Prout (rivière)
La rivière Prut (nom international en transcription directe employée pour l'ukrainien, le russe et en transcription du moldave Прут), Pruth (nom historique dans les livres anciens et les livres d’histoire) ou Prout (en transcription phonétique uniquement française du nom russe : Прут)[1], en roumain : Prut, en ukrainien : Прут, est un affluent du bas-Danube qui coule en Europe de l'Est. Longue de 953 km, elle prend sa source en Ukraine et fait office de frontière entre la Moldavie et la Roumanie sur la plus grande partie de son cours. En roumain, l’article défini ul postposé et accolé donne Prutul[2].
Prut, Pruth ou Prout Прут | |
Le Prut / Prout / Pruth près du mont Hoverla. | |
Le Prut au nord-est du bassin versant du Danube. | |
Caractéristiques | |
---|---|
Longueur | 953 km |
Bassin | 27 500 km2 |
Bassin collecteur | Danube |
Débit moyen | 110 m3/s (maximum enregistré : 2 400 m3/s) |
Cours | |
Source | Sur le versant oriental du mont Hoverla |
· Localisation | À proximité du col Yablonitsky dans les Carpates |
· Coordonnées | 48° 09′ 46″ N, 24° 33′ 15″ E |
Confluence | Danube |
· Localisation | Giurgiulești, entre Galați et Reni |
· Coordonnées | 45° 28′ 08″ N, 28° 12′ 26″ E |
Géographie | |
Pays traversés | Ukraine Roumanie Moldavie |
Principales localités | Deliatyn, Kolomyia, Sniatyn, Tchernivtsi, Novosselytsia, Darabani, Ungheni, Cahul, Giurgiulești. |
modifier |
Étymologie
modifierLa rivière était connue dans l’Antiquité sous les noms de Pyretos ou Pyretus. Trois étymologies furent proposées :
- le dace Pyreta « scintillant »[3],
- le scythe et ïasse Porata, proche de l’ossète fûrd « large cours d’eau »[4],
- le vieux slave прѫтъ, prǫtъ, « rameau flexible, canne »[5] issu de l'indo-européen pereðƕū « large », également donné comme étymologie possible du Siret voisin (Hierasus dans l’Antiquité).
Orthographes françaises
modifierEn français, le « Prut » (dans de nombreuses éditions anciennes du Petit Larousse[6] et dans l'Atlas National Geographic[7]) est encore souvent orthographié « Prout »[8], ou bien cette seconde forme est donnée en renvoi ou entre parenthèses[9]. En milieu francophone, le nom de cette rivière est ainsi fréquemment exclu du processus de « dérussification » qui a eu lieu après de la dislocation de l'URSS : en Moldavie indépendante, les rivières Рэут/Réout ou Бык/Byk par exemple ont retrouvé leurs noms moldaves de Răut ou Bîc, de même que les villes de Бэлць/Belcy : Bălți, Кишинэу/Kishinéou ou Кишинёв/Kichineff : Chișinău et aussi Яшь/Яссы/Jassy : Iași en Moldavie roumaine.
Le Siret, autre rivière moldave coulant en Ukraine et Roumanie, était entré en français sous la forme traditionnelle « Sereth » tirée de l'allemand et du russe, mais les dictionnaires français n'ont eu aucun mal à passer à la forme Siret, alors que pour le Prut, ces mêmes dictionnaires se montrent enclins à conserver l'orthographe « Prout ». Selon l'historien Neagu Djuvara, la principale raison de cette préférence donnée à la forme « Prout » en français serait le « gai souvenir que les intellectuels francophones ont de leurs fous-rires scolaires »[10].
-
Moldavie, les bords du Pruth par Michel Bouquet vers 1840.
-
Le Prut entre le județ de Botoșani (Moldavie occidentale, Roumanie) et le raion de Glodeni (république de Moldavie).
-
Le Prut près d'Ungheni.
Géographie
modifierLe Prut prend sa source sur le versant oriental du mont Hoverla, à proximité du col Yablonitsky dans les Carpates, en Ukraine. Il coule vers le sud-est et se jette dans le Danube au niveau du port de Giurgiulești, entre Galați et Reni. Le bassin hydrographique du Prut s'étend sur 27 500 km2, dont 10 990 km2 en Roumanie. La ville la plus importante située sur ses rives est Tchernivtsi, en Ukraine.
Le barrage moldo-roumain de Stânca-Costești retient ses eaux. Sur une longueur de 711 kilomètres, son talweg forme la frontière entre la Roumanie et la Moldavie. Les 711 kilomètres frontaliers séparent aussi l'Union européenne et l'OTAN (rive droite) de la CEI et de la zone d'influence russe (rive gauche) et à ce titre, ce parcours est très surveillé par la Frontex[11].
Histoire
modifierDe 1359 à 1812 son cours était presque entièrement compris dans le territoire de la principauté de Moldavie et sa source se trouvait en Pocoutie polonaise. Le traité du Pruth fut signé à Fălciu le entre l'Empire russe et l'Empire ottoman, mettant fin à la quatrième guerre russo-turque. Il prévoit la restitution par la Russie aux Ottomans d'Azov et de la Crimée. Il a été renouvelé le à Andrinople par le traité d'Andrinople. De 1812 à 1917 le Pruth fit office de frontière sud-occidentale de l'Empire russe. En souvenir du traité du Pruth, un cuirassé russe est baptisé Bronenossets Prut (russe : Броненосец Прут : le « belliqueux Prut »). L'équipage, composé en partie de Moldaves, se mutine en 1905, en même temps que celui du Potemkine et pour les mêmes raisons, avant de demander et obtenir l'asile à Constanza en Roumanie, qui rend les deux navires au Tzar mais offre l'asile aux mutins. De 1918 à 1940 et jusqu'à l'annexion de la Bessarabie et du nord de la Bucovine par l'Union soviétique, le cours du Prut était en grande partie compris dans le territoire de la Roumanie et sa source se trouvait en Pologne.
La rive moldave du Prut a été classée en réserve de biosphère par l'Unesco en 2018[12], la réserve des sources de la Pohorilets est un site Ramsar en Ukraine.
Villes
modifierLes villes suivantes s'élèvent sur ses rives : Kolomyia, Sniatyn, Tchernivtsi, Novosselytsia (Ukraine occidentale), Darabani et Ungheni (rive droite, Roumanie), Ungheni (rive gauche) et Cahul (Moldavie). La métropole historique et culturelle moldave, Iaşi, se trouve tout près du Prut.
Affluents
modifierLes cours d'eau suivants sont des affluents du Prut :
- Rive gauche : le Racovăț, le Ciugur, la Căldărușa, la Gîrla Mare, la Lăpușna, la Sărata et la Larga;
- Rive droite : le Tcheremoch, la Herța, la Poiana, le Cornești, l'Isnovăț, le Rădăuți, le Ghireni, le Volovăț, le Badu, le Bașeu, la Corogea, la Berza Veche, la Râioasa, le Soloneț, la Cerchezoaia, la Jijia, le Cozmești, le Bohotin, la Moșna, la Duda, la Șopârleana, l'Elan, la Horincea, l'Oancea, la Stoeneasa et la Chineja.
Liens externes
modifier- https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k205365n.image.r=Grand+Dictionnaire+du+XIXe+si%C3%A8cle.f360.langFR : procuré par Gallica : article Pruth, colonne 2, page 356 du tome 13 (Pour-R) du Grand dictionnaire universel du XIXe siècle de Pierre Larousse (1817-1875)
- Fichier:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 13.djvu : volume 13 (Pomacies–Reggio) publié en 1765 de l’Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers (éditée de 1751 à 1772) ; voir page 535 colonne droite l’article Pruth signé D. J. (de Jaucourt) où l’on remarque le caractère ſ (s long)<;
- (ro) Administrația Națională Apelor Române - Cadastrul Apelor - București
- (ro) Institutul de Meteorologie și Hidrologie - Rîurile României - București 1971
Voir aussi
modifierNotes et références
modifier- Le Dictionnaire des noms de lieux de Louis Deroy et Marianne Mulon.
- Le Petit Robert des noms propres.
- Ion Horațiu Crișan, Burebista et son époque, Ed. Științifică și Enciclopedică, Bucarest, 1977, citant Hérodote, L'Enquête, livre IV, 93.
- Le Petit Robert des noms propres
- En tchèque rybářský prut signifie « canne à pêche »).
- « Prut » sans autre renvoi, Nouveau petit Larousse illustré, 270-è édition, p. 1627
- Atlas National Geographic, (ISBN 978-2-84582-236-8), plusieurs rééditions, 432 pp., pages 90, 151, 87, 88.
- Le Petit Robert des noms propres
- Les dictionnaires Robert, 1992, 531 pages, (ISBN 2-85036-195-X), les éditions récentes du Petit Larousse et du Dictionnaire Hachette ont des entrées « Prout » et signalent « Prut » avec renvoi vers « Prout » ; l'Atlas National Geographic donne aussi « Prout » entre parenthèses.
- Interview de Neagu Djuvara par Toma Roman jr. dans le no 11 du mensuel Plai cu Boi - [1] et fou-rire du journaliste Bernard Briançon annonçant les crues dévastatrices du Prut en 1994 [2].
- Voir Regulation (EU) 2016/1624.
- (en) « Lower Prut Biosphere Reserve, Moldova », sur UNESCO (consulté le )