Abricotier du Japon

espèce de plantes
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Prunus mume

L'abricotier du Japon, mume, ume ou umé (Prunus mume (Sieb.) Sieb. et Zucc.)[1] est une espèce de plantes à fleurs du genre Prunus et de la famille des Rosaceae. C'est un arbuste à fruits à noyau qui appartient, avec l'abricotier P. armeniaca et les autres abricotiers du monde[2], au sous-genre Prunus et à la section Armeniaca du genre Prunus[3].

Son aire d'origine se situe dans les régions centrales du sud de la Chine (Sichuan et Yunnan) et sa culture s'est répandue dans tout l'Extrême-Orient[4]. Il est profondément associé à l'art et la littérature des grandes civilisations de ces régions.

Terminologie

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Armeniaca mume Siebold est le basionyme de cet arbre et Prunus mume var. tonsa Rehder un synonyme au rang variétal.

En chinois moderne, le nom vernaculaire de l'espèce Prunus mume est méi , l'arbre lui-même méishù 梅树, son fruit méizi 梅子 ou méiguo 核果, ses fleurs méihuā 梅花 et par métonymie l'arbre ornemental.

L'espèce a été introduite au Japon avec le bouddhisme au VIIe - VIIIe siècle. La prononciation de la graphie au Japon et en Corée dérive de celle du chinois médiéval (dynastie Tang) reconstruite comme muəi[5]. La prononciation de l'époque de Nara aurait été unme (うんめ?), et écrite mume (むめ?). La prononciation ancienne mume est tombée en désuétude au Japon et a été fixée en ume (うめ?)[1]. En coréen, la prononciation est maesil (hangul : 매실 ; hanja : )

Les premières descriptions par des naturalistes européens ont été faites au Japon au XIXe siècle[1]. Des spécimens furent bien récoltés en Chine par Clark Abel, le médecin qui accompagnait l’ambassade de Lord Amherst en 1816 dans ce pays mais la première description botanique publiée[6] date de 1830 et est l’œuvre du médecin et naturaliste bavarois Siebold, le premier Européen à avoir enseigné la médecine au Japon[7]. Il envoya ensuite en 1844 des plants vivants en Europe sous le nom de mume.

Une certaine confusion règne dans la désignation par les langues européennes de Prunus mume. Pendant longtemps, la représentation de ses fleurs (meihua 梅花) en peinture traditionnelle ou sur porcelaine, a été désignée comme des « fleurs de pruniers » (plum blossom ou flowering plum). Les auteurs de la fin du XXe siècle, plus prudents, mais très vagues[8], parlaient de « prunus en fleurs »[9]. Dans le contexte culturel chinois, il semble en effet bien difficile de parler de l'« abricotier du Japon » pour un arbre typiquement chinois et le terme plus général d'« abricotier » ne convient pas non plus puisqu'il désigne une autre espèce indigène de Chine, Prunus armeniaca, bien connu en Europe ; quant à celui d'« abricotier de Chine » (adopté par Needham, Lu & Huang[10]), il n'est guère plus satisfaisant puisqu'il existe plusieurs abricotiers indigènes dans ce pays. Le chinois possède des noms vernaculaires monosyllabiques pour désigner ces espèces indigènes : mei pour Prunus mume et xing pour Prunus armeniaca et 李 pour Prunus salicina. Par contre lorsque Prunus mume est cultivé comme arbre ornemental en occident, il est désigné comme « abricotier du Japon ».

Description

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Prunus mume est un arbre à cime arrondie de 4 à 6 mètres de haut, à écorce d'un gris plus ou moins verdâtre[11].

Ses feuilles alternes, caduques, au limbe elliptique, oboval longuement acuminé, aux bords finement dentés, font de cinq à huit centimètres de long. Elles apparaissent peu de temps après la chute des pétales. Le pétiole de 1 à 2 cm de long porte en général des nectaires.

Les fleurs à corolle blanche ou rose, formées normalement de cinq pétales, et aux nombreuses étamines, éclosent tôt au printemps, en mars-avril, parfois dès janvier[11]. Les fleurs sont solitaires ou par deux et sont portées par un pédicelle court[12] (1-10 mm). Il existe des variétés à fleurs doubles recherchées pour leur aspect ornemental. Les fleurs exhalent un parfum pénétrant.

Les fruits sont des drupes globuleuses de petite taille (de 2 à 3 cm de diamètre) à noyau adhérent. Ils sont marqués, comme les abricots, d'un sillon allant du pédoncule à la pointe. Ils arrivent à maturité entre fin mai et fin juillet. Ils gardent une couleur verdâtre panachée de jaune, et sont assez acides et très peu sucrés, mais exhalent un parfum agréable.

Répartition géographique

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Prunus mume est une espèce originaire de Chine (régions du Sichuan et du Yunnan) qui est cultivée un peu partout en Chine, surtout au sud du Yangtsé (Changjiang), au Japon, à Taïwan et en Corée (d'après Flora of China[13]). Suivant GRIN[14], il serait indigène au Sichuan et Yunnan en Chine, à Taiwan, au Laos et au Vietnam; il se serait naturalisé au Japon et serait cultivé en Chine, au Japon, en Corée, au Laos, en Thailande et au Vietnam.

Prunus mume a été importé de Chine au Japon à la période Nara. Il ne fut importé en Europe qu'en 1844.

Culture

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Prunus mume, fleurs rouges et blanches, Kyoto Botanical Garden.

Prunus mume est cultivé à des fins ornementales (pour ses fleurs) ou pour ses fruits.

C'est un arbuste appréciant les climats chauds et humides qui a besoin de soleil et n'est pas très résistant au froid. Il vit longtemps puisqu'on dit qu'il peut atteindre un millénaire[15].

En Chine, il est cultivé dans des vergers dans la vallée du Yangzi et au sud du fleuve. Au nord, il est cultivé en pot comme bonsaï (pénzāi 盆栽) et doit être rentré en serre l'hiver. Le professeur Chen Junyu 陈俊愉[15] a classé les Prunus mume ornementaux en environ 300 formes, regroupées en variétés :

  • P. mume var. typica (直枝梅类) dressé, sous-divisé en 8 formes ;
  • P. mume var. pendula (垂枝梅类) pleureur, sous-divisé en 5 formes ;
  • P. mume var. tortuosa (龙游梅类) dragon nageant, tortueux ;
  • P. mume var. bungo (杏梅类) abricot mei, à la morphologie intermédiaire entre le mume et l'abricotier armeniaca ;
  • P. × blireiana,P. cerasifera ‘Pissardii’ × P. mume Alphandii hybride de mume et de Prunus cerasifera.

Au Japon, les variétés ornementales de umé sont classées en yabai (sauvage), hibai (rouge) et bungo (province de Bungo). Les bungo sont aussi cultivés pour leurs fruits et seraient des hybrides d'umé et d'abricotier.

Aspects culturels

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En Chine

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Une production de fleurs abondante, roses ou blanches, à la fin de l'hiver au début du printemps, exhalant un parfum délicieux, sur des branches apparemment mortes et à une époque où au nord la neige est encore présente, contribue à faire partager à cet arbuste les vertus symboliques du héros confucéen, entièrement dévoué aux principes éthiques et faisant face aux adversités avec persévérance[10]. Sa floraison splendide mais éphémère l'a fait aussi associer avec la beauté, la pureté et les côtés transitoires de la vie.

Avec le pin et le bambou, Prunus mume fait partie des Trois Amis de l'Hiver[16]. Une association courante dans l'art et la littérature est celle de « l'orchidée au printemps, du lotus et de l'été, du chrysanthème et de l'automne et du mume et de l'hiver »[17]

Prunus mume est réputé pouvoir vivre très longtemps. De vénérables spécimens multiséculaires sont précieusement conservés dans les jardins et les cours des temples. A Wuhan, dans le parc de Gumeiyuan (古梅园) on peut encore admirer la floraison d'un spécimen de 800 ans d'âge[18].

Au Japon

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Au Japon, il existe une tradition de hanami (littéralement « regarder les fleurs ») concernant l' umé, précédant celui des cerisiers du Japon. Si les cerisiers du Japon sont plus populaires pour le hanami, particulièrement chez les jeunes, les personnes plus âgées préfèrent l'atmosphère du hanami de l'umé.

Symbole de longévité, ce petit arbre aux fleurs blanches ou roses ravit les Nippons, qui ont pris l'habitude de l'offrir pour le nouvel an.

Dans le jeu de cartes traditionnel japonais hanafuda, des fleurs et branches de l'abricotier du Japon sont représentées sur la série des quatre cartes du mois de février.

Il ne doit pas être confondu avec Prunus salicina, ou Prunier du Japon, poussant aussi au Japon, en Corée et en Chine.

Floraison de Prunus mume sous la neige (Japon).
Abricotier en fleur par le peintre Chen Lu (陳錄).
Abricotier en fleur par le peintre Wang Mian (王冕).

Utilisation

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Usage alimentaire

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En Chine

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En Chine, le Suanmeitang (en) (酸梅汤) préparé en faisant macérer les fruits dans de l'eau et en ajoutant de l'osmanthe et du sucre cristallisé est une boisson diététique et rafraîchissante largement répandue, qu'on trouve couramment dans le commerce au rayon des sodas et jus de fruits.

Au Japon

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Umeboshi.

Au Japon, ses fruits, appelés umé-no-mi, servent à la fabrication des umeboshi, ces « prunes macérées dans le sel » (« pickled plums » en anglais) aromatisées avec du shiso[11] rouge, que l'on peut trouver en Europe dans les magasins diététiques.

L'extrait d’umé est l'arôme standard de sirops (comme la grenadine ou l'orgeat chez nous), mais aussi de la plupart des bonbons, chewing-gums, et de toute une gamme de boissons rafraîchissantes.

Le sirop d’umé, extrait en laissant les fruits dégorger quelques semaines dans du sucre, sert de base à une boisson non alcoolisée de saveur aigre-douce, très appréciée en été. Alongé d'eau ou de soda, c'est l’ume-jūsu du Japon que même les lycéens fabriquent avant les vacances d'été. En Corée, on en trouve aussi sous le nom de jus de maesil qui, commercialisé comme boisson de santé, jouit d'une popularité croissante. De nombreuses variantes existent, avec addition ou non de vinaigre d'ume.

L’umeshu (« vin de prune ») est une boisson alcoolisée produite en Corée et au Japon, douce et sucrée, faite en macérant les ume dans de l'eau de vie ou shōchū. Sa saveur aigre-douce est combinée à l'arôme cyanique de l’umeshu (Japon). Une liqueur semblable est fabriquée en Corée, le maesilju, et est vendue sous les noms de mae hwa su et mae chui soon.

Il existe aussi un vinaigre d'ume (umezu ou umesu).

Usage ornemental

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Ume en fleur au Jardin Botanique de Shanghai.

En Chine, il existe près de trois-cents cultivars d'ume ornementaux[réf. nécessaire]. Au Japon, symbole de longévité, ce petit arbre aux fleurs blanches ou roses ravit les Japonais, qui ont pris l'habitude de l'offrir pour le nouvel an. Ses principales variétés sont var. pleiocarpa Maxim., var. microcarpa Makino, var. virificalix Makino et var. bungo Makino.

On peut en voir quelques-uns en France chez les marchands de bonsaï, et chez certains horticulteurs qui les hybrident et les apprécient pour leur profusion de fleurs roses très parfumées qui, comme chez tous les Prunus viennent bien avant les feuilles. Parmi les variétés ornementales, on trouve 'Alba', 'Albo-plena' (à fleurs doubles blanches) ou encore 'Alphandii' (à fleurs doubles roses, dédié à Adolphe Alphand, ingénieur français qui contribua à la création des parcs et jardins de Paris à la demande du baron Haussmann)[11].

Usage médicinal

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Le premier livre chinois traitant des plantes médicinales, le Shennong bencao jing (début de notre ère) mentionne les abricots mei : « Les meishi 梅实 sont acides et équilibrés. Ils font descendre le qi, éliminent la chaleur et les vexations, calment le cœur... » Pour être conservés en pharmacie, les abricots devaient subir une préparation de séchage et salage (baimei 白梅 abricots blancs salés) ou de fumage (wumei 乌梅 abricots noirs fumés). Li Shizhen, le célèbre médecin et naturaliste du XVIe siècle recommande les abricots noirs wumei pour consolider le qi-poumon et calmer la toux.

Actuellement, un ouvrage de référence de pharmacopée chinoise traditionnelle[19] indique que « le wumei (乌梅), Fructus Mume, doit être préparé à partir de fruits non mûrs, cuits à basse température jusqu'à ce que la peau se fripe, puis braisés et noircis, dénoyautés et utilisés tel quel ou carbonisés ». Ses fonctions seraient de consolider le qi-poumon, calme la toux, d'être astringent des intestins et arrêter la diarrhée, de favoriser la production des fluides corporels et étancher la soif, et d'être anti-helminthique. Ses indications sont ainsi d'être utilisé contre la toux chronique, la diarrhée chronique et la soif insatiable, mais aussi le taenia, et l'ascaris.

Les recherches actuelles sont très nombreuses, notamment autour de l'umeboshi.

Notes et références

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  1. a b et c 牧野新日本植物図鑑 (en japonais, titre anglais "Newly revised Makino's new illustrated flora of Japan" Révision 2000, 東京, 北隆館 The Hokuryukan Co. , Tokyo.
  2. abricotier de Mandchourie, P. mandshurica, l'abricotier de Sibérie, P. sibirica, l'abricotier de Briançon, P. brigantina, P. mume et l'abricotier commun P. armeniaca sont tous interfertiles (Martinez-Mora et al. 2009)
  3. Syed Aneel Gilani1, Rizwana A. Qureshi, Amir M. Khan, Faizan Ullah, Zarqa Nawaz, Ijaz Ahmad and Dan Potter, « A molecular phylogeny of selected species of Genus Prunus L. (Rosaceae) from Pakistan using the TRN-L & TRN-F spacer DNA », African Journal of Biotechnology, vol. 10, no 22,‎
  4. Jean Guillaume, Ils ont domestiqué plantes et animaux : Prélude à la civilisation, Éditions Quæ, , 456 p. (ISBN 978-2-7592-0892-0, lire en ligne), « Annexes ».
  5. (ja) Yamaguchi, Y., Kurashi no kotoba: Gogen Jiten, Kodansha, , p 103
  6. Siebold, Verh. Batav. Genootsch. Kunsten. 12(1): 69. 1830
  7. (en) Peter Valder, The garden Plants of China, Timber Press, 1999, 2005
  8. au sens botanique, le genre Prunus englobe outre les pruniers, les pêchers, amandiers, abricotiers et cerisiers ; au sens commun, prunus désigne un petit arbre ornemental de type Prunus jamasakura ou un hybride de Prunus ornemental mais pas Prunus mume
  9. François Cheng, D'où jaillit le chant, Phébus,
  10. a et b (en) Joseph Needham, Science and Civilisation in China, vol VI : 1 Botany, Cambridge University Press, .
  11. a b c et d Abricotier japonais, Le Figaro Jardin, le 10 février 2015
  12. c'est un caractère distinctif des abricotiers par rapport aux pruniers dont le pédicelle fait en général plus de 1 cm
  13. (en) Référence Flora of China : Armeniaca mume
  14. (en) Référence GRIN : espèce Prunus mume
  15. a et b Plant Museum Académie des Sciences de Chine
  16. (zh) 梅, 松、竹一起被称为岁寒三友.
  17. (zh) 春兰,夏荷,秋菊,冬梅.
  18. (zh) 800年高龄古梅树.
  19. Universités de Médecine Traditionnelle Chinoise de Nanjing et Shanghai, La pharmacopée chinoise. Les herbes médicinales usuelles. 中药学, Éditions You Feng,‎ (ISBN 978-2-84279-361-6)
    Traduit et augmenté par Dr You-wa Chen

Annexes

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Articles connexes

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Liens externes

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