Procès de Jésus

histoire biblique

Le procès de Jésus devant le Sanhédrin est l'une des scènes principales de la Passion du Christ. Dans le Nouveau Testament, elle se situe juste après l'arrestation de Jésus au jardin des Oliviers, à Jérusalem, et précède de peu sa comparution devant Ponce Pilate, préfet de la province romaine de Judée, pour le Jugement de Pilate et la crucifixion. C'est pendant ce procès qu'a lieu le reniement de Pierre.

Le Christ devant Caïphe, par Duccio di Buoninsegna, cathédrale de Sienne.

Seuls les trois synoptiques contiennent cette péricope : le quatrième des Évangiles canoniques, celui de Jean, ne mentionne pas le Sanhédrin mais rapporte que Jésus a été traduit devant Anân, ancien grand prêtre du Temple de Jérusalem.

L'art chrétien a représenté cet épisode à de nombreuses reprises, souvent sous le titre Jésus devant Caïphe.

Théologie et historicité

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Le procès de Jésus, qui occupe une place essentielle dans la christologie, pose de multiples questions tant aux exégètes qu'aux historiens.

D'une part, les réponses et l'attitude de Jésus face à Caïphe et aux scribes du Sanhédrin contribuent à le définir en tant que Messie et « Fils de Dieu » selon la théologie chrétienne. D'autre part, cet épisode se trouve, avec ceux de Barabbas et de la malédiction du sang, à la racine de l'accusation de « déicide » portée par les chrétiens contre les juifs au long des siècles et de l'antijudaïsme qui en découle. Or il représente « vraisemblablement une reconstruction chrétienne », selon les termes de Daniel Marguerat[1]. Le « procès juif » relaté par les synoptiques est « sans vraisemblance historique », remarque Simon Légasse[2].

Le Christ devant Anân (Jn 18:22), par José de Madrazo, 1803.

En effet, à l'issue du procès, Jésus se voit condamné à mort pour blasphème, ce qui se heurte à une double impossibilité technique : les synoptiques décrivent le Sanhédrin se réunissant pour une séance de nuit, ce qui n'est pas plausible, et, par ailleurs, le Sanhédrin n'avait plus à cette époque le pouvoir de prononcer la peine capitale[3]. Marie-Françoise Baslez note que « le déroulement des faits selon les synoptiques » obligerait à admettre une « exception en matière de crime religieux » qui se révèle « inconcevable », comme le prouve plus tard le débat autour de la lapidation de Jacques le Juste[3]. Et de conclure : « Pilate est donc bien le seul qui avait les pouvoirs de condamner Jésus[3]. »

L’Évangile selon Jean propose une version qui tient compte de cette impossibilité juridique : Jésus est déféré non pas devant le Sanhédrin mais devant le beau-père de Caïphe, Anân, lui-même ancien grand prêtre. À la différence des synoptiques, pour qui « la responsabilité de la mort de Jésus est collective et porte sur le Sanhédrin », le récit johannique incrimine surtout Anân[3].

Les sources néotestamentaires

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Le procès de Jésus est relaté en Mc 14, Mt 26-27, Lc 22-23 et Jn 18. Comme pour l'ensemble de la Passion du Christ, le déroulement des événements donne lieu à un compte rendu détaillé, quasiment heure par heure[4]. Or la narration des synoptiques comporte un doublet : Jésus est convoqué de nuit chez le grand prêtre (Mc 14:64, Mt 26:66, Lc 22:54) puis, le lendemain, le Sanhédrin se réunit à nouveau (Mt 27:1, Lc 22:66 et 23:2) avant que Jésus soit transféré devant Ponce Pilate[3].

Galerie

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Notes et références

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  1. Daniel Marguerat, « Introduction. Jésus de Nazareth », dans Jean-Marie Mayeur, Luce Pietri, André Vauchez, Marc Venard, Histoire du christianisme. Le nouveau peuple (des origines à 250), Desclée, , p. 46.
  2. « Le procès de Jésus et l'antijudaïsme chrétien » par Simon Légasse, ofm cap, sur le site Port Saint-Nicolas.
  3. a b c d et e Marie-Françoise Baslez, Bible et Histoire : Judaïsme, hellénisme, christianisme, coll. « Folio histoire », 1998 (ISBN 2-07-042418-9), p. 211-213.
  4. (en) Mark Allan Powell, Introducing the New Testament, Baker Academic, , p. 91.

Bibliographie

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Liens externes

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