Marcel Lucain, né Louis Buttafoghi le à Marseille et mort le [1],[2] à Paris, est un journaliste, écrivain et directeur de journaux puis de musée du XXe siècle en France.

Marcel Lucain
Biographie
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Décès
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Louis Jean-Marie Pierre ButtafoghiVoir et modifier les données sur Wikidata
Activité

Biographie modifier

Louis Buttafoghi naît le à Marseille. Il a commencé sa carrière comme rédacteur politique du journal quotidien parisien Le Matin, l'un des quatre grands quotidiens dans les années 1910 et 1920, tirant un million d'exemplaires à la veille de 1914, mais dont la diffusion baissa à partir des années 1920. Il y adopte très jeune le pseudonyme de « Marcel Lucain ».

Recruté au sein du Matin pour développer le service politique du quotidien Paris-Midi, il en est l'éditorialiste officiel[3] et fait venir du Matin son ami Yves Krier, qui est nommé chef des informations[4]. Ensuite rédacteur en chef politique de Paris-Midi, il est également chargé de mission au Maroc et en Afrique du Nord [5]. Marcel Lucain se montre convaincu en 1931 que l'Exposition coloniale internationale est une "édifiante manifestation" de la mission coloniale de la France[6],[7]. Dans un livre consacré à l'Italie fasciste et publié en 1933, il souligne que sa Charte du travail permet d'organiser la collaboration de classes et « fait pour beaucoup le mérite du régime fasciste en lui donnant « un intérêt supérieur à toutes les formes plus ou moins originales de dictature » »[8].

L'hebdomadaire belge de droite Pourquoi pas le présente comme un des meilleurs écrivains et journalistes politiques français, ainsi que « l’un des plus zélés à soutenir Gaston Doumergue dans son effort d’apaisement »[9] lorsqu'il est rappelé comme président du Conseil, après la manifestation du 6 février 1934 et ses événements sanglants devant l'Assemblée nationale française, pour former un gouvernement d'union nationale où se côtoient André Tardieu et Édouard Herriot.

Six mois plus tard, en octobre 1934, il s'élève contre l'immigration dans les colonnes du journal, à l'unisson avec la presse d'extrême droite et dénonce « la lamentable carence des services chargés de l'épuration et du contrôle des étrangers en France » [10]. Ses articles sont « lus avec passion », très critiqués à gauche, mais ils « influent sur la formation des gouvernements »[11]. Le président du Conseil en juin 1936, Léon Blum, le présentera dans ses mémoires comme un « journaliste intelligent et expert à flairer les courants de l'atmosphère politique »[12].

Marcel Lucain est par ailleurs chroniqueur parisien du Petit Marseillais, le plus important des journaux de province puis rédacteur en chef du quotidien Le Temps. Conférencier, il milite pour la réforme de l'État[13].

Il est fait grand officier de la Légion d'honneur en 1949, alors qu'il est rédacteur en chef de la revue Hommes et Monde[14]. Il est ensuite un conservateur militant du Musée de la France d’outre-mer , qui sera rebaptisé « musée des Arts africains et océaniens » en 1960 puis « musée national des Arts d'Afrique et d'Océanie » à partir de 1990, construit à l'occasion de l'Exposition coloniale internationale de 1931. En 1950, il y succède à Marius Ary-Leblond, un écrivain venu de La Réunion[15], qui avait été cofondateur de la Société des romanciers et auteurs coloniaux en 1924, afin de défendre la littérature coloniale et « de servir la plus grande France » en donnant « à la propagande coloniale l’impulsion la plus large et le caractère le plus élevé ».

C'est l'époque où le musée « renoue avec la conception primitive » voulue lors de sa fondation par Gaston Palewski lorsqu'il était chef de cabinet de Paul Reynaud, alors ministre des Colonies[16]. Marcel Lucain « prétend ramener le musée à ses origines » en le qualifiant de “ Maison du Maréchal Lyautey " et organise une exposition remarquée sur l'explorateur Pierre de Brazza[17]. Il est décédé en 1963.

Il décède le à son domicile du 12 rue Vineuse[2] dans le 16e arrondissement de Paris.

Bibliographie modifier

  • Les Romains d'aujourd'hui ouvrage illustré de nombreuses photographies, par Marcel Lucain, en 1933 aux éditions Jules Tallandier, avec une préface d'Henry de Jouvenel.

Notes et références modifier

  1. Notice de la BnF
  2. a et b Mairie de Paris, « Actes de décès à la mairie du XVIième arrondissement de Paris du 12 février 1963 (acte n° 301) au 2 avril 1963 (acte n° 601) : Acte de décès n°466 de Louis Buttafoghi » Accès libre, sur archives.paris.fr, p. 17
  3. "The French Right and Nazi Germany, 1933-1939: A Study of Public Opinion" par Charles Antoine Micaud, Editions Duke University Press, 1943
  4. "Pierre Lazareff à la une" par Jean-Claude Lamy [1]
  5. "Le palais des colonies: histoire du Musée des arts d'Afrique et d'Océanie", par Germain Viatte, Editeur Réunion des musées nationaux, en 2002
  6. "Enemies of Empire" par John Gaffar La Guerre, aux Editions University of the West Indies en· 1984, page 84
  7. "Du musée colonial au musée des cultures du monde" Actes du colloque organisé par le Musée national des arts d'Afrique et d'Océanie et le Centre Georges-Pompidou, 3-6 juin 1998, par Dominique Taffin, Editions Maisonneuve et Larose, 2000
  8. Christophe Poupault, « Travail et loisirs en Italie fasciste. Le système corporatif et l’encadrement des masses laborieuses vus par les voyageurs français », Cahiers d'histoire. Revue d'histoire critique, no 121,‎ , p. 169-188 (ISBN 978-2-917541-38-8, lire en ligne, consulté le ).
  9. "Léon Degrelle, ou l'agitateur agité", dans Pourquoi pas du 19 Octobre 1934 []
  10. "L'opinion française et les étrangers en France, 1919-1939" par Ralph Schor, Publications de la Sorbonne, 1985 [2]
  11. "Oui patron..." par Philippe Boegner, aux Editions Julliard en 1976 [3]
  12. "Reparations et désarmement. Les problèmes de la paix. La montée des fascisme: 1928-1934" par Léon Blum, publié aux Editions Albin Michel en 1972
  13. "Carnets de Marcel Cachin. Premier semestre 1931" publié par Denis Peschanski, Jacques Girault et Serge Wolikow en octobre 2020 à CNRS Éditions [4]
  14. [5]
  15. "Vestiges of Colonial Empire in France" par R. Aldrich, aux Editions Springer, en. 2004 [6]
  16. "De l’orientalisme à l’art colonial : les peintres français au Maroc pendant le Protectorat (1912-1956) Tome 1" thèse d'histoire de Marlène Lespes, sous la direction de Jean Nayrolles, professeur d’histoire de l’art, à l'Université Toulouse Jean Jaurès, en 2017 [7]
  17. "L'exposition " Brazza et ses compagnons" fait revivre l'aventure du grand conquérant pacifique" par Jean Couvreur, dans Le Monde le 19 avril 1952 [8]

Liens externes modifier