand Gaugain, Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne, Laval, A. Goupil, 1900-1910 [détail des éditions] (BNF 34106789, présentation en ligne), article Jean Courtin.
- Jean Le Febvre comme vicaire, et G. Rogier comme procureur.
- Grosse-Duperon et Gouvrion 1890, p. 109.
- Grosse-Duperon et Gouvrion 1890, p. 110.
- Grosse-Duperon et Gouvrion 1890, p. 111.
- Grosse-Duperon et Gouvrion 1890, p. 112.
- Grosse-Duperon et Gouvrion 1890, p. 115.
- Grosse-Duperon et Gouvrion 1890, p. 116.
- Grosse-Duperon et Gouvrion 1890, p. 118.
- Grosse-Duperon et Gouvrion 1890, p. 119.
- Grosse-Duperon et Gouvrion 1890, p. 121.
- Grosse-Duperon et Gouvrion 1890, p. 122.
- Grosse-Duperon et Gouvrion 1890, p. 125.
- Grosse-Duperon et Gouvrion 1890, p. 128.
- Grosse-Duperon et Gouvrion 1890, p. 127.
- Grosse-Duperon et Gouvrion 1890, p. 130.
- Grosse-Duperon et Gouvrion 1890, p. 131.
- Grosse-Duperon et Gouvrion 1890, p. 132.
- Grosse-Duperon et Gouvrion 1890, p. 133.
- Grosse-Duperon et Gouvrion 1890, p. 144.
- Grosse-Duperon et Gouvrion 1890, p. 92.
- Grosse-Duperon et Gouvrion 1890, p. 134.
- Grosse-Duperon et Gouvrion 1890, p. 145.
- Ce lotissement a été conservé dans un acte de Pierre Juillé, notaire au duché de Mayenne, du 14 octobre 1608. Il est signé de tout le couvent ; on y voit le prieur Guy Bricel, le sous-prieur Guillaume Le Maçon, le portier Guy Boudier, le cellérier Mathurin Orry et les frères Beraut, Octavien Cherot, Michel Le Maçon, Guillaume Hamon, Léonard de Saint-Paer, Jean de La Cour, Jean Lamy, Hélye Marot.
- Grosse-Duperon indique que l'ordre de la désignation des lots est conservé, mais les détails ont été supprimés. La pièce, dans laquelle cet état des biens de l'abbaye a été relevé, est une mauvaise copie du partage : un grand nombre d'expressions et de noms y sont défigurés ou illisibles. Il a tenté de les rétablir ; mais la tâche était ardue, et il ne saurait affirmer l'avoir menée à bonne fin. Presque tous les fiefs y sont énoncés sans indication de la paroisse où ils se trouvaient.
- Cadis, c'est-à-dire aventures, casuels de fiefs.
- Le fief du Fay, appartint à la famille de la Matraye au cours du XVIIe siècle : François de la Matraye, écuyer, sieur de la Matraye et du Fay (1613) ; Claude de la Matraye, écuyer, sieur des Loges (1655) ; Isaac de la Matraye, chevalier, seigneur de la Matraye (1655) ; Isaac de la Matraye, écuyer, seigneur dudit lieu et du Fay (1680). Le fief du Fay devait à Fontaine-Daniel 15 boisseaux de froment, mesure de Poillé.
- Le moulin de Chorin, paroisse de Saint-Baudelle, a été détruit au XIXe siècle. Il était situé au-dessus de celui du Roc et au-dessous du village actuel de Chorin, du côté du sud.
- Le Montanadais était le territoire avoisinant Juvigné-des-Landes et la Croixille. Juvigné était autrefois désigné par : « Juvigneium en Montennazais » (1279, abbaye de Saint-Serge d'Angers) ; — « Juvigné Montanadays » (4 février 1577, Certificats de l'Etat religieux de la noblesse du Bas-Maine, publiés par M. l'abbé Pointeau) ; — « Juvigny Montanadas » (1625, Dictionnaire topographique de la Mayenne, par M. Léon Maître).
- Le froment rouge était ta qualité supérieure de blé.
- Grosse-Duperon et Gouvrion 1890, p. 138.
- Arrêt du conseil privé du 17 août 1609 ; arrêt du Parlement de Paris du 1er septembre 1657 ; décision du 7 mars 1732, rendue par trois arbitres (Guillaume Tartarin, Nicolas de la Vigne, Louis Doulcet, anciens avocats au Parlement), commis suivant arrêt du Conseil du 9 avril 1731. Néanmoins, en l'année 1765, les religieux concoururent à l'adjudication qui fut faite du greffe au profit de Joseph Guimond?
- Grosse-Duperon et Gouvrion 1890, p. 156.
- En définitive, le partage de 1608 fut rectifié de la manière suivante : L'abbé eut la disposition et la provision des offices de justice ; il était obligé à l'entretien, aux réparations et réfections du corps de l'église, du logis abbatial et des bâtiments des propriétés de son lot ; à livrer chaque année aux religieux quatre-vingt-huit boisseaux de seigle, en nature, « à la mesure de Mayenne, telle qu'elle était en 1608 », pour sa moitié des aumônes de l'abbaye. Les religieux payaient seuls la pension des oblats, les décimes et dons gratuits, la contribution annuelle du chapitre de Citeaux, la contribution annuelle pour le procureur général de l'ordre en Cour de France, le droit de visite du Vicaire général ; les frais de l'hospitalité et de l'infirmerie ; l'entretien, les réparations et réfections des lieux claustraux, des bâtiments du couvent, des murs de son enclos et des bâtiments de la mense conventuelle, qui comprenaient ceux de « treize métairies ou domaines, neuf closeries et huit moulins, dont cinq sur la grande rivière de Mayenne, avec chaussées de pierre pour barrer l'eau » ; l'entretien de la sacristie, (fourniture du vin pour les messes, nappes d'autel, linges, ornements, vases sacrés, etc.) ; le luminaire, la sonnerie, les livres d'église, et généralement tout ce qui était nécessaire pour la célébration des saints mystères. L'abbé et le couvent partageaient, par égale portion, les profits de la justice, « amendes, confiscations, etc. ».Ils avaient la charge par moitié des renies dues aux prieurés de Géhard, de Montguyon et de Berne, des frais de justice, gages des officiers, coût de la justice criminelle, des vacations à la délivrance et au récolement des coupes de bois en Salair, des vacations de l'arpenteur, des gages des gardes, de la nourriture et de l'entretien des enfants exposés. Une autre difficulté avait été aussi soulevée par le mandataire de du Pont, au moment du choix des lots. Il réclamait les titres des propriétés attribuées à l'abbé commendataire. Les moines opposaient un refus énergique à cette demande : « Ils ne peuvent consentir, écri« vait le notaire, que les titres et chartes des fiefs et rentes soient transportés hors de la charterie, mais bien qu'il en soit fait copie aux dépens de qui il appartiendra et les requierra. L'abbaye formait un corps unique, que le partage provisionnel, qui vient d'être analysé, ne détruisait pas ; et il était imprudent d'en distraire les titres, à moins d'urgence. Les moines ne considéraient aussi le partage que comme une mesure temporaire ; ils ne désespéraient peut-être pas du retour à la régularité.
- Grosse-Duperon et Gouvrion 1890, p. 159.
- Grosse-Duperon et Gouvrion 1890, p. 150.
- Un exemple montrera combien elle était expéditive. Le 26 février 1738, Pierre Leray et Françoise Pellé, sa femme, gens de pauvre condition, se chargent d'une enfant naturelle, née de la veille, en Saint-Baudelle, sur un des fiefs de l'abbaye, et viennent solliciter quelque argent au greffe de la justice de la baronnie. Aussitôt il est dressé acte de leur demande, et sur les réquisitions du procureur fiscal, le juge François Barbeu du Boulay déclare, par ordonnance, que la femme Leray « sera payée de la somme de cent sols par mois, tant pour la nourriture que pour l'entretien de l'enfant de la fille C... jusqu'à ce que celui-ci ait ait atteint l'âge de sept ans, et ce de mois en mois, à prendre sur les domaines de l'abbaye, au paiement desquels seront contraints les fermiers ». Quelques heures avaient suffi pour assurer le sort de la bâtarde. Il arriva, quelque temps après, que la nourrice cessa d'être payée, par la négligence ou le mauvais vouloir des fermiers. Le juge délivra alors un nouveau mandement, qui obligeait son greffier à faire à la femme Leray l'avance des mois de nourrice, sauf à les retenir dans ses comptes avec l'abbaye. Ces deux ordonnances étaient exécutoires par provision, nonobstant opposition ou appellation quelconque.
- Grosse-Duperon et Gouvrion 1890, p. 189.
- Par délibération du , prise en assemblée du chapitre.
- Le cardinal serait tenu de faire en même temps l'échange des biens que la mense conventuelle possédait elle-même à Mayenne.
- Selon Grosse-Duperon, les religieux avaient cherché à profiter du contrat de l'abbé commendataire, afin d'en passer par prévoyance un autre qu'ils eussent peut-être dû accepter ensuite, dans des conditions moins avantageuses. La mesure était diplomatique : en aliénant leurs biens de Mayenne, les moines supprimaient entre eux et Mazarin un contact trop immédiat.
- Il réservait seulement l'avis favorable de Claude Baillet, prieur de l'Abbaye de Clermont, qu'il déléguait pour examiner l'affaire sur les lieux. Le mandataire trouva l'opération avantageuse pour Fontaine-Daniel, et il ne resta plus qu'à passer les contrats ; car il en fut rédigé deux, l'un avec l'abbé, l'autre avec le couvent.
- Grosse-Duperon et Gouvrion 1890, p. 190.
- Contrat devant Levasseur et Le Fouyn, notaires gardes-notes du roi en son châtelet de Paris, du 9 octobre 1658.
- Au lieu de donner quelque profit, la justice de l'abbaye deviendra un jour une charge dispendieuse. Elle était déjà un bien mince avantage matériel, sans compter les ennuis qu'elle occasionnait. Des contestations de juridiction l'obligeaient fréquemment à intervenir, pour sauvegarder la plénitude de ses droits, et à faire des dépenses de procédures et de plaidoiries.
- Thibault Ier de Mathefelon avait jadis donné le quart du produit de la redevance perçue sur les marchandises franchissant en charrette le pont de Mayenne. Depuis environ quarante ans, personne ne se présentait plus pour affermer ce droit de coutume. En 1629, on le donnait à bail pour une somme annuelle de 6 livres. Le prix de l'amodiation n'avait jamais été que de peu de valeur : le droit était impopulaire et les habitants réussissaient à se soustraire à son acquit. Dans une adjudication de 1550, on le voit baillé « conjointement avec celui de l'estalage et mesurage », moyennant 38 livres par an. Sa location, réunie en 1587 à celle « des halles, logements et establis qui en dépendaient et à estalage », donna « trente-trois escus un tiers, valant cent livres de ferme par an ». La perception de la coutume au passage du pont de Mayenne obligeait, comme conséquence, l'abbaye à contribuer à l'entretien de ce pont. La dépense dépassait le gain, et Fontaine-Daniel cherchait, de vieille date, à se débarrasser de cette propriété onéreuse (L'abbaye était également obligée à l'entretien de partie « de l'arche de la Boissière, en Commer, du Gué-Orin et du pont de Montgiroux ». Elle avait été poursuivie de ce chef, en 1475.).
- Le moulin de Brives fut affermé, en 1689, pour la somme annuelle de 240 livres (Bail devant Davoynes, notaire à Mayenne, du 8 janvier 1689) ; et en 1808, moyennant 790 fr. (soit 800#), à partir du 24 juin de la même année (Bail devant Bourdon, notaire à Mayenne, du 14 mars 1808). Le meunier, Louis Vieillepeau, l'acheta de Madame d'Aumont 7.600 fr. (Contrat devant Coignard, notaire à Mayenne, le 31 mai 1815).
- Grosse-Duperon et Gouvrion 1890, p. 196.
- De 80 boisseaux de froment, mis à la charge par moitié des menses abbatiale et conventuelle. Les 40 boisseaux, qui incombaient à la première de ces menses, seraient à l'avenir livrés aux moines de Géhard par les soins et aux frais du cardinal (On évalua, dans l'échange, le boisseau de froment à 45 sous.). L'abbaye devait au même prieuré une rente de 8 livres 4 sous, assise sur les Grands-Moulins de Mayenne : le duché acquitterait dorénavant la part de l'abbé, soit 4 livres 2 sous.
- Quittes des droits d'amortissement dus au roi, de tous frais et dépens, même des droits seigneuriaux et indemnités, auxquels les mutations donneraient ouverture. En attendant cette dation d'immeubles en paiement, le duc servirait chaque année à la mense une rente de seize cent cinq livres dix-huit sous.
- Ni le cardinal de Mazarin, ni ses successeurs, ne surent, faire accepter à l'abbé les biens qu'ils lui offraient ; parce que ces immeubles étaient roturiers et relevaient du duché de Mayenne. Il est probable, en effet, qu'on fit valoir ces motifs.
- Grosse-Duperon et Gouvrion 1890, p. 197.
- Doms Georges du Plain, prieur claustral ; Mathieu Placeau, sous-prieur ; Annibal de la Matraye, infirmier ; Pierre Garnier ; François Martin, chantre ; Jacques Gautier, cellérier ; Etienne Gaceau ; René Gonesse ; René Pottier et Bernard Guislin.
- La justice de Fontaine-Daniel était restée indivise entre les deux menses, encore bien que l'abbé en nommât seul les officiers.
- On remarquera que les moines affirmaient, par les termes de la cession qui précède, leur droit de copropriété dans la rivière, en en cédant la moitié, alors que l'abbé commendataire s'était arrogé le pouvoir de l'abandonner tout entière.
- René Le Bourdais, sieur de Fresnay, juge général criminel au duché de Mayenne.
- Sur la paroisse Notre-Dame, des immeubles au bas de la ville, au Pavé-Morin, la majeure partie de l'enclos actuel du couvent de la Visitation et des terrains appelés autrefois le Gast, sis au sud de cet enclos et à l'ouest de la rue du Pavé-Morin, relevaient de la seigneurie de la Trotterie. Celle-ci appartenait, en 1567, à « noble Hélie de Cotteblanche, sieur de la Guitterie et du fief de la Trotterie, maître des eaux et forêts de la Champagne et de la Bric, l'un des cent gentilshommes de l'ancienne bande de la maison du roi, maître d'hôtel ordinaire de monsieur le duc d'Alençon ». Elle était depuis longtemps dans la famille de Colleblanche et avait appartenu à Guy et Hélie de Cotteblanche, père et aïeul dud. sieur de la Guitterie. Le fief de la Trotterie resta la propriété des Le Bourdais jusqu'à la fin du XVIIIe siècle. En 1778, il était possédé par Nicolas Le Bourdais, négociant à Mayenne, qui avait pour sénéchal René Guyard, avocat en parlement, procureur du roi au siège de Bourgnouvel.
- Grosse-Duperon et Gouvrion 1890, p. 202.
- Placés sur la grande rivière, dont les eaux étaient abondantes, ils allaient devenir d'un rapport excellent pour leur propriétaire
- Le , le Cardinal Mazarin acheta de Jean Drouault, marchand, et de Jeanne Goyet, sa femme, un verger sis à Saint-Baudelle, qu'il réunit au moulin de ce nom.
- Par Michel Davoynes et Mathieu Bougler, notaires royaux à Mayenne, et signée, d'un côté par « monseigneur Armand-Charles, le duc de Mazarini, Mayenne et la Meilleraye, pair de France, gouverneur lieutenant général pour Sa Majesté en ses provinces Hautes cl Basses Alsaces, et gouverneur particulier des villes et forteresses de Brissac, la Fère, Port-Louis et autres, demeurant en son palais, sis à Paris, rue-neuve des Petits-Champs, paroisse Saint-Eustache » ; cl d'autre côté, par « les vénérables Dom Jacques Gauthier et Dom Ambroise Le Doïen, religieux de l'abbaye de Fontaine-Daniel », pour et au nom du prieur et du couvent.
- Cet acte d'approbation porte les signatures de : J. Le Clerc, M. Placeau, J. Gauthier, R. Gonesse, Le Doïen, R. Le Peletier, J. Fanneau et G. Gaultier.
- Grosse-Duperon et Gouvrion 1890, p. 223.
- Grosse-Duperon et Gouvrion 1890, p. 139.
- Administrateur des biens du Duché de Mayenne.
- Il écrivait, le 3 juillet 1782, à Lewal, homme d'affaire du duc de Mayenne : « Vous avez sans doute entendu parler de la suppression des Bernardins, qu'on dit arrêtée. Si cet événement est certain, comme on l'annonce, il y aurait peut-être des démarches à faire pour assurer à M. le duc la préférence pour la rentrée dans les domaines et droits qui ont été donnés par un ancien seigneur de Mayenne pour la fondation de l'abbaye de Fontaine- Daniel.... Nous avons, outre cette maison, l'abbaye de Savigny qui tient de grandes libéralités des seigneurs de Mayenne, l'abbaye de Clermont, qui également a des mouvances et des domaines dans notre ressort, l'abbaye de Champagne, (qui a) une rente à prendre sur le duché ; toutes quatre sont de l'ordre de Citeaux ou de Saint-Bernard..... ». Suivant Maupetit, la franche aumône ne faisait évidemment que suspendre les devoirs de la vassalité ; en sorte que si les biens aumônés sortaient des mains des gens d'église, ils reprenaient au profit des seigneurs leur nature de fiefs servants ou de roture. Les seigneurs n'ayant accordé à ces biens des exemptions que par des motifs pieux, elles devenaient caduques pour ceux qui étaient remis dans le commerce. Mais Maupetit ne se demandait pas de quel droit le Prince pouvait, par sa seule volonté, dépouiller l'église des dons qui lui avaient été faits. S'il n'était pas possible de maintenir Fontaine-Daniel avec sa destination primitive, n'appartenait-il point à l'autorité ecclésiastique d'en employer les biens et les revenus à d'autres œuvres, afin d'accomplir encore la volonté des fondateurs et des bienfaiteurs, qui avaient eu en vue une perpétuelle aumône.
- En 1783, les profès Coutelle, Boucher, Boulangier, Gourdin et Fouchardière s'insurgèrent contre leur prieur, qui était alors François-Joseph Bayard, originaire de la Ferté. Quatre religieux lui restaient fidèles : Ange Evrard, le procureur (Evrard devint prieur de l'Abbaye d'Aubepierre, Diocèse de Limoges.), Pierre-François-Marie Dupin, Jean-Nicolas Adam et Jacques-François Paumel.
- Deux religieux furent retirés de Fontaine-Daniel par l'abbé de Clairvaux : leur sortie n'y ramena pas le calme.
- François-Joseph Bayard racontait ainsi l'incident : «.... Nous sommes sorti de l'église et avons trouvé Pierre Leclair et René Genest, journaliers, demeurant paroisse de Contest, à qui nous avons dit de nous suivre. Étant entré avec lesd. témoins au Chapitre, nous avons trouvé Doms Coutelle, Boucher, Boulangier et Fouchardière, auxquels nous avons demandé par quelle autorité ils étaient ensemble, pour tenir chapitre ; que nous seul, en qualité de chef, avons le droit de le convoquer ; que nous leur avions défendu, la veille, de le tenir ; que nous leur réitérions nos défenses, ajoutant que c'était avec peine que nous les voyions continuer dans la révolte et la désobéissance au supérieur. À quoi a répondu Dom Boulangier : qu'ils n'étaient point dans la désobéissance, mais qu'ils avaient droit de s'assembler. Au moment que nous nous disposions à nous retirer, est entré dans le Chapitre Dom Gourdin, à qui nous avons cru voir faire un mouvement pour ôter son habit de chœur. (Acte devant Bourdon, notaire à Mayenne, du ).
- Le , Zacharie-Thomas Moullin de Vaucillon, procureur général du duché de Mayenne, et Marie-Anne-Julie-Félicité Cheminant, sa femme, constituaient en ces termes une rente viagère de 180 livres au profit de Boulangier : « ....Reconnaissons, disaient les débirentiers, avoir « reçu, avant ce jour, du sieur Bolangier, religieux profès de Fontaine-Daniel, la somme de deux mille livres, qu'il nous a donnée, sous le bon plaisir de M. l'abbé de Clairvaux, pour 180 livres de rente viagère, exempte de toutes impositions, créées ou à créer, payable chaque année à sa personne, à l'abbaye de Fontaine-Daniel, le premier juillet ». La rente de Boulangier avait été constituée par un acte sous signatures privées, qui fut déposé le au rang des minutes d'un notaire de Mayenne. Dans la comparution des parties, le nom du religieux est suivi de ces mots : « sous l'agrément et autorité de ses supérieurs majeurs ». Pour Grosse-Duperon, qu'il y ail eu complicité de quelques-uns des autres moines de Fontaine-Daniel dans cette opération, cela semble supposable ; mais que l'abbé de Clairvaux eût permis cette grave infraction, il est difficile d'y prêter foi. Il faut observer que rien ne justifie l'existence du consentement des supérieurs, dont se prévalait Boulangier ; ses allégations n'avaient, semble-t-il, d'autre but que de colorer les contrats d'une apparence de légalité.
- « Hélas ! a écrit M. l'abbé Bresteau (curé d'Oisseau, ancien curé de Saint-Georges-Buttavent.) dans les Annales de la paroisse de Saint-Georges-Buttavent, Citeaux avait remplacé Cluny, dont la vertu avait sombré au milieu des richesses. Fontaine-Daniel disparaîtra pour les mêmes causes. Ce que nous connaissons à n'en pouvoir douter, c'est la triste fin de celle abbaye, autrefois célèbre par ses vertus et l'expansion de sa charité. Si nous l'enregistrons, c'est pour montrer une fois de plus que, même sous l'habit religieux, il faut travailler à son salut avec crainte et tremblement ; que la passion du lucre, qui a séduit le disciple de Jésus-Christ et le gardien de son tombeau, selon le langage de saint Augustin, a rendu prévaricateurs ces nouveaux serviteurs de Dieu, gardiens de son autel ; qu'enfin les abbés commendataires ont une grande et terrible responsabilité dans les défections qui se sont produites.
- Després se retira dans son pays d'origine.
- Le moine Boulangier, qui prenait la parole, en 1783, pour résister à son prieur, et se créait, en 1786, un revenu particulier, contrairement à ses vœux de religion, deviendra plus tard un dignitaire de l'Église constitutionnelle. Il devint vicaire épiscopal de Jacques-Guillaume-René-François Prudhomme, Évêque constitutionnel de la Sarthe, et assista au mariage de son collègue, le grand-vicaire Pierre Laurent Roustel, ou mieux Marat-Roustel : c'est ainsi qu'on avait baptisé ce dernier à la Société populaire du Mans.
- Coutelle, originaire de Saint-Martin-de-Connée, serait rentré, suivant Dom Piolin, dans le sein de l'Eglise catholique.
- Boucher alla demeurer à La Haie-Traversaine, qui, comme on le sait, dépendait alors de la paroisse du Grand-Oisseau. Il était né à Ansauvilliers, Diocèse de Beauvais. En l'an X, la Préfecture de la Mayenne lui donnait les notes suivantes : « simple, zélé, travailleur, bon ».
- Graux se retira dans son pays d'origine.
- Né à Brécé, il se faisait remarquer pour Grosse-Duperon par la licence de ses paroles. Il enleva une jeune fille et l'épousa à La Milesse, dont il était devenu pasteur assermenté ; son union fut bénie par Doré, curé constitutionnel de La Chapelle-Saint-Aubin, qui prononça, à cette occasion, un grand discours pour établir que Dieu n'avait pas défendu le mariage des prêtres. Le 23 vendémiaire an X, l'administration préfectorale de la Mayenne, en donnant des notes sur l'ancien clergé, mettait en regard de son nom cette mention ; « marié, malheureux, a cessé d'exercer le culte. ». Il mourut à Mayenne en 1817.
- En quittant Fontaine-Daniel, Gourdin se rendit au Mans, puis accepta du Gouvernement les fonctions de curé à Brée, près Montsûrs. On l'installa dans cette paroisse le . Le 12 décembre de la même année, il devenait propriétaire de deux prés, dépendant du temporel de la cure de Brée, que le Directoire du District de Mayenne vendait nationalement.
- La loi constitutionnelle, disait le décret des 13-19 février 1790, ne reconnaîtra plus de vœux monastiques « solennels : tous les individus existant dans les monastères pourront en sortir, en faisant leur déclaration devant la municipalité du lieu, et il sera pourvu incessamment à leur sort.
- ..... Lesd. sieurs prieur et religieux, écrivait le rédacteur de la municipalité, voulant donner des preuves de leur soumission et de leur adhésion aux décrets de l'Assemblée Nationale, et notamment à celui qui permet à tous les religieux du royaume de sortir de leurs maisons et de se retirer où bon leur semblera, nous ont déclaré vouloir prêter le serment civique ordonné par les décrets, et nous ont requis de le recevoir individuellement ou en corps, et nous ont déclaré ne pouvoir mieux manifester leur dévouement à l'Assemblée Nationale et leur attachement à la Nation qu'en lui remettant, pour don patriotique, la propriété des 92 marcs 7 onces 16 deniers 12 grains d'argent par eux envoyés à la Monnaie, suivant le bordereau et la quittance du , signés Duperron de la Costey, numérotés 2.092 ; pourquoi ils nous ont remis lesd. quittance et bordereau, avec prière de les adresser nous-mêmes, avec leur présente déclaration, à l'Assemblée Nationale.. « Sur quoi, nous officiers municipaux, en applaudissant au zèle vraiment patriotique de messieurs les prieur et religieux de cette abbaye, nous les avons admis au serment civique ; lesquels ont juré individuellement entre nos mains d'être fidèles à la Nation, « à la loi et au roi ; de défendre et de maintenir de tout leur pouvoir la Constitution décrétée par l'Assemblée Nationale, acceptée et sanctionnée par le roi. Ensuite, ils nous ont déclaré vouloir profiter des dispositions des décrets de l'Assemblée ; que leur intention est de sortir de leur maison et de leur Ordre, pour se mériter le glorieux nom de citoyens et rendre à leur patrie tous les services qui dépendront d'eux ; et ce, aussitôt qu'il aura plu aux augustes représentants de la Nation d'en ordonner définitivement. Nous ont, en outre, déclaré se contenter du traite« ment que l'Assemblée jugera convenable de leur accorder, la suppliant de prendre en considération leurs déplacements, le changement de costume et la privation absolue où ils se trouvent de toute espèce de mobilier, comme il est justifié par l'état sommaire de leur maison. Et ont signé avec nous officiers municipaux.« Suivent les signatures : F. DESPRÉS, prieur. F. BOLANGIER, sous-prieur et receveur. F. COUTELLE. GUILLAUME Cocu DE LA FOURCHARDIÈRE. PIERRE BOUCHER. NICOLAS JEAN GOURDIN. FRÉDÉRIC GRAUX. — AMBROISE PELOUIN ET LAMBERT. »
- De là les uns et les autres, associés pour le brigandage, se répandent dans les campagnes environnantes, commettent des déprédations nombreuses et organisent le pillage des fermes. Il ont poussé l'audace jusqu'à vider les greniers d'une métairie de la banlieue de Mayenne et annoncent leur visite dans la ville, pour le lundi de la Pentecôte, afin de tarifer, disent-ils, le prix des grains du marché. L'angoisse est grande, on a espéré un instant pouvoir compter sur la garde-nationale ; mais celle-ci fait défection en majeure partie, ainsi que bon nombre de ses officiers. La municipalité groupe alors quelques hommes, qui, bien dirigés par Jarry-Desloges, officier de la maréchaussée de Mayenne, font une battue dans la forêt et réussissent à en chasser les malfaiteurs qui l'occupent. Parmi ceux-ci, plusieurs furent tués ou blessés.
- Les lignes ci-après sont extraites d'un de ses rapports : « L'abbaye ne sera pas vendue la dixième partie de sa valeur, et l'on peut y former un établissement utile à la République. Le ruisseau qui passe par l'abbaye fait tourner plusieurs moulins. En amont, le plus voisin, nommé Fauconnier, est à onze cents toises. Il y avait au-dessous, à huit cents toises, le moulin de Daviet, qui a été détruit, il y a cinq ans. Plusbas, près de la Mayenne, le moulin de Ponneau est à quinze cents toises de Fontaine-Daniel. On prétend que les eaux du ruisseau sont bonnes pour la tannerie et la teinturerie ; et celui-ci forme un beau canal de quinze pieds de largeur, près du monas tère. Il y a où faire une superbe blanchisserie pour les toiles. On a le projet de rendre la Mayenne navigable : on lève actuellement les plans à cet effet. Alors la distance de Fontaine-Daniel à cette navigation ne serait, dans le lieu le plus prochain, que de mille à onze cents toises. Les anciennes coupes de la forêt de Salair sont de l'âge de 60 à 70 ans. Les bois de haute futaie servent à faire du merrain et des pièces pour la marine. Il y a, à partir de Mayenne, une route commencée par travaux de charité, qui doit passer par Fontaine-Daniel et communiquer avec les paroisses qui sont au-delà, telles que partie de Contest, Placé, Saint-Germain-d'Anxure, Alexain, La Bigottière, Chailland, etc. Sur plusieurs de ces paroisses, il y a déjà de fait, avant la révolution, quelques parties de chemins de charité, qui depuis sont restées dans l'état où elles étaient. La route est faite depuis le bourg de la Bigo« tière, passant par celui d'Alexain, jusqu'à la distance d'environ deux mille toises de Fontaine-Daniel. À partir de Mayenne, il y a six à sept cents toises de faites ; et sur la vente de la réserve des bois de Fontaine-Daniel, faite en 1785, il y a une somme de 15.000# destinée, avec des fonds de charité que l'on devait demander, à continuer le parachèvement de la route, dans la partie de Fontaine-Daniel. Outre que cette route est nécessaire pour l'établissement que l'on pourrait former à Fontaine-Daniel, elle est encore très utile pour le passage des bestiaux que l'on conduit des paroisses ci-dessus dénommées aux foires et marchés de Mayenne, qui sont considérables. »
- Omer T... rétrocéda les deux tiers de son acquisition à Julien G..., et à Etienne G..., de Mayenne, par acte devant Dutertre, notaire à Mayenne, du 23 nivôse an XII. Ces trois propriétaires indivis cédèrent, le 21 juillet 1806, les biens dont il s'agita la famille Horem, fondatrice de l'établissement industriel de Fontaine-Daniel, moyennant 10.864 francs 20 centimes (représentant 11.000#). Les vendeurs avaient excepté du contrat et s'étaient réservés : « 1° La cotière de l'église, à gauche en entrant, que les cédants, est-il dit » dans l'acte, s'obligent de faire démolir à leurs frais, parcequ'ils profiteront des pierres de taille qui en proviendront ; à la charge néanmoins de conserver et de laisser subsister pour les acquéreurs les murs à la hauteur des voûtes existantes et qui touchent à ladite église. La démolition énoncée en cet article et celle de l'article ci-après ne s'entend que de l'extraction des pierres de taille seulement ; 2° Le devant de lad. église, que les vendeurs s'obligent pareillement de faire démolir à leurs frais, pour en avoir les pierres de taille, en conservant toutefois pour les acquéreurs les murs du devant de lad. église, à la hauteur de cinq mètres ; 3° Et tous les matériaux en bois existant, tant en ladite église qu'aux environs. »
- La vente du 4 juin comprenait-elle les deux parts ?
- Ces immeubles ne semblent pas les mêmes que ceux vendus avec la métairie de la Guihérie, le 3 mai 1791.
- Cet ensemble de constructions dans le voisinage de l'église ne doit pas être confondu avec les biens du presbytère, qui consistaient en maison d'habitation, écurie, étable, grange, cave et jardin, d'une superficie totale de 35 perches. Ceux-ci furent adjugés par les administrateurs du District de Caen le 4 février 1792 moyennant 3.325 livres.
- Collectif, Tissu topique, Gallimard, , 287 p. (ISBN 2-7424-1814-8).
- Dans l'église « dix feuillages de cuivre, enclavés en une pierre de marbre, estimée 5#, beaucoup de grilles de 1er autour du chœur, « pesant environ 4 800 livres ; dans la sacristie, une crédence ». Un nommé René Guibert, qui demeurait à Fontaine-Daniel, déclara au juge « que c'était tout ce qui restait des moines ; qu'il n'y avait plus de papiers à l'abbaye, que la majeure partie du mobilier avait été emmenée au District de Mayenne ».
- L'Abbé Angot parle d'un travail plus soigné et plus riche que ne le comportait la règle de Bernard de Clairvaux dans sa sévérité primitive.
- Elle n'a d'ornement qu'un fronton triangulaire avec l'écusson de l'abbaye.
- Dont les chapiteaux évasés reçoivent les retombées de voûtes d'arêtes, élancées, hardies, d'une combinaison aussi simple qu'harmonieuse
- Vues dans le Maine et l'Anjou et dans l'Histoire de Fontaine-Daniel.
- Un officier du marquisat écrivait vers le milieu du XVIe siècle qu'il y avait à Fontaine-Daniel une habitation pour le « prince » avec des écuries pour cent chevaux.
- Sources du Pré-des-Fontaines et du Champ-de-la-Croix à un kilomètre au Nord-Ouest de l'abbaye.
- Suivant la disposition de l'Abbaye de Clermont et des autres églises cisterciennes
- Dont le dessin a été plusieurs fois reproduit d'après les cartons de François Roger de Gaignières.
- Sur le tombeau, qui était en cuivre émaillé, avait été gravée cette épitaphe « Quem tegit haec tellus, dictus fuit ille Juhellus, Vir benè famosus dùm viveret, et generosus, Dapsilis in mensis, clipeus fuit orbis et ensis, Marte triumphator, procerum caput et dominator, Et per eum nota Meduanâ natio tota ; Fontis fundator Danielis et ejus amator Qui legis haec, ora tenebrosi temporis horâ Regnet cum Christo tumulo qui dormit in isto. » [Celui que couvre cette terre se nomma Juhel, de son vivant homme de bonne et grande renommée, magnifique dans le train de sa maison : il fut le bouclier et l'épée de l'univers, victorieux dans les combats, le premier et le maître des chevaliers de son temps ; et, en rendant Mayenne célèbre, il illustra le pays tout entier. Fondateur de Fontaine-Daniel, il lui témoigna toujours son affection. Toi, qui lis ces lignes, prie, aux sombres heures de notre époque, pour que celui qui dort dans ce tombeau règne au ciel avec le Christ.]
- L'abbé Pierre Cordier (1525-1530), dit-on.
- Au grand autel, six grands chandeliers avec la croix en cuivre doré, un aigle en cuivre doré ; derrière l'autel au-dessus des stalles, quatorze grands tableaux ; trois grandes grilles en fer dont une posée sur toute la longueur (largeur ?) de la nef, les deux autres de la largeur des nefs collatérales, deux autres grilles à l'entrée du chœur des deux côtés.
- Charles-François Dorlodot, curé de l'église Saint-Vénérand de Laval, qui devint Évêque constitutionnel de la Mayenne, d'accord avec ses marguillers et ses paroissiens en projeta l'acquisition. Muni de leur autorisation, il demanda, le , aux administrateurs du Directoire du département de le lui céder pour un prix à déterminer par expert ; mais l'adjudication en fut ordonnée. Le billet de publication était ainsi conçu : « L'orgue est un seize pieds, fait, il y a environ six ans, par le citoyen Parisot, composé de pédales, de trompettes, cromorne et hautbois pour jeux d'anches, et des jeux de fond complets. Il y a un positif composé de trompettes, cromorne et hautbois pour jeux d'anches et de jeux de fond complets. La hauteur du grand orgue est de 32 pieds, sur 22 de largeur. Le jubé et le buffet sont neufs et d'un très bon goût. Le tout est estimé 2.500#. D'Orlodot ne put mettre à exécution son projet d'achat. Le , Nicolas-Jean Gourdin, ancien religieux de Fontaine-Daniel, devenu curé de Brée, se rendit adjudicataire de l'orgue moyennant 4.400#.
- Par les quelques détails inscrits dans l'acte notarié, par le prix élevé attribué à l'auteur. La hauteur devait être de quarante-cinq pieds, et la largeur telle que « les deux côtés d'architecture dudit autel advanceront de telle façon qu'ils joindront les deux piliers qui soutiennent ladite église aux deux côtés dudit autel » Langlois y devait employer huit colonnes de marbre (quatre noires et quatre rouges) de huit pieds de hauteur six autres colonnes, formant l'étage supérieur, deux rouges « dans le milieu hautes de six pieds, et les quatre autres noires « des deux côtés » de quatre pieds et demi enfin, tout en haut, deux petites colonnes noires hautes de trois pieds « avec deux petites boules de marbre en costé noires de grosseur de 6 à 7 poulces », et tout naturellement ledit autel devait être « enrichy des ornemens et architectures » conformément au dessin accepté par les religieux. Ceux-ci devaient donner à Langlois la somme de 4,550 livres et lui fournir la pierre de maçonnerie et le sable les autres matériaux, marbre, tuffeau, plâtre, etc., étaient à la charge de l'architecte qui promettait de commencer son travail au lendemain des fêtes de la Pentecôte 1665 et de le continuer sans interruption jusqu'à complet achèvement.
- Il coûta 4.550 ₶.
- Extrait d'une Note sur la commune de Reville (Manche), adressée à la société par M. le comte Duparc, ancien député. Mémoires de la Société des antiquaires de Normandie, Volume 6, p. 398.
- Grosse-Duperon 1896, p. 227.
- Extrait d'une Note sur la commune de Réville (Manche), adressée à la société par M. le comte Duparc, ancien député, Mémoires de la Société des antiquaires de Normandie, Volume 6, p. 398.
- Guillaume de Souday et sa femme lui donnèrent le revenu de deux chapellenies qu'ils possédaient dans le diocèse d'Angers; André II de Vitré lui concéda LX sols tournois sur ses moulins de Châtillon; Maurice de Craon, VI livres tournois sur le passage de Chantocé; Constance, sa sœur, XX sols tournois sur son domaine de Chantocé, pour acheter l'huile de la lampe qui devait brûler, nuit et jour, dans l'église de ce monastère ; et Guy V de Laval, dans sa grange des Alleux, la quatrième partie de la coutume d'Ernée, un homme dans le même domaine et dix sols mansais de revenu annuel à prendre dans ladite grange (Cartulaire de Fontaine-Daniel, charte de Jean, archevêque de Tours. - Grange, Praedium rusticum, d'après Ducange, Glossaire, t. III, p. 554).
- Grosse-Duperon et Gouvrion 1890, p. 252.
- La charte spéciale qui mentionne ce bienfait fut scellée en 1206, à Savigny, dans la salle capitulaire de cette abbaye. Laurent, premier abbé de Fontaine-Daniel, était présent.
- Passagium erat tributum quod a transeuntibus exigitur (Glossaire de Ducange, t. V, p. 121).
Voir aussi
modifierArticles connexes
modifierQuelques autres abbayes de la Mayenne :
- Abbaye de la Roë
- Abbaye Notre-Dame d'Évron
- Abbaye de Clermont
- Abbaye du Port-du-Salut
- Abbaye de Bellebranche
Bibliographie
modifier- Mémorial de la Mayenne, Godbert, , p. 380-381.
- Albert Grosse-Duperon et E. Gouvrion, L'Abbaye de Fontaine-Daniel : Étude historique, et le Cartulaire de Fontaine-Daniel, Mayenne, Poiner-Béalu, , 2 vol. in-8 (lire en ligne).
- Archives nationales, X/1a. 4 846, f. 58 ; X/2a. 52.
- « Abbaye de Fontaine-Daniel », dans Alphonse-Victor Angot et Ferdinand Gaugain, Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne, Laval, A. Goupil, 1900-1910 [détail des éditions] (BNF 34106789, présentation en ligne)
- Comte de Beauchesne, « L’abbaye de Fontaine-Daniel, étude historique du cartulaire de Fontaine-Daniel, par MM. Grosse-Dupéron et Gouvion, Mayenne, 1896 », Revue historique et archéologique du Maine, t. XLI, , p. 140-144.
- Jean-René Ladurée, « Clairmont et sa fille, Fontaine-Daniel : deux fondations claravalliennes dans le Bas-Maine », dans Ghislain Baury, Vincent Corriol, Emmanuel Johans et Laurent Maillet (dir.), Les cisterciens dans le Maine et dans l'Ouest au Moyen Âge, t. 120, coll. « Annales de Bretagne et des Pays de l'Ouest » (no 3), (DOI 10.4000/abpo.2633), p. 135-151.
Références utilisées par l'Abbé Angot
modifier- Insinuations ecclésiastiques
- Lib. fundat., t. II, f. 370.
- Gallia Christiana, t. XIV.
- Archives nationales, JJ. 62, f. 100 ; 66, f. 410 ; X/1a. 1.566, f. 328, 329 ; X/2a. 52 non paginé, versus finem ; L. 969, 972 ; p. 398 ; Q/1. 704 ; R/5. 386, f. 16 ; 387, f. 169 ; 391, f. 8 ; S. 7.486.
- Caumont, Notice sur Fontaine-Daniel, dans le Bullutin monumental, t. II, p. 15.
- Histoire de Mayenne.
- Bibliothèque nationale, fr. 8.736 ; lat. 18.946, f. 460.
- Archives municipales de Saint-Georges-Buttavent.
- Edmond Lucien Leblanc, Les derniers jours de Fontaine-Daniel.
- Revue du Maine, t. XXII, p. 290.
- Bibliothèque municipale de Laval, fonds Couanier, 2 chartriers du XIIIe siècle
- Cabinet Brière, 2 chartriers du XIIIe siècle
- Bertrand de Broussillon, La maison de Craon et La maison de Laval.
Liens externes
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- Ressource relative à l'architecture :