Mustapha Pacha
Mustapha Pacha ou Mustapha VI ben Brahim Pacha (arabe : مصطفى بن ابراهيم باشا) ou Mustafa Pacha est dey d'Alger entre mai 1798 et le , date de son assassinat par un janissaire.
Mustapha Pacha مصطفى بن ابراهيم باشا | |
Le Capitaine William Bainbridge rend hommage à Mustapha Pacha, dey d'Alger | |
Fonctions | |
---|---|
20e Dey d'Alger | |
– (7 ans, 3 mois et 30 jours) |
|
Prédécesseur | Baba Hassan Pacha |
Successeur | Ahmed II |
Khaznadji | |
– (6 ans, 9 mois et 19 jours) |
|
Prédécesseur | Baba Hassan Pacha |
Biographie | |
Nom de naissance | Mustapha ben Brahim |
Lieu de naissance | Alger (Régence d’Alger) |
Date de décès | |
Dey d’Alger | |
modifier |
Biographie
modifierIl succède à Baba Hassan Pacha dont il est khaznadji (chef du gouvernement et des finances) et le neveu, ainsi que le petit fils du grand pacha et dey d'Alger Mohamed Ben Othmane et précède Ahmed II. En 1798, Napoléon lance la campagne d'Égypte. La régence d'Alger déclare la guerre à la France en soutien à La Sublime Porte[1] ; en même temps Alger fournit à l'armée du Directoire du blé en grandes quantités[2], par l’intermédiaire de deux marchands, Joseph Cohen Bacri et Naphtali Busnach (ou Boudjenah), les deux sont des proches de Mustapha Pacha[3].
Les exportations de blé vers la France contribuent à la victoire de Napoléon sur les Ottomans en Égypte, mais provoquent l’irritation de Constantinople envers Mustapha Pacha.
Busnach et Bacri profitent de leur influence sur le Dey pour asseoir un empire commercial et finissent par obtenir un quasi-monopole sur le commerce international de la régence[4].
En , Mustapha Pacha nomme Busnach responsable de la communauté israélite, mais les janissaires, victimes des récurrentes pénuries de blé qui résultent de l'exportation excessive et sous l'influence de la Porte assassinent Busnach en 1805.
Relation avec les États-Unis d'Amérique
modifierEn , le capitaine William Bainbridge de la marine américaine se trouve à Alger en mission de livraison du tribut annuel ;
Étant à portée des batteries de canons algériens, et sous la menace de la flotte, Mustapha Pacha oblige le capitaine Bainbridge à accepter une mission : transporter, sous pavillon algérien un ambassadeur et des cadeaux vers Constantinople, cet épisode provoque une crispation aux États-Unis[5].
Le , un navire nommé The Franklin, faisant route de Marseille vers les indes Orientales, est capturé par des corsaires de Tripoli, le , les corsaires accostent à Alger, mais deux jours plus tard, le Dey leur ordonne de larguer les amarres. Le Franklin et sa cargaison sont vendus à Tunis, le capitaine Andrew Morris et son équipage sont transportés enchaînés à Tripoli. Le consul britannique fait libérer les sujets britanniques et les étrangers. Morris et les membres américains de son équipage sont prisonniers de Tripoli. Le consul américain à Alger, Richard O'Brien, demande au Dey d’intercéder en leur faveur, celui-ci demande en juillet au Bey de Tripoli de les libérer. Le , les Américains sont libérés.
En 1802, Mustapha Pacha envoie une lettre au gouvernement américain, il y dit qu'il a réussi à obtenir la libération des marins du navire le Franklin, qui étaient détenus à Tripoli. Il y demande aussi la révocation du consul James Leander Cathecart qui devait remplacer Richard O'Brien[6].
Deux copies en langue arabe sont arrivées aux États-Unis signées du sceau officiel de Mustapaha Pacha. Une des copies est conservée dans la section consulaire des archives du Département d'état Américain tandis que l'autre est dans les archives personnelles du président Thomas Jefferson[7]. À l'arrivée de la lettre en 1802, personne ne put traduire la lettre et ce n'est qu'en qu'O'Brien traduit la lettre pour le président. Ce dernier, répond le , en remerciant les efforts de Mustapha Pacha pour la libération des marins et nomme Tobias Lear consul à la place de Cathcart[7].
Mort
modifierLe , les janissaires assassinent Mustapha Pacha à la porte de la mosquée quelques semaines après son ami Busnach. Il est enterré à Bab el Oued, puis transféré à la Zaouia Sidi Abderrahmane.
L’Hôpital de Mustapha, situé à Alger, est construit sur un terrain ayant appartenu à Mustapha Pacha, et que ses héritiers ont légué à la commune qui portait son nom, aujourd'hui Mohamed-Belouizdad
Références
modifier- Abla GHEZIEL, La politique des deys d’Alger à la veille de la conquête française (1730/1830), Toulouse (lire en ligne)
- Roland Courtinat, La piraterie barbaresque en Méditerranée : XVI-XIXe siècle, SERRE EDITEUR, , 139 p. (ISBN 978-2-906431-65-2, lire en ligne)
- (en) H. Z(J W. ) Hirschberg, A history of the Jews in North Africa : From the Ottoman conquests to the present time : edited by Eliezer Bashan and Robert Attal, Leiden, BRILL, , 351 p. (ISBN 90-04-06295-5, lire en ligne)
- « Une famille dans l'histoire », sur www.bacrie.ca (consulté le )
- (en) Spencer C. Tucker, The Encyclopedia of the Wars of the Early American Republic, 1783–1812: A Political, Social, and Military History [3 volumes]: A Political, Social, and Military History, ABC-CLIO, (ISBN 978-1-59884-157-2, lire en ligne)
- « Founders Online: To Thomas Jefferson from Mustafa Baba, Dey of Algiers, 17 Octo … », sur founders.archives.gov (consulté le )
- (en) Thomas Jefferson et Barbara Oberg, The Papers of Thomas Jefferson : 1 July to 12 November 1802, Princeton University Press, , 808 p. (ISBN 0-691-15323-X, lire en ligne)