Pietro Ferrero (chef d'entreprise, 1898-1949)

industriel italien
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Pietro Ferrero, né le à Farigliano dans la région du Piémont en Italie et mort à Alba le , est un pâtissier, chocolatier et entrepreneur italien, fondateur de l'entreprise Ferrero. Il est principalement connu pour avoir créé la pâte Giandujot, une innovation culinaire qui donnera naissance au Nutella, ainsi que pour avoir établi les bases de l'empire Ferrero, l'un des plus grands groupes mondiaux de l'industrie de la confiserie et du chocolat.

Pietro Ferrero
Pietro Ferrero
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 50 ans)
AlbaVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
Fratrie
Giovanni Ferrero (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Conjoint
Piera Cillario (d) (de à )Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfant

Fils d'agriculteurs des Langhe piémontaises, il se forme très tôt à l'art de la pâtisserie, développant rapidement un sens aigu de l'innovation et une grande habileté technique. Après avoir acquis une solide expérience dans le métier, il ouvre sa propre pâtisserie dans son village natal avant de déménager à Alba, une ville réputée pour ses noisettes de qualité, où il espère trouver de meilleures opportunités. C'est dans ce contexte qu'il commence à expérimenter avec la noisette, un ingrédient local abondant, afin de pallier la pénurie de cacao pendant la Seconde Guerre mondiale.

En 1946, il créé la pâte Giandujot, un mélange de noisettes, de sucre et de cacao, qu'il commercialise sous forme de bloc solide à découper et qui rencontre un succès immédiat. Aux côtés de son frère Giovanni (it), il transforme son entreprise artisanale en une véritable industrie, se distinguant par une approche innovante du marché et une attention scrupuleuse à la qualité des produits. Sous son impulsion, l'entreprise Ferrero se développe rapidement, d'abord en Italie, puis à l'international, devenant un acteur incontournable du secteur. Sa vision d'une entreprise familiale, centrée sur l'innovation et la qualité, ainsi que son sens des affaires, permettent à Ferrero de croître de manière exponentielle. Malheureusement, il meurt prématurément en 1949, laissant derrière lui un héritage industriel et gastronomique considérable.

Il est aujourd'hui reconnu comme l'un des pionniers de l'industrie agroalimentaire italienne. Son entreprise, reprise par son fils Michele Ferrero, deviendra l'une des plus grandes et des plus respectées de ce secteur, avec des produits emblématiques comme le Nutella, les Ferrero Rocher, et les Mon Chéri. Son nom reste associé à l'innovation culinaire et à la réussite d'une entreprise familiale qui a su s'adapter aux défis économiques de son époque pour devenir un géant mondial.

Biographie

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Jeunesse et formation

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Pietro Ferrero naît en 1898 à Farigliano, un petit village situé dans la région du Piémont, en Italie[1]. Il grandit dans une famille paysanne modeste, fils aîné de Michele Ferrero et Clara Devalle. Le Piémont est une région où l'économie est principalement basée sur l'agriculture et l'artisanat local. Dès son plus jeune âge, il est confronté aux réalités du travail, aidant souvent ses parents dans les tâches quotidiennes. La famille Ferrero, bien que modeste, accorde une grande importance à l'éducation et à la formation professionnelle. Pietro fréquente l'école primaire locale mais les ressources familiales limitées l'obligent à interrompt sa scolarité relativement tôt pour contribuer au revenu. C'est à ce moment-là qu'il commence à s'intéresser à la pâtisserie, un domaine dans lequel il voit la possibilité de s'adonner à la création, mais aussi un moyen de s'émanciper économiquement[2].

À l'âge de 14 ans, il est placé en apprentissage dans une boulangerie-pâtisserie dans la ville voisine de Dogliani. Sous la tutelle d'un maître pâtissier expérimenté, il apprend les bases du métier : la préparation des pâtes, la cuisson, et la maîtrise des différentes techniques de décoration. Il s'initie également à l'utilisation des ingrédients locaux, comme les noisettes du Piémont, qui joueront plus tard un rôle central dans ses créations. Ce premier contact avec le monde de la pâtisserie renforce sa passion pour l'artisanat et alimente son désir de perfectionner ses compétences[3].

Il poursuit son apprentissage pendant plusieurs années, acquérant une solide expérience dans le domaine de la pâtisserie. Il se distingue par son sens aigu du détail et son envie d'expérimenter de nouvelles recettes, ce qui lui vaut le surnom affectueux de « scientifique » de la part de ses amis. Cependant, il est également confronté à des défis, notamment les conditions économiques difficiles de l'époque, qui limitent ses opportunités de développement professionnel. Malgré ces obstacles, il reste déterminé à poursuivre sa carrière dans la pâtisserie, convaincu que ce métier lui permettra d'améliorer sa situation et celle de sa famille[4].

Les débuts professionnels

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Après avoir acquis une solide formation en pâtisserie, il ouvre sa première boulangerie-pâtisserie dans le village de Dogliani, à moins de trois kilomètres de Farigliano, en 1923. Son commerce, bien que modeste, devient rapidement un lieu de rencontre pour les habitants du village. Pietro se distingue par son approche méticuleuse du métier, utilisant des ingrédients de qualité et s’efforçant de perfectionner chaque aspect de ses créations. Il est particulièrement attentif à la satisfaction de sa clientèle, prenant soin d’écouter les retours et d'adapter ses produits en conséquence[3]. Cependant, les années 1920 sont une période difficile pour l'Italie, marquée par l'instabilité économique et les répercussions de la Première Guerre mondiale. La population souffre de la pauvreté, et le marché pour les produits de luxe, tels que les pâtisseries, est limité. Pietro Ferrero doit faire preuve d'ingéniosité pour maintenir son commerce à flot. Il commence à expérimenter avec des recettes qui utilisent des ingrédients moins coûteux mais toujours savoureux, un effort qui sera plus tard décisif dans sa carrière. C'est à cette époque qu'il épouse Piera Cillario (it) le 21 juin 1924, la fille d'une famille paysanne de la région, tout comme lui[5],[6].

Pâtisserie Ferrero à Alba dans les années 1920 ou 1930.

Face aux difficultés économiques de son village natal, il décide en 1925 de déménager à Alba, une ville plus prospère du Piémont, où il espère trouver de meilleures opportunités pour développer son entreprise[2]. Ce déménagement s’avère être un tournant dans sa carrière. À Alba, il ouvre une nouvelle pâtisserie, qui bénéficie d'une clientèle plus nombreuse et diversifiée. La ville, reconnue pour ses produits locaux de qualité, dont les fameuses noisettes du Piémont, lui offre un environnement propice à l'innovation culinaire[6]. C’est à Alba qu'il commence à expérimenter avec la noisette, un ingrédient abondant dans la région, et peu coûteux. Inspiré par les traditions locales, il développe une pâte à tartiner qui combine du cacao et des noisettes, cherchant à créer un produit accessible à une population qui, en raison de la rareté et du prix élevé du chocolat, ne peut se permettre ce luxe. Cette innovation, bien qu’encore rudimentaire, jette les bases du futur succès de Ferrero. En parallèle, il développe un réseau de distribution local pour ses produits, établissant des relations avec d'autres commerçants et grossistes de la région. Cela lui permet d’élargir sa clientèle et de tester ses créations sur un marché plus vaste. Ses efforts pour maintenir des standards élevés de qualité et d'innovation commencent à porter leurs fruits, et son entreprise gagne progressivement en notoriété à Alba et dans les environs[7].

Malgré ces avancées, les défis ne manquent pas. La production artisanale reste limitée, et Pietro se heurte souvent à des problèmes d'approvisionnement et de financement. Il doit régulièrement ajuster ses méthodes de production pour répondre à la demande croissante tout en maintenant la qualité de ses produits. Cependant, sa persévérance et son esprit d'initiative lui permettent de surmonter ces obstacles, et il commence à envisager de nouvelles perspectives pour son entreprise, notamment la possibilité de passer à une production à plus grande échelle[8]. Durant cette époque, Pietro et sa femme ouvrent une autre pâtisserie à Turin et passent quelques temps en Afrique[6] à Asmara en Érythrée dans l'espoir de vendre du pain et des pâtisseries aux colons et aux troupes italiennes après que Mussolini ait ordonné l'invasion de l'Abyssinie. Ne trouvant pas grand-chose à gagner en Afrique, ils retournent en Italie et ouvre une nouvelle pâtisserie plus grande à Turin en 1940. L'Italie entre en guerre en juin et, à la fin du mois, les premières bombes de la RAF commencent à tomber sur la ville. Pietro Ferrero et sa famille retournent rapidement à Alba pour ouvrir une autre pâtisserie[5].

Création de la pâte Giandujot

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Au début des années 1940, alors que la Seconde Guerre mondiale plonge l'Europe dans une crise économique profonde, Pietro Ferrero est confronté à des difficultés majeures dans son activité pâtissière. Le cacao, ingrédient essentiel pour la confection des chocolats, devient rare et extrêmement cher, en raison des pénuries causées par la guerre. Pour surmonter ce défi et répondre à la demande de ses clients, il commence à chercher des alternatives qui pourraient lui permettre de continuer à produire des confiseries accessibles[5],[4].

C'est dans ce contexte difficile que Pietro Ferrero, inspiré par les traditions locales du Piémont, se tourne vers un ingrédient abondant dans sa région : la noisette. Le Piémont est réputé pour ses noisettes de haute qualité, un produit local dont l'utilisation dans la pâtisserie est déjà bien ancrée. Pietro décide d'exploiter ce trésor régional en développant une nouvelle recette qui associe la noisette au peu de cacao dont il dispose. Il commence alors à expérimenter différentes proportions et méthodes de transformation pour créer un produit qui soit à la fois économique et savoureux[5].

Après plusieurs mois de tests et d’ajustements, il met au point une pâte en mélangeant une poignée à une pincée de poudre de cacao, ainsi que du lait écrémé, du sucre et de l'huile végétale, qu'il nomme d'abord Pasta Gianduja, puis simplement Giandujot, inspiré du gianduiotto, une friandise traditionnelle de Turin. Il se présente sous la forme d'un pain dur au chocolat, après l'avoir refroidi dans des salles réfrigérées par des pains de glace, vendu en morceaux de deux kilos chacun, coupés au poids, et enveloppés dans du papier d'aluminium vert et or[5]. Son emballage est illustré de l'image de Gianduja, célèbre personnage de la commedia dell'arte italienne, symbole de Turin (et du Piémont en général). Ce produit permet aux consommateurs de déguster une douceur chocolatée malgré les restrictions de l'époque. Il rencontre immédiatement un grand succès dans la région. Sa texture onctueuse et son goût riche en noisettes en font un produit prisé, particulièrement apprécié des familles qui cherchent à égayer leur quotidien en temps de guerre. Sa popularité se répand rapidement au-delà d'Alba, attirant l'attention de commerçants et de grossistes. Pietro Ferrero parvient ainsi à élargir sa clientèle et à stabiliser son entreprise malgré les difficultés économiques[6].

Fondation de l'entreprise Ferrero

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Camion Ferraro avec l'image du personnage de Gianduja (années 1940 ou 1950).

La demande pour le Giandujot augmente tellement qu'il devient impossible de le produire en quantité suffisante. Pietro Ferrero décide alors de passer à une échelle supérieure. Il ouvre une usine au bord de la rivière Tanaro et fait enregistrer, le 14 mai 1946, la société Ferrero à la Chambre de commerce de Coni[9]. Il doit transformer une petite activité artisanale en une structure industrielle capable de produire en plus grande quantité tout en maintenant la qualité qui a fait le succès du Giandujot. Il investit dans des machines modernes et fait installer des lignes de production mécanisées, ce qui lui permet de standardiser la production et de répondre à une demande croissante[7].

Dès le début, l’entreprise Ferrero se distingue par son approche novatrice du marché. Pietro Ferrero met en place un réseau de distribution efficace qui couvre non seulement la région du Piémont, mais aussi le reste de l’Italie. Il comprend l’importance de l’accessibilité et veille à ce que ses produits soient disponibles dans les épiceries de quartier, les marchés et même les petites villes éloignées. Cette stratégie de distribution, combinée à une politique de prix abordables, permet à Ferrero de se faire rapidement un nom sur le marché national[7].

Le succès de l'entreprise repose également sur une vision familiale et collaborative du travail. Pietro implique son frère Giovanni (it) dans les affaires, ce dernier jouant un rôle clé dans la gestion et l’expansion de la société. Ensemble, les frères Ferrero forment une équipe complémentaire : Pietro se concentre sur l'innovation et la production, tandis que Giovanni gère les aspects financiers et administratifs. Cette collaboration permet à l'entreprise de croître rapidement, tout en conservant un esprit familial et artisanal[7].

Un autre facteur clé dans le succès de la fondation de Ferrero est l'attention portée à la qualité des produits. Pietro est intransigeant sur l’utilisation des meilleurs ingrédients, qu’il s’agisse des noisettes, du cacao ou du sucre. Il met en place des contrôles stricts pour s’assurer que chaque lot de production répond aux normes élevées qu’il s’est fixées. Cette exigence de qualité devient l’une des marques de fabrique de Ferrero, contribuant à bâtir une réputation d’excellence qui attire une clientèle fidèle. En peu de temps, l’entreprise devient un acteur majeur de l'industrie alimentaire en Italie[7].

Expansion et reconnaissance

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Dans les années qui suivent, l'expansion se poursuit avec l'internationalisation de l'entreprise. La famille Ferrero voit au-delà des frontières italiennes et commence à explorer les marchés européens. Cette expansion est facilitée par la popularité grandissante des produits Ferrero qui séduit les consommateurs par son prix abordable et son goût. Pietro Ferrero, bien qu'il ne puisse voir de son vivant l'ampleur de l'expansion internationale de l'entreprise, jette les bases d'une stratégie globale qui sera pleinement réalisée sous la direction de son fils Michele Ferrero[2].

La reconnaissance de l'entreprise Ferrero ne tarde pas à suivre cette expansion. En quelques années, Ferrero devient un acteur incontournable du secteur de la confiserie en Italie. Les innovations apportées par Pietro Ferrero sont saluées par l'industrie, et l'entreprise reçoit plusieurs distinctions pour la qualité de ses produits et sa contribution à l'économie locale. L'usine d'Alba devient un modèle d'efficacité et d'innovation industrielle, attirant l'attention de professionnels du secteur et de la presse spécialisée. Pietro Ferrero, bien qu'il reste une figure discrète, est désormais reconnu comme un pionnier de l'industrie agroalimentaire italienne, son nom étant associé à des produits de qualité et à une vision d'entreprise tournée vers l'avenir[2].

Le 4 septembre 1948, de fortes pluies dans les Langhe alimentent le torrent Talloria qui se jette dans le Tanaro, inondant les plaines environnantes. L'eau et la boue montent dans l'usine de Ferrero au-dessus de la hauteur des épaules, n'épargnant aucune pièce. Les efforts considérables de Pietro Ferrero et de ses employés permettent une reprise partielle de la production en moins d'une semaine. Cependant, la tension a des conséquences néfastes et, moins de six mois après l'inondation, Pietro est victime d'une crise cardiaque et meurt à l'âge de 50 ans[5]. Sa disparition prématurée secoue non seulement sa famille, mais aussi l'ensemble de l'entreprise et la communauté locale d'Alba[6]. Il a cependant pris soin de préparer sa succession. Avant sa mort, il a impliqué activement son frère Giovanni (it), sa femme Piera Cillario (it) et son fils Michele dans la gestion de l'entreprise, leur transmettant ses valeurs et sa vision. Giovanni Ferrero, qui a déjà joué un rôle crucial dans l'administration des affaires, et Piera reprennent officiellement les rênes de l'entreprise, garantissant ainsi une continuité dans la direction[6],[4].

Michele Ferrero, alors jeune adulte, s'engage progressivement dans les affaires familiales, prenant conscience de l'ampleur de la responsabilité qui lui incombe. Sous la direction de Giovanni, il acquiert une expérience précieuse dans divers aspects de l'entreprise, se préparant à prendre la relève complète à long terme. Cette période marque le début d'une nouvelle ère pour l'entreprise Ferrero, qui continue de croître sous l'impulsion de Giovanni et de Michele, tout en restant fidèle aux principes instaurés par Pietro[7],[2].

Postérité

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Du Giandujot au Nutella

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Impression sur un sac.

Pietro Ferrero est décédé en 1949, mais son influence continue de se faire sentir à travers le succès phénoménal du Nutella. Quelques mois après sa mort, durant l'été caniculaire de 1949, les pains de glace, alors seuls réfrigérants des vitrines des pâtisseries, ne parviennent pas à conserver le Giandujot assez dur. Son fils Michele a alors l'idée de le vendre tel quel dans des petits pots de verre fermés par un couvercle en plastique. L'engouement pour le produit est immédiat, si bien que Michele décide de le transformer en une pâte sucrée au chocolat et aux noisettes à la texture crémeuse (rajoutant du beurre de cacao pour que la texture ne durcisse plus) qui peut être tartinée sur du pain. Elle est d'abord commercialisée sous le nom original, puis sous celui de Supercrema à partir de 1951[10].

Fabriqué hors d'Italie à partir de 1961, le produit est renommé le 20 avril 1964 en « Nutella » en combinant le mot nut (« fruit à coque » en anglais) et le suffixe latin ella, évoquant la douceur, et sa composition est perfectionnée afin d'aider à son expansion à l'international[11]. Grâce à une stratégie de marketing habile et à une distribution mondiale efficace, le Nutella devient rapidement un phénomène global. De l'Europe à l'Amérique, en passant par l'Asie et l'Afrique, il conquiert les cœurs et les palais des consommateurs de tous âges. En quelques décennies, il est non seulement devenu un incontournable des petits-déjeuners mais aussi un symbole culturel, associé à la gourmandise et à la convivialité[12].

Le Nutella est bien plus qu'un simple produit alimentaire. Il incarne un phénomène culturel qui a inspiré des livres, des chansons, des campagnes publicitaires mémorables, et même des événements comme la Journée mondiale du Nutella le 5 février. Économiquement, ce produit est un des piliers de l'entreprise Ferrero, contribuant significativement à ses revenus et à son expansion internationale. Sa popularité a également stimulé la demande pour les noisettes, dont l'Italie et la Turquie sont les principaux producteurs[12].

L'empire Ferrero

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Produits Kinder de Ferrero dans un supermarché en Israël en 2009.

L'entreprise Ferrero qu'il a fondé est aujourd'hui l'une des plus grandes multinationales du secteur agroalimentaire. Sous la direction de son fils Michele, elle étend rapidement ses opérations à l'échelle mondiale, et dès les années 1950, commence à exporter ses produits au-delà de l'Italie. Aujourd'hui, elle opère dans plus de 170 pays, avec des usines de production dans plusieurs régions du monde. Cette présence internationale lui a permis de s'adapter aux goûts locaux tout en maintenant une identité de marque cohérente. Elle est devenu un géant mondial, non seulement grâce au Nutella, mais aussi avec des produits phares comme Kinder, Tic Tac, Ferrero Rocher et Mon Chéri[4],[7].

Elle est toujours gérée par les descendants de Pietro Ferrero, avec un souci constant de préserver son indépendance. Contrairement à de nombreuses grandes entreprises, elle n'est pas cotée en bourse, ce qui lui permet de maintenir un contrôle strict sur sa stratégie et ses opérations. Cette indépendance lui permet également de prendre des décisions à long terme sans être influencée par les pressions du marché financier[7]. Elle ne cesse de renforcer sa position sur le marché mondial par des acquisitions stratégiques. En 2018, elle achète le portefeuille de confiseries de Nestlé aux États-Unis pour environ 2,8 milliard de dollars, ajoutant des marques populaires comme Butterfinger, Baby Ruth (en) et Crunch à son actif. En 2019, elle acquiert les activités de biscuits de Kellogg's pour 1,6 milliard d'euros[13],[14]. Ces acquisitions lui permettent d'accroître sa présence sur le marché américain, le plus grand marché de confiseries au monde[4].

L'entreprise fondée par Pietro Ferrero génère aujourd'hui des milliards d'euros de chiffre d'affaires chaque année, ce qui en fait l'un des acteurs les plus performants de l'industrie. Par exemple, pour l'exercice fiscal 2020/2021, elle réalise un chiffre d'affaires de plus de 12 milliards d'euros. Cette performance financière est soutenue par une croissance continue, des marges bénéficiaires solides, et une demande mondiale en constante augmentation pour ses produits[15],[8].

Impact sur l'Italie

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Entrée de l'usine Ferrero à Alba en 2011.

L'entreprise Ferrero a eu un impact significatif sur l'Italie, tant sur le plan économique que culturel et social. Elle est devenue l'un des fleurons de l'industrie italienne, contribuant à la réputation du pays dans le domaine de la confiserie et de l'agroalimentaire[15],[6].

Elle est l'une des plus grandes entreprises privées du pays et un important employeur, avec des milliers de salariés répartis dans ses usines et bureaux. Elle a stimulé l'économie locale à Alba et dans d'autres régions italiennes en créant des emplois et en soutenant des industries connexes, telles que la production de noisettes, dont l'Italie est un des principaux producteurs mondiaux grâce à Ferrero. Le succès international de l'entreprise a également renforcé la balance commerciale du pays, en faisant de l'Italie un exportateur majeur de produits de confiserie[15],[6].

Elle a contribué à façonner l'image de l'Italie comme un pays de qualité et d'innovation dans le domaine alimentaire. Ses marques, notamment Nutella, Kinder et Ferrero Rocher, sont devenues des symboles de la culture italienne, associées à la convivialité, à la famille et au plaisir gustatif. Ferrero a aussi investi dans des projets sociaux, notamment par le biais de la Fondation Ferrero (Fondazione Ferrero), fondée en 1983 par Michele Ferrero, qui soutient des initiatives en faveur des personnes âgées, de la culture et de la recherche. Elle a joué un rôle de pionnier en matière de durabilité en Italie, en s'engageant à améliorer la traçabilité et la durabilité de ses chaînes d'approvisionnement, notamment pour le cacao et les noisettes. L'entreprise s'est également fixé des objectifs ambitieux pour réduire son empreinte environnementale, ce qui influence positivement les pratiques durables dans l'industrie agroalimentaire italienne[6].

Voir aussi

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Références

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  1. Francesca Landini et Uday Sampath Kumar, « Registro: 1898 », sur Portale Antenati,
  2. a b c d et e (it) « OGGI NASCEVA PIETRO FERRERO IL FONDATORE DELLA FERRERO. DAL NULLA CREO’ UN IMPERO », sur Ferrero North America (consulté le )
  3. a et b (it) « La Pasticceria di Pietro Ferrero », sur Dogliani Turismo (consulté le )
  4. a b c d et e « Une Histoire de Famille », sur Groupe Ferrero (consulté le )
  5. a b c d e et f (en) « Focus on Gianduia, Part 31: Ferrero and Giandujot », sur Dallas Food (consulté le )
  6. a b c d e f g h et i (en) « Ferrero and Nutella, Pride of Alba », sur Meet Piemonte (consulté le )
  7. a b c d e f g et h « Le groupe Ferrero, son histoire et sa mission », sur Ferrero North America (consulté le )
  8. a et b (en) « Pietro Ferrero - baker and chocolatier », sur Italy On This Day (consulté le )
  9. (it) Gigi Padovani, Mondo Nutella : 50 anni di innovazione, Etas, , p. 147
  10. (it) Mauro Silvio Ainardi et Paolo Brunati, Le fabbriche da cioccolata : nascita e sviluppo di un'industria lungo i canali di Torino, U. Allemandi, , p. 112
  11. (en) « C'est arrivé aujourd'hui : Nutella, le premier pot il y a 60 ans. La douce histoire d’une icône mondiale », sur Historia National Geographic (consulté le )
  12. a et b « Le Nutella a 50 ans : les ingrédients d'une success story », sur Le Monde (consulté le )
  13. Esther Atlas, « Ferrero rachète les branches biscuits et snacks aux fruits de Kellogg’s pour 1,6 milliard d'euros », sur L'Usine nouvelle,
  14. Francesca Landini et Uday Sampath Kumar, « Kellogg agrees $1.3 billion cookie sale with Nutella-maker Ferrero », sur Reuters,
  15. a b et c « CHIFFRES CLES DU GROUPE FERRERO », sur Groupe Ferrero (consulté le )

Bibliographie

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  • (it) Tullio Fazzolari, Enzo Biagi, Valerio Castronovo, Claudio Demattà, Giampaolo Fabris, Sergio Romano et Michele Ferrero, Ferrero Alba 1946 1996, Torino, , 264 p.
  • (it) Storia di un successo. Ferrero la più grande industria dolciaria del Mec, AEDA, , 240 p.
  • (it) Mauro S. Ainardi et Paolo Brunati, Fabbriche da cioccolata. Nascita e sviluppo di un'industria lungo i canali di Torino, Allemandi, , 128 p. (ISBN 978-8-842-21563-9)
  • (it) Gigi Padovani, Mondo Nutella, 50 anni di innovazione, Rizzoli, (ISBN 978-8-817-07167-3), p. 234</ref>
  • Jacques Braibant et Alain Leclercq, Les ratés les plus profitables, La Boîte à Pandore, , 172 p. (ISBN 978-2-390-09293-3)

Liens externes

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