Poney de l'île de Sable
Le poney de l'île de Sable est un poney autochtone de l'île du même nom, en Nouvelle-Écosse au Canada, qui y vit à l'état sauvage et semi-sauvage au moins depuis le XVIIIe siècle. Il possède un phénotype et des origines de cheval, et porte souvent une robe sombre. Les premiers poneys ont été lâchés à la fin du XVIIe siècle avant de re-devenir sauvages. Plus tard, d'autres poneys furent ajoutés au troupeau existant pour améliorer le cheptel de reproduction. Ils ont été chassés pour un usage privé ainsi que pour être utilisés comme source de nourriture, ce qui provoqua quasiment leur extinction.
Région d’origine | |
---|---|
Région | Île de Sable, Canada |
Caractéristiques | |
Morphologie | Poney râblé |
Taille | 1,42 m en moyenne |
Robe | Généralement baie ou alezane |
Tête | Large |
Caractère | Sauvage |
Statut FAO (conservation) | En danger |
Autre | |
Utilisation | Éventuellement bât et randonnée |
modifier |
En 1960, le Canada protège cette race. À partir des années 1980, des études non invasives sur le troupeau sauvage sont réalisées. En 2007, une analyse génétique est menée sur le troupeau, concluant que ce dernier est unique en termes d'éléments génétiques et peut intéresser les biologistes. En 2008, la race est déclarée officiellement représentative de l'Île de Sable. En 2011, l'île est officiellement déclarée parc naturel. Le troupeau est protégé et libre de toutes interventions humaine. Les chevaux vivent uniquement sur l’île de Sable, et au Shubenacadie Wildlife Park (en) sur la partie continentale de la Nouvelle-Écosse, grâce à des chevaux descendant du troupeau introduit en 1950.
Histoire
modifierLa présence de chevaux féraux (retournés à l'état sauvage) sur l'île de Sable est si ancienne qu'elle a généré des controverses incessantes quant à l'origine de ces animaux[1],[2]. Ces chevaux évoluent sous de rudes conditions climatiques et sans assistance humaine durant de très nombreuses années[3]. Cela fait évoluer leur modèle vers celui d'un poney râblé à la longue crinière, très résistant.
Origine
modifierDans son ouvrage The Horse of Sable Island, Barbara J. Christie estime que ces animaux ont gagné l'île à la nage lorsque des navires coulaient dans la zone surnommée cimetière de l'Atlantique[1]. Selon la Sable Island Preservation Trust comme selon le musée d'histoire naturelle de Nouvelle-Écosse, aucune preuve ne soutient cette hypothèse[2], qui relève d'une légende locale. Il n'existe pas plus de preuves que ces chevaux aient été introduits par des explorateurs Portugais au XVIe siècle[2].
Des chevaux ont été délibérément introduits dans l'île depuis la Nouvelle-Angleterre, au cours du XVIIIe siècle[4]. Les premiers chevaux enregistrés ont été emmenés par un ecclésiastique de Boston, le révérend Andrew Le Mercier, en 1737, mais la plupart sont volés par des marins de passage[2]. La plupart des historiens et des scientifiques pensent que les chevaux actuels descendent principalement des chevaux saisis par les Britanniques aux Acadiens lors de la déportation des Acadiens[5]. Les chevaux acadiens descendent de chevaux français issus des races bretonnes, andalouses et normandes, plus tard croisé avec des chevaux de la Nouvelle-Angleterre, dont des Barbes espagnols[6]. Le marchand et l'armateur de Boston Thomas Hancock ont acheté des chevaux acadiens et les ont transportés vers l'île de Sable en 1760, où ils ont pâturé sur l'île.
XIXe et XXe siècles
modifierAprès la création de la station de sauvetage par le gouvernement de la Nouvelle-Écosse sur l'île de Sable en 1801, les travailleurs ont débourré certains des chevaux pour transporter des fournitures et des équipements de sauvetage. Le personnel de sauvetage a enregistré l'importation d'un étalon de type acadien, Jolly, pris en 1801, qui était probablement similaire à celui des chevaux acadiens d'origine sortis sur l'île[1]. Bien que Jolly n'ait pas été le premier cheval sur l'île, il a été le premier à être identifié par son nom dans les archives historiques, et est connu pour avoir survécu à l'île jusqu'à au moins 1812, alors âgé de 18 ans[1]. D'autres reproducteurs, y compris des chevaux Pur-sang, Morgan et Clydesdale, ont été envoyés sur l'île pendant la première moitié du XIXe siècle, dans l'espoir d'améliorer le type de chevaux de l'île et d'augmenter le prix pour des bêtes qui pourraient être ensuite vendues sur le continent.
Au cours du XIXe siècle et du début du XXe siècle, les chevaux de l'île de Sable ont été régulièrement attrapé et conservés par les insulaires ou transportés vers le continent, où ils ont été vendus, souvent pour l'abattage[2]. Leur viande sert à fabriquer des aliments pour chiens à la fin des années 1950, ce qui conduit les chevaux de l'île au bord de l'extinction[2]. Une campagne publique est lancée par des écoliers pour sauver ces chevaux[2]. En 1960, dans le cadre de la Loi sur la marine marchande du Canada, le gouvernement canadien déclare que ces chevaux sont entièrement protégés et ne peuvent plus être chassés ni vendus[7]. La loi exige que les gens reçoivent une autorisation écrite avant de pouvoir « molester, interférer, nourrir ou avoir quelque chose à voir avec les poneys de l'île ».
Description
modifierLes chevaux qui vivent sur l'île de Sable sont sauvages[3]. Ils mesurent généralement entre 132 et 142 cm[8],[2]. Les mâles pèsent environ 360 kg et les femelles environ 300 kg. La nourriture disponible sur l'île limite leur taille ; les chevaux retirés de l'île qui s'alimentent avec des régimes plus nutritifs sont généralement plus grands[1].
C'est un cheval féral (sauvage), dont le modèle est celui du cheval de selle[3]. Bien qu'ils soient couramment nommés « poneys », leurs ancêtres sont tous des chevaux, et ils ne présentent pas l'apparence physique typique des poneys[1]. Ces animaux sont compacts, et dégagent une impression générale de résistance[4]. Physiquement, ils ressemblent à des chevaux espagnols[2]. Le modèle est court.
La tête est lourde[4]. L'encolure est courte, mais élégante[4], et arquée. La croupe est inclinée. Leurs jambes courtes leur permettent de se déplacer facilement sur un sol sablonneux ou rugueux. La queue est pleine et basse.
Robe
modifierLeurs robes sont pour la plupart des couleurs sombres, soit le bai, l'alezan ou le noir[4]. Certains possèdent des marques blanches. Environ la moitié sont des bais, le reste étant réparti entre l'alezan, le palomino et le noir[9].
Tempérament et allures
modifierBeaucoup de chevaux de l'île de Sable amblent naturellement. Avant leur protection, lorsqu'ils pouvaient être conservés pour l'usage des humains, les chevaux étaient connus pour avoir le pied sûr.
Utilisations
modifierLe poney de l'île de Sable ne fait en aucun cas une monture de concours, car son physique est très inadapté à la monte sportive. Sa grande résistance aux conditions climatiques extrêmes peut en faire une bonne monture de randonnée et un bon cheval de bât.
Études et préservation
modifier
Il est considéré comme une race rare[3]. Une partie de cette population de chevaux est propre à l'île de Sable, dans la province de Nouvelle-Écosse, au Canada[4],[3]. Il existe aussi une population élevée sur le continent[4]. En 2010, la population subsistante est évaluée à environ 300 animaux[4].
Notes et références
modifier- Hendricks 2007, p. 362.
- Dutson 2005, p. 217.
- Hendricks 2007, p. 361.
- Ravazzi et Siméon 2010, p. 96.
- Dutson 2005, p. 218.
- Dutson 2005, p. 217-218.
- Dutson 2005, p. 218-219.
- Hendricks 2007, p. 361.
- (en) « Disclaimer - Electronic Collection », sur epe.lac-bac.gc.ca (consulté le ).
Annexes
modifierArticles connexes
modifier- Liste de races chevalines
- Cheval au Canada
- Île de Sable
- Les Chevaux de la tourmente, film d'Eleanor Lindo
Liens externes
modifier- (en) « Sable Island Institute » (consulté le )
Bibliographie
modifier- [Christie 1980] (en) Barbara J. Christie, The Horses of Sable Island, Petheric Press, (ISBN 0919380360)
- [Dutson 2005] (en) Judith Dutson, Storey's Illustrated Guide to 96 Horse Breeds of North America, Storey Publishing, , 416 p. (ISBN 1-58017-612-7), « Sable Island Horse ».
- [Hendricks 2007] (en) Bonnie Lou Hendricks, International Encyclopedia of Horse Breeds, Norman, University of Oklahoma Press, , 2e éd., 486 p. (ISBN 0-8061-3884-X, OCLC 154690199), « Sable Island horse », p. 361-365. .
- [Ravazzi et Siméon 2010] Gianni Ravazzi et Victor Siméon (trad. de l'italien par Cécile Breffort), L'Encyclopédie mondiale des chevaux de race : Plus de 150 races de chevaux de selle et poneys, Éditions De Vecchi, (ISBN 978-2-7328-9546-8), « Poney de l'île de Sable », p. 96. ..