Siège de Kaiserswerth

1702
Siège de Kaiserswerth (1702)
Description de cette image, également commentée ci-après
Plan de la place de Kaiserswerth
Informations générales
Date au
Lieu Kaiserswerth
Issue Victoire des alliés
Belligérants
Drapeau du royaume de France Royaume de France Drapeau du Saint-Empire Saint-Empire
Royaume de Prusse
Drapeau des Provinces-Unies Provinces-Unies
Commandants
• Le marquis de Blainville • Le comte de Nassau-Saarbrücken
Forces en présence
18 000 hommes 5 à 6 bataillons
Pertes
7 000 hommes

Guerre de Succession d'Espagne

Batailles

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Coordonnées 51° 18′ 00″ nord, 6° 44′ 21″ est
Géolocalisation sur la carte : Allemagne
(Voir situation sur carte : Allemagne)
Siège de Kaiserswerth (1702)

Le siège de Kaiserswerth a lieu durant la guerre de Succession d'Espagne : l'armée des alliés du comte de Nassau-Saarbrücken prend Kaiserswerth après un siège de quelques semaines. Kaiserwerth, petite ville située sur la rive droite du Rhin, appartient à l'Électorat de Cologne, Il s'agit de la première place forte prise pendant la campagne de 1702 dans les Pays-Bas espagnols.

Le siège modifier

Le premier engagement de la guerre dans la région des Pays-Bas est l'attaque de la place de Kaiserswerth, petite ville de l'Électorat de Cologne située sur la rive droite du Rhin. Cette ville est défendue, depuis l'année précédente par une garnison française composée de six bataillons[note 1], aux ordres du marquis de Blainville, maréchal de camp des armées françaises et gouverneur de la place.

Depuis le mois de , un détachement de troupes auxiliaires de l'Empereur, fort de 18 000 hommes et composé de soldats hollandais et anglais, bloque la place de Kaiserswerth.

En , une armée du Saint-Empire, conduite par le comte de Nassau-Saarbruck, composée en partie de soldats du Brandebourg de Hanovre et de soldats du Prince Palatin s'approche de la place à partir du Duché de Berg pour l'attaquer et la prendre. Cette armée est couverte par un second corps d'armée commandé par le Comte d'Athlone et le comte de Tilly[1], général hollandais, stationné près de Clèves. Ce second corps est composé de 27 bataillons et 62 escadrons, soient 22 000 soldats[2].

Le , l'infanterie impériale quitte Mulheim pour Kaiserswerth tandis que la cavalerie fait mouvement dès le lendemain sous les ordres du général Dopff (nl) et le baron de Heyden (de). Le comte de Nassau dispose ses effectifs autour de la place, du côté droit du Rhin, les troupes des Provinces Unies au sud, les troupes de Hesse à l'est et les troupes prussiennes au nord, et après inspection des abords de la place, il décide de démarrer l'ouverture de la tranchée dès le au soir avec 600 pionniers, soutenus par 400 grenadiers et parviennent à établir deux batteries de canon de huit pièces.

Les travaux de tranchées se poursuivent, à la fois au sud par les troupes des Provinces Unies et au nord par les Prussiens sous le commandement du prince d'Anhalt, et cela malgré le feu des Français à partir d'une redoute située sur une petite île le long des rives du Rhin. Le , au matin, le marquis de Bainville décide d'envoyer cinq compagnies de Grenadiers soutenus par 500 soldats du régiment d'Orléans, commandé par leur colonel, le marquis de Brancas, et 200 pionniers dans le but de détruire les tranchées des Hollandais. Mais, à la suite d'une contre-attaque de cavalerie, le marquis de Brancas se retire dans la place en perdant une cinquantaine d'hommes.

Le , 400 grenadiers commandés par le prince d'Anhalt et 700 fusiliers débarquent sur la petite île sur laquelle sont positionnés 150 soldats français. Après un combat soutenu, les Français se retirent dans la redoute située au sud de l'île. Après les sommations d'usage, les soldats français se rendent aux Prussiens tandis que les officiers français sont tués en essayant de fuir en bateau[note 2].

Le même jour, le corps d'armée du comte de Tallard, composé de 18 bataillons et de 30 escadrons, arrive sur la rive gauche du Rhin, en face de la place de Kaiserswerth. Il est malheureusement trop éloigné des assiégeants pour les attaquer au moyen de son artillerie mais il parvient à ravitailler la place en hommes (2 bataillons du Régiment du Languedoc, un bataillon du Régiment de Saint-Sulpice et 700 hommes), en munitions et en provisions par bateaux.

La montée des eaux du Rhin, à la suite de pluies importantes, va ralentir l'activité pendant quelques jours. Le , le marquis de Blainville fait effectuer deux sorties pour neutraliser les tranchées ennemies. Cependant les travaux des pionniers se poursuivent jusqu'à une contrescarpe de la place. Le , une première sortie de nuit de 400 soldats commandés par le marquis de Saint-Sulpice et une seconde sortie de jour de 800 hommes commandés par le Chevalier de Croissy parviennent à éliminer 7 à 800 soldats ennemis, à détruire une partie des travaux des tranchées et à récupérer des canons.

Mais les assiégeants poursuivent leurs travaux de creusement de tranchées et d'installation de batteries de canons. À partir du , les alliés vont commencer à bombarder avec 48 canons et 30 mortiers la ville et les fortifications, tout en poursuivant leurs travaux de sape. Le , le prince prussien d'Anhalt-Dessau et le comte Hamilton lancent des attaques sur la ville avec 6 à 7 000 hommes, au prix de pertes importantes.

« Les Hollandais y eurent de tués trois colonels ou lieutenants colonels, six capitaines, cinq lieutenants, neuf enseignes, vingt-neuf sergents et quatre cent vingt quatre soldats… Les troupes de Prusse y perdirent un colonel, plusieurs autres officiers et deux cent vingt quatre soldats. »

— le marquis de Quincy , Histoire militaire du règne de Louis le Grand[3]

Le , le marquis de Blainville tente une sortie pour chasser les troupes alliées du ravelin, mais en vain. La place n'est plus qu'un monceau de pierre, c'est pourquoi, le marquis de Blainville, décide de battre la chamade le , à 6 heures du matin, après avoir tenu 59 jours de tranchée ouverte. La journée est consacrée à signer les conditions de capitulation entre le marquis et le comte de Nassau qui accorde des conditions honorables aux assiégés.

« Que la garnison de la Ville, Château & Fort sortirait avec armes & bagages, & généralement avec tout ce qui lui appartenait & tous les autres honneurs accoutumés, qu'on lui fournirait tous les bateaux, chariots & chevaux nécessaires pout les Officiers et leurs effets, pour les malades & les blessés, pour être conduits par le chemin le plus court à Venlo. »

— le marquis de Quincy , Histoire militaire du règne de Louis le Grand[4]

Conséquences modifier

Le marquis de Blainville est nommé lieutenant-général par Louis XIV à la suite de la résistance héroïque de la place.

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. Remarque : de Vault ⇒ cinq bataillons >< Marlborough ⇒ six bataillons.
  2. Le 29 avril, on eut nouvelle qu'on avait jeté dans Kaiserswert cinq cents hommes portant chacun deux mousquets, et qu'on y faisait entrer ces sortes de secours par un pont volant ; mais que les ennemis y avoient cent pièces de canon en batterie, sans compter les mortiers, et qu'ils faisaient un si grand feu d'artillerie, qu'on croyait que la ville était déjà toute brûlée; que les ennemis étant venus attaquer la redoute de l'Ile, elle avait d'abord été défendue assez vigoureusement, mais que les soldats, ennuyés du grand feu, avaient voulu obliger les officiers à se rendre, ce que les officiers ayant toujours constamment refusé, parce qu'il n'y avait encore rien qui les pressât, la plupart des soldats s'étaient jetés hors de la redoute pour s'aller rendre aux ennemis ; que les officiers, voyant cela, avaient voulu se mettre avec les quelques soldats fidèles dans un petit bateau, pour se retirer dans la place, mais que, le bateau ayant enfoncé, ils avaient tous été noyés, à la réserve de trois soldats.Voir Mémoires du marquis de Souches sur le règne de Louis XIV tome 7.

Références modifier

Sources et bibliographie modifier

Les sources sont classées par date de parution

  • Jacques de Quincy, Histoire militaire du règne de Louis le Grand, vol. 3, (Paris), , 825 p..
  • Jean Churchill de Marlborough, Histoire de Jean Churchill, duc de Marlborough, vol. 1, Jean Imprimerie Impériale (Paris), , 409 p. (lire en ligne).
  • Léon Lecestre, Mémoires de Saint-Hilaire, vol. 3, Librairie Renouard(Paris), , 331 p..
  • Franciades Fleurus Duvivier, Observations sur la guerre de la succession d'Espagne, vol. 1, J Corréard (Paris), , 425 p. (lire en ligne).
  • de Vault, Mémoires militaires relatifs à la guerre d'Espagne sous Louis XIV, vol. 2, Imprimerie Royale(Paris), , 910 p..
  • James Carmichël-Smith, Histoire abrégée des guerres dont les Pays-Bas ont été le théatre, F Oudart (Liége), , 391 p..
  • Louis-Prosper Gachard, Histoire de la Belgique au commencement du XVIIIe siècle, Librairie européenne C. Muquardt (Bruxelles), (lire en ligne).
  • Henri Pirenne, Histoire de Belgique, vol. V, Lamertin, , 584 p. (lire en ligne).

Articles connexes modifier