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| titre = Les Aventures de Tintin
| titre autre = Les Aventures de Tintin et Milou
| image = Stockel-TinTin-1Tintin et Milou Logo headshot.jpgpng
| légende = Décoration murale du métro belge représentant les personnages des ''Aventures de Tintin''.
| dessin =
| scénario =
| auteur = [[Hergé]]
| assistant = [[Studios Hergé]] <br /> [[Edgar P. Jacobs]]
| genre = [[:Catégorie:Bande dessinée jeunesse]]<br>[[Bande dessinée d'aventure|Aventures]] <br /> [[:Catégorie: Bande dessinée policière|Policier]] <br /> [[:Catégorie: Bande dessinée de science-fiction|Science-fiction]]
| thèmes =
| personnages = [[Tintin]] et [[Milou]] <br /> le [[capitaine Haddock]] <br /> [[Dupond et Dupont]] <br /> [[Professeur Tournesol|Tryphon Tournesol]]
| lieu = Les cinq continents <br /> La [[Lune]] à une occasion
| époque = [[ÉpoqueMilieu contemporainedu {{S-|Contemporaine]]XX}}
| langue = [[Français]]
| pays = {{Belgique}}
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| ISBN =
| format =
| nombre de pages = {{Uniténobr|62| pages}} env.(du tome 2 à 23)
| nombre d'albums = {{Uniténobr|24| albums}}, dont un inachevé
| adaptation =
| album précédent =
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}}
 
'''''Les Aventures de Tintin''''' constituent une [[#série complète|série]] de [[bande dessinée|bandes dessinées]] créée par le [[dessinateur]] et [[scénariste]] [[Belgique|belge]] Georges Remi, dit [[Hergé]].
 
Avec {{nobr|250 millions}} d'exemplaires vendus, ''Les Aventures de Tintin'' font partie des plus[[Bande célèbresdessinée eteuropéenne|bandes plusdessinées populaireseuropéennes]] (230[[Liste millionsdes d'exemplairesséries vendus<refde name="Rivetbande 2014"dessinée />)les [[bandeplus dessinéevendues franco-belgeau monde|bandesles dessinéesplus européennescélèbres et plus populaires]] du {{XXe siècleS-|XX}}. Elles ont été traduites endans une centaine de langues et dialectes<ref name="Rivet 2014" /> et adaptées à de nombreuses reprises au [[cinéma]], à la [[télévision]] et au [[théâtre]]. Elles se déroulent dans un univers réaliste et parfois fantastique, fourmillant de personnages aux traits de caractère bien définis. Le héros de la série est le personnage éponyme, [[Tintin]], un jeune [[reporter]] et globe-trotter belge. Il; il est accompagné dans ses aventures par son [[fox-terrier à poil dur|fox-terrier]] [[Milou]]. Au fil des albums, plusieurs figures récurrentes apparaissent, comme les détectives accumulant les maladresses loufoques [[Dupond et Dupont]], le [[capitaine Haddock]] qui ne tarde pas à devenir un personnage principal –, les détectives accumulant les maladresses loufoques [[Dupond et Dupont]], ou encore le [[professeur Tournesol]].
 
La série est appréciée pour ses dessins qui mélangent personnages aux proportions exagérées et décors réalistes. L'utilisation de traits d'une égale épaisseur, l'absence de hachures et le recours aux aplats de couleur sont les marques du style de l'auteur, connu sous l'appellation de « [[ligne claire]] ». Les intrigues des albums mélangent les genres : des [[roman d'aventures|aventures]] à l'autre bout du monde, des [[roman policier|enquêtes policières]], des histoires d'[[Renseignement|espionnage]], de la [[science-fiction]], du [[fantastique]]. Les histoires racontées dans ''Les Aventures de Tintin'' font toujours la part belle à l'humour « [[slapstick|peau de banane]] », contrebalancé dans les albums les plus tardifs par une certaine [[ironie]]<ref>{{Lien web|url=http://www.actuabd.com/Le-Rire-de-Tintin-Essai-sur-le-comique-Hergeen-Par-T-Groensteen-Moulinsart|titre=Le rire de Tintin : Essai sur le comique hergéen|auteur=T. Groensteen|date=24 juin 2006|site=[http://www.actuabd.com/ Actua BD]|consulté le=28 mars 2010}}.</ref> et une réflexion sur la société.
 
{{sommaire|niveau=2}}
== Publications ==
[[Fichier:Le petit vingtième 15 mai 1930.jpg|thumb|alt=Couverture du Petit Vingtième publié le jeudi 13 mai 1930|Couverture du ''Petit Vingtième'' publié le jeudi 13 mai 1930, montrant Tintin de retour du {{citation|[[Union des républiques socialistes soviétiques|pays des Soviets]]}}.]]
''Les Aventures de Tintin'' sont publiées pour la première fois le {{date|10|janvier|1929|en bande dessinée}} dans ''[[Le Petit Vingtième]]'', supplément hebdomadaire pour enfants du journal belge ''[[Le Vingtième Siècle]]''. La dernière parution dans ce journal date du 9 mai 1940 – jour où les armées allemandes entrent en Belgique.
 
== Historique de la série ==
À partir du {{date|26|octobre|1930|en bande dessinée}}, la série est également publiée dans ''[[Cœurs vaillants]]''.
[[Fichier:Belgique - Louvain-la-Neuve - Centre sportif de Blocry - 52.jpg|vignette|droite|upright=1|<center>Tintin illustrant le thème de la plongée dans les couloirs du [[Complexe sportif de Blocry|Centre sportif de Blocry]] à [[Louvain-la-Neuve]] avec des scènes tirées de l'album ''Le Trésor de Rackham le Rouge''.</center>]]
=== Naissance du personnage (1929-1930) ===
[[Fichier:Le petit vingtième 15 mai 1930.jpg|vignette|gauche|redresse|alt=Couverture du Petit Vingtième publié le jeudi {{date-|13 mai 1930}}|Couverture du ''Petit Vingtième'' du {{date-|15 mai 1930}}, montrant Tintin de retour du pays des Soviets.]]
En {{date-|septembre 1925}}, [[Hergé]] entre au service des abonnements du ''[[Le Vingtième Siècle (quotidien)|Vingtième Siècle]]''{{sfn|Assouline|1996|group=a|p=41}}{{,}}{{sfn|Peeters|2006|group=p|p=54}}, un quotidien [[Catholicisme|catholique]] et [[Conservatisme|conservateur]] dirigé par l'abbé [[Norbert Wallez]]{{sfn|Peeters|2006|group=p|p=65}}. En parallèle, il continue de publier ses propres dessins dans des revues comme ''Le Blé qui lève''{{sfn|Kursner|2021|gr=k|p=11-12}} ou ''Le Boy-Scout''{{sfn|Sterckx|2015|gr=s|p=16}}, qui devient ''Le Boy-Scout belge'' à la suite d'une fusion en 1927{{sfn|Kursner|2021|gr=k|p=12-14}}. C'est dans ce périodique qu'il publie notamment sa première [[bande dessinée]], ''[[Les Aventures de Totor, C. P. des Hannetons]]''<ref group="Note">L'écrivain et critique d'art [[Pierre Sterckx]] considère cependant qu'il s'agit d'un texte illustré et non d'une bande dessinée, dans la mesure où le texte figure sous l'image, en dehors des cases, et non à l'intérieur de [[Phylactère (bande dessinée)|phylactères]]. Voir {{harvsp|Sterckx|texte=L'art d'Hergé|2015|p=16}}.</ref>, à partir du mois de {{date-|juillet 1926}}{{sfn|Peeters|2006|group=p|p=59}}.
 
En {{date-|août 1927}}, à l'issue de son [[service militaire]], il bénéficie d'une promotion, engagé au sein de la rédaction comme [[reporter-photographe]] et dessinateur{{sfn|Assouline|1996|group=a|p=41}}. Hergé multiplie les contributions pour le quotidien et illustre notamment des récits publiés en feuilleton dans le supplément littéraire du journal. Il collabore également avec René Verhaegen pour illustrer trois de ses récits, ''Une petite araignée voyage'', ''Popokabaka'', puis ''La Rainette''{{sfn|Kursner|2021|gr=k|p=16-17}}. L'année suivante, Norbert Wallez lui confie la responsabilité d'un [[Supplément (presse écrite)|supplément]] hebdomadaire destiné à la jeunesse ''[[Le Petit Vingtième]]'', dont le premier numéro paraît le {{date-|{{1er}} novembre 1928}}{{sfn|Assouline|1996|group=a|p=52}}{{,}}<ref group="Note">Au lancement du ''Petit Vingtième'', Hergé en est le seul collaborateur permanent. Voir {{harvsp|id=historia1|texte=Les personnages de Tintin dans l'histoire, vol. 1|2011|p=19-20}}.</ref>.
À partir du {{date|3|septembre|1932|en bande dessinée}}, la série est également publiée, avec quelques modifications, dans l'hebdomadaire catholique suisse ''[[L’Écho illustré]]''<ref>Loïse Bilat, Gianni Haver, [http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=SOC_106_0065],« Tintin, oui mais avec modération. Les tâtonnements de la bande dessinée en Suisse romande », in ''Sociétés'' 106(4), {{p.|65-74}}, 2009.</ref>
 
Dans un premier temps, Hergé doit illustrer ''[[Flup, Nénesse, Poussette et Cochonnet|L'extraordinaire aventure de Flup, Nénesse, Poussette et Cochonnet]]'', une histoire écrite par un chroniqueur judiciaire et sportif du ''Vingtième Siècle'', Armand De Smet{{sfn|Kursner|2021|gr=k|p=20}}{{,}}{{sfn|Peeters|2006|group=p|p=73-74}}{{,}}{{sfn|Assouline|1996|group=a|p=52}}. Peu satisfait de cette production qu'il juge {{citation|ennuyeuse}}, il multiplie les contributions dans d'autres périodiques, dont deux [[Planche (bande dessinée)|planches]] intitulées ''Réveillon'' et ''La Noël du petit enfant sage'' qu'il publie dans ''Le Sifflet''{{sfn|Kursner|2021|gr=k|p=21-22}}. Cette dernière met en scène un jeune garçon accompagné de son chien blanc{{sfn|Peeters|2006|group=p|p=74-75}}, deux personnages qui séduisent Norbert Wallez au point que l'abbé propose à Hergé de les intégrer au ''Petit Vingtième''. C'est la naissance de [[Tintin]] et [[Milou]], le {{date-|10 janvier 1929}}{{sfn|Kursner|2021|gr=k|p=21-22}}, pour une première aventure intitulée ''[[Tintin au pays des Soviets]]''{{sfn|Sterckx|2015|gr=s|p=16}}.
À partir du {{date|17|octobre|1940|en bande dessinée}}, la publication des Aventures de Tintin reprend dans ''[[Le Soir|Le Soir jeunesse]]'', supplément du journal ''[[Le Soir]]''. [[Hergé]] y commence ''[[Le Crabe aux pinces d'or]]''.
 
À la demande de Wallez, le récit est ouvertement [[Anticommunisme|anticommuniste]] et suit ainsi la ligne éditoriale du ''Vingtième Siècle'' et de son directeur{{sfn|Peeters|2006|group=p|p=78-79}}{{,}}{{sfn|Assouline|1996|group=a|p=68-69}}. Hergé livre chaque semaine deux planches qui {{citation|enchaînent gags et catastrophes sans bien savoir où son récit l'entraîne}}{{sfn|Peeters|1983|p=14-15}}, tandis que les décors et les paysages {{citation|sont réduits à leur plus simple expression}}{{sfn|Assouline|1996|group=a|p=68-69}}. Le succès est pourtant immédiat : l'aventure achevée, le {{date-|8 mai 1930}}, une foule de lecteurs se presse sur les quais de la [[gare de Bruxelles-Nord]] pour accueillir un Tintin en chair et en os à son retour du pays des Soviets{{sfn|Kursner|2021|gr=k|p=24-25}}, à l'occasion d'une mise en scène de la rédaction du ''Vingtième Siècle'' qui recrute un jeune scout pour donner corps à son héros{{sfn|Assouline|1996|group=a|p=76-77}}{{,}}{{sfn|Sterckx|2015|gr=s|p=87}}.
À partir du {{date|23|septembre|1941|en bande dessinée}}, à la suite de l'arrêt du ''Soir jeunesse'', conséquence du rationnement en papier, la publication des Aventures de Tintin est directement intégrée dans les pages du journal ''[[Le Soir]]''. Cette publication s'y poursuivra jusqu'au {{date|1er|septembre|1944|en bande dessinée}}, date à laquelle débute la libération de la Belgique.
 
=== Les débuts d'une industrie (1930-1939) ===
À partir du {{date|26|septembre|1946|en bande dessinée}}, après une période d'interdiction de publication, ''Les Aventures de Tintin'' sont [[prépublication|prépubliées]] dans le ''[[Tintin (périodique)|Journal de Tintin]]'' avec ''[[Le Temple du Soleil]]''.
[[Fichier:WalibiTintinElephant.jpg|vignette|alt=Photographie en couleurs montrant une statue de Tintin installée dans un parc reconstituant la jungle.|Reconstitution de la scène de la douche de Tintin sous la trompe d'un éléphant dans ''[[Les Cigares du pharaon]]''.]]
Conformément au souhait de [[Norbert Wallez]], qui veut faire naître une vocation coloniale chez les jeunes lecteurs, le deuxième volet de la série envoie le reporter en Afrique, dans un volume intitulé ''[[Tintin au Congo]]''{{sfn|Assouline|1996|group=a|p=92}}. Hergé souhaitait pourtant évoquer la culture des [[Amérindiens]], qui le fascine{{sfn|id=historia1|texte=Les personnages de Tintin dans l'histoire, vol. 1|2011|p=31}}, ce qui est fait dans la troisième aventure avec ''[[Tintin en Amérique]]''{{sfn|Sterckx|2015|gr=s|p=88}}. À la fin de l'année 1933, ''Les Aventures de Tintin'' prennent un tournant décisif : Hergé signe un contrat avec la maison [[Casterman]], située à [[Tournai]], qui obtient le privilège d'éditer tous les albums de l'auteur en langue française. Cet accord est déterminant pour la conquête du marché français{{sfn|Assouline|1996|group=a|p=123}}{{,}}{{sfn|Goddin|2007|p=198}}, alors que Tintin est diffusé dans l'hebdomadaire catholique ''[[Cœurs vaillants]]'' depuis 1930{{sfn|Kursner|2021|gr=k|p=42-43}}. Deux ans plus tard, ses aventures sont également publiées en Suisse dans les colonnes de ''[[Écho magazine|L'Écho illustré]]''{{sfn|Kursner|2021|gr=k|p=52-53}}.
 
La quatrième aventure, ''[[Les Cigares du pharaon]]'', marque une nouvelle étape. Hergé cesse de se faire l'écho des clichés de l'actualité politique pour s'engager dans l'art du roman{{sfn|Sterckx|2015|gr=s|p=89}}. Si l'histoire, conçue sans le moindre scénario préalable, demeure très improvisée, voire {{citation|abracadabrante}}{{sfn|Assouline|1996|group=a|p=128}}, elle représente la {{citation|quintessence du feuilleton}}{{sfn|Peeters|2006|group=p|p=128}} et témoigne de la nouvelle ambition littéraire de l'auteur. Cela se traduit notamment dans le choix du titre de l'album qui, pour la première fois, ne contient pas le nom du héros<ref name="thibault">{{article|auteur=Franck Thibault|titre=Ceci n'est pas un cigare : Les Cigares du pharaon ou Le récit en trompe-l'œil|périodique=Belphégor : Littérature populaire et culture|année=2004|numéro=4.1|format=pdf|lire en ligne=https://dalspace.library.dal.ca/bitstream/handle/10222/50637/04_01_Thibau_cigare_fr_cont.pdf?sequence=1&isAllowed=y}}.</ref>. Sur les chemins de l'[[Orient (géographie)|Orient]], à travers l'[[Égypte]], l'[[Arabie]] et l'[[Inde]], l'aventure est encore teintée de [[stéréotype]]s. Pour autant, le décor n'est plus au cœur du récit, supplanté par l'affrontement entre Tintin et une bande de trafiquants d'[[opium]]{{sfn|Peeters|1983|p=83-84}}{{,}}{{sfn|Sterckx|2015|gr=s|p=89}}.
''Les Aventures de Tintin'' sont aussi publiées en {{unité|24|albums}}, dont un inachevé, aux éditions [[Casterman]]. Elles se terminent avec la mort de leur auteur, le {{date|3|mars|1983|en bande dessinée}}.
 
[[File:Cultures_précolombiennes_MRAH_Chimu_Hergé_02_10_2011_B.jpg|vignette|gauche|redresse=0.5|Le fétiche de ''[[L'Oreille cassée]]''.]]
== Vue d'ensemble ==
Mais c'est surtout ''[[Le Lotus bleu]]'' qui fait entrer Hergé et son héros dans une nouvelle dimension. Cette cinquième aventure marque un pas décisif vers le [[Réalisme (littérature)|réalisme]], comme le souligne [[Benoît Peeters]] : {{citation|Tintin, qui jusque-là se nourrissait allègrement de mythes et de poncifs, entreprend désormais de les combattre ; il sera celui qui démonte les apparences et non plus celui qui s'en satisfait}}{{sfn|Peeters|1983|p=7-8}}. La rencontre d'un jeune étudiant chinois, [[Zhang Chongren|Tchang Tchong-Jen]], est déterminante : ce dernier fait évoluer les représentations du dessinateur sur son pays et pousse Hergé à documenter son travail, tout en lui prodiguant des conseils en matière de dessin{{sfn|Sterckx|2015|gr=s|p=89}}.
Tintin est un [[reporter]]<ref group="Note">On ne le verra toutefois écrire qu'un seul article, dont on ignore le contenu (dans ''[[Tintin au pays des Soviets]]'').</ref>, profession dont Hergé se sert pour mêler son personnage à plusieurs événements d'actualité : la révolution [[bolchevique]] en Russie, les prémisses de la [[Seconde Guerre mondiale]], la [[Exploration de la Lune|conquête lunaire]], etc. Hergé a créé autour de Tintin un univers aux détails stylisés, mais réaliste. Il a obtenu cet effet en s'inspirant d'une importante collection de photographies.
 
Dès lors, le souci du réalisme ne quitte plus Hergé qui cherche également à inscrire son récit dans l'actualité de son époque. Après avoir évoqué l'[[incident de Mukden]] et l'[[invasion japonaise de la Mandchourie]] dans ''Le Lotus Bleu''{{sfn|id=historia1|texte=Les personnages de Tintin dans l'histoire, vol. 1|2011|p=51}}, il transpose la [[guerre du Chaco]] qui oppose la [[Bolivie]] et le [[Paraguay]] dans ''[[L'Oreille cassée]]''{{sfn|id=historia1|texte=Les personnages de Tintin dans l'histoire, vol. 1|2011|p=61}}, tandis que ''[[Le Sceptre d'Ottokar]]'' peut être lu comme le récit d'un {{citation|[[Anschluss]] raté}}{{sfn|Sadoul|1983|p=153}}{{,}}{{sfn|Assouline|1996|group=a|p=211-214}}.
''Les Aventures de Tintin'' suivent une trame très linéaire – {{référence nécessaire|une énigme résolue de manière logique}} – mais Hergé les présente avec son sens de l'humour caractéristique. De plus, il y introduit des personnages secondaires, {{référence nécessaire|assez prévisibles}}, {{référence nécessaire|mais auxquels les lecteurs, dont l'attention est captée, s'attachent parfois plus qu'aux héros}} (voir [[Les Aventures de Tintin#Personnages secondaires|plus bas]]).
 
''L'Oreille cassée'' marque plusieurs évolutions. Pour la première fois, le récit s'attarde dans la ville d'origine de Tintin et inscrit le héros dans une certaine forme de quotidienneté en faisant découvrir au lecteur son appartement du [[26, rue du Labrador]]. Par ailleurs, Hergé crée deux États fictifs, le [[San Theodoros]] et le [[Nuevo Rico]]{{sfn|id=historia1|texte=Les personnages de Tintin dans l'histoire, vol. 1|2011|p=61}}, puis fait de même avec la [[Syldavie]] et la [[Bordurie]] dans ''Le Sceptre d'Ottokar''{{sfn|Peeters|2006|group=p|p=190}}. L'auteur reprend ainsi les ingrédients de la [[romance ruritanienne]], un sous-genre de la littérature de jeunesse né au tournant du {{s-|XX}}<ref name="angenot">{{article|auteur=[[Marc Angenot]]|titre=Basil Zaharoff et la guerre du Chaco : la tintinisation de la géopolitique des années 1930|périodique=[[Études françaises]]|volume=46|numéro=2|année=2010|pages=47-63|lire en ligne=https://www.erudit.org/fr/revues/etudfr/2010-v46-n2-etudfr3908/044534ar/}}.</ref>.
Le dessinateur a également particulièrement bien compris les mécanismes de la bande dessinée, en particulier concernant le rythme. Ce sens du rythme est flagrant dans ''[[Les Bijoux de la Castafiore]]'', un album dont l'action se déroule dans une atmosphère tendue, alors qu'il ne s'y passe aucun action aventureuse. La publication, en planches hebdomadaires, imposait en effet que chaque page fasse avancer l'action suffisamment et se termine sur un point d'humour ou de surprise qui donnait envie d'acheter la suite. Même si le dessin peut sembler simpliste, voire caricatural pour les visages, il va devenir de plus en plus précis sur les décors au fil du temps et des rééditions<ref>[[Jean-Bruno Renard]], ''Bandes dessinées et croyances du siècle. Essai sur la religion et le fantastique dans la bande dessinée franco-belge'', Paris, PUF, « La Politique éclatée », 1986</ref>.
 
=== Âge d'or et premiers tourments (1940-1944) ===
Hergé a, dans les premiers temps, créé ''Les Aventures de Tintin'' en improvisant, ne sachant pas à l'avance de quelle manière le héros se sortirait de toutes ses mésaventures. Il n'a été amené à documenter et à prévoir ses scénarios qu'après avoir terminé ''[[Les Cigares du pharaon]]''. L'impulsion est venue de [[Zhang Chongren]] (Tchang Tchong-jen, ou [[Liste des personnages des Aventures de Tintin#T|Tchang]]), un étudiant chinois qui, en apprenant qu'Hergé allait envoyer Tintin en Chine pour sa prochaine aventure, l'a incité à ne pas colporter les idées reçues qu'avaient les Européens de l'époque. Hergé et Zhang ont ainsi travaillé ensemble sur l'épisode suivant de la série : ''[[Le Lotus bleu]]'', ouvrage repris dans [[les 100 livres du siècle]], classement français des livres considérés comme les cent meilleurs du {{XXe siècle}}, établi au printemps [[1999 en littérature|1999]] dans le cadre d'une opération organisée par la [[Fnac]] et ''[[Le Monde]]''. Hergé y expose la manipulation conduisant à l'occupation de la Mandchourie par le Japon et l'incapacité de la [[Société des Nations|SDN]], qui deviendra l'[[Organisation des Nations unies|ONU]].
[[Fichier:Le Soir volé.jpg|vignette|redresse|alt=Page de une d'un journal.|''Le Soir'' (ici du 15 avril 1943) dans lequel paraissent les ''Aventures'' de Tintin sous l'occupation.]]
Le déclenchement de la [[Seconde Guerre mondiale]] et l'[[Campagne des 18 jours|invasion de la Belgique par l'armée allemande]] en {{date-|mai 1940}} entraînent l'arrêt du ''[[Le Petit Vingtième|Petit Vingtième]]'' et l'interruption de son nouveau récit, ''[[Tintin au pays de l'or noir]]''{{sfn|Assouline|1996|group=a|p=230}}. À partir du {{date-|28 mai 1940}}, la Belgique subit l'[[Occupation allemande de la Belgique pendant la Seconde Guerre mondiale|occupation de son territoire]], mais ce contexte de guerre constitue paradoxalement un certain {{citation|âge d'or}} de la création{{sfn|Assouline|1996|group=a|p=328}}. Hergé, comme d'autres artistes, veut s'assurer des revenus réguliers et ne pas se faire oublier des lecteurs{{sfn|Assouline|1996|p=241-242|gr=a}}. Au mois d'octobre suivant, il rejoint le quotidien ''[[Le Soir]]'' dont la publication se poursuit sous l'impulsion de [[Collaboration en Belgique|journalistes collaborateurs]] et avec l'accord de la [[propagande nazie]] qui en fait {{citation|un instrument privilégié de pénétration de l'opinion publique}}{{sfn|Assouline|1996|p=241-242|gr=a}}.
 
Le nouveau [[rédacteur en chef]] du journal, [[Raymond de Becker]], lui confie la responsabilité d'un supplément pour la jeunesse, ''[[Le Soir-Jeunesse]]'', pour lequel Hergé est assisté de [[Paul Jamin (dessinateur)|Paul Jamin]] et [[Jacques Van Melkebeke]]{{sfn|Peeters|2006|p=223-225|gr=p}}. C'est dans ce nouveau périodique que commence la parution du ''[[Le Crabe aux pinces d'or|Crabe aux pinces d'or]]'', l'aventure qui fait entrer le [[capitaine Haddock]] dans l'univers de Tintin{{sfn|Assouline|1996|group=a|p=249}}. Dans le même temps, Hergé touche pour la première fois le lectorat [[Flandre (Belgique)|flamand]] en signant un contrat avec le quotidien ''{{lang|nl|[[Het Laatste Nieuws]]}}'', dans lequel paraissent ses aventures à partir de {{date-|septembre 1940}}{{sfn|Kursner|2021|gr=k|p=76-79}}.
Des événements extérieurs obligent également Hergé à effectuer d'autres changements dans sa manière de créer ses bandes dessinées.
 
L'attitude d'Hergé pendant l'occupation est considérée comme ambiguë et lui vaut de nombreuses critiques. En acceptant de travailler pour un journal considéré comme {{citation|[[Le Soir volé|volé]]}} par une partie de l'opinion<ref group="Note">Le quotidien est relancé dans les jours qui suivent le début de l'occupation allemande de Belgique, contre la volonté de ses propriétaires, la famille Rossel. On le surnomme donc [[Le Soir volé]].</ref>, l'auteur fait probablement {{citation|le plus regrettable choix politique de son existence}}{{sfn|Sterckx|2015|gr=s|p=91}}, mais il cherche avant tout à développer ses créations artistiques en profitant de l'absence de concurrence française à cette période pour s'imposer{{sfn|Assouline|1996|group=a|p=241-242}}. Pour Hergé, le rayonnement de son œuvre compte plus qu'une certaine [[éthique]] et, de fait, il semble indifférent aux événements de son époque{{sfn|Peeters|2006|group=p|p=238}}. Pourtant, certains actes renforcent l'ambiguïté de sa situation. Il intervient notamment auprès des autorités allemandes afin d'obtenir un supplément de papier et maintenir la production de ses albums chez [[Casterman]]{{sfn|Assouline|1996|group=a|p=266}}, mais surtout, les [[caricature]]s de commerçants [[juifs]] qu'il présente dans ''[[L'Étoile mystérieuse]]'' sont considérées comme [[Antisémitisme|antisémites]]{{sfn|Assouline|1996|group=a|p=279}}{{,}}{{sfn|Sterckx|2015|gr=s|p=92}}.
La [[Seconde Guerre mondiale]] et l'invasion de la Belgique par les armées d'Hitler entraînent la fermeture du ''[[Petit Vingtième]]''. Hergé travaillait à ce moment-là sur ''[[Tintin au pays de l'or noir]]''. L'histoire est interrompue et ne sera reprise qu'en septembre 1948. Malgré la raréfaction du papier, Hergé peut poursuivre ''Les Aventures de Tintin'' en publiant, d'abord dans ''[[Le Soir-Jeunesse]]'' puis dans ''[[Le Soir]]'', ''[[Le Crabe aux pinces d'or]]'', ''[[L'Étoile mystérieuse]]'', ''[[Le Secret de La Licorne]]'' et ''[[Le Trésor de Rackham le Rouge]]''. De 1941 à 1944, ces mêmes histoires paraîtront en album. Paraissent également les versions couleur du ''[[Le Crabe aux pinces d'or|Crabe aux pinces d'or]]'', de ''[[L'Île Noire]]'' et de ''[[L'Oreille cassée]]''. ''[[Les Sept Boules de cristal]]'' ne paraîtront que partiellement dans le journal ''[[Le Soir]]''. Enfin, les versions de ''[[Tintin au Congo]]'' et ''[[Tintin en Amérique]]'' en néerlandais paraissent dans le journal ''Het laatste Nieuws''.
 
[[Fichier:Château de Moulinsart.jpg|vignette|gauche|alt=Photomontage du château de Moulinsart sur la base de celui de Cheverny.|Les personnages d'Hergé s'installent au [[château de Moulinsart]].]]
Pendant et après l'occupation allemande, Hergé est accusé par les autorités d'épuration d'être un collaborateur, car le journal ''[[Le Soir]]'' était contrôlé par les [[Nazisme|nazis]], et est brièvement incarcéré à la [[Libération (histoire)|Libération]]{{référence nécessaire}}. Il se défend en déclarant qu'il avait tout simplement fait son métier pendant l'''[[Occupation]]'', comme l'auraient fait un plombier ou un charpentier. Les histoires nées durant cette période, contrairement à sa production d'avant et d'après-guerre, sont dans l'ensemble politiquement neutres, sans référence avec la situation de l'Europe en guerre. Néanmoins, ''Le Sceptre d'Ottokar'' dénonce bien le déroulement d'un ''[[Anschluss]]'', commandité par un dictateur nommé Musstler (contraction de « [[Benito Mussolini|Mussolini]] » et de « [[Adolf Hitler|Hitler]] »).
Avec ''[[Le Secret de La Licorne]]'' et ''[[Le Trésor de Rackham le Rouge]]'', Tintin s'affranchit de l'actualité oppressante de son époque pour investir le thème traditionnel de l'épopée [[Flibustier|flibustière]] et de la recherche d'un trésor{{sfn|Peeters|2006|group=p|p=210}}. Ce diptyque complète également la {{citation|famille}} de Tintin, avec la première apparition du [[Professeur Tournesol]] et l'installation du capitaine Haddock au [[château de Moulinsart]]{{sfn|Peeters|2006|group=p|p=213}}. L'auteur poursuit son {{citation|évasion littéraire}} dans l'aventure suivante : si l'action des ''[[Les Sept Boules de cristal|Sept Boules de cristal]]'' se situe en Belgique, rien n'indique la présence de l'occupant. En parallèle, Hergé entame une collaboration avec le dessinateur [[Edgar P. Jacobs]]. Le souci du détail, la perfection et la minutie de ce dernier sont d'une aide précieuse pour l'auteur qui s'attaque alors à la colorisation des premiers albums de Tintin, à la demande de [[Casterman]]{{sfn|Assouline|1996|group=a|p=323-324}}.
 
La [[Histoire de la Belgique de 1914 à 1945#Libération du pays et derniers combats (1944-1945)|libération du pays]] le {{date-|3 septembre 1944}} entraîne l'interruption du ''Soir'' et, partant, celle des ''Sept boules de cristal''. Arrêté pour faits de [[Collaboration en Belgique|collaboration]], Hergé est alors empêché de toute publication{{sfn|Assouline|1996|group=a|p=336}}.
Par ailleurs, l'[[apocalyptique]] album ''[[L'Étoile mystérieuse]]'' traduit la peur de l'avenir de l’auteur durant cette époque de guerre et distingue, dans sa version originale, un groupe ami de scientifiques issus de pays neutres ou occupés par l'Allemagne, d'un groupe concurrent conduit par un banquier juif américain. Mais les histoires sont souvent tournées vers les voyages, l'aventure et la chasse aux trésors, comme dans ''[[Le Secret de La Licorne]]'', ''[[Le Trésor de Rackham le Rouge]]'' ou ''[[Les Sept Boules de cristal]]''.
 
=== Intermittences (1944-1950) ===
La pénurie de papier née de la guerre entraîne un changement de format des Aventures. Hergé avait pour habitude de donner à ses albums le nombre de pages nécessaire au développement de ses scénarios en produisant 2 planches contenant chacune 6 cases réparties en 3 lignes de 2 colonnes. Petit à petit, la place réservée aux aventures se réduit jusqu'à se limiter à un simple ''[[strip]]'' de 4 à 5 cases. Le 5 février 1942<ref>[[Philippe Goddin]], ''Hergé, chronologie d'une œuvre'', tome 4, page 200.</ref>, la maison d'édition [[Casterman]] persuade Hergé de passer à la couleur grâce aux machines ''[[Offset (imprimerie)|offset]]'' que possède l'imprimeur. Mais cela suppose de dessiner des planches plus petites, et d'adopter une longueur de 62 pages par album. En effet, un album est constitué de 4 cahiers de 16 pages, soit 64 (62 + page de titre + verso). Hergé agrandit donc son équipe (les dix premiers albums ont été conçus par lui-même et sa femme), qu'il finit par regrouper en studio.
[[Fichier:2Wiener-Tintin-Dieu Soleil.jpg|vignette|redresse|alt=Une gravure en noir et blanc représentant un personnage couronné stylisé.|Bas-relief représentant le dieu [[Viracocha]] et qui inspire Hergé pour ''[[Le Temple du Soleil]]''.]]
C'est durant cette période que se manifestent chez l'auteur les premiers signes d'un [[Dépression (psychiatrie)|syndrome dépressif]]{{sfn|Peeters|2006|group=p|p=283}}. Le {{date-|22 décembre 1945}}, la justice décide de n'entamer aucune poursuite à son encontre alors que d'autres journalistes du ''Soir'' ne bénéficient pas d'autant d'indulgence{{sfn|Assouline|1996|group=a|p=356, 372-373}}. Lavé de tous soupçons, Hergé obtient le [[certificat de civisme]] nécessaire à sa reprise du travail et s'associe à l'éditeur de presse et résistant [[Raymond Leblanc]] pour lancer le journal ''[[Tintin (magazine)|Tintin]]''. La publication de ses aventures reprend, à commencer par ''[[Le Temple du Soleil]]'', qui constitue la suite des ''Sept Boules de Cristal''{{sfn|Sterckx|2015|gr=s|p=93}}.
 
[[Fichier:Tintin-chaque-jeudi.png|vignette|gauche|redresse|alt=Logo de journal sur fond blanc et jaune : TINTIN, avec comme sous-titre "CHAQUE JEUDI"|Logo du journal ''Tintin''.]]
L'adoption de la couleur permet à Hergé de donner une plus grande envergure à son œuvre. {{référence nécessaire|Sa manière de l'utiliser est plus subtile que celle des Américains}}, avec des valeurs mieux rendues à l'impression, permettant l'emploi de la [[quadrichromie]] et, de ce fait, {{référence souhaitée|une approche cinématographique de la lumière et des ombres}}. Hergé et son studio se servent d'images pour remplir des demi-pages ou tout simplement pour détailler et mettre en avant une scène. L'emploi de la couleur fait ressortir les détails importants. Hergé insiste sur ce point en affirmant : « Je considère mes histoires comme des films. Donc, pas de narration, pas de description. Toute l'importance, je la donne à l'image »<ref name="fils de Tintin">Benoît Peeters, ''Hergé, fils de Tintin'', Flammarion - Grandes biographies 2002</ref>.
Hergé continue pourtant de subir des attaques quant à son attitude équivoque sous l'Occupation. Sensible à ces accusations, il s'enfonce dans la [[Dépression (psychiatrie)|dépression]]{{sfn|Peeters|2006|group=p|p=292}} tandis qu'au même moment, la collaboration cesse avec [[Edgar P. Jacobs]], qui souhaite développer [[Blake et Mortimer|sa propre série]]{{sfn|Peeters|2006|group=p|p=316-317}}. [[Guy Dessicy]] et Franz Jaguenau le remplacent et travaillent aux décors{{sfn|Assouline|1996|group=a|p=413}}.
 
L'état dépressif d'Hergé l'amène à prendre du recul. Incapable de tenir le rythme de production qui était auparavant le sien{{sfn|Peeters|2006|group=p|p=327}}, il doit interrompre pendant plusieurs semaines la publication du ''Temple du Soleil'', et l'achèvement de l'histoire se fait {{Citation|dans la douleur}} pour son auteur{{sfn|Assouline|1996|group=a|p=397-398, 414}} et {{citation|tient du cauchemar}}{{sfn|Peeters|2006|group=p|p=334-335}}. La crise que traverse le dessinateur se double d'un certain désamour pour son pays, qui se traduit par un projet d'installation en [[Argentine]] au début de l'année 1948{{sfn|Assouline|1996|group=a|p=387}}{{,}}{{sfn|Peeters|2006|group=p|p=339-340}}.
La vie personnelle d'Hergé a également influencé la série ; par exemple, ''[[Tintin au Tibet]]'' est fortement marqué par sa dépression. Ses cauchemars, qu'il aurait décrits comme étant « tout blancs », trouvent un écho dans les paysages enneigés de l'album. L'intrigue est basée sur les recherches menées par Tintin pour retrouver [[Zhang Chongren|Tchang]], qu’il avait rencontré dans ''Le Lotus bleu''. Cet épisode ne met en scène aucun bandit, et Hergé, qui s'abstient de tout jugement de valeur, se refuse à qualifier l'homme des neiges (le [[yéti]]) « d'abominable ».
 
[[Fichier:Fusée de tintin à l'aéroport de Bruxelles.jpg|vignette|redresse|alt=Fusée à damier rouge et blanc posé sur trois pieds, installée dans le hall d'un aéroport.|Une maquette de la fusée lunaire de Tintin installée dans l'[[Aéroport de Bruxelles-National|aéroport de Bruxelles]].]]
Hergé aura aussi dénoncé dans ses ouvrages l'exploitation des minorités (''Tintin en Amérique''), la traite esclavagiste (''Coke en stock''), le trafic d'armes et les dictatures en Amérique du Sud (''L'Oreille cassée'', ''Tintin et les Picaros'') et en Europe (''L'Affaire Tournesol'').
Ce projet avorté, Hergé parvient tant bien que mal à reprendre et terminer l'histoire de ''[[Tintin au pays de l'or noir]]'', interrompue par la guerre, tout en y glissant le personnage du [[capitaine Haddock]] qui n'aurait pas dû figurer dans ce récit débuté avant sa première apparition{{sfn|Goddin|2007|p=460}}{{,}}{{sfn|Peeters|2006|group=p|p=371-379}}. La charge de travail auquel il s'astreint est bien trop importante : la réalisation des nouvelles planches et la refonte de ses précédents albums le conduisent au [[Syndrome d'épuisement professionnel|surmenage]] et ne font qu'aggraver sa [[santé mentale]]. Dès lors, Hergé est convaincu qu'il doit s'entourer d'une équipe. Plusieurs dessinateurs et scénaristes sont recrutés, parmi lesquels [[Bob de Moor]] et [[Jacques Martin (auteur)|Jacques Martin]], ce qui aboutit à la création des [[Studios Hergé]] au début de l'année 1950{{sfn|Assouline|1996|group=a|p=444-445, 454}}. Dès lors, la conception d'un nouvel album répond à une organisation très précise. Si le dessinateur se réserve les premières étapes de la création, à savoir la rédaction du scénario puis du [[storyboard]] et le [[crayonné]], il confie ensuite le travail à son équipe. Bien qu'il assure l'encrage de tous les personnages, il délaisse les décors à ses assistants<ref name="geo lemaire"/>.
 
Hergé s'appuie également sur les conseils de certains de ses amis qui ne rejoignent pas les Studios mais l'aident dans son travail de recherche, comme l'écrivain [[Bernard Heuvelmans]] qui contribue à l'écriture du scénario du diptyque ''[[Objectif Lune]]'' et ''[[On a marché sur la Lune]]''{{sfn|Assouline|1996|group=a|p=505-506}}.
''Les Aventures de Tintin'' se sont terminées avec la mort d'Hergé le 3 mars 1983. La vingt-quatrième aventure, ''[[Tintin et l'Alph-Art]]'', est restée inachevée. Dans cet album, Tintin évolue dans le monde de l'art moderne, et l'histoire se termine sur une scène où il risque la mort, enfermé dans du [[plexiglas]] et exposé comme une œuvre d'art.
 
=== Une icône internationale (1950-1959) ===
== Ensemble des œuvres ==
[[Fichier:Kuifje en Bobby Le Lombard.jpg|vignette|gauche|alt=Visages de Tintin et Milou (tenant un os dans la gueule) au-dessus du toit d'un immeuble.|À [[Bruxelles]], l'enseigne lumineuse géante au sommet de l'« immeuble Tintin », siège des éditions [[Le Lombard]], est le symbole du succès de [[Tintin]] dans les années 1950.]]
=== Série « classique » ===
Au cours des {{nobr|années 1950}} et au début des années 1960, Tintin devient une véritable icône internationale. Les ventes d'albums de la série s'accroissent et Tintin conquiert de nouveaux marchés<ref name="volapuk">{{Article|auteur1=Jacques Bonnaric|titre=Les Aventures de Tintin en Volapük ?|périodique=Les Amis de Hergé|date=printemps 2014|numéro=57|lire en ligne=http://www.intertintin.com/collection%20texte2%20adh57_0001.htm|pages=8-10}}.</ref>{{,}}{{sfn|Sterckx|2015|gr=s|p=94}}. Au milieu des {{nobr|années 1960}}, {{unité|1.5|million}} d'albums s'écoulent chaque année, tandis que ''[[Tintin en Amérique]]'', ''[[On a marché sur la Lune]]'' et ''[[Le Trésor de Rackham le Rouge]]'' dépassent tous les trois le million d'exemplaires vendus depuis leur sortie{{sfn|Assouline|1996|group=a|p=606}}. En parallèle, les Studios Hergé s'installent dans des locaux plus vastes et [[Raymond Leblanc]] travaille à l'implantation du premier magasin Tintin à [[Bruxelles]]{{sfn|Goddin|2007|p=516-523}}.
Les neuf premiers albums ont d'abord été publiés en noir et blanc. Hergé a fait par la suite une version en couleurs de tous ces premiers albums (qu'il a redessinés et dont il a plus ou moins modifié le scénario), à l'exception de ''[[Tintin au pays des Soviets]]'' ; ''[[L'Île Noire]]'' a même fait l'objet d'une troisième version. Bien qu'initialement publiés en couleur, les albums ''[[L'Étoile mystérieuse]]'' et ''[[Tintin au pays de l'or noir]]'' ont également fait l'objet d'une seconde version, plus neutre politiquement : publiée pendant la Seconde Guerre mondiale, la première version de ''L'Étoile mystérieuse'' a pu être interprétée comme une œuvre de propagande en faveur de l'[[Axe Rome-Berlin]], tandis que la première version de ''Tintin au pays de l'or noir'' fait explicitement référence au [[conflit israélo-palestinien]].
 
''[[L'Affaire Tournesol]]'', dont la parution commence le {{date|23|décembre|1954}}, est l'un des sommets de l'œuvre d'Hergé{{sfn|Assouline|1996|group=a|p=515}}. Avec cette aventure, l'auteur poursuit le rapprochement du monde de Tintin avec les sciences et les technologies de pointe, inauguré par l'aventure lunaire{{sfn|Sterckx|2015|gr=s|p=95}}, et livre un véritable {{citation|[[Thriller (genre)|thriller]] de la guerre froide}}<ref name="porret">{{article|auteur=[[Michel Porret]]|titre=Journaux et livres : la lecture dans les aventures du reporter sans plume Tintin|périodique=Histoire et civilisation du livre|numéro=8|mois=novembre|année=2012|pages=327-354|lire en ligne=https://revues.droz.org/index.php/HCL/article/view/2147/3604}}.</ref>, notamment salué pour {{citation|la richesse du thème, la rapidité des enchaînements, la science du cadrage et l'art du dialogue}}{{sfn|Peeters|1983|p=99}}. Cet album, éminemment politique, offre en quelque sorte une synthèse critique du [[totalitarisme]] en bande dessinée<ref name="skilling">{{ouvrage|prénom1=Pierre|nom1=Skilling|titre=Mort aux tyrans !|sous-titre=Tintin, les enfants, la politique|éditeur=Nota bene|lien éditeur=Éditions Nota bene|lieu=Québec|année=2001|collection=Études culturelles|passage=73|isbn=978-2895180777}}.</ref>.
Les dates ci-dessous sont celles de la première édition en album. Les trois premiers albums ont été publiés aux [[Le Petit Vingtième|éditions du Petit Vingtième]], [[Bruxelles]], et les autres, chez [[Casterman]], à [[Tournai]]. Tous les scénarios et dessins sont de [[Hergé]]. Pour les {{13e}} et {{14e|albums}}, la couleur est d’[[Edgar P. Jacobs]].
 
{{colonnes|nombre=2|
Dans la foulée, ''[[Coke en stock]]'', un récit {{citation|complexe, ambigu, quasi labyrinthique}} selon l'expression de [[Benoît Peeters]]{{sfn|Peeters|2006|group=p|p=449}}, propose une dénonciation de l'[[Esclavage|esclavagisme]]{{sfn|Assouline|1996|group=a|p=523}}. Tintin renoue ainsi avec sa quête de justice et de défense des opprimés{{sfn|Sterckx|2015|gr=s|p=95}}. Surtout, il est sans doute l'album où Hergé va le plus loin dans la mise en scène de son univers, par le rappel de nombreux personnages secondaires{{sfn|Peeters|2006|group=p|p=449}}{{,}}{{sfn|Sterckx|2015|gr=s|p=95}}. Il précède ''[[Tintin au Tibet]]'', l'album le plus personnel de l'auteur{{sfn|Sadoul|1983|p=178}} qui le qualifie lui-même de {{citation|chant dédié à l'Amitié}}{{sfn|Sadoul|1983|p=57-59}}, et qui apparaît comme un {{citation|instantané biographique du créateur au tournant de son existence}}{{sfn|Assouline|1996|group=a|p=558}}.
{{Bibliographie bande dessinée|1|''[[Tintin au pays des Soviets]]''||||{{Date||septembre|1930|en bande dessinée}}|||}}
 
{{Bibliographie bande dessinée|2|''[[Tintin au Congo]]''||||{{Date||juillet|1931|en bande dessinée}}|||}}
Sa dépression étant de plus en plus marquée, Hergé est soumis à des {{citation|rêves blancs}} qui le hantent la nuit. Il prend l'initiative de consulter un [[psychanalyste]] zurichois qui lui conseille de cesser le travail pour vaincre ses démons intérieurs, mais il s'y refuse, et l'achèvement de ''Tintin au Tibet'' agit finalement comme une sorte de [[Traitement (médecine)|thérapie]]. Le [[blanc]] est d'ailleurs omniprésent dans l'album, à mesure que Tintin gagne en altitude pour sauver son ami [[Tchang (Tintin)|Tchang]]{{sfn|Assouline|1996|group=a|p=557-559}}. L'album marque une rupture dans la série car pour la première fois le héros n'est confronté à aucun méchant : il ne s'agit plus pour lui de conduire une enquête policière mais bien une quête spirituelle. Sans renoncer au registre [[comique]], porté par le [[capitaine Haddock]], Hergé confère à son héros un visage plus humain et plus émouvant{{sfn|Assouline|1996|group=a|p=557-559}}. Avec ''Tintin au Tibet'', Hergé atteint une {{citation|dimension philosophique et spirituelle inégalée dans les autres albums de la série}}<ref name="Girard">{{article|auteur=Eudes Girard|titre=Une lecture de Tintin au Tibet|périodique=[[Études (revue)|Études]]|année=2009/7-8|tome=411|pages=77-86|lire en ligne=https://www.cairn.info/revue-etudes-2009-7-page-77.htm}}.</ref>.
{{Bibliographie bande dessinée|3|''[[Tintin en Amérique]]''||||{{Date||novembre|1932|en bande dessinée}}|||}}
 
{{Bibliographie bande dessinée|4|''[[Les Cigares du pharaon]]''||||{{Date||octobre|1934|en bande dessinée}}|||}}
=== Derniers albums et œuvre inachevée (1960-1983) ===
{{Bibliographie bande dessinée|5|''[[Le Lotus bleu]]''||||{{Date||septembre|1936|en bande dessinée}}|||}}
[[Fichier:Hergé, Premier plan, 1962, Radio-Canada, 1.jpg|vignette|alt=Photographie en noir et blanc d'un homme aux cheveux courts tenant un crayon de la main droite, légèrement penché en avant|Hergé travaillant sur une planche des ''Bijoux de la Castafiore'' sur sa table à dessin, en 1962, dans sa maison de [[Céroux-Mousty]].]]
{{Bibliographie bande dessinée|6|''[[L'Oreille cassée]]''||||{{Date||novembre|1937|en bande dessinée}}|||}}
Avec l'album ''[[Les Bijoux de la Castafiore]]'', Hergé bouscule les codes de la série et entame un processus de déconstruction de l'univers de Tintin<ref name="rime">{{article|auteur=Jean Rime|titre=Hergé est un personnage|sous-titre=Quelques figures de la médiation et de l’autoreprésentation dans Les aventures de Tintin|périodique=[[Études françaises]]|numéro=2|volume=46|année=2010|pages=27-46|lire en ligne=https://www.erudit.org/fr/revues/etudfr/2010-v46-n2-etudfr3908/044533ar/}}.</ref>. L'auteur renonce à l'[[exotisme]] et développe une histoire qui possède une [[Règles du théâtre classique|unité de lieu]]. Le [[château de Moulinsart]] est le théâtre de cette {{citation|[[Antiroman|anti-aventure]]}}, où {{citation|l'histoire elle-même n'est qu'un [[trompe-l'œil]]}}{{sfn|Peeters|2006|group=p|p=504}} mais qui rencontre pourtant un grand succès populaire. Plus encore, grâce au génie de l'auteur qui parvient à mélanger {{citation|le comique et l'absurde avec un sens aigu du dosage le plus subtil}}, l'album est salué par de nombreux intellectuels{{sfn|Assouline|1996|group=a|p=576-577}}, dont le philosophe [[Michel Serres]], qui en fait une analyse dans la revue ''[[Critique (revue)|Critique]]''<ref>{{article|auteur=[[Michel Serres]]|titre=Les bijoux distraits ou la cantatrice sauve|périodique=[[Critique (revue)|Critique]]|numéro=277|date=juin 1970}}.</ref>, ou l'écrivain [[Benoît Peeters]], qui lui consacre entièrement un essai<ref>{{ouvrage|prénom1=Benoit|nom1=Peeters|lien auteur1=Benoit Peeters|titre=Les Bijoux ravis|sous-titre=Une lecture moderne de Tintin|éditeur=[[Magic Strip]]|année=1984|pages totales=170}}</ref>.
{{Bibliographie bande dessinée|7|''[[L'Île Noire]]''||||{{Date||novembre|1938|en bande dessinée}}|||}}
 
{{Bibliographie bande dessinée|8|''[[Le Sceptre d'Ottokar]]'||||{{Date||août|1939|en bande dessinée}}|||}}
Si les ventes d'albums de Tintin ne cessent de croître, leur rythme de production s'essouffle, [[Hergé]] ne pouvant cacher une certaine lassitude à l'égard de son héros{{sfn|Assouline|1996|group=a|p=600}}. Poussé par la concurrence grandissante d'un autre personnage phare de la bande dessinée francophone, ''[[Astérix]]''{{sfn|Assouline|1996|group=a|p=590}}, il se lance dans l'écriture d'une nouvelle aventure, ''[[Vol 714 pour Sydney]]'', dont la construction est laborieuse. Si l'auteur assouvit dans cette histoire son goût pour l'[[ésotérisme]] et les phénomènes paranormaux{{sfn|Sterckx|2015|gr=s|p=97}}, l'album est plutôt jugé négativement par la critique{{sfn|Assouline|1996|group=a|p=597}}.
{{Bibliographie bande dessinée|9|''[[Le Crabe aux pinces d'or]]''||||{{Date||novembre|1941|en bande dessinée}}|||}}
 
{{Bibliographie bande dessinée|10|''[[L'Étoile mystérieuse]]''||||{{Date||décembre|1942|en bande dessinée}}|||}}
À cette époque, les [[Studios Hergé]] s'occupent principalement de la refonte des anciens albums, le plus souvent à la demande de l'éditeur. Des corrections sont apportées à ''[[L'Île Noire]]'' pour gagner en réalisme, tandis que ''[[Coke en stock]]'' subit des modifications pour contrer les accusations de [[racisme]]{{sfn|Peeters|2006|group=p|p=541}}. C'est surtout ''[[Tintin au pays de l'or noir]]'' qui est modifié en profondeur. Le récit, écrit à l'aube de la [[Seconde Guerre mondiale]], évoquait la lutte entre des groupes [[Terrorisme|terroristes]] juifs et des [[British Army|soldats britanniques]] présents en [[Palestine mandataire|Palestine]], ce qui n'est plus d'aucune actualité trente ans plus tard. Hergé souhaite donc apporter un caractère intemporel et universel à son album et remplace ce conflit par un affrontement entre les partisans de l'émir [[Mohammed Ben Kalish Ezab|Ben Kalish Ezab]] et ceux de son rival, le [[cheikh]] Bab el Ehr, au sujet de l'exploitation des [[Champ pétrolifère|champs pétroliers]] du [[Khemed]]{{sfn|Assouline|1996|group=a|p=612-617}}.
{{Bibliographie bande dessinée|11|''[[Le Secret de La Licorne]]''||||{{Date||octobre|1943|en bande dessinée}}|||}}
 
{{Bibliographie bande dessinée|12|''[[Le Trésor de Rackham le Rouge]]''||||{{Date||novembre|1944|en bande dessinée}}|||}}
La parution de ''[[Tintin et les Picaros]]'' commence en 1975, soit huit ans après l'aventure précédente. Pour de nombreux spécialistes, cet album est un échec : [[Benoît Peeters]] estime qu'il n'ajoute rien à la gloire ni au génie de l'auteur{{sfn|Peeters|2006|group=p|p=556}}, quand [[Pierre Assouline]] considère qu'il s'agit d'un {{citation|album de trop}}{{sfn|Assouline|1996|group=a|p=692-693}}. Les critiques portent autant sur l'intrigue, qualifiée de relâchée et sans relief, que sur le graphisme parfois jugé maladroit{{sfn|Assouline|1996|group=a|p=692-693}}. Du moins nous apprend-il, après quatorze histoires et trente-cinq ans après sa naissance, en 1940, le prénom du capitaine Haddock : Archibald. Hergé dessine également le personnage du général Tapioca, jusque-là simplement mentionné dans ''L'Oreille cassée'', ''Les Sept Boules de cristal'' et ''Coke en stock''<ref>{{Chapitre|auteur1=Jacques Langlois|titre chapitre=''Tintin et les Picaros'' : une fête qui finit mal…|titre ouvrage={{harvsp|id=historia2|texte=Les personnages de Tintin dans l'histoire, volume 2|2012}}|passage=112-113}}.</ref>.
{{Bibliographie bande dessinée|13|''[[Les Sept Boules de cristal]]''||||{{Date||septembre|1948|en bande dessinée}}|||}}
 
{{Bibliographie bande dessinée|14|''[[Le Temple du Soleil]]''||||{{Date||septembre|1949|en bande dessinée}}|||}}
Mais l'œuvre d'Hergé demeure pour toujours inachevée : diminué par la maladie quand il commence la rédaction de ''[[Tintin et l'Alph-Art]]'', le dessinateur meurt le {{date-|3 mars 1983}} sans avoir pu la terminer{{sfn|Assouline|1996|group=a|p=734}}. [[Fanny Rodwell]], sa seconde épouse et légataire universelle de son œuvre, accepte que l'album soit publié, à la seule condition qu'il le soit dans l'état laissé à la mort de son créateur{{sfn|Peeters|1983|p=130-131}}. En cela, le souhait d'Hergé, qui ne voulait pas que son héros lui survive, est respecté<ref>{{article|prénom1=Anne|nom1=Chemin|titre=Hergé : tous droits réservés |périodique=[[Le Monde]]|jour=11|mois=juillet|année=2012|url texte=https://www.lemonde.fr/culture/article/2012/07/11/herge-tous-droits-reserves_1732239_3246.html|consulté le=26 décembre 2020}}.</ref>.
{{Bibliographie bande dessinée|15|''[[Tintin au pays de l'or noir]]''||||{{Date||décembre|1950|en bande dessinée}}|||}}
 
{{Bibliographie bande dessinée|16|''[[Objectif Lune]]''||||{{Date||septembre|1953|en bande dessinée}}|||}}
== Publications ==
{{Bibliographie bande dessinée|17|''[[On a marché sur la Lune]]''||||{{Date||août|1954|en bande dessinée}}|||}}
=== Ensemble des œuvres ===
{{Bibliographie bande dessinée|18|''[[L'Affaire Tournesol]]''||||{{Date||octobre|1956|en bande dessinée}}|||}}
==== Série complète ====
{{Bibliographie bande dessinée|19|''[[Coke en stock]]''||||{{Date||juillet|1958|en bande dessinée}}|||}}
La série comprend aujourd'hui {{nobr|24 albums}}, dont 22 contiennent {{nobr|62 pages}}. ''Tintin au pays des Soviets'' comporte {{nobr|108 planches}}, tandis que ''[[Tintin et l'Alph-Art]]'', inachevé à la mort d'Hergé en 1983, ne contient que {{nobr|42 planches}} dans les deux versions proposées en 1986 et 2004 à partir des esquisses préparatoires du dessinateur<ref name="dictionnaire"/>.
{{Bibliographie bande dessinée|20|''[[Tintin au Tibet]]''||||{{Date||janvier|1960|en bande dessinée}}|||}}
 
{{Bibliographie bande dessinée|21|''[[Les Bijoux de la Castafiore]]''||||{{Date||janvier|1963|en bande dessinée}}|||}}
La série comporte quatre diptyques : ''[[Les Cigares du pharaon]]'' et ''[[Le Lotus bleu]]'', ''[[Le Secret de La Licorne]]'' et ''[[Le Trésor de Rackham le Rouge]]'', ''[[Les Sept Boules de cristal]]'' et ''[[Le Temple du Soleil]]'', ''[[Objectif Lune]]'' et ''[[On a marché sur la Lune]]''. Le degré d'autonomie de chaque épisode est cependant variable : si le mystère posé dans ''Les Cigares du pharaon'' n'est résolu qu'après la mise hors d'état de nuire d'une bande de trafiquants à la fin du ''Lotus bleu'', la diversité des lieux visités et la richesse documentaire plus importante du deuxième album séparent ces deux aventures<ref name="dictionnaire"/>. À l'inverse, les autres diptyques sont conçus dès le départ comme une seule et même histoire{{sfn|Peeters|2006|p=210}}.
{{Bibliographie bande dessinée|22|''[[Vol 714 pour Sydney]]''||||{{Date||janvier|1968|en bande dessinée}}|||}}
 
{{Bibliographie bande dessinée|23|''[[Tintin et les Picaros]]''||||{{Date||janvier|1976|en bande dessinée}}|||}}
Les dates mentionnées ci-dessous sont celles de la première édition en album. Les trois premiers albums ont été publiés aux [[Le Petit Vingtième|éditions du Petit Vingtième]], à [[Bruxelles]], et les autres, chez [[Casterman]], à [[Tournai]]. Les scénarios et dessins sont de [[Hergé]]. Pour les premiers {{14e|albums}}, la couleur est d’[[Edgar P. Jacobs]].
{{Bibliographie bande dessinée|24|''[[Tintin et l'Alph-Art]]''||||{{Date||octobre|1986|en bande dessinée}}|||}}
 
}}
===== Liste des ''Aventures de Tintin'' =====
Parmi ces vingt-quatre albums, seul ''[[Tintin et l'Alph-Art]]'' ne fut pas achevé.
{| class="wikitable" style="text-align:center;"
! scope="col" width="5%" | Numéro
! scope="col" width="25%" | Titre
! scope="col" width="30%" | Pré-publication
! scope="col" width="15%" | Journal
! scope="col" width="25%" | Parution en album
|-
| 1
| ''[[Tintin au pays des Soviets]]''
| {{date-|10 janvier 1929}} - {{date-|8 mai 1930}}
| ''[[Le Petit Vingtième]]''
| 1930 ({{abréviation discrète|NB|noir et blanc}}), 2017 (couleur)
|-
| 2
| ''[[Tintin au Congo]]''
| {{date-|5 juin 1930}} - {{date-|11 juin 1931}}
| ''[[Le Petit Vingtième]]''
| 1931 ({{abréviation discrète|NB|noir et blanc}}), 1946 (couleur)
|-
| 3
| ''[[Tintin en Amérique]]''
| {{date-|3 septembre 1931}} - {{date-|20 octobre 1932}}
| ''[[Le Petit Vingtième]]''
| 1932 ({{abréviation discrète|NB|noir et blanc}}), 1946 (couleur)
|-
| 4
| ''[[Les Cigares du pharaon]]''
| {{date-|8 décembre 1932}} - {{date-|8 février 1934}}
| ''[[Le Petit Vingtième]]''
| 1934 ({{abréviation discrète|NB|noir et blanc}}), 1955 (couleur)
|-
| 5
| ''[[Le Lotus bleu]]''
| {{date-|9 août 1934}} - {{date-|17 octobre 1935}}
| ''[[Le Petit Vingtième]]''
| 1936 ({{abréviation discrète|NB|noir et blanc}}), 1946 (couleur)
|-
| 6
| ''[[L'Oreille cassée]]''
| {{date-|5 décembre 1935}} - {{date-|25 février 1937}}
| ''[[Le Petit Vingtième]]''
| 1937 ({{abréviation discrète|NB|noir et blanc}}), 1943 (couleur)
|-
| 7
| ''[[L'Île Noire]]''
| {{date-|15 avril 1937}} - {{date-|16 juin 1938}}
| ''[[Le Petit Vingtième]]''
| 1938 ({{abréviation discrète|NB|noir et blanc}}), 1943 (couleur)
|-
| 8
| ''[[Le Sceptre d'Ottokar]]''
| {{date-|4 août 1938}} - {{date-|10 août 1939}}
| ''[[Le Petit Vingtième]]''
| 1939 ({{abréviation discrète|NB|noir et blanc}}), 1947 (couleur)
|-
| 9
| ''[[Le Crabe aux pinces d'or]]''
| {{date-|17 octobre 1940}} - {{date-|18 octobre 1941}}
| ''[[Le Soir-Jeunesse]]'', ''[[Le Soir]]''
| 1941 ({{abréviation discrète|NB|noir et blanc}}), 1943 (couleur)
|-
| 10
| ''[[L'Étoile mystérieuse]]''
| {{date-|20 octobre 1941}} - {{date-|22 mai 1942}}
| ''[[Le Soir]]''
| 1942
|-
| 11
| ''[[Le Secret de La Licorne]]''
| {{date-|11 juin 1942}} - {{date-|14 janvier 1943}}
| ''[[Le Soir]]''
| 1943
|-
| 12
| ''[[Le Trésor de Rackham le Rouge]]''
| {{date-|19 février}} - {{date-|23 septembre 1943}}
| ''[[Le Soir]]''
| 1945
|-
| 13
| ''[[Les Sept Boules de cristal]]''
| {{date-|16 décembre 1943}} - {{date-|2 septembre 1944}}
| ''[[Le Soir]]'', ''[[Tintin (périodique)|Le Journal de Tintin]]''
| 1948
|-
| 14
| ''[[Le Temple du Soleil]]''
| {{date-|26 septembre 1946}} - {{date-|22 avril 1948}}
| ''[[Tintin (périodique)|Le Journal de Tintin]]''
| 1949
|-
| 15
| ''[[Tintin au pays de l'or noir]]''<ref group="Note">Une première version de l'histoire, inachevée, est publiée du {{date-|28 septembre 1939}} au {{date-|9 mai 1940}} et interrompue après l'[[Campagne des 18 jours|invasion de la Belgique par l'Allemagne]].</ref>
| {{date-|16 septembre 1948}} - {{date-|23 février 1950}}
| ''[[Tintin (périodique)|Le Journal de Tintin]]''
| 1950
|-
| 16
| ''[[Objectif Lune]]''
| rowspan="2" | {{date-|30 mars}} - {{date-|7 septembre 1950}}
puis {{date-|9 avril 1952}} - {{date-|30 décembre 1953}}
| ''[[Tintin (périodique)|Le Journal de Tintin]]''
| 1953
|-
| 17
| ''[[On a marché sur la Lune]]''
| ''[[Tintin (périodique)|Le Journal de Tintin]]''
| 1954
|-
| 18
| ''[[L'Affaire Tournesol]]''
| {{date-|22 décembre 1954}} - {{date-|22 février 1956}}
| { | ''[[Tintin (périodique)|Le Journal de Tintin]]''
|1956
|-
| 19
|''[[Coke en stock]]''
|31 octobre 1956 - 1er janvier 1958
|''[[Tintin (périodique)|Le Journal de Tintin]]''
|1958
|-
|20
|''[[Tintin au Tibet]]''
|17 septembre 1958 - 25 novembre 1959
|''[[Tintin (périodique)|Le Journal de Tintin]]''
|1960
|-
|21
|''[[Les Bijoux de la Castafiore]]''
|4 juillet 1961 - 4 septembre 1962
|''[[Tintin (périodique)|Le Journal de Tintin]]''
|1963
|-
|22
|''[[Vol 714 pour Sydney]]''
|27 septembre 1966 - 28 novembre 1967
|''[[Tintin (périodique)|Le Journal de Tintin]]''
|1968
|-
|23
|''[[Tintin et les Picaros]]''
|16 septembre 1975 - 13 avril 1976
|''[[Tintin (périodique)|Le Journal de Tintin]]''
|1976
|-
|24
|''[[Tintin et l'Alph-Art]]''
|aucune (récit inachevé)
|
|1986
|}
 
<gallery mode="packed" heights="200">
Image:Quick et Flupke (1) et Tintin et Milou (11) en noir et blanc.jpg|Fac-similés noir et blanc d'avant-guerre.
Image:Tintin fac-similés couleurs.jpg|Fac-similés couleurs des années 1950-1960.
Image:Les Aventures de Tintin (années 1970 à 2000).jpg|Collection des années 1970-2000.
Image:Albums Tintin.jpg|Collection des années 2010.
</gallery>
 
Les 22 albums canoniques (de ''Tintin au Congo'' à ''Tintin et les Picaros'') représentent au total {{unité|15000|cases}} et {{unité|1364|planches}}<ref>''Tintin au pays des philosophes'', éd. Moulinsard, 2011, {{p.|99}}</ref>.
 
==== Projets inachevés et jamais édités ====
*''La Piste indienne'' ([[1958 en bande dessinée|1958]])<ref name{{sfn|Peeters|2006|p=" fils de Tintin"382}} />: projet inachevé dans lequel Hergé désirait traiter la problématique des [[Amérindiens|Indiens d'Amérique]] avec des éléments plus sérieux que dans ''[[Tintin en Amérique]]''.
*''Nestor et la justice'' (1958)<ref name{{sfn|Peeters|2006|p="fils de Tintin"382}} />: projet d'aventure dans laquelle [[Nestor (Tintin)|Nestor]] est accusé de meurtre.
*''Les Pilules'' ([[1960 en bande dessinée|1960]]) : à court d'inspiration, Hergé a demandé à [[Michel Greg|Greg]] de lui écrire un scénario. Celui-ci a finalement été abandonné, Hergé préférant la liberté de créer seul ses histoires.
*''[[Tintin et le Thermozéro]]'' (1960) : continuation, toujours avec Greg, du projet des ''Pilules'', reprenant la trame de ce dernier. Également abandonné pour les mêmes raisons. Un peu moins d'une dizaine de planches crayonnées[[crayonné]]es ont été dessinées.
*Lors du cocktail de présentation de ''Vol 714 pour Sydney'' dans les locaux parisiens de [[Qantas]], compagnie aérienne australienne, [[Jacques Bergier]], qui a inspiré le personnage de [[Liste des personnages des Aventures de Tintin et Milou#E|Mik Ezdanitoff]], propose à Hergé un sujet le remettant en scène : « On apprendrait un jour que Tournesol a remplacé [[Albert Einstein|Einstein]] à l'[[université de Princeton]], et qu'il a là une chaire de [[sémiologie]], la science de la science, la science de l'expression. Je présenterais le professeur Tournesol en lui apportant mon hommage, et ce pourrait être le point de départ de nouvelles aventures à la découverte de la science absolue<ref>{{Lien web |titre=Bergier urlen BD|url= http://www.claudethomas.net/bergierenbd.htm | titre éditeur=Claude Bergier en BD Thomas|date=|brisé éditeurle = Claude Thomas2023-11-21}}.</ref>. »
*''[[Un jour d'hiver, dans un aéroport]]'' ([[1976 en bande dessinée|1976]]-[[1980 en bande dessinée|1980]]) : projet d'aventure se déroulant uniquement dans un aéroport, fréquenté par un bon nombre de personnages pittoresques. Le scénario prévoyait que la lecture pouvait commencer à n'importe quelle page de l'album et s'achever 61 pages plus loin<ref>Entretiens avec Numa Sadoul, 1976 : « Je songe déjà au prochain Tintin. J'ai une idée, ou plutôt, une fois encore, j'ai un lieu, un décor : j'aimerais que tout se passe dans un aéroport, du début à la fin. L'aéroport est un centre riche de possibilités humaines, un point de convergence de diverses nationalités : le monde entier se trouve en réduction, dans un aéroport ! Là, tout peut arriver, des tragédies, des gags, de l'exotisme, de l'aventure… J'ai donc un lieu, il me reste à trouver une histoire. »</ref>. Abandonné au profit de l'''Alph-art''.
 
==== AlbumsAutres tiréspublications deet filmsdérivés ====
[[Image:Chromos Hergé.jpg|vignette|redresse|Chromos Hergé et studios.]]
* ''[[Tintin et le Mystère de la Toison d'or]]'' ([[1962 en bande dessinée|1962]]), adapté du [[Prise de vue réelle|film en prises de vues réelles]] homonyme. Constitué de photos extraites du film, suivi d'une version [[BD]] entièrement dessinée par les [[studios Hergé]].
* ''[[Tintin et lesle OrangesMystère bleuesde La Toison d'or]]'' ([[19651962 en bande dessinée|19651962]]), adapté du [[Prise de vues réelles|film en prises de vues réelles]] homonyme (sorti le 18du décembremême 1964)nom. Constitué de photos extraites du film, suivi d'une version [[Bande dessinée|BD]] entièrement dessinée par les [[studios Hergé]].
* ''[[Tintin et lales Oranges bleues]]'' ([[1965 en bande dessinée|1965]]), adapté du film en prises de vues réelles homonyme (sorti le {{date-|18 décembre 1964}}). Constitué de photos extraites du film, suivi d'une version [[Bande dessinée|BD]] entièrement dessinée par les [[studios Hergé]].
* ''Tintin et la Société générale des minerais|SGM]]'' ([[1970 en bande dessinée|1970]]), livre broché de 50 pages, édité par [[Publiart]] ([[Guy Decissy]]) et Casterman, adapté du coutcourt-métrage d'animation homonyme produit par [[Belvision]] la même année (cases extraites du film<ref name="SGM">Voir {{Lien web | <!--|url = http://www.lardc.com/zaire/divers/cs_tintin.php--> |url=http://archive.wikiwix.com/cache/?url=http://www.lardc.com/zaire/divers/cs_tintin.php|titre=''Tintin et la SGM ''}}</ref>).
* ''[[Tintin et le Lac aux requins]]'' ([[1972 en bande dessinée|1972]]), adapté du film d'animation homonyme. Scénario de [[Michel Greg|Greg]]. Les cases des planches sont extraites du film. Il existe une version entièrement dessinée par les [[studios Hergé]].
* ''[[Les Aventures de Tintin : Le Secret de La Licorne]]'' (2011), de Steven Spielberg, adapté du film homonyme et constitué de photos extraites du film.
 
* Portfolio :{{Bibliographie bande dessinée||Portraits « Tintin »||||[[1966 en bande dessinée|1966]]|Casterman}}
=== Hors-série ===
* Portfolio :
** {{Bibliographie bande dessinée||Portraits « Tintin »||||[[1966 en bande dessinée|1966]]|Casterman}}
* Histoires :
** {{Bibliographie[[Dupont bandeet dessinée||Dupond et Dupont détectives|[[Paul Kinnet]]|Hergé||[[1943, en bande dessinée|1943]]|''Le Soir'', éd. Rombaldi tome 6}}, [[1943 en bande dessinée|1943]] Scénario : [[Paul Kinnet]] - Dessin : Hergé
** {{Bibliographie bande dessinée||[[Tintin et Milou chez les Toréadors]]|[[Jean, ''Cœurs Vaillants'', Roquette]]|||[[1947 en bande dessinée|1947]]|''Cœurs Vaillants''}}Scénario : [[Jean Roquette]] - Dessin et couleurs :
* En {{date-|septembre 1944}}, peu de temps avant la Libération de Bruxelles, Hergé et Edgar P. Jacobs décident de réaliser une série de cartes postales qui constitueraient une encyclopédie sur des thèmes précis. Chaque carte sera accompagnée par le personnage de Tintin vêtu d'un costume approprié. Le projet est reporté à l'automne 1946 au sein du ''Journal de Tintin'' et publié dans la rubrique documentaire. Entre 1946 et 1950, apparaissent les ''Entretiens du Capitaine Haddock'' sur l'histoire de la marine. À partir de 1950, les éditions du Lombard font éditer des chromos en couleurs indépendamment du journal, offerts en échange de l'achat de « timbres Tintin »{{sfn|Peeters|1983|p=168}}. Sept collections sont lancées : l'histoire de l'aérostation, le chemin de fer, l'histoire de l'automobile, l'aviation en 1939-1945, l'histoire de la marine des origines à 1700, puis de 1700 à 1850<ref>{{lien web|url=https://tintinomania.com/tintin-voir-et-savoir|titre=Chromos Voir & Savoir|site=tintinomania.com|consulté le=6 février 2024}}.</ref>. Une dernière collection sur l'histoire des costumes et des guerriers est envisagée mais le projet est abandonné{{sfn|Peeters|1983|p=169}}.
* Illustrations :
* Les Studios Hergé publient de nombreuses [[Carte postale|cartes postales]] mettant en scène les personnages des ''Aventures de Tintin''. Au cours des années 1940, Hergé envoyait épisodiquement des cartes de vœux aux lecteurs. Par contre, à partir de 1950, chaque nouvel an, une carte de vœux est systématiquement dessinée. Aux cartes de style classique des premières années, les années suivantes se montrent particulièrement inventives : les personnages sont représentés sur une sorte de vitrail médiéval (1967), une mosaïque byzantine (1963) ou encore une fresque égyptienne (1978){{sfn|Peeters|1983|p=170-175}}.
** {{Bibliographie bande dessinée||Chromos « Voir et Savoir »|Jacobs, Jacques Martin, Bob de Moor, Roger Leloup|Georges Fouillé||[[1953 en bande dessinée|1953]] à [[1963 en bande dessinée|1963]]|''Journal de Tintin''}}<ref>Voir {{Lien web | url = http://users.skynet.be/tintinpassion/VOIRSAVOIR/Chromos.html | titre = Tintin raconte... L'histoire de}}</ref>.
* '''Jouons avec Tintin :'''
T1- à Moulinsart
T2- en Syldavie
 
=== Historique des publications ===
== Personnages ==
{{article détaillé|Historique des publications des Aventures de Tintin}}
=== Tintin et Milou ===
==== Publications en feuilleton dans la presse ====
[[Fichier:Le Petit Vingtième 16 juillet 1931.jpg|vignette|alt=Une du journal.|Tintin de retour du Congo en une du ''[[Le Petit Vingtième|Petit Vingtième]] le {{date-|16 juillet 1931}}.]]
Les ''Aventures de Tintin'' ont toutes connu une prépublication dans la presse avant d'être éditées en albums, à l'exception du dernier récit, inachevé à la mort d'Hergé, ''[[Tintin et l'Alph-Art]]''. La série est créée en 1929 dans ''[[Le Petit Vingtième]]'', le supplément hebdomadaire pour la jeunesse du quotidien [[Église catholique|catholique]], [[Nationalisme|nationaliste]] et [[Conservatisme|conservateur]] belge ''[[Le Vingtième Siècle (quotidien)|Le Vingtième Siècle]]''{{sfn|Peeters|2006|p=78-79}}{{,}}{{sfn|Assouline|1996|p=76-77}}, et c'est dans cette revue que l'ensemble des histoires écrites avant la [[Seconde Guerre mondiale]] sont publiées. L'[[Histoire de la Belgique pendant la Seconde Guerre mondiale|invasion de la Belgique par les troupes allemandes]] en {{date-|mai 1940}} interrompt la parution du journal et, de fait, celle du récit en cours, ''[[Tintin au pays de l'or noir]]''{{sfn|Peeters|2006|p=204}}{{,}}<ref name="dictionnaire">{{ouvrage|auteur1=[[Renaud Nattiez]]|titre=Le dictionnaire Tintin|éditeur=Honoré Champion|lien éditeur=Éditions Honoré Champion|année=2017|pages totales=444|passage=23-24|isbn=9782745345653}}.</ref>.
 
En {{date-|octobre 1940}}, Hergé reprend ses activités dans ''[[Le Soir]]'', un quotidien dont le tirage est près de vingt fois supérieur à celui du ''Petit Vingtième''{{sfn|Kursner|2021|gr=k|p=72-74}}, avec ''[[Le Crabe aux pinces d'or]]''. L'histoire paraît d'abord de façon hebdomadaire dans un supplément, ''[[Le Soir-Jeunesse]]'', puis quotidiennement dans ''Le Soir'' à partir de {{date-|septembre 1941}}{{sfn|Peeters|2006|gr=p|p=228-232}}. Le journal publie les aventures suivantes jusqu'à sa suspension en {{date-|septembre 1944}} après [[Libération de la Belgique et des Pays-Bas|l'entrée des armées alliées dans Bruxelles]]. La publication du récit en cours, ''[[Les Sept Boules de cristal]]'' ne peut continuer durant les deux années qui suivent car Hergé, comme d'autres journalistes ayant exercé sous l'[[Occupation allemande de la Belgique pendant la Seconde Guerre mondiale|occupation]], est empêché de poursuivre son activité professionnelle{{sfn|Assouline|1996|p=336}}. Elle ne reprend qu'en {{date-|septembre 1946}} dans le premier numéro du magazine ''[[Tintin (périodique)|Tintin]]'', un nouvel hebdomadaire créé par [[Raymond Leblanc]]{{sfn|Kursner|2021|gr=k|p=108-110}}.
{{Article détaillé|Tintin|Milou}}
 
C'est dans ce même journal que paraissent les aventures jusqu'à la mort du dessinateur<ref name="dictionnaire"/>.
Tintin est un jeune reporter belge qui se retrouve mêlé à des affaires dangereuses dans lesquelles il passe héroïquement à l'action pour sauver la mise. Pratiquement toutes les aventures montrent Tintin accomplissant avec enthousiasme ses tâches de journaliste d'investigation, mais à l'exception du premier album, on ne le voit jamais en train d'écrire des articles. C'est un jeune homme adoptant une attitude plus ou moins neutre ; il est moins pittoresque que les seconds rôles de la série. À cet égard, il est à l'image de Monsieur-tout-le-monde (''Tintin'' signifie d'ailleurs littéralement en français « rien du tout »).
 
Les différentes aventures connaissent également des publications dans des journaux et des revues du monde entier. Avant la [[Seconde Guerre mondiale]], c'est d'abord en [[France]], dans l'hebdomadaire ''[[Cœurs vaillants]]'', que la série est reprise dès [[1930 en bande dessinée|1930]]{{sfn|Kursner|2021|gr=k|p=42-43}}, puis en [[Suisse]] à partir de [[1932 en bande dessinée|1932]] dans ''[[Écho magazine|L'Écho illustré]]''{{sfn|Kursner|2021|gr=k|p=52-53}}{{,}}<ref>{{article|auteur1=Loïse Bilat|auteur2=Gianni Haver|titre=Tintin, oui mais avec modération|sous-titre=Les tâtonnements de la bande dessinée en Suisse romande|périodique=Sociétés|numéro=106|titre numéro=L'univers des bandes dessinées|éditeur=[[De Boeck|De Boeck Supérieur]]|année=2009/4|pages=65-74|lire en ligne=http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=SOC_106_0065}}.</ref>. En 1936, le journal portugais ''{{lang|pt|O Papagaio}}'' offre à Tintin sa première traduction et sa première mise en couleur{{sfn|Kursner|2021|gr=k|p=57-60}}.
Milou, un [[fox-terrier]] blanc, est le compagnon à quatre pattes de Tintin. Ils se sauvent régulièrement l'un et l'autre de situations périlleuses. Milou « parle » fréquemment au lecteur par l'intermédiaire de ses pensées (affichant souvent un humour pince-sans-rire), lesquelles sont censées ne pas être entendues par les autres personnages.
Comme le Capitaine Haddock, Milou adore le whisky [[Loch Lomond (whisky)|Loch Lomond]]. Les quelques fois où il en boit lui attirent des ennuis, tout comme le fait sa violente [[arachnophobie]]. Le nom de Milou est généralement considéré comme une référence indirecte à un amour de jeunesse de Hergé, Marie-Louise Van Cutsem, dont le surnom était « Malou »<ref>[http://tintin.francetv.fr/#link=aventures/persos/milou.swf&mc=_root.ban7.contente ''Tintin.com'']</ref>.
 
[[Fichier:Voorpagina Vlaams dagblad "Het Laatste Nieuws" 7 Juni 1944.jpg|vignette|gauche|redresse|alt=Une de journal en néerlandais.|''{{lang|nl|[[Het Laatste Nieuws]]}}'' (ici du {{date-|7 juin 1944}}) ouvre Tintin au lectorat flamand.]]
On peut expliquer autrement les origines des deux personnages. Certains ont prétendu que [[Robert Sexé]], un reporter-photographe dont les exploits ont été racontés dans la presse belge du milieu à la fin des années 1920, avait inspiré le personnage de Tintin. Il est célèbre pour sa ressemblance avec ce dernier, et la Fondation Hergé a reconnu qu'il n'était pas difficile d'imaginer que les aventures de Sexé aient pu influencer Hergé. À ce moment-là, Sexé avait parcouru le monde sur une moto fabriquée par Gillet et Herstal.
En 1940, le héros d'Hergé fait son entrée dans la presse [[Flandre (Belgique)|néerlandophone]] de Belgique avec une parution régulière dans le quotidien flamand ''{{lang|nl|[[Het Laatste Nieuws]]}}''{{sfn|Kursner|2021|gr=k|p=96-99}}, avant de connaître une large diffusion et un succès international à partir des {{nobr|années 1950}}. Les ''Aventures de Tintin'' sont diffusées dans les pays nordiques dès 1948{{sfn|Kursner|2021|gr=k|128-130}}, et c'est à cette période que se développent également les premiers albums en langues étrangères, pour atteindre plus de {{unité|100|traductions}} dans les {{nobr|années 2010}}, dont de nombreux [[dialecte]]s ou langues régionales.
René Milhoux est un champion et recordman de moto de l'époque. En 1928, alors que Sexé était chez Herstal en train de parler de ses projets avec Léon Gillet, Gillet le mit en contact avec son nouveau champion, Milhoux, qui venait de quitter les motos Ready pour l'équipe Gillet-Herstal. Les deux hommes se lièrent rapidement d'amitié et passèrent des heures à parler de motos et de voyages, Sexé demandant à Milhoux de lui transmettre ses connaissances sur la mécanique et les motos poussées au-delà de leurs limites. Grâce à ce mélange d'érudition et d'expérience, Sexé a mené un grand nombre de voyages à travers le monde ; il en a publié de nombreux comptes rendus dans la presse<ref name="sexe" >{{article
|langue=fr
|auteur1= Bruno Delion
|titre=Et si le vrai Tintin avait vécu à Saint-Benoît
|périodique= Centre Presse
|volume=
|numéro=
|jour=13
|mois=septembre
|année=2011
|pages=
|issn=
|lire en ligne=http://www.centre-presse.fr/article-165614-et-si-le-vrai-tintin-br-avait-vecu-a-saint-benoit.html
|consulté le=25 mars 2014 }}</ref>.
 
==== Éditions en albums ====
Le secrétaire général de la fondation Hergé a admis qu'on pouvait facilement imaginer que le jeune Georges Remi ait pu être inspiré par les exploits médiatisés des deux amis, Sexé avec ses voyages et ses documentaires, et Milhoux avec ses victoires et ses records, pour créer les personnages de Tintin, le fameux journaliste globe-trotter, et de son fidèle compagnon Milou.
Après leur parution en feuilleton, ''Les Aventures de Tintin'' sont publiées en [[Album de bande dessinée|albums]] par l'éditeur belge [[Casterman]], à l'exception des trois premiers édités par ''[[Le Petit Vingtième]]''{{sfn|Assouline|1996|gr=a|p=123-124}}{{,}}{{sfn|Peeters|2006|gr=p|p=135-138}}. Les neuf premières aventures sont d'abord commercialisées en noir et blanc. En 1942, ''[[L'Étoile mystérieuse]]'' est la première histoire publiée directement en couleurs, avant qu'Hergé n'entame un long travail de colorisation de ses premiers récits, à la demande de son éditeur<ref name="dictionnaire"/>. Seul ''[[Tintin au pays des Soviets]]'', dont une version colorisée est publiée seulement en 2017, échappe à ce travail de refonte<ref>{{Article|prénom1=Frédéric|nom1=Potet|titre=« Tintin au pays des Soviets » prend des couleurs|périodique=Le Monde.fr|date=2016-09-22|issn=1950-6244|lire en ligne=https://www.lemonde.fr/culture/article/2016/09/22/tintin-et-le-retour-colorise-des-soviets-en-librairie_5001956_3246.html|consulté le=2016-09-23}}.</ref>.
 
La mise en couleurs offre à l'auteur la possibilité d'opérer des retouches qui ont pour but, le plus souvent, de gommer certaines erreurs ou approximations, comme dans ''[[L'Île Noire]]'' qui connaît trois versions, mais il s'agit aussi pour Hergé de proposer un récit plus neutre politiquement : c'est le cas de ''[[L'Étoile mystérieuse]]'', qui a pu être interprétée comme une œuvre antisémite, et de ''[[Tintin au pays de l'or noir]]'', dont le scénario est profondément remanié<ref name="moine2">{{article|auteur=Florian Moine|titre=Faire l’histoire de la bande dessinée à travers les archives éditoriales|sous-titre=Le cas de Casterman|périodique=[[Sociétés & Représentations]]|année=2022/1|numéro=53|pages=187-201|lire en ligne=https://www.cairn.info/revue-societes-et-representations-2022-1-page-187.htm|titre numéro=Histoire et bande dessinée}}.</ref>.
Le psychanalyste [[Serge Tisseron]] émet l'hypothèse qu'enfant George Remi avait apprécié le roman ''Sans famille'' d'[[Hector Malot]] dont le héros est un jeune garçon appelé Rémi et qui possède un petit chien appelé Capi (allusion au ''capitaine'' Haddock).
 
==== Le capitaine HaddockTraductions ====
[[Fichier:Col tintin galego.jpg|vignette|alt=Pile de bande dessinées dont la tranche est de couverture jaune pour la plupart.|Des albums de Tintin traduits en [[galicien]].]]
{{Article détaillé|Capitaine Haddock}}
Jusqu'à la [[Seconde Guerre mondiale]], les albums de Tintin paraissent uniquement en [[français]], mais en 1946, une première traduction en [[néerlandais]] est proposée par [[Casterman]], à destination du lectorat [[Flandre (Belgique)|flamand]] de [[Belgique]] mais aussi des [[Pays-Bas]]<ref name="tintin langues"/>. ''[[L'Oreille cassée]]'', ''[[L'Île Noire]]'' et ''[[Le Secret de La Licorne]]'' sont les premières aventures concernées. Entre 1946 et 1947, tous les albums en couleurs déjà parus en français sont édités et, à partir de cette date, tous les nouveaux albums paraissent simultanément en français et en néerlandais<ref name="volapuk"/>. En 1952, les albums sont traduits en [[allemand]], en [[anglais]] et en [[espagnol]], à commencer par le diptyque formé par ''Le Secret de La Licorne'' et ''[[Le Trésor de Rackham le Rouge]]''<ref name="tintin langues">{{lien web|url=https://www.tintin.com/fr/news/4139/tintin-le-polyglotte#|titre=Tintin le polyglotte !|site=tintin.com|éditeur=[[Tintinimaginatio]]|date=27 février 2014|consulté le=5 mars 2023}}.</ref>. Ces éditions rencontrent un faible succès et seules les traductions en allemand se poursuivent, pour un total de douze titres en 1963<ref name="volapuk"/>.
[[Fichier:Façade principale du Château de Cheverny.jpg|thumb|upright=1.2|La partie centrale du [[château de Cheverny]] a inspiré le [[Château de Moulinsart]].]]
Le capitaine Archibald Haddock, un commandant de marine à l'ascendance incertaine (peut-être d'origine anglaise, française ou belge), est le meilleur ami de Tintin. Il apparait pour la première fois dans ''[[Le Crabe aux pinces d'or]]''. Haddock est initialement dépeint comme un personnage instable et alcoolique, mais il est devenu plus respectable par la suite. Il se transforme en véritable héros sur la piste du trésor de son ancêtre [[François de Hadoque]], dans ''[[Le Secret de La Licorne]]'' et ''[[Le Trésor de Rackham le Rouge]]'', et même en personnalité mondaine lors de l'exposition de ce trésor dans le château de son ancêtre. Le côté humain et bourru, les sarcasmes du capitaine viennent tempérer l'héroïsme incroyable de Tintin. Il est toujours prompt à asséner un commentaire tranchant à chaque fois que le jeune reporter semble trop idéaliste. Le capitaine Haddock vit dans le luxueux [[château de Moulinsart]]. Haddock emploie une palette colorée d'insultes et de jurons pour exprimer sa mauvaise humeur, tels que : « mille millions (ou mille milliards) de mille sabords », « [[tonnerre de Brest]] », « {{page h'|Troglodyte|troglodyte}} », « [[bachi-bouzouk]] », « [[Ectoplasme (parapsychologie)|ectoplasme]] », « [[anacoluthe]] », « [[choléra]] », « va-nu-pieds », « Marchand de tapis », mais aucune expression qui soit réellement considérée comme une grossièreté.
 
Dès la fin des {{nobr|années 1950}}, Casterman signe des accords avec plusieurs partenaires étrangers : en 1958, les éditions [[Methuen (maison d'édition)|Methuen]] publient plusieurs albums au [[Royaume-Uni]], de même que les éditions Juventud en [[Espagne]]. L'année suivante, {{nobr|Golden Press}} sort plusieurs titres aux [[États-Unis]], puis à partir de 1960, les ''Aventures de Tintin'' sont diffusées en [[Suède]] par [[Albert Bonniers förlag|Bonniers förlag]] et au [[Danemark]] par {{nobr|Illustrations Forlaget}}. En 1961, la société [[WSOY]] prend en charge la diffusion en [[Finlande]], de même que les éditions Flamboyant au [[Brésil]]<ref name="volapuk"/>. Le succès de ces traductions est encore relatif, si bien que certains éditeurs abandonnent rapidement leur production<ref name="volapuk"/>.
Haddock est un buveur invétéré, amateur inconditionnel de [[whisky]] Loch Lomond. Ses moments d'ivresse sont souvent utilisés pour provoquer un effet comique.
 
C'est à partir de la fin des {{nobr|années 1960}} que la diffusion internationale des ''Aventures de Tintin'' prend son envol : de nouvelles traductions paraissent en [[italien]], en [[grec]] et en [[norvégien]], mais également en [[arabe]] ([[Égypte]] et [[Liban]]), en [[afrikaans]], en [[malais (langue)|malais]], en [[indonésien]], en [[iranien]] ou encore en [[hébreu]]<ref name="volapuk"/>. Dès lors, les traductions se multiplient, y compris en [[Langue régionale|langues régionales]], avec des traductions en [[basque]]<ref>{{lien web|url=https://www.francebleu.fr/infos/culture-loisirs/zorionak-tintin-1547029849|titre=Zorionak Tintin!|auteur=Iban Etxezaharreta|site=[[France Bleu]]|date=10 janvier 2019|consulté le=24 mars 2023}}.</ref> et en [[breton]]<ref name="breton">{{lien web|url=https://www.letelegramme.fr/bretagne/tintin-en-breton-la-fin-mysterieuse-10-01-2019-12179026.php|auteur=Eric Daniellou|titre=Tintin en breton. La fin mystérieuse|site=''[[Le Télégramme]]''|date=10 février 2019|consulté le=24 mars 2023}}.</ref> dans les {{nobr|années 1970}}, puis celle des ''[[Les Bijoux de la Castafiore|Bijoux de la Castafiore]]'' en [[Picard|picard tournaisien]] en 1980<ref name="volapuk"/>. La plupart de ces traductions sont réalisées par des associations culturelles qui se chargent du financement et de la promotion de l'album avec l'aval de Casterman<ref name="langues régionales">{{Lien web|langue=fr-FR|titre=Tintin a franchi le cap des traductions dans 100 langues et dialectes|url=https://www.actualitte.com/article/monde-edition/tintin-a-franchi-le-cap-des-traductions-dans-100-langues-et-dialectes/46639|auteur=Julien Helmlinger|site=''[[ActuaLitté]]''|date=29 janvier 2014|consulté le=5 mars 2023}}.</ref>.
Hergé affirmait que le nom de famille de Haddock était inspiré d'un « triste poisson anglais qui boit beaucoup », autrement dit l'[[aiglefin]] fumé – ou haddock – qu'il appréciait particulièrement<ref>[http://livres.lexpress.fr/dossiers.asp?idc=12273&idR=4 La galerie Moulinsart], ''L'Express'' du 14 décembre 2006.</ref>. Haddock est resté sans prénom jusqu'au dernier album complet paru, ''[[Tintin et les Picaros]]'', où le prénom {{page h'|Archibald}} est évoqué.
 
De même, les [[Liste des noms des personnages de Tintin en langues étrangères|noms des personnages]] sont traduits ou adaptés selon les langues, tout autant que les [[Vocabulaire du capitaine Haddock|jurons du capitaine Haddock]], à la fois pour des raisons de prononciation et pour préserver l'aspect humoristique de certains noms<ref>{{lien web|url=https://www.lapresse.ca/arts/livres/bd-et-livres-jeunesse/201401/29/01-4733702-tintin-le-heros-qui-parle-plus-de-100-langues.php|titre=Tintin, le héros qui parle plus de 100 langues|site=''[[La Presse (Montréal)|La Presse]]''|auteur=Jérôme Rivet|date=29 janvier 2014|consulté le=5 mars 2023}}.</ref>. En 2001, la traduction en [[Mandarin (langue)|mandarin]] de ''[[Tintin au Tibet]]'' fait naître une polémique : le titre choisi par l'éditeur, « ''Tintin au Tibet chinois'' », provoque les vives protestations de [[Fanny Rodwell]], qui menace de cesser toute collaboration avec l'éditeur chinois<ref name="mandarin">{{Lien web|auteur institutionnel=[[Agence France-Presse]] (AFP)|titre=Une nouvelle aventure de ''Tintin au Tibet''|url=http://www.lalibre.be/culture/livres-bd/une-nouvelle-aventure-de-tintin-au-tibet-51b872b2e4b0de6db9a5d791|site=La Libre.Be|lieu=Bruxelles|éditeur=[[La Libre Belgique]]|en ligne le=22 mai 2001|consulté le=13 août 2016}}.</ref>. {{Unité|10000|exemplaires}} sont imprimés, avant que l'album ne soit finalement retiré de la circulation<ref>{{Lien web|auteur institutionnel=[[Agence France-Presse]] (AFP)|titre=''Tintin au Tibet'' retiré du marché chinois|url=http://www.lalibre.be/culture/livres-bd/tintin-au-tibet-retire-du-marche-chinois-51b8732de4b0de6db9a5f0be|site=La Libre.Be|lieu=Bruxelles|éditeur=[[La Libre Belgique]]|en ligne le=20 juin 2001|consulté le=13 août 2016}}.</ref> et réédité sous son titre original<ref>{{Lien web|auteur institutionnel=[[Agence France-Presse]] (AFP)|titre=La version chinoise de ''Tintin au Tibet'' retrouve son titre original|url=http://www.lalibre.be/culture/livres-bd/la-version-chinoise-de-tintin-au-tibet-retrouve-son-titre-original-51b87882e4b0de6db9a70d81|site=La Libre.Be|lieu=Bruxelles|éditeur=[[La Libre Belgique]]|en ligne le=22 mai 2002|consulté le=13 août 2016}}.</ref>.
=== Personnages secondaires ===
 
En 2014, la barre des {{unité|100|traductions}} est franchie<ref name="langues régionales"/>, un chiffre en constante augmentation avec plus de {{unité|120|langues}} et dialectes en 2019<ref name="vente"/>. Le nombre de traductions doit cependant être relativisé : d'une part, qu'un album ait été traduit à un moment donné n'implique pas que cette édition soit encore disponible des années plus tard, d'autre part, tous les albums ne sont pas traduits dans toutes langues<ref name="trad"/>. Au reste, en 2020, Hergé figure au huitième rang parmi les écrivains d'expression française les plus traduits au monde<ref name="trad">{{article|auteur=[[Rainier Grutman]]|titre=Tintin au pays des traductions|périodique=Parallèles|numéro=32(1)|date=avril 2020|pages=177-193|lire en ligne=https://www.paralleles.unige.ch/files/5915/8773/4744/Paralleles_32-1_2020_Grutman.pdf}}.</ref>.
 
== Personnages ==
{{Article détaillé|Liste des personnages des Aventures de Tintin}}
Au fil des aventures, Hergé introduit des éléments de cohérence entre ses albums afin de donner à son œuvre une {{citation|apparence massive, compacte et cohérente}}{{sfn|Assouline|1996|p=326}}. En premier lieu, il reprend un procédé mis au point par de grands auteurs du {{s-|XIX}} comme [[Honoré de Balzac]], en faisant revenir dans chaque aventure des personnages, parfois très secondaires, pour constituer un univers riche, cohérent et vivant, doté d'une continuité<ref name="SchuurmanP38"/>{{,}}{{sfn|Assouline|1996|p=326}}. Le dessinateur crée donc une foule de personnages reconnaissables au premier coup d'œil et, selon [[Pierre Sterckx]], {{citation|sa galerie de portraits vivants s'ajoute à celle de [[François Rabelais|Rabelais]], des [[Lewis Carroll]], [[Molière]] et Balzac}}{{sfn|Sterckx|2015|p=105}}.
{{travail inédit|date=février 2017}}
Les personnages secondaires d'Hergé {{par qui|ont été reconnus}} comme étant plus étoffés que le personnage central. Chacun d'entre eux est pourvu d'une certaine force de caractère et d'une certaine personnalité souvent complexe qui ont parfois été comparées avec celles des personnages de [[Charles Dickens]]. Hergé a utilisé les seconds rôles pour créer un univers réaliste servant de cadre aux aventures de ses personnages. Pour plus de réalisme et de cohérence, ces personnages réapparaissaient tout au long de la série d'albums. On a prétendu que l'occupation de la Belgique et les limites imposées à Hergé l'avaient obligé à se focaliser sur la description des personnages pour éviter d'avoir à parler du contexte politique difficile de cette époque. La majeure partie des personnages secondaires des ''Aventures de Tintin'' a été créée durant cette période :
 
De plus, le retour de mêmes personnages {{citation|offre au dessinateur à la fois le moyen de ne pas sombrer dans la redondance en créant de nouveaux personnages trop proches des anciens et celui d'affiner la psychologie des figures déjà existantes}}<ref name="SchuurmanP38">{{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Ludwig |nom1=Schuurman |titre=L'ultime album d'Hergé |lieu=Le Coudray-Macouard |éditeur=Editions Cheminements |année=2001 |page=38 |pages totales=205 |isbn=2-914474-26-1 |lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=EZpmAXPXU4gC&pg=PP1}}.</ref>. Inauguré dans ''[[Les Cigares du pharaon]]'', le procédé culmine dans ''[[Coke en stock]]''<ref name="SchuurmanP38"/>, l'aventure dans laquelle Hergé {{citation|va le plus dans la mise en scène de son propre univers}}{{sfn|Peeters|2006|p=449-452}}.
* le [[Professeur Tournesol|professeur Tryphon Tournesol]], physicien tête-en-l'air et dur d'oreille, est un personnage d'importance secondaire - mais récurrent - aux côtés de Tintin, de Milou et du Capitaine Haddock. Il est apparu pour la première fois dans [[Le Trésor de Rackham le Rouge]]. Tournesol est en partie inspiré d'[[Auguste Piccard]] (un physicien suisse). Au départ mal accueilli par les personnages principaux, sa nature généreuse et ses compétences scientifiques lui ont permis de nouer des liens durables avec eux, en particulier le capitaine Haddock.
* [[Dupond et Dupont]] sont deux détectives empotés qui, tout en n'ayant apparemment aucun lien de parenté (du moins, c'est ce que laisse à penser le fait qu'ils n'ont pas le même nom), semblent être des jumeaux dont la seule différence visible serait la forme de leur moustache<ref>Benoît Peeters, ''Le Monde d'Hergé'', Casterman, 1983.</ref>. Ils contribuent en grande partie au comique des ''Aventures'' par leur tendance chronique à faire des contrepèteries et leur incompétence flagrante. Les deux détectives sont inspirés, entre autres, du père et de l'oncle d'Hergé, des jumeaux qui portaient tous les deux un chapeau melon identique.
 
=== Personnages principaux ===
D'autres personnages jouent aussi un rôle de façon plus ou moins récurrente :
==== Tintin ====
* le [[général Alcazar]]
[[Fichier:Stockel-TinTin-1.jpg|vignette|alt=Personnages dessinés sur le mur d'une station de métro.|Décoration murale de la station [[Stockel (métro de Bruxelles)|Stockel]] du [[métro de Bruxelles]], représentant des personnages des ''Aventures de Tintin''. Réalisée par [[Bob de Moor]] et les [[Studios Hergé]], d'après des esquisses d'[[Hergé]].]]
* la [[Bianca Castafiore|Castafiore]]
Héros [[Éponymie|éponyme]] de la série, [[Tintin]] est un jeune reporter dont l'âge est encore inconnu. Sa silhouette est dessinée simplement et son visage, neutre et impersonnel, permet à tous les lecteurs de s'identifier à lui{{sfn|Assouline|1996|gr=a|p=62-64}}{{,}}{{sfn|Sterckx|2015|p=106}}. [[Hergé]] confie avoir créé son personnage en quelques minutes : une tête ronde, quelques points noirs signalant les yeux et la bouche{{sfn|id=historia1|texte=Les personnages de Tintin dans l'histoire, vol. 1|2011|p=19-20}}, le tout surmonté d'une houppette qui est l'un de ses seuls signes caractéristiques avec ses [[Culotte de golf|culottes de golf]]{{sfn|Sterckx|2015|p=106}}{{,}}{{sfn|Assouline|1996|gr=a|p=62-64}}.
* [[Liste des personnages des Aventures de Tintin#L|Séraphin Lampion]]
* [[Nestor (Tintin)|Nestor]]
* [[Roberto Rastapopoulos]]
* [[Liste des personnages des Aventures de Tintin#T|Tchang]]
* Allan
 
Le jeune reporter se trouve mêlé à des affaires dangereuses dans lesquelles il passe héroïquement à l'action pour sauver la mise. Pratiquement toutes les aventures montrent Tintin accomplissant avec enthousiasme ses tâches de journaliste d'investigation, mais, à l'exception du premier album, on ne le voit jamais en train d'écrire des articles{{sfn|id=historia1|texte=Les personnages de Tintin dans l'histoire, vol. 1|2011|p=19-20}}. C'est un jeune homme adoptant une attitude plus ou moins neutre ; il est moins pittoresque que les seconds rôles de la série. À cet égard, il est à l'image de Monsieur Tout-le-monde (''Tintin'' signifie d'ailleurs littéralement en français « rien du tout »).
=== Hergé ===
 
Le psychanalyste [[Serge Tisseron]] émet l'hypothèse qu'enfant, George Remi avait apprécié le roman ''Sans famille'' d'[[Hector Malot]], dont le héros est un jeune garçon appelé Rémi et qui possède un petit chien appelé Capi (allusion au ''capitaine'' Haddock).
Hergé s'est représenté lui-même dans certains de ses albums. On le reconnaît facilement à des signes distinctifs : une silhouette grande et maigre, une chevelure blonde, courte et abondante, un visage long et étroit, des joues creuses, un nez pointu, un menton en retrait. Il est un simple figurant.
 
==== Milou ====
Liste des apparitions d'Hergé dans ''Les Aventures de Tintin''<ref>[http://www.free-tintin.net/details.htm#apparitions Liste des apparitions d'Hergé dans les aventures de Tintin]</ref> :
Fidèle compagnon de Tintin, [[Milou]] est un chien de type [[fox-terrier à poil dur]] de couleur blanche{{sfn|Assouline|1996|gr=a|p=65}}. Il est doué de la parole, même si son maître est le seul à pouvoir le comprendre{{sfn|Apostolidès|2006|p=23}}. Milou le flatte à chacun de ses succès{{sfn|Apostolidès|2006|p=23}} mais il se permet parfois des commentaires moqueurs envers lui, comme pour mettre en perspective ses exploits répétés{{sfn|Apostolidès|2006|p=82-84}}. Au fil des albums, il perd de sa faconde et devient moins le complice de Tintin que son compagnon<ref name="milou">[[François Rivière]], ''Milou'', in {{harvsp|id=Rire|texte=Le rire de Tintin|2014|p=25}}.</ref>.
* ''Tintin au Congo'' : dans le groupe de journalistes qui accompagnent Tintin à son départ (page 1)
* ''Le Sceptre d'Ottokar'' : parmi les invités du concert dans le palais royal (page 38) et parmi les invités à la cérémonie de décoration de Tintin (page 59)
* ''Les Sept Boules de cristal'' : parmi les spectateurs du music-hall (page 16)
* ''L'Affaire Tournesol'' : parmi les badauds installés devant la grille du château (page 13)
 
Milou fait preuve d'un véritable sens du devoir{{sfn|Sterckx|2015|gr=s|p=112}} et bataille volontiers aux côtés de son maître quand le besoin s'en fait sentir{{sfn|Assouline|1996|gr=a|p=65}}. Il est en quelque sorte le jeune frère de Tintin et cherche à suivre son exemple. Leurs attitudes sont parfois opposées : il est aussi peureux que son maître est brave et, tandis que Tintin est un personnage pacifique, Milou cherche le conflit avec les animaux qu'il n'aime pas et à qui il s'adresse de manière hautaine{{sfn|Apostolidès|2006|p=82-84}}. Malgré son apparence canine, les plus jeunes lecteurs peuvent facilement s'identifier à lui tant il reproduit de gestes humains, par exemple quand il se met debout sur ses pattes arrière, quand il rit ou qu'il pleure de douleur{{sfn|Apostolidès|2006|p=87}}.
Les créateurs du dessin animé ont tenu à garder ce concept et ont fait figurer Hergé dans chacun des épisodes.
 
La queue de Milou est l'un des ressorts comiques des ''Aventures'' : elle est tour à tour transpercée, écrasée par un talon, coincée dans une porte ou mordue par un perroquet{{sfn|Apostolidès|2006|p=82-84}}. S'il lui arrive de fouiller les poubelles, comme au début du ''[[Le Crabe aux pinces d'or|Crabe aux pinces d'or]]'', Milou est avant tout un chien élégant, soucieux de son apparence et de sa propreté{{sfn|Apostolidès|2006|p=82-84}}. C'est un chien gourmand, capable de mettre à sac un restaurant syldave puis de dérober un os de [[diplodocus]] au musée dans ''[[Le Sceptre d'Ottokar]]''{{sfn|Sterckx|2015|gr=s|p=112}}, ou de voler une casserole de pâtes dans ''[[L'Étoile mystérieuse]]''<ref name="milou"/>. C'est également un grand amateur de [[whisky]]{{sfn|Sterckx|2015|gr=s|p=112}}.
== Paysages ==
 
Les paysages représentés dans ''Tintin'' ajoutent de la profondeur aux vignettes dessinées par Hergé. Il y mélange des lieux réels et imaginaires. Le point de départ de ses héros est la [[Belgique]] avec dans un premier temps le [[26, rue du Labrador]], puis le château de [[Moulinsart]].
L'origine de son nom fait référence à un amour de jeunesse de l'auteur, Marie-Louise Van Cutsem, surnommée « Milou »{{sfn|Peeters|2006|gr=p|p=53}}{{,}}{{sfn|id=historia1|texte=Les personnages de Tintin dans l'histoire, vol. 1|2011|p=19-20}}. Pour le dessiner, Hergé a probablement pris pour modèle le chien d'un cafetier installé à côté du siège du ''[[Le Vingtième Siècle (quotidien)|Vingtième Siècle]]''{{sfn|id=historia1|texte=Les personnages de Tintin dans l'histoire, vol. 1|2011|p=19-20}}.
Le meilleur exemple de la créativité d'Hergé en la matière est visible dans ''[[Le Sceptre d'Ottokar]]'' où Hergé invente deux pays imaginaires (la [[Syldavie]] et la [[Bordurie]]) et invite le lecteur à les visiter en insérant une brochure touristique au cours de l'histoire.
 
==== Capitaine Haddock ====
[[Fichier:Comic Mural Tintin, Hergé, Brussels (cropped).jpg|vignette|redresse=0.7|gauche|alt=Photographie du mur de pignon d'un immeuble entièrement peint, montrant les trois personnages descendant un escalier.|Tintin, Milou et Haddock peints sur le [[parcours BD de Bruxelles]].]]
Le [[capitaine Haddock]] n'apparaît que tardivement dans la série, dans la huitième aventure, ''[[Le Crabe aux pinces d'or]]'', mais il devient vite un personnage incontournable et l'ami inséparable de [[Tintin]]. Vêtu d'un pull à col roulé bleu orné d'une [[Ancre (mouillage)|ancre]] au milieu de la poitrine, Haddock est l'archétype du marin{{sfn|Assouline|1996|p=249-253|gr=a}}. Quand Tintin le rencontre, il n'a de capitaine que le nom. Abruti par l'alcool, il ne peut contrôler ses pulsions, mais, guidé par le jeune reporter, il retrouve peu à peu sa dignité<ref name="wanegffelen">{{article|auteur=[[Thierry Wanegffelen]]|titre=Le capitaine Haddock, ou l'irruption de l'humanité dans Les Aventures de Tintin : Rôle et place du personnage secondaire dans l'œuvre de Hergé(1942-1976)|périodique=Belphégor|mois=novembre|année=2006|lire en ligne=https://dalspace.library.dal.ca/bitstream/handle/10222/47728/06_01_wanegf_tintin_fr_cont.pdf?sequence=1&isAllowed=y}}.</ref>. Dans ''[[Le Secret de La Licorne]]'' et ''[[Le Trésor de Rackham le Rouge]]'', il suit les traces de son ancêtre, le chevalier [[François de Hadoque]], et la découverte du trésor le conduit à s'installer au [[château de Moulinsart]]{{sfn|Peeters|2006|gr=p|p=267-271}}.
 
Pour un temps, le capitaine troque ses vieux habits de marin, ses épais cheveux noirs et sa barbe hirsute{{sfn|Assouline|1996|p=249-253|gr=a}} pour une tenue chic, veste de [[Tweed (tissu)|tweed]] ou [[Smoking (vêtement)|smoking]], [[monocle]] et cigare<ref name="haddock">[[François Rivière]], ''Haddock (capitaine Archibald)'', dans {{harvsp|id=historia|texte=Le rire de Tintin|2014|p=26}}.</ref>. Peu à l'aise dans ce rôle de bourgeois, le capitaine retrouve vite son apparence initiale, non sans conserver une certaine élégance{{sfn|Apostolidès|2006|p=255}} qui tranche avec son caractère colérique et impulsif<ref name="haddock"/>. Les [[Vocabulaire du capitaine Haddock|jurons du capitaine]], comme le {{citation|[[tonnerre de Brest]]}} ou le {{citation|mille sabords}} qu'il affectionne, sont aussi célèbres que son personnage<ref name="jurons">Jean-Louis Beaucarnot, ''Insultes, jurons, Haddock en manie plus de 300 !'', in {{harvsp|id=historia|texte=Le rire de Tintin|2014|p=108-112}}.</ref>.
 
Prisonnier de son caractère, qui lui colle autant à la peau que le [[sparadrap]] de ''[[L'Affaire Tournesol]]''<ref name="devillairs">Laurence Devillairs, ''Quand le capitaine tempête'', in {{harvsp|id=philo|texte=Tintin et le trésor de la philosophie|2020|p=66-69}}.</ref>, Haddock est un héros plus humain que Tintin<ref name="wanegffelen"/>{{,}}{{sfn|Assouline|1996|p=249-253|gr=a}}. Son irascibilité cache en fait un homme au cœur tendre qui refuse l'injustice<ref name="haddock"/>. Ses nombreux emportements, comme ses revirements, sa maladresse légendaire ou sa dépendance à l'alcool, en font l'un des personnages les plus drôles de la série. Il n'est pourtant pas un comique volontaire{{sfn|Groensteen|2006|gr=g|p=94}} et fait le plus souvent rire à ses dépens, déclenchant des catastrophes dont il est le plus souvent la seule victime{{sfn|Groensteen|2006|gr=g|p=75}}. Du reste, les relations qu'il noue au fil des albums avec ce que [[Thierry Groensteen]] appelle le {{citation|clan des fâcheux}}, de [[Séraphin Lampion]] à la [[Bianca Castafiore|Castafiore]] en passant par les [[Dupond et Dupont|Dupondt]] et [[Abdallah (Tintin)|Abdallah]], constituent autant de [[Duo comique|duos comiques]]{{sfn|Groensteen|2006|gr=g|p=83}}.
 
Hergé et sa première femme, Germaine Kieckens, ont expliqué que le nom de « [[Haddock]] » avait été inspiré par un plat de poisson apprécié par le dessinateur<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Daniel|nom1=Couvreur|titre=Archibald Haddock|sous-titre=Les Mémoires de Mille Sabords|éditeur=[[Éditions Moulinsart]]|lieu=Bruxelles|année=2011|pages totales=64|isbn=978-2-87424-256-4|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=mltNDQAAQBAJ&printsec=frontcover}}.</ref>. Ce n'est que dans le dernier album achevé de la série, ''[[Tintin et les Picaros]]'', que le prénom du capitaine, Archibald, est révélé<ref>{{Chapitre |auteur1=Jacques Langlois |titre chapitre=''Tintin et les Picaros'' : une fête qui finit mal… |titre ouvrage={{harvsp|id=historia2|texte=Les personnages de Tintin dans l'histoire, volume 2|2012}} |passage=112-113}}.</ref>.
 
==== Tryphon Tournesol ====
[[Fichier:Bundesarchiv Bild 102-13738, Auguste Piccard.jpg|vignette|redresse|alt=Photographie en noir et blanc d'un savant portant une blouse.|Le physicien [[Auguste Piccard]] inspire le personnage du professeur Tournesol.]]
{{citation bloc|Du grenier où les lits à bascule et les machines à brosser pullulaient, il était passé au laboratoire atomique|[[Michel Serres]], ''Tintin ou le picaresque d'aujourd'hui'', 1977<ref>{{article|auteur=[[Michel Serres]]|titre=Tintin ou le picaresque d'aujourd'hui|périodique=Critique|lien périodique=Critique (revue)|année=1977|numéro=358}}.</ref>}}
Inventeur de génie, personnage tête-en-l'air et dur d'oreille, le [[professeur Tournesol]] apparaît dans la douzième aventure, ''[[Le Trésor de Rackham le Rouge]]''<ref name="tournesol">[[François Rivière]], ''Tournesol (professeur Tryphon)'', dans {{harvsp|id=Rire|texte=Le rire de Tintin|2014|p=27}}.</ref>. Il s'inscrit dans la longue lignée de savants qui peuplent l'univers de Tintin, de l'égyptologue [[Liste des personnages des Aventures de Tintin#ancre Siclone, Philémon|Philémon Siclone]] dans ''[[Les Cigares du pharaon]]'' à l'astronome [[Liste des personnages des Aventures de Tintin#ancre Calys, Hippolyte|Hippolyte Calys]] dans ''[[L'Étoile mystérieuse]]'' en passant par le sigillographe [[Liste des personnages des Aventures de Tintin#ancre Nestor Halambique|Nestor Halambique]] dans ''[[Le Sceptre d'Ottokar]]'', avec qui il partage une tenue vestimentaire désuète et négligée ainsi qu'une relative indifférence aux événements du quotidien, comme pour souligner que le savant {{citation|n'appartient pas à son époque, qu'il est en quelque sorte détaché du contexte historique et social immédiat dans lequel il évolue}}<ref name="savant">{{article|auteur1=Catherine Allamel-Raffin|auteur2=Jean-Luc Gangloff|titre=Le savant dans la bande dessinée : un personnage contraint|périodique=Communication et langages|numéro=154|année=2007|pages=123-133}}.</ref>. Mais alors que ses prédécesseurs disparaissent au terme d'un seul album, Tournesol devient un personnage récurrent et s'installe durablement dans la série{{sfn|Sterckx|gr=s|p=132-134}}.
 
Apparu comme un bricoleur maladroit, il devient très vite un scientifique de pointe, capable de mettre au point un moteur atomique qui permet à une fusée de s'envoler vers ''[[Objectif Lune|la Lune]]'' ou d'élaborer un appareil à ultrasons capable de détruire des villes entières{{sfn|Sterckx|gr=s|p=132-134}}. Ses inventions fournissent à l'auteur une matière narrative importante qui sert de déclencheur au récit<ref name="savant"/>, de même que ses deux enlèvements, dans ''[[Le Temple du Soleil]]'' puis ''[[L'Affaire Tournesol]]'', qui ne semblent pas pour autant le perturber{{sfn|Sterckx|gr=s|p=132-134}}. Pratiquant la radiesthésie<ref name="tournesol historia">{{Chapitre|auteur1=Frédéric Soumois|titre chapitre=Tournesol, le modeste magnifique|titre ouvrage={{harvsp|id=historia1|texte=Les personnages de Tintin dans l'histoire, volume 1|2011}}|passage=108-110}}.</ref>, Tournesol est également amateur d'[[horticulture]]{{sfn|Sterckx|gr=s|p=132-134}}. La surdité de cet éternel distrait est une source inépuisable de [[quiproquo]]s, si bien que ce personnage porte une large part de la puissance comique de la série<ref name="tournesol"/>.
 
Invariablement vêtu d'une longue [[redingote]] verte, comme son chapeau, et d'une chemise blanche à haut col, Tournesol ne quitte jamais ses petites lunettes rondes et très rarement son parapluie. Son abondante chevelure bouclée au-dessus des oreilles contraste avec son crâne dégarni<ref name="tournesol historia"/>. Il est inspiré physiquement du physicien suisse [[Auguste Piccard]], professeur à l'[[Université libre de Bruxelles]], qu'Hergé apercevait parfois dans les rues de la capitale belge dans les {{nobr|années 1930}}<ref name="tournesol"/>. Si la ressemblance physique est frappante, entre ces deux hommes au même style {{citation|lunaire et décalé}}{{sfn|Assouline|1996|gr=a|p=306}}, la petite taille et la surdité sont les caractères du seul Tournesol{{sfn|Peeters|2006|gr=p|p=270}}. Certains spécialistes, comme Frédéric Soumois et [[François Rivière]], évoquent une autre inspiration possible à travers l'ingénieur irlandais [[John Philip Holland]], qui participe au développement des premiers [[sous-marin]]s<ref name="tournesol"/>{{,}}<ref name="tournesol historia"/>.
 
==== Dupond et Dupont ====
Les policiers [[Dupond et Dupont]] apparaissent sous le nom de X33 et X33bis dans la quatrième aventure, ''[[Les Cigares du pharaon]]''<ref group="Note">Ils sont pourtant présents dès la première vignette de ''[[Tintin au Congo]]'', mais ce n'est que lors de la mise en couleur de cette aventure qu'Hergé les intègre au dessin, en lieu et place des deux employés de chemin de fer qui, dans la version originale, assistaient au départ de [[Tintin]]. Voir {{harvsp|id=historia1|titre ouvrage=Les personnages de Tintin dans l'histoire, volume 1|2011|p=28-30}}.</ref>, et ce n'est qu'à partir du ''[[Le Sceptre d'Ottokar|Sceptre d'Ottokar]]'' qu'ils reçoivent leur nom définitif<ref name="dupondt">{{chapitre|auteur=[[François Rivière]]|titre=Dupond et Dupont|titre ouvrage={{harvsp|id=Rire|texte=Le rire de Tintin|2014}}|passage=28}}.</ref>. Sans être frères biologiquement, puisque leur nom diffère, les Dupondt sont parfaitement identiques{{sfn|Apostolidès|2006|p=103-112}}. Ils ne se déplacent jamais sans leur canne et portent les mêmes vêtements, à savoir un costume-cravate noir et un [[chapeau melon]] de la même couleur. Seule la forme de leur [[moustache]] permet de les distinguer<ref name="dupondt historia">{{Chapitre|auteur1=Jacques Langlois|titre chapitre=Dupond et Dupont et vice versa !|titre ouvrage={{harvsp|id=historia1|texte=Les personnages de Tintin dans l'histoire, volume 1|2011}}|passage=28-30}}.</ref> : celle de Dupond est taillée droite tandis que celle de Dupont est recourbée vers l'extérieur<ref name="dupondt site tintin">{{lien web|url=https://www.tintin.com/fr/characters/dupond-et-dupont|titre=Dupond et Dupont|site=tintin.com|consulté le=25 mars 2021}}.</ref>. Les Dupondt sont inséparables jusque dans leur malheur : l'accident qui advient à l'un s'applique aussitôt à l'autre{{sfn|Sterckx|2015|gr=s|p=136-140}}.
 
Les deux policiers incarnent la bêtise et l'ordre dans ce qu'il a de plus rigide. Chez les Dupondt, le soupçon est permanent et ne dépasse pas le stade des apparences. Ils multiplient les fausses pistes et accusent des innocents, comme [[Tintin]] qu'ils ne cessent de poursuivre dans les premières aventures, le prenant pour un bandit<ref name="dupondt historia"/>{{,}}{{sfn|Apostolidès|2006|p=103-112}}. Quand ils enquêtent sur un trafic de fausse monnaie, ils se font refiler de fausses pièces. Quand ils sont à la recherche d'un [[Vol à la tire|pickpocket]], ils se font voler toute une série de portefeuilles<ref name="dupondt historia"/>. En raison de leur maladresse, les Dupondt font souvent rire à leurs dépens, multipliant les chutes et les collisions{{sfn|Apostolidès|2006|p=103-112}}. Ils se ridiculisent en arborant des [[Costume traditionnel|costumes folkloriques]], se faisant finalement remarquer en voulant passer inaperçus<ref name="dupondt"/>. Ils élèvent le [[lapsus]] et la déformation du langage au rang de l'art, une caractéristique qui tend à s'amplifier au fil de la série<ref name="langage">{{chapitre|auteur=[[Alain Rey]]|titre=À chaque personnage son propre langage|titre ouvrage={{harvsp|id=rire|titre=Le rire de Tintin|2014}}|passage=98-102}}.</ref>{{,}}<ref name="lapsus"/>.
 
Les deux détectives sont la caricature du père et de l'oncle d'[[Hergé]], Alexis et Léon Remi, tous deux jumeaux inséparables. Leur tenue vestimentaire imite celle des agents de la [[Direction de la Sûreté générale|Sûreté]] tels qu'ils sont photographiés en 1919 lors de l'arrestation de l'anarchiste [[Émile Cottin]] et diffusés en [[Une (journalisme)|une]] de l'hebdomadaire ''[[Le Miroir (hebdomadaire photographique)|Le Miroir]]''<ref name="dupondt"/>.
 
==== Bianca Castafiore ====
[[Fichier:Fonotipia39088.mp3.ogg|vignette|redresse=1.2|L{{'}}''Air des bijoux'' de ''[[Faust (Gounod)|Faust]]'' est continuellement repris par [[Bianca Castafiore]].|alt=Enregistrement de l{{'}}''Air des bijoux''.]]
La célèbre cantatrice [[Bianca Castafiore]] est le seul personnage féminin récurrent de la série<ref name="divas">{{chapitre|auteur=[[Olivier Bellamy]]|titre=Honnies ou adorées, la saga des divas|titre ouvrage={{harvsp|id=Rire|texte=Le rire de Tintin|2014}}|passage=31-33}}.</ref>. Le {{citation|Rossignol milanais}} fait une entrée remarquée dans le huitième album, ''[[Le Sceptre d'Ottokar]]'', à la manière d'un {{citation|typhon dévastateur}}, selon l'expression de [[François Rivière]]. Dès sa rencontre avec Tintin, elle interprète son air favori, celui ''[[Air des bijoux|des bijoux]]'', extrait de l'[[opéra]] ''[[Faust (Gounod)|Faust]]'' de [[Charles Gounod]]<ref name="castafiore">{{chapitre|auteur=[[François Rivière]]|titre=Bianca Castafiore|titre ouvrage={{harvsp|id=Rire|texte=Le rire de Tintin|2014}}|passage=30}}.</ref>. Tour à tour [[Égocentrisme|égocentrique]] et [[Narcissisme|narcissique]], lyrique et intempestive{{sfn|Sterckx|2015|gr=s|p=124-130}}, la Castafiore incarne la [[Diva (musique classique)|diva]] par excellence. Blonde et opulente, infiniment exubérante, Hergé l'affuble systématiquement de tenues extravagantes comme pour accentuer son aspect ridicule<ref name="castafiore"/>{{,}}<ref name="musique">{{Article|prénom1=Nicolas|nom1=Rouvière|titre=Trois figures antimusicales de la BD franco-belge : la Castafiore, Gaston Lagaffe et Assurancetourix|périodique=Recherches & Travaux|numéro=78|date=2011-05-15|issn=0151-1874 |doi=10.4000/recherchestravaux.463|lire en ligne=http://journals.openedition.org/recherchestravaux/463|consulté le=2021-04-10|pages=195–212}}.</ref>. La cantatrice ne se déplace jamais sans sa camériste, Irma, son pianiste, monsieur Wagner, ni ses fameux bijoux qui font l'objet d'une intrigue à part entière dans ''[[Les Bijoux de la Castafiore]]''<ref name="divas"/>.
 
La relation qu'elle entretient avec le [[capitaine Haddock]], dont elle ne peut prononcer correctement le nom<ref name="langage"/>, est pour le moins ambiguë. Si rien ne permet apparemment de les unir, ils incarnent tous deux la puissance vocale{{sfn|Sterckx|gr=s|2015|p=124-130}}. Comme Tintin, Haddock reste insensible aux qualités vocales de la cantatrice, mais il est parfois troublé en sa présence<ref name="nerfs">{{article|auteur=Cristina Alvares|titre=Les nerfs du Capitaine : La fonction du compagnon inséparable du héros dans Les aventures de Tintin de Hergé|périodique=Cincinnati Romance Review|année=2017|numéro=43|pages=216-225}}.</ref>{{,}}<ref name="musique"/>.
 
=== Autres personnages ===
==== Amis ====
[[Fichier:Faisal2 5 edit1.jpg|vignette|redresse|alt=Photographie en noir et blanc d'un jeune enfant en tenue d'émir.|[[Fayçal II|Fayçal II d'Irak]] inspire le personnage d'Abdallah.]]
Le premier véritable ami de Tintin est [[Tchang (Tintin)|Tchang]]. Il fait sa connaissance dans ''[[Le Lotus bleu]]'' quand il le sauve des eaux du fleuve [[Yang-Tsé-Kiang]] en crue. Une amitié sincère naît immédiatement entre les deux personnages qui acceptent d'aller au-delà de leurs préjugés ethniques{{sfn|Apostolidès|2006|p=51-52}}. Ensemble, ils bravent tous les dangers et démantèlent la bande des trafiquants d'[[opium]]<ref name="tchang">{{Chapitre|auteur1=Jacques Langlois|titre chapitre=Tchang, l'ami chinois|titre ouvrage={{harvsp|id=historia1|texte=Les personnages de Tintin dans l'histoire, volume 1|2011}}|passage=48-50}}.</ref>. Des années plus tard, dans ''[[Tintin au Tibet]]'', c'est une nouvelle fois pour le sauver que le jeune reporter se lance à l'assaut du [[yéti]] et des neiges de l'[[Himalaya]]{{sfn|Apostolidès|2006|p=331-334}}. Tintin rencontre d'autres enfants dans la série, comme [[Zorrino]], un jeune indien [[Quechuas|quechua]], vendeur d'oranges ambulant, qui le guide jusqu'au ''[[Le Temple du Soleil|Temple du Soleil]]'' où le professeur Tournesol est retenu. C'est parce que Tintin l'a sauvé d'une agression perpétrée par deux hommes brutaux, descendants de colons espagnols, que Zorrino accepte de l'aider et de le conduire jusqu'au lieu sacré des Incas, bien qu'il s'agisse là d'un acte de trahison envers son peuple<ref>{{lien web|url=https://www.tintin.com/fr/characters/other/zorrino|titre=Zorrino|site=tintin.com|consulté le=10 février 2022}}.</ref>{{,}}<ref name="alvares">{{article|auteur=Cristina Álvares|titre=Tintin orphelin|sous-titre=Une approche du héros hergéen à travers le motif de l'enfant trouvé|périodique=Synergies Espagne|numéro=13|année=2020|pages=159-171|lire en ligne=http://repositorium.sdum.uminho.pt/bitstream/1822/67495/1/alvares.pdf}}.</ref>. Dans ''[[Tintin au pays de l'or noir]]'', le héros se porte au secours du jeune prince [[Abdallah (Tintin)|Abdallah]], fils de l'émir du [[Khemed]], [[Mohammed Ben Kalish Ezab]]. Adulé par son père, qui le couvre d'éloges et de cadeaux, Abdallah est un garnement insupportable qui multiplie les farces au détriment des autres personnages, en premier lieu du capitaine Haddock, prêt à courir les dangers pour fuir sa présence<ref>{{chapitre|auteur=Nathalie Riché|titre chapitre=Abdallah|titre ouvrage={{harvsp|id=Rire|texte=Le rire de Tintin|2014}}|passage=38}}.</ref>{{,}}<ref name="skilling2">{{ouvrage|prénom1=Pierre|nom1=Skilling|titre=Mort aux tyrans !|sous-titre=Tintin, les enfants, la politique|éditeur=[[Éditions Nota bene]]|lieu=Québec|année=2001|collection=Études culturelles|pages totales=191|isbn=978-2895180777}}.</ref>.
 
Le comportement d'Abdallah révèle avant tout l'impuissance et la faiblesse de son père qui, sans l'intervention de Tintin, ne pourrait se maintenir au pouvoir<ref name="bouchard">{{article|auteur=Mathieu Bouchard|titre=Tintin au Moyen-Orient|périodique=[[Confluences Méditerranée]]|année=2010/4|numéro=75|pages=227-239|lire en ligne=https://www.cairn.info/revue-confluences-mediterranee-2010-4-page-227.htm}}.</ref>{{,}}<ref name="skilling"/>. Défenseur d'une cause juste, le jeune reporter rencontre d'autres souverains mis en danger par des ennemis cupides et sans scrupules : le maharadjah de [[Rawhajpoutalah]], dans ''[[Les Cigares du pharaon]]'', et [[Muskar XII]], roi de [[Syldavie]], dans ''[[Le Sceptre d'Ottokar]]''. Comme l'émir, ces deux monarques font immédiatement confiance à Tintin, qui devient le garant de la stabilité de leur pays<ref name="skilling"/>. Un autre chef d'État entretient une longue amitié avec le héros : le [[général Alcazar]], qui en fait son aide de camp dans ''[[L'Oreille cassée]]'' avant de le condamner à mort à la suite d'une dénonciation calomnieuse. Il apparaît colérique et dangereux dans cette première aventure{{sfn|Sterckx|gr=s|2015|p=146}}, pour autant, Tintin ne semble pas lui en tenir rigueur. Quand il revient dans ''[[Les Sept Boules de cristal]]'', en qualité de lanceur de couteaux au [[music-hall]] de Bruxelles et sous le pseudonyme de Ramon Zarate, Tintin se précipite dans sa loge pour le saluer. Il en fait de même dans ''[[Coke en stock]]'', quand Alcazar est en Europe pour acheter des avions militaires et tenter une énième révolution dans [[San Theodoros|son pays]], une révolution qui sera effective dans ''[[Tintin et les Picaros]]'' grâce à l'intervention de Tintin et ses compagnons<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Philippe Goddin]]|titre=Hergé et les Bigotudos|sous-titre=Le roman d'une aventure|lieu=Paris|éditeur=[[Casterman]]|collection=Bibliothèque de Moulinsart|année=1990|pages totales=287|isbn=2-203-01709-0|passage=19-20}}.</ref>.
 
L'entrée dans la série de [[Séraphin Lampion]], bien que tardive, n'en est pas moins essentielle. Dès son arrivée au [[château de Moulinsart]], dans ''[[L'Affaire Tournesol]]'', l'assureur de la compagnie « Mondass » s'impose directement comme le {{citation|fâcheux par excellence}}<ref name="lampion">{{chapitre|auteur=[[François Rivière]]|titre chapitre=Séraphin Lampion|titre ouvrage={{harvsp|id=Rire|texte=Le rire de Tintin|2014}}|passage=34}}.</ref>. Cet [[antihéros]], individu bavard et sans gêne, symbolise l'intrusion de la [[société de masse]] dans l'univers de Tintin{{sfn|Baetens|2011|p=15}}, et incarne à lui seul le monde dégradé qui caractérise les derniers albums, selon l'analyse de l'essayiste [[Jean-Marie Apostolidès]]{{sfn|Apostolidès|2006|p=306}}. Son humour pesant, ses costumes aux tons criards et son aplomb imperturbable font de lui l'archétype de l'éternel casse-pieds<ref name="emmerdeur">Dominique de La Tour, ''L'éternel emmerdeur'', dans {{harvsp|id=Rire|texte=Le rire de Tintin|2014|p=35-37}}.</ref>{{,}}<ref name="lampion"/>, un personnage moins {{citation|lumineux}} que ne le laisse entendre son nom<ref name="onomastique">{{article|auteur=Samuel Bidaud|titre=À propos des noms de personnages de Tintin. Note d'onomastique littéraire|périodique={{langue|en|Irish Journal of French Studies}}|pages=209-225|volume=16|année=2016}}.</ref>.
 
D'autres personnages de l'entourage de Tintin interviennent de façon régulière dans la série, comme le marchand portugais [[Liste des personnages des Aventures de Tintin#F|Oliviera da Figueira]], d'abord marchand ambulant dans ''[[Les Cigares du pharaon]]'' avant de se fixer au [[Khemed]]<ref>{{Chapitre|auteur1=Jacques Langlois|titre chapitre=Oliveira da Figueira cher bonimenteur|titre ouvrage={{harvsp|id=historia2|texte=Les personnages de Tintin dans l'histoire, volume 2|2012}}|passage=70-72}}.</ref>, ou le domestique [[Nestor (Tintin)|Nestor]], gardien du [[château de Moulinsart]] et fidèle serviteur du capitaine<ref name="nestor">{{Chapitre|auteur1=Thomas Sertillanges|titre chapitre=Nestor, à votre service|titre ouvrage={{harvsp|id=historia1|texte=Les personnages de Tintin dans l'histoire, volume 1|2011}}|passage=98-100}}.</ref>.
 
==== Ennemis ====
[[Roberto Rastapopoulos]] incarne {{citation|le génie du mal}} et l'ennemi le plus acharné de [[Tintin]]{{sfn|Apostolidès|2006|p=113-121}}{{,}}<ref>{{chapitre|auteur=[[François Rivière]]|titre chapitre=Rastapopoulos|titre ouvrage={{harvsp|id=Rire|texte=Le rire de Tintin|2014}}|passage=29}}.</ref>. Mais son caractère diabolique n'apparaît pas immédiatement : dans ''[[Les Cigares du pharaon]]'', Tintin lui-même est séduit par l'image respectable de ce milliardaire directeur d'une firme de [[cinéma]], la Cosmos Pictures, et ce n'est qu'à la fin du ''[[Le Lotus bleu|Lotus bleu]]'' qu'il découvre que sous les traits de Rastapopoulos se cache le Grand Maître des trafiquants d'[[opium]], société secrète placée sous le signe du pharaon Kih-Oskh<ref name="rastapopoulos">{{Chapitre|auteur1=Jacques Langlois|titre chapitre=Rastapopoulos nouveau méphisto|titre ouvrage={{harvsp|id=historia1|texte=Les personnages de Tintin dans l'histoire, volume 1|2011}}|passage=38-40}}.</ref>{{,}}{{sfn|Apostolidès|2006|p=113-121}}. Les membres de celle-ci constituent une véritable internationale du crime s'appuyant sur des figures qui n'ont de cesse de faire disparaître Tintin, comme le Japonais [[Mitsuhirato]] à [[Shanghai]] ou le marin véreux [[Allan Thompson]]{{sfn|Apostolidès|2006|p=113-121}}. Quand tout le monde le croit mort, Rastapopoulos reparaît sous les traits du marquis di Gorgonzola dans ''[[Coke en stock]]'', un trafiquant d'esclaves qui reçoit les plus grands noms de la [[jet set]] sur son [[yacht]]. Une nouvelle fois démasqué par Tintin, il revient sous sa véritable identité dans ''[[Vol 714 pour Sydney]]'', pour tenter de s'emparer de la fortune du milliardaire [[Laszlo Carreidas]]<ref name="rastapopoulos"/>.
 
Le [[Docteur J. W. Müller|docteur Müller]] est l'autre méchant récurrent de la série. Membre d'une bande de [[Faux-monnayage|faux-monnayeurs]] dans ''[[L'Île Noire]]'', lui aussi revient sous de fausses identités, d'abord sous les traits du professeur Smith dans ''[[Tintin au pays de l'or noir]]'' puis de Mull Pacha dans ''[[Coke en stock]]''. Dans ces deux aventures, il se trouve à la solde du cheik [[Bab El Ehr]] qui cherche à renverser l'émir [[Mohammed Ben Kalish Ezab|Ben Kalish Ezab]]<ref name="rastapopoulos2">{{Chapitre|auteur1=Jacques Langlois|titre chapitre=Müller noir, c'est noir !|titre ouvrage={{harvsp|id=historia1|texte=Les personnages de Tintin dans l'histoire, volume 1|2011}}|passage=68-70}}.</ref>.
 
Tintin affronte d'autres ennemis qui jurent de laver l'affront qu'il leur a fait subir. Le colonel Boris, aide de camp du roi syldave [[Muskar XII]] et qui le trahit pour le compte de la [[Bordurie]] dans ''[[Le Sceptre d'Ottokar]]'', revient dans ''[[On a marché sur la Lune]]'' pour tenter de détourner la fusée au profit d'une puissance totalitaire<ref>{{Chapitre|auteur1=Frédéric Soumois|titre chapitre=Wolff, le complexe de Sbrodj|titre ouvrage={{harvsp|id=historia2|texte=Les personnages de Tintin dans l'histoire, volume 2|2012}}|passage=50-52}}.</ref>. Le [[colonel Sponsz]], chef de la police secrète bordure dans ''[[L'Affaire Tournesol]]'', est aussi l'instigateur du complot qui vise à attirer Tintin et ses amis au [[San Theodoros]] dans ''[[Tintin et les Picaros]]''<ref>{{Chapitre|auteur1=[[Pierre Sterckx]]|auteur2=Jacques Langlois|titre chapitre=Lampion pire que Sponsz ?|titre ouvrage={{harvsp|id=historia2|texte=Les personnages de Tintin dans l'histoire, volume 2|2012}}|passage=60-62}}.</ref>.
 
==== Personnalités caricaturées ====
Hergé a pris l'habitude de se représenter lui-même parmi les personnages qui peuplent ses albums. Il figure ainsi dans ''Tintin au Congo'', parmi le groupe de journalistes qui accompagnent Tintin à son départ, dans ''Le Sceptre d'Ottokar'', parmi les invités du concert au palais royal, puis parmi les invités à la cérémonie de décoration de Tintin, dans ''Les Sept Boules de cristal'', parmi les spectateurs du music-hall, enfin dans ''L'Affaire Tournesol'', parmi les badauds installés devant la grille du château<ref name="rime"/>{{,}}<ref>{{Lien web|url=https://www.tintin.com/fr/albums/le-sceptre-d-ottokar#|titre=Le Sceptre d'Ottokar|site=tintin.com|consulté le=12 décembre 2020}}.</ref>.
 
La scène de la décoration de Tintin à la cour royale de [[Syldavie]] dans ''[[Le Sceptre d'Ottokar]]'' recèle d'ailleurs de nombreux clins d'œil de la part du dessinateur à ses proches. Parmi les dignitaires qui assistent à la cérémonie, outre Hergé lui-même et son épouse Germaine Kieckens, il est possible de reconnaître son frère Paul Remi, le dessinateur [[Edgar P. Jacobs]], l'ami et collaborateur d'Hergé [[Jacques Van Melkebeke]] et sa femme Ginette, le peintre [[Marcel Stobbaerts]] ou encore l'industriel [[Édouard Cnaepelinckx]]<ref>{{chapitre|titre chapitre=Portraits et autoportraits|titre ouvrage={{harvsp|id=civilisations|texte=Tintin à la découverte des grandes civilisations}}|année=2008|passage=160}}.</ref>.
 
Le gangster [[Al Capone]], qui apparaît dans ''[[Tintin en Amérique]]'', est le seul personnage réel de la série<ref>{{chapitre|auteur=Thomas Sertillanges|titre chapitre=Al Capone en personne|titre ouvrage={{Harvsp|id=historia2|texte=Les personnages de Tintin dans l'histoire, volume 2}}|passage=10-12}}.</ref>, mais de nombreux autres sont caricaturés, comme l'écrivain et trafiquant d'armes [[Henry de Monfreid]], parodié sous les traits d'un capitaine de [[boutre]] dans ''[[Les Cigares du pharaon]]''{{sfn|Assouline|1996|p=127}} ou le marchand d'armes [[Basil Zaharoff]], transformé en Basil Bazaroff dans ''[[L'Oreille cassée]]''<ref name="angenot"/>. Le diplomate belge [[Paul Hymans]] est représenté parmi les membres de la [[Société des Nations]] dans ''[[Le Lotus bleu]]''<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Hergé]]|auteur2=Jean-Marie Embs|auteur3=[[Philippe Mellot]]|auteur4=[[Philippe Goddin]]|titre=Le Lotus bleu|collection=Les Archives Tintin|lieu=Bruxelles|éditeur=[[Éditions Moulinsart|Moulinsart]]/[[Casterman]]|année=2010|isbn=978-2-87424-200-7|loc=préface, 26-31}}.</ref>. Le physicien [[Auguste Piccard]], qui a inspiré le [[professeur Tournesol]], apparaît également sous les traits du savant suédois Erik Björgenskjöld dans ''[[L'Étoile mystérieuse]]''<ref>{{chapitre|titre ouvrage=Les Personnages de Tintin dans l'Histoire|sous-titre=les Événements qui ont inspiré l'Œuvre de Hergé|volume=II|titre chapitre=Cap sur le Pôle|auteur=Frédérique Remy|année=2012|éditeur=[[La Libre Belgique]]-[[Historia (revue)|Historia]]|passage=22}}.</ref>. Dans ce même album, les personnages de [[Quick et Flupke]] sont reconnaissables dans la foule qui se presse au départ de l'expédition dans ''[[L'Étoile mystérieuse]]'', Hergé mêlant ainsi les univers de ses deux séries{{sfn|Assouline|1996|p=272}}. Apparu dans ''[[Tintin au pays de l'or noir]]'', le prince [[Abdallah (Tintin)|Abdallah]] est une caricature du jeune roi d'Irak [[Fayçal II]]<ref>{{Lien web |titre=BD : quand Hergé ressuscite le dernier roi d'Irak |url=https://www.lepoint.fr/culture/bd-quand-herge-ressuscite-le-dernier-roi-d-irak-11-08-2011-1361976_3.php |date=11 août 2011 |site=lepoint.fr |périodique=[[Le Point]]|consulté le=18 février 2021}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |titre=Le dernier roi d'Irak est toujours en vie grâce à Tintin |url=https://www.lexpress.fr/actualites/1/culture/le-dernier-roi-d-irak-est-toujours-en-vie-grace-a-tintin_1019886.html |date=11 août 2011 |site=lexpress.fr |périodique=[[L'Express]]|consulté le=18 février 2021}}.</ref>. Enfin, dans ''[[Les Bijoux de la Castafiore]]'', les journalistes Jean-Loup de la Batellerie et Walter Rizotto sont directement inspirés du duo de grands reporters travaillant alors pour ''[[Paris Match]]'', [[Philippe de Baleine]] et [[Willy Rizzo]], le nom du magazine étant lui-même transformé en ''Paris Flash''{{sfn|Assouline|1996|group=a|p=574}}, tandis que l'initié [[Mik Ezdanitoff]], dans ''[[Vol 714 pour Sydney]]'', est une caricature de l'écrivain [[Jacques Bergier]]{{sfn|Mozgovine|1992|p=79}}.
 
<gallery caption="Personnalités caricaturées dans ''Les Aventures de Tintin''." mode="packed">
Al Capone in 1930.jpg|alt=Photographie en noir et blanc d'un homme assis vêtu d'un costume.|Le gangster [[Al Capone]].
Henry de Monfreid 1937.jpg|alt=Photographie en noir et blanc d'un homme torse nu, coiffé d'un foulard.|L'écrivain et trafiquant [[Henry de Monfreid]].
Zaharoff, Basil (Meurisse 1928) cropped.jpg|alt=Portrait en noir et blanc d'un homme vêtu d'un chapeau.|Le marchand d'armes [[Basil Zaharoff]].
Paul Hymans 02.jpg|alt=Portrait en noir et blanc d'un homme.|Le diplomate [[Paul Hymans]].
</gallery>
 
== Analyse ==
Hergé a donc dessiné plusieurs milieux différents (des villes, des déserts, des forêts et même la Lune) mais pour amplement démontrer le talent d'Hergé, on notera trois grands espaces : la campagne, la mer et la montagne<ref name="Paysagiste">« [http://www.objectiftintin.com/whatsnew_Tintin_2868.lasso Hergé, un grand paysagiste] », ''objectiftintin.com''.</ref>.
=== Style narratif ===
Dans les premiers albums de la série, Tintin est l'acteur d'une intrigue simple, de sorte que ces récits ne sont qu'une {{citation|suite de vignettes indépendantes, sans rien qui les relie d'autre que le décor exotique}}<ref name="brague"/>. Le héros vit une succession d'aventures rocambolesques et se voit chargé d'une mission : dénoncer les [[bolcheviks]] dans ''[[Tintin au pays des Soviets]]'', éduquer les Congolais dans ''[[Tintin au Congo]]'', combattre [[Al Capone]] et les gangsters dans ''[[Tintin en Amérique]]''{{sfn|Sterckx|2015|gr=s|p=103}}. Ces premiers récits répondent, selon [[Benoît Peeters]], {{citation|à un rêve naïf de prise de possession du monde}}{{sfn|Peeters|2006|gr=p|p=127-128}}. Avec ''[[Les Cigares du pharaon]]'', [[Hergé]] acquiert une nouvelle ambition littéraire, plus romanesque{{sfn|Peeters|2006|group=p|p=127-128}}, où {{citation|les doubles intrigues foisonnent}}{{sfn|Sterckx|2015|gr=s|p=103}}. L'aventure, construite à la manière d'un [[Roman-feuilleton|feuilleton]], demeure cependant très improvisée{{sfn|Peeters|2006|group=p|p=127-128}}. Avec ''[[Le Lotus bleu]]'', qui peut-être considéré comme le premier {{citation|récit linéaire}} selon le philosophe [[Rémi Brague]]<ref name="brague"/>, l'auteur s'engage sur la voie du réalisme{{sfn|Apostolidès|2006|p=51}}, et ''[[L'Oreille cassée]]'' est la première histoire qui repose sur une véritable idée de scénario, construit préalablement{{sfn|Peeters|2006|gr=p|p=157}}.
 
Dans cet album, Hergé achève de mettre en place la structure narrative qui sert de trame à la quasi-totalité des albums suivants, jusqu'aux ''[[Les Bijoux de la Castafiore|Bijoux de la Castafiore]]'', et qui se compose, selon l'écrivain [[Renaud Nattiez]], de six éléments<ref name="Nattiez">{{ouvrage|prénom1=Renaud|nom1=Nattiez|lien auteur1=Renaud Nattiez|titre=Le mystère Tintin|sous-titre=Les raisons d'un succès universel|éditeur=[[Les Impressions nouvelles]]|année=2016|pages totales=352|isbn=978-2874493096}}.</ref> : le récit débute par une situation banale de la vie quotidienne qu'un fait anodin vient perturber, précipitant l'engagement de Tintin ; ce dernier énonce alors une phrase qui marque le commencement de l'aventure et qui précède son départ ; de nombreuses péripéties accompagnent la longue ascension vers l'objectif, avant le succès final qui se caractérise par la joie de Tintin et symbolise le retour à la vie quotidienne<ref name="Nattiez"/>. Dès lors, les aventures de Tintin s'apparentent à une quête<ref name="brague"/>.
== Traductions étrangères ==
[[Fichier:Exposition Hergé - Grand Palais - Tintin dans toutes les langues.jpg|thumb|Les couvertures des albums des Aventures de Tintin et Milou dans toutes les langues.]]
En [[2009]], depuis 1929, plus de 230 millions d'albums de Tintin ont été vendus à travers le monde en plus de 90 langues (dont 43 langues régionales)<ref>{{Lien web | url = http://www.tintin.com/fr/essentiel/essentiel.html?lang=fr | éditeur = Tintin | titre = En chiffres}}</ref> :
 
À partir du ''[[Le Secret de La Licorne|Secret de La Licorne]]'', {{citation|les intrigues prennent une telle ampleur qu'un seul volume n'y suffit pas}}<ref name="brague"/>. Cette aventure se poursuit dans ''[[Le Trésor de Rackham le Rouge]]'' et forme le premier diptyque de l'œuvre d'Hergé, un procédé immédiatement répété avec ''[[Les Sept Boules de cristal]]'' et ''[[Le Temple du Soleil]]''. C'est un moyen pour l'auteur, d'une part, de {{citation|laisser libre cours à ses talents de conteur{{sfn|Peeters|2006|gr=p|p=210}}}}, d'autre part de contourner les exigences de son éditeur qui lui impose un format en album de {{unité|62|pages}} l'obligeant à supprimer certains passages lors de la refonte de ses premières aventures{{sfn|Assouline|1996|gr=a|p=322}}. À cette période, la narration d'Hergé est également contrainte de ce que ses aventures paraissent sous la forme de feuilleton quotidien dans ''[[Le Soir]]''{{sfn|Sadoul|1983|p=14}}. Dans ces deux diptyques, {{citation|le premier volume se passe sous nos climats, le second lance les héros dans un voyage qui les dépayse ; le premier propose une énigme dont le second donne la clef, qu'il faut aller chercher loin}}<ref name="brague"/>.
* '''49 Langues officielles'''<ref name="Tintin around the world">{{Lien web | url = http://www.asterix-obelix.nl/tintin/index.php?page=translations | titre = Tintin around the world | éditeur = Astérix & Obélix}}</ref> :
 
L'aventure lunaire s'étale elle aussi sur deux albums, avant qu'Hergé atteigne son {{citation|[[Classicisme français|classicisme]]}} selon Rémi Brague : {{citation|''[[L'Affaire Tournesol]]'', ''[[Coke en stock]]'', ''[[Tintin au Tibet]]'', ''[[Les Bijoux de la Castafiore]]'', entre 1956 et 1963, sont à Hergé ce que ''[[Le Cid (Corneille)|Le Cid]]'', ''[[Horace (Corneille)|Horace]]'', ''[[Cinna (Corneille)|Cinna]]'', ''[[Polyeucte]]'', entre 1637 et 1642, furent à [[Pierre Corneille|Corneille]]<ref name="brague"/>}}. L'intrigue est de nouveau concentrée sur un album dont la temporalité est raccourcie<ref name="brague"/> et la résistance à l'aventure du [[capitaine Haddock]] est de plus en plus marquée<ref name="nerfs"/>.
<small>La date signifie la première date d'édition.</small>
 
=== Méthode de travail ===
[[Afrikaans]] ([[1973]]) - [[Allemand]] ([[1952]]) - [[Anglais américain]] ([[1959]]) - [[Anglais britannique]] ([[1952]]) - [[Arabe]] ([[1972]]) - [[Arménien]] ([[2006]]) - [[Bengali]] ([[1988]]) - [[Bulgare]] - [[Mandarin (langue)|Chinois mandarin]] ([[2001]]) - [[Cingalais]] ([[1998]]) - [[Coréen]] ([[1977]]) - [[Danois]] ([[1960]]) - [[Espagnol]] ([[1952]]) - [[Espéranto]] ([[1981]]) - [[Estonien]] ([[2008]]) - [[Finnois]] ([[1961]]) - [[Français]] ([[1930]]) - [[Grec]] ([[1968]]) - [[Hébreu]] ([[1987]]) - [[Hongrois]] ([[1989]]) - [[Indonésien]] ([[1975]]) - [[Islandais]] ([[1971]]) - [[Italien]] ([[1961]]) - [[Japonais]] ([[1968]]) - [[Khmer]] ([[2001]]) - [[Latin]] ([[1987]]) - [[Letton]] ([[2006]]) - [[Lituanien]] ([[2007]]) - [[Luxembourgeois]] ([[1987]]) - [[Malais (langue)|Malais]] ([[1975]]) - [[Mongol]] ([[2006]]) - [[Néerlandais]] ([[1946]]) - [[Norvégien]] ([[1972]]) - [[Perse]] ([[1971]]) - [[Polonais]] ([[1994]]) - [[Portugais]] ([[1936]]) - [[Portugais]] brésilien ([[1961]]) - [[Romanche]] ([[1986]]) - [[Roumain]] ([[2005]]) - [[Russe]] ([[1993]]) - [[Serbo-croate]] ([[1974]]) - [[Slovaque]] ([[1994]]) - [[Slovène]] ([[2003]]) - [[Suédois]] ([[1960]]) - [[Taïwanais]] ([[1980]]) - [[Tchèque]] ([[1994]]) - [[Thaï]] ([[1993]]) -[[Turc]] ([[1962]]) - [[Vietnamien]] ([[1989]]).
Dans les premières aventures, la création d'un épisode se révèle hasardeuse, comme le confie Hergé lui-même : {{citation|''[[Le Petit Vingtième]]'' paraissait le mercredi soir, et il m'arrivait parfois de ne pas savoir encore le mercredi matin comment j'allais tirer Tintin du mauvais pas où je l'avais méchamment fourré la semaine précédente !<ref name="geo lemaire">{{chapitre|auteur=Thierry Lemaire|titre chapitre=Dans les secrets des Studios Hergé|titre ouvrage={{harvsp|id=Geo|texte=Tintin, Les arts et les civilisations vus par le héros d'Hergé}}|passage=25-30}}.</ref>}}. Au fil des ans, la charge de travail qu'il s'impose s'accroît rapidement : outre les albums de ''Tintin'', pour lesquels il effectue un travail de documentation de plus en plus fourni, Hergé développe deux autres séries, ''[[Quick et Flupke]]'' et ''[[Les Aventures de Jo, Zette et Jocko]]'', tout en réalisant de nombreux travaux publicitaires. L'aide ponctuelle qu'il reçoit de ses amis [[Paul Jamin (dessinateur)|Paul Jamin]] et [[Eugène van Nijverseel]], pour des tâches simples et répétitives, ne suffit pas. Dès 1939, il réfléchit à la création d'un studio regroupant des collaborateurs qui pourraient le seconder dans chaque étape de la réalisation. En 1942, il recrute Alice Devos pour la colorisation de ''[[L'Étoile mystérieuse]]'', premier album de la série à paraître en [[quadrichromie]]<ref name="geo lemaire"/>.
 
L'engagement d'[[Edgar P. Jacobs]] comme collaborateur au début de l'année 1944 entraîne des changements plus profonds. En plus de l'assister dans le travail de refonte des premiers albums de la série pour leur réédition en couleurs, Jacobs fournit de précieuses idées pour le développement de ses scénarios, ce que leur ami commun [[Jacques Van Melkebeke]] effectuait déjà à partir du ''[[Le Secret de La Licorne|Secret de La Licorne]]''<ref name="geo lemaire"/>. Peu après le lancement du ''[[Tintin (périodique)|Journal de Tintin]]'', Hergé et Jacobs cessent leur collaboration, mais une nouvelle étape est franchie avec la création des [[Studios Hergé]] en 1950. [[Bob de Moor]], qui seconde Hergé depuis le départ de Jacobs, est rejoint par d'autres dessinateurs comme [[Jacques Martin (auteur)|Jacques Martin]] et [[Roger Leloup]], tandis que Monique Laurent et Josette Baujot assurent la colorisation<ref name="geo lemaire"/>. Le secrétaire d'Hergé, Baudouin van den Branden, l'assiste ponctuellement pour la rédaction des dialogues<ref name="geo lemaire"/>, mais l'auteur fait parfois appel à des personnes extérieures comme son ami [[Bernard Heuvelmans]], qui contribue à l'écriture du diptyque lunaire et fournit des informations sur le [[yéti]] pour ''[[Tintin au Tibet]]''{{sfn|Assouline|1996|gr=a|p=505-506}}.
* '''43 Langues régionales'''<ref name="Tintin around the world"/> :
 
Au fil des ans, d'autres membres intègrent progressivement les Studios Hergé, comme les dessinateurs Michel Demarets et [[Jo-El Azara]], ou les coloristes France Ferrari et [[Fanny Rodwell|Fanny Vlamynck]]<ref name="geo lemaire"/>. À cette époque, la création d'une nouvelle aventure s'apparente à une mécanique de précision. Pendant la rédaction du scénario, qui déroule l'idée de départ en deux ou trois pages, Hergé reçoit les suggestions de ses collaborateurs, mais c'est toujours lui qui a le dernier mot. De même, il prend en charge le découpage des planches, pendant lequel l'emplacement des vignettes est déterminé et les premiers dialogues sont ébauchés, puis le [[crayonné]] sur lequel il fixe plusieurs traits pour rechercher l'attitude la plus expressive. Hergé reporte ensuite la meilleure version de chaque vignette sur sa planche finale et confie alors la création des décors à ses assistants, pendant qu'il retravaille les dialogues avec son secrétaire. L'[[Encrage (dessin)|encrage]] s'effectue en deux temps : les personnages pour Hergé, l'ensemble des décors pour son équipe<ref name="geo lemaire"/>.
[[Alghero]] ([[1995]]) - Allemand (Bernois, [[1989]]) - [[Alsacien]] ([[1992]]) - [[Anversois]] (néerlandais local, [[2008]]) - [[Asturien]] ([[1988]]) - [[Basque]] ([[1972]]) - Borain ([[2009]]) - [[Bourguignon-morvandiau|Bourguignon]] ([[2008]]) - [[Breton]] ([[1979]]) - [[Brusseleer|Bruxellois]] ([[2007]]) - [[Brusseleer|Bruxellois]] (Néerlandais local, [[2004]]) - [[Cantonais]] ([[2004]]) - [[Catalan]] - [[Corse]] - Créole Antillais ([[2009]]) - [[Créole mauricien]] ([[2009]]) - [[Créole réunionnais]] ([[2008]]) - [[Féroïen]] ([[1988]]) - [[Flamand (dialecte)|Flamand]] (Ostende, [[2007]]) - [[Francoprovençal]] ([[Bresse]]) ([[2006]]) - [[Francoprovençal]] ([[District de la Gruyère|Gruyère]], [[2007]]) - [[Francoprovençal]] (unifié, [[2007]]) - [[frison (langue)|Frison]] ([[1981]]) - [[Langues gaéliques|Gaélique]] ([[1993]]) - [[Galicien]] ([[1983]]) - [[Gallo]] ([[1993]]) - [[Gallois]] ([[1978]]) - [[Gaumais]] ([[2001]]) - Néerlandais (Hasselts, [[2009]]) - Néerlandais (Twents, [[2006]]) - [[Occitan]] ([[1979]]) - [[Picard]] (Tournai-Lille, [[1980]]) - [[Picard]] (Vimeu) - [[Papiamento|Papiamentu]] ([[2008]]) - [[Provençal]] ([[2004]]) - [[Tahitien]] ([[2003]]) - [[Tibétain]] ([[1994]]) - [[Vosgien]] ([[2008]]) - [[Wallon]] ([[Charleroi]]) - [[Wallon]] ([[Liège]], [[2007]]) - [[Wallon]] ([[Namur]], [[2009]]) - [[Wallon]] ([[Nivelles]], [[2005]]) - [[Wallon]] ([[Ottignies]]) ([[2006]]) - [[Français québécois]] ([[2009]]).
 
== Conception de la série ==
=== Recherches documentaires ===
Hergé mène ses premières [[Recherche d'information|recherches documentaires]] approfondies pour l'album ''Le Lotus bleu'', ce qu'il confirme lui-même : « C'est à cette époque que je me suis mis à me documenter et que j'ai éprouvé un réel intérêt pour les gens et les pays dans lesquels j'envoyais Tintin, accomplissant une sorte de devoir de crédibilité auprès de mes lecteurs. » La documentation d'Hergé et son fonds photographique l'ont aidé à construire un univers réaliste pour son héros. Il est allé jusqu'à créer des [[pays imaginaire]]s et à les doter d'une culture politique qui leur était propre. Ces contrées fictives sont largement inspirées par les pays et les cultures de l'époque d'Hergé. Pierre Skilling affirme qu'Hergé voyait la [[monarchie]] comme « une forme légitime de gouvernement », remarquant au passage que « les valeurs [[démocratie|démocratiques]] semblent absentes dans ce type de bande dessinée classique franco-belge »<ref>{{en}} Pierre Skilling, « ''The Good Government According to Tintin'' », ''Comics As Philosophy'', University Press of Mississippi, 2005, {{p.|173–234}} {{ISBN|978-1-57806-794-7}}</ref>. La [[Syldavie]], en particulier, est décrite avec beaucoup de détails, Hergé l'ayant dotée d'une histoire, de coutumes et d'une langue qui est en fait du [[Dialectes néerlandais|dialecte]] flamand bruxellois. Il situe ce pays quelque part dans les [[Balkans]] et il s'inspire, de son propre aveu, de l'[[Albanie]]. Le pays se retrouve agressé par sa voisine, la [[Bordurie]], qui tente de l'[[Annexion|annexer]] dans ''[[Le Sceptre d'Ottokar]]''. Cette situation rappelle évidemment celle de la [[Tchécoslovaquie]] ou de l'[[Autriche]] face à l'[[Troisième Reich|Allemagne nazie]] juste avant la [[Seconde Guerre mondiale]].
 
On peut citer à titre d'exemple les mois de préparation nécessaires à Hergé pour imaginer l'expédition lunaire de Tintin, décrite en deux parties dans ''[[Objectif Lune]]'' et ''[[On a marché sur la Lune]]''. Ces travaux ont conduit à la réalisation d'une [[Maquette (architecture)|maquette]] détaillée de la fusée lunaire, permettant de placer sans erreur les personnages dans le décor. Les recherches préalables à l'élaboration de son scénario ont été commentées dans le ''[[New Scientist]]'' : « Les recherches considérables entreprises par Hergé lui ont permis de créer une tenue spatiale très proche de celle qui serait utilisée pour les futurs voyages lunaires, même si sa fusée était bien différente de ce qui a existé par la suite. »<ref>Stephanie Pain, ''« Welcome to the Moon, Mr Armstrong »'', dans le ''[[New Scientist]]'', vol. 182, {{n°|2441}} (3 avril 2004), {{p.|48–49}}.</ref> Pour cette dernière, Hergé s'est effectivement inspiré des [[V2 (missile)|V2]] allemands.
Hergé mène ses premières recherches documentaires approfondies pour l'album ''Le Lotus bleu'', ce qu'il confirme lui-même : « C'est à cette époque que je me suis mis à me documenter, et que j'ai éprouvé un réel intérêt pour les gens et les pays dans lesquels j'envoyais Tintin, accomplissant une sorte de devoir de crédibilité auprès de mes lecteurs ».
La documentation d'Hergé et son fonds photographique l'ont aidé à construire un univers réaliste pour son héros.
Il est allé jusqu'à créer des pays imaginaires et à les doter d'une culture politique qui leur était propre.
Ces contrées fictives sont largement inspirées par les pays et les cultures de l'époque d'Hergé.
 
=== Graphisme ===
Pierre Skilling affirme qu'Hergé voyait la monarchie comme « une forme légitime de gouvernement », remarquant au passage que « les valeurs [[démocratique]]s semblent absentes dans ce type de bande dessinée classique franco-belge »<ref>{{en}} Pierre Skilling, « ''The Good Government According to Tintin'' », ''Comics As Philosophy'', University Press of Mississippi, 2005, {{p.|173–234}} {{ISBN|978-1-57806-794-7}}</ref>. La Syldavie, en particulier est décrite avec beaucoup de détails, Hergé l'ayant dotée d'une histoire, de coutumes et d'une langue, qui est en fait du dialecte flamand bruxellois. Il situe ce pays quelque part dans les [[Balkans]] et il s'inspire, de son propre aveu, de l'[[Albanie]]. Le pays se retrouve agressé par sa voisine, la [[Bordurie]], qui tente de l'annexer dans ''[[Le Sceptre d'Ottokar]]''. Cette situation rappelle évidemment celle de la [[Tchécoslovaquie]] ou de l'[[Autriche]] face à l'[[Allemagne nazie]] juste avant la [[Seconde Guerre mondiale]].
==== Une ligne claire sous influence ====
[[Fichier:Fresque de Tintin à la gare de Bruxelles midi.jpg|vignette|gauche|alt=Dessin en noir sur fond blanc montrant Tintin accroché à l'avant d'une locomotive en mouvement.|Une case de ''Tintin en Amérique'' reproduite sur une fresque de la [[gare de Bruxelles-Midi]].]]
Le style et la technique d'[[Hergé]] évoluent considérablement au fil de la série pour faire de lui l'un des précurseurs de la [[ligne claire]], que l'historien de la bande dessinée Pierre Skilling définit comme {{citation|un idéal de lisibilité maximale, qui se traduit par un trait de contour linéaire, sans hachures ni dégradés}}<ref>{{article|auteur=Pierre Skilling|titre=Hergé, Les Aventures de Tintin : la grande aventure du {{20e|siècle}} en images|périodique=Entre les lignes|numéro=4(3)|année=2008|pages=40–41}}.</ref>. Au début de sa carrière, le jeune dessinateur n'a pas encore son propre style et, comme beaucoup de débutants, il imite en premier lieu d'autres artistes, à l'image de [[Benjamin Rabier]]<ref name="caricature">[[Thomas Schlesser]], ''La caricature, un révélateur impitoyable'', in {{harvsp|id=Rire|texte=Le rire de Tintin|2014|p=48-51}}.</ref> ou de l'auteur de bande dessinée américain [[George McManus]]<ref name="sterckx"/>. Il subit également l'influence d'[[Alain Saint-Ogan]], à qui il rend visite en 1931 et dont il emprunte la capacité à rendre le mouvement au travers d'un trait d'une épaisseur toujours égale et d'une remarquable économie de moyens<ref name="influences art">[[Pierre Sterckx]], ''Les maîtres qui ont inspiré le maître'', in {{harvsp|id=Geo|texte=Tintin : Les arts et les civilisations vus par le héros d'Hergé|2015|p=44-51}}.</ref>. Comme le souligne l'historien de l'art [[Thomas Schlesser]], le dessin d'Hergé se distingue très vite par un {{citation|extraordinaire pouvoir évocateur}}. Les traits de ses personnages traduisent immédiatement leur caractère ou leurs sentiments<ref name="caricature"/>.
 
Son graphisme s'affirme au contact de l'[[art égyptien]] qu'il met en scène dans ''[[Les Cigares du pharaon]]'', puis gagne en souplesse dans ''[[Le Lotus bleu]]'', sous l'influence de son ami chinois [[Tchang Tchong-Jen]] qui l'initie à l'art de la [[calligraphie extrême-orientale|calligraphie chinoise]] et lui apprend à observer attentivement la nature<ref name="sterckx">Adrien Guillemot, ''Entretien avec Pierre Sterckx'', in {{harvsp|id=Geo|texte=Les arts et les civilisations vus par le héros d'Hergé|2015|p=54-59}}.</ref>. La maîtrise d'Hergé se renforce également dans la composition et le rythme des dessins, faisant du ''Lotus bleu'' un album charnière sur le plan graphique : l'écrivain et critique d'art [[Pierre Sterckx]] considère les albums en noir et blanc qui suivent comme des chefs-d'œuvre<ref name="sterckx"/>. Le style d'Hergé continue d'évoluer à mesure qu'il s'intéresse à l'[[histoire de l'art]], lui qui n'a pas baigné dans un milieu artistique pendant son enfance. Il emprunte notamment la rigueur du dessin aux portraits d'[[Hans Holbein le Jeune]], dont une copie est accrochée dans son bureau, et le goût pour les compositions colorées et tumultueuses de [[Joan Miró]], qui transparaissent dans les rêves et cauchemars de Tintin<ref name="influences art"/>.
On peut citer à titre d'exemple les mois de préparation nécessaires à Hergé pour imaginer l'expédition lunaire de Tintin, décrite en deux parties dans ''[[Objectif Lune]]'' et ''[[On a marché sur la Lune]]''. Ces travaux ont conduit à la réalisation d'une maquette détaillée de la fusée lunaire permettant de placer sans erreur les personnages dans le décor. Les recherches préalables à l'élaboration de son scénario ont été commentées dans le ''[[New Scientist]]'' : « Les recherches considérables entreprises par Hergé lui ont permis de créer une tenue spatiale très proche de celle qui serait utilisée pour les futurs voyages lunaires, même si sa fusée était bien différente de ce qui a existé par la suite »<ref>Stephanie Pain, ''« Welcome to the Moon, Mr Armstrong »'', in ''[[New Scientist]]'', vol. 182, {{n°|2441}} (3 avril 2004), {{p.|48–49}}</ref>. Pour cette dernière, Hergé s'est effectivement inspiré des [[V2 (missile)|V2]] allemands.
 
Il bénéficie aussi de l'apport de ses collaborateurs. Sous l'impulsion d'[[Edgar P. Jacobs]], qui travaille aux côtés d'Hergé à partir des ''[[Les Sept Boules de cristal|Sept Boules de cristal]]'' et contribue à la mise en couleurs des premiers albums, les décors s'enrichissent de détails, fruits de nombreuses recherches et de croquis pris sur le vif{{sfn|Peeters|2006|p=281-282}}. Pour autant, des [[Tintinologie|tintinologues]] comme [[Benoît Peeters]] et [[Philippe Goddin]] constatent une faiblesse graphique dans les derniers albums, en particulier dans ''[[Tintin et les Picaros]]'', qu'ils attribuent au fait que l'auteur délègue une part de plus en plus importante de ses dessins à ses collaborateurs, comme [[Bob de Moor]]. Selon Benoît Peeters, pour qui la ligne claire {{citation|se durcit}}, il s'agit là d'une preuve que le style d'Hergé, longtemps considéré comme neutre et facilement exportable, souffre d'une certaine fragilité{{sfn|Peeters|2006|p=568}}.
 
==== Maîtrise du trait ====
{{citation bloc|Hergé est un formidable dessinateur du mouvement ; chez lui, plus le dessin est net, plus ça bouge.|[[Philippe Geluck]]<ref>{{chapitre|titre chapitre=Tintin, c'était moi !|auteur=[[Philippe Geluck]]|titre ouvrage={{harvsp|id=civilisations|texte=Tintin à la découverte des grandes civilisations}}|année=2008|passage=156}}.</ref>}}
Le dessin d'Hergé, rapidement identifiable, tient dans l'intensité des expressions, la précision des mouvements et la justesse des attitudes<ref name="dessin"/>. Le philosophe [[Rémi Brague]] insiste sur l'extrême précision du dessin : {{citation|Il suffirait d'ajouter ou retrancher un quart de millimètre à la ligne pour que tout soit gâché}}. Cette rigueur permet également au dessinateur de suggérer une infinité de nuances par quelques détails insignifiants<ref name="brague">{{article|auteur=[[Rémi Brague]]|titre=Tintin, ce n'est pas rien !|périodique=[[Le Débat]]|éditeur=[[Éditions Gallimard|Gallimard]]|pages=136-142|date=mai-août 2017|numéro=195|titre numéro=Le sacre de la bande dessinée|lire en ligne=https://www.cairn.info/revue-le-debat-2017-3-page-136.htm}}.</ref>.
 
Lors de la mise en place du [[crayonné]], après le découpage du scénario, Hergé attache une grande importance au dessin des personnages tout en n'indiquant que sommairement les arrière-plans et les éléments du décor. De manière à saisir au mieux l'attitude des personnages, il travaille le plus souvent ses esquisses d'après modèles, en réalisant de nombreux croquis avec l'aide de ses collaborateurs, prenant la pose devant eux ou devant un miroir. Sa recherche de justesse et de précision le pousse à reprendre ses dessins et à en multiplier les traits, au point parfois de percer la feuille de papier sur laquelle il travaille<ref name="dessin"/>{{,}}{{sfn|Sterckx|2015|p=157-158}}.
 
Hergé prend ensuite un calque des différents crayonnés afin de choisir le trait qui lui semble le meilleur et le plus expressif, la ligne claire étant avant tout pour lui un art de l'épure, tout en retravaillant le cadrage et la position des personnages sur le dessin, avant de procéder à l'[[Encrage (dessin)|encrage]] de la planche<ref name="dessin"/>{{,}}{{sfn|Sterckx|2015|p=157-158}}.
 
==== Cadrage, perspective et mouvement ====
Hergé construit ses séquences à la manière d'un réalisateur de cinéma et emprunte au [[Cinéma|septième art]] un grand nombre de procédés pour donner à ses aventures le sens de l'action et du suspense<ref name="cadrage">{{chapitre|titre chapitre=Les champs et contrechamps d'Hergé scénariste|titre ouvrage={{harvsp|id=civilisations|texte=Tintin à la découverte des grandes civilisations}}|année=2008|passage=136-145}}.</ref>. Il joue notamment sur la [[profondeur de champ]] pour donner du relief à son dessin, en organisant le décor et les personnages de manière à guider le regard du lecteur vers le point de mire de l'image, qu'il s'agisse d'un obstacle à franchir pour le héros ou du but qu'il doit atteindre<ref name="cadrage"/>. L'écrivain [[Pierre Sterckx]] insiste sur le fait que Hergé {{citation|a pris soin d'orchestrer des scénographies perspectivistes}} à travers de larges cases, comme quand Tintin est reçu à la cour de [[Syldavie]] dans ''[[Le Sceptre d'Ottokar]]'' ou bien quand il pénètre à [[château de Moulinsart|Moulinsart]] avec le capitaine{{sfn|Sterckx|2015|p=164}}. Le cadrage et le point de vue sont d'autant plus déterminants que selon l'angle et la composition choisis par Hergé, le dessinateur peut faire naître la peur ou l'impression de vitesse chez son lecteur. ''[[Tintin en Amérique]]'' contient par exemple plusieurs images en [[Plongée (image)|plongée]] ou en [[contre-plongée]] qui accentuent ces effets, comme le dessin montrant Tintin suspendu dans le vide, passant d'une fenêtre à l'autre au {{37e|étage}} d'un immeuble de [[Chicago]]. L'angle choisi donne l'impression d'une façade sans fin, notamment par le quasi-[[Parallélisme (géométrie)|parallélisme]] des lignes de fuite ne convergeant qu'[[hors-champ]], qui conduit le lecteur auprès du héros, face au vertige et au danger<ref name="cadrage"/>.
 
Pour faire naître l'impression de mouvement et de vitesse, Hergé utilise notamment la technique du [[travelling]]. Dans ce même album, une série de quatre images successives montre Tintin qui grimpe un escalier. Ce fractionnement de l'action en quatre images répétées apporte une certaine continuité au mouvement, tout en en accentuant la vitesse. Plus loin, un montage de trois dessins d'une même locomotive, vue sous trois angles différents, permet au lecteur de suivre le mouvement tout en suggérant le danger imminent pour le héros<ref name="cadrage"/>. Comme de nombreux réalisateurs, Hergé pratique également l'[[Ellipse (cinéma)|ellipse]], de sorte qu'un seul dessin raconte non seulement ce qui se passe mais également ce qui vient de se dérouler, en le suggérant au lecteur sans lui montrer. L'ellipse narrative, tout en entretenant le rythme de l'action, en renforce le caractère dramatique<ref name="cadrage"/>.
 
Enfin, certaines images sont construites à la manière d'un [[plan-séquence]] instantané, comme une image du ''[[Le Crabe aux pinces d'or|Crabe aux pinces d'or]]'' montrant des pillards fuyant sous les injures du [[capitaine Haddock]] en plein désert, un dessin qu'Hergé considérait comme l'un des mieux réussis de sa carrière<ref name="cadrage"/>{{,}}{{sfn|Assouline|1996|p=671}}. L'image est composée de telle façon que chaque pillard est saisi individuellement dans une phase différente de la fuite, pour être un seul et même homme dont le mouvement serait décomposé<ref name="cadrage"/>.
 
==== Une grammaire de la bande dessinée moderne ====
Hergé agrémente peu à peu son dessin d'une série de conventions graphiques {{citation|qui dessinent une véritable grammaire de la bande dessinée moderne}} selon l'expression du journaliste [[Jérôme Dupuis]], qui précise que si Hergé n'est pas l'inventeur de ces différents signes, il a contribué à les codifier. Ces éléments visent à accentuer certains effets, à donner du mouvement et de l'intensité à l'image mais aussi à souligner le comique d'une situation<ref name="signes">[[Jérôme Dupuis]], ''L'ivresse des signes'', in {{harvsp|id=Rire|texte=Le rire de Tintin|2014|p=86-91}}.</ref>.
 
Les gouttelettes de sueur sont les signes les plus employés par le dessinateur et se présentent quasiment à chaque page : elles entourent le visage des personnages comme pour souligner leur stupéfaction, leur angoisse ou leur énervement<ref name="signes"/>. Pour signifier la violence d'un choc, Hergé utilise des étoiles, mais leur caractère multicolore ajoute de la gaieté et souligne l'effet comique de ce choc, faisant de ces signes le {{citation|symbole d'une violence tempérée par l'humour}}<ref name="signes"/>. Aux étoiles s'ajoute parfois une spirale qui peut signifier l'étourdissement du personnage, mais ce signe représente également la folie, comme sur la tête de Didi dans ''[[Le Lotus bleu]]'', ou l'ivresse, comme sur celle de [[Milou]] dans ''[[Tintin au Tibet]]''. Ces spirales introduisent une sensation de vacillement dans l'univers par ailleurs bien ordonné d'Hergé<ref name="signes"/>. Enfin, le dessinateur pousse l'[[onomatopée]] à son paroxysme au point de proposer des cases composées d'une seule onomatopée en gros caractère. Si ce procédé demeure assez rare dans la série, il témoigne d'une autre inspiration d'Hergé, lequel appréciait le travail de [[Roy Lichtenstein]], l'un des artistes majeurs du [[pop art]] américain<ref name="signes"/>.
 
Par ailleurs, la case noire apparaît comme une utilisation poussée à l'extrême de l'économie de moyens, au service de la narration. Dans ces cases qui ne montrent rien, l'action est en quelque sorte suspendue, suscitant l'inquiétude du lecteur quant au sort de son héros<ref name="dessin">{{chapitre|titre chapitre=Traits de génie|titre ouvrage={{harvsp|id=civilisations|texte=Tintin à la découverte des grandes civilisations}}|année=2008|passage=151-159}}.</ref>.
 
Le motif de l'escalier est régulièrement repris par Hergé, dans la mesure où ce type de transition permet, selon Ludwig Schuurman, de {{citation|verticaliser}} le récit et d'en bouleverser {{citation|l'horizontalité traditionnelle et sécurisante du sens de lecture du texte}}{{sfn|Schuurman|2023|p=58-64}}. Selon Jean Chevalier et [[Alain Gheerbrant]], {{citation|l'escalier est le symbole de la progression vers le savoir, de l'ascension vers la connaissance et la transfiguration}}<ref>{{ouvrage|langue=fr|auteur1=Jean Chevalier|auteur2=[[Alain Gheerbrant]]|titre=Dictionnaire des symboles|sous-titre=Mythes, rêves, coutumes, gestes, formes, figures, couleurs, nombres|lieu=Paris|édition=[[Éditions Robert Laffont|Robert Laffont]]|collection=Bouquins|année=1994|passage=413}}.</ref>, il accroît donc la tension du récit puisque chaque degré rapproche le héros du danger ou de la délivrance, ce pourquoi ce motif est omniprésent dans les différents albums. Plus encore, Hergé introduit souvent l'[[escalier en colimaçon]], à l'image de celui du donjon du château de {{nobr|Ben More}} dans ''[[L'Île Noire]]'', {{citation|véritable impasse qui débouche sur un vide prévisible, et sur une mort probable}}{{sfn|Schuurman|2023|p=58-64}}. Sa forme hélicoïdale concrétise {{citation|l'idéogramme favori d'Hergé, c'est-à-dire la volute spiralée placée au-dessus de la tête des personnages quand ils sont évanouis, pris de vertige ou fous}}, qui trouve son expression la plus fantastique dans la spirale de feu qui soulève le professeur Tournesol sur la couverture des ''[[Les Sept Boules de cristal|Sept Boules de cristal]]''. De fait, l'escalier en colimaçon associe les qualités formelles et esthétiques de la bande dessinée, à savoir la régularité rectangulaire des vignettes, la taille invariable des marges et des caractères, l'alignement des bâtiments, et la rondeur des personnages et des principaux éléments de décors comme des [[onomatopée]]s{{sfn|Schuurman|2023|p=58-64}}.
 
==== Controverse des culottes de golf ====
[[Fichier:NMA.0033818, Fashion Photo by Gunnar Lundh 1936.jpg|vignette|gauche|redresse|Un jeune homme portant une [[culotte de golf]] en 1936, époque où ce type de pantalon est à la mode.]]
[[Hergé]] habille son héros d'une [[culotte de golf]], type de pantalon court inventé par les Britanniques, porté en Europe dans les années 1930<ref name="Schuurman Pantalon">{{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Ludwig |nom1=Schuurman |titre=L'ultime album d'Hergé |lieu=Le Coudray-Macouard |éditeur=Cheminements |année=2001 |pages totales=205 |isbn=2-914474-26-1 |lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=EZpmAXPXU4gC&pg=PP1 |passage=82-84}}.</ref>. Pendant quarante ans, malgré les changements de mode, Tintin porte ce pantalon devenu incontournable de son image<ref name="Schuurman Pantalon" />. Il ne l'enlève que temporairement, le troquant par exemple pour des accoutrements locaux dans ses voyages<ref name="Schuurman Pantalon" />.
 
En 1964, le dessinateur demande aux lecteurs du magazine ''[[Marie Claire]]'' leur avis sur le pantalon de Tintin<ref name="Schuurman Pantalon" />. Les sondés se prononcent en majorité en faveur du maintien des fameuses culottes de golf<ref name="Schuurman Pantalon" />. À l'occasion de ce sondage, l'écrivain et tintinophile [[Gabriel Matzneff]] s'insurge contre une éventuelle modernisation, craignant qu'Hergé sollicite son public en vue de modifier son personnage<ref name="Schuurman Pantalon" />. Matzneff publie une lettre ouverte au dessinateur dans ''[[Combat (journal)|Combat]]'', intitulée {{citation|Ne déculottez pas Tintin !}}<ref name="Schuurman Pantalon" />. Matzneff considère qu'une telle modernisation nuirait au {{citation|caractère d'éternité}} des albums, qui {{citation|échappent aux modes et au temps}}, les vêtements de Tintin lui constituant un {{citation|uniforme}} qui {{citation|porte le sceau de cette intemporalité}} ; de plus, il place Hergé au-dessus de ceux qui ont besoin de coller à la mode pour avoir du succès, arguant par ailleurs de l'instabilité de celle-ci — voire d'un possible retour des culottes de golf au goût du jour<ref name="Schuurman Pantalon" />.
 
Hergé cède finalement à son temps et habille son héros de ''[[Pantalon en jeans|jeans]]'' marron pour le film d'animation ''[[Tintin et le Temple du Soleil]]'' en 1969<ref name="Schuurman Pantalon" />. Ce nouveau pantalon est à la fois plus aisé à [[Animation (audiovisuel)|animer]] et plus compréhensible à l'international<ref name="Schuurman Pantalon" />. Hergé le justifie par la volonté de rendre son personnage plus accessible à l'exportation, dans des pays où il n'est pas connu, en le débarrassant de ce vêtement désuet<ref name="Hergé1971">{{Lien web |langue=fr/nl |titre=Sur "Tintin et les Picaros" |url=https://www.sam-network.org/video/sur-tintin-et-les-picaros |date=1971 |site=sam-network.org |éditeur={{lien|langue=nl|Wim Noordhoek}}, [[Institut néerlandais de l'image et du son]] |consulté le=24 janvier 2021}}.</ref>. Ce changement provoque une manifestation enfantine aux cris de {{citation|Rendez à Tintin sa culotte de golf}}<ref>{{Chapitre |auteur1=Jean Rime |titre=Trouver la voie sans se faire couper la tête |sous-titre=Tintin, héros européen, à l'épreuve de la Chine intérieure d'Hergé |titre ouvrage=Représentations de l'individu en Chine et en Europe francophone. Écritures en miroir |éditeur=Alphil |année=2016 |pages totales=368 |passage=81-95 |isbn=2889300447 |lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=BF2cDQAAQBAJ&lpg=PA92&dq=Rendez%20%C3%A0%20Tintin%20sa%20culotte%20de%20golf&hl=fr&pg=PA92#v=onepage&q&f=false}}.</ref>, devant le cinéma Paramount-Élysées à [[Paris]], avec en tête de cortège [[Alain Delon]], son épouse [[Nathalie Delon|Nathalie]] et leur fils [[Anthony Delon|Anthony]]<ref>{{Lien web |titre=Quand Alain Delon manifestait pour le pantalon de golf de Tintin |url=https://tintinomania.com/alain-delon-manifestait-pantalon-de-golf-de-tintin |date=30 octobre 2017 |site=tintinomania.com |consulté le=26 avril 2021}}.</ref>. En dépit des critiques, la transformation est conservée dans les apparitions suivantes, dont l'autre long-métrage ''[[Tintin et le Lac aux requins]]'' en 1972<ref name="Schuurman Pantalon" />{{,}}<ref name="Hergé1971"/>.
 
Lors d'une interview en 1971, Hergé révèle que Tintin ne portera plus ses culottes de golf dans l'album à venir<ref name="Hergé1971"/>. Sur cet aspect déjà fortement décrié, il juge lui-même que ce n'est pas une {{citation|grande révolution}}, et souligne que le pantalon est de la même couleur et ne se remarque pas<ref name="Hergé1971"/>. Le dernier album, ''[[Tintin et les Picaros]]'', en 1976, montre Tintin portant une paire de ''[[Pantalon en jeans|jeans]]'' marron [[Pantalon à pattes d'éléphant|aux jambes légèrement évasées]]<ref name="Schuurman Pantalon" />. Le changement marque les lecteurs et les critiques, pour un album déjà très mal jugé<ref name="Schuurman Pantalon" />. La plupart le désapprouvent<ref name="Schuurman Pantalon" />. [[Philippe Goddin]] considère que, sur le plan visuel, {{citation|avec des ''jeans'' plus conventionnels, Tintin s'est physiquement éteint}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr |auteur1=[[Philippe Goddin]]|titre=Hergé et les Bigotudos|sous-titre=Le roman d'une aventure|lieu=Paris|éditeur=[[Casterman]]|collection=Bibliothèque de Moulinsart|année=1990|pages totales=287|isbn=2-203-01709-0|passage=284}}.</ref>. Ludwig Schuurman adhère aux arguments énoncés par Matzneff dès 1964<ref name="Schuurman Pantalon" />. [[Pierre Assouline]] rejette cette concession du dessinateur à l'air du temps, doublée d'une volonté de rendre l'allure de Tintin plus acceptable au grand public américain, car, de son point de vue, ce changement est du {{citation|pire effet}}{{sfn|Assouline|1996|group=a|p=693-694}}. Les [[Adaptations des Aventures de Tintin à l'écran|adaptations ultérieures]], après la mort d'Hergé, gomment ce changement, rendant à Tintin son pantalon emblématique et immuable<ref name="Schuurman Pantalon" />.
 
=== Influences ===
Hergé admirait, dans sa jeunesse, l'illustrateur [[Benjamin Rabier]]. Il a avoué que de nombreux dessins de ''[[Tintin au pays des Soviets]]'' reflétaient cette influence, en particulier ceux représentant des animaux. Le travail de [[René Vincent (illustrateur)|René Vincent]], le [[Styliste|dessinateur de mode]] de la période [[Art déco]], a également eu un impact sur les premières aventures de Tintin : « On retrouve son influence au début des ''Soviets'', quand mes dessins partent d'une décorative, une ligne en S, par exemple (et le personnage n'a qu'à se débrouiller pour s'articuler autour de ce S !). »<ref name="ReferenceA">Numa Sadoul, ''Entretiens avec Hergé'', 1971.</ref>. Hergé reconnaitrareconnaîtra aussi sans honte avoir volé l'idée des « gros nez » à l'auteur de bandes dessinées américain [[George McManus]] : « Ils étaient si drôles que je les ai utilisés sans scrupules ! »<ref name="ReferenceA"/>.
 
Au cours des nombreuses recherches qu'il a menées pour ''Le Lotus bleu'', Hergé a également été influencé par le dessin chinois et japonais, et par les [[estampe]]s. Cette influence est particulièrement visible dans les paysages marins d'Hergé, qui rappellent les œuvres de [[Hokusai]] et [[Hiroshige]]<ref name="Paysagiste"/>.
 
Hergé a aussi reconnu que [[Mark Twain]] l'avait influencé, même si son admiration l'a conduit à se tromper en montrant des [[IncaCivilisation inca|Incas]]s ne sachant pas ce qu'était une [[éclipse]] solaire]], lorsque ce phénomène a lieu dans ''[[Le Temple du Soleil]]''. T. F. Mills a rapproché cette erreur de celle de Mark Twain décrivant des « Incas craignant la fin du monde dans ''[[Un Yankee à la cour du roi Arthur]] »''<ref>T.F. Mills, « ''America discovers Tintin'' », ''The Comics Journal'' {{n°|86}}, {{p.|60–69}}, 1983.</ref>.
 
Les paysages représentés dans ''Tintin'' ajoutent de la profondeur aux vignettes dessinées par Hergé. Il y mélange des lieux réels et imaginaires. Le point de départ de ses héros est la [[Belgique]], avec dans un premier temps le [[26, rue du Labrador]], puis le [[château de Moulinsart]].
== Critiques contre la série ==
Le meilleur exemple de la créativité d'Hergé en la matière est visible dans ''[[Le Sceptre d'Ottokar]]'' où Hergé invente deux pays imaginaires (la [[Syldavie]] et la [[Bordurie]]) et invite le lecteur à les visiter en insérant une brochure touristique au cours de l'histoire.
Certains ont critiqué les premières aventures de Tintin, considérant que celles-ci contenaient de la violence, de la cruauté envers les animaux, des préjugés colonialistes et même racistes, présents entre autres dans la description qui y est faite des non-Européens. Néanmoins, beaucoup considèrent ces critiques comme étant totalement anachroniques.
 
Hergé a donc dessiné plusieurs milieux différents (des villes, des déserts, des forêts et même la Lune), mais, pour amplement démontrer le talent d'Hergé, on notera trois grands espaces : la campagne, la mer et la montagne<ref name="Paysagiste">« [http://www.objectiftintin.com/whatsnew_Tintin_2868.lasso Hergé, un grand paysagiste] », ''objectiftintin.com''.</ref>.
Tintin paraissait à l'origine dans le journal ''[[Le Petit Vingtième]]''. Même si la [[Fondation Hergé]] a mis ces éléments sur le compte de la naïveté de l'auteur et que certains chercheurs comme Harry Thompson ont prétendu que « Hergé faisait ce que lui disait [[Norbert Wallez|l'abbé Wallez]] (le directeur du journal) »<ref name="ReferenceB">{{en}} Harry Thompson, ''Tintin: Hergé and His Creation'', 1991.</ref>, Hergé lui-même sentait bien que, vu ses origines sociales, il ne pouvait échapper aux préjugés : « Pour ''Tintin au Congo'', tout comme pour ''Tintin au pays des Soviets'', j'étais nourri des préjugés du milieu bourgeois dans lequel je vivais. <nowiki>[…]</nowiki> Si j'avais à les refaire, je les referais tout autrement, c'est sûr. »<ref>Numa Sadoul, ''Entretiens avec Hergé'', 1971, {{p.|74}}.</ref>.
 
==== Le cinéma ====
Dans ''[[Tintin au pays des Soviets]]'', les Bolchéviques sont dépeints comme des personnages maléfiques.
Dès son plus jeune âge, Hergé découvre le [[cinéma]] dans les salles bruxelloises où sa mère le conduit fréquemment. Le futur dessinateur se passionne alors pour le [[cinéma muet]] et les génies du [[burlesque]] américain, dont l'influence est grande dans ''Les Aventures de Tintin''. Hergé puise dans les grands classiques du [[Cinéma|septième art]] pour enrichir sa galerie de personnages, notamment les méchants comme le [[Docteur J. W. Müller|Docteur Müller]], inspiré du personnage principal de ''[[L'Île du docteur Moreau (film, 1932)|L'Île du docteur Moreau]]'', et le [[colonel Sponsz]] qui copie le personnage joué par [[Erich von Stroheim]] dans ''[[Folies de femmes]]'', mais aussi le yéti de ''[[Tintin au Tibet]]'' et le gorille Ranko de ''[[L'Île Noire]]'' qui apparaissent comme les dignes héritiers de ''[[King Kong (film, 1933)|King Kong]]''<ref name="cinéma">{{chapitre|titre chapitre=Tintin fait son cinéma|titre ouvrage={{harvsp|id=civilisations|texte=Tintin à la découverte des grandes civilisations}}|année=2008|passage=100-109}}.</ref>. Il reprend également de nombreux gags inspirés des films de [[Buster Keaton]], des [[Marx Brothers]] ou de [[Laurel et Hardy]]. Ces derniers, experts en catastrophes, ont notamment servi de modèles aux [[Dupond et Dupont|Dupondt]]<ref name="cinéma"/>.
Hergé s'est inspiré du livre de Joseph Douillet, ancien consul de Belgique en Russie, ''Moscou sans voile'', qui était extrêmement critique envers le régime [[soviétique]]. Hergé a remis cela dans le contexte en affirmant que pour la Belgique de l'époque, nation pieuse et catholique, « tout ce qui était bolchévique était athée »<ref name="ReferenceA"/>. Dans l'album, les chefs bolchéviques ne sont motivés que par leurs désirs personnels, et Tintin découvre, enterré, le « trésor caché de [[Lénine]] et [[Trotsky]] ». Hergé a plus tard attribué les défauts de ce premier album à « une erreur de jeunesse »<ref name="ReferenceA"/>. Mais aujourd'hui, avec la découverte des archives soviétiques, sa représentation de l'[[Union des républiques socialistes soviétiques|URSS]], bien que caricaturale, possède quelques éléments de vérité. En 1999, le journal ''The Economist'', de tendance libérale, écrira que « rétrospectivement, la terre accablée par la faim et la tyrannie dépeinte par Hergé était malgré tout étrangement exacte »<ref>"Moreover: Great blistering barnacles", ''The Economist'', 30 janvier 1999, {{p.|79}}</ref>.
 
==== Le design ====
On a reproché à ''[[Tintin au Congo]]'' de représenter les [[Afrique|Africains]] comme des êtres naïfs et primitifs. Dans la première édition de l'album, on voit Tintin devant un tableau noir donnant la leçon à des enfants africains. « Mes cher amis », dit-il, « je vais vous parler aujourd'hui de votre Patrie : la Belgique ». En 1946, Hergé a redessiné l'album, et transformé cette leçon en un cours de mathématiques. Il s'est par la suite expliqué sur les maladresses du scénario original : « Je ne connaissais de ce pays que ce que les gens en racontaient à l'époque : « Les Nègres sont de grands enfants… Heureusement pour eux que nous sommes là ! », etc. Et je les ai dessinés, ces Africains, d'après ces critères-là, dans le plus pur esprit paternaliste qui était celui de l'époque en Belgique. »<ref>Numa Sadoul, ''Tintin et moi : Entretiens avec Hergé'', Flammarion, 2003.</ref>.
Hergé, qui se décrit lui-même comme {{citation|un type du siècle de l'[[Automobile|auto]], du béton armé et de la [[Transmission sans fil|TSF]]}}, attache une grande importance au réalisme des décors, en particulier les intérieurs. De nombreux éléments issus des [[arts industriels]] et du [[design]], dessinés à partir de photographies conservées dans ses archives, sont parfaitement identifiables dans les différents albums de la série. Ainsi, les décors des ''Aventures de Tintin'' sont parfois à l'avant-garde de la modernité<ref name="design">{{chapitre|titre chapitre=Objets du {{s-|XX}}|titre ouvrage={{harvsp|id=civilisations|texte=Tintin à la découverte des grandes civilisations}}|année=2008|passage=120-129}}.</ref>. À titre d'exemple, des fauteuils tubulaires dessinés par l'architecte allemand [[Ludwig Mies van der Rohe]] sont représentés dans ''[[Le Lotus bleu]]'', les fauteuils kangourous de [[Jean Prouvé]] figurent dans ''[[Tintin au Tibet]]'', et un banc conçu par [[Harry Bertoia]] apparaît dans ''[[Tintin et les Picaros]]''<ref name="design"/>. Des téléphones noirs en [[Bakélite]], matériau largement utilisé dans la première moitié du {{s-|XX}}, sont présents dans les albums, tandis que les patins à moteur mis au point par le [[professeur Tournesol]] dans ''[[Coke en stock]]'' reprennent le design des [[Robot de cuisine|robots ménagers]] des {{nobr|années 1950}}<ref name="design"/>.
 
==== Les arts premiers ====
L'auteur Sue Buswell a résumé en 1988 dans le journal britannique ''Mail on Sunday'' les problèmes posés par cet album en soulignant deux éléments : « Les lèvres molles et les tas d'animaux morts [NDT: en référence à la manière dont sont dessinés les Africains dans l'album, et aux animaux qui y sont tués par Tintin] »<ref>Mail on Sunday, Associated Newspapers, 27 novembre 1988</ref>. Néanmoins, Thompson pense que cette citation a été mise « hors de son contexte »<ref>Harry Thompson, ''Tintin: Hergé & His Creation'', 1991.</ref>. L'expression « animaux morts » est une allusion à la chasse au gros gibier, très en vogue à l'époque de la première édition de ''Tintin au Congo''. En transposant une scène de chasse du livre d'[[André Maurois]] ''[[Les Silences du colonel Bramble]]'' (1918), Hergé présente Tintin comme un chasseur de gros gibier, abattant quinze [[antilope]]s, alors qu'une seule serait nécessaire pour le dîner. Ce nombre important d'animaux tués a conduit l'éditeur danois des Aventures de Tintin à demander quelques modifications à Hergé. Ainsi, une planche où Tintin tue un [[rhinocéros]] en perçant un trou dans le dos de l'animal et en y insérant un bâton de dynamite a été jugée excessive. Hergé l'a remplacée par une autre planche montrant le rhinocéros accidentellement touché par une balle du fusil de Tintin, alors que ce chasseur d'une autre époque est embusqué derrière un arbre.
Les [[Art premier|arts premiers]] font leur entrée dans la série avec ''[[Tintin au Congo]]'', album dans lequel figurent de nombreux objets d'[[art africain traditionnel]], en particulier la tenue du sorcier inspirée d'une statue d'homme-léopard visible au [[Musée royal de l'Afrique centrale|musée royal de Tervueren]]<ref name="arts premiers"/>.
 
Mais c'est dans ''[[L'Oreille cassée]]'' que l'art primitif trouve sa plus grande place : l'album s'ouvre dans un musée ethnographique où les visiteurs admirent une collection que l'auteur a rassemblée à partir d'œuvres provenant du monde entier, en particulier des poteaux polychromes [[Yoruba (peuple)|yoruba]], un [[mât totémique]] provenant de l'ouest [[Canada|canadien]], un masque [[Pende (peuple)|bapende]] ou encore un [[Masque de Côte d'Ivoire|masque sénoufo]] rappelant le [[Bénin]] et le [[République démocratique du Congo|Congo]]<ref name="arts premiers">{{chapitre|titre chapitre=Fétiches, masques et oreilles cassées|titre ouvrage={{harvsp|id=civilisations|texte=Tintin à la découverte des grandes civilisations}}|année=2008|passage=22-33}}.</ref>{{,}}<ref>{{lien web|url=http://museeenherbe.com/wp-content/uploads/2015/11/dossier-pedago-14jan.pdf|format=pdf|titre=Dossier pédagogique de l'exposition « Le musée imaginaire de Tintin »|site=[[Musée en Herbe]]|consulté le=26 janvier 2022}}.</ref>. Les [[Arumbayas]] qui peuplent la jungle santhéodorienne, de même que les Bibaros, leurs rivaux, sont inspirés des [[Shuars|Jivaros]], un peuple de réducteurs de têtes qui vit dans les [[Forêt amazonienne|forêts]] de la haute [[Amazonie]]<ref>{{article|auteur=Catherine Delesse|titre=Le vrai-faux réel dans la bande dessinée : la presse et autres médias dans Tintin|périodique=Palimpsestes|numéro=24|année=2011|pages=103-118|lire en ligne=https://journals.openedition.org/palimpsestes/838?lang=en}}.</ref>.
En 2007, un organisme britannique, la {{Lien|fr=Commission pour l'égalité raciale (Royaume-Uni)|lang=en|trad=Commission for Racial Equality|texte = commission pour l'égalité raciale}}, a demandé que l'album soit retiré des rayonnages de librairies à la suite d'une plainte, en affirmant : « cela dépasse l'entendement qu'à notre époque, un vendeur de livres puisse trouver acceptable de vendre ou faire la promotion de ''Tintin au Congo'' »<ref>{{Lien web | url=http://news.bbc.co.uk/1/hi/entertainment/6294670.stm | titre=''Bid to ban “racist” Tintin book''|site=BBC News}}</ref>. Le 23 juillet 2007, une plainte a été déposée par un étudiant de [[République démocratique du Congo|RDC]] à [[Bruxelles]], en [[Belgique]], celui-ci estimant que l'ouvrage constituait une insulte envers son peuple<ref>{{Lien web |url=http://www.liberation.fr/actualite/instantanes/histoiredujour/271176.FR.php | titre='Tintin trainé en justice par un étudiant congolais}}, ''Libération'', 7 août 2007.</ref>. L'affaire {{référence nécessaire|est toujours en cours}}{{quand}}, mais une institution belge, le [[Centre pour l'égalité des chances et la lutte contre le racisme]], a mis en garde contre « une attitude hyper politiquement correcte »<ref>{{Lien web | url=http://www.lesoir.be/actualite/belgique/plainte-contre-tintin-au-2007-08-07-543448.shtml | titre=Plainte contre ''Tintin au Congo''}}, ''Le Soir'', 7 août 2007.</ref> dans ce dossier.
 
Dans ''[[Vol 714 pour Sydney]]'', c'est à partir d'un [[tiki]] découvert sur l'île de [[Hiva Oa]] qu'Hergé dessine les têtes sculptées colossales que Tintin et ses compagnons découvrent dans une galerie souterraine<ref name="arts premiers"/>.
Plusieurs des premiers albums de Tintin ont été remaniés pour être réédités, le plus souvent à la demande des maisons d'édition.
Par exemple, à la demande des éditeurs américains des Aventures, la plupart des personnages noirs de ''[[Tintin en Amérique]]'' ont été recoloriés pour devenir blancs ou d'origine indéterminée<ref>{{Lien web | url=http://dardel.info/tintin/variantes.html | titre=« Variantes de Tintin : La preuve par l'image de quelques modification effectuées par Hergé lors des rééditions de ses albums »|site=dardel.info}}</ref>. Dans ''[[L'Étoile mystérieuse]]'', on trouvait à l'origine un « méchant » américain nommé Monsieur Blumenstein (un patronyme juif), ce qui était tendancieux, d'autant plus que le personnage avait un faciès correspondant exactement aux caricatures de Juifs. Hergé a donné par la suite un nom moins marqué à son personnage – Bohlwinkel – et l'a fait habiter dans un pays sud-américain imaginaire, le São Rico. Hergé a découvert bien plus tard que Bohlwinkel était également un nom juif<ref name="ReferenceA"/>{{,}}<ref>Le mot ''bollewinkel'' signifie littéralement « magasin de bonbons », appellation usuelle en bruxellois pour désigner ces magasins où les enfants vont s'approvisionner à la sortie de l'école.</ref>.
 
==== Égypte et monde arabe ====
== Propriété intellectuelle et critiques ==
Bien que les décors égyptiens n'occupent que cinq des soixante-deux planches des ''[[Les Cigares du pharaon|Cigares du pharaon]]'', Hergé les documente minutieusement pour s'approcher d'un plus grand réalisme. Il représente plusieurs lieux connus, des rues de [[Port-Saïd]] à l'[[architecture islamique]] soignée<ref>{{ouvrage|titre=À la découverte des grands ports du monde|auteur=Collectif|éditeur=''[[Ouest-France]]''|numéro=HS|mois=octobre|année=2016|pages totales=132}}.</ref> aux [[pyramides de Gizeh]]<ref name="tourisme">{{chapitre|auteur1=Anna Madœuf|auteur2=Olivier Sanmartin|titre chapitre=Géographe et touriste ? Quelques selfies de Tintin en voyage|titre ouvrage=Les géographies de Tintin|éditeur=CNRS éditions|passage=131-141|année=2018|isbn=978-2-271-11898-1}}.</ref>, et puise dans le décor des sépultures des [[pharaon]]s de la [[vallée des Rois]] pour composer le tombeau de Kih-Oskh<ref>{{chapitre|titre chapitre=Le rêve égyptien|titre ouvrage={{harvsp|id=civilisations|texte=Tintin à la découverte des grandes civilisations}}|année=2008|passage=34-39}}.</ref>.
 
Par ailleurs, Hergé dresse dans ses ''Aventures'' la représentation d'un [[Orient (géographie)|Orient]] fantasmé et merveilleux : {{citation|Des immensités sans repères, ponctuées de campements de Bédouins : l'Arabie de Tintin est une illusion}}<ref name="orient">Léo Pajon, ''Influences, Le mirage des sables'', dans {{harvsp|id=Geo|texte=Les arts et les civilisations vus par le héros d'Hergé|2015|p=62-67}}.</ref>{{,}}<ref name="blin">{{chapitre|auteur1=Louis Blin|titre ouvrage=Tintin et les peuples du monde|titre chapitre=Tout un Orient nimbé d'exotisme|éditeur=[[Geo (magazine)|Geo]]|date=11 avril 2017|passage=110-115}}.</ref>. Si le [[Moyen-Orient]] est l'un des décors les plus représentés de la série, à travers trois albums que sont ''[[Les Cigares du pharaon]]'', ''[[Tintin au pays de l'or noir]]'' et ''[[Coke en stock]]'', il est aussi l'un des moins bien définis<ref name="orient"/>. Cette représentation s'inscrit dans l'image d'un Orient rêvé qui prédomine en Europe depuis la vague de l'[[orientalisme]] au {{s-|XIX}} et est largement véhiculée au début du siècle suivant notamment par les écrits des Britanniques [[Thomas Edward Lawrence]], auteur des ''[[Les Sept Piliers de la sagesse|Sept Piliers de la sagesse]]'', et [[Charles Montagu Doughty]]<ref name="blin" />, ou des films à succès comme ''[[Le Fils du cheik (film, 1926)|Le Fils du cheik]]'', sorti en 1926<ref name="orient"/>.
La société [[Moulinsart SA]] est chargée de la gestion et de la perception des droits des œuvres d'Hergé depuis 1987. Fondée par sa femme en qualité de légataire universelle, cette société est actuellement dirigée par Nick Rodwell, qui en est le gestionnaire délégué.
Très regardante sur la gestion des droits moraux et sur leur perception financière, la société provoque régulièrement la controverse en interdisant toute utilisation d'une image de Tintin sans son autorisation formelle.
 
Les décors du ''[[Le Crabe aux pinces d'or|Crabe aux pinces d'or]]'', dont l'action se déroule pourtant au [[Maroc]], se rapprochent néanmoins de ceux du Moyen-Orient, sans variation. Le dessinateur montre ainsi le [[monde arabe]] comme un seul et même territoire, où le décor est à peu près le même partout : des oasis de vies humaines au milieu d'un désert immense, vide et hostile. Selon la géographe Anna Madœuf, {{citation|l'Orient d'Hergé n'est jamais absolument réel, ni tout à fait improbable, au point d'être son propre pastiche. Tout est plausible, mais presque tout peut se révéler factice}}<ref name="orient"/>.
Ainsi, à l'heure d'internet, toute forme de parodie, détournement ou réutilisation est fortement combattue par la société Moulinsart SA.
 
De même, le fait de poster une simple bulle d'une BD de Tintin est réprimandé selon les lois des différents pays<ref>{{Lien web|titre = Tintin: Moulinsart fait interdire un Tumblr, ce n'est pas près de s'arrêter, mille sabords!|url = http://www.lexpress.fr/culture/livre/tintin-moulinsart-censure-un-tumblr-ce-n-est-pas-pret-de-s-arreter-mille-sabords_1292947.html|site = www.lexpress.fr|consulté le = 2015-12-17|date = 28/03/2014|auteur1 = Victor Garcia|langue = fr}}</ref>.
==== L'Asie : Chine et Tibet ====
Pour dessiner les décors et les paysages du ''[[Le Lotus bleu|Lotus bleu]]'', Hergé assemble des éléments issus de son abondante documentation iconographique. Si les décors de la ville de [[Shanghai]] sont imaginaires, ils empruntent toutefois des éléments d'architecture présents dans d'autres villes chinoises<ref>{{lien web|url=https://uneautreasie.com/tintin-mysteres-lotus-bleu|titre=Tintin et les mystères du Lotus bleu|auteur=Damien Eschbach|site=uneautreasie.com|date=27 novembre 2016|consulté le=5 février 2022}}.</ref>. Dans le Shanghai inventé par Hergé, les maisons sont recouvertes de toits en tuiles vernissées aux extrémités recourbées vers le ciel, tandis que la ville est entourée de hautes murailles que les habitants franchissent par des {{citation|portes lunes}} qui symbolisent dans les [[jardin chinois|jardins chinois]] le passage vers un autre monde. Il procède à l'identique pour composer les décors de la ville fictive de [[Liste des lieux imaginaires dans Les Aventures de Tintin|Hou-Kou]], et l'ensemble de ces décors traditionnels transmettent au lecteur une image de la {{citation|Chine immémoriale}}<ref name="mystères lotus bleu">{{ouvrage|auteur=[[Pierre Fresnault-Deruelle]]|titre=Les mystères du Lotus bleu|éditeur=[[Éditions Moulinsart]]|année=2006|pages totales=32|isbn=2-87424-121-0}}.</ref>.
 
De même, le réalisme des décors intérieurs tient en grande partie à la présence d'objets d'art chinois comme les [[laque]]s, les [[bonsaï]]s, les [[Rouleau suspendu|rouleaux suspendus]], un paysage [[shanshui]] typique de la [[Culture sous la dynastie Song|peinture traditionnelle Song]], la [[Céramique chinoise|céramique]] dont les motifs reprennent ceux de la peinture de genre « hua-niao » — autrement dit {{citation|fleurs et oiseaux}}, ou encore vases à motif floral bleu et blanc qui rappellent ceux de l'époque de la [[dynastie Qing]]<ref name="chine">{{chapitre|titre chapitre=Tintin et l'empire du milieu|titre ouvrage={{harvsp|id=civilisations|texte=Tintin à la découverte des grandes civilisations}}|année=2008|passage=60-73}}.</ref>.
 
Pour ''[[Tintin au Tibet]]'', Hergé s'inspire d'éléments réels en copiant notamment le [[Qûtb Minâr]] et le [[Fort Rouge (Delhi)|fort Rouge]] de [[Delhi]], de même que les monuments de la [[Place du Darbâr (Katmandou)|place du Darbâr]] de [[Katmandou]]<ref name="Girard" />{{,}}<ref name="tibet">{{chapitre|titre chapitre=Visions d'altitude|titre ouvrage={{harvsp|id=civilisations|texte=Tintin à la découverte des grandes civilisations}}|année=2008|passage=74-79}}.</ref>. Il représente les paysages himalayens et tibétains, ainsi que le monastère fictif de Khor-Biyong et les costumes traditionnels des moines tibétains, en s'appuyant sur les livres de l'exploratrice [[Alexandra David-Néel]], première femme occidentale à atteindre [[Lhassa]], la capitale tibétaine<ref>{{article|auteur=[[Numa Sadoul]]|titre=Tintin et les phénomènes paranormaux|périodique=''[[Les Cahiers de la bande dessinée|Schtroumpf, les Cahiers de la bande dessinée]]''|numéro=14/15|titre numéro=Tintin et les phénomènes paranormaux|année=1978|pages=61}}.</ref>, mais également les photographies de [[Marcel Ichac]] qui illustrent le roman autobiographique de [[Maurice Herzog]], ''[[Annapurna, premier 8000]]'', ainsi que des reportages photographiques du ''[[National Geographic]]'' ou de ''[[Paris Match]]''{{sfn|id=Geo|texte=Geo - Les arts et les civilisations vus par le héros d'Hergé|2015|p=120-121}}.
 
==== Amérique latine ====
Hergé s'aventure une première fois en [[Amérique latine]] pour ''[[L'Oreille cassée]]''. Le fétiche [[arumbaya]] qu'il dessine et dont il fait le cœur de l'intrigue est la copie d'une statuette [[chimú]] exposée au [[Musée Art et Histoire|musée du Cinquantenaire de Bruxelles]]<ref name="arts premiers"/>. En attribuant cette statuette [[civilisation précolombienne|précolombienne]] à un peuple primitif de la [[forêt amazonienne]], le dessinateur mêle les époques et les civilisations, ce qu'il fait de nouveau avec le diptyque formé par ''[[Les Sept Boules de cristal]]'' et ''[[Le Temple du Soleil]]''<ref name="am latine">{{chapitre|titre chapitre=L'or des dieux précolombiens|titre ouvrage={{harvsp|id=civilisations|texte=Tintin à la découverte des grandes civilisations}}|année=2008|passage=46-59}}.</ref>. En faisant voyager son héros à la rencontre des [[Civilisation inca|Incas]], Hergé multiplie les approximations en regroupant des éléments culturels distants à la fois dans l'espace et dans le temps<ref name="am latine"/>. Cet assemblage donne néanmoins une image plutôt fidèle, comme le reconnaît l'archéologue Patrice Lecoq qui considère ce périple péruvien comme {{citation|un voyage au fond assez proche de la réalité}}<ref name="am latine"/>.
 
Dans le dernier album achevé de la série, ''[[Tintin et les Picaros]]'', les héros voyagent une dernière fois en Amérique latine. Tout en présentant la capitale Tapiocapolis comme une ville moderne très fortement inspirée de [[Brasilia]] et de son [[palais du Planalto]], Hergé propose également la visite d'une pyramide {{citation|paztèque}} qui n'est autre qu'une copie de la pyramide [[Civilisation maya|maya]] de [[Chichén Itzá]]<ref name="am latine"/>. Que ce soit dans ''L'Oreille cassée'' ou ''Tintin et les Picaros'', le [[San Theodoros]] rassemble les situations politiques de tout le sous-continent.
 
==== Les voitures ====
Les [[automobile]]s sont nombreuses dans ''Les Aventures de Tintin'' et leur représentation témoigne du souci de réalisme dont Hergé fait preuve : {{nobr|79 modèles}} de voitures sont identifiables dans la série{{sfn|id=autos|texte=Tintin, Hergé et les autos|2004|p=5}}. Grand amateurs de voitures, le dessinateur a d'ailleurs représenté trois de ses propres véhicules : une [[Opel Olympia]] dans ''[[Le Sceptre d'Ottokar]]'', une [[Lancia Aprilia]] dans ''[[Tintin au pays de l'or noir]]'' et une [[Porsche 356]] bleue dans ''[[Coke en stock]]''{{sfn|id=autos|texte=Tintin, Hergé et les autos|2004|p=5}}. Dans le premier cycle de la série, que Frédéric Soumois définit comme un cycle d'aventures et qui court jusqu'à ''[[L'Affaire Tournesol]]'', l'automobile est un élément narratif essentiel. Leur usage répond à un besoin vital et urgent du héros dans la poursuite de ses ennemis. Disponibles à profusion, les voitures sont le plus souvent des alliées de Tintin et jouent pour lui les {{citation|divinités salvatrices}}{{sfn|id=autos|texte=Tintin, Hergé et les autos|2004|p=5-8}}. Mais ce rôle est paradoxal : tout en permettant au héros de progresser vers son but, l'automobile représente un danger. L'[[Accident de la route|accident automobile]] est particulièrement présent dans la série : vingt-deux accidents sont recensés dans le premier cycle, dont Tintin est la victime principale à seize reprises{{sfn|id=autos|texte=Tintin, Hergé et les autos|2004|p=22}}. Le plus souvent, il s'en sort indemne, et l'accident est avant tout un procédé narratif permettant de relancer le récit par un épisode spectaculaire{{sfn|id=autos|texte=Tintin, Hergé et les autos|2004|p=24}}. Dans les derniers albums, à mesure que le héros se détache de ses propres aventures, la fonction positive des automobiles s'inverse : elles sont avant tout des accessoires, {{citation|reflet de la goujaterie de l'homme et symbole de sa malfaisance}}{{sfn|id=autos|texte=Tintin, Hergé et les autos|2004|p=32}}.
 
Sur un autre plan, les voitures illustrent la personnalité de leur propriétaire, comme le souligne [[Charles-Henri de Choiseul Praslin]] : {{citation|Quelle autre voiture que la [[Citroën 2 CV|2 CV]] pouvait incarner, ne serait-ce que par le chiffre 2, les [[Dupond et Dupont]], personnages chaotiques, mais infatigables arpenteurs des chemins de traverse et impossibles à déstabiliser ? La [[Peugeot 403|403]] de la [[Bianca Castafiore|Castafiore]] révèle le caractère finalement un peu bobonne de la diva. L'[[Citroën Ami 6, 8 et Super|Ami 6 Citroën]] [...] va parfaitement au docteur du village de Moulinsart, ce brave médecin de campagne qui arbore son [[nœud papillon]]}}{{sfn|id=autos|texte=Tintin, Hergé et les autos|2004|p=40}}.
 
==== Tintin et Jules Verne ====
Dans un ouvrage paru en 1998, Jean-Paul Tomasi et Michel Deligne étudient les liens entre les romans de [[Jules Verne]] et les œuvres d'Hergé, soutenant que ce dernier s'est abondamment inspiré du précédent. Pour autant, le dessinateur a toujours affirmé n'avoir jamais lu les romans verniens, à l'exception de ''[[Vingt Mille Lieues sous les mers]]'' qu'il n'avait pas apprécié{{sfn|Schuurman|2023|p=42-46}}. Selon [[Benoît Peeters]], [[Robert Pourvoyeur]] ou encore [[Benoît Mouchart]], ce n'est qu'à partir de ''[[L'Étoile mystérieuse]]'' en 1942, lorsque le dessinateur entame une collaboration avec [[Jacques Van Melkebeke]], infatigable lecteur et riche d'une culture littéraire dont Hergé est dépourvu{{sfn|Schuurman|2023|p=42-46}}{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Benoît Mouchart]]|titre=À l'ombre de la ligne claire|sous-titre=Jacques Van Melkebeke entre Hergé et Jacobs|lieu=Bruxelles|éditeur=[[Les Impressions Nouvelles]]|année=2014|pages totales=221|isbn=978-2-87449-228-0|passage=76-77}}.</ref>. Ainsi, Jean Rime prétend que si des ingrédients narratifs issus des romans de Jules Verne se retrouvent dans les premières ''Aventures de Tintin'', c'est le fruit d'une influence indirecte. Selon lui, ces éléments {{citation|ressortissent soit à des archétypes universels, soit à un fonds de situations verniennes recyclées à l'envi par la littérature et l'imagerie populaire}}<ref>{{chapitre|auteur=Jean Rime|titre chapitre=De Jules Verne à Hergé. L'interface médiatique comme alternative au modèle de l'influence|auteurs ouvrage=Maxime Prévost et Guillaume Pinson (dir.)|titre ouvrage=Jules Verne et la culture médiatique. De la presse du {{s-|XIX}} au {{lang|en|steampunk}}|lieu=Québec|éditeur=[[Presses de l'Université Laval]]|année=2019|pages=121-152}}.</ref>.
 
== Univers de la série ==
=== Tintin, reporter du siècle ===
{{citation bloc|J'ai toujours été en prise directe avec l'actualité. J'avais l'impression d'être imbibé d'actualité, de la restituer dans ''Tintin et Milou''.|[[Hergé]], entretien avec [[Philippe Bouvard]] dans l'émission ''Samedi soir'' le {{date-|9 décembre 1972}}<ref name="rime2"/>{{,}}<ref>{{lien web|format=vidéo|url=https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/i08277376/herge-avec-philippe-bouvard|titre=Hergé avec Philippe Bouvard|site=[[Institut national de l'audiovisuel]]|consulté le={{1er}} avril 2023}}.</ref>.}}
Du premier récit, ''[[Tintin au pays des Soviets]]'', qui apparaît comme une critique sévère du [[communisme]] [[Union des républiques socialistes soviétiques|soviétique]], à la dernière histoire achevée, ''[[Tintin et les Picaros]]'', qui met en lumière les [[Histoire des conflits latino-américains|guérillas sud-américaines]], les aventures de Tintin s'inscrivent dans l'actualité de leur époque<ref name="rime2">{{article|auteur=Jean Rime|titre=Tintin face à l’actualité : la transposition de l’affaire Lindbergh dans Tintin en Amérique|périodique=[[Contextes (revue)|Contextes]]|numéro=24|année=2019|titre numéro=Pour une médiapoétique du fait divers. Le cas de l'affaire Lindbergh|lire en ligne=https://journals.openedition.org/contextes/8281}}.</ref>. La fiction d'Hergé se nourrit des grands évènements historiques du {{s-|XX}}, principalement dans les premiers épisodes de la série : ''[[Tintin au Congo]]'' repose sur la domination européenne de l'[[Partage de l'Afrique|Afrique coloniale]], ''[[Les Cigares du pharaon]]'' évoque la découverte du [[tombeau de Toutânkhamon]] et la malédiction qui s'ensuit, ''[[Le Lotus bleu]]'' dénonce l'expansionnisme japonais en mentionnant l'[[incident de Mukden]] et ''[[L'Oreille cassée]]'' transpose la [[guerre du Chaco]] quand ''[[Le Sceptre d'Ottokar]]'' figure comme {{citation|le récit d'un [[Anschluss]] raté}}<ref name="rime2"/>. Après guerre, les bouleversements historiques et les mutations sociétales sont toujours présents dans l'œuvre d'Hergé, par exemple dans ''[[L'Affaire Tournesol]]'' qui présente une [[Totalitarisme|dictature totalitaire]] dans le contexte de la [[Guerre froide]]<ref name="skilling"/> ou dans ''[[Les Bijoux de la Castafiore]]'' qui recèle une critique de la [[culture de masse]] et de la [[Médias de masse|société des médias]]<ref name="rime2"/>.
 
De fait, Tintin est souvent représenté comme un {{citation|reporter du siècle}}, mais pour le tintinophile Jean Rime, une telle vision {{citation|procède ainsi d'un regard rétrospectif embrassant toute la carrière d'Hergé}}, alors que {{citation|l'inspiration du quotidien n'est pas ici aussi immédiate que la réduction temporelle opérée par un éloignement de près d'un siècle peut le faire croire}}. À titre d'exemple, il s'écoule trois ans entre l'[[incident de Mukden]] qui entraîne l'[[invasion japonaise de la Mandchourie]] et sa reprise fictionnelle dans ''Le Lotus bleu'', ce qui va à l'encontre d'un {{citation|reporter globe-trotter censé courir le scoop}}<ref name="rime2"/>. Les aventures de Tintin entretiennent donc un {{citation|rapport ambigu à l'actualité}} qui, selon Jean Rime, doit d'abord être interrogé à travers {{citation|la perception de cette dernière telle qu'elle était alors filtrée par la culture médiatique}} avant d'observer {{citation|les modalités et les motivations de sa reconfiguration dans [la série]}}<ref name="rime2"/>.
 
=== Les sciences ===
Le personnage du savant est récurrent dans les ''Aventures de Tintin'', mais seul le [[professeur Tournesol]] s'installe durablement dans la série. Chez [[Hergé]] comme chez les autres auteurs de bande dessinée au {{s-|XX}}, la figure du savant répond à un certain nombre de stéréotypes. D'une part, sa tenue vestimentaire est le plus souvent désuète et négligée. D'autre part, il est fréquemment présenté comme un éternel distrait, ce qui renforce sa relative indifférence aux évènements du quotidien, et comme un génie travaillant seul, {{citation|qui progresse dans son entreprise sous le coup d'inspirations subites}}<ref name="savant" />. Tryphon Tournesol partage donc ces caractéristiques avec les autres savants de l'univers de Tintin, l'[[égyptologue]] [[Liste des personnages des Aventures de Tintin#ancre Siclone, Philémon|Philémon Siclone]] dans ''[[Les Cigares du pharaon]]'', le [[Sigillographie|sigillographe]] [[Liste des personnages des Aventures de Tintin#ancre Nestor Halambique|Nestor Halambique]] dans ''[[Le Sceptre d'Ottokar]]'' et l'[[astronome]] [[Liste des personnages des Aventures de Tintin#ancre Calys, Hippolyte|Hippolyte Calys]] dans ''[[L'Étoile mystérieuse]]''<ref name="savant" />. Le savant d'Hergé s'inscrit donc en premier lieu dans la lignée du [[L'Idée fixe du savant Cosinus|savant Cosinus]], archétype du savant distrait créé à la fin du {{s-|XIX}}<ref name="witkowski">{{article|auteur1=Nicolas Witkowski|titre=Tintin au pays des savants|périodique=Alliage|numéro=47|date=juillet 2001|lire en ligne=http://revel.unice.fr/alliage/index.html?id=3810}}.</ref>. Mais alors que les premiers savants de la série disparaissent au terme d'un seul album, Tournesol devient un personnage récurrent et symbolise la période scientifique des aventures, des années 1940 à 1960, lors de laquelle Hergé {{citation|propage une vision optimiste du progrès des sciences}}<ref name="witkowski"/>. Apparu comme un bricoleur de talent, Tournesol devient rapidement une sommité, au point qu'on lui confie la direction de la « section astronautique » du Centre de recherches atomiques de Sbrodj, en [[Syldavie]], et la conception d'une fusée lunaire{{sfn|Sterckx|2015|p=132-134}}. Comme le souligne le journaliste Nicolas Witkowski, {{citation|professeur d'aucune université, à mi-chemin entre le [[concours Lépine]] et le [[prix Nobel]], Tournesol incarne ce virage qui a vu le savant du {{s-|XIX}} se muer en chercheur au {{s mini-|XX}}}}<ref name="witkowski"/>.
 
Les albums de Tintin abordent de nombreuses disciplines scientifiques : l'[[égyptologie]] dans ''[[Les Cigares du pharaon]]'', l'[[ethnographie]] dans ''[[L'Oreille cassée]]'' et l'[[archéologie]], à travers les recherches sous-marine de l'épave de ''[[La Licorne (bateau)|La Licorne]]'' dans ''[[Le Trésor de Rackham le Rouge]]'' ou la quête d'un tombeau [[mérovingien]] menée par Tournesol dans ''[[Les Sept Boules de cristal]]'' et qui le conduit à la découverte du bracelet de [[Rascar Capac]], l'[[astronomie]], à travers l'[[Éclipse solaire|éclipse]] du ''[[Le Temple du Soleil|Temple du Soleil]]'', l'[[météorite|aérolithe]] de ''[[L'Étoile mystérieuse]]'', l'[[astronautique]] et la [[physique nucléaire]] dans l'aventure lunaire et ''[[L'Affaire Tournesol]]'', mais également la [[chimie]], sous forme de poisons, de sérums ou d'additifs utilisés dans plusieurs récits<ref group="Note">Le poison qui rend fou des ''Cigares du pharaon'', le liquide sacré tiré de la [[coca]] dans ''Les Sept Boules de cristal'', le {{nobr|N.14}}, additif détonnant de l'essence dans ''[[Tintin au pays de l'or noir]]'' et dont les effets sur la pousse des cheveux se produisent dans ''[[On a marché sur la Lune]]'', le [[sérum de vérité]] dans ''[[Vol 714 pour Sydney]]'' ou encore le médicament qui rend l'alcool imbuvable dans ''[[Tintin et les Picaros]]''.</ref>{{,}}<ref name="witkowski"/>.
 
À travers ses récits, Hergé démontre sa fascination pour les phénomènes naturels. Ainsi, l'[[éclipse solaire]] joue un rôle salvateur lorsque les héros sont prisonniers des Incas, tandis que ''[[Vol 714 pour Sydney]]'' se conclut par une [[éruption volcanique]]. Les [[mirage]]s interviennent fréquemment, de même que le phénomène de [[foudre en boule]], pourtant rarissime. Dans ''[[Tintin et les Picaros]]'', il confronte le capitaine Haddock à une [[Gymnotus|gymnote]], un poisson capable de produire un champ électrique<ref name="witkowski"/>. L'évocation de certains phénomènes offre au dessinateur de faire œuvre de vulgarisation scientifique, mais les ''Aventures de Tintin'' sont loin de suivre l'actualité scientifique de leur époque. Ainsi, la spectroscopie évoquée dans ''[[L'Étoile mystérieuse]]'' est apparue dès la fin du {{s-|XIX}}, tandis que le télescope utilisé dans ''[[Objectif Lune]]'' est celui que l'astronome américain [[Edwin Hubble]] utilisait déjà dans les {{nobr|années 1920}}<ref name="witkowski"/>.
 
=== La mer ===
Dans l'imaginaire collectif occidental, la mer a longtemps constitué un espace aussi fascinant que redouté, inspirant de nombreuses œuvres littéraires ou cinématographiques de la seconde moitié du {{s-|XIX}} à l'[[entre-deux-guerres]]. Hergé s'inscrit pleinement dans cette tradition et puise abondamment dans l'univers maritime pour nourrir ses récits<ref name="pierre mer">{{chapitre|auteur1=[[Michel Pierre (historien)|Michel Pierre]]|titre chapitre=L'appel du large|titre ouvrage={{harvsp|id=Mer|texte=Tintin et la mer}}|passage=10-19}}.</ref>. La mer est omniprésente dans ''Les Aventures de Tintin'', au point de figurer sur la couverture de cinq albums<ref name="bidaud mer">{{article|auteur=Samuel Bidaud|titre=Pour une poétique de la mer dans Tintin|périodique=Études romanes de Brno|année=2018|volume=39|numéro=2|pages=177-185|issn=1803-7399|lire en ligne=https://digilib.phil.muni.cz/handle/11222.digilib/138295}}.</ref>. L'auteur en représente les différentes facettes : s'il fait voyager son héros sur de luxueux [[paquebot]]s dans ses premières aventures, il dépeint également l'atmosphère sinistre et empreinte de trafics de la marine marchande, dans des scènes mystérieuses sur les quais ou à bord de [[cargo]]s dont ''[[Le Crabe aux pinces d'or]]'' offre de beaux exemples<ref name="pierre mer"/>.
 
Ce dernier album, dans lequel Tintin rencontre le [[capitaine Haddock]], ouvre ce que [[Philippe Goddin]] considère comme le {{citation|cycle maritime}} de la série, et qui se poursuit jusqu'au ''[[Le Trésor de Rackham le Rouge|Trésor de Rackham le Rouge]]'', faisant alors de la mer le décor principal de l'aventure, comme si, pour Hergé, l'évasion de son héros semblait nécessaire dans le contexte d'[[occupation allemande de la Belgique pendant la Seconde Guerre mondiale]]<ref name="horeau">{{ouvrage|auteur1=Yves Horeau|titre=Tintin, Haddock et les bateaux|éditeur=[[Éditions Moulinsart]]|année=2021|année première édition=1999|préface=[[Philippe Goddin]]|pages totales=64|isbn=978-2-87424-516-9}}.</ref>. C'est à cette période qu'Hergé fait apparaître des [[Liste des bateaux dans Les Aventures de Tintin|navires]] qui peuvent être considérés comme des personnages à part entière plutôt que de simples bateaux, à l'image de ''[[La Licorne (bateau)|La Licorne]]'' ou du ''Sirius''<ref name="horeau"/>.
 
Hergé évoque également les récits d'aventures et de [[piraterie]] dans ''[[Le Secret de La Licorne]]'' et ''Le Trésor de Rackham le Rouge'', mais aussi l'exploration scientifique en décrivant une expédition européenne vers l'[[océan Arctique]] dans ''[[L'Étoile mystérieuse]]''. De même, l'imaginaire marin étant étroitement lié aux catastrophes, la mer fait souvent figure de danger pour les personnages de la série qui ont alors recours à des canots de sauvetage, comme lors de l'incendie du ''Ramona'' dans ''[[Coke en stock]]'' ou après l'explosion de ''[[La Licorne (bateau)|La Licorne]]''<ref name="pierre mer"/>. Étroitement liées à l'univers maritime, les îles servent de décor à de nombreux épisodes de la série que l'auteur rattache à de grands mythes culturels et littéraires, comme celui de l'île hantée dans ''[[L'Île noire]]'', de l'île éphémère dans ''L'Étoile mystérieuse'', de l'île au trésor dans ''Le Trésor de Rackham le Rouge'' ou de l'île engloutie dans ''[[Vol 714 pour Sydney]]''<ref name="pierre iles">{{chapitre|auteur1=[[Michel Pierre (historien)|Michel Pierre]]|titre chapitre=L'archipel des îles rêvées|titre ouvrage={{harvsp|id=Mer|texte=Tintin et la mer}}|passage=122-125}}.</ref>.
 
=== L'île ===
Le motif littéraire de l'île est largement répandu dans la série<ref>{{chapitre|auteur1=[[Michel Pierre (historien)|Michel Pierre]]|titre chapitre=L'archipel des îles rêvées|auteurs ouvrage=Jacques Langlois (dir.)|titre ouvrage=Tintin et la mer|éditeur=[[Historia (revue)|Historia]], [[Ouest-France]]|année=2014|passage=122-125}}.</ref> car, selon Ludwig Schuurman, {{citation|le jeune Hergé subit de fait l'influence plus ou moins consciente d'une littérature foisonnante ancestrale et inscrit ainsi son œuvre dans une tradition littéraire mythique}}{{sfn|Schuurman|2023|p=26-30}}. Par sa nature-même, l'île est un lieu d'aventure et celles visitées par Tintin sont, pour la plupart, {{citation|quasi inconnues et presque vierges}} jusqu'à son passage{{sfn|Schuurman|2023|p=32-33}}. Le motif de l'île, par sa relative inviolabilité, son inaccessibilité naturelle et sa dimension réduite, offre au dessinateur des possibilités narratives et graphiques attrayantes. C'est pour cette raison qu'à l'exception de l'île du ''[[Le Trésor de Rackham le Rouge]]'', toutes les iles représentées par Hergé peuvent être contenues dans l'espace d'une vignette{{sfn|Schuurman|2023|p=32-33}}.
 
''[[L'Île Noire]]'' marque la première intrusion de Tintin dans {{citation|l'espace insulaire}}. Le thème est ensuite repris avec l'aérolithe fantastique de ''[[L'Étoile mystérieuse]]'', l'île au trésor fantasmée, exotique et déserte du ''Trésor de Rackham le Rouge'', l'île volcanique de [[Liste des lieux imaginaires dans Les Aventures de Tintin|Pulau-Pulau Bompa]] dans ''[[Vol 714 pour Sydney]]'' et enfin l'[[île d'Ischia]], seule île authentique de la série où Hergé prévoyait d'envoyer son héros dans ''[[Tintin et l'Alph-Art]]''{{sfn|Schuurman|2023|p=31-33}}. Par ailleurs, [[Pierre Sterckx]] et Cyrille Mozgovine affirment qu'{{citation|une sorte de structure insulaire marque certains hauts lieux de la saga tintinesque}}, ce pourquoi ils considèrent le ''[[Le Temple du Soleil|Temple du Soleil]]'', le centre de recherche atomiques de [[Syldavie|Sbrodj]] (''[[Objectif Lune]]''), le monastère de [[Liste des lieux imaginaires dans Les Aventures de Tintin|Khor-Biyong]] et le [[château de Moulinsart]] comme des îles à part entière et autant de lieux menacés par l'invasion {{citation|étrangère}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Pierre Sterckx]]|directeur1=oui|auteur2=Cyrille Mozgovine|directeur2=oui|titre=L'Archipel Tintin|lieu=Paris/Bruxelles|éditeur=[[Les Impressions Nouvelles]]|année=2004|passage=8, 108-111}}.</ref>. À ce titre, Ludwig Schuurman croit bon d'ajouter à cette liste la fusée lunaire et la [[Lune]] elle-même{{sfn|Schuurman|2023|p=32-33}}.
 
=== L'art ===
''[[Tintin et l'Alph-Art]]'', l'album inachevé, est le seul de la série dont l'art {{incise|et ses contrefaçons}} est au cœur du récit. Pour autant, l'œuvre d'Hergé est ponctuée de références à ce domaine<ref name="geo alph-art">{{chapitre|auteur=Volker Saux|titre chapitre=L'Alph-Art en questions|titre ouvrage={{harvsp|id=Geo|texte=Tintin, Les arts et les civilisations vus par le héros d'Hergé}}|passage=128-133}}.</ref>. Bien qu'amateur d'art lui-même, Hergé en offre une représentation peu flatteuse<ref name="bidaud art">{{article|auteur=Samuel Bidaud|titre=L'art dans Les Aventures de Tintin|périodique=Romanica Olomucensia|année=2017|volume=29 (2)|pages=297-302|lire en ligne=http://romanica.upol.cz/pdfs/rom/2017/02/14.pdf}}.</ref>.
 
Dans ''[[L'Oreille cassée]]'', les copies du fétiche [[Arumbayas|arumbaya]] se multiplient, ce qui pose indirectement la question de la mutation radicale du statut d'une œuvre d'art engendrée par sa reproduction mécanique{{sfn|Peeters|2006|gr=p|p=159-160}}. Plus tard, ''[[Le Secret de La Licorne]]'' met en scène des collectionneurs de bateaux, d'une part Ivan Sakharine, amateur obsessionnel, d'autre part les frères Loiseau, des antiquaires-malfrats, qui convoitent ces maquettes pour le profit qu'ils peuvent en tirer et qui entassent une collection d'objets en tout genre dans la crypte du [[château de Moulinsart]]<ref name="geo alph-art"/>. Dans ''[[Vol 714 pour Sydney]]'', un autre collectionneur, [[Laszlo Carreidas]], ne s'intéresse qu'à sa valeur financière<ref name="bidaud art"/> et refuse dans un premier temps d'acheter de nouveaux tableaux de grands maîtres dont il déborde, avant de se raviser en apprenant qu'[[Aristote Onassis]] est acheteur<ref name="geo alph-art"/>.
 
Sur un autre plan, les rêves qui parsèment les aventures, comme celui de Tintin dans ''[[Les Cigares du pharaon]]'' ou celui de Haddock dans ''[[Tintin au Tibet]],'' mêlent diverses influences artistiques, de l'[[Art de l'Égypte antique|art égyptien]] au [[surréalisme]]<ref name="geo alph-art"/>.
 
=== Fantastique et science-fiction ===
{{Article détaillé|Fantastique dans Les Aventures de Tintin}}
Le critique littéraire [[François Rivière]] met en avant le {{Citation|réalisme fantastique}} qui serait propre à l'œuvre d'Hergé<ref name="rivière fantastique">{{Article|auteur1=[[François Rivière]]|titre=La Huitième Boule de cristal|périodique=(A SUIVRE) hors-série|année=1983|pages totales=100|passage=60}}.</ref>. Les phénomènes étranges et paranormaux abondent dans la série<ref name="soumois fantastique">{{chapitre|auteur1=Frédéric Soumois|titre chapitre=Incroyable mais vrai ?|titre ouvrage={{harvsp|id=forces|texte=Tintin et les forces obscures}}|passage=51-53}}.</ref> et culminent dans ''[[Les Sept Boules de cristal]]'', un album dont le [[fantastique]] constitue le cœur du récit<ref name="grevisse">{{article|auteur=Benoît Grevisse|titre=Le mystère de la grande Pyramide ou le fantastique discret d’Edgar P. Jacobs|sous-titre=Référents historiques et vecteur du regard|périodique=Textyles|numéro=10|année=1993|titre numéro=Fantastiqueurs|pages=193-203|lire en ligne=https://journals.openedition.org/textyles/1917}}.</ref>. La présence de ces phénomènes dans l'univers pourtant très réaliste de la série témoigne de l'intérêt profond de la part d'Hergé pour ce domaine<ref name="rivière fantastique"/>.
 
Quant à celui de la [[science-fiction]], les deux récits de l'aventure lunaire ''[[Objectif Lune]]'' et ''[[On a marché sur la Lune]]'', de même que ''[[L'Affaire Tournesol]]'' et ''[[Vol 714 pour Sydney]]'' ont en commun de poser comme acquis l'existence d'autres univers technologiques, des découvertes ou des réalisations scientifiques anticipées, voire un monde extra-terrestre<ref name="marion fantastique"/>. ''[[L'Étoile mystérieuse]]'', dont l'étrange métal contenu dans l'aérolithe a la capacité de faire grossir tout qui s'y frotte, mêle aussi bien la science-fiction que des éléments propres à {{citation|l'épaisseur hésitationnelle}} caractéristique du fantastique<ref name="marion fantastique">{{article|auteur=[[Jean-Luc Marion]]|titre=Étoile mystérieuse et boule de cristal|sous-titre=Aspects du fantastique hergéen|périodique=Textyles|numéro=10|titre numéro=Fantastiqueurs|année=1993|pages=205-221|lire en ligne=https://journals.openedition.org/textyles/1919}}.</ref>.
 
=== La mort ===
La mort est omniprésente dans les ''Aventures de Tintin''. Elle y revêt de multiples dimensions. Dès la première aventure, ''[[Tintin au pays des Soviets]]'', où le héros rêve qu'il meurt dans l'explosion d'une bombe, à l'album inachevé ''[[Tintin et l'Alph-Art]]'', où il est menacé de disparaître dans une sculpture en [[polyester]], Tintin évolue sous la menace permanente, de sorte que la mort constitue le ressort de l'aventure : {{citation|Elle rythme l'action, elle donne vie à l'intrigue}}. Tout au long des aventures, les accidents, les chutes, les explosions et les fusillades se multiplient : l'historien [[René Nouailhat]] précise d'ailleurs que le mot « mort » apparaît {{unité|24|fois}} dans ''Tintin au pays des Soviets''. Mais bien que le héros risque sans cesse de disparaître, il finit toujours par s'en sortir, {{citation|son immortalité étant la marque de son héroïsme}}<ref name="mort">{{article|auteur=[[René Nouailhat]]|titre=La fin de l'histoire, ou l'imaginaire de la mort en BD|périodique=[[Socio-anthropologie]]|année=2015|numéro=31|titre numéro=Mortels !|pages=23-35|isbn=978-2-85944-913-1|lire en ligne=https://journals.openedition.org/socio-anthropologie/2096}}.</ref>.
 
La mort n'apparaît pas seulement sous la forme d'un danger pour la vie du héros : elle est également évoquée à travers les momies de la tombe du pharaon Kih-Oskh dans ''[[Les Cigares du pharaon]]'', la malédiction de Rascar Capac dans ''[[Les Sept Boules de cristal]]'' ou encore la menace de fin du monde dans ''[[L'Étoile mystérieuse]]''. Dans ''[[Tintin au Tibet]]'', le héros veut croire à la survie de son ami [[Tchang (Tintin)|Tchang]], contre toutes les apparences, et son sauvetage apparaît comme une véritable {{citation|victoire sur la mort}}<ref name="mort"/>.
 
La mort d'un personnage est représentée pour la première fois dans ''[[L'Oreille cassée]]'', avec la noyade des bandits Alonzo Perez et Ramon Bada. La présence de démons qui les conduisent en enfer est conforme à l'illustration religieuse des catéchismes de l'époque. Dans ''On a marché sur la Lune'', la mort de Jorgen, le bandit qui voyageait clandestinement à bord de la fusée qu'il voulait détourner, semble acceptable pour les héros, dans la mesure où elle survient accidentellement, au cours d'une bagarre avec son complice Wolff. Ce dernier se repent de sa trahison en se jetant dans le vide, un sacrifice qui sauve Tintin et ses amis pour qui l'oxygène aurait fini par manquer avant le retour sur Terre. Pour autant, la représentation d'un suicide risquant de heurter son lectorat, [[Hergé]] choisit d'atténuer le destin tragique de Wolff en ajoutant une lettre écrite par le personnage avant de disparaître, dans laquelle il évoque un {{citation|miracle}} qui lui permettra d'en réchapper<ref name="mort"/>. Dans ces différents cas, la représentation de la mort est atténuée, ce qui peut s'expliquer, selon René Nouailhat, par l'influence du milieu catholique dans lequel sont diffusées les aventures de Tintin : {{citation|Chez [[Hergé]] et [[Edgar P. Jacobs|Jacobs]], le référentiel de la mort est principalement biblique et chrétien. Ces deux artistes, comme la majorité des auteurs de bandes dessinées belges de cette époque, avaient appris leur métier dans un milieu professionnel catholique et fier de l'être. La première imprégnation des histoires dessinées imprimées au milieu du siècle dernier relevait largement d'une pastorale de l'Église catholique alors audacieuse pour diffuser de la sorte, en Belgique comme en France, l'exemplarité de la morale chrétienne. Les premiers héros dessinés étaient des saints et leur engagement pour le Bien était celui des valeurs de l'Évangile}}<ref name="mort"/>.
 
=== Les sociétés secrètes ===
Les ''Aventures de Tintin'' conduisent souvent leur héros sur la piste de dangereux trafiquants ou de complots en tous genres. Le journaliste [[Hervé Gattegno]] relève la présence de [[Société secrète|sociétés secrètes]] dans 14 des {{unité|24|albums}} de la série : {{citation|Son créateur n'aura cessé de placer sur la route de Tintin des ligues de tueurs, bandes de faussaires et autres associations de malfaiteurs. Des internationales clandestines conçues comme autant d'hydres à têtes multiples dont le héros devra triompher plus d'une fois avant d'en venir à bout. }}<ref name="gattegno">{{chapitre|auteur1=[[Hervé Gattegno]]|titre chapitre=Les conjurés du mal|titre ouvrage={{harvsp|id=forces|texte=Tintin et les forces obscures}}|passage=91-93}}.</ref> Dans ''[[Tintin au Congo]]'', le jeune reporter affronte le sorcier de la tribu des Babaoro'm, membre de la secte des [[Aniota (société secrète)|Aniotas]], et déjoue les plans de l'émissaire d'[[Al Capone]] qui cherche à l'éliminer. C'est la mafia dirigée par le célèbre bandit que Tintin combat ensuite ''[[Tintin en Amérique|en Amérique]]''. Les groupes que le héros doit affronter dans les aventures suivantes sont moins authentiques mais tout aussi nombreux, de la véritable {{citation|internationale du crime}} constituée par [[Roberto Rastapopoulos|Rastapopoulos]] et son réseau de trafiquants d'[[opium]] dans ''[[Les Cigares du pharaon]]'' puis ''[[Le Lotus bleu]]''{{sfn|Apostolidès|2006|p=115}} aux [[Coup d'État|putschistes]] du ''[[Le Sceptre d'Ottokar|Sceptre d'Ottokar]]'' en passant par les [[Faux-monnayage|faux-monnayeurs]] de ''[[L'Île noire]]''<ref name="gattegno"/>.
 
Si Tintin consent parfois à intégrer ces organisations, c'est toujours pour la bonne cause, à l'image de sa lutte aux côtés des Fils du dragon dans ''Le Lotus bleu'' ou avec les Picaros du [[général Alcazar]] dans [[Tintin et les Picaros|l'album éponyme]]<ref name="gattegno"/>.
 
=== La thématique du faux ===
Le thème du faux est un sujet essentiel et continu dans la série, dont le mystère autour des origines familiales d'Hergé pourrait expliquer le caractère obsessionnel{{sfn|Schuurman|2023|p=112-113}}. [[Benoît Peeters]] montre l'importance de cette problématique : {{citation|[Hergé] est un des artistes du {{s-|XX}} qui a le mieux et le plus constamment posé le rapport au faux : il ne l'a pas posé dans la nostalgie classique du « Vrai », il l'a posé comme une espèce d'évidence de la prolifération du « Faux ». Cela pourrait se marquer à travers de nombreux récits, vous pouvez penser à la fausse monnaie telle qu'elle est traitée dans ''[[L'Île Noire]]'', à ces cigares du pharaon qui sont faux car ils sont réceptacles d'autre chose, à ces boîtes de crabe qui ne sont pas des boîtes de crabe, vous pouvez penser à tout ce qui est dit de la collection dans ''[[Le Secret de La Licorne]]'', à tout ce bric-à-brac des objets entreposés dans les caves de [[Château de Moulinsart|Moulinsart]]. C'est un thème qui continuera très, très loin, jusqu'à ''[[Tintin et l'Alph-Art|l'Alph-Art]]''}}<ref>{{Chapitre|auteur1=[[Benoît Peeters]]|titre=De la planche originale à l'imprimé : allers-retours|auteurs ouvrage=Pierre-Yves Bourdil, [[Philippe Goddin]], [[Benoît Peeters]] ''{{lang|la|et al.}}''|titre ouvrage=Tintin. Patrimoine des imaginaires.|sous-titre ouvrage=actes du colloque de l'Institit d'études supérieures des arts de Paris du {{date-|7 décembre 1990}}|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions Economica|Economica]]|collection=Patrimoine|année=1992|passage=29}}.</ref>. Ludwig Schuurman complète cette liste en évoquant les faux policiers de ''[[Tintin en Amérique]]'', la fausse disparition de l'explorateur Ridgewell et les nombreuses copies du fétiche [[Arumbayas|arumbaya]] dans ''[[L'Oreille cassée]]'', le jumeau du professeur Halambique qui usurpe son identité dans ''[[Le Sceptre d'Ottokar]]'', les fausses pièces du ''[[Le Crabe aux pinces d'or|Crabe aux pinces d'or]]'', le vol factice de l'émeraude dans ''[[Les Bijoux de la Castafiore]]'' ou encore le guet-apens manigancé par le [[colonel Sponsz]] puis le coup d'État déguisé dans ''[[Tintin et les Picaros]]''{{sfn|Schuurman|2023|p=112-113}}.
 
=== Autres thèmes et procédés narratifs récurrents ===
Hergé utilise régulièrement le [[cryptogramme]] comme ressort dramatique de ses aventures car il permet non seulement de lancer (ou relancer) l'action mais également de solliciter le lecteur qui est amené à réfléchir à l'instar du héros pour le décrypter. De cette manière, l'auteur réactive {{citation|le phénomène identificatoire qui sous-tend la relation entre le lecteur et le personnage}}{{sfn|Schuurman|2023|p=40-41}}. Le cryptogramme intervient pour la première fois au début du ''[[Le Lotus bleu|Lotus bleu]]'', avec le message radio capté par Tintin, puis revient dans ''[[L'Île Noire]]'' avec la feuille déchirée retrouvée dans la poche d'un aviateur, dont le message crypté indique le lieu et l'heure de livraison des faux billets. Dans ''[[Le Secret de La Licorne]]'', c'est l'assemblage des trois parchemins qui doit déterminer l'emplacement de l'épave du navire et du trésor de Rackham le Rouge{{sfn|Schuurman|2023|p=40-41}}.
 
Les ''Aventures de Tintin'' se distinguent également par une abondance de grottes, de galeries souterraines et de cryptes, un élément incontournable du récit d'aventures qui se retrouvent aussi abondamment dans l'œuvre d'[[Edgar P. Jacobs]]. Pour Pierre Masson, le héros atteint, par l'humilité de la reptation et le déplacement contraint dans cet espace exigu, {{citation|une sorte de pays de l'autre côté, zone supposée interdite}}. Ludwig Schuurman constate que ces galeries souterrains sont présentes dans la moitié des albums. À titre d'exemple, c'est par ce biais que Tintin pénètre dans le repaire des faux-monnayeurs de ''L'Île Noire'' ou dans l'enceinte du ''[[Le Temple du Soleil|Temple du Soleil]]''{{sfn|Schuurman|2023|p=40-41}}.
 
Autre procédé narratif fréquemment utilisé par Hergé, le recours à la mise en garde : les épisodes de ''Tintin'' regorgent de prédicateurs, de sermonneurs et de personnages superstitieux, véritables incarnations de la morale et de la bonne conscience, qui avertissent les héros des dangers auxquels ils s'exposent{{sfn|Schuurman|2023|p=44-45}}. Ainsi le vieillard de Kiltoch qui révèle à Tintin que ''[[L'Île Noire]]'' est hantée, le fakir Cipaçalouvishni dans ''[[Le Lotus bleu]]'', le prophète Philippulus dans ''[[L'Étoile mystérieuse]]'', le camelot du ''[[Le Trésor de Rackham le Rouge|Trésor de Rackham le Rouge]]'', le voyageur du train et la voyante Yamilah dans ''[[Les Sept Boules de cristal]]'', le prêtre inca Huascar dans ''[[Le Temple du Soleil]]'', le sherpa Tharkey et le moine Foudre Bénie dans ''[[Tintin au Tibet]]'', ou encore la bohémienne dans ''[[Les Bijoux de la Castafiore]]''. L'interdit verbalisé par ces différents personnages place le héros dans une situation de dilemme {{citation|propre à favoriser la tension}}, ce dernier choisissant systématiquement de passer outre ces recommandations et de braver l'interdit, à la fois {{citation|effrayant et fascinant}}{{sfn|Schuurman|2023|p=44-45}}.
 
=== La famille déchirée ===
Le thème des enfants brusquement séparés de leurs parents est récurrent dans la série. Le fils du [[Liste des personnages des Aventures de Tintin|maharadjah de Rawhajpoutalah]] est kidnappé dans ''[[Les Cigares du pharaon]]'', et c'est aussi le cas d'[[Abdallah (Tintin)|Abdallah]], le fils de l'émir [[Mohammed Ben Kalish Ezab|Ben Kalish Ezab]] dans ''[[Tintin au pays de l'or noir]]''. Dans ''[[Les Bijoux de la Castafiore]]'', la petite Miarka est égarée dans la forêt de Moulinsart, loin de ses parents, tandis que la série comprend également deux orphelins, à savoir [[Tchang (Tintin)|Tchang]] dans ''[[Le Lotus bleu]]'' et [[Zorrino]] dans ''[[Le Temple du Soleil]]''<ref name="alvares"/>. Selon l'universitaire Cristina Álvares, ces enfants disparus {{citation|enclavent un petit drame familial dans l'aventure tintinesque}} et l'action du héros consiste à {{citation|recomposer des familles, lui qui n'en a pas}}<ref name="alvares" />. Le psychanalyste [[Serge Tisseron]] explique la présence de nombreux personnages d'enfants dans les albums par le besoin d'identification des jeunes lecteurs : pour lui, ces personnages constituent {{citation|le maillon indispensable de toutes les générations présentes dans ''Tintin''}}<ref name="tisseron">Nathalie Riché, [[Serge Tisseron]], ''Un adulte à la recherche de sa propre enfance'' (entretien), dans ''{{harvsp|id=historia|texte=Le rire de Tintin|2014|p=44-45}}''.</ref>. À ses yeux, Abdallah incarne le {{citation|sale gosse}} quand Zorrino représente l'enfant prêt à se sacrifier. Il considère par ailleurs que ces figures d'enfants se retrouvent chez certains personnages adultes d'Hergé, et établit ainsi un parallèle entre l'insupportable Abdallah et le milliardaire antipathique [[Laszlo Carreidas]] dans ''[[Vol 714 pour Sydney]]''<ref name="tisseron"/>. Selon l'hypothèse de [[Pierre Assouline]], l'un des biographes d'Hergé, la présence de nombreux enfants dans la série peut aussi s'expliquer par l'impossibilité pour le dessinateur d'en avoir un lui-même{{sfn|Assouline|1996|p=655}}.
 
=== L'humour à travers le dessin et le langage ===
{{citation bloc|Le rire est [...] le moteur d'une action dont le suspense est le carburant. C'est parce qu'il y a mystère que l'intrigue nous captive, c'est parce qu'il y a gag qu'elle rebondit.|[[Christophe Barbier]], ''Le rire de Tintin'', 2014<ref>''Un feu d'artifice'', in {{harvsp|id=Rire|texte=Le rire de Tintin|2014|p=1}}.</ref>}}.
L'[[humour]] est omniprésent dans les ''Aventures de Tintin''. D'une part, c'est un moyen pour Hergé de maintenir l'attention de son lecteur alors que l'histoire paraît en feuilleton dans la presse, de façon hebdomadaire. D'autre part, en multipliant les gags dans ses albums, l'auteur fait avancer le récit tout en faisant retomber la tension dramatique. Le gag agit ainsi comme {{citation|[une] respiration, [une] ponctuation dans une histoire bourrée d'action}}<ref name="rire 1">[[Tristan Savin]], ''Le comique visuel, une suite de procédés bien rodés'', in {{harvsp|id=Rire|texte=Le rire de Tintin|2014|p=68-77}}.</ref>. Le critique littéraire [[François Rivière]] note que {{citation|la saga de ''Tintin'' affirme son originalité comique par l'équilibre permanent entre l'anecdote du conteur et les digressions de l'humoriste}}<ref name="rire 2">[[François Rivière]], ''Moulinsart au cœur de la comédie'', in {{harvsp|id=Rire|texte=Le rire de Tintin|2014|p=22-23}}.</ref>.
 
L'humour dans Tintin tient avant tout à la personnalité de son dessinateur, que Daniel Couvreur qualifie {{citation|d'amuseur qui ne s'est jamais pris au sérieux}}. Hergé appréciait l'humour potache et cultivait l'[[autodérision]]. Il partageait avec ses amis le goût de la fantaisie et du [[canular]], au point d'utiliser dans ses albums les blagues que lui faisaient parfois ses assistants<ref>Daniel Couvreur, ''Cultiver l'art de se moquer de soi-même'', in {{harvsp|id=Rire|texte=Le rire de Tintin|2014|p=10-14}}.</ref>. Il puise notamment son inspiration chez les grands maîtres du [[cinéma muet]] et [[burlesque]] comme [[Charlie Chaplin]], [[Buster Keaton]], [[Harold Lloyd]], mais aussi les [[Auguste et Louis Lumière|frères Lumière]], à l'image de la scène mythique de ''[[L'Arroseur arrosé]]'' reprise dans ''[[Coke en stock]]'' aux dépens du [[capitaine Haddock]]<ref name="rire 3">Jean-Marie Embs, ''Le cinéma cher à Hergé : plans, cadrages, rythme...'', in {{harvsp|id=Rire|texte=Le rire de Tintin|2014|p=56-60}}.</ref>. Comme le souligne le critique littéraire [[Tristan Savin]], les gags d'Hergé sont {{citation|cinématographiques, c'est-à-dire imagés, rythmés, efficaces}}<ref name="rire 1"/>.
 
Le dessinateur multiplie les procédés pour faire rire le lecteur. Ainsi, les chutes, les collisions ou les quiproquos s'enchainent, tandis que les accessoires et les animaux sont tournés en dérision<ref name="rire 1"/>. Entre autres procédés, le [[comique de répétition]] est l'un des plus fréquemment utilisé par Hergé. Il apparaît dès ''[[Tintin au Congo]]'' avec la queue de [[Milou]] devenue la proie de plusieurs animaux et se perfectionne au fil des albums, avant de devenir l'une des marques de fabrique du [[capitaine Haddock]], aux prises avec un [[Lama (animal)|lama]] cracheur dans ''[[Le Temple du Soleil]]'' ou un sparadrap parasite dans ''[[L'Affaire Tournesol]]''<ref name="rire 4">[[Tristan Savin]], ''Le running gag, l'arme fatale'', in {{harvsp|id=Rire|texte=Le rire de Tintin|2014|p=80-81}}.</ref>. La puissance comique des ''Aventures de Tintin'' tient notamment dans la personnalité et le caractère des personnages créés par Hergé, qui font le plus souvent rire à leurs dépens<ref name="rire 2"/>. C'est le cas du capitaine qui devient au fil des albums un faire-valoir idéal, auteur de nombreux accès de colère, maladresses ou revirements{{sfn|Groensteen|2006|p=75}}, mais aussi de la surdité du [[professeur Tournesol]]<ref name="rire 1"/> ou des nombreuses collisions dont sont victimes les [[Dupond et Dupont|Dupondt]]<ref>''Des gags percutants'', in {{harvsp|id=Rire|texte=Le rire de Tintin|2014|p=16-19}}.</ref>.
 
Autre ressort comique de la série, le langage propre à chacun de ses personnages. Ainsi, quand les Dupondt multiplient les [[lapsus]]<ref name="lapsus">{{chapitre|titre chapitre=Étude d'un corpus particulier de perturbation langagière : Les lapsus de Dupond et Dupont dans les « Aventures de Tintin » (Hergé)|auteur=Jean-Paul Meyer|titre ouvrage=Perturbations et réajustements : langue et langage|auteurs ouvrage=Béatrice Vaxelaire, Rudolph Sock, [[Georges Kleiber]], Fabrice Marsac|éditeur=[[Université Strasbourg II|Université Marc Bloch]]|lieu=Strasbourg|année=2007|passage=297-310|lire en ligne=https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01512477/document}}.</ref>, la [[Bianca Castafiore|Castafiore]] se distingue par sa propension à écorcher le nom de ses interlocuteurs<ref name="rire 5">[[Alain Rey]], ''À chaque personnage son propre langage'', in {{harvsp|id=Rire|texte=Le rire de Tintin|2014|p=98-102}}.</ref> et le capitaine invente des dizaines de [[juron]]s<ref name="rire 6">[[Jean-Louis Beaucarnot]], ''Insultes, jurons, Haddock en manie plus de 300 !'', in {{harvsp|id=Rire|texte=Le rire de Tintin|2014|p=108-112}}.</ref>. De même, Hergé cherche à faire rire le lecteur à travers les noms propres qu'il invente, dans lesquels il glisse un certain nombre de [[calembour]]s ou dissimule des mots en [[brusseleer]], le [[patois]] du quartier des [[Marolles (Bruxelles)|Marolles]] dont il est originaire<ref name="rire 5"/>. Enfin, en lecteur passionné des œuvres d'écrivains anglo-saxons comme [[Jerome K. Jerome]] et [[Mark Twain]], Hergé utilise l'ironie et l'art du décalage, prêtant à ses personnages un certain nombre de répliques absurdes et d'allusions pince-sans-rire<ref>[[Pierre Sterckx]], ''Le sens du {{langue|en|nonsense}} !'', in {{harvsp|id=Rire|texte=Le rire de Tintin|2014|p=104-107}}.</ref>.
 
=== Critiques contre la série ===
{{Qui|Certains}} critiquent les premières ''Aventures de Tintin'', considérant que celles-ci contiennent de la [[violence]], de la [[cruauté envers les animaux]], des [[préjugé]]s [[Colonialisme|colonialistes]] et même [[Racisme|racistes]], présents entre autres dans la description qui y est faite des non-Européens. Néanmoins, beaucoup considèrent ces critiques comme étant totalement [[Anachronisme|anachroniques]].
 
Tintin paraît à l'origine dans le journal ''[[Le Petit Vingtième]]''. Même si la [[Fondation Hergé]] met ces éléments sur le compte de la naïveté de l'auteur et que certains chercheurs comme Harry Thompson prétendent que « Hergé faisait ce que lui disait [[Norbert Wallez|l'abbé Wallez]] (le directeur du journal) »<ref name="ReferenceB">{{en}} Harry Thompson, ''Tintin: Hergé and His Creation'', 1991.</ref>, Hergé lui-même sent bien que, vu ses [[Origine sociale|origines sociales]], il ne peut échapper aux préjugés : « Pour ''Tintin au Congo'', tout comme pour ''Tintin au pays des Soviets'', j'étais nourri des préjugés du milieu bourgeois dans lequel je vivais. […] Si j'avais à les refaire, je les referais tout autrement, c'est sûr. »<ref>Numa Sadoul, ''Entretiens avec Hergé'', 1971, {{p.|74}}.</ref>
 
Dans ''[[Tintin au pays des Soviets]]'', les [[Bolcheviks|bolcheviques]] sont dépeints comme des personnages maléfiques. Hergé s'inspire du livre de [[Joseph Douillet]], ancien [[Consulat (diplomatie)|consul]] de Belgique en [[Russie]], ''Moscou sans voile'', qui est extrêmement critique envers le régime [[soviétique]]. Il remet cela dans le contexte en affirmant que, pour la Belgique de l'époque, nation pieuse et catholique, « tout ce qui était bolchevique était athée »<ref name="ReferenceA"/>. Dans l'album, les chefs bolcheviques ne sont motivés que par leurs désirs personnels, et Tintin découvre, enterré, le « trésor caché de [[Vladimir Ilitch Lénine|Lénine]] et [[Léon Trotski|Trotsky]] ». Hergé a plus tard attribué les défauts de ce premier album à « une erreur de jeunesse »<ref name="ReferenceA"/>. Mais aujourd'hui, avec la découverte des [[archives soviétiques]], sa représentation de l'[[Union des républiques socialistes soviétiques|URSS]], bien que caricaturale, possède quelques éléments de vérité. En 1999, le journal ''[[The Economist]]'', de tendance libérale, écrira que « rétrospectivement, la terre accablée par la faim et la tyrannie dépeinte par Hergé était malgré tout étrangement exacte »<ref>"Moreover: Great blistering barnacles", ''The Economist'', 30 janvier 1999, {{p.|79}}.</ref>.
[[Image:Albert Militair Kamp Leopoldstad.JPG|thumb|Le couple royal en visite au Congo belge en 1928.]]
On reproche à ''[[Tintin au Congo]]'' de représenter les [[Afrique|Africains]] comme des êtres naïfs et [[Homme primitif|primitifs]]. Dans la première édition de l'album, on voit Tintin devant un [[tableau noir]], donnant la leçon à des enfants africains. « Mes chers amis, dit-il, je vais vous parler aujourd'hui de votre Patrie : la Belgique. » En 1946, Hergé redessine l'album et transforme cette leçon en un cours de mathématiques. Il s'est par la suite expliqué sur les maladresses du scénario original : « Je ne connaissais de ce pays que ce que les gens en racontaient à l'époque : "Les Nègres sont de grands enfants… Heureusement pour eux que nous sommes là !", etc. Et je les ai dessinés, ces Africains, d'après ces critères-là, dans le plus pur esprit [[Paternalisme|paternaliste]] qui était celui de l'époque en Belgique. »<ref>Numa Sadoul, ''Tintin et moi : Entretiens avec Hergé'', Flammarion, 2003.</ref>
 
L'auteur Sue Buswell résume en 1988, dans le journal britannique ''Mail on Sunday'', les problèmes posés par cet album, en soulignant deux éléments <nowiki>: « Les lèvres molles et les tas d'animaux morts en référence à la manière dont sont dessinés les Africains dans l'album, et aux animaux qui y sont tués par Tintin. »</nowiki><ref>Mail on Sunday, Associated Newspapers, 27 novembre 1988.</ref> Néanmoins, Thompson pense que cette citation est mise « hors de son contexte »<ref>Harry Thompson, ''Tintin: Hergé & His Creation'', 1991.</ref>. L'expression « animaux morts » est une allusion à la [[chasse]] au gros gibier, très en vogue à l'époque de la première édition de ''Tintin au Congo''. En transposant une scène de chasse du livre d'[[André Maurois]] ''[[Les Silences du colonel Bramble]]'' (1918), Hergé présente Tintin comme un chasseur de gros gibier, abattant quinze [[antilope]]s, alors qu'une seule serait nécessaire pour le dîner. Ce nombre important d'animaux tués conduit l'éditeur danois des ''Aventures de Tintin'' à demander quelques modifications à Hergé. Ainsi, une planche où Tintin tue un [[rhinocéros]] en perçant un trou dans le dos de l'animal et en y insérant un bâton de [[dynamite]] est jugée excessive. Hergé la remplace par une autre planche montrant le rhinocéros accidentellement touché par une [[Balle (projectile)|balle]] du fusil de Tintin, alors que ce chasseur d'une autre époque est embusqué derrière un arbre.
 
En 2007, un organisme britannique, la Commission pour l'égalité raciale, demande, à la suite d'une plainte, que l'album soit retiré des rayonnages des librairies, en affirmant : « Cela dépasse l'entendement qu'à notre époque, un vendeur de livres puisse trouver acceptable de vendre ou faire la promotion de ''Tintin au Congo''. »<ref>{{Lien web|titre=''Bid to ban “racist” Tintin book''|url=http://news.bbc.co.uk/1/hi/entertainment/6294670.stm|site=BBC News.|date=}}.</ref> Le {{date-|23 juillet 2007}}, une plainte est déposée par un étudiant de [[République démocratique du Congo|République Démocratique du Congo]] à [[Bruxelles]], celui-ci estimant que l'ouvrage constitue une [[insulte]] envers son peuple<ref>{{Lien web|titre=Tintin traîné en justice par un étudiant congolais|url=http://www.liberation.fr/actualite/instantanes/histoiredujour/271176.FR.php|date=|brisé le = 2023-11-21}}, ''Libération'', 7 août 2007.</ref>. En réaction, une institution belge, le [[Centre pour l'égalité des chances et la lutte contre le racisme]], met en garde contre « une attitude hyper-[[politiquement correct]]e »<ref>{{Lien web | url=http://www.lesoir.be/actualite/belgique/plainte-contre-tintin-au-2007-08-07-543448.shtml | titre=Plainte contre ''Tintin au Congo''|brisé le = 2023-11-21}}, ''Le Soir'', 7 août 2007.</ref> dans ce dossier. Le {{date-|5 décembre 2012}}, la [[cour d'appel de Bruxelles]] rend son jugement : elle considère que l'album ne contient pas de propos racistes et que « Hergé s'est borné à réaliser une œuvre de fiction dans le seul but de divertir ses lecteurs. Il y pratique un humour candide et gentil », confirmant ainsi le jugement de première instance de 2011<ref>{{Lien web|titre=Tintin au Congo n'est pas raciste, selon la justice belge|url=http://www.lefigaro.fr/bd/2012/12/05/03014-20121205ARTFIG00713--tintin-au-congo-n-est-pas-raciste-selon-la-justice-belge.php|site=lefigaro.fr|date=10 décembre 2012|consulté le=16 février 2019.}}.</ref>. Loin de promouvoir la haine ou la peur à l'égard des autres peuples, Hergé a cependant recours, comme le souligne [[Marc Angenot]], à une {{citation|imagologie xénophobe comme source élémentaire inépuisable de comique}}<ref name="angenot"/>.
 
Plusieurs des premiers albums de Tintin ont été remaniés pour être réédités, le plus souvent à la demande des [[Maison d'édition|maisons d'édition]]. Par exemple, à la demande des éditeurs américains des ''Aventures de Tintin'', la plupart des personnages [[Noir (humain)|noirs]] de ''[[Tintin en Amérique]]'' ont été recolorés pour devenir [[Blanc (humain)|blancs]] ou d'origine indéterminée<ref>{{Lien web |titre=« Variantes de Tintin : La preuve par l'image de quelques modifications effectuées par Hergé lors des rééditions de ses albums » |url=http://dardel.info/tintin/variantes.html |site=dardel.info |date= }}.</ref>. Dans ''[[L'Étoile mystérieuse]]'', on trouvait à l'origine un « méchant » américain nommé Monsieur Blumenstein (un patronyme [[Juifs|juif]]), ce qui était tendancieux, d'autant plus que le personnage avait un faciès correspondant exactement aux [[caricature]]s de Juifs. Hergé attribue par la suite à son personnage un nom jugé moins connoté – [[Bohlwinkel]] – et le fait habiter dans un pays [[Amérique du Sud|sud-américain]] imaginaire, le São Rico. Hergé a découvert bien plus tard que Bohlwinkel était également un nom juif<ref name="ReferenceA"/>{{,}}<ref>Le mot ''bollewinkel'' signifie littéralement « magasin de bonbons », appellation usuelle en bruxellois pour désigner ces magasins où les enfants vont s'approvisionner à la sortie de l'école.</ref>.
 
== Aspects économiques ==
=== Chiffres de vente ===
[[Fichier:The Tintin Shop, 34 Floral Street, Covent Garden, London.jpg|vignette|gauche|alt=Vitrine d'une boutique vue depuis la rue.|Une boutique Tintin à Londres, en 2023.]]
En 1956, quand paraît ''[[L'Affaire Tournesol]]'', les ventes cumulées des albums de Tintin depuis la création de la série atteignent un million d'exemplaires<ref name="trad"/>. Ce nombre augmente fortement et de manière accélérée, notamment en raison du nombre croissant de traductions disponibles. Ainsi, en 1962, la revue ''[[Le Figaro littéraire]]'' évoque un chiffre total de {{unité|11900000|albums}} vendus<ref name="trad"/>. Le succès de Tintin est tel qu'au début du {{s-|XXI}}, il s'écoule chaque année autant d'albums que sur la période s'étalant de 1931 à 1956<ref name="trad"/>.
 
En 2019, l'éditeur [[Casterman]] annonce que plus de {{unité|250|millions}} d'albums ont été vendus à travers le monde depuis la création des ''Aventures de Tintin'' {{unité|90|ans}} plus tôt, ce qui en fait l'une des séries de bandes dessinées les plus vendues, devancée seulement par ''[[Astérix]]''<ref name="vente">{{lien web|url=https://www.leparisien.fr/culture-loisirs/livres/a-90-ans-tintin-toujours-gaillard-09-01-2019-7984704.php|titre=À 90 ans, Tintin toujours gaillard|auteur=Christophe Levent|site=''[[Le Parisien]]''|date=9 janvier 2019|consulté le=5 mars 2023}}.</ref>. À cette date, selon les chiffres fournis par l'éditeur, quatre millions d'exemplaires sont vendus chaque année, principalement en [[Chine]], tandis que les ventes se maintiennent à près de {{unité|500000|albums}} en France<ref name="vente"/>. ''[[Tintin en Amérique]]'', ''[[Tintin au Congo]]'' et ''[[Le Lotus bleu]]'' sont les albums les plus vendus depuis la création de la série<ref name="vente"/>.
 
=== Opérations de promotion ===
[[Fichier:Le Petit Vingtième 16 juillet 1931, Tintin, Milou, Quick et Flupke.jpg|vignette|alt=Photographie extraite d'un journal et montrant un jeune garçon accompagné d'un chien et entouré d'une foule nombreuse.|Tintin et Milou accueillis en héros à leur retour du Congo.]]
Dès la première aventure, ''[[Tintin au pays des Soviets]]'', Hergé et son équipe intègrent dans les pages du ''[[Le Petit Vingtième|Petit Vingtième]]'' des interviews fictives du héros et jouent avec la réalité en publiant une fausse lettre de menaces adressée par la [[Guépéou]], une pratique innovante et non dénuée d'intérêt sur le plan commercial, comme le souligne le tintinologue Geoffroy Kursner : {{citation|Dialoguer, voire jouer avec les lecteurs, afin de les fidéliser et d'en accroître le cercle, et, surtout, mêler fiction et réalité, constitue indéniablement une méthode ingénieuse{{sfn|Kursner|2021|gr=k|p=24-25}}.}} Aussi, l'un des collaborateurs du ''[[Le Vingtième Siècle (quotidien)|Vingtième Siècle]]'', Charles Lesne, propose à l'abbé [[Norbert Wallez]] de [[Mises en scène du retour de Tintin et Milou|mettre en scène le retour de Tintin]] en Belgique comme si ses aventures avaient réellement eu lieu{{sfn|Goddin|2007|p=314}}{{,}}{{sfn|Kursner|2021|gr=k|p=24-25}}. L'évènement est prévu le {{date-|8 mai 1930}} à la [[Gare de Bruxelles-Nord|Gare du Nord]] de Bruxelles et le quotidien en fait une grande publicité dans les jours qui précèdent. Le jeune Lucien Pepermans, un scout âgé de {{unité|15|ans}}, est choisi pour interpréter le rôle de Tintin. Un discours de bienvenue est prononcé, suivi de la remise d'une gerbe de fleurs et de la distribution de friandises, tandis que le faux Tintin signe des [[autographe]]s{{sfn|Kursner|2021|gr=k|p=24-25}}.
 
Le retour de Tintin et Milou du [[Tintin au Congo|Congo]] est également mis en scène. Le rendez-vous est fixé le {{date-|9 juillet 1931}}, toujours en gare de Bruxelles-Nord, et c'est Henri Dendoncker qui joue le rôle de Tintin, le précédent interprète étant désormais trop âgé. L'évènement attire une foule nombreuse et fait la une du ''Petit Vingtième'' la semaine suivante{{sfn|Kursner|2021|gr=k|p=29}}. Après ''[[Tintin en Amérique]]'', une nouvelle réception est organisée, mais cette fois dans la grande salle de l'[[Institut Saint-Boniface Parnasse|Institut Saint-Boniface]], avec René Boey dans le rôle de Tintin{{sfn|Kursner|2021|gr=k|p=31-32}}. À partir des ''[[Les Cigares du pharaon|Cigares du pharaon]]'', la parution des planches est agrémentée d'une rubrique {{citation|Le mystère Tintin}}, animée par [[Paul Jamin (dessinateur)|Paul Jamin]] et qui permet aux lecteurs de donner leur point de vue sur l'affaire qui se déroule au fil des semaines, une autre manière de fidéliser le public{{sfn|Kursner|2021|gr=k|p=33-35}}. À la fin du ''[[Le Lotus bleu|Lotus bleu]]'', pour la quatrième fois, Tintin est accueilli en chair et en os. La mise en scène est orchestrée le {{date-|{{1er}} décembre 1935}} au [[Cirque Royal]] de Bruxelles et fait intervenir une fanfare, des clowns et des acrobates. Charles Stie endosse le costume de Tintin{{sfn|Kursner|2021|gr=k|p=33-35}}.
 
L'évènement se répète le {{date-|18 décembre 1938}}, pour célébrer les dix ans de la naissance du ''Petit Vingtième'', toujours au Cirque Royal. Entre autres nouveautés, le chanteur Henri Colas interprète la ''Chanson de Tintin et Milou'', tandis que des sketchs de [[Quick et Flupke]] sont proposés{{sfn|Kursner|2021|gr=k|p=39}}.
 
=== Édition, impression, datation et cote ===
Les trois premiers albums ont été publiés aux [[Le Petit Vingtième|éditions du Petit Vingtième]], à [[Bruxelles]], et les autres, chez [[Casterman]], à [[Tournai]].
 
ll existe souvent une confusion entre la date du [[dépôt légal]] ou du [[copyright]] et la date d'édition. Il faut alors se référer aux modifications successives du texte du quatrième plat ou [[quatrième de couverture]] pour identifier l'année d'édition, selon une nomenclature établie par le [[BDM Trésors de la bande dessinée|catalogue BDM]] : Série A (1937-1945) allant de A1 à A24 ; Série B (1945-1975), numérotée de B1 à B42bis ; Série C (1975-) numérotée de C1 à C8<ref>{{Lien web |auteur=Gorianet |titre=Le catalogue des Tintinologues |url=http://www.gorianet.it/tintin/catalogue.htm |site=gorianet.it |consulté le=Février 2021}}.</ref>. La datation exacte d'un album permet d'en déterminer la cote.
 
Les dessins originaux d'Hergé, très recherchés par les collectionneurs, acquièrent une très grande valeur et battent des records dans les premières années du {{s-|XXI}}. En 2014, les pages de garde des albums de 1937 sont adjugées pour un montant de {{unité|2654000|euros}}, tandis que l'année suivante, le dessin original de la couverture de ''[[L'Étoile mystérieuse]]'' est vendu au prix de {{unité|2500000|euros}} lors de la [[Brafa]] de [[Bruxelles]]{{sfn|Sterckx|2015|p=229}}.
 
=== Propriété intellectuelle et critiques ===
 
La société [[Moulinsart (entreprise)|Moulinsart SA]] est chargée de la gestion et de la perception des droits des œuvres d'Hergé depuis 1987. Fondée par sa femme en qualité de [[Légataire universel en France|légataire universelle]], cette société est actuellement dirigée par [[Nick Rodwell]], qui en est le [[Manager|gestionnaire]] délégué. Très regardante sur la gestion des [[Droit moral|droits moraux]] et sur leur perception financière, la société provoque régulièrement la [[controverse]] en interdisant toute utilisation d'une image de Tintin sans son autorisation formelle.
 
Ainsi, à l'heure d'internet, toute forme de [[parodie]], détournement ou réutilisation est fortement combattue par la société Moulinsart SA. De même, le fait de poster une simple bulle d'une BD de Tintin est réprimandé selon les lois des différents pays<ref>{{Lien web|titre = Tintin : Moulinsart fait interdire un Tumblr, ce n'est pas près de s'arrêter, mille sabords !|url = http://www.lexpress.fr/culture/livre/tintin-moulinsart-censure-un-tumblr-ce-n-est-pas-pret-de-s-arreter-mille-sabords_1292947.html|site = lexpress.fr|consulté le = 2015-12-17|date = 28/03/2014|auteur1 = Victor Garcia|langue = fr}}.</ref>.
 
Cette attitude inquiète certains passionnés de culture et de BD franco-belges qui se demandent comment ils vont pouvoir faire en sorte que Tintin reste dans le patrimoine culturel francophone si la diffusion de son image est aussi fortement restreinte dans les médias modernes.
 
Cependant, une décision rendue par la [[Cour internationale de justice|Cour de La Haye]] au début de l'année 2015 a esquissé un changement. La justice néerlandaise a donné raison à l'association Hergé Genootschap, qui s'était vuevu réclamer plusieurs dizaines de milliers d'euros par [[Moulinsart (entreprise)|Moulinsart SA]] pour l'utilisation de vignettes originales dans ses publications, après y avoir longtemps été autorisée. En effet, la Cour a retenu que la légataire universelle d'Hergé, [[Fanny Rodwell]], n'avait jamais remis en cause un contrat de 1942 stipulant explicitement la cession de l'intégralité des droits sur les textes et vignettes des albums d'Hergé à [[Casterman]]. Ce verdict a été perçu comme pouvant instaurer un précédent dans la [[jurisprudence]], ouvrant ainsi la porte à des réparations éventuelles de Moulinsart SA envers les associations ayant dû verser des sommes d'argent pour l'utilisation d'une ou plusieurs vignettes de Tintin. Moulinsart SA a contesté ce jugement<ref>{{Lien web|langue=français|titre=Tintin : les héritiers de Hergé n'ont pas les droits sur les albums de Hergé et risquent de devoir indemniser les tintinophiles.|url=https://www.huffingtonpost.fr/2015/06/08/tintin-moulinsart-droits-albums-herge-tintinophiles_n_7533132.html|site=huffingtonpost.fr|date=8 juin 2015.}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue=français|titre=Tintin et le mystère des ayants droit|url=http://www.liberation.fr/culture/2015/06/08/tintin-et-le-mystere-des-ayants-droits_1325264|site=liberation.fr|date=10 juin 2015.}}.</ref>.
Ce verdict a été perçu comme pouvant instaurer un précédent dans la jurisprudence, ouvrant ainsi la porte à des réparations éventuelles de Moulinsart SA envers les associations ayant dû verser des sommes d'argent pour l'utilisation d'une ou plusieurs vignettes de Tintin. Moulinsart SA a contesté ce jugement<ref>{{Lien web|langue = français|titre = Tintin: les héritiers de Hergé n'ont pas les droits sur les albums de Hergé et risquent de devoir indemniser les tintinophiles|url = http://www.huffingtonpost.fr/2015/06/08/tintin-moulinsart-droits-albums-herge-tintinophiles_n_7533132.html|site = huffingtonpost.fr|date = 8 juin 2015|consulté le = }}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue = français|titre = Tintin et le mystère des ayants droit|url = http://www.liberation.fr/culture/2015/06/08/tintin-et-le-mystere-des-ayants-droits_1325264|site = liberation.fr|date = 10 juin 2015|consulté le = }}</ref>.
 
L'œuvre d'Hergé tomberaentrera dans le [[Domaine public (propriété intellectuelle)|domaine public]] le {{1er}}date-|1 janvier 2054}}. Mais Moulinsart SA, qui perdrait ainsi de substantielles sources de revenus, envisage d'en empêcher l'utilisation et la publication par tous en publiant une nouveauté Tintin en 2052. Cette opération ferait face à des limites juridiques et à un certain problème moral<ref>{{Lien web|langue = français|titre = La Société Moulinsart peut-elle empêcher Tintin d'entrer dans le domaine public ?|url = http://www.slate.fr/story/79200/societe-moulinsart-empecher-tintin-entreref-domaine-public|site = slate.fr|date = 23 octobre 2013|consulté le = }}.</ref>.
 
== Autres médias et adaptations ==
''Les Aventures de Tintin'' ont été diffusées dans de nombreux médias venus s'ajouter à la bande dessinée originale. Certaines sont des œuvres originales, d'autres des adaptations. Hergé était favorable aux adaptations de Tintin, et il encourageait ses équipes à participer à des projets d'animation de la série. Après sa mort, les [[studios Hergé]] sont devenus la seule institution habilitée à donner son accord pour des adaptations de Tintin.
 
=== Cinéma et télévision ===
{{Article détaillé|Adaptations des Aventures de Tintin à l'écran{{!}}Adaptations des ''Aventures de Tintin'' à l'écran}}
[[Fichier:Jean Nohain.png|vignette|alt=Photographie en noir et blanc d'un homme âgé.|L'animateur [[Jean Nohain]] interprète les personnages de Tintin dans la première adaptation télévisée de la série.]]
En [[1947 au cinéma|1947]], deux pionniers du cinéma d'animation belge, [[Claude Misonne]] et son mari João Michiels, réalisent ''[[Le Crabe aux pinces d'or (film, 1947)|Le Crabe aux pinces d'or]]'', une adaptation de l'album paru en 1941, en un long-métrage où les personnages sont mis en scène par le biais de poupées de chiffon{{sfn|Peeters|2006|p=336-337|gr=p}}. La faillite du producteur empêche la distribution, après une unique projection à [[Bruxelles]] devant près de deux mille enfants. Le film est finalement édité en vidéo en 2007<ref>{{lien web|url=https://www.lalibre.be/culture/cinema/2011/10/19/le-crabe-aux-pinces-dor-VQNNU4BH6VBYXJ2RHMQRXTX5HY/|titre=Le Crabe aux pinces d'or|site=''[[La Libre Belgique]]''|date=19 octobre 2011|consulté le=26 mars 2023}}.</ref>.
 
En 1957, [[Raymond Leblanc]], qui a fondé les studios [[Belvision]] trois ans plus tôt, signe un contrat avec la [[Radiodiffusion-télévision française|RTF]] portant sur la coproduction de deux mini-séries, intitulées ''[[Les Aventures de Tintin (série, 1957)|Les Aventures de Tintin]]'' et adaptées des albums ''[[Le Sceptre d'Ottokar]]'' et ''[[L'Oreille cassée]]''. Comprenant respectivement huit et sept épisodes de 13 à {{unité|14|minutes}}, en noir et blanc, ces deux séries sont réalisées par Anne-Marie Ullmann, sous la supervision de [[Bob de Moor]], l'assistant d'[[Hergé]]. L'animateur [[Jean Nohain]] double l'intégralité des personnages{{sfn|Kursner|2021|gr=k|p=269-271}}{{,}}<ref name="couvreur belvision">{{Ouvrage|prénom1=Daniel|nom1=Couvreur|titre=Belvision|sous-titre=le Hollywood européen du dessin animé|éditeur=[[Le Lombard]]|lieu=Bruxelles|année=2013}}.</ref>. Ces deux adaptations, peu convaincantes, déçoivent Hergé{{sfn|Kursner|2021|gr=k|p=269-271}}.
 
Deux ans plus tard, Raymond Leblanc signe un contrat avec le producteur américain [[Larry Harmon]], qui prévoit l'adaptation de plusieurs aventures sous la direction du scénariste Charlie Shows<ref name="couvreur belvision"/>. Un pilote de cinq minutes, tourné à partir de l'album ''[[Objectif Lune]]'', est jugé peu concluant, et Leblanc s'associe finalement avec la société française Télé-Hachette, ce qui aboutit à la création d'une nouvelle série, ''[[Les Aventures de Tintin, d'après Hergé]]'', réalisée par [[Ray Goossens]] avec la collaboration de Charlie Shows. Sept albums sont d'abord adaptés entre 1961 et 1963, mais les scénaristes, au grand dam d'Hergé, s'éloignent des scénarios originaux{{sfn|Kursner|2021|gr=k|p=269-271}}. Après le désistement de Télé-Hachette, la société [[Belvision]] produit seule une huitième et dernière aventure, ''[[L'Affaire Tournesol (téléfilm)|L'Affaire Tournesol]]'', en 1964, sur un scénario de [[Michel Greg]] et Bernard Fredisch{{sfn|Kursner|2021|gr=k|p=269-271}}.
 
Pendant que Tintin effectue ses premiers pas à la télévision, le producteur français André Barret envisage de le porter sur grand écran. En [[1961 au cinéma|1961]], ''[[Tintin et le Mystère de la Toison d'or]]'' est le premier film en [[prise de vues réelles]] consacré au héros<ref>{{article|titre=Tintin et le Mystère de la Toison d'or|périodique=[[L'Avant-scène]]|numéro=10|date=15 décembre 1961|pages=28}}.</ref>{{,}}<ref name="cinéma2">{{ouvrage|auteur=Philippe Lombard|titre=Tintin, Hergé et le cinéma|éditeur=Democratic Books|année=2011|pages totales=199|isbn=978-2361040567}}.</ref>. Réalisé par [[Jean-Jacques Vierne]] sur un scénario d'André Barret et [[Remo Forlani]], il met en scène [[Jean-Pierre Talbot]] dans le rôle de Tintin et [[Georges Wilson]] dans celui du capitaine Haddock{{sfn|Kursner|2021|gr=k|p=271-274}}. Dans ce long-métrage, les deux héros se rendent à [[Istanbul]] et sont menacés par une organisation turque voulant s'emparer du bateau ''La Toison d'or'' que l'ami du capitaine Haddock, Thémistocle Paparanic, lui a légué{{sfn|Kursner|2021|gr=k|p=271-274}}. Un second film sort en [[1964 au cinéma|1964]] : Jean-Pierre Talbot endosse de nouveau le costume du jeune reporter dans ''[[Tintin et les Oranges bleues]]'', cette fois aux côtés de [[Jean Bouise]] dans le rôle du capitaine{{sfn|Kursner|2021|gr=k|p=274-276}}. Dans ce film réalisé par [[Philippe Condroyer]], les deux amis sont à la recherche du [[professeur Tournesol]], victime d'un enlèvement à la suite de sa découverte sur de mystérieuses oranges bleues mises au point par le savant espagnol Anténor Zallaméa{{sfn|Kursner|2021|gr=k|p=274-276}}.
 
En [[1969 au cinéma|1969]], ''[[Tintin et le Temple du Soleil]]'', un [[Animation (audiovisuel)|film d'animation]] réalisé par les studios [[Belvision]] à partir des albums ''[[Les Sept Boules de cristal]]'' et ''[[Le Temple du Soleil]]'', sort sur les écrans{{sfn|Kursner|2021|gr=k|p=276-278}}. L'adaptation est signée par [[Hergé]] lui-même, Eddie Lateste, Jos Marissen et László Molnár, avec des dialogues écrits par [[Michel Greg|Greg]]<ref name="couvreur belvision"/>. La même année, les studios Belvision réalisent un court-métrage d'animation publicitaire d'une durée de huit minutes pour la Société Générale des Minerais<ref>{{article|auteur=[[Philippe Goddin]]|titre=Les dessins très animés de Belvision|périodique=Les Amis de Hergé|numéro=48|mois=novembre|année=2009|pages=21-28}}.</ref>{{,}}<ref>{{article|lire en ligne=https://www.lesoir.be/art/tintin-herge-degrelle-steeman-une-rencontre-tres_t-19911026-Z04KLR.html|titre=Tintin, Hergé, Degrelle, Steeman, une rencontre très contestée, un document méconnu|périodique=[[Le Soir]]|date=26 octobre 1991}}.</ref>. Le comédien [[Philippe Ogouz]] y prête sa voix à Tintin<ref>{{lien web|lang=en|url=https://www.themoviedb.org/movie/824603-tintin-et-la-sgm|titre=Tintin et la SGM (1969)|site=themoviedb.org|éditeur=The Movie Database|consulté le=26 mars 2023}}.</ref>.
 
En [[1972 au cinéma|1972]], un nouveau long-métrage d'animation, ''[[Tintin et le Lac aux requins]]'', est produit par Belvision, d'après un scénario original de [[Michel Greg|Greg]]. Adapté par Rainer Gocksch, Eddie Lateste, Jos Marissen et [[Jean-Michel Charlier]], le film envoie les héros en [[Syldavie]], sur les rives d'un lac où le [[professeur Tournesol]] a mis au point une machine capable de reproduire toutes sortes d'objets en [[trois dimensions]], attirant la convoitise de [[Roberto Rastapopoulos|Rastapopoulos]]{{sfn|Kursner|2021|gr=k|p=278-280}}.
 
[[Fichier:Stephane Bernasconi.jpg|vignette|gauche|alt=Photographie d'un homme sur une plage.|Stéphane Bernasconi (ici en 2014) réalise une adaptation télévisée des ''Aventures de Tintin'' au début des {{nobr|années 1990}}.]]
En 1992, une nouvelle [[Série télévisée|série d'animation]] naît sous l'impulsion du studio français [[Ellipsanime Productions|Ellipse]], de son directeur général [[Philippe Gildas]] et du producteur [[Robert Réa]]<ref name="série1">{{lien web|url=https://www.huffingtonpost.fr/medias/article/comment-philippe-gildas-a-converti-tintin-a-la-television_133701.html|auteur=Alexandre Boudet|titre=Comment Philippe Gildas a converti Tintin à la télévision|site=''[[HuffPost]]''|date=28 octobre 2018|consulté le=26 mars 2013}}.</ref>{{,}}<ref name="série2">{{lien web|url=https://www.lexpress.fr/informations/tintin-au-pays-des-zappeurs_592631.html|titre=Tintin au pays des zappeurs|auteur=Renaud Leblond|site=''[[L'Express]]''|date=31 décembre 1992|consulté le=26 mars 1993}}.</ref>. L'entreprise nécessite d'importants moyens financiers : sous la houlette du réalisateur Stéphane Bernasconi, une équipe de soixante dessinateurs travaille à l'adaptation des albums de la série, à l'exception de ''[[Tintin au pays des Soviets]]'' et de ''[[Tintin au Congo]]'', pour un budget de {{unité|400000|[[Dollar américain|dollars]]}} par épisode de {{unité|26|minutes}}<ref name="série1"/>. En France, les {{unité|39|épisodes}} de la série sont diffusés en [[première partie de soirée]] sur [[France 3]] à partir du {{date-|5 mai 1992}} et rencontrent un grand succès d'audience<ref>{{Lien web|titre=Les Aventures de Tintin|url=http://www.planete-jeunesse.com/fiche-364-les-aventures-de-tintin.html|site=Planète Jeunesse|consulté le=26 mars 2023}}.</ref>{{,}}<ref name="série2"/>. Coproduite avec la société canadienne [[Nelvana]], la série bénéficie également d'une diffusion en [[Amérique du Nord]], notamment sur la chaîne [[HBO]]<ref name="série2"/>.
 
[[Image:Jamie Bell 2011.jpg|thumb|upright|[[Jamie Bell]], incarnation de Tintin en [[capture de mouvement]] dans ''[[Les Aventures de Tintin : Le Secret de La Licorne]]'' (2011).]]
Dans les années 1990, l'idée d'adapter Tintin au cinéma refait surface et les projets se multiplient, sans se concrétiser. Tour à tour, le producteur [[Claude Berri]] et le réalisateur [[Alain Berberian]]<ref name="AdaptationsLive">{{Lien web|auteur=Arnaud Bordas|titre=Et Spielberg recréa… Tintin|url=https://www.lefigaro.fr/cinema/2011/10/08/03002-20111008ARTFIG00004-et-spielberg-recrea-tintin.php |date=7 octobre 2011 |site=lefigaro.fr |éditeur=''[[Le Figaro]]'' |consulté le=17 février 2023}}.</ref>, [[Jaco Van Dormael]]{{sfn|Peeters|2006|gr=p|p=16}}{{,}}<ref>{{lien web|url=https://www.francetvinfo.fr/culture/cinema/les-tintin-auxquels-vous-avez-echappe_19559.html|titre=Les Tintin auxquels vous avez échappé|auteur=Pierre Godon|site=fracetvinfo.fr|date=25 octobre 2011|consulté le=6 mars 2021}}.</ref> et [[Jean-Pierre Jeunet]] finissent par renoncer<ref>{{lien web|url=https://www.actuabd.com/Jeunet-n-adaptera-pas-Tintin-pour-le-cinema|titre=Jeunet n’adaptera pas Tintin pour le cinéma|auteur=Patrick Albray|site=[[ActuaBD]]|date=12 janvier 2002|consulté le=30 mars 2023}}.</ref>. En [[2011 au cinéma|2011]], la sortie du film ''[[Les Aventures de Tintin : Le Secret de La Licorne]]'', réalisé par [[Steven Spielberg]], crée l'évènement. Ce film d'aventures en [[capture de mouvement]] [[Cinéma en relief|3D]] est présenté en avant-première mondiale à Bruxelles le {{date-|22 octobre 2011}}, au cinéma UGC-De Brouckère<ref>{{lien web|lang=en|titre=Tintin Has World Premiere in His Hometown|url=https://www.npr.org/templates/story/story.php?storyId=141619935|consulté le=26 mars 2023|site=npr.org|éditeur=[[National Public Radio]]|date=22 octobre 2011|auteur=The Associated Press|brisé le = 2023-11-21}}.</ref>. Le film ne retrace pas l'intégralité du récit de l'album éponyme mais s'inspire en fait de trois albums distincts : ''[[Le Secret de La Licorne]]'', ''[[Le Trésor de Rackham le Rouge]]'' et ''[[Le Crabe aux pinces d'or]]'', pour aboutir à un scénario original. Certains personnages ne jouent pas le même rôle dans le film que dans l'album, comme le collectionneur [[Liste des personnages des Aventures de Tintin|Ivan Sakharine]] qui, au cinéma, vit au [[château de Moulinsart]] et revêt le rôle du méchant<ref>{{lien web|auteur=Didier Pasamonik|titre=Tintin & le Secret de la Licorne : Bravo Steven Spielberg !|url=https://www.actuabd.com/Tintin-le-Secret-de-la-Licorne,12426|site=actuabd.com|éditeur=[[Actua BD]]|date=12 octobre 2011|consulté le=26 mars 2023}}.</ref>. C'est l'acteur britannique [[Jamie Bell]] qui interprète Tintin, doublé en français par [[Benjamin Bollen]]<ref>{{Lien web|url=http://www.allodoublage.com/news/breve.php?val=10_tintin+change+voix|titre=« Tintin change de voix ? »|site=AlloDoublage|date=6 septembre 2011|consulté le=26 mars 2023}}.</ref>.
 
Dès l'entame du projet, Steven Spielberg entend inscrire ce film dans une [[trilogie]]. En 2019, [[Benoît Mouchart]], directeur éditorial aux Éditions [[Casterman]], confirme qu'un deuxième long métrage, réalisé par Spielberg et Peter Jackson, est en projet, sans toutefois annoncer une date de sortie<ref>{{lien web|url=https://www.premiere.fr/Cinema/News-Cinema/Tintin-2-confirme-avec-Peter-Jackson-et-Steven-Spielberg-aux-commandes|auteur=Jean-Baptiste Tournié|titre=Tintin 2 confirmé avec Peter Jackson et Steven Spielberg aux commandes|site=''[[Première (magazine)|Première]]''|date=10 janvier 2019|consulté le=30 mars 2023}}.</ref>.
 
=== Théâtre ===
* [[1941 au théâtre|1941]] : ''[[Le Mystère du diamant bleu]]'' et ''[[Monsieur Boullock a disparu]]'', pièces originales écrites par Hergé et [[Jacques Van Melkebeke]], jouées à [[Bruxelles]].
* [[1976 au théâtre|1976]] : ''[[Tintin's Great American Adventure]]'', pièce inspirée par ''[[Tintin en Amérique]]'' et jouée par le {{langue|en|texte=Unicorn Theatre Company}} du {{date-|18 décembre 1976}} au {{date-|20 février 1977}} au {{langue|en|texte=Unicorn Theatre Arts Centre, Great Newport Street}}, [[Londres]].
* [[1980 au théâtre|1980]] : ''[[Tintin and the Black Island]]'', pièce écrite par [[Geoffrey Case]], adaptée de l'album ''[[L'Île Noire]]'' et mise en scène par Tony Wredden, jouée à Londres. Une version française a été produite au Québec en {{date-|décembre 1984}}.
* [[1987 au théâtre|1987]] : ''[[Coup de crayon]]'', de Didier Wolff, mise en scène de Christian Rauth, jouée au [[théâtre de Poche- Montparnasse]] (Paris) par Olivier Granier et Thierry Belnet, dans le rôle de Tintin.
* [[2001 au théâtre|2001]] : ''[[Les Bijoux de la Castafiore]]'', d'après l'album homonyme, mise en scène par Dominique Catton et jouée à [[Genève]].
* 2001 : ''Kuifje: De Zonnetempel'', comédie musicale de [[Seth Gaaikema]] et [[Frank van Laecke]], musique de Dirk Brossé, adaptée de l'album ''Le Temple du Soleil'', avec [[Tom Van Landuyt]] (Tintin). Créée à Charleroi en 2002 sous le titre ''[[Tintin : Le Temple du Soleil (comédie musicale)|Tintin : Le Temple du Soleil]]'' dans une adaptation française de [[Didier van Cauwelaert]].
* [[2005 au théâtre|2005]] : ''[[Tintin in Tibet]]'', pièce de [[David Greig]] d'après ''[[Tintin au Tibet]]'' et ''[[Le Lotus bleu]]'', mise en scène par [[Rufus Noriss]] et jouée par la [[{{langue|en|texte=Young Vic Theatre Company]]}} au [[Barbican Theatre]] pendant les périodes de [[Noël]], avec [[Russell Tovey]] (Tintin) et [[Sam Cox]] (Haddock).
 
=== Romans ===
* [[1943 en littérature|1943]], ''[[Dupont et Dupond détectives]]'', roman de [[Paul Kinnet]], illustrations d'Hergé, paru en feuilleton dans ''Le Soir'' du 24 septembre au 11 novembre 1943.
* [[1947 en littérature|1947]], ''[[Tintin et Milou chez les Toréadors]]'', roman de Jean Roquette, Paris, Cœurs Vaillants.
* [[1993 en littérature|1993]], ''Tintin in the New World: A Romance'', roman de {{Lien|langue=en|trad=Frederic Tuten|fr=}}. Couverture illustrée par [[Roy Lichtenstein]]. (Londres, Marion Boyars, 1993). Traduction française : ''Tintin au Nouveau Monde'', traduit de l'américain par Maurice Rambaud, Grasset, 1995.
*[[2011 en littérature|2011]], ''The Adventures of Tintin: A Novel'', novélisation d'Alexander Irvine. Traduction française : ''Les Aventures de Tintin: Le roman du film'', traduit de l'américain par Marie Hermet, Casterman, 2012.
 
=== Radio ===
 
Entre 1956 et 1961, [[Radio Luxembourg]] diffuse les ''Aventures de Tintin'', émissions réalisées par [[Jean Maurel (réalisateur radiophonique)|Jean Maurel]].
Entre 1959 et 1963, la [[radiodiffusion-télévision française]] présente un feuilleton radiophonique des aventures de Tintin de près de 500 épisodes produit par Nicole Strauss et Jacques Langeais. Adaptés sous la forme de [[Disque microsillon#Disque 33 tours|disques 33 tours]], ces épisodes rencontrent un grand succès<ref>{{ouvrage|langue=|prénom1=Benoit|nom1=Mouchart|prénom2=François|nom2=Rivière|titre=Hergé|sous-titre=Portrait intime du père de Tintin |éditeur=[[Éditions Robert Laffont]]|lieu=Paris|année=2011|pages totales=250|isbn=978-2-84868-430-7|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=SaHA8uNbHRsC&printsec=frontcover#v=onepage&q&f=false}}</ref>.
 
Entre 1959 et 1963, la [[radiodiffusion-télévision française]] présente un feuilleton radiophonique des ''Aventures de Tintin'' de près de {{nobr|500 épisodes}}, produit par Nicole Strauss et Jacques Langeais. Adaptés sous la forme de [[Disque microsillon#Disque 33 tours|disques 33 tours]], ces épisodes rencontrent un grand succès<ref>{{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Benoit |nom1=Mouchart |prénom2=François |nom2=Rivière |titre=Hergé |sous-titre=Portrait intime du père de Tintin|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions Robert Laffont]]|année=2011|pages totales=250|isbn=978-2-84868-430-7|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=SaHA8uNbHRsC&printsec=frontcover}}</ref>.
En 2015, une adaptation des ''Cigares du pharaon'' est coproduite par [[France Culture]], Moulinsart et la [[Comédie-Française]]. Elle est diffusée en février 2016 sur les ondes de France Culture. Quatre autres adaptations sont annoncées : ''Le Lotus bleu, Les 7 Boules de cristal, Le Temple du Soleil et L’Affaire Tournesol''<ref>{{Lien web|langue=fr-FR|titre=Les cigares du Pharaon (1/5) : Les aventures de Tintin|url=http://www.franceculture.fr/emissions/fictions-le-feuilleton/les-cigares-du-pharaon-15-les-aventures-de-tintin?xtmc=tintin&xtnp=1&xtcr=7|site=France Culture|consulté le=2016-04-21}}</ref>''.''
 
La [[ICI Radio-Canada Première|radio de Radio-Canada]] a aussi adapté les ''Aventures de Tintin'' en format radio dans un format quotidien de quinze minutes à partir du {{Date|15 octobre 1962|au Québec}}<ref>{{Article |auteur=Fernand Côté |titre=Récits qui enchanteront les jeunes |périodique=La Semaine à Radio-Canada |volume={{XIII}} |numéro=3 |date=13 octobre 1962 |pages=1 et 4 |lire en ligne=https://collections.banq.qc.ca/ark:/52327/2681190}}</ref>.
=== Cinéma ===
 
En 2015, une nouvelle adaptation radiophonique des ''[[Les Cigares du pharaon|Cigares du pharaon]]'' est enregistrée et diffusée par [[France Culture]], en partenariat avec la société [[Tintinimaginatio|Moulinsart]] et la [[Comédie-Française]] dont les artistes prêtent leurs voix aux personnages de l'aventure. Cette adaptation de Katell Guillou est réalisée par [[Benjamin Abitan]], sur une musique originale d'[[Olivier Daviaud]] interprétée par l'[[Orchestre national de France]]. Le comédien [[Noam Morgensztern]] joue le rôle de [[Tintin]]<ref>{{lien web|url=https://www.la-croix.com/Culture/Un-feuilleton-radiophonique-avec-Tintin-Milou-dans-Les-Cigares-Pharaon-2016-02-08-1300738316|titre=Un feuilleton radiophonique avec Tintin et Milou dans «Les Cigares du Pharaon»|site=la-croix.com|éditeur=''[[La Croix]]''|date=8 février 2016|consulté le=6 avril 2021}}.</ref>{{,}}<ref>{{lien web|url=https://www.lepoint.fr/culture/les-aventures-de-tintin-jouees-par-la-troupe-du-francais-sur-france-culture-15-01-2016-2010450_3.php|titre=Les aventures de Tintin jouées par la troupe du Français sur France Culture|site=lepoint.fr|éditeur=[[Le Point]]|date=15 janvier 2016|consulté le=6 avril 2021}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|titre=Les Cigares du Pharaon : les Aventures de Tintin|url=https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/serie-les-aventures-de-tintin-les-cigares-du-pharaon|site=[[France Culture]]|consulté le=2 janvier 2024}}.</ref>. Dans les années qui suivent, d'autres titres enrichissent la collection : ''[[Le Lotus bleu]]'' en 2016<ref>{{Lien web|titre=Le Lotus bleu : les Aventures de Tintin|url=https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/serie-les-aventures-de-tintin-le-lotus-bleu|site=[[France Culture]]|consulté le=2 janvier 2024}}.</ref>, ''[[Les Sept Boules de cristal]]'' en 2017<ref>{{Lien web|titre=Les 7 Boules de cristal : les Aventures de Tintin|url=https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/serie-les-aventures-de-tintin-les-7-boules-de-cristal|site=[[France Culture]]|consulté le=2 janvier 2024}}.</ref>, ''[[Le Temple du Soleil]]'' en 2019<ref>{{Lien web|titre=Le Temple du Soleil : les Aventures de Tintin|url=https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/serie-les-aventures-de-tintin-le-temple-du-soleil|site=[[France Culture]]|consulté le=2 janvier 2024}}.</ref>, ''[[Les Bijoux de la Castafiore]]''<ref>{{Lien web|titre=Les Bijoux de la Castafiore : les Aventures de Tintin|url=https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/serie-les-aventures-de-tintin-les-bijoux-de-la-castafiore|site=[[France Culture]]|consulté le=2 janvier 2024}}.</ref>, ''[[Le Secret de La Licorne]]''<ref>{{Lien web|titre=Le Secret de La Licorne : les Aventures de Tintin|url=https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/serie-le-secret-de-la-licorne-les-aventures-de-tintin|site=[[France Culture]]|consulté le=2 janvier 2024}}.</ref> et ''[[Tintin au Tibet]]'' en 2023<ref>{{Lien web|titre=Tintin au Tibet : les Aventures de Tintin|url=https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/serie-tintin-au-tibet-les-aventures-de-tintin|site=[[France Culture]]|consulté le=2 janvier 2024}}.</ref>. Pour cette dernière adaptation, la production innove en proposant un concert-fiction, enregistré en public le {{date-|17 novembre 2023}} au [[studio 104 de Radio France]]<ref name="tintin radio france">{{lien web|url=https://www.tintin.com/fr/news/6038/une-soiree-a-radio-france-avec-tintin|titre=Une soirée à Radio France avec Tintin|site=tintin.fr|éditeur=[[Tintinimaginatio]]|consulté le=2 janvier 2024}}.</ref>.
Tintin a été adapté au cinéma, à la fois en [[Prise de vue réelle|prises de vues réelles]] et en animation. Certains films sont cependant des œuvres originales ; c'est le cas pour ''Tintin et le Mystère de la Toison d'or'', ''Tintin et les Oranges bleues'' et ''Tintin et le Lac aux requins''.
 
=== Chansons ===
* [[1947 au cinéma|1947]] : ''[[Le Crabe aux pinces d'or (film, 1947)|Le Crabe aux pinces d'or]]'', film d'animation [[image par image]] de [[Claude Misonne]], adapté de l'album homonyme. Le film ne fut projeté qu'une seule fois au cinéma ABC de [[Bruxelles]] le {{date|11|janvier|1947|au cinéma}}, devant un public d'invités. À la suite de la faillite du producteur [[Wilfried Bouchery]], le film fut saisi. Il y a quelques années, il a été exhumé et a fait l'objet d'un DVD fin 2007.
* [[1961 au cinéma|1961]] : ''[[Tintin et le Mystère de la Toison d'or]]'', film en prises de vues réelles de [[Jean-Jacques Vierne]] avec [[Jean-Pierre Talbot]] (Tintin) et [[Georges Wilson]] (Haddock). [[Tintin]] et [[Capitaine Haddock|Haddock]] sont à [[Istanbul]] et sont menacés par une organisation turque voulant s'emparer du bateau ''La Toison d'or'' que l'ami du capitaine Haddock, Témistocle Paparanic, lui a légué.
* [[1964 au cinéma|1964]] : ''[[Tintin et les Oranges bleues]]'', film en prises de vues réelles de [[Philippe Condroyer]] avec [[Jean-Pierre Talbot]] (Tintin) et [[Jean Bouise]] (Haddock). Tintin et le capitaine Haddock sont à la recherche du [[professeur Tournesol]], victime d'un enlèvement à la suite de sa découverte sur des oranges bleues.
* [[1969 au cinéma|1969]] : ''[[Tintin et le Temple du Soleil]]'', film d'[[animation]] de [[Raymond Leblanc]] produit par [[Belvision]], adapté de l'album ''[[le Temple du Soleil]]'' par [[Greg]].
* 1970 : ''Tintin et la [[Société Générale des Minerais|SGM]]'', court-métrage d'animation publicitaire produit par Belvision<ref name="SGM"/>.
*[[1972 au cinéma|1972]] : ''[[Tintin et le Lac aux requins]]'', film d'animation de Raymond Leblanc, produit par Belvision. Sur un scénario original de [[Greg]], les héros tentent de démasquer une bande de malfrats voulant s'emparer de la dernière invention de Tournesol.
* [[2011 au cinéma|2011]]-? : ''[[Trilogie Tintin]]''. En 1983, [[Steven Spielberg]] prend une option sur les droits de Tintin peu avant la mort d'Hergé. Cependant, il n'était à ce moment-là pas certain qu'il réalise lui-même l'adaptation au cinéma, d'où le refus d'Hergé de signer un quelconque contrat<ref>« [http://rafik.blog.toutlecine.com/2477/Tintin-et-Spielberg-1983 Tintin et Spielberg, dès 1983] », ''rafik.blog.toutlecine.com''.</ref>. En novembre 2002, [[DreamWorks Animation|Dreamworks]] achète les droits cinématographiques de tous les albums et décide de produire une trilogie en images de synthèse et [[capture de mouvement]]. ''[[Les Aventures de Tintin : Le Secret de La Licorne]]'', réalisé par [[Steven Spielberg]] et adapté des albums ''[[Le Secret de La Licorne]]'', ''[[Le Crabe aux pinces d'or]]'' et ''[[Le Trésor de Rackham le Rouge]]'', sort en 2011. L'acteur britannique [[Jamie Bell]] prête son jeu et sa voix à Tintin. Deux autres films sont prévus, sans date de sortie d'annoncée pour le moment. Le premier pourrait être réalisé par [[Peter Jackson]] et adapté des albums ''[[Les Sept Boules de cristal]]'' et ''[[Le Temple du Soleil]]''<ref>« [http://www.lefigaro.fr/lefigaromagazine/2009/06/27/01006-20090627ARTFIG00056--steven-spielberg-l-empereur-du-septieme-art-.php Steven Spielberg, l'empereur du septième art] », ''lefigaro.fr'', 27 juin 2009.</ref>, tandis que le second pourrait être coréalisé par Steven Spielberg et Peter Jackson.
 
* [[Fichier:Chansons "Tintin & Milou" "Capitaine Haddock" Revaldy.jpg|vignette|Sélection dans un [[juke-box]] des deux faces du 45 T de la « Chanson de Tintin & Milou » et de la « Chanson du capitaine Haddock ».]]La « Chanson de Tintin et Milou » d'Henri Colas et la « Chanson du capitaine Haddock » de Jean Frédéric et Maurice Montfort sont publiées dans ''[[Cœurs vaillants]]'' {{n°|31}} du 31 juillet 1938 et enregistrées sur disque [[Disque microsillon|45 T]] incassable chez Casterman par Guy Revaldy et une chorale d’amis de Tintin, en 1959, sous la direction orchestrale de Bill Woodie ; la [[Pochette (album)|pochette]] est illustrée par Hergé<ref name=":3">{{Lien web |langue=fr-FR |titre=LA CHANSON DE TINTIN (1938) ET CELLES DE MARTIN CIRCUS ET CHANTAL GOYA |url=https://tintinomania.com/chanson-de-tintin-milou |site=TINTINOMANIA |date=2017-12-11 |consulté le=2021-08-09}}.</ref>.
Les photos des films sortis ont été reprises dans plusieurs albums et sous forme de ''strips'' pour ''Le Lac aux requins'' (cf. [[#Films adaptés en albums|ci-dessus]]).
* En 1979, à l’occasion du cinquantième anniversaire de la naissance de Tintin, les [[studios Hergé]] prennent contact avec le producteur du groupe pop français [[Martin Circus]] et son leader, Gérard Blanc, qui accepte d’écrire une chanson sur Tintin : « Notre meilleur copain, c’est Tintin »<ref name=":3" />.
* En 1980, Chantal Goya chante « Comme Tintin » composé par [[Jean-Jacques Debout]], sous le label [[RCA Victor|RCA]] ; d'après [[Fabien Lecœuvre]], Hergé en personne avait demandé à Jean-Jacques Debout d'écrire et composer une chanson sur Tintin pour Chantal Goya<ref name=":3" />{{,}}<ref>[[Fabien Lecœuvre]], ''1 001 histoires secrètes de chansons'', éditions du Rocher, 2017.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |titre=Comme Tintin par Chantal Goya |url=https://www.bide-et-musique.com/song/20749.html |site=bide-et-musique.com |consulté le=2021-08-09}}.</ref>.
 
==== ProjetsJeux inachevésvidéo ====
* 1989 : ''[[Tintin sur la Lune]]'', [[jeu de plateforme]] entrecoupé de pilotage spatial d'[[Infogrames]] pour [[Atari ST]] (cassette et disquette), [[Amiga]] et [[Commodore 64]], ainsi que pour la console [[Amstrad]] [[GX-4000]] sous forme de cartouche.
* 1995 : ''[[Tintin au Tibet (jeu vidéo)|Tintin au Tibet]]'', jeu de plateforme d'Infogrames pour [[Super Nintendo]], puis pour [[Game Boy]], [[Game Gear]], [[Mega Drive]] et [[Compatible PC|PC]] (1996), ainsi que pour [[Game Boy Color]] (2001).
* 1997 : ''[[Tintin : Le Temple du Soleil (jeu vidéo)|Tintin : Le Temple du Soleil]]'', jeu de plateforme d'Infogrames pour [[Super Nintendo]], [[Game Boy]] et [[Compatible PC|PC]], puis pour [[Game Boy Color]] (2001).
* 2001 : ''[[Tintin : Objectif Aventure]]'', jeu d'action-aventure d'Infogrames pour [[PlayStation]] et [[Compatible PC|PC]].
* 2011 : ''[[Les Aventures de Tintin : Le Secret de La Licorne (jeu vidéo)|Les Aventures de Tintin : Le Secret de La Licorne]]'', jeu d'action-aventure développé par [[Ubisoft]] pour [[PlayStation 3]], [[Xbox 360]], [[Compatible PC|PC]], [[Nintendo 3DS]] et [[Wii]], et par [[Gameloft]] pour [[Android]] et [[iOS]]. Tintin est doublé par [[Alexandre Gillet]] dans la version française.
* 2023 : ''Tintin Reporter - Les Cigares du Pharaon'', jeu d'action-aventure point and click développé par [[Pendulo Studios]] et édité par [[Microids]] pour [[Microsoft Windows|Windows]], [[Playstation 4]], [[Xbox One]], [[Nintendo Switch|Switch]], [[Playstation 5]], [[Xbox Series]]. Tintin est doublé par [[Benjamin Bollen]] dans la version française.
 
=== Magasins ===
* En [[1967 au cinéma|1967]], un troisième film avec [[Jean-Pierre Talbot]] était prévu, censé se dérouler en Inde, mais fut finalement annulé.
[[Fichier:Tintin Shop.jpg|thumb|''The Tintin Shop'' à [[Covent Garden]].]]
* Au début des années 2000, le projet d'adapter Tintin au cinéma refit surface. Plusieurs réalisateurs furent pressentis puis démentis, notamment [[Jaco Van Dormael]], [[Jean-Pierre Jeunet]], [[Roman Polanski]], tous trois [[Tintinophilie|tintinophiles]] avérés. Si dans la plupart des cas il s'agit avant tout de rumeurs, Jeunet fut réellement intéressé par le projet, mais en 2002 il annonça qu'il y renonçait : « Le verrouillage des héritiers d'Hergé rend tout trop compliqué, je les ai rencontrés et j'ai compris qu'ils allaient me casser les pieds »<ref>Interview dans ''[[Libération (journal)|Libération]]'' en 2002.</ref>.
Il existe des magasins consacrés à Tintin. Le premier « ''The Tintin Shop'' » a ouvert en 1984 à [[Londres]] ([[Covent Garden]]), puis d'autres magasins ont ouvert dans plusieurs villes, comme [[Bruxelles]], [[Cheverny]], [[Singapour]] ou encore [[Barcelone]]<ref>{{Lien web|url=http://fr.tintin.com/shoplocator|titre=Tintin shop locator|site=tintin.com|consulté le=29 décembre 2022}}.</ref>. On peut y acheter tous les livres dans une variété de langues, des tee-shirts, des tasses et beaucoup d'autres objets à thème.
 
=== TélévisionPostérité ===
=== Succès et reconnaissance de la série ===
* [[1957 à la télévision|1957]]-[[1959 à la télévision|1959]] : ''Les Aventures de Tintin'', série d'animation en noir et blanc initiée par [[Jean Nohain]]<ref>{{Lien web |langue= |titre=Les Aventures de Tintin (1957) |url=http://www.planete-jeunesse.com/fiche-1570-les-aventures-de-tintin-1957.html |date= |site=Planète Jeunesse |consulté le=14 février 2015}}</ref>.
[[Fichier:Musee Herge.JPG|vignette|alt=Vue d'ensemble du musée depuis la passerelle d'accès. Une case d'un album est reproduite sur une façade à gauche, et la signature d'Hergé à l'opposé.|Le [[Musée Hergé]] de [[Louvain-la-Neuve]], en 2013.]]
* [[1961 à la télévision|1961]] : ''[[Les Aventures de Tintin, d'après Hergé]]'', série d'animation de [[Ray Goossens]], produite par [[Belvision]]<ref>{{Lien web |langue= |titre=Les Aventures de Tintin, d'après Hergé |url=http://www.planete-jeunesse.com/fiche-597-les-aventures-de-tintin-d-apres-herge.html |date= |site=Planète Jeunesse |consulté le=14 février 2015}}</ref>.
Dès la première aventure, Tintin rencontre un succès considérable à l'échelle de la Belgique : l'album de ''[[Tintin au pays des soviets]]'' est vendu à {{unité|10000|exemplaires}}{{sfn|Peeters|2006|gr=p|p=89}}. La parution des aventures dans ''[[Le Soir]]'' à partir d'octobre 1940 contribue à augmenter fortement le nombre de ses lecteurs{{sfn|Assouline|1996|gr=a|p=242}}. Des {{nobr|années 1950}} aux {{nobr|années 1960}}, Tintin accède au rang d'icône internationale : les traductions se multiplient, accroissant d'autant plus rapidement les ventes d'albums de la série{{sfn|Sterckx|2015|gr=s|p=94}}. En 1957, la femme de lettres [[Marguerite Duras]] est l'une des premières à évoquer ce phénomène : {{citation|Les albums de Tintin des éditions [[Casterman]] tournent autour du monde. On peut dire qu'il y a une internationale Tintin. Que tous les enfants du monde civilisé ont une culture Tintin avant d'avoir la leur propre, qu'ils boivent le lait Tintin, tous uniformément, comme eau de fontaine<ref>{{article|auteur=[[Marguerite Duras]]|titre=L'internationale Tintin|périodique=[[L'Obs|France-Observateur]]|numéro=373|date=4 juillet 1957|pages=13}}.</ref>}}. L'année suivante, l'hebdomadaire [[Paris Match]] consacre un article à Hergé, puis en 1959, l'écrivain belge [[Pol Vandromme]] est le premier à lui consacrer une [[biographie]], intitulée ''Le Monde de Tintin'' et parue chez [[Éditions Gallimard|Gallimard]]<ref name="assouline le débat">{{article|auteur=[[Pierre Assouline]]|titre=Hergé sacré, sacré Tintin !|périodique=[[Le Débat]]|éditeur=[[Éditions Gallimard|Gallimard]]|pages=132-135|date=mai-août 2017|numéro=195|titre numéro=Le sacre de la bande dessinée|lire en ligne=https://www.cairn.info/revue-le-debat-2017-3-page-132.htm}}.</ref>.
* [[1991 à la télévision|1991]] : ''[[Les Aventures de Tintin (série télévisée d'animation)|Les Aventures de Tintin]]'', série d'animation de [[Stéphane Bernasconi]], produite par [[Ellipse Animation|Ellipse]] et [[Nelvana]]<ref>{{Lien web |langue= |titre=Les Aventures de Tintin |url=http://www.planete-jeunesse.com/fiche-364-les-aventures-de-tintin.html |date= |site=Planète Jeunesse |consulté le=14 février 2015}}</ref>.
 
''[[Les Bijoux de la Castafiore]]'', qui paraît en 1963, accède au {{citation|statut d'album pour intellectuels}}<ref name="assouline le débat"/>, célébré par le philosophe [[Michel Serres]] qui lui consacre une étude de treize pages dans la revue ''[[Critique (revue)|Critique]]'' en 1970 sous le titre ''Les Bijoux distraits ou la cantatrice sauve'', puis par [[Benoît Peeters]] dans l'essai ''Les Bijoux ravis'' en 1984<ref name="assouline le débat"/>. Hergé reçoit non seulement les hommages de la profession, comme au premier congrès international de la bande dessinée à [[New York]] en 1972, il est désormais considéré comme un {{citation|créateur littéraire majeur}}<ref name="marion le débat">{{article|auteur=[[Jean-Luc Marion]]|titre=Tintin comme système|sous-titre=Esquisse d'une interprétation|périodique=Le Débat|éditeur=[[Éditions Gallimard|Gallimard]]|date=mai-aôut 2017|numéro=195|titre numéro=Le sacre de la bande dessinée|pages=143-158|lire en ligne=https://www.cairn.info/revue-le-debat-2017-3.htm}}.</ref>, comme en témoigne son invitation sur le plateau d'''[[Apostrophes]]'' en {{date-|janvier 1979}}, à l'occasion du cinquantième anniversaire de la série<ref name="assouline le débat"/>. Dès lors, les ''Aventures de Tintin'' soulèvent de nombreuses [[exégèse]]s et de mutliples [[thèse]]s universitaires. L'ouverture du [[musée Hergé]] à [[Louvain-la-Neuve]] en 2009 consacre autant la carrière du dessinateur que l'ensemble de son œuvre, tandis que des expositions dédiées à Tintin sont régulièrement organisées dans les musées du monde entier<ref name="assouline le débat"/>.
=== Jeux vidéo ===
* 1989 : ''[[Tintin sur la lune]]'', jeu de plates-formes entrecoupé de pilotage spatial pour [[Atari ST]] (cassette et disquette), [[Amiga]] et [[Commodore 64]], ainsi que sur la console Amstrad [[GX-4000]] sous forme de cartouche.
* 1994 : ''[[Tintin au Tibet (jeu vidéo)|Tintin au Tibet]]'', jeu de plates-formes d'[[Infogrames]] pour [[Super Nintendo]] puis sur [[Game Boy]] (1995) ainsi que sur GameBoy Color en 2001. Jeu de plates-formes ([[Infogrames]])
* 1995 : ''[[Tintin au Tibet (jeu vidéo)|Tintin au Tibet]]'', jeu de plates-formes d'Infogrames pour [[Mega Drive]].
* 1997 : ''[[Tintin : Le Temple du Soleil (jeu vidéo)|Tintin : Le Temple du Soleil]]'', jeu de plates-formes d'Infogrames pour [[Super Nintendo]] et [[compatible PC|PC]] puis pour [[Game Boy Color]] (2001)
* 2001 : ''[[Tintin Objectif Aventure]]'', jeu d'action-aventure pour [[PlayStation]] et [[compatible PC|PC]].
* 2011 : ''[[Les Aventures de Tintin : Le Secret de La Licorne (jeu vidéo)|Le Secret de la Licorne]]'', [[Ubisoft]]
* 2012 : ''Les Aventures de Tintin'', [[Gameloft]]
 
En 2008, la douzième planche de ''[[L'Affaire Tournesol]]'' intègre les collections permanentes du [[Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou|centre Georges-Pompidou]] et devient ainsi la première planche de bande dessinée à rejoindre l'inventaire de ce musée. Deux ans plus tard, elle représente le [[Classification des arts|{{9e|Art}}]] lors de l'exposition ''Chefs-d'œuvre ?'' au [[centre Pompidou-Metz]] qui rassemble les grandes figures de l'histoire de l'art du {{s-|XX}}<ref name="laffage">{{article|auteur1=Sébastien Laffage-Cosnier|auteur2=Jean-François Loudcher|auteur3=Christian Vivier|titre=La guerre et ses représentations dans la bande dessinée : La destinée du héros sportif chez Pellos dans le journal ''Junior'' (1938-1940)|périodique=Modern & Contemporary France|volume=20|année=2012|pages=287-305}}.</ref>.
=== Magasins ===
[[File:Tintin Shop.jpg|thumb|''The Tintin Shop'' à [[Covent Garden]].]]
Il existe des magasins consacrés à Tintin. Ils sont appelés « ''The Tintin Shop'' ». Le premier a ouvert en 1984 à Londres ([[Covent Garden]]) et les autres sont situés à [[Bruxelles]] (''La Boutique de Tintin''), [[Bruges]], [[Toulouse]], [[Cheverny]] et [[Montpellier]]. On peut acheter tous les livres dans une variété des langues, des T-shirts, des tasses et beaucoup d'autres choses à thème.
 
=== ParodiesHommages et récompenses ===
En 2006, la [[Studios Hergé|Fondation Hergé]] reçoit le [[prix Lumière de la vérité]], décerné par le [[Tenzin Gyatso|dalaï-lama]], chef temporel et spirituel du [[Administration centrale tibétaine|gouvernement tibétain en exil]], en récompense de sa contribution significative à la reconnaissance internationale de ce territoire, à travers l'album ''[[Tintin au Tibet]]'', paru en 1960<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Françoise Pommaret]]|titre=Le Tibet|sous-titre=Une civilisation blessée|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions Gallimard|Gallimard]]|collection=[[Découvertes Gallimard]]|série=Histoire|numéro dans collection=[[Liste des volumes de « Découvertes Gallimard » (2e partie)|427]]|année=2002|pages totales=160|isbn=2-07-076299-8|isbn2=9782070762996}}.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|titre=Tintin|sous-titre=Les peuples du monde vus par le héros d'Hergé… et leur réalité aujourd'hui|éditeur=[[Geo (magazine)|Geo]]|année=2017|passage=126-140}}.</ref>.
 
En 2012, ce même album est classé au premier rang du classement des cinquante BD essentielles établi par le magazine ''[[Lire (revue)|Lire]]''<ref>{{lien web|auteur=Julien Bisson|url=http://www.lexpress.fr/culture/livre/bd/tintin-au-tibet-par-herge_1189048.html|titre=La meilleure de toutes les BD : Tintin au Tibet, par Hergé|site=Lire.fr|éditeur=[[Lire (revue)|Lire]]|date=23 novembre 2012|consulté le=31 mars 2023|brisé le = 2023-11-21}}.</ref>. ''[[Le Lotus bleu]]'' figure pour sa part à la dix-huitième place du classement des [[Les cent livres du siècle|Cent livres du siècle]] établi en 1999 par une consultation populaire, à partir d'une liste proposée par des journalistes du ''[[Le Monde|Monde]]'' et des libraires de la [[Fnac]]<ref>{{lien web|url=https://www.lemonde.fr/archives/article/1999/03/19/les-cent-du-siecle_3562267_1819218.html|titre=Les Cent du siècle|site=''[[Le Monde]]''|date=19 mars 1999|consulté le=14 décembre 2022}}.</ref>.
 
Le [[parcours BD de Bruxelles]] comprend une fresque dédiée à ''Tintin''. Située dans la [[Rue de l'Étuve (Bruxelles)|rue de l'Étuve]], elle reproduit une case de ''L'Affaire Tournesol'', montrant le capitaine et Tintin s'échappant par l'escalier de service de l'hôtel où ils sont surveillés par les agents [[Bordurie|bordures]]<ref name="fresques">{{lien web|url=https://www.tintin.com/fr/news/5691/se-promener-avec-tintin-a-bruxelles#|titre=Se promener avec Tintin à Bruxelles|site=tintin.com|éditeur=[[Tintinimaginatio]]|date=13 janvier 2022|consulté le=30 mars 2023}}.</ref>. Une autre fresque, qui reproduit une case de ''[[Tintin en Amérique]]'' montrant le héros accroché à une locomotive, figure aux abords de la [[gare de Bruxelles-Midi]]. Elle est réalisée à l'occasion du centième anniversaire de la naissance d'Hergé, en 2007<ref name="fresques"/>. Deux fresques présentant de nombreux personnages de la série ornent les murs de la station de métro [[Stockel (métro de Bruxelles)|Stockel]] à Bruxelles, tandis que le [[Centre culturel d'Uccle]] abrite une statue de Tintin réalisée par le sculpteur belge [[Nat Neujean]]<ref name="fresques"/>.
 
La ville de [[Saint-Nazaire]], en collaboration avec l'association « Les 7 soleils », installe en 1992 un circuit en sept étapes<ref>{{lien web|url=https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/saint-nazaire-44600/tintin-fait-escale-a-saint-nazaire-depuis-30-ans-c77a6724-bb2e-11ec-9b9e-5179f805a905|titre=Tintin fait escale à Saint-Nazaire depuis 30 ans|auteur=Denis Riou|site=''[[Ouest-France]]''|date=13 avril 2022|consulté le=15 février 2023}}.</ref> qui rend hommage aux ''[[Les Sept Boules de cristal|Sept Boules de cristal]]'', dont une partie de l'action se déroule dans cette ville<ref name="st naz">{{chapitre|auteur=Laurent Beauvallet|titre chapitre=Dans les pas de Tintin, un circuit en sept étapes|titre ouvrage={{harvsp|id=Mer|texte=Tintin et la mer}}|passage=95}}.</ref>.
 
=== Influences ===
==== Parodies et pastiches ====
{{Article connexe|Pastiches et éditions pirates de Tintin|Les Aventures de Saint-Tin et son ami Lou}}
Il existe plusieurs parodies[[parodie]]s de Tintin, dont ''Tintin en Suisse'', publiée aux éditions Sombrero, qui utilise des mots [[Obscénité|obscènes]] et de la [[pornographie]]<ref>{{Lien web|url=http://tintinpirates.free.fr/Suisse.htm|titre=''Tintin en Suisse''|site=http://tintinpirates.free.fr|consulté le=13 septembre 2010}}.</ref>. La série ''[[Les Aventures de Saint-Tin et son ami Lou]]'', initiée par [[Gordon Zola]] et complétée par [[Bob Garcia]] et [[Pauline Bonnefoi]], est également un [[pastiche]] de la bande dessinée.
 
En 2007, Antonio Altarriba publie un album [[Parodie|parodique]] intitulé ''[[Le Lotus rose]]'', dans lequel il imagine [[Tintin]] comme un trentenaire à la vie dissolue, tandis que les autres personnages des ''Aventures de Tintin'' ont tous évolué négativement. L'album est finalement retiré de la vente à la demande de la [[Tintinimaginatio|société Moulinsart]]<ref>{{lien web|auteur=Diane Cambon|titre=Le succès espagnol d'un Tintin interdit|url=https://www.lefigaro.fr/livres/2008/08/20/03005-20080820ARTFIG00268-le-succes-espagnol-d-un-tintin-interdit-.php|site=''[[Le Figaro]]''|date=20 août 2008|consulté le=29 décembre 2022}}.</ref>
 
Tintin est aussi parodié dans le film d'animation ''[[Le Chat du rabbin (film, 2011)|Le Chat du rabbin]]'', lors de son voyage au Congo.
 
==== AutresBande dessinée ====
[[Fichier:Tanquerelle Hervé Vertigo.jpg|vignette|alt=Photographie d'un homme portant des lunettes et un chapeau, lisant une bande dessinée qu'il tient dans les mains, devant un mannequin en carton à l'effigie du capitaine.|Le dessinateur [[Hervé Tanquerelle]] posant devant l'effigie du capitaine.]]
[[File:OO-SNB LLBG 10-04-2015a.jpg|thumb|L'[[Airbus A320]] ''Rackham'' de [[Brussels Airlines ]].]]
Le succès de la série en fait une référence pour plusieurs générations d'auteurs et de dessinateurs. Parmi les références à la culture [[Belgique|belge]] glissées par [[René Goscinny]] et [[Albert Uderzo]] dans ''[[Astérix chez les Belges]]'', publié en 1979, les Dupondt font une brève apparition dans la dernière case de la {{27e|planche}}. Ils y annoncent l'arrivée de [[Jules César]] selon leur mode d'expression caractéristique : {{Citation|Jules César est arrivé en Belgique. ― Je dirais même plus : Cules Jésar est arrivé en Gelbique.}} La forme et le lettrage de la bulle reprennent ceux adoptés par [[Hergé]]<ref>{{Lien web|url=https://www.asterix.com/la-collection/les-albums/asterix-chez-les-belges/|titre=Astérix chez les Belges|site=asterix.com|consulté le=14 janvier 2023}}.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|auteur1=[[René Goscinny]]|responsabilité1=scnéario|auteur2=[[Albert Uderzo]]|responsabilité2=dessin|titre=Astérix chez les Belges|éditeur=[[Les Éditions Albert René]]|année=2012|année première édition=1979|tome=24|passage={{Nobr|planche 27}}|isbn=978-2-01210-156-2}}.</ref>. Les deux détectives sont également parodiés dans l'album ''[[Jesse James (Lucky Luke)|Jesse James]]'', {{52e|histoire}} de la série ''[[Lucky Luke]]'', sous les traits de deux policiers-détectives de l'[[Pinkerton National Detective Agency|agence Pinkerton]], nommés Cosmo Smith et Fletcher Jones<ref name="lucky luke">{{Ouvrage|titre=Les personnages de Lucky Luke et la véritable histoire de la conquête de l'ouest|éditeur=''[[Historia (revue)|Historia]]''|mois=juillet|année=2013|isbn=979-10-90956-13-1|pages totales=130}}.</ref>. Ces deux personnages réapparaissent aux côtés de leur patron Allan Pinkerton dans l'album ''[[Lucky Luke contre Pinkerton]]''<ref name="lucky luke"/>.
La compagnie aérienne belge [[Brussels Airlines]] a signé un partenariat avec Moulinsart SA afin de parer l'un de ses avions de l'image du héros d'Hergé. L'[[Airbus A320]] immatriculé OO-SNB, rebaptisé ''Rackham'' pour l'occasion, a ainsi reçu une livrée unique montrant Tintin et Milou dans une scène extraite de l'album ''[[Le Trésor de Rackham le Rouge]]'', qu'il portera de 2015 à 2019. À bord, l'album ''[[Le Trésor de Rackham le Rouge]]'' est mis à la disposition des passagers en français, néerlandais et anglais<ref>{{Lien web|langue = anglais|url=http://www.dailymail.co.uk/travel/travel_news/article-2997410/Plane-inspired-childhood-cartoon-Tintin-unveiled-Brussels.html|titre=''Crumbs! Tintin embarks on a new adventure with Brussels Airlines... as his cartoon decorates plane (and yes, Snowy is on board too)''|site=dailymail.co.uk|consulté le=21 juillet 2015}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue = français|url=http://www.brusselsairlines.com/fr-be/misc/meet_rackham.aspx|titre=''Nous vous présentons... Rackham.''|site=brusselsairlines.com|consulté le=21 juillet 2015}}</ref>.
 
En 2010, l'auteur américain [[Charles Burns]] publie ''{{lang|en|Toxic}}'', un roman graphique qui multiplie les références à ''[[L'Étoile mystérieuse]]''. Le héros de ce récit découvre des œufs blancs avec des taches rouges semblables aux champignons dessinés par Hergé. Ces œufs sont d'ailleurs repris sur la couverture du livre<ref>{{article|auteur=Laurence Le Saux|lire en ligne=https://www.telerama.fr/livre/la-bedetheque-ideale-66-calavera-la-fin-du-cauchemar-en-couleur-de-charles-burns,117814.php|titre=La bédéthèque idéale #66 : “Calavera”, la fin du cauchemar en couleur de Charles Burns|date=9 octobre 2014|périodique=''[[Télérama]]''|consulté le=20 mars 2021}}.</ref>{{,}}<ref>{{article|lang=en|lire en ligne=https://www.latimes.com/archives/la-xpm-2010-nov-19-la-et-book-20101119-story.html|titre=Book review: ‘X’ed Out’ by Charles Burns|auteur=Ben Schwartz|périodique=''[[Los Angeles Times]]''|date=19 novembre 2010|consulté le=20 mars 2021}}.</ref>.
 
[[Riad Sattouf]] explique que le personnage principal de sa série ''[[Pascal Brutal]]'', publiée entre 2006 et 2014, est inspiré d'un mélange entre le [[capitaine Haddock]] et des héros de films américains des {{nobr|années 1980}} comme [[Sylvester Stallone]] et [[Arnold Schwarzenegger]]<ref>{{lien web|url=https://maze.fr/2019/02/riad-sattouf-le-dessin-ecrit/|titre=Riad Sattouf, le dessin écrit|auteur=Marthe Chalard-Malgorn|site=maze.fr|date=12 février 2019|consulté le=18 janvier 2022}}.</ref>. Il en est de même pour l'un des personnages de ''[[Groenland Vertigo]]'', un album réalisé par [[Hervé Tanquerelle]] en 2017 et qui rend hommage à l'univers de ''Tintin'', en particulier l'aventure de ''[[L'Étoile mystérieuse]]''<ref>{{lien web|url=https://www.liberation.fr/livres/2017/01/25/groenland-vertigo-l-arctique-indefini_1544008/|titre=«Groenland Vertigo», l’Arctique indéfini|auteur=Quentin Girard|date=25 janvier 2017|site=[[Libération (journal)|Libération]]|consulté le=18 janvier 2022}}.</ref>. Haddock apparaît également accoudé à une table de bar, à l'arrière-plan d'une case du premier tome de ''[[La Vallée des Immortels]]'', la dix-neuvième aventure de ''[[Blake et Mortimer]]'', parue en 2018<ref>{{chapitre|titre chapitre=Connaissez-vous vraiment Blake et Mortimer ?|titre ouvrage=Les voyages de Blake et Mortimer|sous-titre ouvrage=Deux aventuriers à travers le monde|éditeur=[[Prisma Media|Prisma]]|collection=[[Geo (magazine)|Geo]]|mois=novembre|année=2022|pages totales=144|isbn=978-2-8104-3733-7|passage=142-143}}.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|auteur1=[[Yves Sente]]|responsabilité1=scénario|auteur2=[[Teun Berserik]]|responsabilité2=dessin|auteur3=[[Peter van Dongen]]|responsabilité3=dessin et couleurs|titre=La Vallée des Immortels|tome=I|éditeur=[[Éditions Blake et Mortimer]]|année=2018|mois=novembre|jour=16|passage={{nobr|planche 36}}|isbn=978-2-87097-244-1|isbn2=2-87097-244-X}}.</ref>.
 
Les différents auteurs de cette série multiplient d'ailleurs les hommages à l'univers de Tintin. La couverture de ce même album est un hommage appuyé à la scène du pousse-pousse dans ''[[Le Lotus bleu]]''<ref>{{lien web|url=http://bdzoom.com/135199/lart-de/%c2%ab-blake-et-mortimer-t25-la-vallee-des-immortels-t1-%c2%bb-par-peter-van-dongen-teun-berserik-et-yves-sente/|titre=« Blake et Mortimer T25 : La Vallée des immortels T1 » par Peter Van Dongen, Teun Berserik et Yves Sente|auteur=Philippe Tomblaine|site=[[BDZoom]]|date=13 janvier 2018|consulté le=31 mars 2023}}.</ref>, tandis que le personnage de [[Tchang (Tintin)|Tchang]]<ref>{{lien web|url=https://www.lematin.ch/story/blake-et-mortimer-s-embourbent-dans-la-jungle-835582876568|titre=Blake et Mortimer s'embourbent dans la jungle|site=''[[Le Matin (Suisse)|Le Matin]]''|date=22 novembre 2019|consulté le=31 mars 2023}}.</ref>. Dans ''[[L'Onde Septimus]]'', [[Tintin]] apparaît à l'arrière-plan d'une case, vraisemblablement bloqué à la douane<ref>{{lien web|url=http://www.bloglagruyere.ch/2013/12/18/londe-septimus-dommage-trop-dhommages/|titre=L'onde Septimus, dommage, trop d'hommages|auteur=Christophe Dutoit|site=''[[La Gruyère]]''|date=18 décembre 2013|consulté le=31 mars 2023}}.</ref>. Le restaurant syldave ''Klow'', situé à [[Bruxelles]] dans ''[[Le Sceptre d'Ottokar]]'', de même que son patron Kroïszvitch{{sfn|Mozgovine|1992|p=130}}, font une apparation dans la dix-neuvième planche de ''[[La Machination Voronov]]''<ref>{{Lien web|url=http://www.bdparadisio.com/albums/voronov/blakrec.htm|titre=Blake et Mortimer : La Machination Voronov par Juillard et Sente|site=[[BDParadisio|bdparadisio.com]]|consulté le=20 janvier 2021}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|url=http://www.revue-democratie.be/index.php?option=com_content&view=article&id=30:la-machination-mortimer-par-pierre-georis&catid=9&Itemid=134|titre=La machination Mortimer|auteur=Pierre Georis|site=revue-democratie.be|consulté le=20 janvier 2021}}.</ref>{{,}}<ref>{{ouvrage|titre=La Machination Voronov|auteur1=[[Yves Sente]]|responsabilité1=scénariste|auteur2=[[André Juillard]]|responsabilité2=illustrateur|éditeur=[[Éditions Blake et Mortimer]]|lieu=Bruxelles|année=2008|année première édition=2000|isbn=9782870970577}}.</ref>. Le restaurateur syldave bénéficie d'un autre clin d'œil dans la bande dessinée : dans le cinquième tome de la série ''[[Lou !]]'', ''[[Laser Ninja]]'', le professeur de syldave de la mère de l'héroïne est son sosie<ref>{{article|titre=Tintin au pays des Soviets|périodique=[[L'Équipe]]|date=3 juillet 2018}}.</ref>.
 
En 2022, dans l'album ''[[Spirou chez les fous]]'', réalisé par [[Jul (auteur)|Jul]] et [[Libon]] pour les éditions [[Dupuis]], [[Spirou (personnage)|Spirou]] retrouve [[Fantasio (personnage)|Fantasio]] à l'hôpital psychiatrique d'[[Angoulême]], quand celui-ci, manifestement atteint de folie, se prend pour le capitaine Haddock<ref>{{lien web|url=https://www.rtbf.be/article/bd-spirou-chez-les-fous-11130946|titre=BD : Spirou chez les fous|auteur=Denis Marc|site=[[Radio-télévision belge de la Communauté française|RTBF]]|date=3 janvier 2023|consulté le=24 janvier 2023}}.</ref>.
 
==== Cinéma, musique et télévision ====
Le film ''[[L'Homme de Rio]]'', sorti en 1964 et réalisé par [[Philippe de Broca]], avec [[Jean-Paul Belmondo]] dans le rôle-titre, est reconnu comme étant largement inspiré de la série des ''Aventures de Tintin'', et plus particulièrement de ''[[L'Oreille cassée]]''{{sfn|Peeters|2006|gr=p|p=472}}{{,}}<ref>{{lien web|url=https://www.lefigaro.fr/cinema/a-voir-ou-a-revoir-l-homme-de-rio-belmondo-sur-le-fil-de-tintin-20200405|titre=À voir ou à revoir : L'Homme de Rio, Belmondo sur le fil de Tintin|auteur=Bertrand Guyard|site=''[[Le Figaro]]''|date=5 avril 2020|consulté le=25 janvier 2022}}.</ref>.
 
La [[série télévisée]] française ''[[Le Bureau des légendes]]'', diffusée entre 2015 et 2020 sur [[Canal+]], rend hommage à la série, et plus particulièrement au [[capitaine Haddock]] : les noms de code des membres de l'équipe sont tous extraits de la [[Vocabulaire du capitaine Haddock|liste des jurons du capitaine]]<ref>{{lien web|url=https://www.francetvinfo.fr/culture/bd/neuf-choses-a-savoir-sur-le-capitaine-haddock-qui-fete-en-2021-ses-80-ans_4246901.html|titre=Neuf choses à savoir sur le capitaine Haddock|site=[[France Info (chaîne de télévision)|France Info]]|date=7 janvier 2021|auteur=Laurence Houot|consulté le=18 janvier 2022}}.</ref>. De même, l'acteur et réalisateur [[Bruno Podalydès]], grand admirateur des ''Aventures de Tintin'', y fait référence dans son film ''[[Dieu seul me voit (Versailles-Chantiers)]]'', en 1998 : le héros emmène une amie dans un restaurant syldave qui est la parfaite reconstitution du ''Klow'' du ''Sceptre d'Ottokar'', avec le même serveur moustachu au gilet à carreaux<ref>{{Lien web|url=https://www.letemps.ch/culture/tintin-pays-zubrowes|auteur=Antoine Duplan|titre=Tintin au pays des Zubrowes|site=letemps.ch|éditeur=''[[Le Temps (quotidien suisse)|Le Temps]]''|date=25 février 2014|consulté le=19 janvier 2021}}.</ref>.
 
Par ailleurs, le chanteur [[Leeroy]] écrit une chanson intitulée ''Capitaine Haddock'' pour son album ''Noir fluo'', sorti en 2016, qu'il interprète avec [[Tété]]<ref>{{lien web|url=https://musikplease.com/leeroy-noir-fluo-60561/|titre=Leeroy garde l’esprit des Saïan|site=musikplease.com|date=13 février 2016|consulté le=17 janvier 2023|brisé le = 2023-11-21}}.</ref>. Le musicien allemand [[Klaus Schulze]], pionnier de la [[musique électronique]], rend hommage à la série dans une composition de près de vingt minutes, intitulée ''L'Affaire Tournesol''<ref name=klaus>{{Lien web|titre=Klaus Schulze – La Vie Electronique 8|url=https://www.discogs.com/fr/Klaus-Schulze-La-Vie-Electronique-8/release/10190099|site=discogs.com|consulté le=31 mars 2023}}.</ref>.
 
==== Politique ====
En 1997, à l'initiative de [[Dominique Bussereau]], un groupe de [[Assemblée nationale (France)|députés français]] crée le « Club des parlementaires tintinophiles »<ref>{{lien web|url=https://www.leparisien.fr/politique/le-groupe-tintin-08-11-2002-2003553540.php|auteur=Ludovic Vigogne|titre=Le groupe Tintin|site=''[[Le Parisien]]''|date=8 novembre 2002|consulté le=2 avril 2023}}.</ref>{{,}}<ref>{{lien web|url=https://www.europe1.fr/culture/dominique-bussereau-tintin-tout-le-monde-sy-retrouve-3924802|auteur=Rémi Duchemin|titre=Dominique Bussereau : "Tintin, tout le monde s’y retrouve"|site=[[Europe 1]]|date=11 octobre 2019|consulté le=2 avril 2023}}.</ref>. Le {{date-|25 octobre 2011}}, dans la salle Victor-Hugo de l'[[Assemblée nationale (France)|Assemblée nationale]] à Paris, le club alors présidé par [[Serge Grouard]] organise un colloque intitulé « Tintin et la poudrière borduro-syldave ». À cette occasion, plusieurs orateurs comme les anciens ministres [[André Santini]] et [[Hubert Védrine]], l'ambassadeur d'Allemagne Reinhard Schäfers, ou encore le député [[Louis Giscard d'Estaing]] expriment leurs vues de manière humoristique et parodique sur cette crise internationale<ref>{{article|auteur=[[Pierre Assouline]]|titre=A l'Assemblée, les tintinophiles font un sacré tintouin|périodique=''[[Le Monde]]''|date=27 octobre 2011|consulté le=2 avril 2023}}.</ref>{{,}}<ref>{{article|auteur=Daniel Hoffamnn|titre=Mardi, députés et diplomates ont (vraiment) joué à Tintin|périodique=[[Le Nouvel Observateur]]|date=26 octobre 2011|consulté le=2 décembre 2020}}.</ref>.
 
Les références à Tintin ne manquent pas dans le monde politique. En {{date-|décembre 2007}}, à l'occasion de la visite à [[Paris]] du dirigeant libyen [[Mouammar Kadhafi]], le journaliste du ''[[Le Monde|Monde]]'' [[Dominique Dhombres]] fait référence au personnage d'[[Abdallah (Tintin)|Abdallah]] en établissant un parallèle avec le campement de la suite du jeune prince dans le frand salon du château de Moulinsart, dans ''[[Coke en Stock]]'', et l'installation d'une [[Khaïma|tente bédouine]] sur la pelouse de l'[[hôtel de Marigny]] à la demande du chef d'État libyen<ref>{{lien web|auteur=[[Dominique Dhombres]]|titre=Le petit Abdallah campe à Moulinsart|site=lemonde.fr|périodique=[[Le Monde]]|date=10 décembre 2007|consulté le=29 décembre 2021|url=https://www.lemonde.fr/idees/article/2007/12/11/le-petit-abdallah-campe-a-moulinsart-par-dominique-dhombres_988376_3232.html}}.</ref>.
 
Le [[sparadrap]] qui colle aux doigts du capitaine dans ''[[L'Affaire Tournesol]]'', et symbolise la figure de l'{{citation|l'homme rattrapé par ses actes}}, a donné naissance à l'expression « le sparadrap du capitaine Haddock », passée dans le langage courant et parfois utilisée par des journalistes politiques<ref name="sparadrap">[[Christophe Barbier]], ''Le gag du sparadrap : la métaphore de l'éternel retour'', in {{harvsp|id=Rire|texte=Le rire de Tintin|2014|p=82-85}}.</ref>. Ainsi, la journaliste Jannick Alimi compare la campagne de l'[[élection présidentielle française de 2017]] à ''L'Affaire Tournesol''<ref>{{Lien web |langue=fr |auteur=Jannick Alimi |titre=Le sparadrap du Capitaine Haddock s'invite dans la campagne présidentielle |url=https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/histoires-politiques/le-sparadrap-du-capitaine-haddock-s-invite-dans-la-campagne-presidentielle-9628041 |site=[[France Inter]] |date=2017-02-13 |consulté le=2023-02-13}}.</ref>.
 
==== Autres ====
[[Fichier:Brussels Airlines (Tintin), Airbus A320-214, OO-SNB (30766654261).jpg|vignette|gauche|alt=Photographie en couleur d'un avion à l'arrêt sur le tarmac.|L'avion {{citation|Rackham}}.]]
En 2015, la compagnie belge [[Brussels Airlines]] met en service un avion [[Airbus A320]] baptisé {{citation|Rackham}}, sur le fuselage duquel est peint un requin noir long de {{unité|37|mètres}} inspiré du sous-marin mis au point par le professeur Tournesol dans ''[[Le Trésor de Rackham le Rouge]]'', accompagné du visage de Tintin. Conçu par l'artiste André Eisele, ce décor réalisé dans un chantier à [[Ostrava]], en [[Tchéquie]], nécessite environ {{unité|1500|heures}} de travail. Destiné à promouvoir la culture belge à l'international, cet avion réalise son vol d'essai le {{date-|16 mars 2015}} entre [[Bruxelles]] et [[Toulouse]]<ref>{{lien web|url=https://www.latribune.fr/entreprises-finance/services/transport-logistique/brussels-airlines-fait-voler-tintin-sur-son-airbus-461249.html|titre=Brussels Airlines fait voler Tintin sur son Airbus|site=latribune.fr|périodique=[[La Tribune (France, 1985)|La Tribune]]|date=16 mars 2015|consulté le=12 mars 2021}}.</ref>. À bord, l'album est mis à la disposition des passagers en français, néerlandais et anglais<ref>{{Lien web|langue=en|url=http://www.dailymail.co.uk/travel/travel_news/article-2997410/Plane-inspired-childhood-cartoon-Tintin-unveiled-Brussels.html|titre=''Crumbs! Tintin embarks on a new adventure with Brussels Airlines… as his cartoon decorates plane (and yes, Snowy is on board too)''|site=dailymail.co.uk|consulté le=21 juillet 2015}}.</ref>.
 
[[Fichier:La plus grande bande dessinée sur la Grand Place de Bruxelles en 2009 - panoramio.jpg|vignette|alt=Vue panoramique d'une planche géante montrant une fusée sur sa tour de montage, au centre de la Grand Place de Bruxelles, les spectateurs étant séparés de l'image par des barrières.|La plus grande planche de bande dessinée du monde, en 2009.]]
En 2009, dans le cadre de l'« année de la bande-dessinée à [[Bruxelles]] », une reproduction agrandie d'une planche d{{'}}''[[Objectif Lune]]'' est installée temporairement sur la [[Grand-Place de Bruxelles|Grand-Place]]. D'une dimension de {{unité|32|m}} de haut et {{unité|21|m}} de large, elle établit alors le record de la « plus grande planche de BD du monde »<ref>{{Lien web|auteur=Morgan Di Salvia|titre=Bruxelles BD 2009 : la plus grande planche de BD du monde|url=https://www.actuabd.com/Bruxelles-BD-2009-la-plus-grande-planche-de-BD-du-monde|date=8 mai 2009|site=[[Actua BD]]|consulté le=2 avril 2023}}.</ref>.
 
En 1991, une réplique miniature de la fusée lunaire du professeur Tournesol, baptisée pour l'occasion RG1, est lancée depuis le village belge de [[Henri-Chapelle]]<ref>{{lien web|url=https://www.lesoir.be/art/%252Fla-replique-fidele-de-la-fusee-de-tintin-a-henri-chapel_t-19910812-Z049EW.html|auteur=Franck Destrebecq|titre=La réplique fidèle de la fusée de Tintin à Henri-Chapelle|site=''[[Le Soir]]''|date=12 août 1991|consulté le=2 avril 2023}}.</ref>. En 1998, des étudiants en deuxième année de [[Brevet de technicien supérieur|BTS]] construction navale du [[Cité scolaire de Saint-Nazaire|lycée Aristide-Briand de Saint-Nazaire]] conçoivent une réplique du sous-marin inventé par le professeur pour explorer l'épave de ''[[La Licorne (bateau)|La Licorne]]'' dans ''[[Le Trésor de Rackham le Rouge]]''. Des étudiants de l'Institut de créativité industrielle, de l'[[Agence nationale pour la formation professionnelle des adultes]] (AFPA) ainsi que des peintres des [[Chantiers de l'Atlantique]] sont associés au projet. L'objet est d'abord exposé à [[Saint-Nazaire]] l'année suivante, avant de figurer dans plusieurs expositions consacrées à l'univers de Tintin à travers l'Europe, puis de rejoindre définitivement les collections du [[Musée Hergé]] à [[Louvain-la-Neuve]]<ref>Laurent Beauvallet, ''Un requin à Saint-Nazaire'', in {{harvsp|id=Mer|texte=Tintin et la mer|2014|p=111}}.</ref>.
 
En fonction de 1975 à 1980, une attraction dénommée ''[[Le Secret de La Licorne (Walibi Belgium)|Le Temple du Soleil]]'' dans le parc belge [[Walibi Belgium|Walibi]] reconstitue le récit par le moyen d'une [[barque scénique]] pour les visiteurs<ref name="Walibi1">{{Ouvrage|prénom1=Eddy|nom1=Meeùs|titre=Hors des sentiers battus|sous-titre=Du Kivu à Walibi|lieu=Beersel|éditeur=Éditions Clepsydre|année=2002|mois=Septembre|numéro d'édition=D/2002/8166/2|pages totales=349|isbn=2-930304-07-3|consulté le=4 mars 2018}}.</ref>. Une autre attraction, en fonction de 1980 à 1995, reconstitue l'aventure du ''[[Le Secret de La Licorne]]''<ref name="Walibi1"/>.
 
Les personnages de Tintin sont parfois mis en scène pour des événements publics ou culturels, à l'image du roi de [[Syldavie]], {{Souverain-|[[Muskar XII]]}}, qui, en 2000, préside le gala Castafiore organisé par l'association des Pélicans noirs au [[Grand-Théâtre (Bordeaux)|Grand-Théâtre]] de [[Bordeaux]]<ref name="7soleils">{{lien web|url=http://www.7soleils.org/?L-esplanade-du-professeur-Tournesol-inauguree-en-presence-du-roi-Muskar-XII|auteur=Jean-Claude Chemin|titre=L'esplanade du professeur Tournesol inaugurée en présence du roi Muskar XII|site=Les 7 Soleils|date=19 octobre 2010|consulté le=6 février 2022}}.</ref>. En 2010, dans la même ville, un {{Souverain-|Muskar XII}} de composition prononce un discours lors de l'inauguration de l'Esplanade du [[professeur Tournesol]], aux côtés du maire [[Alain Juppé]]<ref>{{lien web|auteur=Étienne Latry|url=https://www.sudouest.fr/2010/10/17/tournesol-a-l-honneur-214146-625.php?nic|titre=Tryphon Tournesol à l'honneur|site=[[Sud Ouest]]|date=17 octobre 2010|consulté le=6 février 2022}}.</ref>{{,}}<ref name="7soleils"/>. En 2012, le faux roi assiste à la première interprétation de l'hymne national syldave créé par l'[[Opéra national de Bordeaux|Opéra de Bordeaux]]<ref>{{Lien web|auteur=Daniel Couvreur|titre=Tintin à l’opéra : « Réjouis-toi Syldave ! »|date=5 janvier 2012|url=https://www.lesoir.be/art/tintin-a-l-8217-opera-rejouis-toi-syldave-_t-20120105-01R3HY.html|site=[[Le Soir]]|consulté le=6 février 2022}}.</ref>.
 
== Notes et références ==
Ligne 348 ⟶ 812 :
 
=== Références ===
* [[Pierre Assouline]], ''Hergé'', 1996 :
{{Références|taille=20|groupe=a}}
 
* Geoffroy Kursner, ''Hergé et la presse'', 2021 :
{{Références | colonnes = 2 | références =
{{Références|taille=20|groupe=k}}
<ref name="Rivet 2014">{{Article|langue=fr|prénom1=Jérôme|nom1=Rivet|titre=''{{lang|fr|Tintin, le héros qui parle plus de 100 langues}}''|périodique=La Presse|lien périodique=La Presse (Montréal)|jour=29|mois=janvier|année=2014|url texte=http://www.lapresse.ca/arts/livres/bd-et-livres-jeunesse/201401/29/01-4733702-tintin-le-heros-qui-parle-plus-de-100-langues.php|consulté le=1 juin 2016.}}</ref>
 
}}
* [[Benoît Peeters]], ''Hergé, fils de Tintin'', 2006 :
{{Références|taille=20|groupe=p}}
 
* [[Pierre Sterckx]], ''L'art d'Hergé'', 2015 :
{{Références|taille=20|groupe=s}}
 
* Notes Groensteen
<references group="g"/>
 
* Notes Grutman
{{Références|groupe=b}}
 
* Autres références :
{{Références }}
 
== Annexes ==
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=== Bibliographie ===
{{légende plume}}
==== Ouvrages ====
==== Biographies d'Hergé ====
* [[Albert Algoud]], ''Petit dictionnaire énervé de Tintin'', L'Opportun, 2010.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Pierre|nom1=Assouline|lien auteur1=Pierre Assouline|titre=Hergé|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions Gallimard|Gallimard]]|collection=Folio|année=1996|pages totales=820|isbn=978-2-07-040235-9|plume=oui}}
* [[Jean-Marie Apostolidès]], ''Les Métamorphoses de Tintin'', Seghers, 1984, {{2e|édition}}, Flammarion, 2006.
* {{Ouvrage|titre=Hergé : lignes de vie|prénom1=Philippe|nom1=Goddin|lieu=Bruxelles|éditeur=[[Éditions Moulinsart]]|lien auteur1=Philippe Goddin|année=2007|isbn=978-2-874-24097-3|pages totales=1003|plume=oui}}
* Michael Farr, ''Tintin, le rêve et la réalité : L'Histoire de la création des aventures de Tintin'', Moulinsart, 2001.
* {{Ouvrage|prénom1=Benoît|nom1=Peeters|lien auteur1=Benoît Peeters|titre=Hergé, fils de Tintin|lieu=Paris|éditeur=[[Groupe Flammarion|Flammarion]]|collection=Champs essais|année=2006|mois=novembre|pages totales=627|isbn=978-2-08-123474-1|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=cGLhkAMreEkC&printsec=frontcover|plume=oui}}
* Pierre Fresnault-Deruelle, ''Hergé ou le Secret de l'image'', Moulinsart, 1999.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Numa|nom1=Sadoul|lien auteur1=Numa Sadoul|titre=[[Tintin et moi|Tintin et moi, entretiens avec Hergé]]|lieu=Bruxelles|éditeur=[[Casterman]]|année=1983|pages totales=131|isbn=2-203-23138-6}}.
* [[Thierry Groensteen]], ''Le Rire de Tintin : Essai sur le comique hergéen'', Moulinsart, 2006.
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Pierre Sterckx]]|auteur2=[[Thierry Smolderen]]|titre=Hergé, portrait biographique|éditeur=[[Casterman]]|collection=Bibliothèque de Moulinsart|année=1993|année première édition=1988|isbn=978-2203017054}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Pol|nom1=Vandromme|lien auteur1=Pol Vandromme|titre=Le Monde de Tintin|éditeur=Gallimard|lien éditeur=Éditions Gallimard|lieu=Paris|année=1959 |lire en ligne=https://archive.org/details/lemondedetintin0000polv}}.
 
* {{Ouvrage |prénom1=Patrice |nom1=Guérin |titre=Tintin au delà des idées reçues |sous-titre=22 contre-vérités sur Hergé et son œuvre |lieu= |éditeur=[[Les Impressions nouvelles]] |nature ouvrage= |collection= |série= |numéro dans collection= |année=2024 |pages totales=208 |isbn=978-2-39070-115-6|plume=oui}}.
 
==== Ouvrages généraux ====
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Jean-Marie|nom1=Apostolidès|lien auteur1=Jean-Marie Apostolidès|titre=Les métamorphoses de Tintin|lieu=Paris|éditeur=[[Groupe Flammarion|Flammarion]]|collection=Champs|année=2006|pages totales=435|isbn=978-2-08-120048-7}}.
* {{Ouvrage|auteur=[[Charles-Henri de Choiseul Praslin]]|titre=Tintin, Hergé et les autos|éditeur=[[Éditions Moulinsart]]|année=2004|pages totales=64|isbn=2-87424-051-6|id=autos}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Michael|nom1=Farr|titre=Tintin : Le rêve et la réalité|lieu=Bruxelles|éditeur=[[Éditions Moulinsart]]|année=2001|pages totales=208|id=Farr01}}
* {{Ouvrage|prénom1=Pierre|nom1=Fresnault-Deruelle|lien auteur1=Pierre Fresnault-Deruelle|titre=Hergé, ou le secret de l'image|sous-titre=Essai sur l'univers graphique de Tintin|lieu=Bruxelles|éditeur=éditions Moulinsart|année=1999|pages totales=142|isbn=978-2-930284-18-7|oclc=42821166|id=image}}.
* [[Bob Garcia]], ''Tintin & l'Histoire'', Desclée de Brouwer, 2022.
* {{Chapitre|prénom=Patrick|nom=Gaumer|lien auteur=Patrick Gaumer|titre=Tintin et Milou|ouvrage=Dictionnaire mondial de la BD|éditeur=Larousse|année=2010|page=848-851|isbn=978-2035843319}}.
* {{ouvrage|prénom1=Thierry|nom1=Groensteen|lien auteur1=Thierry Groensteen|titre=Le rire de Tintin|éditeur=Moulinsart|lien éditeur=Éditions Moulinsart|année=2006|pages totales=116|isbn=9782874241086|plume=oui}}.
* [[Vincent Guigueno]], ''Le musée imaginaire'', Prisma/[[Moulinsart]], 2021, 96 p. {{ISBN|978-2-8104-3218-9}}.
* {{ouvrage|auteur1=Geoffroy Kursner|titre=Hergé et la presse|sous-titre=Ses bandes dessinées dans les journaux du monde entier|éditeur=[[Les Impressions nouvelles]]|année=2021|pages totales=616|isbn=978-2874499210|plume=oui}}
* Tom McCarthy, ''Tintin et le Secret de la littérature'', Hachette, 2006.
* {{ouvrageOuvrage|langue=fr|prénom1=Benoît|nom1=Peeters|lien auteur1=Benoît Peeters|titre=Le Mondemonde d'Hergé|sous-titrelieu=|numéro d'édition=2Tournai|éditeur=[[Casterman|lien éditeur=Casterman|lieu=Tournai|jour=|mois=décembre]]|année=1984|volume=|tome=1983|pages totales=320|passage=|isbn=2-203-23124-6|lire en ligne=|consulté leplume=oui}}
* [[Martin Peltier]], ''Le Procès Tintin'', Nancy, Les Éditions du Verbe Haut, 2023, 146 p. {{isbn|9782491187279}}.
* {{ouvrage| langue = | prénom1 = Numa| nom1 = Sadoul| lien auteur1 = Numa Sadoul| titre = Entretiens avec Hergé| sous-titre = Édition définitive| numéro d'édition = 3| collection = Bibliothèque de Moulinsart| lien éditeur = Casterman| éditeur = Casterman| lieu = Tournai| année = 1989| année première édition = 1975| pages totales = 256| isbn = 2-203-01708-2}}
* {{ouvrage| langue = Ouvrage| prénom1 = Frédéric| nom1 = Soumois| titre = Dossier Tintin| sous-titre = Sources, Versions, Thèmes, Structures| éditeur lieu=Bruxelles| éditeur=Jacques Antoine| lieu = Bruxelles| année = 1987| pages totales = 316| isbn = 2-87191-009-X }}.
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Pierre Sterckx]]|titre=L'art d'Hergé|sous-titre=Hergé et l'art|éditeur=[[Éditions Gallimard|Gallimard]], [[Éditions Moulinsart|Moulinsart]]|année=2015|pages totales=240|isbn=9782070149544|plume=oui}}
* ''Tintin à la découverte des grandes civilisations'', Le Figaro/Beaux Arts, 2010.
* {{Ouvrage|langue=en|prénom1=Harry|nom1=Thompson|titre=Tintin|sous-titre=Hergé and His Creation|lieu=Londres|éditeur=Hachette UK|année=1991|pages totales=336|isbn=978-1-84854-673-8|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=NDX5TmISfYUC&printsec=frontcover}}.
* [[Serge Tisseron]], ''Tintin et le Secret d'Hergé'', Hors Collection, 2009.
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Patrice |nom1=Leconte |titre=Tintin de A à Z|lieu=Paris| Éditeur|Casterman|année=2023|pages totales=131|isbn=978-2-20325-729-0}}.
* [[Pol Vandromme]] ''Le Monde de Tintin'', Gallimard, Paris 1959. Réédition La Table ronde, Paris, 1994.
 
==== Articles et revues consacrés à la série ====
* {{Ouvrage|auteur=Collectif|titre=Tintin à la découverte des grandes civilisations|éditeur=[[Le Figaro]], [[Beaux Arts Magazine]]|année=2008|pages totales=170|isbn=978-2-8105-0029-1|id=civilisations}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Collectif|titre=Les personnages de Tintin dans l'histoire|sous-titre=Les évènements de 1930 à 1944 qui ont inspiré l'œuvre d'Hergé|éditeur=[[Le Point]], [[Historia (revue)|Historia]]|volume=1|mois=juillet|année=2011|pages totales=130|issn=0242-6005|isbn=978-2-7466-3509-8|id=historia1}}.
* {{Ouvrage|auteur1=Collectif|titre=Les personnages de Tintin dans l'histoire|sous-titre=Les événements qui ont inspiré l'œuvre d'Hergé|volume=2|éditeur=[[Le Point]], [[Historia (revue)|Historia]]|mois=juillet|année=2012|isbn=978-2-89705-104-4|pages totales=130|id=historia2}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Jacques Langlois|responsabilité1=conseiller éditorial|et al.=oui|titre=Tintin et les forces obscures|sous-titre=Rêve, voyance, hypnose, radiesthésie, télépathie, extraterrestres, superstitions, sociétés secrètes, folie…|lieu=Paris|éditeur=[[Historia (revue)|Historia]] ([[Sophia Publications]]), [[Le Point]]|année=2013|mois=octobre|jour=5|pages totales=130|isbn=979-10-90956-18-6|id=forces}}.
* {{ouvrage|auteur1=Jacques Langlois|directeur1=oui|et al.=oui|titre=Tintin et la mer|éditeur=[[Historia (revue)|Historia]], [[Ouest-France]]|année=2014|pages totales=130|id=Mer}}
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Collectif|titre=Le rire de Tintin|sous-titre=Les secrets du génie comique d'Hergé|éditeur=[[L'Express]], [[Beaux Arts Magazine]]|année=2014|pages totales=136|ISSN=0014-5270|id=Rire}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Collectif|titre=Tintin et le trésor de la philosophie|éditeur=[[Philosophie Magazine]]|année=2020|volume=Hors-série|pages totales=100|ISSN=2104-9246|id=philo}}.
* {{Ouvrage|auteur1=Collectif|titre=Tintin : Les arts et les civilisations vus par le héros d'Hergé|pages totales=160|éditeur=[[Geo (magazine)|Geo]], [[Éditions Moulinsart]]|mois=novembre|année=2015|isbn=978-2-8104-1564-9|id=Geo}}.
* {{Ouvrage|auteur1=[[Rainier Grutman]]|directeur1=oui|auteur2=Maxime Prévost|directeur2=oui|et al.=oui|titre=Hergé reporter : Tintin en contexte|éditeur=''[[Études françaises]]''|numéro dans collection=46/2|année=2010|pages totales=171|lire en ligne=https://www.erudit.org/fr/revues/etudfr/2010-v46-n2-etudfr3908/|issn=0014-2085}}.
* {{Ouvrage|auteur=Ludwig Schuurman|titre=Les îles noires d'Hergé|sous-titre=Étude comparée des trois versions d'un album|préface=[[Michel Porret]]|année=2023|lieu=Chêne-Bourg|éditeur=[[Georg éditeur|Georg]]|pages totales=544|isbn=9782825712399}}.
 
==== Documents audio ====
* Philippe Garbit, « La Nuit spéciale Tintin » avec Philippe Goddin et Benoît Mouchart, diffusion sur ''[[France Culture]]'' les 7 et {{date-|14 septembre 2014}} :
**[http://www.franceculture.fr/emission-les-nuits-speciales-la-nuit-speciale-tintin-12-par-philippe-garbit-avec-philippe-goddin-et- Partie 1] ;
**[http://www.franceculture.fr/emission-les-nuits-speciales-la-nuit-speciale-tintin-22-par-philippe-garbit-avec-philippe-goddin-et- Partie 2].
Ligne 384 ⟶ 892 :
* [[Liste des personnages des Aventures de Tintin]]
* [[Liste des noms des personnages de Tintin en langues étrangères]]
* [[Liste des bateaux dans Les Aventures de Tintin]]
* [[Pastiches et éditions pirates de Tintin]]
 
=== Liens externes ===
* [http://www.tintin.com/ {{Site officiel]}}
* [https://levingtiemesiecle.es.tl/FRAN%C7AIS.htm L'histoire de Le Vingtieme Siècle], L'histoire de Le Vingtieme Siècle, le journal où Tintin est né.
* {{Article|langue=fr|prénom1=Jérôme|nom1=Rivet|titre=Tintin, le héros qui parle plus de 100 langues|périodique=La Presse|lien périodique=La Presse (Montréal)|jour=29|mois=janvier|année=2014|url texte=http://www.lapresse.ca/arts/livres/bd-et-livres-jeunesse/201401/29/01-4733702-tintin-le-heros-qui-parle-plus-de-100-langues.php|consulté le=1 juin 2016.}}.
{{Liens|site officiel=-}}
 
{{Palette|Les Aventures de Tintin|Univers d'Hergé|Journal de Tintin}}
{{Portail|Tintin|bande dessinée francophone|humour}}
 
{{DEFAULTSORT:Aventures de Tintin}}
[[Catégorie:Tintin]]
[[Catégorie:Bande dessinée adaptée au cinéma]]
[[Catégorie:BandeChien dessinéedans mettantla enbande scène un chiendessinée]]
[[Catégorie:BandeJournaliste dessinéedans mettantla enbande scène un journalistedessinée]]
[[Catégorie:Bande dessinée policière]]
[[Catégorie:Bande dessinée se déroulant en Belgique]]
[[Catégorie:Bande dessinée se déroulant à Bruxelles]]
[[Catégorie:Bande dessinée jeunesse]]