Musée national (New Delhi)

musée en Inde
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Le Musée national (en hindi : राष्ट्रीय पुरातात्विक संग्रहालय (rāṣṭrīy purātātvik saṅgrahālay), en anglais : National Museum), appelé aussi Musée national d'Inde, est l'un des plus grands musées d'Inde. Il a été créé en 1949 et contient des œuvres et objets allant de la période préhistorique jusqu'à l'art moderne. Il dépend administrativement du Ministère indien de la culture. Le bâtiment du musée se trouve sur l'angle des Janpath et Maulana Azad Road à New Delhi[2]. En 2011, le musée possédait plus de 200 000 œuvres, de provenance indienne ou étrangère, couvrant 5 000 ans d'histoire[3].

Musée national
Informations générales
Nom local
राष्ट्रीय पुरातात्विक संग्रहालय
National Museum
Type
Musée national
Ouverture
15 août 1949
Dirigeant
Dr. V. K. Mathur
Visiteurs par an
600–700 000 par an[1]
Site web
Collections
Époque
Nombre d'objets
200 000 au total
Bâtiment
Architecte
Ganesh Bhikaji Deolalikar (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Localisation
Pays
Commune
Coordonnées
Carte

Il abrite également au premier étage l'Institut d'histoire de l'art, de conservation et de muséologie du musée national, créé en 1983 et qui est une université depuis 1989, dispensant des cours et des formations de niveau maîtrise et doctorat en histoire de l'art, conservation et muséologie[4].

Histoire

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Les origines du Musée national remontent à 1946, lorsque le Maurice Gwyer Committee est chargé de préparer une exposition consacrée à l'art indien et organisée par la Royal Academy de Londres avec le soutien des gouvernements britannique et indien[2]. L'exposition rassemble alors des œuvres en provenance de plusieurs musées d'Inde. Elle s'ouvre à la galerie de la Burlington House à Londres pendant l'hiver 1947–1948, puis elle est transportée à New Delhi dans le Rashtrapati Bhavan (la résidence du Président) en 1949. Le succès est tel qu'il entraîne la décision de créer un musée à New Delhi : au lieu de disperser à nouveau les objets rassemblés pour l'exposition, les organisateurs s'adressent aux musées, aux gouvernements et aux autres propriétaires des œuvres pour les inviter à en faire don ou à les vendre afin de constituer le noyau de la collection du nouveau musée[2]. Le Musée national est ainsi inauguré à New Delhi dans le Rashtrapati Bhavan le par le Gouverneur général d'Inde, R.C. Rajagopalachari.

En mai 1955, à l'initiative du Premier ministre d'alors, Jawaharlal Nehru, un nouveau bâtiment est prévu pour accueillir le musée[2]. La construction se fait en deux étapes, dont la première se termine en 1960 et la deuxième en 1989. Lorsque le nouveau bâtiment est fonctionnel en 1960, la collection initiale hébergée au Rashtrapati Bhavan y est transférée à l'exception de deux pièces, le Bouddha conférant protection (École de Mathura, Ve siècle) et le chapiteau au taureau de Rampurva (Sculpture Maurya, c. IIIe siècle av. J.-C.), qui sont retenus au Palais présidentiel à la demande de Nehru, et peuvent y être encore admirés.

Depuis sa création, le Musée national doit une grande partie de sa structure et de son organisation originales à l'exemple du Musée indien de Calcutta, car certains de ses premiers conservateurs étaient d'anciens employés de ce dernier, tels que C. Sivaramamurti. Même si le Musée national aspirait à remplacer la position historique que le Musée indien avait acquis en tant que musée le plus grand et le plus grandiose de l'Inde. Le Musée national a encouragé les chercheurs et le public à penser différemment les objets exposés, en plaçant ceux-ci dans un contexte historique général et en leur permettant de parler pour une représentation plus large en dehors d'eux-mêmes. Une approche muséale innovante à cette période et pour le contexte muséographique indien, largement hérité de l'époque coloniale.

Grace Morley fut la première directrice du Musée national de New Delhi, qui joua auparavant un rôle déterminant en tant que directrice fondatrice du Musée d'art de San Francisco (aujourd'hui Musée d'art moderne de San Francisco), de 1935 à 1958[5]. Elle rejoint le Musée national le et en assure la direction durant les six années suivantes. Elle faisait partie des défenseurs de la démocratie culturelle qui pensaient que l’art devait être accessible à tous, et avait la ferme conviction du rôle crucial que les musées pouvaient jouer dans cette entreprise[6]. Dans ses installations pour le Musée national, ce désir de sécularisation et de démocratisation s'est concrétisé à travers la présentation de sculptures dans des espaces classiques en cubes blancs, avec un minimum d'informations contextuelles[7]. C'est son système d'exposition de « stockage visuel », caractérisé par des socles minimalistes en teck, des bouches d'air conditionné, un éclairage sur rail et de grandes vitrines avec des contremarches décalées pour une variété visuelle. Une organisation qui conduit le musée à acquérir une reconnaissance internationale, celui-ci en reflète encore l'influence dans son fonctionnement actuel. Elle a demandé aux menuisiers chargés de la fabrication du mobilier, de construire des vitrines d'expositions et des sièges, des armoires et des caisses de style Eamesien, qui reflétaient des lignes modernistes et épurées. Ces équipements constituaient un cadre parfait et rationalisé pour une projection de la modernité auprès du public. Des palettes de couleurs harmonieuses, un éclairage dramatique et tamisé, des coussins d'espace autour des objets placés à hauteur des yeux et, à l'occasion, une plante feuillue pour une pause visuelle, tout cela a contribué à la création d'un musée moderne[7].

Bâtiment

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Le bâtiment actuel du Musée national a été conçu par l'architecte Ganesh Bikaji Deolalikar, la première pierre est posée par le Premier ministre Jawaharlal Nehru le 12 mai 1955. Il est inauguré par le Dr. Sarvepalli Radhakrishnan, vice-président de l'Inde, le 18 décembre 1960. Il se trouve sur le terrain prévu dans le plan d'Edwin Lutyens (l'architecte de New Delhi) pour le musée impérial, qui était auparavant occupé par un petit musée des antiquités d'Asie centrale qui hébergeait l'importante collection de l'explorateur Sir Aurel Stein.

Le bâtiment du musée national était prévu pour être construit en plusieurs phases afin de lui donner finalement une forme octogonale. La première phase a été inaugurée en 1960, et la seconde a été achevée en 1989. La troisième et dernière phase, dont la première pierre a été posée le 18 décembre 2017, doit impliquer la démolition du bâtiment de l'Archaeological Survey of India (ASI) qui a été déplacé à Dharohar Bhawan. Comme le suggèrent les cartes du plan original, il reste environ un quart de la portion à ajouter pour achever le bâtiment. Le bâtiment du musée national comporte trois étages avec des galeries rayonnant à partir d'un jardin central. L'Institut du musée national, qui se trouve au premier étage du musée et qui a le statut d'université, a déménagé à l'issu de ces travaux dans un nouveau campus à Noida.

Dans le cadre du Central Vista Project, un important projet de réaménagement urbain du cœur de New Delhi par le gouvernement de Narendra Modi, le bâtiment du musée devrait être détruit et le musée déplacé au Secretariat Building. Ce dernier, situé sur la colline de Raisina, devant le Palais présidentiel, est actuellement un complexe administratif massif qui accueille de nombreux ministères et bureaux du gouvernement indien, dont ceux du Premier ministre[8].

Collections

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En 2011, le musée possédait plus de 200 000 œuvres s'étalant sur plus de 5 000 ans d'histoire[3]. Les objets conservés dans ces collections sont de nature très variée et consistent en découvertes archéologiques, armes, armures, œuvres d'art figuré, joaillerie, manuscrits, peintures et miniatures indiennes, vêtements et textiles, etc. Le musée est connu entre autres pour sa collection d'art bouddhique comprenant notamment les reliques de Bouddha datant des Ve–IVe s. av. J.-C. et découvertes à Piprehwa dans le district de Basti (Uttar Pradesh). Le musée possède aussi des collections plus restreintes consacrées aux arts précolombiens et aux arts modernes. Seulement six à sept pour cent de l'ensemble des artéfacts conservés par le musée sont exposés, le reste l'est par rotation ou dans le cadre des expositions temporaires. La dernière phase d'expansion du bâtiment du musée pourrait permettre d'exposer définitivement trois à quatre pour cent d'artéfacts supplémentaires.

Les collections exposées sont présentées dans des parcours en galeries, organisées autour d'une thématique, d'un type d'artéfacts ou d'une civilisation ou aire géographique.

Galerie harappéenne

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Le musée possède la collection la plus complète au monde d'antiquités de la civilisation harappéenne, également connue sous le nom de civilisation de la vallée de l'Indus, constituée de plus de 3 500 artéfacts qui sont un prêt permanent de la part de l'Archaeological Survey of India[9]. Parmi les pièces les plus célèbres, on trouve la Danseuse en bronze, qui appartient à la période mature harappéenne, un des squelettes excavé du site de Rakhigarhi dans l'Haryana, la figurine en terre cuite de la Déesse mère, ou encore le sceau dit de Pashupati. La galerie présente également d'autres sculptures en bronze et en terre cuite, des objets en os, en ivoire, en stéatite, des pierres semi-précieuses, des poteries peintes, des bijoux, et des sceaux.

Les collections publiques muséales dans le nord du sous-continent indien, y compris celle du Musée national, ont été impactées par l'histoire moderne de la région et de sa Partition en 1947. Lorsque l'un des principaux sites de la civilisation harappéenne, Mohenjo-daro, a été fouillé dans les années 1920, les archéologues ont d'abord déposé les pièces importantes au musée de Lahore, puis l'archéologue Mortimer Wheeler les a transférées à Delhi, en prévision de la construction d'un musée impérial central dans cette ville. Au moment de la Partition, la question de la propriété de ces objets s'est posée, et les deux pays ont finalement convenu de partager toutes les collections de manière égale, bien que cela ait parfois été interprété au sens littéral, plusieurs colliers et gaines ayant été démontés, la moitié des perles étant envoyée au Pakistan et l'autre moitié conservée en Inde. Selon Nayanjot Lahiri, « l'intégrité de ces objets a été compromise au nom d'un partage équitable ». Parmi les deux figures sculptées les plus célèbres trouvées à Mohenjo-daro, le Pakistan a demandé et obtenu la figure en stéatite d'un homme barbu, surnommé le Roi-Prêtre, tandis que le Musée national a conservé la statuette en bronze de la Danseuse, une femme nue ornée de bijoux. Bien que les sites majeurs indusien, tels que Mohenjo-daro, Harappa ou Chanhu-daro, désormais au Pakistan, bénéficient d'une bonne représentation dans cette galerie et les collections du musée, celles-ci incluent et s'enrichissent également des découvertes faites dans les fouilles effectuées après 1947 dans l'Inde actuelle, comme celles de Daimabad, Rakhigarhi et Dholavira.

Galerie des arts maurya, shunga et satavahana

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La galerie présente des œuvres datant du IVe siècle av. J.-C. au Ier siècle av. J.-C.. Les objets couvrent trois grandes dynasties : les Mauryas, les Shungas et les Satavahanas. Les œuvres de la galerie ont une influence achéménide et grecque, caractérisée notamment par des finitions en miroir (une technique connue aussi sous le nom de « poli mauryen »). La galerie abrite également des fragments de balustrades provenant de divers stupas anciens, sur lesquels sont gravés des épisodes de la vie de Bouddha. Deux pièces majeures parmi celles-ci sont celle qui montre la visite du sage Asita au bébé Siddharta, et la balustrade de Bharhut qui dépeint l'histoire du partage des reliques associées à Bouddha par le brahmane Drona. Une caractéristique typique de la période à laquelle appartiennent les artéfacts de la galerie, est que les sculptures ne représentent pas Bouddha sous sa forme physique. Il est toujours représenté à l'aide de symboles tels que le Dharmachakra, l'arbre de la Bodhi, le trône vide et les empreintes de pas.

Galerie kouchane

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Cette galerie présente des objets d'art de la période kouchane (entre les Ier et IIIe siècles), marquée par ses grandes « écoles d'art », dont les principales étaient l'école d'art du Gandhara et l'école d'art de Mathura. L'école du Gandhara a été fortement influencée par l'iconographie grecque et les thèmes étaient principalement bouddhistes. Tandis que l'école de Mathura présente une iconographie composite, touchant à la fois au bouddhisme, au jaïnisme et au brahmanisme. Les œuvres de cette galerie témoignent de la rupture qui s'opère dans l'art bouddhique à cette période, le Bouddha y étant représenté pour la première fois sous une forme physique. Parmi les pièces maîtresses de la collection, on peut remarquer Le Bouddha debout (entre les IIe et IIIe siècles), réalisé en pierre schisteuse grise dans l'école d'art du Gandhara, le Kubera d'Ahicchatrâ, le Chattramukhi Shivlinga, le Bodhisattva et les plaques votives jaïns.

Notes et références

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  1. Nitin Sreedhar, "A date with history", The Financial Express, le 27 décembre 2015.
  2. a b c et d History, nationalmuseumindia.gov.in, page consultée le 5 octobre 2013.
  3. a et b Delhi, 100 years as the Capital, Swati Daftuar, The Hindu, . Page consultée le 5 octobre 2013.
  4. (en) « National Museum Institute of History of Art, Conservation & Museology », sur nmi.gov.in (Site officiel de l'Institut d'Histoire de l'Art, de Conservation et de Muséologie du Musée national) (consulté le )
  5. (en) Jose Parra-Martinez et John Crosse, « Grace Morley, the San Francisco Museum of Art and the Early Environmental Agenda of the Bay Region (193X-194X) », Feminismo/S,‎ (ISSN 1696-8166, DOI 10.14198/fem.2018.32.04, lire en ligne, consulté le )
  6. (en-US) Kara Kirk, « Grace McCann Morley and the Modern Museum », sur SFMOMA (Site officiel du San Francisco Museum of Modern Art) (consulté le )
  7. a et b No touching, no spitting, no praying: the museum in South Asia, Routledge, Taylor and Francis Group, coll. « Visual & media histories », (ISBN 978-1-138-79601-0)
  8. (en) Shikha Mukerjee, « The Demolition of the National Museum Will Extinguish the Identity of an India That was Born in 1947 », sur The Wire, (consulté le )
  9. (en) Pramila Phatarphekar (dir.) et al., Treasures: National Museum New Delhi, New Delhi, National Culture Fund : Niyogi Books, coll. « Treasures series », (ISBN 978-93-83098-80-4, OCLC 908633903)

Articles connexes

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Liens externes

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