Marguerite van Eyck

peintresse, miniaturiste et enlumineuse flamande du XVe siècle

Marguerite van Eyck (ou d'Eyck ; en néerlandais : Margareta van Eyck[n 1]) est une peintresse flamande du XVe siècle, active dans les Pays-Bas bourguignons. Appartenant à l'école des primitifs flamands, ses frères Jean, Hubert et Lambert van Eyck sont aussi artistes. Son existence a été remise en question car aucun document contemporain ne la mentionne, mais elle aurait travaillé en étroite collaboration avec ses frères dans les régions de Bruges et de Gand, où elle est inhumée auprès de Hubert, dans la cathédrale Saint-Bavon.

Marguerite van Eyck
Marguerite van Eyck par Jan l'Admiral. (1764)
Naissance
Décès
Av. 1426 ou ap. 1493
Peut-être à Gand (Pays-bas bourguignons)
Nom de naissance
Margareta van Eyck
Autres noms
Marguerite d'Eyck (en français), Margriete van Eyck, Margarete van Eyck, Margaretha van Eyck (en néerlandais)
Activité
Mouvement
Influencée par
Fratrie
Hubert van Eyck
Jan van Eyck
Lambert van Eyck (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Parentèle
Margareta van Eyck (belle-sœur)
Œuvres principales
Certaines enluminures des Heures de Turin-Milan (attribution possible)
L'Agneau mystique (contribution possible)

Ses talents de miniaturiste sont renommés en l'Europe de son temps, et si plusieurs ouvrages furent attribués à Marguerite van Eyck — elle a peut-être enluminé une partie des Heures de Turin-Milan —, aucune œuvre d'elle n'est connue avec certitude. Marguerite van Eyck ne doit pas être confondue avec Marguerite van Eyck, sa belle-sœur et épouse de Jean.

Biographie

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Sources

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En 1559, dans son Ode à l'Agneau mystique, le peintre et auteur Lucas D'Heere écrit, à propos de Hubert van Eyck, que : « sa sœur impressionna aussi beaucoup avec ses peintures » et qu'elle est enterrée avec lui. En 1574, l'historien de l'art Marcus van Vaernewijck rapporte qu'elle s'appelait Marguerite. Il affirme encore qu'en raison de l'atmosphère familiale, elle peignait comme ses frères et qu'elle est restée vierge jusqu'à la fin de sa vie[1]. En 1604, Carel van Mander ne fait que répéter les informations précédentes dans le Schilder-boeck[2].

En 1907, l'artiste belge Henri Hymans considérait l'existence de Marguerite comme « problématique » ; il suggère qu'elle est un doublet malencontreux de Margareta van Eyck, épouse de Jean van Eyck et dont le nom de famille est inconnu[3]. En 1915, Fritz Winkler, dans sa notice, croit que C. van Mander a croisé les informations de L. D'Heere et M. van Vaernewijck, donnant lieu à de nombreuses hypothèses sur les œuvres attribuées de Marguerite van Eyck, dont l'existence lui paraît suspecte[4].

Vie à Gand

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Pierre tombale de Hubert van Eyck, qui aurait aussi porté le nom de Marguerite.

En 1675, Joachim von Sandrart donne des détails biographiques, mais Rudy van Elslande juge qu'il faut les reléguer au rang de fables. Ainsi, Marguerite van Eyck aurait travaillé avec son frère Hubert à Gand, mais l'information est incertaine[5]. Marguerite van Eyck était très respectée à Bruges[6].

Hubert van Eyck meurt à Gand en septembre 1426 et il n'a aucun héritier résidant dans la ville. Une tradition attestée depuis Lucas D'Heere et répandue en Flandres affirme que sa sœur est enterrée avec lui. Marguerite van Eyck est-elle morte avant Hubert ou s'est-elle installée à Gand après la mort de celui-ci ? Son corps a-t-il été exhumé pour être enterré avec lui ? Plusieurs questions sans réponses définitives[5], mais être inhumée dans une chapelle de la cathédrale Saint-Bavon de Gand est un grand honneur qu'on lui fit[6].

L'historien de l'art Erwin Panofsky découvre qu'en 1437, les dénommés Jan et Margriete van Eycke [sic], enfants de Willems van Eycke, paient une rente semi-annuelle à Bruxelles. Panofsky se demande s'il s'agit du peintre et de sa sœur sans pouvoir l'affirmer avec certitude. Ces rentes étaient émises pour le duc Philippe le Bon, afin de rembourser ses dettes liées à la guerre de Cent Ans. Le paiement de la rente de Jan et Margriete van Eyck dure jusqu'en 1493, date de la mort Jan van Eycke et à laquelle le montant est totalement remboursé[5].

Œuvres

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Parce qu'elle est une femme, Marguerite van Eyck a longtemps été reléguée au rang de miniaturiste, dont les talents furent renommés jusqu'en Italie du Sud. Cependant, les peintresses de cette époque n'étaient pas cantonnée à cette pratique, et plusieurs auteurs estiment possible que Marguerite van Eyck collabora aux enluminures des Heures de Turin-Milan, avec son frère Jean et d'autres membres du mouvement eyckien[5],[6].

Il est possible que l'adelphie van Eyck ait été à la tête d'un atelier familial et que Marguerite participa à la réalisation de commandes pour la municipalité ou des particuliers gantois. Il se peut que Lambert et Marguerite contribuèrent au retable de Gant en aidant leurs frères Hubert, qui le commença, et Jean, qui le termina[6]. En 1904, Clara Erskine Clement écrit que Marguerite van Eyck a peint les portions d'un bréviaire conservé à la Bibliothèque nationale de France à Paris, plusieurs illustrations de divers et riches manuscrits sont de sa main, et une Madonne conservée à la National Gallery de Londres lui est attribuée. C. Erskine Clement note qu'aucune œuvre n'est exclusivement attribuable à Marguerite van Eyck étant donné qu'elle a étroitement collaboré avec ses frères[7].

Postérité

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Marguerite van Eyck (détail du tableau de Ducq, 1820).
Marguerite van Eyck (détail du tableau de Ducq, 1820).

Dans les arts figurés

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Une gravure avec les portraits de Jean, Hubert et Marguerite van Eyck est réalisée par Jan l'Admiral en 1764.

Marguerite van Eyck, habillée en vert et avec une coiffe blanche, est représentée assise à droite du tableau Antonello de Messine dans l'atelier de Jan van Eyck, peint par Joseph-François Ducq en 1820[8].

Dans la littérature

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En 1861, Charles Reade publie The Cloister and the Hearth, son ouvrage le plus célèbre, dans lequel Marguerite van Eyck (Margaret Van Eyck) enseigne la miniature au père d'Érasme.

En 2022, Kathleen Vereecken publie Margriete, une biographie fictive de Marguerite van Eyck.

Notes et références

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  1. Marcus van Vaernewijck l'appelle ainsi en 1574. Carel van Mander l'appelle Margriete van Eyck en 1604.

Références

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  1. (nl) Marcus van Vaernewyck, De historie van Belgis, vol. 2, 1829, D. J. Vanderhaeghen (1re éd. 1574) (lire en ligne), p. 206-207.
  2. Carel van Mander, Het schilder-boeck, 1969, f. 199 r.
  3. Henri Hymans, Les Van Eyck, Paris, Henri Laurens, , 127 p., p. 56 et 87.
  4. (de) Fritz Winkler, « Eyck, Margriete van », dans Allgemeines Lexikon der bildenden Künstler, vol. 11, Leipzig, E. A. Seemann, (20 juin 2024), p. 134
  5. a b c et d Rudy van Elslande, « De Van Eycks te Gent », Ghendtsche Tydinghen, 12(3), 1983, p. 155 et 159-160.
  6. a b c et d Catherine Verleysen et al., Van Eyck : de optische revolutie, Hannibal, 2020, 41 p., p. 7-8.
  7. (en) Clara Erskine Clement, « Eyck, Margaretha van », dans Women in the fine arts : from the seventh century B.C. to the twentieth century A.D., Boston et New York, Houghton, Mifflin and Compagny, , 395 p., p. 119-120
  8. Musea Brugge, livret pour l'exposition Mysthische primitieven, 2015, p. 2-3.

Annexes

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Articles connexes

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Liens externes

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