Il se voulait l'héritier de l'Empire d'Occident des Carolingiens qui avait disparu au Xe siècle, mais également du prestige et de l'Antiquité de l'Empire romain avant lui. C'est sous la dynastie des Ottoniens, au Xe siècle, que l'Empire se forme et l'adjectif Saint n'apparaît que sous le règne de Frédéric Barberousse, pour légitimer le pouvoir de manière divine, tandis que celui de Germanique n'est utilisé qu'à partir du XVe siècle.
La guerre de Trente Ans est une série de conflits armés qui a déchiré l’Europe de 1618 à 1648. Nés de l’ambition des Habsbourg d’accroître leur hégémonie, ces conflits ont opposé le camp des Habsbourg d’Espagne et du Saint-Empire germanique, soutenus par l’Église catholique romaine, aux États allemands protestants du Saint-Empire, auxquels étaient alliées les puissances européennes voisines à majorité protestante (Provinces-Unies et pays scandinaves) ainsi que la France qui, bien que catholique et luttant contre les protestants chez elle, entendait réduire l’hégémonie des Habsbourg sur le continent.
Cette guerre a impliqué l'ensemble des puissances européennes selon qu'elles étaient pour ou contre le parti de l'Empereur, à l'exception de l'Angleterre et de la Russie – qui ont néanmoins œuvré contre le parti des Habsbourg de façon indirecte. L'emploi de mercenaires était la règle quasi-générale. Les combats se déroulèrent surtout dans les territoires d’Europe centrale dépendant du Saint-Empire, puis se portèrent sur la plaine de Flandre, le nord de la péninsule Italienne ou encore dans la péninsule Ibérique. Les batailles, les famines, les massacres, ont entraîné plusieurs millions de morts. Cette « guerre civile européenne » a dévasté la démographie et l'économie des États allemands et du royaume d'Espagne et a finalement consacré l'hégémonie de la France, qui s'épanouira davantage encore sous Louis XIV.
La guerre de Trente Ans a été marquée au plan religieux par l'affrontement entre protestantisme et catholicisme, et au plan politique par l'affrontement entre féodalité et absolutisme. Avec la paix de Westphalie, le problème politique se solde par la victoire du modèle absolutiste, qui du même coup résout celui des guerres de religion : puisque c'est au nom de conceptions rivales du bien que l'on s'est fait la guerre, on cesse de vouloir fonder la société sur une conception du bien admise par tous, et on assied la paix civile en recourant à ce que les hommes ont en commun : la peur de la mort violente. Sous la forme de l'absolutisme, théorisé par Bodin et Hobbes, naît ainsi l’État moderne : entité exerçant dans ses frontières le monopole de la violence légitime et se défendant à l'extérieur par une armée nationale.
De cette manière, la paix de Westphalie jette les bases du jus publicum europaeum : un système nouveau et stable de relations internationales, fondé sur un équilibre entre des États chacun titulaire de la souveraineté, et les guerres sont désormais conçues comme des conflits sécularisés d’État souverain à État souverain.