« Dialectique » : différence entre les versions
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Chez [[Friedrich Hegel]], la dialectique devient, non plus une méthode de raisonnement, mais le mouvement même de l'esprit dans sa relation à l'être : elle est alors conçue comme le moteur interne des choses, qui évoluent par négation et réconciliation. Mais là où la dialectique hégélienne était essentiellement [[idéalisme (philosophie)|idéaliste]], elle concerne au contraire le mouvement de la [[matière]] chez [[Karl Marx|Marx]], qui fait des contradictions socio-économiques le moteur de l'histoire. La plupart des disciples de Hegel, dont [[Ludwig Feuerbach|Feuerbach]], [[Karl Marx|Marx]], l'[[École de Francfort]], [[Jean-Paul Sartre|Sartre]], ou encore le poète [[André Breton|Breton]], donneront leur propre version de la dialectique comme mouvement de la réalité.
== Histoire ==
=== La dialectique dans l'[[Antiquité]] === ==== Chez les présocratiques ====
En [[Grèce antique]], on trouve ses premières traces chez les penseurs [[présocratiques]] : d'abord dans la pensée sur l'un et le multiple développée par [[Parménide]] au {{-s-|V|e}}, et poursuivie par son élève [[Zénon d'Élée]] dans ses célèbres [[Paradoxes de Zénon|paradoxes]] (ce dernier étant tenu par Aristote pour l'inventeur de la dialectique<ref>D'après Diogène Laërce, ''Vie des philosophes'', VIII, 57.</ref>).
==== Chez Socrate ====
[[Fichier:David - The Death of Socrates detail.jpg|thumb|300px|right|[[Socrate]] discutant avec ses amis le jour de sa mort (détail du tableau de [[Jacques-Louis David]], ''La mort de Socrate'', 1787).]]On peut voir l'une des sources majeures de la dialectique dans la méthode de dialogue oral pratiquée par Socrate. Fils d'une sage-femme, Socrate revendique et applique à plusieurs reprises (dans les [[dialogues de Platon]]) ce qu'il appelle l'art d'« accoucher les âmes » (méthode aussi appelée [[Maïeutique (philosophie)|maïeutique]]). Cette méthode consiste en un interrogatoire, mené par Socrate, qui progresse logiquement de façon à faire « accoucher » l'interlocuteur d'une connaissance qu'il possédait en lui sans s'en rendre compte<ref>Voir la théorie de la [[réminiscence (philosophie)|réminiscence]] professée par Socrate dans les dialogues de Platon.</ref>. Le but de ce procédé est donc de découvrir une vérité (ou encore une définition, comme dans les dialogues de jeunesse de Platon dits « socratiques »). Socrate avait aussi une méthode de réfutation particulière (''[[elenchos]]'' socratique), consistant à pousser la thèse de son adversaire jusqu'à ses ultimes conséquences pour en montrer l'invraisemblance (sous la forme de contradictions découlant de cette thèse)<ref>Ainsi, Socrate pose parfois une question comportant deux réponses : une réponse séduisante ou politiquement correcte, et une réponse plus juste. La discussion se passe en public, et l'interlocuteur choisit en général la réponse séduisante ou politiquement correcte, mais fausse. Socrate va ensuite, par un subtil jeu de questions, amener son interlocuteur à se contredire, ce qui rend évident que ses [[présupposé|présuppositions]] comprennent quelque erreur.</ref>. La fécondité de la dialectique peut être remise en cause par l'aboutissement des dialogues de Platon dits « socratiques », qui débouchent en général sur une impasse ou « [[aporie]] ». Toutefois, cette méthode permet au moins de dissiper des erreurs et de fausses conceptions.
==== Chez Platon ====
Chez [[Platon]], la dialectique est ainsi une science ou un type de connaissance<ref>Voir la ''République'', Livre VI.</ref> qui repose sur la confrontation de plusieurs positions de manière à dépasser l'opinion (''[[doxa]]'') en vue de parvenir à un véritable savoir (ou à la vérité). Il s'agit donc d'un moyen de s'élever du monde des apparences (ou du "sensible") vers la connaissance intellectuelle (ou "l'intelligible"), jusqu'aux concepts les plus généraux, jusqu'aux principes premiers (voir ''[[La République]]'', livres VI et VII). C'est aussi un art d'ordonner les concepts en genres et en espèces (en particulier à travers la méthode de division - ou ''[[dihairesis]]'' - appliquée dans le ''[[Sophiste (Platon)|Sophiste]]'' et le ''[[Politique (Platon)|Politique]]'' et servant à définir un objet).
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{{Citation bloc|Il n'y a pas d'autre recherche que la dialectique qui n'entreprenne de saisir méthodiquement, à propos de tout, l'essence de chaque chose.|Platon|La République, Livre VII, 533b}}
==== Chez Aristote ====
[[Aristote]] définit lui aussi la dialectique comme l'art des raisonnements qui portent sur des opinions probables, ou l'opposition d'opinions contraires {{refnec}}. À la dialectique, il a dédié ses ''Topiques'' ainsi qu'une partie du livre Γ de sa ''Métaphysique''. Selon le Ch. 4 du dernier texte, la dialectique est indispensable pour trouver une légitime preuve du 'principe' (il s'agit, à son avis, de la loi de non-contradiction, considérée comme précondition fondamentale de l´être et de la vérité). Si on essayait de donner une démonstration du principe, on tomberait fatalement sur un [[Argument circulaire|raisonnement circulaire]], qu'Aristote appelle aussi, justement, « [[pétition de principe]] ». Comment donner alors une preuve rationnelle du principe ? Selon Aristote, cet argument n'est pas impossible, mais il doit s'articuler comme une réfutation de quiconque croit l'opposer (Platon avait déjà dit, ''in'' [[La République|République]] 510, 533 ''sqq''., que seul le dialecticien parvient à apercevoir les principes non-hypothétiques).
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{{refnec|Comme forme argumentative, la dialectique obéit à au moins deux règles procédurales qui lui sont propres, c'est-à-dire qu'elles n'ont pas d'application possible en contextes « monolectiques » : ce sont l'''onus probandi'' (« la charge de la preuve ») et l'argumentation ''ex concessis'' (« à partir de ce qui a été accepté »).}}
==== Chez [[Théophraste]] ====
Des [[Topique (rhétorique)|topiques]], [[Aristote]] établit cinq classes de problèmes : le facteur, la condition, le genre, l'accident, le propre ; Théophraste les réduit à trois : le facteur, la condition, l'accident<ref>''Essai sur la dialectique de [[Platon]]'', de [[Paul Janet (philosophe)|Paul Janet]] (chapitre II, page 121)</ref>.
==== Chez les [[Stoïcisme|stoïciens]] ====
{{...}}
=== La dialectique dans la philosophie médiévale ===
[[Fichier:Septem-artes-liberales Herrad-von-Landsberg Hortus-deliciarum 1180.jpg|thumb|right|200px|Les sept arts libéraux, illustration de l'[[Hortus Deliciarum]] (v. 1180).]]{{Article_détaillé|Philosophie médiévale|Éducation au Moyen Age}}
==== Le haut Moyen Âge ====
Durant le haut [[Moyen Âge]], la dialectique formait, avec la [[grammaire]] et la [[rhétorique]], les trois disciplines du [[arts libéraux|''trivium'']], avant l'époque carolingienne<ref>C'est [[Cassiodore]] qui a développé la structure du ''trivium'' au {{VIe siècle}}, bien qu'on en trouve l'origine dès le {{Ve siècle}} chez [[Martianus Capella]]. Voir l'article [[arts libéraux]].</ref>. Le ''trivium'' («
Au {{s-|IX|e}}, le [[néoplatonisme|néoplatonicien]] [[Jean Scot Erigène]] enseignait encore les arts libéraux. Mais avec les invasions [[viking]]s, [[Sarrasin (peuple)|sarrasines]] et [[Histoire de la Hongrie|hongroises]] des {{s2-|IX|e|X|e}}, les études connurent un déclin relatif. Ainsi, plusieurs arts libéraux (en particulier le ''quadrivium'' et la dialectique) n'étaient plus ou presque plus enseignés dans les monastères, comme le rapporte le chanoine [[Jean Leflon]], biographe moderne de [[Sylvestre II]] ([[Gerbert d'Aurillac]]), premier pape français, de 999 à 1003.
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Toutefois, un peu avant l'[[An mil]], Sylvestre II remit à l'honneur la dialectique en Europe. Il fut, dit-on, le premier à introduire [[Aristote]] en Occident (Platon était déjà lu et connu, notamment à la cour de Charlemagne, via le [[néoplatonisme]]). Après son séjour en [[Catalogne]], Gerbert d'Aurillac introduisit la dialectique et le ''quadrivium'' à l'école cathédrale de [[Reims]], où il enseigna ces disciplines.
==== Le bas Moyen Âge ====
Une nouvelle période de traduction des œuvres d'Aristote commence au {{XIe siècle}}, qui voit s'affronter dialecticiens et anti-dialecticiens. Les premiers pensent que, par le recours à la [[Organon|logique d'Aristote]], une explication rationnelle des [[mystères chrétiens]] est possible, tandis que les seconds estiment que la dialectique risque de dissoudre les mystères de la religion, et sont partisans de l'autorité des [[Pères de l'Église]] et des [[Concile]]s. Cette époque de tâtonnement sur les rapports entre la [[foi]] et la [[raison]] est dominée par l'œuvre imposante d'[[Anselme de Cantorbéry]].
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Au {{XIIIe siècle}}, la diffusion de la philosophie d'Aristote fait apparaître une nouvelle méthode philosophique : la [[scolastique]], qui tente d'incorporer l'aristotélisme au christianisme. Les œuvres d'Aristote ayant été progressivement regroupées, classées et diffusées dans les universités nouvellement créées (notamment par [[Albert le Grand]] à l'[[Ancienne université de Paris|Université de Paris]]), c'est vers le milieu du siècle que [[Thomas d'Aquin]] réalise une vaste synthèse entre l'aristotélisme et le christianisme, principalement dans sa ''[[Somme théologique]]'', tâche qui apparaissait pourtant bien improbable, mais qui aura une influence considérable et donnera naissance au courant scolastique. Les [[dominicain]]s adoptent rapidement cette synthèse [[Thomisme|thomiste]], mais un fort courant [[franciscain]] la rejette et reste fidèle à [[saint Augustin]], tandis que d'autres se tournent vers [[Avicenne]] ou [[Averroès]]<ref>Les luttes intellectuelles âpres qui s'ensuivent aboutissent à la condamnation, en 1277, de 219 propositions aristotéliciennes et averroïstes par l'évêque de Paris, et l'enseignement thomiste est suspendu jusqu'en 1285, tandis qu'une opposition vigoureuse au thomisme s'organise.</ref>. De cette opposition au thomisme surgiront de nouvelles écoles au début du {{XIVe siècle}}, issues des maîtres franciscains [[Duns Scot]] et [[Guillaume d'Occam]].
Les arts libéraux restent néanmoins, pendant cette période, la base de l'enseignement. En particulier, les procédés dialectiques de questions-réponses, comme la fameuse ''[[disputatio]]'', étaient très utilisés dans les écoles urbaines et les universités en Europe jusqu'au {{s-|XIII|e}}. [[Bernard de Clairvaux]], par exemple, les utilisait fréquemment. En somme, la dialectique fut enrichie au [[Moyen Âge]] par la logique aristotélicienne, qui fournissait des fondements et des concepts solides et utiles aux raisonnements. Elle constitue ainsi la méthode de réflexion et de discussion privilégiée dans la [[théologie]] médiévale («
=== La dialectique dans la philosophie moderne ===
{{...}}
==== La dialectique chez [[Georg Wilhelm Friedrich Hegel#La dialectique|Hegel]] ====
[[Fichier:Hegel portrait by Schlesinger 1831.jpg|thumb|150px|right|[[Hegel]]. Portrait par [[Jakob Schlesinger]] (1831).]]
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Mais cette compréhension de la réalité ne peut venir qu’une fois les oppositions synthétisées et résolues, et c’est pourquoi la philosophie est la compréhension de l’histoire passée : « la chouette de Minerve ne prend son envol qu’au crépuscule. » {{refsou|Par exemple, [[Napoléon Bonaparte|Napoléon]] achève la [[Révolution française]] et Hegel le comprend.}}
==== La dialectique chez [[Karl Marx]] ====
[[Fichier:Karl Marx 001.jpg|thumb|150px|right|[[Karl Marx]] en 1875.]]
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Selon la conception matérialiste de l’histoire, la philosophie, la science, les idéologies, sont des superstructures de la société, et sont donc elles-mêmes historiques. Ainsi, pour [[Jean-Paul Sartre|Sartre]], « le marxisme, c'est l'Histoire elle-même prenant conscience de soi ». Il fait sienne l'idée que la ''Raison dialectique ne peut être critiquée que par la Raison dialectique elle-même''. La méthode qu'il affine (à partir d'une proposition d'[[Henri Lefebvre]]) est ''progressive-régressive''.
Cette forme de dialectique se développe très tôt, par exemple chez les [[Sophiste]]s. Elle est définie par [[Arthur Schopenhauer]] dans son livre ''[[La Dialectique éristique]]''. Il s'agit d'une méthode de persuasion, dans la mesure où les arguments sont considérés pour leur seule efficacité (c'est-à-dire dans l'unique but de persuader). À ce titre, elle peut apparaître plutôt comme une technique [[rhétorique]]. Schopenhauer appelle cet artifice « l'art d'avoir toujours raison ». Il en établit un recueil (non exhaustif) de 38 règles, destinées à faire accroire à un interlocuteur ou à un public que l'on ''a raison'', quel que soit le détenteur de la formule de la vérité. Cette dialectique ne vise pas à la connaissance, ni à la recherche de la [[vérité]], mais indifféremment à cultiver une image de son personnage comme savant ou à défendre une opinion.
== La dialectique contemporaine et la science ==
Après 1945, à la suite de la caricature du matérialisme dialectique (le ''diamat'') et l'affaire [[Trofim Denissovitch Lyssenko|Lyssenko]], la dialectique est fortement et diversement critiquée par les philosophes ([[Jean-Paul Sartre]]) et les scientifiques ([[Jacques Monod]], [[Guillaume Lecointre]]<ref>[[Guillaume Lecointre]], Préface de l'[http://www.editionskime.fr/histoire-des-philosophies-materialistes/ ''Histoire des philosophies matérialistes'' de Pascal Charbonnat, éd Syllepse 2007 (Kimé, 2013)]</ref>). Aujourd'hui certains philosophes comme [[Lucien Sève]] ou [[Jean-Marie Brohm]] remettent en avant la dialectique mais de manière philosophique dans le cadre strictement de l'action humaine, la praxis. Ils rejettent la dialectique de la nature et positiviste ou matérialiste et l'existence des lois scientifiques déterminées naturellement et existantes en dehors de l'action de l'homme. Cependant après guerre, quelques-uns ([[Richard Lewontin]], Stephan Jay Gould, Alexandre Zinoviev, Patrick Tort…) la reconnaissent ouvertement dans leurs études et l'objet de leurs études. Au {{s-|XXI|e}}, des ouvrages de scientifiques remettent en avant la dialectique dans les sciences comme [[Bertell Ollman]], Pascal Charbonnat ou encore [[Évariste Sanchez-Palencia]] en lien avec le matérialisme dialectique initié par Marx, Engels et Dietzen.
Ainsi, la dialectique permet dans les sciences de rendre intelligibles et abordables des [[contradiction]]s (tendances antagoniques), c'est-à-dire des situations insolites et paradoxales que l'on rencontre dans les observations et les expériences scientifiques<ref>[[Évariste Sanchez-Palencia]], ''Promenade dialectique dans les sciences'', éd. Hermann, 2012, {{p.|7}}</ref>.
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Selon [[Évariste Sanchez-Palencia]], la dialectique permet de résoudre des problèmes scientifiques [[contradiction|contradictoires]], insolites et paradoxaux dans tous les domaines de connaissances dont les mathématiques appliqués. {{citation|Mais, c'est surtout la sociologie et la psychologie de la recherche, les méthodes de productions de connaissances, si éloignés d'une logique communément admise mais très peu convaincante, qui peuvent trouver dans la dialectique un cadre permettant une ébauche de cohérence.}}<ref>[[Évariste Sanchez-Palencia]], ''Promenade dialectique dans les sciences'', éd. Hermann, 2012, {{p.|7}}</ref> En effet, {{citation|la dialectique n'est pas une logique avec des lois strictes, mais un cadre général dans lequel s'inscrivent les phénomènes évolutifs}}.
== Notes et références ==
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* [[Raymond Aron]], ''Penser la liberté, penser la démocratie''
* [[Claude Bruaire]], ''La Dialectique'', PUF, coll. «
* [[Georges Gurvitch]], ''Dialectique et sociologie'', Flammarion, 1962
* [[Henri Lefebvre]], ''Le Matérialisme dialectique'', PUF, 1939
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