« Renaissance » : différence entre les versions

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{{Voir homonymes|Renaissance (homonymie)}}
{{Infobox Période historique
{{à sourcer|date=mai 2013}}
| nom = Renaissance
| année début = {{XIVe siècle}}
| année fin = {{XVIIe siècle}}
| evt1 =
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}}
[[Fichier:Uomo Vitruviano.jpg|vignette|L{{'}}''[[Homme de Vitruve]]'' de [[Léonard de Vinci]] est pour beaucoup le symbole de l'évolution de la [[Occident|civilisation occidentale]] durant la [[Art de la Renaissance|Renaissance artistique]].]]
[[Image:Janvanscorel.jpg|vignette|''Cornelis Aerentsz van der Dussen'' de [[Jan van Scorel]], (vers 1535) peinture sur bois, Weiss Gallery, Londres.]]
[[Image:1543, Andreas Vesalius' Fabrica, Base Of The Brain.jpg|vignette|Dessin de cerveau dans le ''[[De humani corporis fabrica]]'' de [[André Vésale]].]]
 
La '''Renaissance''' est un mouvement de l'[[histoire de l'Europe|histoire européenne]] associé à la remise à l'honneur de la [[littérature]], de la [[philosophie]] et des [[arts]] de l'[[Antiquité]] gréco-romaine. Ce mouvement a pour point de départ l'[[Renaissance italienne|Italie]], et se situe chronologiquement à cheval entre le [[Moyen Âge tardif]] et l'[[époque moderne]]<ref>Le [[Moyen Âge]] se termine en 1453 ou 1492 selon les auteurs, mais la [[Renaissance italienne|Renaissance a commencé bien plus tôt en Italie]].</ref>. Une [[Pré-Renaissance]] se produit dans plusieurs villes d'[[Italie]] dès le {{s-|XIV}} (''[[Trecento]]''). La Renaissance s'exprime au {{XVe siècle}} dans la plus grande partie de l'[[Italie]], et quelques autres pays européens, sous la forme de ce que l'on appelle la [[Première Renaissance]] (''[[Quattrocento]]''). La Renaissance concerne presque toute l'[[Europe]] au {{s-|XVI}} (''[[Cinquecento]]'').
[[Fichier:Uomo Vitruviano.jpg|vignette|L’''[[Homme de Vitruve]]'' de [[Léonard de Vinci]] est pour beaucoup le symbole de l'évolution de la [[Occident|civilisation occidentale]] durant la [[Art de la Renaissance|Renaissance artistique]].]]
[[Image:Janvanscorel.jpg|vignette|''Cornelis Aerentsz van der Dussen'' de [[Jan van Scorel]], (vers 1535) peinture sur bois, Weiss Gallery, Londres.]][[Image:1543, Andreas Vesalius' Fabrica, Base Of The Brain.jpg|vignette|Dessin de cerveau dans le ''[[De humani corporis fabrica]]'' de [[André Vésale]].]]
 
On parle de [[Art de la Renaissance|Renaissance artistique]] au sens où les œuvres de cette époque s'inspirent davantage de l'art [[Civilisation gréco-romaine|gréco-romain]], et moins de l'[[époque médiévale]].
La '''Renaissance''' est une période de l'[[époque moderne]] associée à la redécouverte de la littérature, de la philosophie et des sciences de l'Antiquité, qui a pour point de départ la [[Renaissance italienne]]. En effet, la Renaissance naquit à [[Florence]] (en Italie) grâce aux artistes qui pouvaient y exprimer librement leur art : une [[Pré-Renaissance]] se produisit dans plusieurs villes d'[[Italie]] dès les {{s2-|XIII|XIV|}} (''[[Duecento]]'' et ''[[Trecento]]''), se propagea au {{XVe siècle}} dans la plus grande partie de l'[[Italie]], en [[Espagne]], dans certaines enclaves d'Europe du Nord et d'[[Allemagne]], sous la forme de ce que l'on appelle la [[Première Renaissance]] (''[[Quattrocento]]''), puis gagna l'ensemble de l'[[Europe]] au {{XVIe siècle}} (''Cinquecento''). On parle de Renaissance artistique au sens où les œuvres de cette époque ne s'inspirent plus du Moyen Âge mais de l'art gréco-romain.
 
Selon l'historien britannique [[Peter Burke (historien)|Peter Burke]], la Renaissance se caractérise par la remise à l'honneur de la culture [[Antiquité|antique]] dans la [[littérature]] et les [[art]]s, qui supplante la culture de l'Europe médiévale tardive, caractérisée par l'[[art gothique]], l'idéal de la [[chevalerie]] et la [[philosophie scolastique]]{{sfn|Burke|2002|p=29-30}}.
La Renaissance s'accompagna d'un ensemble de [[Réforme protestante|réformes religieuses]]
 
Elle s'accompagna aussi d'un changement de [[représentation du monde]], de [[Réforme protestante|réformes religieuses]], de nouveaux modes de diffusion de l'information (l'[[imprimerie]]), des [[grandes découvertes]] et d'un dynamisme économique favorisé par de nombreuses innovations.
Selon l'[[historien]] [[René Rémond]], une « [[Renaissance (historiographie)|Renaissance]] » se caractérise par :
* l'apparition de nouveaux modes de diffusion de l'[[information]],
* la lecture scientifique des textes fondamentaux,
* la remise à l'honneur de la culture [[Antiquité|antique]] ([[littérature]], [[art]]s, [[technique]]s),
* le renouveau des échanges commerciaux,
* les changements de [[représentation]] du monde.
 
== Historiographie ==
La découpe historique de cette période charnière entre l'[[Moyen Âge|Époque médiévale]] et l'[[Époque moderne]] est sujette à un débat interprétatif entre historiens de l'art. Selon l'historien britannique [[Peter Burke (historien)|Peter Burke]], la Renaissance est avant tout un mouvement, non un événement ou une période{{sfn|Burke|2002|p=9}}. Certains historiens considèrent de plus que l'usage traditionnel de la période Renaissance dans l'historiographie française est un [[chrononyme]] commode mais discutable pour marquer une rupture entre l'[[Âge sombre]] médiéval et l'époque moderne. Ils préfèrent utiliser, selon la {{Lien|trad=Continuity thesis|langue=en|fr=thèse de continuité}} postulant un passage graduel entre ces périodes, l'appellation plus neutre d'« ''early modern'' » (pour « ''Early modern Europe'' », littéralement début de l'Europe [[époque moderne|moderne]]), de « première modernité » ou « seuil de la modernité »<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=[[Stephen Greenblatt]]|titre=Renaissance Self-fashioning. From More to Shakespeare|éditeur=[[University of Chicago Press]]|année=2005|pages totales=321|isbn=}}</ref>.
{{Section à sourcer|date=avril 2016}}{{Article détaillé|Renaissance (historiographie)}}
 
Cette période est devenue un concept historiographique qui est désormais utilisé pour caractériser d'autres périodes historiques : la [[Renaissance carolingienne]] (les lettrés de cette époque parlaient de ''renovatio'')<ref>{{Article|prénom1=Michel|nom1=Sot|titre=Renovatio, renaissance et réforme à l'époque carolingienne : recherche sur les mots|périodique=Bulletin de la Société nationale des Antiquaires de France|volume=2007|numéro=1|date=2009|doi=10.3406/bsnaf.2009.10725|lire en ligne=https://www.persee.fr/doc/bsnaf_0081-1181_2009_num_2007_1_10725|consulté le=2019-01-18|pages=62–72}}</ref>, la [[Renaissance ottonienne|Renaissance ottono-clunisienne]] (920 – 1000), la [[Renaissance du XIIe siècle|Renaissance du {{s-|XII|e}}]], etc. (voir l'article détaillé [[Renaissance (historiographie)]].
La découpe historique de cette époque charnière entre l'[[Moyen Âge|époque médiévale]] et l'[[époque moderne]] est sujette à un débat interprétatif entre historiens de l'art. La notion de ''Renaissance'' découle d'une perception de l'Histoire visant à lui donner un sens, ce qui correspond au régime de pensée de l'idéalisme allemand du {{s-|XIX|e}}, notamment au travers des concepts de [[Georg Wilhelm Friedrich Hegel|Hegel]]. Cette manière de percevoir l'Histoire étant elle-même controversée. Certains historiens considèrent de plus que l'usage traditionnel de la période Renaissance dans l'historiographie française est un chrononyme commode mais discutable pour marquer une rupture entre l'[[Âge sombre]] médiéval et l'époque moderne. Ils préfèrent utiliser, selon la {{Lien|trad=Continuity thesis|langue=en|fr=thèse de continuité}} postulant un passage graduel entre ces périodes, l'appellation plus neutre d'« ''early modern'' » (pour « ''Early modern Europe'' », littéralement [[époque moderne]] européenne), de « première modernité » ou « seuil de la modernité »<ref>{{ouvrage|langue=en|auteur=[[Stephen Greenblatt]]|titre=Renaissance Self-fashioning. From More to Shakespeare|éditeur=University of Chicago Press|date=2005|pages totales=321|isbn=|lire en ligne=}}</ref>. Les historiens italiens parlent quant à eux de [[Trecento]], [[Quattrocento]] et [[Cinquecento]].
 
Cette période est devenue un concept historiographique et a pu être utilisé pour caractériser d'autres périodes historiques : la [[Renaissance carolingienne]]<ref>{{Article|prénom1=Michel|nom1=Sot|titre=Renovatio, renaissance et réforme à l'époque carolingienne : recherche sur les mots|périodique=Bulletin de la Société nationale des Antiquaires de France|volume=2007|numéro=1|date=2009|doi=10.3406/bsnaf.2009.10725|lire en ligne=https://www.persee.fr/doc/bsnaf_0081-1181_2009_num_2007_1_10725|consulté le=2019-01-18|pages=62–72}}</ref> (les lettrés de cette époque parlaient de ''renovatio''), la [[Renaissance ottonienne|Renaissance ottono-clunisienne]] (920-1000), la [[Renaissance du XIIe siècle|Renaissance du {{s-|XII|e}}]].
 
=== Apparition de la notion de Renaissance ===
Dans les écrits de la fin du [[Moyen Âge]], l'idée d'une ''rinascita'' (renaissance) correspond à un courant plutôt qu'à une période, orienté vers un retour à l'éducation classique, entraînant une impression exaltante de renouveau touchant aussi bien la morale que les activités politiques et artistiques<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Alison Cole|titre=La Renaissance dans les cours italiennes|lieu=Paris|éditeur=[[Groupe Flammarion|Flammarion]]|date=Avril 1995|pages totales=192|passage=La cour, identité et histoire (page7)|isbn=2-08-012259-2}}</ref>.
Selon l'historien [[Jean Delumeau]], le mot Renaissance nous est venu d'[[Italie]] et concernait le domaine des [[art]]s. Le peintre, architecte, et historien de l'art italien [[Giorgio Vasari]] a employé le terme « Rinascita » en 1568 dans ''[[Le vite de' più eccellenti pittori, scultori e architettori]]''<ref>Gonzague de Saint-Bris, ''François Ier'', éditions France Loisirs, p. 23</ref>. Les Italiens disent aujourd'hui ''Rinascimento''. Le sens du mot Renaissance s'est progressivement élargi.
 
Selon l'historien [[Jean Delumeau]], le mot Renaissance nous est venu d'[[Italie]] et concernait le domaine des [[art]]s. Le peintre, architecte, et historien de l'art italien [[Giorgio Vasari]] a employé le terme « ''Rinascita'' » en 1568 dans ''[[Les Vies des meilleurs peintres, sculpteurs et architectes|Le vite de' più eccellenti pittori, scultori e architettori]]''<ref>Gonzague de Saint-Bris, ''François {{Ier}}'', éditions France Loisirs, {{p.|23}}</ref>. Les Italiens disent aujourd'hui ''Rinascimento''. Le sens du mot Renaissance s'est progressivement élargi.
Le terme de « Renaissance » en tant qu'époque et non plus pour désigner un renouveau des lettres et des arts, a été utilisé pour la première fois en 1840 par [[Jean-Jacques Ampère]] dans son ''Histoire littéraire de la France avant le {{s-|XII|e}}''<ref>{{ouvrage|auteur=[[Marie-Sophie Masse]]|titre=La Renaissance, des Renaissances : VIIIe-XVIe siècles|éditeur=Klincksieck|date=2010|passage=8|isbn=|lire en ligne=}}</ref> puis par [[Jules Michelet]] en 1855 dans son volume consacré au {{s|XVI|e}} ''La Renaissance'' dans le cadre de son ''Histoire de France''. Ce terme a été repris en 1860 par l'historien de l'art suisse [[Jacob Burckhardt]] ([[1818]]-[[1897]]) dans son livre ''Culture de la Renaissance en Italie''<ref>{{ouvrage|auteur=Ariane Boltanski, Aliocha Maldavsky|titre=La Renaissance des années 1470 aux années 1560|éditeur=Éditions Bréal|date=2002|passage=12|isbn=|lire en ligne=}}</ref>.
 
Le terme de « Renaissance » en tant qu'époque et non plus pour désigner un renouveau des lettres et des arts, a été utilisé pour la première fois en 1840 par [[Jean-Jacques Ampère]] dans son ''Histoire littéraire de la France avant le {{s-|XII|e}}''<ref>{{Ouvrage|auteur1=[[Marie-Sophie Masse]]|titre=La Renaissance, des Renaissances|sous-titre={{sp-|VIII|-|XVI|s}}|éditeur=[[Klincksieck]]|année=2010|passage=8|isbn=}}</ref> puis par [[Jules Michelet]] en 1855 dans son volume consacré au {{s|XVI|e}} ''La Renaissance'' dans le cadre de son ''Histoire de France''. Ce terme a été repris en 1860 par l'historien de l'art suisse [[Jacob Burckhardt]] (1818 – 1897) dans son livre ''Culture de la Renaissance en Italie''<ref>{{Ouvrage|auteur1=Ariane Boltanski|auteur2=Aliocha Maldavsky|titre=La Renaissance des années 1470 aux années 1560|éditeur=[[Éditions Bréal]]|année=2002|passage=12|isbn=}}</ref>.
Dans son cours au [[Collège de France]] en 1942-1943, l'historien français [[Lucien Febvre]] montre que [[Jules Michelet]] a utilisé ce terme pour des raisons personnelles<ref>Voir Lucien Febvre, ''Michelet et la Renaissance'', Paris, Flammarion, 1992.</ref>. En effet, Jules Michelet, travaillant sur le roi [[Louis XI de France|Louis XI]] alors qu'il était attristé par la perte de son épouse et contrarié par l'évolution politique conservatrice de la [[Monarchie de Juillet]], eut un besoin profond de nouveauté, de renouvellement. Or sa conception de l'histoire était telle qu'il identifiait ce qu'il vivait et ce qu'il ressentait du passé ; il a donc imaginé une Renaissance après le règne de Louis XI, par l'intermédiaire des [[guerres d'Italie]].
 
Dans son cours au [[Collège de France]] en 1942-1943, l'historien français [[Lucien Febvre]] montre que [[Jules Michelet]] a utilisé ce terme pour des raisons personnelles<ref>Voir Lucien Febvre, ''Michelet et la Renaissance'', Paris, Flammarion, 1992.</ref>. En effet, Jules Michelet, travaillant sur le roi [[Louis XI]] alors qu'il était attristé par la perte de son épouse et contrarié par l'évolution politique conservatrice de la [[monarchie de Juillet]], eut un besoin profond de nouveauté, de renouvellement. Or sa conception de l'histoire était telle qu'il identifiait ce qu'il vivait et ce qu'il ressentait du passé ; il a donc imaginé une Renaissance après le règne de Louis XI, par l'intermédiaire des [[guerres d'Italie]].
Ce point de vue original a été présenté par Thomas Lepeltier dans un article de la Revue des Livres en 2000<ref>Thomas LEPELTIER, "La Renaissance existe-t-elle? Réflexions à partir de Michelet", La Revue des Livres, 2000, en ligne sur [http://revue.de.livres.free.fr/cr/febvre.pdf La Renaissance existe-t-elle réflexions à partir de Michelet]</ref>. Il est cependant contesté par de nombreux historiens qui voient des aspects de césure entre le [[Moyen Âge]] et la Renaissance. Ce qui est certain, c'est que la rupture entre Moyen Âge et Renaissance est moins radicale que ce qu'on ne le disait jadis.
 
Ce point de vue original a été présenté par Thomas Lepeltier dans un article de la Revue des Livres en 2000<ref>Thomas Lepeltier, "La Renaissance existe-t-elle? Réflexions à partir de Michelet", La Revue des Livres, 2000, en ligne sur [http://revue.de.livres.free.fr/cr/febvre.pdf La Renaissance existe-t-elle réflexions à partir de Michelet]</ref>. Il est cependant contesté par de nombreux historiens qui voient des aspects de césure entre le [[Moyen Âge]] et la Renaissance. Ce qui est certain, c'est que la rupture entre Moyen Âge et Renaissance est moins radicale que ce qu'on en disait jadis.
=== Délimitation temporelle ===
Selon certains auteurs, cette période peut être plus ou moins longue :
 
=== Délimitation spatio-temporelle ===
Ainsi, selon les auteurs, la Renaissance commence :
Les historiens ne sont d'accord ni sur la date ni même sur le lieu où il convient d'entamer le récit de la Renaissance. [[Florence]], [[Rome]], [[Avignon]], [[Padoue]] et [[Naples]] ont été chacune présentées comme le « berceau » du mouvement. La plupart des ouvrages débutent en Italie, mais à des moments et avec des individus différents. Il est courant de choisir l'époque du poète-érudit Francesco Petrarca, dont le nom a été francisé en « [[Pétrarque]] », soit les années 1330 ou 1340. Pétrarque voyait les siècles précédents — ce que nous appelons le Moyen Âge — comme un âge des ténèbres, qu'il opposait à l'ère lumineuse de l'Antiquité classique. Dans son poème ''[[Africa (Pétrarque)|Africa]]'', il espérait que « lorsque les ténèbres se dissiperont, les générations à venir réussiront à trouver le chemin du retour à la claire splendeur du passé antique »{{sfn|Burke|2002|p=36}}. Les premiers [[Humanisme|humanistes]] florentins du tournant des {{Sp-|XIV|et|XV|s}}, disent déjà que dans son œuvre, tant d'écrivain pénétré d'une [[esthétique]] rajeunie du [[latin]] que de chercheur passionné d'œuvres antiques, ils reconnaissent en Pétrarque le fondateur et le modèle de l'idéal nouveau des « études d'humanité », qui forme le cœur du projet humaniste{{Sfn|Chatelain|Toscano|5=2024|p=12}}. Ce point de vue est à l'origine d'une certaine [[image du Moyen Âge]].
* avec [[Pétrarque]] ([[1304]]-[[1374]]) ;
* en 1415, avec la première implantation portugaise en Afrique du Nord ;
* dans les années 1450 avec l'invention de l'imprimerie par Gutenberg ;
* en 1453 : chute de Constantinople (date retenue d'un point de vue académique français pour marquer la fin du Moyen Âge et le début de la Renaissance) ;
* en 1492 : prise de [[Royaume de Grenade|Grenade]] qui marque la fin de la [[Reconquista|Reconquista Espagnole]] (2 janvier [[1492]]) alors que [[Ferdinand II d'Aragon]] et [[Isabelle Ire de Castille|Isabelle {{Ire}} de Castille]] éliminent le dernier royaume musulman de la péninsule espagnole, puis découverte de l'Amérique par [[Christophe Colomb]].
 
Mais certains historiens de l'art commencent une génération plus tôt, avec [[Giotto]]. Celui-ci devait sa gloire au nouveau style de récit pictural qu'il avait créé, et ce nouveau style était en partie fondé sur les sculptures antiques qu'il avait vues à Pise. Les humanistes l'évoquaient avec respect, et son œuvre fut une source d'inspiration pour les générations suivantes de peintres de la Renaissance. On peut aussi citer [[Dante]], son contemporain. Les deux hommes et certains de leurs successeurs ont été à l'origine d'une extraordinaire explosion de créativité à Florence juste après l'an 1300. Il ne faut pas non plus oublier l'écrivain padouan [[Albertino Mussato]], qui a écrit des pièces de théâtre et des œuvres historiques sur le modèle des classiques. L'historien Peter Burke voit la Renaissance s'achever avec [[Descartes]] vers 1630{{sfn|Burke|2002|p=9 et 31-32}}.
et finit avec la mort de :
* [[Charles Quint]] ([[1558]]) ;
* [[Giordano Bruno]] ([[1600]]) ;
* [[Henri IV de France|Henri IV]] ([[1610]]) {{Incise|date retenue d'un point de vue français|stop}} ;
* [[William Shakespeare|Shakespeare]] ([[1616]]) ;
* [[Galilée (savant)|Galilée]] (son abjuration en [[1633]] ou sa mort en [[1642]]).
 
D'autresCertains auteurs enfin vont jusqu'à mettre en doute la pertinence d'une définition temporelle. Au sujet de ce débat, voiron peut par exemple se référer aux analyses de [[Paul Oskar Kristeller]] ([[1905]]-[[1999]])<ref>{{Lien web|langue=russianru |titre=Renaissance |url=http://visart.info/ART/voz.htm |site=http://visart.info|date=|consulté le=}}.</ref>.
 
=== GrandesDécoupage périodesconventionnel deen lahistoire de Renaissancel'art ===
Les historiens de l'art ont coutume de désigner par :
Il y a eu plusieurs grandes périodes de la Renaissance. Il est d’usage d’appeler les [[siècle]]s de la Renaissance en [[Italie]] par le vocable « n »-cento, où « n » désigne le [[chiffre]] du [[siècle]] :
* ''[[Trecento]]'' (300 en [[italien]]) les années 1300 à 1399, soit approximativement le {{s|XIV}} (années 1301 à 1400) ;
* n = 3 : [[Année (calendrier)|années]] [[1301]] à [[1400]], c’est le [[Trecento]] = {{s|XIV|e}} (quatorzième),
* n''[[Quattrocento]]'' =(400 4en :italien) les années [[1401]]1400 à [[1500]]1499, c’estsoit approximativement le [[Quattrocento]] = {{s|XV|e}} (quinzièmeannées 1401 à 1500), ;
* n''[[Cinquecento]]'' =(500 5en :italien) les années [[1501]]1500 à [[1600]]1599, c’estsoit approximativement le [[Cinquecento]] = {{s|XVI|e}} (seizièmeannées 1501 à 1600).
Attention au décalage des appellations entre l’italien (formées sur « n »trecento) et le français (forméesquatorzième)<ref>[https://www.herodote.net/Cinquecento-mot-387.php surLe «dictionnaire n+1de »)l'Histoire] sur [[herodote.net]]</ref>.
 
== Extension géographique ==
{{Section à sourcer|date=avril 2016}}{{Article connexe|Renaissance françaiseitalienne|Renaissance italiennefrançaise|Renaissance flamande|Siècle d'or espagnol}}
 
=== Au {{s-|XIV|e}} ===
{{Article détaillé|Trecento}}
Au {{s|XIV|e}}, les prémices de la Renaissance se produisirent surtout en [[Italie]] :
[[Image:Francesco Petrarca2.jpg|right|thumb|Statue du [[piazzale des Offices]] représentant [[Pétrarque]].]]
* À [[Avignon]], le pape [[Clément VI]] fait appel, pour décorer le [[Palais des papes d'Avignon|palais des Papes]], à une équipe de peintres dirigée par [[Matteo Giovannetti|Matteo Giovanetti]].
* Dans la [[cathédrale Notre-Dame de l'Assomption de Pise|cathédrale de Pise]], une [[Chaire (église)|chaire]] est [[sculpture|sculptée]] par [[Nicola Pisano]] dans un [[Histoire de l'architecture|style]] qui n'est plus celui du [[Moyen Âge]], mais qui reprend l'[[esthétique]] [[Grèce antique|grecque]] de l'[[Antiquité]],
* Venise est depuis longtemps en contact avec l'Orient, par voie maritime ; c'est la première puissance maritime d'Europe,
 
Au {{s|XIV|e}}, malgré la [[peste noire]] (1348), les prémices de la Renaissance se manifestent surtout dans des villes d'[[Italie]] comme [[Florence]], [[Rome]], [[Naples]], [[Milan]], [[république de Venise|Venise]], première puissance maritime de l'[[Occident]], depuis longtemps en contact avec l'Orient par voie maritime{{sfn|Burke|2002|p=38-61}}. Dans la [[Cathédrale Notre-Dame-de-l'Assomption de Pise|cathédrale de Pise]], une [[Chaire (église)|chaire]] est sculptée par [[Nicola Pisano]] dans un style qui n'est plus celui du Moyen Âge, mais qui reprend l'esthétique de la [[Grèce antique]]<ref>Mentionné par [[Georges Duby]] dans ''Le temps des cathédrales''</ref>,
Des foyers de Renaissance importants sont les zones en contact avec les autres civilisations, notamment la [[civilisation islamique]] : [[Sicile]] et [[Espagne]]. Ces zones de contact existent en réalité depuis plusieurs siècles : l'[[Andalousie]] ([[royaume de Séville]]) depuis l'[[an mille|an mil]], la Sicile depuis le {{XIIe siècle}} ([[Palerme]]).
 
On peut dire que [[Pétrarque]] fut le premier [[humaniste]]. Il se considérait d'abord comme un poète, un second Virgile. Il écrivit en latin un poème épique ''[[Africa (Pétrarque)|Africa]]'', et en toscan une suite de poèmes lyriques, les ''[[Canzoniere]]''. Son cercle comprenait le peintre [[Simone Martini]], le médecin et astronome [[Giovanni Dondi]], le dominicain [[Giovanni Colonna]], l'augustin Dionigi di Borgo San Sepolcro, le chef politique [[Cola di Rienzo]] et [[Giovanni Boccaccio]] (Boccace), célèbre pour son recueil de cent nouvelles écrites en toscan, le ''[[Décaméron]]''{{sfn|Burke|2002|p=34-38}}.
L'Italie commence ainsi à importer les sciences et techniques islamiques dans les domaines de l'[[algèbre]], de l'[[astronomie]], de la [[médecine]], de l'[[alchimie]], de la [[géographie]], bien que l'essentiel de l'influence culturelle et philosophique ait été récupérée depuis la chute de l'[[Empire byzantin]] qui provoque l'afflux de savants byzantins dans la péninsule italienne.
 
À Florence, l'œuvre de Pétrarque fut poursuivie par [[Coluccio Salutati]], qui consentit des efforts importants pour défendre les ''{{lang|la|studia humanitatis}}''. Avec son cercle d'amis lettrés, dont [[Leonardo Bruni]], [[Poggio Bracciolini]] (Le Pogge) et [[Niccolò Niccoli]], Salutati a étudié et discuté des œuvres de [[Pétrarque]] et de [[Boccace]]{{sfn|Burke|2002|p=39-44}}.
Un grand nombre de « découvertes » faites pendant la Renaissance et jusqu'aux [[Siècle des Lumières|Lumières]], proviennent en réalité du savoir transmis par les musulmans depuis la [[Grèce antique|Grèce]], l'[[Inde]] et [[Babylone]]. Beaucoup de mots de la langue française attestent de cette influence : « algèbre » (de l'[[arabe]] ''{{lang|ar|al-jabra}}''), « [[Algorithmique|algorithme]] » (du nom du [[mathématicien]] [[Al-Khwârizmî]]), « alchimie » (de l'[[arabe]] ''{{lang|ar|al-kemia}}''){{etc}} Les pays arabes possèdent en effet une avance très importante sur l'Europe dans ces domaines. Les échanges avec l'Extrême-Orient, déjà commencés avec la route de la soie, s'intensifient par voie de terre à la suite du voyage de Marco Polo.
 
[[Avignon]] fut une médiatrice entre l'Italie et le reste de l'Europe. Grâce à la présence du pape et de sa cour de 1309 à 1377, elle devint une ville de première grandeur, aussi étendue que Florence, lieu de contacts internationaux et foyer d'innovations culturelles. Pétrarque y grandit. Le peintre siennois [[Simone Martini]] y travailla à partir de 1339. [[Juan Fernández de Heredia|Herédia]] y vécut quelques années. C'est à Avignon que [[Bernat Metge|Metge]] étudia les œuvres de Pétrarque et Boccace{{sfn|Burke|2002|p=69}}. Le pape [[Clément VI]] fait appel, pour décorer le [[Palais des papes d'Avignon|palais des Papes]], à une équipe de peintres dirigée par [[Matteo Giovannetti]]<ref>[http://www.palais-des-papes.com/pages/pdphistoire.html L'histoire du palais des papes] sur le site officiel</ref>.
 
Dans les années 1320 à 1380 se développe le courant musical de l'[[Ars nova]], centré sur la France, qui annonce les [[polyphonie]]s de la Renaissance{{sfn|Burke|2002|p=64}}.
 
Les érudits d'[[Royaume d'Aragon|Aragon]] et de Catalogne furent parmi les premiers à s'intéresser aux cultures antique et italienne : [[Juan Fernández de Heredia]] fit traduire [[Thucydide]] et [[Plutarque]] ; Le majordome du roi [[Jean Ier d'Aragon]] traduisit [[Sénèque]] en catalan, tandis que le roi lui-même collectionnait les livres ; l'auteur catalan [[Bernat Metge]] admirait les lettres de Pétrarque et son ''Secretum'', son œuvre la plus célèbre, ''Lo Somni'', composée en 1398, s'inspire de Pétrarque et de Boccace autant que de Cicéron{{sfn|Burke|2002|p=68-69}}.
 
Dans le domaine de l'éducation, les [[Frères de la vie commune]], organisation de laïques dont les membres vivaient en communauté comme des moines, établirent tout un réseau d'écoles dans de nombreuses villes des Pays-Bas, dont Gouda, Zwolle, Deventer et liège. Par leur refus de la [[scolastique]] et leur insistance sur la littérature latine, leurs dirigeants ressemblaient aux humanistes italiens{{sfn|Burke|2002|p=66-67}}.
 
Vers 1380, l'intérêt pour l'Antiquité classique, la culture italienne et les « études libérales » (''studia liberalia'') gagna Paris, du moins au sein d'un petit cercle qui comprenait [[Jean Gerson]], [[Nicolas de Clamanges]] et [[Jean de Montreuil]]. Ce dernier était secrétaire d'un grand mécène : [[Jean de Berry|Jean, duc de Berry]], frère du roi [[Charles V le Sage|Charles V]] et du duc [[Philippe II de Bourgogne|Philippe le Hardi]]. Le duc de Berry avait aussi soutenu [[Laurent de Premierfait|Premierfait]] quand il traduisait Boccace et encouragé l'œuvre de [[Christine de Pisan]]. Il possédait environ trois cents manuscrits, dont des œuvres de Pétrarque, Virgile, Tite-Live et Térence, souvent illustrées{{sfn|Burke|2002|p=69-71}}.
 
=== Au {{s-|XV|e}} ===
{{Article détaillé|Quattrocento|Première Renaissance}}
[[Image:Map of Italy (1494)-fr.svg|thumb|Carte de l'Italie en 1494.]]
[[Image:Map of Italy (1494)-fr.svg|vignette|upright|Carte de l'Italie en 1494.]]
Au {{s|XV|e}}, la Renaissance se poursuit en Italie sous le nom de [[Première Renaissance]] ou [[Quattrocento]].
 
Au {{s|XV}}, la Renaissance s'intensifie en [[Italie]]. Les historiens de l'art parlent de [[Première Renaissance]] ou [[Quattrocento]]. C'est au cours de ce siècle que la [[Chute de Constantinople|chute de l'Empire byzantin]] ([[1453]]) provoque l'afflux de savants byzantins dans la péninsule italienne. Outre [[Florence]], les principaux foyers de la Renaissance sont [[Renaissance romaine|Rome]], [[Sienne]], [[Urbino]], [[Milan]], [[Venise]], [[Renaissance ferraraise|Ferrare]], [[Renaissance mantouane|Mantoue]], [[Renaissance napolitaine|Naples]], la [[Renaissance sicilienne|Sicile]]{{sfn|Burke|2002|p=52-61}}. Les arts sont favorisés par de grands mécènes tels que [[Cosme de Médicis]] et son petit-fils [[Laurent de Médicis]] à Florence{{sfn|Burke|2002|p=50}}.
Elle s'intensifie en [[Grèce]], elle s'étend aussi aux [[Comté de Flandre|Flandres]], à l'[[Angleterre]], à la [[Histoire de la Bourgogne|Bourgogne]], à l'[[Alsace]], à certaines régions d'[[Allemagne]], à la Baltique ([[Hanse]]), et surtout à [[Lyon]], qui [[Lyon Renaissance. Arts et humanisme|renait à cette époque]].
 
À Florence, le retour à l'Antiquité se fit à travers un cercle d'esprits créateurs, qui se connaissaient bien entre eux : l'architecte [[Filippo Brunelleschi]] (qui résolut le problème de la conception du dôme de la [[cathédrale de Florence]]), l'humaniste [[Leon Battista Alberti]], les sculpteurs [[Donatello]] et [[Ghiberti]] et le peintre [[Masaccio]] (qui montra sa maîtrise des règles de la perspective dans la fresque ''[[La Trinité (Masaccio)|La Trinité]]''). À la fin du {{s-|XV}} vécurent aussi à Florence des humanistes [[Académie platonicienne de Florence|néoplatoniciens]] : [[Cristoforo Landino]] (commentaires de Dante et de Virgile), [[Marsile Ficin]], [[Politien]] et [[Pic de la Mirandole]] (''De la dignité de l'homme''){{sfn|Burke|2002|p=47-52}}.
En [[France]], le [[Royaume de France|Royaume]] est encore empêtré dans la [[guerre de Cent Ans]], qui se termina en [[1453]]-[[1477]]. La région de Bourges est restée un foyer culturel ([[Jean Ier de Berry|Jean de Berry]] au siècle précédent et [[Jacques Cœur]] durant ce siècle, grâce notamment à son palais déjà de style Renaissance). Il faudra les efforts de [[Charles VII de France|Charles VII]] et surtout de [[Louis XI de France|Louis XI]] pour remettre de l'ordre dans le [[Royaume de France|Royaume]].
[[Louis XII de France|Louis {{XII}}]] commence à importer la Renaissance italienne en [[France]], avec la construction du [[château de Meillant]] dans le [[Berry]] (actuel [[Cher (département)|département du Cher]]) dans un style Renaissance.
 
[[Lorenzo Valla]] (1407-1457) est le seul grand humaniste qui naquit et fit ses études à Rome. Il enseigna aussi à l'université de cette ville. Dans la préface à sa grammaire latine, les ''Elegantiae'' (1444), il affirme que le bon latin s'est épanoui en même temps de l'Empire romain et a aussi décliné avec lui, en raison des invasions barbares. C'est cette conscience des changements du latin à travers les siècles qui a permis à Valla de comprendre que la célèbre « [[Donation de Constantin]] » était un faux{{sfn|Burke|2002|p=53-55}}.
=== Au {{s-|XVI|e}} ===
Au {{s|XVI|e}}, le [[Portugal]] continue les explorations ([[Pedro Álvares Cabral|Cabral]]). Les autres grands [[Liste d'explorateurs|navigateurs]] [[Christophe Colomb]], [[Amerigo Vespucci]] (voir paragraphe et article détaillé [[grandes découvertes]]…) permettent aux puissances ibériques ([[Portugal]] et [[Espagne]]) d'étendre leur puissance et de chercher de nouvelles voies maritimes pour les épices, la principale [[Commerce des épices|route des épices]] exploitée par les Ottomans étant coupée depuis la [[chute de Constantinople]].
 
La chancellerie de Milan sous les [[Famille Visconti|Visconti]] et les [[Sforza]] fut aussi un foyer de culture humaniste. L'architecte florentin [[Le Filarète]] y arriva en 1451, et y construisit l'[[Ospedale Maggiore de Milan|Ospidale Maggiore]]. [[Léonard de Vinci]] séjourna à Milan dans les années 1480{{sfn|Burke|2002|p=53-55}}.
L'[[Espagne]] semble ainsi devenir la première puissance européenne grâce à la richesse de ses [[Empire espagnol|colonies]] et à l'exploitation des mines d'[[argent]], qui autorisent une augmentation de la masse monétaire.
 
De 1420 à 1450, les contacts entre les érudits et artistes italiens et d'autres Européens se multiplièrent. [[Le Pogge]] se rendit en Suisse et en Allemagne. Le peintre [[Masolino da Panicale|Masolino]] travailla en Hongrie. L'humaniste [[Guiniforte Barzizza]] partit en Catalogne servir [[Alphonse V d'Aragon]] en 1432, etc. Réciproquement, des étrangers venaient séjourner en Italie : [[Rogier van der Weyden]] en 1450, le Français [[Jean Fouquet]] travailla à Rome, le Flamand [[Juste de Gand]], et l'Espagnol [[Pedro Berruguete]] travaillèrent à Urbino. Dans les années 1430, l'ecclésiastique polonais [[Grégoire de Sanok]] séjourna à Rome et y découvrit les études classiques. Dans les années 1440, l'Allemand [[Albrecht von Eyb]], l'Anglais [[Robert Fleming]] et le Hongrois [[Janus Pannonius]] visitèrent l'Italie. Ils revenaient souvent avec des manuscrits{{sfn|Burke|2002|p=71-74}}.
[[Charles Quint]] est le souverain le plus puissant d'[[Europe]], étend son influence dans l'ensemble de l'[[Europe]], ce qui n'est pas sans créer une rivalité avec [[François Ier de France|François {{Ier}}]].
 
[[Mathias Corvin]], roi de [[Hongrie]] de 1458 à 1490, avait reçu une éducation humaniste du Polonais Grégoire de Sanok et devint collectionneur de livres et mécène des hautes études. Il invita des humanistes italiens à sa cour. Il se dota d'une vaste bibliothèque : la [[Bibliotheca Corviniana]], qui était à sa mort la deuxième bibliothèque d'Europe après la [[Bibliothèque apostolique vaticane|vaticane]]{{sfn|Burke|2002|p=76}}.
La renaissance italienne se poursuit également dans le [[Cinquecento]].
 
=== Au {{s-|XVI|e}} ===
En France, à partir de [[Louis XII de France|Louis XII]] et de [[François Ier de France|François {{Ier}}]] (à partir du début de son règne en [[1515]], correspondant à la [[bataille de Marignan]]), les [[guerres d'Italie]] font connaître la [[Renaissance italienne]] en [[France]], avec un siècle de retard. [[Léonard de Vinci]] apporte en France le savoir-faire des artistes de la Renaissance italienne.
{{Article détaillé|Cinquecento|Haute Renaissance|Renaissance tardive}}
 
La Renaissance italienne se poursuit dans ce que les historiens de l'art appellent le [[Cinquecento]]. Dans la période qui va de 1494 (invasion de l'Italie par les Français) à 1527 ([[Sac de Rome (1527)|sac de Rome]] par les soudards de l'empereur Charles Quint), qualifiée de [[Haute Renaissance]], elle atteint son apogée à Rome avec des artistes comme [[Léonard de Vinci]], [[Raphaël (peintre)|Raphaël]] et [[Michel-Ange]]{{sfn|Burke|2002|p=85-123}}.
L'[[Espagne]] gardera sa puissance jusqu'au [[traité des Pyrénées]] ([[1659]]).
 
[[L'Arioste]] composa à [[Ferrare]] l'un des chefs-d'œuvre de la littérature italienne, ''[[Roland furieux]]'', publié pour la première fois en 1516. Il associa la tradition classique de l'[[épopée]] à la tradition médiévale du [[roman courtois]]{{sfn|Burke|2002|p=86}}.
== De nouvelles identités ==
{{Section à sourcer|date=avril 2016}}
 
[[Pietro Bembo]] est un humaniste italien qui eut une grande influence à cette époque. Il fixait la loi en matière de langue et de littérature. En latin, il estimait que la prose devait se conformer au style majestueux de [[Cicéron]], avec ses phrases complexes et ses expressions ornées. La poésie, en revanche, devait suivre l'exemple de [[Virgile]]. Ce patricien de Venise qui vivait à Rome fit des efforts considérables pour consacrer le [[toscan]] comme langue littéraire de l'Italie. En poésie, son modèle était la langue de [[Pétrarque]] et de [[Dante]] ; en prose celle de ''Décaméron'' de [[Boccace]]{{sfn|Burke|2002|p=88-91}}.
=== Naissance d'une identité européenne ===
Les lettrés du [[Moyen Âge]] avaient conscience qu'ils vivaient sur un [[continent]] appelé [[Europe]] par les [[Géographie|géographes]], pour le distinguer de l'[[Asie]] et de l'[[Afrique]]. En revanche, la grande masse des habitants de l'Europe n'avaient jamais entendu ce terme : ils lisaient difficilement et « le [[clergé]] leur parlait comme à des [[christianisme|chrétiens]] appartenant au continent choisi par la Divine providence pour être le foyer de la vraie foi ». En somme, les Européens n'avaient pas pleinement [[conscience]] de leur [[identité (sciences sociales)|identité]] culturelle. La conscience de cette identité n'apparut qu'à la Renaissance<ref>[[John Hale]], ''la civilisation de l'Europe à la Renaissance'', Perrin, 1993, trad. 1998</ref>. Selon l'[[historien]] anglais [[John Hale]], ce fut à cette époque que le mot [[Europe]] entra dans le [[langage]] courant et fut doté d'un cadre de référence solidement appuyé sur des [[carte géographique|cartes]] et d'un ensemble d'[[image]]s affirmant son [[identité (sciences sociales)|identité]] visuelle et [[culture]]lle.
 
Pendant la Haute Renaissance, les arts sont favorisés par de grands [[Mécénat|mécènes]]. Les principaux sont [[Isabelle d'Este]] à Mantoue, le cardinal [[Tamás Bakócz]] et [[Marie de Hongrie (1505-1558)|Marie de Hongrie]], le cardinal [[Georges d'Amboise]] et le roi [[François Ier (roi de France)|François {{Ier}}]] en France, [[Thomas Wolsey]] en Angleterre et [[Marguerite d'Autriche (1480-1530)|Marguerite d'Autriche]]{{sfn|Burke|2002|p=99-102}}.
=== Officialisation et normalisation des langues populaires ===
Début [[1492]], [[Antonio de Nebrija]] présente à [[Isabelle Ire de Castille|Isabelle de Castille]] la première grammaire d'une langue populaire d'Europe, le ''Gramática Castellana'', qu'il conçoit comme un outil d'affermissement des conquêtes de la reine sur les {{citation|barbares qui parlent des langues exotiques}}, et qu'il complètera par un dictionnaire.
 
Le graveur et peintre allemand [[Albrecht Dürer]] acquit une grande renommée grâce à ses [[gravure]]s sur bois et aux [[estampe]]s de [[Marcantonio Raimondi|Raimondi]] sur ses peintures, de sorte que son œuvre s'est assuré une influence en Italie{{sfn|Burke|2002|p=106}}.
En [[1539]], [[François Ier de France|François {{Ier}}]], par l'[[ordonnance de Villers-Cotterêts]], proclame le [[français]] comme [[langue officielle]]. Le [[français]] devient ainsi la [[langue officielle]] du [[droit]] et de l'[[administration publique française|administration]], dans les [[acte juridique|actes juridiques]], à la place du [[latin]]. [[François Ier de France|François {{Ier}}]] installe également la bibliothèque royale au [[château de Fontainebleau]].
 
Au {{s|XVI|e}}, le [[Portugal]] continue les explorations ([[Pedro Álvares Cabral|Cabral]]). Les autres grands [[Liste d'explorateurs|navigateurs]] [[Christophe Colomb]], [[Amerigo Vespucci]] (voir paragraphe et article détaillé [[grandes découvertes]]) permettent aux puissances ibériques ([[Portugal]] et [[Espagne]]) d'étendre leur puissance et de chercher de nouvelles voies maritimes pour les épices, la principale [[Commerce des épices|route des épices]] exploitée par les Ottomans étant coupée depuis la [[chute de Constantinople]].
Le travail [[linguistique]] au sein des Institutions permet à la [[Français|langue française]] de dépasser les frontières des seules communautés de clercs. Il atteint les érudits (les humanistes).
 
Politiquement parlant, l'[[Espagne]] devient la première puissance européenne grâce à la richesse de ses [[Empire espagnol|colonies]] et à l'exploitation des mines d'[[argent]], qui autorisent une augmentation de la masse monétaire. [[Charles Quint]] est le souverain le plus puissant d'[[Europe]]. Il étend son influence sur une grande partie de l'[[Europe]], ce qui n'est pas sans créer une rivalité avec [[François Ier (roi de France)|François {{Ier}}]]. L'[[Espagne]] gardera sa puissance jusqu'au [[traité des Pyrénées]] ([[1659]]).
 
En France, à partir de [[Louis XII]] et de François {{Ier}} (à partir du début de son règne en [[1515]], correspondant à la [[bataille de Marignan]]), les [[guerres d'Italie]] font connaître la [[Renaissance italienne]] en [[France]], avec plus d'un siècle de retard. En architecture, le [[style Louis XII]] est une transition entre le style gothique et le style Renaissance. [[Léonard de Vinci]] apporte en France le savoir-faire des artistes de la Renaissance italienne. Les principaux représentants de l'humanisme en France sont [[Michel de Montaigne]] (1533-1592), auteur des ''[[Essais (Montaigne)|Essais]]'', et [[Rabelais]], auxquels il faut ajouter les poètes membres du groupe de la [[Pléiade (XVIe siècle)|Pléiade]] [[Joachim du Bellay]] (1522-1560) et [[Pierre de Ronsard]] (1524-1585).
 
== De nouvelles identités ==
=== Imitation de l'Antiquité ===
{{article détaillé|Humanisme de la Renaissance|Apports byzantins à la Renaissance italienne}}
[[Fichier:Hans Holbein d. J. 065.jpg|vignette|upright|''[[Portrait de Thomas More]]'' par [[Hans Holbein le Jeune]].]]
 
Il est fréquent de dire que durant la Renaissance, on s'intéressa de nouveau à l'[[Antiquité]], ce qui accompagna le mouvement intellectuel de l'« [[humanisme]] »<ref>[[Monique Mund-Dopchie]] a consacré une leçon au [[Collège Belgique]] sur cette problématique, penchant pour « relecture » de l'Antiquité, davantage qu'une redécouverte. [http://www.academieroyale.be/cgi?usr=4y5ybynugw&lg=fr&pag=1026&tab=146&rec=6712&frm=0&par=secorig1025&par2=0&id=5994&flux=45805437#detail La "redécouverte" de l'Antiquité, enregistrement de la conférence]</ref>.
[[Fichier:Hans Holbein d. J. 065.jpg|vignette|''[[Portrait de Thomas More]]'' par [[Hans Holbein le Jeune]].]]
Il est fréquent de dire que durant la Renaissance, on s'intéressa de nouveau à l'[[Antiquité]], ce qui accompagna le mouvement intellectuel de l'« [[humanisme]] »<ref>[[Monique Mund-Dopchie]] a consacré une leçon au [[Collège Belgique]] sur cette problématique, penchant pour « relecture » de l'Antiquité, davantage qu'une redécouverte. [http://www.academieroyale.be/cgi?usr=4y5ybynugw&lg=fr&pag=1026&tab=146&rec=6712&frm=0&par=secorig1025&par2=0&id=5994&flux=45805437#detail La "redécouverte" de l'Antiquité, enregistrement de la conférence]</ref>.
 
En fait, l'Antiquité était loin d'être inconnue au [[Moyen Âge]] :
* une partie de la culture antique était conservée dès le haut Moyen Âge grâce à [[Boèce]], [[Isidore de Séville]], [[Bède le Vénérable]] et, à l'époque carolingienne [[Paul Diacre]] et [[Alcuin]]… ; [[Platon]] était déjà connu à la cour de [[Charlemagne]] ; vers le milieu du {{s|IX}}, on connaissait, pour l'Antiquité latine, [[Lucain]], [[Juvénal]], [[Perse (poète)|Perse]], [[Térence]], [[Salluste]], [[Pline l'Ancien]], [[Sénèque le Rhéteur]], [[Virgile]], [[Horace]], [[Justin de Naplouse|Justin]], [[Vitruve]], [[Aulu-Gelle]], [[Valère Maxime]], [[Stace]] (la ''Thébaïde''), [[Sénèque]] (les ''Lettres''), [[Cicéron]] (œuvres rhétoriques et philosophiques) ; pour l'Antiquité grecque [[Aristote]] (la ''Logique''), [[Platon]] (le ''[[Timée le Sophiste|Timée]]'')<ref>Bernard Quilliet, ''La tradition humaniste'', Fayard, {{p. |180}}</ref> ;
* l'essentiel des œuvres d'[[Aristote]] ainsi qu'un grand nombre d'œuvres d'autres auteurs grecs parmi lesquels [[Euclide]], [[Ptolémée]], [[Galien]], [[Hippocrate]], [[Jean Damascène]] étaient déjà [[Traductions latines du XIIe siècle|traduites au {{s-|XII}} en latin]], au cours de ce que l'on appelle la [[Renaissance du XIIe siècle|Renaissance du {{s-|XII<sup>e</sup> siècle}}]]<ref>Bernard Quilliet, ''La tradition humaniste'', Fayard, {{p. |194}}</ref>.
 
Les textes qui ont été sauvés de l'Antiquité l'ont été, pour ce qui est des auteurs latins, par les copistes médiévaux dans les monastères. Cette culture était réservée à une élite composée essentiellement de [[Clergé|clercs]], dans les monastères, puis, à partir du {{XIIIe siècle}}, dans les écoles urbaines, et les premières [[université]]s européennes (école [[scolastique]]) : au {{s-|XV}}, 75 à 80 % des humanistes véritables avaient reçu le sacrement de l'ordre, et près de 100 % les ordres mineurs<ref>[[Pierre Chaunu]], ''Le temps des réformes'', {{p.|332}}</ref>. Par la suite eut lieu une relative laïcisation des études humanistes, qui ne servaient plus à former essentiellement de futurs théologiens ou canonistes, mais s'adressaient à un public beaucoup plus large : grands princes, petits nobles, détenteurs d'offices, négociants ou banquiers, techniciens (médecins, juristes, artistes de haut niveau, imprimeurs), de plus en plus nombreux à venir de la bourgeoisie<ref>[[Bernard Quilliet]], ''La tradition humaniste'', Fayard, {{p.|314}}</ref>.
 
Selon [[Régine Pernoud]], ce qui caractérise la Renaissance du {{sp-|XIV|au|XVI|}}, c'est d'une part qu'elle concerne une certaine Antiquité, celle de [[Périclès]] pour la Grèce, et pour Rome celle qui s'inspire du [[siècle de Périclès]] ; d'autre part, il s'agit plutôt de l'imitation de l'Antiquité considérée comme ayant déjà atteint la perfection que sa redécouverte<ref>[[Régine Pernoud]], ''Pour en finir avec le Moyen Âge'', Seuil, {{coll.|[[Points histoire]]}}, 1977, p. 16 à 20{{isbn|2-02-005074-9}}</ref>.
Les textes qui ont été sauvés de l'Antiquité l'ont été, pour ce qui est des auteurs latins, par les copistes médiévaux dans les monastères. Cette culture était réservée à une élite composée essentiellement de [[Clergé|clercs]], dans les monastères, puis, à partir du {{XIIIe siècle}}, dans les écoles urbaines, et les premières [[université]]s européennes (école [[scolastique]]) : au {{s-|XV}}, 75 à 80 % des humanistes véritables avaient reçu le sacrement de l'ordre, et près de 100 % les ordres mineurs<ref>[[Pierre Chaunu]], ''Le temps des réformes'', p. 332</ref>. Par la suite eut lieu une relative laïcisation des études humanistes, qui ne servaient plus à former essentiellement de futurs théologiens ou canonistes, mais s'adressaient à un public beaucoup plus large : grands princes, petits nobles, détenteurs d'offices, négociants ou banquiers, techniciens (médecins, juristes, artistes de haut niveau, imprimeurs), de plus en plus nombreux à venir de la bourgeoisie<ref>[[Bernard Quilliet]], ''La tradition humaniste'', Fayard, p. 314</ref>.
 
SelonPour [[Réginece Pernoud]]qui concerne l'Antiquité grecque, celes qui[[apports caractérisebyzantins à la Renaissance desitalienne]] {{sp-|XIV|au|XVI|s}},ont c'estété d'uneréalisés partsoit qu'elleà concernela unesuite certainede Antiquité,voyages celleentrepris depar les intellectuels italiens à [[PériclèsByzance]] pourà la Grècerecherche de manuscrits antiques, etsoit par des exilés byzantins venus s’établir en Italie pour Romey celleenseigner, quiprincipalement s'inspireà l’occasion du [[siècleConcile de PériclèsFlorence]] ;(1437-1439) d'autreet part,après illa s'agit[[chute plutôtde Constantinople]] (1453). La prise de lConstantinople par les [[Turc]]s ottomans eut pour résultat d'imitationamener deen lEurope des bibliothèques d'Antiquitéauteurs considéréeantiques commeconservées ayantà déjàByzance atteint; latoutefois, perfectionselon Régine Pernoud cela n'a queété saaucunement redécouvertedéterminant<ref>[[Régine Pernoud]], ''Pour en finir avec le Moyen Âge'', Seuil, {{coll.|[[Points Histoirehistoire]]}}, 1977, p. 16 à 2017-18{{isbn|2-02-005074-9}}</ref>.
 
Pendant la Renaissance desdu {{sp-|XIV|au|XVI|s}}, la connaissance des auteurs antiques s'ouvrit plus largement aux «  humanistes  » :
* [[Pétrarque]] et ses amis du grand nord, dès le {{XIVe siècle}} ([[Trecento]]) élargirent la gamme des auteurs antiques connus ;
* l'« humaniste » [[Flavio Biondo]] découvrit de nouvelles œuvres d'auteurs romains et entreprit des fouilles [[archéologie|archéologiques]] dans le [[Forum romain]] (vers [[1430]]) ;
* le prêtre florentin [[Marsile Ficin]] (1433-1499) traduisit en latin les ''Dialogues'' de Platon et plusieurs œuvres grecques plus tardives ; il tenta une conciliation du platonisme et du christianisme<ref>{{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Jean | nom1=Delumeau |lien auteur1=Jean Delumeau |titre=Une histoire de la Renaissance |sous-titre= |éditeur=Perrin |collection= |lieu= |année=1999 |volume= |tome= |pages totales=220 |passage= p.117-118|isbn=978-2262012885 |lire en ligne= }}. </ref> ;
* en [[1453]], le pillage de [[Constantinople]] par les [[Turc]]s ottomans, eut pour résultat d'amener en Europe des bibliothèques d'auteurs antiques conservées à Byzance, mais selon Régine Pernoud cela n'a été aucunement déterminant<ref>[[Régine Pernoud]], ''Pour en finir avec le Moyen Âge'', Seuil, Points Histoire, 1977, p. 17-18{{isbn|2-02-005074-9}}</ref>.
 
À partir du {{s-|XV}}, avec les travaux de [[Leonardo Bruni]], et [[Ermolao Barbaro]] notamment, on s'efforça de traduire [[Aristote]] en dépouillant ses textes des innombrables commentaires des philosophes médiévaux et arabes{{sfn|Burke|2002|p=59-60}}.
La même année l'invention de l'imprimerie allait permettre d'amplifier le phénomène.
 
Par conséquent :
Ligne 136 ⟶ 140 :
En fait, si le terme [[humanités]] existait déjà, le terme humanisme ne fut employé qu'à partir du {{XVIIIe siècle}} (selon [[Jean Delumeau]]).
 
=== DiffusionNaissance de ld'informationune paridentité l'imprimerieeuropéenne ===
Les lettrés du [[Moyen Âge]] avaient conscience qu'ils vivaient sur un [[continent]] appelé [[Europe]] par les [[Géographie|géographes]], pour le distinguer de l'[[Asie]] et de l'[[Afrique]]. En revanche, la grande masse des habitants de l'Europe n'avaient jamais entendu ce terme : ils lisaient difficilement et « le [[clergé]] leur parlait comme à des [[christianisme|chrétiens]] appartenant au continent choisi par la Divine providence pour être le foyer de la vraie foi ». En somme, les Européens n'avaient pas pleinement [[conscience]] de leur [[identité (sciences sociales)|identité]] culturelle. La conscience de cette identité n'apparut qu'à la Renaissance. Selon l'[[historien]] anglais [[John Hale]], ce fut à cette époque que le mot [[Europe]] entra dans le [[langage]] courant et fut doté d'un cadre de référence solidement appuyé sur des [[carte géographique|cartes]] et d'un ensemble d'[[image]]s affirmant son [[identité (sciences sociales)|identité]] visuelle et [[culture]]lle<ref>[[John Hale]], ''la civilisation de l'Europe à la Renaissance'', Perrin, 1993, trad. 1998</ref>.
 
=== Aspects linguistiques ===
[[Fichier:Villers-Cot.jpg|thumbnail|Copie du préambule et des articles toujours appliqués de l'[[ordonnance de Villers-Cotterêts]] qui officialise la langue française dans le droit et l'administration.]]
 
Au cours du {{s-|XIV}}, dans une Italie morcelée en plusieurs États et fragmentée en de nombreux dialectes, trois œuvres majeures d'écrivains florentins imposèrent le [[toscan]] comme langue littéraire : la ''[[Divine Comédie]]'' (1307-1321) de [[Dante]], le ''[[Canzoniere]]'' (v. 1335) de [[Pétrarque]] et le ''[[Le Décaméron (littérature)|Décaméron]]'' (1349-1353) de [[Boccace]]<ref>« Dante, Pétrarque, Boccace : Les lettres et l’humanisme », ''L'éléphant {{n°|17}}'', [https://lelephant-larevue.fr/thematiques/les-lettres-et-lhumanisme/ lire en ligne]</ref>.
 
Au début de [[1492]], [[Antonio de Nebrija]] présente à [[Isabelle la Catholique|Isabelle de Castille]] une grammaire du [[castillan]] (espagnol), qui est la première grammaire d'une langue populaire d'Europe, la ''[[Gramática castellana]]''. Il la conçoit comme un outil d'affermissement des conquêtes de la reine sur les {{citation|barbares qui parlent des langues exotiques}}, et qu'il complètera par un dictionnaire<ref>René Pellen, Francis Tollis, ''La Gramatica castellana d'Antonio de Nebrija : Grammaire d'une langue, langue d'une grammaire'', éditions Lambert Lucas, 2011</ref>.
 
En [[1539]], [[François Ier de France|François {{Ier}}]], par l'[[ordonnance de Villers-Cotterêts]], proclame le [[français]] comme [[langue officielle]]. Le [[français]] devient ainsi la [[langue officielle]] du [[droit]] et de l'[[administration publique française|administration]], dans les [[acte juridique|actes juridiques]], à la place du [[latin]]. [[François Ier de France|François {{Ier}}]] installe également la bibliothèque royale au [[château de Fontainebleau]]<ref>Agnès Blanc, La Langue du Roy est le français. Essai sur la construction juridique d'un principe d'unicité de langue de l'État royal (842-1789), 2010</ref>.
 
Même si les humanistes commencent à utiliser les langues « nationales », le [[latin]] reste très utilisé dans les communautés de clercs et dans les universités. Néanmoins, la majorité des autres populations parle des [[langues régionales]], que nous appelons aujourd'hui des [[dialecte]]s, qui existent parfois encore aujourd'hui.
 
Dans un contexte de prépondérance de l'[[Italie]] dans la plupart des domaines, le {{s-|XVI|e}} est marqué par une vague très importante d'[[emprunt lexical|emprunts]] de la langue française à l'[[italien]]<ref>[[Henriette Walter]], ''L'aventure des mots français venus d'ailleurs'', Robert Laffont, {{p.|137}} à 150</ref>. Des {{nombre|2000|[[italianisme]]s}} que comportait alors la langue française à cette époque<ref>[[Jean Pruvost]], [http://www.canalacademie.com/IMG/pdf/Microsoft_Word_-_Jean_20Pruvost_20La_20langue_20francaise_20Une_20longue_20histoire_1_.pdf La langue française : une longue histoire riche d'emprunts, {{p.|8}}]</ref>, le français moderne n'en a toutefois retenu qu'environ 700<ref>[[Henriette Walter]], ''L'aventure des mots français venus d'ailleurs'', Robert Laffont, {{p.|17}}</ref>. Plusieurs défenseurs de la langue française se sont émus contre ces excès de mode, notamment [[Henri Estienne]], auteur de ''Deux dialogues du nouveau langage italianizé et autrement desguizé'' (1578), [[Barthélemy Aneau]], [[Étienne Tabourot]], et [[François Béroalde de Verville|Béroalde de Verville]], auteur de ''Moyen de parvenir'' (1616)<ref>[http://www.tlfq.ulaval.ca/axl/francophonie/HIST_FR_s5_Renaissance.htm#1_La_pr%C3%A9pond%C3%A9rance_de_lItalie_ La Renaissance, l'affirmation du français, {{s-|XVI}}, la prépondérance de l'Italie], sur le site de l'université Laval</ref>. Henri Estienne en rendait responsables les guerres d'Italie et la cour, avec son « jargon » spécial{{sfn|Burke|2002|p=210}}.
 
=== Diffusion des idées par l'imprimerie ===
[[Image:Printing towns incunabula.svg|thumb|Carte de la diffusion de l'imprimerie de 1452 à 1500.]]
L'une des inventions qui eurent le plus d'impact sur les hommes de la Renaissance était le perfectionnement de l'[[imprimerie]]<ref>[[François Gilmont]] a consacré une leçon au [[Collège Belgique]] sur les relations qu'entretiennent les humanistes avec le livre, ainsi que la diffusion de cet objet. [http://www.academieroyale.be/cgi?usr=4y5ybynugw&lg=fr&pag=1026&tab=146&rec=6712&frm=0&par=secorig1025&par2=1&id=5995&flux=45789279#detail Le livre imprimé, enregistrement de la conférence]</ref> par les caractères mobiles en plomb et la presse à vis, par [[Johannes Gutenberg|Gutenberg]] vers [[1450]]. La première édition imprimée de la [[Bible]] apparut en [[1455]]. Les premiers textes imprimés concernaient assez souvent la religion et ceci pendant une cinquantaine d'années.
 
Contrairement à une image construite au {{s-|XIX}}, le savoir écrit n'a pas été réservé aux [[Clergé|clercs]] jusqu'à la fin du Moyen Âge. On assiste à une rapide diffusion de l'écrit en dehors de l'Église à partir des {{sp-|XII|-|XIII|s}}. [[Ramon Llull]] (v. 1235-1316), [[Dante]] (1265-1321) et [[Pétrarque]] (1304-1374) sont des figures marquantes de cette laïcisation des savoirs. Toutefois, ces laïcs qui savent lire et écrire demeurent classés dans la catégorie des ''illitterati'', la notion de ''litteratus'' servant à désigner un individu qui maîtrise le latin<ref>[[Pierre Chastang]], « Moyen Âge : une révolution de l'écrit », ''L'Histoire'', septembre 2019, {{p.|40}}</ref>.
Avant l'invention de ces procédés, l'imprimerie ne permettait pas une productivité beaucoup plus élevée que la copie manuelle, par des [[Clergé|clercs]], qui étaient les seuls capables de maîtriser les techniques d'écritures : au {{XIe siècle}} et {{XIIe siècle}}, les [[manuscrit]]s étaient retranscrits par des [[monachisme|moines]], dans des ''[[scriptorium|scriptoria]]'' lorsqu'ils existaient ou dans leurs cellules. C'était l'une des deux principales tâches des moines à l'époque ; ils les embellissaient par des [[enluminure]]s. D'autre part, la [[langue]] employée dans les [[manuscrit]]s était souvent le [[latin]] (la littérature en [[roman (langue)|roman]] existait néanmoins et a donné son nom au [[roman (littérature)|genre littéraire]]).
 
L'une des inventions qui eurent le plus d'impact sur les hommes de la Renaissance était le perfectionnement de l'[[imprimerie]]<ref>[[Jean-François Gilmont]] a consacré une leçon au [[Collège Belgique]] sur les relations qu'entretiennent les humanistes avec le livre, ainsi que la diffusion de cet objet. [http://www.academieroyale.be/cgi?usr=4y5ybynugw&lg=fr&pag=1026&tab=146&rec=6712&frm=0&par=secorig1025&par2=1&id=5995&flux=45789279#detail Le livre imprimé, enregistrement de la conférence]</ref> par les caractères mobiles en plomb et la presse à vis, par [[Johannes Gutenberg|Gutenberg]] vers [[1450]]. Les presses se propagèrent à Bâle en 1466, à Rome en 1467, Paris et Pilsen en 1468, Venise en 1469, Louvain, Valence Cracovie et Buda en 1473, Westminster en 1476 et Prague en 1477. Cela permit une multiplication des livres après 1450, avec {{nombre|4500|éditions}} pour la seule ville de Venise{{sfn|Burke|2002|p=77-78}}.
Les [[université]]s disposaient d'un quasi-monopole dans l'[[Histoire de l'éducation|éducation]] et la diffusion de l'information. Les puissantes universités de [[université de Bologne|Bologne]], de [[Ancienne université de Paris|Paris]], de [[Salamanque]], d'[[Oxford]] et de [[Cambridge]], étaient seules habilitées à diffuser le savoir, selon les méthodes éprouvées de la [[scolastique]]. Le [[droit]] et la [[théologie]] étaient les principales [[discipline (spécialité)|disciplines]] enseignées dans ces [[université]]s.
 
La première édition imprimée de la [[Bible]] apparut en [[1455]]. On imprimait aussi les classiques romains (Cicéron...). L'imprimeur vénitien [[Alde Manuce]] édita les classiques grecs avant la fin du {{s-|XV}}, notamment l'édition d'[[Aristote]] en cinq volumes qui parut entre 1495 et 1498. Les œuvres de certains humanistes italiens parurent assez vite en version imprimée : les poèmes de Pétrarque furent publiés en 1470 et réimprimés plus de vingt fois avant 1500. Le traité sur l'éducation de [[Leonardo Bruni]] parut en livre vers 1470, ses lettres en 1472 et son histoire de Florence en 1476. On imprima aussi les ''Elegantiae'' de [[Lorenzo Valla]] en 1471, [[Le Pogge]] et [[Marsile Ficin]] dans les années 1470, etc. Les idées des humanistes italiens purent se propager par l'exportation des livres dans d'autres régions d'Europe{{sfn|Burke|2002|p=78-79}}.
Le savoir était ainsi réservé aux [[Clergé|clercs]], qui disposaient de l'éducation nécessaire à la compréhension des textes.
 
L{{'}}''[[Imago mundi (littérature)|Imago mundi]]'' du cardinal [[Pierre d'Ailly]], qui fut écrit en [[1410]], fut imprimé pour la première fois à Louvain en [[1483]]. Il fut l'un des fondements de la connaissance géographique utilisée par [[Christophe Colomb]] et les navigateurs pendant les [[grandes découvertes]]<ref>René Clozier, ''Histoire de la géographie'', Que sais-je ?, [https://books.google.fr/books?id=HcKBDwAAQBAJ&pg=PT44&lpg=PT44&dq=1483+imprim%C3%A9+Louvain+%22Imago+mundi%22&source=bl&ots=nvEpn0ntgk&sig=ACfU3U1GrCUQFpuHaOMU77okEmjb5GXI6g&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwj_prLlv4bzAhUOExoKHXQQDa0Q6AF6BAgiEAM#v=onepage&q=1483%20imprim%C3%A9%20Louvain%20%22Imago%20mundi%22&f=false lire en ligne]</ref>.
L'[[imprimerie]] permit brusquement d'ouvrir l'accès à la connaissance à d'autres cercles. Il devint possible, par l'édition de [[Livre (document)|livres]] à partir du milieu du {{XVe siècle}}, de mieux comprendre les faits.
 
La diffusion de l'humanisme fut favorisée par des érudits qui se firent imprimeurs et des imprimeurs qui s'intéressèrent à l'érudition. Par exemple, [[Guillaume Fichet]], professeur de théologie et de rhétorique, créa le premier une presse à Paris, à la faculté de théologie de la Sorbonne. [[Alde Manuce]], célèbre imprimeur de Venise, ami d'Érasme et d'autres érudits, avait étudié avec [[Battista Guarino]]{{sfn|Burke|2002|p=78-79}}.
Par exemple, l'[[Imago mundi (littérature)|Imago mundi]] de [[Pierre d'Ailly]] fut écrit en [[1410]] et imprimé en [[1478]]. Il fut l'un des fondements de la connaissance géographique utilisée par [[Christophe Colomb]] et les navigateurs pendant les [[grandes découvertes]]. Les textes imprimés bouleversèrent la hiérarchie des valeurs. À l'université de Paris, par exemple, la faculté des arts devint au {{XVIe siècle}} la faculté la plus prestigieuse, devant celle de théologie. Les bibliothèques se développèrent. En France, les rois installèrent des bibliothèques dans leurs résidences.
 
L'imprimerie permettait de lire les idées avec détachement et esprit critique. En ce sens, elle a été un catalyseur des idées de la [[Réforme protestante]] à partir du {{s-|XVI}}. Le livre imprimé eut un impact considérable sur la première diffusion de la Réforme, et réciproquement la Réforme stimula le développement de l'imprimerie<ref>Louis Desgraves, ''La réforme et le livre
=== Aspects religieux ===
l'Europe de l'imprimé (1517-v. 1570)'', Paris, Cerf, 1990, [https://bbf.enssib.fr/consulter/bbf-1990-03-0260-002lire en ligne]</ref>.
[[Image:Alexander VI - Pinturicchio detail.jpg|thumb|Peinture du pape [[Alexandre VI]], célèbre pour sa corruption.]]
À l'intérieur du christianisme, le besoin de réforme se manifeste dès le {{s-|XV|e}}. Mais la Renaissance se caractérise aussi en Europe par un fort sentiment [[antijudaïsme|antijudaïque]].
 
== Aspects religieux ==
==== Diffusion de la Bible en langues vernaculaires ====
=== Une angoisse collective ===
Au [[Moyen Âge]], la plupart des fidèles n'avaient pas accès à la Bible dans leur langue maternelle. Les traductions en [[langue vernaculaire|langues vulgaires]] avaient même été interdites par la hiérarchie catholique<ref>[http://www.bible-et-histoire.com/la-bible-3000-ans-de-manuscrits1.html#opposition-traductions Bible et Histoire, opposition aux traductions de la Bible en langues vulgaires]</ref>. L'arrivée de l'imprimerie va bouleverser cette situation : l'[[Église catholique]] ne pourra plus s'opposer à la traduction et à la diffusion de la [[Bible]] dans les principales [[langue]]s de l'Europe<ref>[http://www.bible-et-histoire.com/la-recherche-scientifique-et-lauthenticite-de-la-bible1.html#vul Bible et Histoire, la vulgarisation de la Bible en Europe]</ref>. Les premières traductions ont souvent été réalisées par des protestants, comme [[William Tyndale]] pour la traduction en [[anglais]] en [[1537]], et [[Giovanni Diodati]] pour la traduction en [[italien]] en [[1607]]. La première traduction complète en [[français]], à partir du latin, fut l'œuvre du [[théologie]]n [[catholicisme|catholique]] [[Jacques Lefèvre d'Étaples|Lefèvre d'Étaples]] dès [[1528]], et fut imprimée en [[1530]].
{{Article connexe|Crise de la fin du Moyen Âge}}
 
On ne peut comprendre la Renaissance et ses aspects religieux que si l'on a en tête les événements qui l'ont précédée et scandée. L'historien [[Jean Delumeau]] distingue une période de grande angoisse - de 1348 à 1660 - au cours de laquelle les malheurs se sont plus particulièrement accumulés en Europe, y suscitant un ébranlement durable des esprits : la [[Peste Noire]] qui marque en 1347-1352 le retour des épidémies meurtrières, les soulèvements qui se relaient d'un pays à l'autre du {{sp-|XIV|au|XVII}}, l'interminable [[guerre de Cent Ans]], l'avance turque inquiétante à partir des [[Bataille de Kosovo Polje|défaites de Kosovo]] ([[1389]]) et [[Bataille de Nicopolis|Nicopolis]] ([[1396]]) et alarmante à partir du {{s|XVI}}, le [[grand schisme d'Occident]], les [[croisades contre les hussites]], la décadence morale de la [[papauté]] avant le redressement de la [[Réforme catholique]]. Il se produisit à partir du {{s-|XIV}} un renforcement et une plus large diffusion de la crainte des derniers temps, qui a suscité des [[Eschatologie chrétienne|peurs eschatologiques]], renforcées par les moyens de diffusion : l'[[imprimerie]] et la gravure jouèrent un grand rôle dans la sensibilisation du public à l'attente des derniers jours<ref>{{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Jean | nom1=Delumeau |lien auteur1=Jean Delumeau |titre=La peur en Occident, {{sp-|XIV|-|XVIII|s}} |sous-titre= |éditeur=Fayard|collection= |lieu= |année=1978|volume= |tome= |pages totales=486|passage= p.197-209|isbn=978-2213005560 |lire en ligne= }}.</ref>.
==== Réforme protestante et contre-réforme ====
 
Ainsi, la naissance de la [[Réforme protestante]] se comprend mal si on ne la replace pas dans l'atmosphère de [[fin du monde]] qui régnait alors en Europe et notamment en Allemagne{{sfn|Delumeau|1978|p=213|loc=|id=}}.
 
=== Diffusion et traduction de la Bible en langues vernaculaires ===
[[Image:Gutenberg Bible (Pelplin copy) 03.jpg|vignette|upright=1.1|gauche|Volume I ouvert et Volume II fermé de l'exemplaire de la [[Bible de Gutenberg]] conservé à la Bibliothèque du Séminaire Duchownego à [[Pelplin (ville)|Pełpin]] en Pologne.]]
{{Article détaillé|Traductions de la Bible#Premières traductions en langues modernes}}
{{Article détaillé|Traductions de la Bible en français|Traductions de la Bible en anglais}}
 
Au [[Moyen Âge]], la plupart des fidèles n'avaient pas accès à la [[Bible]] dans leur langue maternelle. La version officielle de l'Église catholique était la [[Vulgate]], traduction en [[latin]] de la Bible par [[saint Jérôme]] (347-420), et il était techniquement difficile d'en assurer une large diffusion.
 
L'arrivée de l'[[imprimerie]] va bouleverser cette situation : la Vulgate est imprimée dès [[1455]] par [[Johannes Gutenberg|Gutenberg]] (voir [[Bible de Gutenberg]]). Néanmoins, au {{s-|XVI}}, les [[réformateurs protestants]] en Europe multiplient les traductions en langues vulgaires pour que les fidèles puissent lire et interpréter la Bible par eux-mêmes, sapant de ce fait le monopole de l’interprétation des Écritures que l’Église romaine s’était arrogé<ref name=delisle>{{Article |langue= fr|auteur1=Jean Delisle |titre=Les nouvelles règles de traduction du Vatican |périodique=Meta |volume= 50|numéro=3 |date= août 2005|pages=p.831–850 |issn= |e-issn=|doi=10.7202/011599ar |lire en ligne=https://www.erudit.org/fr/revues/meta/2005-v50-n3-meta979/011599ar/ |consulté le= |id= }}.</ref>.
 
La première édition imprimée de la Bible en [[italien]] est l'œuvre de [[Nicolò Malermi]] (imprimée à Venise en [[1471]])<ref name=encyclo>{{Lien web |langue= en|titre=Mixed sources |url=https://www.newadvent.org/cathen/15367a.htm#mixed |date= |site=Catholic Encyclopedia |consulté le= }}. </ref>.
 
Une traduction complète en [[français]] de la Vulgate et du Nouveau Testament en grec fut l'œuvre du [[théologie]]n [[catholicisme|catholique]] [[Jacques Lefèvre d'Étaples|Lefèvre d'Étaples]] (imprimée à Anvers, 1530, 1534, 1541)<ref name=encyclo/>.
 
Du fait des réticences catholiques, comme on l'a vu ci-dessus, les premières traductions en langues vernaculaires de la Bible ont souvent été réalisées par des protestants :
* Pour la traduction en [[allemand]] : [[Martin Luther]] publie le [[Nouveau Testament]] en [[1522]] et l'[[Ancien Testament]] en [[1534]], voir [[Bible de Luther]] ;
* Pour la traduction en [[anglais moderne naissant]] : [[William Tyndale]] publie le Nouveau Testament en [[1525]]-[[1526]] et le [[Pentateuque]] en [[1530]] (voir [[Bible Tyndale]]) ; la première traduction complète de la Bible en anglais moderne est la [[Bible de Coverdale]] ([[1535]]) ;
* Les traductions en [[espagnol]] ont été effectuées par des protestants en dehors d'Espagne, l'Inquisition ayant interdit en [[1511]] toute traduction de la Bible en Espagne<ref>[https://croire.la-croix.com/Les-formations-Croire.com/BIBLE/Bible-mode-d-emploi/4e-etape-Les-traductions-de-la-Bible/Les-langues-de-la-Bible Les langues de la Bible, sur Croire.com]</ref>.
 
Lors du [[concile de Trente]] (1545-1563), qui inaugure la « [[Contre-Réforme]] » l’[[Église catholique|Église]] a jugé nécessaire de proclamer officiellement l’édition de la [[Vulgate]] comme la seule version authentique des [[Saintes Écritures]], déclaration qui du coup discréditait aux yeux des catholiques toutes les versions en langues vulgaires et les rendaient nulles et non avenues. L’Église ne toléra que les traductions accompagnées d’annotations fiables tirées des écrits des pères et docteurs de l’Église catholique<ref name=delisle/>.
 
=== Réforme protestante et contre-réforme ===
[[Image:Pope Alexander Vi.jpg|thumb|upright|Portrait du pape [[Alexandre VI]] Borgia, célèbre pour sa corruption, peint par [[Cristofano dell'Altissimo]] vers le milieu du {{s-|XVI}}. Corridor de Vasari. Florence.]]
{{Article détaillé|Réforme protestante|Contre-réforme}}
 
Le mouvement de renouveau en [[Europe]] s'accompagne d'un enrichissement jugé excessif de l'Église, ce qui provoque l'indignation de certains chrétiens, qui veulent revenir aux sources de la [[Bible]]. D'autre part, à cette époque, certains chefs de l'Église étaient jugés trop proches des autorités politiques.
Au {{XVe siècle}}, plusieurs réformateurs dont [[John Wyclif]] en [[Angleterre]] et [[Jan Hus]] en Bohême, tentent de réformer l'Église, mais se heurtent à l'intransigeance des clercs. Jan Hus est condamné par l'Église, ce qui laissera une blessure durable en [[Europe centrale]]. Le moine dominicain [[Jérôme Savonarole|Savonarole]] défia l'Église à [[Florence]]. Il mourut sur le bûcher<ref>[[Jean Delumeau]], [[Thierry Wanegffelen]], [[Bernard Cottret (historien)|Bernard Cottret]], ''Naissance et affirmation de la Réforme'', PUF, rééd. 2012 ({{1re}} éd. 1973)</ref>.
 
Au {{XVe siècle}}, plusieurs réformateurs dont [[John Wyclif]] en [[Angleterre]] et [[Jan Hus]] en Bohême, tentent de réformer l'Église, mais se heurtent à l'intransigeance des clercs. Jan Hus est condamné par l'Église, ce qui laissera une blessure durable en [[Europe centrale]]. Le moine dominicain [[Jérôme Savonarole|Savonarole]] défia l'Église à [[Florence]]. Il mourut sur le bûcher.
 
Au {{XVIe siècle}}, de nouveaux réformateurs apparurent :
* [[Martin Luther|Luther]], [[théologie]]n et réformateur germanique, s'indigne des [[Indulgence (catholicisme)|indulgences]] accordées par Rome et publie ses [[95 thèses]] ([[1517]]) ;
* [[Jean Calvin|Calvin]], [[réformateur protestant|réformateur]] français, installé à [[Genève]], en [[Suisse]] ;
* [[Thomas More]], qui ne peut éviter la séparation de l'[[Anglicanisme|Église anglicane]].
 
L'[[Église catholique]] tient plusieurs conciles dont le [[concile de Constance]] (1414-1418), le [[concile de Bâle-Ferrare-Florence-Rome|concile de Bâle]] (1431-1441) et le [[concile de Trente]] (1545-1563), ce dernier en réaction à la Réforme protestante, d'où le nom de contre-réforme donné aux décisions de ce concile.
 
==== Judaïsme ====
Les aspects liés au [[judaïsme]] dans cette période sont abordés dans l'article [[antijudaïsme]] :
* [[Antijudaïsme#Renaissance et XVIIe.C2.A0siècle|Antijudaïsme pendant la Réforme]].
* Sur la période correspondant aux {{sp-|XIV|et|XV|s}}, se reporter au paragraphe [[Antijudaïsme#Entre la première croisade et la Renaissance|Entre la première croisade et la Renaissance]]
 
=== Judaïsme, intérêt pour l'hébreu ===
Alors que les Juifs avaient été des acteurs des précédentes Renaissances, les populations juives sont exclues de ce mouvement de Renaissance, par la multiplication de mesures d'exclusion, soit religieuses, soit politiques : des expulsions de plusieurs pays (Angleterre, Espagne…), des mesures discriminatoires et la multiplication des [[ghetto]]s.
 
Néanmoins, l'[[hébreu]], langue de l'Ancien Testament, commença à être pris au sérieux par un cercle international d'érudits chrétiens. Quelques rares humanistes italiens se sont intéressés à l'hébreu dès le {{s-|XV}}, notamment [[Pic de la Mirandole]] a pris des leçons auprès d'érudits juifs, [[Élie del Medigo]] à Padoue et [[Yohanan Alemanno|Jochanna ben Isaac Alemanno]] à Florence. Au début du {{s-|XVI}}, l'hébreu était solidement établi dans plusieurs universités européennes : Alfonso de Zamora l'enseigna à [[Université de Salamanque|Salamanque]] en 1511. En 1517 fut fondé le célèbre « Collège trilingue » de l'[[université de Louvain]], consacré aux trois langues des Écritures : le latin, le grec et l'hébreu. Un collège du même type fut créé à [[Université d'Alcalá de Henares (1499-1836)|Alcalá]]. L'enseignement de l'hébreu commença en 1519 à l'[[université de Heidelberg]], en 1529 à Bâle et en 1530 au nouveau [[Collège de France|Collège royal de Paris]]{{sfn|Burke|2002|p=111-112}}.
 
Certains humanistes chrétiens s'intéressaient à l'hébreu également pour comprendre la [[kabbale]], tradition (sens du mot ''kabbala'') secrète, « occulte » des érudits juifs : [[Pic de la Mirandole]], et surtout [[Johannes Reuchlin]] qui publia en 1517 un livre sur la kabbale, qu'il dédicaça au pape [[Léon X]] ; il y affirmait que cette tradition juive donnait accès à la « philosophie symbolique » perdue de Pythagore, qui tenait sa sagesse de l'Orient {{sfn|Burke|2002|p=112-113}}. Ce dernier livre fut l'objet d'une polémique [[antijudaïque]]{{sfn|Burke|2002|p=117}}.
 
== Grandes découvertes ==
{{Section à sourcer|date=avril 2016}}[[Fichier:CantinoPlanisphere.png|thumb|350px|Le [[planisphère de Cantino]] réalisé en 1502 est la plus ancienne représentation des voyages de [[Christophe Colomb]] dans les [[Caraïbes]], de [[Gaspar Corte-Real]] à [[Terre-neuve]], de [[Pedro Álvares Cabral]] au [[Brésil]] et de [[Vasco de Gama]] en [[Inde]]. Le méridien du [[traité de Tordesillas]] est représenté.]]
{{Article détaillé|Grandes découvertes|Sciences en Europe durant la Renaissance}}
 
=== Représentation géographiquedu monde ===
Le début du [[Moyen Âge]] voit apparaître d'étranges représentations comme la [[carte en TO]] (TO pour ''Terrarum Orbis'') d'[[Isidore de Séville]] ({{s|VI}}), où la Terre est représentée avec les trois continents Europe, Asie, Afrique à l'intérieur d'un cercle (O) séparé par un T. On retrouve encore une telle représentation dans le ''[[Liber floridus]]'', encyclopédie de [[Lambert de Saint-Omer]] ({{s-|XII}}). Mais contrairement à une idée reçue, au Moyen Âge la plupart des élites se représentent la Terre sphérique et placée au centre d'un cosmos formé lui-même d'un emboîtement de sphères. Citons, pour l'Europe latine : [[Sacrobosco]], [[Gautier de Metz]], [[Vincent de Beauvais]] (encyclopédiste du {{s|XIII}}), [[Roger Bacon]], [[Oresme]], [[Buridan]]{{, etc.}} ; et parmi les chrétiens d'Orient, on peut mentionner, par exemple, [[Théodore Métochitès]], [[Michel Psellos]], [[Isaac Argyros]] et [[Gémiste Pléthon]]. Ils s'appuyaient sur l'héritage de la période classique de la Grèce antique<ref>[http://www.cosmovisions.com/geodesieChrono.htm La forme et les dimensions de la Terre - Histoire de la géodésie] sur Cosmovision.com</ref>.
Dans le monde cultivé des universités occidentales, on avait conscience depuis l’intégration des systèmes de l’antiquité grecque ([[Claude Ptolémée]], [[Aristote]], [[Ératosthène]]), c’est-à-dire depuis les {{s2|XII|XIII|}}, que la [[Terre]] était ronde. Cette représentation n’était pas encore très diffusée dans la société occidentale avant le {{XVe siècle}}.
 
Les connaissances se sont enrichies à partir d'autres sources comme celle de l'[[astronome]] arabe [[Al-Farghani]] ({{s-|IX}}), puis [[Le Livre de Marco Polo]] (deuxième moitié du {{s-|XIII}}) apporta quantité d'informations sur l'Asie. Dès lors, en Europe, on pouvait mieux se représenter la Terre comme étant sphérique. Cependant, la question se posait de savoir si le monde habité était une île unique ou si les autres quartiers du globe possédaient également des terres émergées. Cette question se pose encore aux savants occidentaux du {{s-|XIV}} puisqu'à leur époque les trois quarts de la surface terrestre restent inexplorés. Une question plus lancinante se dessine en creux : sommes-nous les seuls habitants de la Terre ? [[Jean Buridan]] (1300-1358) considérait que la terre et l'eau forment deux sphères de centres distincts : la terre domine la mer sur un seul quartier du monde où la vie a pu être abritée et est entièrement recouverte dans les autres<ref>Vincent Deparis, « La forme de la Terre : plate, oblongue ou aplatie aux pôles ? » [https://planet-terre.ens-lyon.fr/ressource/histoire-forme-Terre.xml#retourinexplor%C3%A9s lire en ligne]</ref>.
 
Le cardinal français [[Pierre d'Ailly]] publie le traité cosmographique intitulé ''[[Imago mundi (littérature)|Imago Mundi]]'' en [[1410]]. Fondant ses raisonnements sur l'autorité d'[[Aristote]], de [[Pline l'Ancien]] et de [[Sénèque]], il y défend l'idée que les Indes peuvent être atteintes par l'Ouest en peu de jours. [[Christophe Colomb]], qui possède un exemplaire imprimé du livre (aujourd'hui à Séville), est fortement influencé par les arguments de Pierre d'Ailly, comme en témoignent les notes qu'il ajoute de sa main dans les marges de plusieurs de ses pages<ref>[http://www.cosmovisions.com/Ailly.htm Pierre d'Ailly] sur Cosmovisions.com</ref>. On savait désormais qu’il était possible d’atteindre l’[[Asie]] sans passer par le bassin oriental de la [[Mer Méditerranée |Méditerranée]] et le [[Moyen-Orient]], occupés par les Turcs, après la [[Chute de Constantinople|prise de Constantinople]] ([[1453]]), soit en contournant l’[[Afrique]] par voie de mer en passant au sud, soit en allant vers l’ouest.
 
La (re)découverte de l'[[héliocentrisme]], objet de nombreux débats, ne semble pas avoir eu d'influence significative pendant la Renaissance : [[Nicolas Copernic]] fit publier ses thèses héliocentristes à sa mort en [[1543]], mais celles-ci furent interdites en [[1616]] puis « enterrées » au moment de l’affaire [[Galilée (savant)|Galilée]] ([[1633]], pendant la [[guerre de Trente Ans]]) jusqu’au milieu du {{s-|XVIII}}. Il serait donc inexact de parler de [[révolution copernicienne]] pour la Renaissance, même s’il y eut effectivement un changement important de [[représentation]] du monde.
 
=== Techniques de navigation et cartographie ===
{{Article détaillé|Cartographie}}
 
De nouveaux procédés techniques permirent le développement des explorations maritimes lors de la Renaissance.
 
La [[boussole]], importée de Chine, était déjà d'un usage courant en Europe à la Renaissance : la première mention d'une aiguille aimantée et de son usage par les marins en Europe se trouve dans ''De naturis rerum'' (« De la Nature des Choses ») d'[[Alexandre Neckam]] publié en 1190<ref>Barbara M. Kreutz, « Mediterranean Contributions to the Medieval Mariner's Compass », Technology and Culture, no 14, 1973, {{p.|367-383}}</ref>.
 
La [[Caravelle (navire)|caravelle]] est un navire à voiles inventé par les Portugais en 1430 et adapté aux longs voyages. Elle a été rendue célèbre par les grandes expéditions maritimes entre le {{s mini-|XV}} et le {{s-|XVII}}. La caravelle résulte du croisement entre les carabos arabes, des navires de pêche dotés de voiles latines (triangulaires) et les bateaux nordiques, équipés de voiles carrées. Elle permettait de s’aventurer plus loin des terres. Mais on ne connaissait pas bien la distance à parcourir<ref>Céline Deluzarches, « Caravelle », sur futira-sciences.com, [https://www.futura-sciences.com/sciences/definitions/histoire-caravelle-19153/ lire en ligne]</ref>.
 
Le premier usage de l'[[astrolabe nautique]] serait dû aux marins de la flotte de [[Diogo de Azambuja]] vers la Guinée en 1481-1482<ref>Alan Stimson, The mariner's astrolabe : A survey of known, surviving sea astrolabes, Utrecht, 1988, {{p.|576}}</ref>.
 
Le [[loch (bateau)|loch]] permit d'estimer la vitesse de déplacement d'un navire. La première mention de ce type d'instrument apparaît pour la première fois en Angleterre dans un livre de [[William Bourne (mathématicien)|William Bourne]] intitulé ''A regiment for the sea''<ref>L'invention du loch, sur http://dossiersmarine4.fr, [http://dossiersmarine4.fr/nav-loch.htm lire en ligne]</ref>.
 
La [[cartographie]] connut de grands développements avec par exemple [[Fra Mauro]] à [[Venise]], dès le {{XVe siècle}}, qui correspondit avec [[Henri le Navigateur]], ce qui permit aux [[exploration|explorateurs]] [[europe|européens]] de partir à la découverte du [[monde (univers)|monde]]. En retour, les [[exploration]]s fournirent de nombreux relevés cartographiques, qui firent avancer cette discipline, avec notamment la [[projection de Mercator]], en [[1569]], marquant l'avènement de la [[géodésie]] moderne<ref>[https://www.futura-sciences.com/planete/dossiers/terre-quest-ce-geodesie-644/page/3/ Histoire des mesures géodésiques] sur futura-sciences.com</ref>.
Entre les {{s2|XII|XV|}}, les informations géographiques se sont enrichies considérablement à partir d'un ensemble de sources, incluant, outre les philosophes et géographes grecs déjà cités, l’astronome arabe [[Al-Farghani]], l’explorateur vénitien [[Marco Polo]] (voyages en Asie), le cardinal français [[Pierre d'Ailly]] (auteur de l’[[Imago mundi (littérature)|Imago Mundi]], publié en [[1410]], imprimé en [[1478]]).
 
=== Explorations maritimes ===
Avant la Renaissance, on se représentait donc, dans les milieux cultivés, la terre comme sphérique, les terres émergées connues (Europe, Asie, Afrique) occupant l'hémisphère nord, dans un secteur d'environ {{unité|180|°}}{{refnec}}.
[[Image:Vasco-da-gama-2.jpg|thumb|upright|Portrait de [[Vasco de Gama]] par [[Gregório Lopes]].]]
{{Article détaillé|Grandes découvertes}}
 
Des expéditions [[Chine|chinoises]] se sont lancées à l’assaut des [[océan]]s dès le début du {{s|XV}}, alors que la France était encore empêtrée dans la [[guerre de Cent Ans]] : entre [[1405]] et [[1433]] eurent lieu sept expéditions vers les côtes de l'[[Asie du Sud-Est]], de nombreuses îles de l'[[océan Indien]], et l'[[Afrique de l'Est]], sous la conduite de l'amiral [[Zheng He]]. Sous les [[Dynastie Song|Song]], la Chine avait déjà lancé des explorations vers l'Afrique. Les voyages de Zheng He étaient plutôt pensés comme une démonstration de la puissance chinoise, un moyen de raviver le [[commerce]] avec les États vassaux et de garantir le flux de marchandises d'importance, comme les [[médicament]]s, le [[poivre]], le [[soufre]], l'[[étain]] et les [[chevaux]]. Les expéditions furent arrêtées par l’[[Mandarin (fonctionnaire)|administration chinoise]]<ref>Dolors Folch, « Zheng He, l'explorateur qui a fait de la Chine une grande puissance navale », National Geographic, 19 octobre 2020, nationalgeographic.fr, [https://www.nationalgeographic.fr/histoire/2020/10/zheng-he-lexplorateur-qui-a-fait-de-la-chine-une-grande-puissance-navale lire en ligne]</ref>.
On savait donc qu’il était théoriquement possible d’atteindre l’[[Asie]] sans passer par le bassin oriental de la [[Mer Méditerranée|Méditerranée]] et le [[Moyen-Orient]], occupés par les Turcs, après la [[Chute de Constantinople|prise de Constantinople]] ([[1453]]), soit en contournant l’[[Afrique]] par voie de mer en passant au sud, soit en allant vers l’ouest.
 
Du côté européen, on cherchait des voies commerciales alternatives aux routes commerciales continentales comme la [[Commerce des épices|route des épices]], après la prise de [[Constantinople]] (1453), par les [[Ottomans]], et leur domination sur l’est du bassin méditerranéen.
La découverte de l'[[héliocentrisme]], objet de nombreux débats, n’a pas eu d'influence pendant la Renaissance : [[Nicolas Copernic]] fit publier ses thèses héliocentristes à sa mort en [[1543]], mais celles-ci furent interdites en [[1616]] puis « enterrées » au moment de l’affaire [[Galilée (savant)|Galilée]] ([[1633]], pendant la [[guerre de Trente Ans]]) jusqu’au milieu du {{XVIIIe siècle}}. Il serait donc inexact de parler de [[révolution copernicienne]] pour la Renaissance, même s’il y eut effectivement un changement important de [[représentation]] du monde.
 
Une première phase des [[grandes découvertes]] est ouverte, dès le {{XVe siècle}}, par les navigateurs [[Portugal|portugais]] qui, sous l'impulsion de [[Henri le Navigateur]], lancent des expéditions en vue de contourner l'[[Afrique]]<ref>[https://www.herodote.net/Bio/Henri_le_Navigateur-biographie-SGVucmkgbGUgTmF2aWdhdGV1cg==.php Henri le Navigateur] sur [[herodote.net]]</ref>{{,}}<ref>[http://www.cosmovisions.com/HenriNavigateur.htm Henri le Navigateur] sur Cosmovisions</ref>. [[Bartolomeu Dias]] est probablement le premier Européen parvenir à doubler, en 1487-1488, le cap des Tempêtes<ref>''Le Grand livre des explorateurs et des explorations'', France Loisirs, p. 39</ref>, rebaptisé [[cap de Bonne Espérance]] par le roi [[Jean II (roi de Portugal)|Jean II]]<ref>[https://www.herodote.net/3_fevrier_1488-evenement-14880203.php Bartolomeu Dias] sur le site [[Herodote.net]]</ref>. Huit ans plus tard, le roi [[Manuel Ier de Portugal|Manuel {{Ier}} de Portugal]] relance la conquête de la route circumafricaine : l'expédition de [[Vasco de Gama]] touche [[Calicut]] aux [[Indes orientales|Indes]] le {{date|20|mai|1498}}<ref>''Le Grand livre des explorateurs et des explorations'', France Loisirs, p. 53</ref>. C'est par hasard sur [[Pedro Álvares Cabral|Cabral]], envoyé par Manuel {{Ier}} pour rejoindre les Indes, et détourné par les vents alizés, traverse l'[[Atlantique Sud]] et découvre le [[Brésil]], qu'il prend pour une île (1500)<ref>''Le Grand livre des explorateurs et des explorations'', France Loisirs, p. 62 et 81</ref>.
=== Techniques de navigation et [[cartographie]] ===
De nouveaux procédés techniques permirent la soutenabilité des explorations maritimes des grandes découvertes. La [[boussole]] fut importée de Chine. L’[[astrolabe]] est utilisé pour la première fois par [[Christophe Colomb]]. Le [[loch (bateau)|loch]] permit d'estimer la vitesse de déplacement d'un navire. Le [[Sextant]] remplace l'[[octant]] et l'[[astrolabe]] au {{s-|XVIII|e}}. La [[Caravelle (navire)|caravelle]] est déjà inventée par les Portugais au début du {{s|XV|e}}, c'est-à-dire à la fin du [[Moyen Âge]], ce type de navire fut utilisé dans les grandes découvertes par les explorateurs européens. Ils permettaient de s’aventurer plus loin des terres. Mais on ne connaissait pas bien la distance à parcourir. La [[cartographie]] connut de grands développements avec par exemple [[Fra Mauro]] à [[Venise]], dès le {{XVe siècle}}, qui correspondit avec [[Henri le Navigateur]], ce qui permit aux [[exploration|explorateurs]] [[europe|européens]] de partir à la découverte du [[monde (univers)|monde]]. En retour, les [[exploration]]s fournirent de nombreux relevés cartographiques, qui firent avancer cette discipline, avec notamment la [[projection de Mercator]], en [[1569]].
 
De son côté, l'[[Espagne]] envoya ses propres [[Navigateur (marine)|navigateurs]] : [[Christophe Colomb]], qui rêve d'atteindre les [[Indes orientales|Indes]] par l'ouest, découvre ce que l'on appellera plus tard l'[[Amérique]]<ref>La dénomination Indes occidentales pour l'Amérique provient du fait que Colomb, ignorant l'existence du continent américain, pensait avoir atteint les Indes</ref> et effectue quatre voyages entre [[1492]] et [[1502]]<ref>''Le Grand livre des explorateurs et des explorations'', France Loisirs, p. 54 à 61</ref>. [[Fernand de Magellan|Magellan]] (tour du monde), [[Amerigo Vespucci]] (Amérique du Sud), qui donnera (involontairement) son nom au nouveau continent (voir ci-dessous)…
=== Exploration maritime ===
[[Image:Vasco-da-gama-2.jpg|thumb|Portrait de [[Vasco de Gama]] par [[Gregorio Lopes]].]]
Des expéditions [[chine|chinoises]] s’étaient lancées aussi à l’assaut des [[océan]]s à partir de [[1405]] avec des explorations vers les côtes de l'[[Asie du Sud-Est]], de nombreuses îles de l'[[océan Indien]], et l'[[Afrique de l'Est]], sous la conduite de l'amiral [[Zheng He]], mais furent arrêtées par l’[[Mandarin (fonctionnaire)|administration chinoise]].
 
[[Fichier:CantinoPlanisphere.png|thumb|350px|Le [[planisphère de Cantino]] réalisé en 1502 est la plus ancienne représentation des voyages de [[Christophe Colomb]] dans les [[Caraïbes]], de [[Gaspar Corte-Real]] à [[Terre-neuve]], de [[Pedro Álvares Cabral]] au [[Brésil]] et de [[Vasco de Gama]] en [[Inde]]. Le méridien du [[traité de Tordesillas]] est représenté.]]
Du côté européen, on cherchait des voies commerciales alternatives aux routes commerciales continentales comme la [[Commerce des épices|route des épices]], après la prise de [[Constantinople]] ([[1453]]), par les Ottomans, et leur domination sur l’est du bassin méditerranéen.
 
Après avoir dicté la [[bulle Intercaetera]] en 1493, le pape [[Alexandre VI]] signe le {{date|7|juin|1494}} le [[traité de Tordesillas]] qui définit une ligne de partage entre les terres du [[Nouveau Monde]] découvertes par les Espagnols et les Portugais<ref>''Le Grand livre des explorateurs et des explorations'', France Loisirs, p. 58</ref>. Ce traité lésait les nations autres que l'Espagne et le Portugal. L'[[Réforme protestante|avènement de la Réforme et l'essor du protestantisme]] favorise alors l'apparition de la [[piraterie]] : les protestants dénient au pape le droit de décider des territoires d'un monde qui n'est plus exclusivement du ressort de Rome. Le plus célèbre des [[corsaire]]s, [[Francis Drake]], surnommé « le Dragon » par les Espagnols, accomplit de (1577-1580) la deuxième [[circumnavigation]] de l'histoire après [[Fernand de Magellan|Magellan]], dont la reine [[Élisabeth Ire (reine d'Angleterre)|Élisabeth {{Ire}}]] est la principale commanditaire<ref>''Le Grand livre des explorateurs et des explorations'', France Loisirs, p. 82-83</ref>.
Une première phase des [[grandes découvertes]] est ouverte, dès le {{XVe siècle}}, par les navigateurs portugais qui, sous l'impulsion de [[Henri le Navigateur]], lancent des expéditions en vue de contourner l'[[Afrique]]. [[Vasco de Gama]] découvre l'[[Inde]] ([[1497]]-[[1498]]) ([[Inde]]), [[Pedro Álvares Cabral|Cabral]] découvre le [[Brésil]] ([[1500]]).
 
Le terme « [[Amérique]] » fut attribué en 1507 dans la ville de [[Saint-Dié-des-Vosges#Histoire|Saint-Dié]] (actuellement [[Saint-Dié-des-Vosges]]), par une assemblée savante, le [[Gymnase vosgien]], composé de [[Géographie|géographes]]. Le nom du nouveau continent fut composé à partir du nom du navigateur [[Amerigo Vespucci]]<ref>Numa Broc, Saint-Dié et le baptême de l'Amérique : Albert Ronsin, ''Découverte et baptême de l'Amérique'', 1992, [https://www.persee.fr/doc/geo_0003-4010_1993_num_102_571_21152_t1_0326_0000_2 lire en ligne]</ref>.
De son côté, l'[[Espagne]] envoya ses propres [[Navigateur (marine)|navigateurs]] : [[Christophe Colomb]] vers l'[[Amérique]] (trois voyages à partir de [[1492]]), [[Fernand de Magellan|Magellan]] (tour du monde), [[Amerigo Vespucci]] (Amérique du Sud), qui donnera (involontairement) son nom au nouveau continent (voir plus bas)…
 
Le navigateur français [[Jacques Cartier]] effectue fort jeune de nombreux voyages de pêche vers les bancs de [[Terre-Neuve]], sur les navires [[Saint-Malo|malouins]]. On suppose même qu'il visite la côte du Canada, en 1524, et celle du Brésil, en 1528. Cartier se met en tête d'aller plus loin à l'ouest et de découvrir la voie rapide vers les richesses de la [[Chine]]. Hissé par son mariage dans la bonne société, il parvient à convaincre [[François Ier (roi de France)|François {{Ier}}]] du bien-fondé de son entreprise. Le roi lui alloue la somme de six mille livres pour une expédition de découverte du grand [[passage du nord-ouest]]. L'équipage français, composé d'une soixantaine de matelots sur deux navires, hisse les voiles le {{date|20|avril|1534}}. Après avoir traversé l'[[Atlantique Nord]] et longé la côte ouest de Terre-Neuve, il arrive dans baie du [[Fleuve Saint-Laurent|Saint-Laurent]], découvrant ce qui deviendra le [[Canada]], avant de venir le {{date|5|septembre|1534}}. Il effectue un second voyage en mai 1535, où il arrive au village indigène de [[Stadaconé]], le site actuel de [[Québec]]<ref>''Le Grand livre des explorateurs et des explorations'', France Loisirs, {{p.|114-115}}</ref>.
Le [[traité de Tordesillas]] ([[1494]]) définissait une ligne de partage entre colonies espagnoles et portugaises en [[Amérique]]. Le traité de Tordesillas lésait les nations autres que l'Espagne et le Portugal, ce qui provoqua le phénomène des [[corsaire]]s. Le plus célèbre, [[Francis Drake]], accomplit la deuxième circumnavigation de l'histoire après [[Fernand de Magellan|Magellan]] ([[1577]]-[[1580]]).
 
Les navigateurs britanniques étaient souvent des [[corsaire]]s.
Le terme « Amérique » fut attribué en [[1507]] dans la ville de [[Saint-Dié-des-Vosges#Histoire|Saint-Dié]] (actuellement Saint-Dié-des-Vosges), par une assemblée savante, le [[Gymnase vosgien]], composé de [[Géographie|géographes]]. Le nom du nouveau [[continent]] fut composé à partir du nom du navigateur [[Amerigo Vespucci]].
 
Le [[jésuite]] [[François Xavier]] atteint le [[Japon]] en [[1549]], à [[Kagoshima]], et débarque sur l'îlot de Sancian en face de [[Canton]] en [[Chine]] le {{date|13|novembre|1552}}. En [[1557]], les Portugais achèvent leur poussée vers l'est en s'installant à [[Macao]], où ils peuvent établir un [[comptoir]]<ref>''Le Grand livre des explorateurs et des explorations'', France Loisirs, {{p.|182-183}}</ref>.
Le navigateur français [[Jacques Cartier]] partit vers le [[Canada]] ([[1534]]). Les navigateurs britanniques étaient souvent des [[corsaire]]s.
 
Le 13 avril 1608, un bateau français, commandé par [[Samuel de Champlain]] remonte l'estuaire du [[Fleuve Saint-Laurent|Saint-Laurent]]. En juillet, il s'établit à [[Québec]], avant de découvrir en [[1613]] les [[Grands Lacs (Amérique du Nord)|Grands lacs]]<ref>''Le Grand livre des explorateurs et des explorations'', France Loisirs, {{p.|116-117}}</ref>.
[[François Xavier]] atteignit la [[Chine]] et le [[Japon]] en [[1549]]-[[1551]].
 
Ces explorations enrichirent considérablement les relevés [[cartographie|cartographiques]] (voir [[Gérard Mercator|Mercator]]). Elles permirent aux [[Européens]] d’identifier de nouvelles terres émergées et d’affiner les contours des [[continent]]s.
[[Fichier:Europe about 1550.jpg|250px|thumb|L'Europe au milieu du {{s|XVI|e}}.]]
 
=== Conséquences économiques ===
La première conséquence économique de la découverte du [[Nouveau Monde]] fut un afflux considérable de [[métal précieux|métaux précieux]]. On emploie de plus en plus l'[[or]], l'[[argent]], le [[fer]], le [[cuivre]], en majorité ramenés du nouveau monde. L'essentiel fut converti en [[monnaie]], entraînant une hausse sensible des prix. On estime qu'entre 1450 et 1550, la [[masse monétaire]] en Europe a été multipliée par huit. La deuxième conséquence est que l'[[Espagne]], pays dominant de cette période, a acquis sa puissance politique, économique, et militaire non par le travail de ses habitants, mais par l'accès à un stock de monnaie<ref>Jean-Marc Daniel, ''Histoire vivante de la pensée économique'', Pearson, {{p.|24}}</ref>.
 
Un autre phénomène de l'époque, qui favorise la vente de biens économiques, la communication, les voyages et donc aussi la diffusion d'idées à caractère artistique et philosophique, est l'émergence de grandes sociétés bancaires, commerciales et de transport opérant dans toute l'Europe. Avec le déclin de l'importance de l'interdit de l'Église sur le paiement des intérêts, les banques lombardes en particulier, comme celles des familles florentines [[Famille Bardi|Bardi]] et [[Famille Peruzzi|Peruzzi]], ont financé les grands projets économiques, artistiques ou militaires des cours européennes au {{s-|XIV}}. Au siècle suivant, de grandes maisons de commerce comme celle des [[Maison de Médicis|Médicis]] voient le jour. Au début du {{s-|XVI}}, [[Jacob Fugger]] a transformé un commerce de draps en une grande société qui faisait le commerce de marchandises, d'opérations de crédit et de mines de métaux dans toute l'Europe et jusqu'en Amérique du Sud et en Inde. Parallèlement, la [[Maison de Tour et Taxis]] met en place des liaisons postales à travers l'Europe. Ils ont également permis aux banques d'effectuer des transactions plus rapides et, en plus de transporter des lettres, ont également transporté des personnes, des marchandises et de l'argent. Un espace économique européen relativement efficace a rapidement émergé.
La deuxième conséquence est que l'[[Espagne]], pays dominant de cette période, a acquis sa puissance politique, économique, et militaire non par le travail de ses habitants, mais par l'accès à un stock de monnaie<ref>Jean-Marc Daniel, ''Histoire vivante de la pensée économique'', Pearson, {{p.|24}}</ref>.
 
Cette situation va donner naissance à un courant de pensée économique appelé [[mercantilisme]], qui dura tout au long des {{s2|XVI|XVII|}}. Plus particulièrement, le courant de pensée cherchant à définir la [[richesse]] à partir de la quantité d'[[or]] détenue s'appelle le [[bullionisme]]. [[Adam Smith]], le père fondateur de l'économie moderne, critiqua vivement le mercantilisme dans ''[[Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations|la Richesse des Nations]]'' (1776), non que le commerce des [[colonie]]s lui déplût, mais il y voyait une richesse essentiellement princière.
 
== Art ==
{{Article détaillé|Art de la Renaissance|Style Louis XII|Renaissance artistiquefrançaise}}
 
{{Article détaillé|Style Louis XII}}
{{Article détaillé|Renaissance française}}
=== Architecture ===
[[Image:ChateauEcouenfacade.jpg|thumb|[[Château d'Écouen]], Val d'Oise, témoignage de l'architecture de la Renaissance au {{s-|XVI}}. Il abrite depuis 1977 le musée national de la Renaissance]]
{{Article détaillé|Architecture de la Renaissance}}
{{Article détaillé|Architecture de la Renaissance|Jardin de la Renaissance}}
{{Section à sourcer|date=avril 2016}}
[[Image:ChateauEcouenfacade.jpg|thumb|[[Château d'Écouen]], Val d'Oise, témoignage de l'architecture de la Renaissance au {{s-|XVI}}]]
 
Le traité ''[[De architectura]]'' de [[Vitruve]], déjà connu des érudits médiévaux, de Pétrarque et de son disciple Dondi, fut redécouvert par [[Poggio Bracciolini]] (Le Pogge), [[Cencio dei Rustici]] et [[Bartolomeo Aragazziau]] au monastère de Saint-Gall pendant le concile de Constance en 1416<ref>Pierre Gros, ''Vitruve et la tradition des traités d’architecture'', [https://books.openedition.org/efr/2450 lire en ligne]</ref>. Vitruve fut « découvert » à la Renaissance au sens où ce fut seulement à cette époque que son œuvre commença à influencer la pratique de l'architecture{{sfn|Burke|2002|p=40-41}}.
Au [[Moyen Âge]], les [[château]]x étaient d'austères monuments édifiés pour l'autodéfense d'un territoire ou d'un pays et la protection de la population environnante. C'est l'archétype même du [[château fort]]. Cependant, en France dès le milieu du {{XVe siècle}} avec la fin de la [[guerre de Cent Ans]], l'influence architecturale de la Renaissance italienne commence à se faire sentir et du château fort traditionnel, on va passer au siècle suivant au règne des châteaux-palais si présents aujourd'hui dans la vallée de la Loire mais aussi ailleurs (Fontainebleau, le Louvre…).
 
Les principaux représentants de l'architecture de la Renaissance en Italie sont [[Filippo Brunelleschi]] (1377-1446), [[Michelozzo]] (1396-1472), [[Leon Battista Alberti]] (1404-1472), [[Bernardo Rossellino]] (1409-1464), [[Benedetto da Majano]] (1442-1498), [[Bramante]] (1444-1514), [[Michel-Ange]] (1475-1564), [[Giacomo della Porta]] (1503-1602), [[Jacopo Barozzi da Vignola|Vignole]] (1507-1573), [[Giorgio Vasari]] (1511-1574), [[Bartolomeo Ammannati]] (1511-1592), [[Baldassarre Peruzzi]], [[Domenico Fontana]] (1543-1607), [[Galeazzo Alessi]] (1512-1572)<ref>[http://www.cosmovisions.com/archiRenaissanceChrono.htm L'architecture de la Renaissance], sur Cosmovisons.com</ref>, ainsi que [[Le Filarète]] (~1400 – ~ 1469) et [[Sebastiano Serlio]] (1475-1554), célèbres pour leurs traités d'architecture.
 
Au [[Moyen Âge]], les [[château]]x étaient d'austères monuments édifiés pour l'autodéfense d'un territoire ou d'un pays et la protection de la population environnante. C'est l'archétype même du [[château fort]]. Cependant, en France dès le milieu du {{XVe siècle}} avec la fin de la [[guerre de Cent Ans]], l'influence architecturale de la Renaissance italienne commence à se faire sentir et du château fort traditionnel, on va passer au siècle suivant au règne des châteaux-palais si présents aujourd'hui dans la vallée de la [[Châteaux de la Loire|Loire]] mais aussi ailleurs ([[Château de Fontainebleau|Fontainebleau]], [[Palais du Louvre|le Louvre]], [[Château de Chambord|Chambord]], [[Château de Chenonceau|Chenonceaux]], [[Château d'Amboise|Amboise]], [[Château de Blois|Blois]], [[Château de Villers-Cotterêts|Villers-Cotterêts]]…).
 
Ainsi, l'ère de la Renaissance laissa la place aux édifices qui misaient tout sur l'[[esthétique]] plutôt que sur la défense. C'est alors que disparurent mâchicoulis, créneaux, ponts-levis, meurtrières et douves, pour laisser la place aux somptueux jardins géométriques, aux symétries des châteaux, aux immenses fenêtres, aux colonnes, aux frontons et aux autres ornements qui pourraient montrer toute la puissance du propriétaire du château.
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C'est donc sur l'[[esthétique]] que l'on mise et non sur la défense. Le but étant d'attirer l'œil sur la richesse et montrer le pouvoir du roi ou du prince. C'est une des caractéristiques les plus visibles de la Renaissance.
 
En [[France]], au {{XVe siècle}}, on voit déjà une pré-renaissance, attestée par les châteaux de la [[route Jacques-Cœur]] près de [[Bourges]]. Le style [[Architecture gothique|gothique]] flamboyant se répand. Il constitue comme une résistance de l'ancien style. Au {{XVIe siècle}}, les châteaux de style Renaissance, notamment les [[Châteaux de la Loire]] se répandent. En Île-de-France, le [[Château d'Écouen]], du célèbre architecte [[Jean Bullant]], est un des principaux témoignages de cette période architecturale.
L'un des plus beaux exemples d'architecture du {{XIVe siècle}} est le [[palais des papes d'Avignon|palais des Papes d'Avignon]], qui reste toutefois dans le style gothique.
 
En [[France]], au {{XVe siècle}}, on voit déjà une pré-renaissance, attestée par les châteaux de la route appelée aujourd'hui [[Jacques Cœur]] près de [[Bourges]]. Le style [[Architecture gothique|gothique]] flamboyant se répand. Il constitue comme une résistance de l'ancien style. Au {{XVe siècle}}, les châteaux de style Renaissance, notamment les [[Châteaux de la Loire]] se répandent. En Île-de-France, le [[Château d'Écouen]], du célèbre architecte [[Jean Bullant]], est le principal témoignage de cette période architecturale.
 
Cette époque voit certains artistes marquants comme [[Filippo Brunelleschi]] et [[Bramante]] à [[Florence]], [[Andrea Palladio]] à Venise, ou encore [[Sebastiano Serlio]], célèbre pour son traité d'architecture.
 
=== Littérature ===
[[Image:Petrarch by Bargilla.jpg|thumb|upright|[[Pétrarque]] par [[Andrea del Castagno]].]]
{{Article détaillé|Littérature française du XVIe siècle}}
 
Au {{s-|XIV|e}}, [[Pétrarque]], d'origine [[toscane]], passe pour être (avec [[Dante Alighieri|Dante]] au siècle précédent), l'un des pères de la Renaissance. C'était un [[Érudition|érudit]], qui maîtrisait la langue latine. Il voyagea dans toute l'[[Europe]], séjourna en [[Avignon]], et séjourna aussi dans le nord de l'[[Italie]] à la fin de sa vie. Il eut [[Boccace|Giovanni Boccaccio]] comme disciple.
 
Le {{s-|XVI|e}} est marqué par l'apparition de la [[Français|langue française]] moderne, soutenue par le pouvoir royal de [[François Ier (roi de France)|François {{Ier}}]], qui, avec l'[[ordonnance de Villers-Cotterêts]] ([[1539]]), donne à cette [[langue]] son statut de [[langue officielle]] du [[droit]] et de l'[[Administration publique|administration]] du royaume de France. La bibliothèque royale est transférée de Blois à Fontainebleau.
 
L'usage du [[latin]] commence à décroître, les [[dialecte]]s continuent d'être parlés par la grande majorité de la population en France et ce jusqu'à la [[Révolution française]] (voir [[Histoire de la langue française|Histoire du français]]).
 
Les écrivains marquants sont :
* [[Guillaume Budé]], fils de [[Jean Budé]], ami d'[[Érasme]], de [[François Rabelais|Rabelais]], de [[Thomas More]], est un [[Hellénisme|helléniste]], [[philologie|philologue]] (il possédait une riche bibliothèque), théologien. Il fonda le [[Collège de France|Collège des lecteurs royaux]] (1530), futur Collège de France, à la demande de [[François Ier (roi de France)|François {{Ier}}]]. ;
* [[Louise Labé]], écrivaine française, ;
* [[Hélisenne de Crenne]], écrivaine française ;
* [[François Rabelais|Rabelais]], écrivain français,
* [[François Rabelais|Rabelais]], écrivain français ;
* [[Michel de Montaigne|Montaigne]], écrivain français, philosophe du [[Scepticisme (philosophie)|scepticisme]] : il ne comprend pas les querelles entre catholiques et protestants, il est l'auteur des ''[[Essais]]'' et l'éditeur du ''[[Discours de la servitude volontaire]]'', un pamphlet anti despotique, de son ami [[Étienne de La Boétie|La Boétie]].
* [[Michel de Montaigne|Montaigne]], écrivain français, philosophe du [[Scepticisme (philosophie)|scepticisme]] : il ne comprend pas les querelles entre catholiques et protestants, il est l'auteur des ''[[Essais (Montaigne)|Essais]]'' et l'éditeur du ''[[Discours de la servitude volontaire]]'', un pamphlet anti despotique, de son ami [[Étienne de La Boétie|La Boétie]].
 
=== Poésie ===
Mais, dans un contexte de prépondérance de l'[[Italie]] dans la plupart des domaines, le {{s-|XVI|e}} est marqué par une vague très importante d'[[emprunt lexical|emprunts]] de la langue française à l'[[italien]]<ref>[[Henriette Walter]], ''L'aventure des mots français venus d'ailleurs'', Robert Laffont, {{p.|137}} à 150</ref>. Des {{nombre|2000|[[italianisme]]s}} que comportait alors la langue française à cette époque<ref>[[Jean Pruvost]], [http://www.canalacademie.com/IMG/pdf/Microsoft_Word_-_Jean_20Pruvost_20La_20langue_20francaise_20Une_20longue_20histoire_1_.pdf La langue française : une longue histoire riche d'emprunts, {{p.|8}}]</ref>, le français moderne n'en a toutefois retenu qu'environ 700<ref>[[Henriette Walter]], ''L'aventure des mots français venus d'ailleurs'', Robert Laffont, {{p.|17}}</ref>. Plusieurs défenseurs de la langue française se sont émus contre ces excès de mode, notamment [[Henri Estienne]], auteur de ''Deux dialogues du nouveau langage italianizé et autrement desguizé'' ([[1578]]), [[Barthélemy Aneau]], [[Étienne Tabourot]], et [[François Béroalde de Verville|Béroalde de Verville]], auteur de ''Moyen de parvenir'' (1616)<ref>[http://www.tlfq.ulaval.ca/axl/francophonie/HIST_FR_s5_Renaissance.htm#1_La_pr%C3%A9pond%C3%A9rance_de_lItalie_ La Renaissance, l'affirmation du français, {{XVIe}} siècle, la prépondérance de l'Italie], sur le site de l'université Laval</ref>.
[[Image:PierredeRonsard1620.jpg|thumb|upright|Peinture de [[Pierre de Ronsard]] vers 1620.]]
 
==== Poésie ====
[[Image:PierredeRonsard1620.jpg|thumb|Peinture de [[Pierre de Ronsard]] vers 1620.]]
L'appellation « Renaissance » est ici aussi problématique : après tout, la littérature n'était pas morte et l'Âge d'or (1530-1560) est finalement assez court et évolue très rapidement vers le Baroque. La poésie compose alors un ensemble assez polymorphe et disparate.
 
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Parallèlement, de nouvelles formes apparaissent telles que l'[[ode]], le [[sonnet]], l'[[élégie]], le discours ou l'[[églogue]] mais aussi d'autres plus longues telles que les longs poèmes cosmologiques de [[Maurice Scève|Scève]], les Hymnes de [[Pierre de Ronsard|Ronsard]] qui concentrent sur un thème l'ensemble des savoirs et les poèmes dramatiques (qu'ils soient comiques ou tragiques).
 
Pour autant cette distinction par formes n'est pas toujours évidente, encore moins pertinente et les arguments permettent tout aussi bien de discriminer la poésie de la Renaissance :
* Héroïqueshéroïques : peu de réalisation.réalisations ;
* Satiriquessatiriques : sur la base des poètes latins, ces œuvres visent la condamnation des vices. ;
* tragiques ;
* Tragiques.
* Comiquescomiques : ayant pour modèle [[Plaute]] et [[Térence]], les poètes ridiculisent les défauts de toujours (avarice…) et certains acteurs de la société (courtisanes…). ;
* Lyriqueslyriques avec pour sujets l'amour, le vin, les joutes… dans une imitation d'Horace ou Théocrite. ;
* Poésiepoésie d'épanchements amoureux et religieux sur le modèle de Pétrarque notamment. ;
* Poésiepoésie religieuse.
 
Les formes permettent un classement d'autant moins pertinent qu'un recueil est alors souvent composé avec différents genres et différents registres.
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[[Image:Raffael 058.jpg|thumb|''[[L'École d'Athènes]]'' de [[Raphaël (peintre)|Raphaël]] vers 1510.]]
{{Article détaillé|Peinture de la Renaissance}}
 
Au {{s-|XIV|e}}, la peinture connaît déjà un renouveau, surtout à partir de l'[[Italie]], grâce à des peintres comme [[Duccio di Buoninsegna|Duccio]], [[Simone Martini]], [[Matteo Giovannetti|Matteo Giovanetti]], élève de Martini qui peignit les fresques du [[Palais des papes d'Avignon|Palais des Papes d'Avignon]] et [[Giotto di Bondone|Giotto]].
 
Au {{s-|XV|e}}, en Italie, les peintres les plus marquants sont [[Fra Angelico]], [[Fra Bartolomeo]], [[Masaccio]], [[Fra Filippo Lippi|Filippo Lippi]], [[Piero della Francesca]], [[Titien]], [[Leon Battista Alberti|Leone Battista Alberti]] théoricien de la peinture et architecte, [[Sandro Botticelli]]. Cette période est également marquée par lela développementredécouverte de la [[Perspective (représentation)|perspective]] linéaire (Italieou etbien Flandres)appelé géométrique, inventéemathématiques ou centrale) antique. Ce système est théorisé par [[MasaccioLeon Battista Alberti|Alberti]] et grâce àdans [[FilippoDe Brunelleschipictura|BrunelleschiDe Pictura]],. sonLa théoricienperspective àlinéaire se fait alors une place de plus en plus importante au fil de la Renaissancerenaissance. [[Masaccio]] est un des premiers artistes italien à l'adopter. Dans les Pays-Bas Espagnols, la [[peinture à l'huile]] fait son apparition avec [[Jan van Eyck]], [[Rogier van der Weyden|Rogier de la Pasture dit Vanderweyden]], [[Jérôme Bosch]]. La [[Toile (peinture)|toile]] remplaça progressivement les peintures ''a fresco'' employées dans les édifices.
 
Concernant le portrait chez [[Hans Memling]], [[primitif flamand]], Jean-Pierre Stroobants, correspondant du journal ''Le Monde'' en Belgique, précise (07/08/2005) : « (Memling) a innové en introduisant des décors (paysages, intérieurs, fonds), qui, malgré leur foisonnement de détails, n’enlèvent rien à la sobriété des tableaux et à l’étrangeté des personnages. L’étude du visage, des mains, du corps donne à la majorité de ces œuvres un caractère envoûtant et permet à [[Till-Holger Borchert]], conservateur du musée Groeninge, d’affirmer que c’est bien Memling qui transmit à tout le sud de l’Europe les caractéristiques et les innovations du portrait primitif flamand, qui allait notamment influencer les peintres florentins, vénitiens ou lombards. »<ref>{{Article |langue=français |auteur1=Jean-Pierre Stroobants |titre=Redécouvrir les innovations d'Hans Memling |périodique=Le Monde |date=7 août 2005 |issn=0395-2037 |lire en ligne= |pages= }}</ref>
Au {{s-|XVI|e}}, la peinture se caractérisait par un intérêt porté à l'homme. On jugeait un homme, si et seulement s'il était instruit. Les [[peinture]]s étaient le plus souvent des portraits, sculptures de l'[[Homo|être humain]] dans une image complète et méliorative. L'art du nu s'affirma (en référence à l'Antiquité) notamment pour valoriser l'aspect athlétique de l'Homme.
 
Au {{s-|XVI|e}}, la peinture se caractérisait par un intérêt porté à l'homme. On jugeait un homme, si et seulement s'il était instruit. Les [[Peinture (art)|peinture]]s étaient le plus souvent des portraits, sculptures de l'[[Homo|être humain]] dans une image complète et méliorative. L'art du nu s'affirma (en référence à l'Antiquité) notamment pour valoriser l'aspect athlétique de l'Homme.
 
Parmi les peintres de cette époque, [[Michel-Ange|Michel Ange]], [[Raphaël (peintre)|Raphaël]], [[Léonard de Vinci|Leonardo Da Vinci]], [[Titien]], [[Paul Véronèse|Véronèse]] se démarquent, en Italie ; [[Jean Clouet]], en [[France]] ; [[Albrecht Dürer]], peintre graveur, dessinateur allemand, [[Hans Memling]], [[Lucas Cranach l'Ancien|Lucas Cranach l’Ancien]], [[Hans Holbein le Jeune]], en Allemagne.
 
=== Musique ===
{{Article détaillé|École franco-flamande|Musique de la Renaissance}}
 
Au {{s-|XV|e}}, les [[polyphonie]]s se développèrent à l'origine dans les Flandres, en Angleterre et en Bourgogne. La polyphonie est une musique écrite pour des [[Chœur (musique)|chœurs]] à plusieurs voix en musique sacrée ou profane. Elle nécessitait des règles d'[[harmonie]] afin de bien entendre les voix simultanément. Les instruments utilisés étaient alors les [[flûte]]s, les [[hautbois]] ([[chalemie]], [[bombarde (instrument)|bombarde]], [[douçaine]]…), l’épinette, la viole de gambe…
 
Au {{s-|XVI|e}}, les [[polyphonie]]s pluritextuelles se développent. Les musiciens qui se démarquent peuvent être notamment [[Claudio Monteverdi]], [[compositeur]] italien et auteur de nombreux Madrigauxmadrigaux, [[Giovanni Pierluigi da Palestrina]], [[compositeur]] italien, [[Roland de Lassus]].
 
=== Sculpture ===
La [[sculpture de la Renaissance]] est plus précoce que dans les autres arts. En effet, les hommes de la Renaissance disposent encore de sculptures antiques alors que les peintures ont plus largement disparu. C'est pourquoi la Renaissance en matière de sculpture peut être datée, quant à son origine, du {{s-|XIII}}.
 
=== Habillement ===
{{à compléter}}
{{À vérifier|thème=mode|date=novembre 2017}}
Les vêtements à la Renaissance sont souvent en [[velours]] ou en [[soie]]{{refsou}}. Les hommes portent des collants et des fraises{{refsou}}.
 
=== Céramique ===
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== Changements militaires et politiques ==
{{Section à sourcer|date=avril 2016}}
{{Section à sourcer|date=avril 2016}}<br />[[Image:Palmanova1600.jpg|thumb|Carte de [[Palmanova]] in 1593. [[Ouvrages de défense vénitiens du XVIe siècle au XVIIe siècle : Stato da Terra - Stato da Mar occidental|Ouvrages de défense vénitiens]], [[Patrimoine mondial de l'UNESCO|UNESCO]]<ref name="UNESCO">{{lien web|url=http://whc.unesco.org/en/tentativelists/331/|titre=The city of Bergamo - UNESCO World Heritage Centre|nom=Centre|prénom=UNESCO World Heritage|website=whc.unesco.org|langue=en|consulté le=2017-11-02}}</ref>.]]
[[Image:Palmanova1600.jpg|thumb|Carte de [[Palmanova]] in 1593, [[Ouvrages de défense vénitiens du XVIe siècle au XVIIe siècle : Stato da Terra - Stato da Mar occidental|ouvrages de défense vénitiens]], [[Patrimoine mondial|Unesco]]<ref name="UNESCO">{{lien web|url=http://whc.unesco.org/en/tentativelists/331/|titre=The city of Bergamo - UNESCO World Heritage Centre|nom=Centre|prénom=UNESCO World Heritage|site=whc.unesco.org|langue=en|consulté le=2017-11-02}}.</ref>.]]
 
=== Innovations militaires ===
L'art de la guerre évolue de manière importante durant la Renaissance. L'[[infanterie]] reprend sa place de cœur de l'armée aux dépens de la [[cavalerie]], principalement par l'assimilation de la technique du carré de pique par la plupart des armées occidentales. Ce modèle, introduit notamment par les cantons [[suisse]]s au bas Moyen Âge, prévaudra sur les champs de bataille jusqu'à la [[guerre de Trente Ans]]. L'[[Arquebuse (arme)|arquebuse]] prend une place de plus en plus importante dans les armées de la Renaissance. l'arme étant meilleursmeilleur marché qu'une [[Arbalète (arme)|arbalète]]<ref>{{Ouvrage|langue = françaisfr|auteur1 = Thomas F. Arnold|titre = Les guerres de la renaissancesrenaissance, XVe{{sp-XVIe siècles|XV|-|XVI|s}}|lieu = Paris|éditeur = [[Autrement]]|année = 2002|pages totales = 224|isbn passage= 274670249572|lire en ligne isbn= |passage = 722-7467-0249-5}}</ref> et son utilisation ne requérant pas un entrainement aussi poussé que pour l'utilisation efficace de l'[[Arc (arme)|arc]], elle remplace, à quelques exceptions près, les armes de traits sur le champ de bataille.
 
La cavalerie elle aussi utilise les armes à feu et un nouveau type de cavalerie apparaitapparaît en Allemagne dans les années 1540, les [[reître]]. Ils sont armés de [[Pistolet (arme)|pistoletpistolets]]<nowiki/>s et leurs chevaux, contrairement à ceux des gendarmes ne sont pas bardés.
 
[[Artillerie de campagne|L'[[artillerie]] elle aussi fait son entrée sur le champ de bataille, autrefois réservés aux sièges les canons sont alors devenus une arme de campagne avec notamment les canon-orgues et les coulevrines, armes à dessein antipersonnel uniquement.
 
Pour faire face aux perfectionnements de l'artillerie des innovations apparaissent en matière de défense et de [[fortification]]s, avec invention du [[bastion]] en [[Italie]] à la fin du {{XVe siècle}}. Les fortifications de type italien apparaissent à [[Troyes]] et à [[Saint-Paul-de-Vence]] à partir de [[1525]].
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Il fallut imaginer un système de [[droit]] adapté à la nouvelle forme de monarchie.
 
Par ailleurs, en France, la langue française devint à cette époque la langue officielle du droit et de l’administration, grâce à l’éditl’[[édit de Villers-Cotterêts]] ([[François Ier (roi de France)|François {{Ier}}]], [[1539]]), qui vint appuyer la [[souveraineté]] du roi.
 
Les théoriciens du droit qui se démarquent furent notamment [[Jean Bodin]], juriste français, et [[Nicolas Machiavel|Machiavel]], humaniste italien.
 
== Histoire économique de la Renaissance ==
{{Section à sourcer|date=avril 2016}}{{Article détaillé|Histoire économique de la Renaissance}}
Les échanges commerciaux en [[Mer Méditerranée|Méditerranée]] c'est-à-dire la triade amorcés après la période des [[Croisades]], continuèrent, surtout depuis les ports italiens de [[Venise]] et [[Gênes]]. Ces Républiques acquirent ainsi une grande puissance.
 
=== Innovations ===
La nouveauté vint, dès le {{XVe siècle}}, du contournement de l'Espagne par les grandes voies maritimes, délaissant les routes commerciales continentales traditionnelles, qui passaient par les anciennes [[foires de Champagne]] par exemple.
Après une longue période de difficultés économiques au {{s-|XIV}} et au début {{s-|XV}}, ayant vu de mauvaises récoltes, disettes, guerres civiles et étrangères (guerre de Cent Ans), et surtout la [[peste noire]] qui dévasta le continent pendant trois ans, de 1348 à 1350, un redémarrage économique se produisit d'abord en Italie, dès la première moitié du {{s-|XV}}. C'est en Italie en effet que furent mis au point de nouveaux instruments de commerce : [[Assurance maritime|assurances maritimes]], [[lettres de change]], [[comptabilité en partie double]]. Même si certaines de ces techniques avaient été inventées auparavant, c'est durant la Renaissance qu'elles se répandirent dans la Péninsule puis au-dehors. L'utilisation du zéro, originaire d'Inde, et transmis par les Arabes, connu à Florence au {{s-|XIII}} fut un autre facteur de développement. Il mit deux ans à s'acclimater en Europe{{sfn|Delumeau|1999|p=156-157|loc=|id=}}.
 
Quelques autres techniques permirent un renouveau économique et commercial, inventées ou importées d'autres régions du monde. L'[[horloge mécanique]] apparaît en Europe dans les années 1270-1330 et remplace les [[sablier]]s et [[horloges à eau]] pendant la Renaissance<ref>Materne Pendoué, ''Horloge - Indicateur horaire - Mausolée'', [https://books.google.fr/books?id=u0qFDwAAQBAJ&pg=PA11&lpg=PA11&dq=1270-1330+%22horloge+m%C3%A9canique%22&source=bl&ots=ZafoK5WS-a&sig=ACfU3U2YIiVWaZdpPDaj2F449y83PRV2dQ&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwidjM-cnYvzAhVFzoUKHbkbAksQ6AF6BAgeEAM#v=onepage&q=1270-1330%20%22horloge%20m%C3%A9canique%22&f=false lire en ligne]</ref>.
La conséquence fut le déclin des [[foires de Champagne]], très florissantes au [[Moyen Âge]] et le développement dès le {{XVe siècle}} des grands ports d'[[Europe]] du Nord ([[Bruges]], [[Londres]], [[Hanse|villes hanséatiques]]…), qui devinrent en même temps des foyers d'activité culturelle importants.
L'usage de la [[verrerie]] et des vitres se développa au {{s-|XVI}}. L'île de [[Murano]] fut un important centre de production dès la fin du {{s-|XIII}}<ref>Cristina Tonini et Rosa Barovier Mentasti, Le Verre de Murano. De la Renaissance au {{s-|XXI}}, Gallimard, 2013, 48 p.</ref>. Dans le textile, le [[Rouet (outil)|rouet]] et le [[tricot]] furent perfectionnés et généralisés. Le procédé de l'[[amalgame (métallurgie)|amalgame]] apparaît pour le traitement de l'argent.
 
L'exploration de nouvelles terres permit également la découverte de nouvelles plantes, comme l'[[ananas]], l'[[Avocat (métier)|avocat]], la [[cacahuète]], le [[cacao]], les [[cucurbitacées]] (courge du Mexique, potiron, courge musquée), la [[goyave]], le [[haricot]], le [[maïs]], la [[papaye]], la [[patate douce]], la [[pomme de terre]], les [[poivron]]s et [[piment]]s, le [[tabac]], la [[tomate]], le [[topinambour]], le [[tournesol]], le [[quinoa]], la [[vanille]], le [[manioc]], la [[noix de pécan]] pour ne citer que les principales<ref>18 aliments venus d'Amérique, 21 juillet 2020, [https://www.laculturegenerale.com/18-aliments-venus-amerique/ lire en ligne]</ref>.
Alors que la France était encore en pleine [[guerre de Cent Ans]], on assistait ainsi à des échanges entre les grandes villes d'[[Italie]] et les grands ports du nord de l'Europe ([[Bruges]], Londres…). La Bourgogne était également prospère.
 
=== Dynamisme économique ===
Quelques techniques permirent un renouveau économique et commercial, inventées ou importées d'autres régions du monde. L'[[horloge]] mécanique apparaît en [[Italie]] dès 1280 et remplace les [[sablier]]s et horloges à eau pendant la Renaissance. L'usage de la verrerie et des vitres se développa au {{s-|XVI|e}}. L'île de [[Murano]] fut un important centre de production. Dans le textile, le [[Rouet (outil)|rouet]] et le [[tricot]] furent perfectionnés et généralisés. Le procédé de l'[[amalgame (métallurgie)|amalgame]] apparaît pour le traitement de l'argent.
Vers la fin du {{s-|XIII}}, des raisons politiques et le développement de nouvelles routes de commerce mettent fin à la primauté des [[foires de Champagne]]. Les nouvelles routes des Alpes suisses par le col du Saint Gothard et du Simplon relient l'Italie du Nord au pays rhénan et surtout de nouvelles routes maritimes, permettent aux Italiens un accès plus sûr, plus rapide et moins cher à Bruges dès 1297<ref>{{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Fernand |nom1=Braudel |titre=La dynamique du capitalisme |éditeur=Flammarion |date=1985-01-01 |pages totales=120 |isbn=978-2-7003-0501-2 |lire en ligne=https://books.google.fr/books/about/La_dynamique_du_capitalisme.html?hl=fr&id=PhONAAAAIAAJ |consulté le=2016-11-05}}</ref>.
 
Les hommes d'affaires de la Renaissance faisaient le commerce des textiles, des grains, des épices, etc. ; ils possédaient des mines ; ils assuraient des navires, prêtaient de l'argent aux particuliers et aux princes. Les [[Médicis]], au milieu du {{s-|XV}}, avaient opté pour une organisation décentralisée avec un bureau central à Florence, et possédaient la majorité des parts dans diverses compagnies ne portant pas forcément le nom de « Médicis ». Les [[Fugger]] d'Augsbourg, les plus grands hommes d'affaires européens de la première moitié du {{s-|XVI}}, préférèrent tenir en main, grâce à des « facteurs » salariés et révocables, les implantations locales de leur firme{{sfn|Delumeau|1999|p=161|loc=|id=}}.
L'exploration de nouvelles terres permit également la découverte de nouvelles plantes.
 
Au début de la Renaissance, il existe en Europe une véritable passion pour les [[épices]] : [[poivre]], [[cannelle]], [[gingembre]], [[clous de girofle]], [[Safran (épice)|safran]], [[muscade]], etc. Les épices servaient à relever la cuisine, et à conserver les viandes. On leur prêtait aussi des propriétés médicinales. Les épices provenaient d'Inde, de Ceylan, des îles de la Sonde (Indonésie) et de la Chine. De cette dernière provenaient aussi les laques et les soieries. La [[route de la soie]], qui permettait d'acheminer les produits chinois, fut coupée par l'avancée des Turcs. un des grands motifs des voyages portugais vers l'Inde, et bientôt la Malaisie et l'Indonésie, fut le désir de parvenir sur les lieux mêmes de la production des épices. Les Espagnols découvrirent chez les Aztèques du Mexique l'usage de la [[vanille]] et du [[cacao]], qu'ils firent connaître en Europe. La [[canne à sucre]], qui avait pénétré grâce aux Arabes dans le bassin méditerranéen, fut introduite par les Espagnols et les Portugais aux Canaries et à Madère, puis ils implantèrent sa culture dans les Antilles et dans les régions chaudes et humides de l'Amérique{{sfn|Delumeau|1999|p=163-164|loc=|id=}}.
== Changement de paradigme ==
 
Les voyages de la Renaissance mirent en place pour la première fois dans l'histoire, une économie mondiale fondée sur les échanges réguliers : plus de {{nombre|18000|bateaux}} au total naviguèrent au total entre l'Espagne et le Nouveau Monde. Des améliorations techniques avaient permis, avant même la découverte de l'Amérique, une relance de la production d'argent dans les mines européennes, qui facilita le redémarrage économique des {{s2-|XV|XV}}. L'implantation européenne en Amérique eut pour conséquence d'accroître encore la quantité de métaux précieux - [[or]] et [[argent]] - disponible sur le vieux continent. Les [[Pazzi]], riches banquiers florentins du début du {{s-|XIV}} auraient disposé d'un capital équivalent à 147 kilos d'or fin. Celui des [[Médicis]], vers 1460, aurait été de 1,75 tonne. Celui des [[Fugger]], en 1546, de 13 tonnes. Dans la décennie 1526-1535, 85 tonnes d'argent auraient été produites chaque année en Europe, chiffre comparable à ceux du {{s-|XIX}}{{sfn|Delumeau|1999|p=163-164|loc=|id=}}.
La Renaissance s'est manifestée par un changement important de [[Représentation du monde|vision du monde]] par rapport au Moyen Âge, qui a eu des répercussions considérables aux époques moderne et contemporaine.
 
== Postérité ==
Plusieurs éléments caractérisent ce changement :
=== Fin de la Renaissance ===
Il est difficile de donner une date précise à la fin de la Renaissance. L'historien Peter Burke remarque que [[Galilée (savant)|Galilée]] et [[Descartes]] sont des exemples révélateurs de la rupture délibérée avec la tradition, en particulier la [[philosophie naturelle]] d'[[Aristote]]. Auparavant, l'image du monde que se faisaient les élites européennes avait été relativement stable depuis la réception d'Aristote aux {{sp-|XII|-|XIII|s}}. Même si ses idées étaient souvent critiquées, voire modifiées, le cadre de pensée aristotélicien n'était pas remis en cause par les humanistes. Or, l'image du cosmos fut modifiée sur de nombreux points entre 1600 et 1700 par l'[[hypothèse copernicienne]] selon laquelle la Terre n'était pas au centre de l'univers, avec une vision du cosmos sans esprit, mécanique, soumis aux lois de la physique. La [[raison]], s'appuyant sur les [[mathématiques]], commença à gagner le prestige que l'[[Antiquité]] était en train de perdre. Le parti des « Modernes » s'appuya sur la nouvelle philosophie de Galilée et Descartes pour rejeter le postulat des humanistes de la Renaissance : la primauté des Anciens. C'est pourquoi on peut avancer que la Renaissance prit fin au début du {{s-|XVII}}, vers 1630, avec la révolution scientifique et la montée du baroque{{sfn|Burke|2002|p=272-273}}.
 
=== Survie de l'humanisme ===
L'humanisme survécut à la révolution scientifique, mais sa place se fit plus étroite. Le programme des écoles latines resta plus ou moins le même jusqu'au début du {{s-|XIX}}. Dans les universités, la philosophie mécanique commença à remplacer l'aristotélisme vers 1650, mais mit plus d'un siècle à l'évincer totalement{{sfn|Burke|2002|p=276}}.
 
En littérature, la Rome d'[[Urbain VIII]] vit fleurir une seconde renaissance romaine, sur le modèle de celle de Léon X. Aux Pays-Bas, la renaissance littéraire se prolonge jusqu'aux années 1660 avec le dramaturge et poète [[Joost van den Vondel]]. En France, [[Nicolas Boileau|Boileau]] et [[Jean Racine|Racine]] peuvent être perçus comme des humanistes, par le style qu'ils utilisent et leur imitations des Anciens{{sfn|Burke|2002|p=276}}.
 
En Angleterre, l'écrivain [[Robert Burton (écrivain)|Robert Burton]] (''[[L'anatomie de la mélancolie]]'', 1621), le médecin [[Thomas Browne]], l'homme d'État [[Edward Hyde (1er comte de Clarendon)|Edward Hyde]], et les [[platoniciens de Cambridge]] peuvent être rattachés au mouvement humaniste{{sfn|Burke|2002|p=276-277}}.
 
La curiosité encyclopédique d'érudits comme le jésuite allemand [[Athanasius Kircher]] ou le Suédois [[Olaus Rudbeck]] font penser à des humanistes antérieurs. Les œuvres complètes d'Érasme sont rééditées à Leyde par Jean Leclerc de 1703 à 1706. En Allemagne, [[Gotthold Ephraim Lessing]] et [[Johann Gottfried Herder]], qui se sont intéressés l'''Humanität'', peuvent être qualifiés d'humanistes tardifs{{sfn|Burke|2002|p=277}}.
 
En Angleterre, on a parlé d'humanisme augustéen à propos du cercle de [[Samuel Johnson]], parce qu'il entendait rivaliser avec les réalisations culturelles de Tome. Il y eut un mouvement d'humanisme civique dans la Grande-Bretagne du {{s-|XVIII}} et en Amérique du Nord au moment de la [[Révolution américaine|révolution]], avec un souci des vertus citoyennes des libertés et de la vie active inspiré de la Renaissance florentine{{sfn|Burke|2002|p=278}}.
 
=== Développements du mouvement dans les arts et l'architecture ===
[[Fichier:Sheffield Town Hall 04-10-04.jpg|vignette|L'hôtel de ville de Sheffield construit dans le style Renaissance.]]
 
En peinture, la grande manière se perpétua, notamment avec [[Nicolas Poussin]] qui vécut à Rome. Les traditionnels séjours d'artistes en Italie se sont poursuivis. [[Vélasquez]] s'y rendit en 1629, [[Mengs]] en 1740, [[Joshua Reynolds|Reynolds]] en 1749, [[George Romney|Romney]] en 1773, etc. Ils visitaient l'Italie non seulement pour étudier l'Antiquité, mais Raphaël, Titien et Michel-Ange. Les Académies des beaux-arts formèrent toujours les peintres et les sculpteurs à imiter l'antique{{sfn|Burke|2002|p=280}}.
 
Au {{s-|XIX}}, les [[Mouvement nazaréen|nazaréens]] étaient un groupe de jeunes artistes allemands qui vécurent à Rome à partir de 1810, et qui étaient hostiles au néoclassicisme de Mengs et à son idole Raphaël. Ils adoraient Masaccio et Fra Angelico. De même [[Dante Gabriel Rossetti]] et ses amis voulaient revenir à la période antérieure à [[Raphaël]], d'où leur nom, « [[confrérie préraphaélite]] ». Ce fut à cette époque et dans ces cercles que l'on redécouvrit [[Botticelli]]{{sfn|Burke|2002|p=282}}.
 
En architecture, l'influence de la Renaissance resta très vivace avec le [[palladianisme]] et le néopalladianisme. ''[[Les Quatre Livres de l'architecture]]'' de Palladio parurent en allemand en 1698, en français en 1726, en anglais en 1715 et de nouveau en 1728. On compte parmi les disciples de Palladio {{lien|langue=it|Ottavio Bertotti Scamozzi}} en Italie, [[Jacques-Germain Soufflot]] en France. Le [[Richard Boyle (3e comte de Burlington)|troisième comte de Burlington]] collectionnait les dessins de Palladio et fit construire la [[villa Chiswick]] sur le modèle de la célèbre Villa Rotonda. [[Thomas Jefferson]] suivit le modèle de la Villa Rotonda pour sa maison à Monticello{{sfn|Burke|2002|p=281}}.
 
Les exemples d'[[architecture néo-Renaissance]] sont nombreux au {{s-|XIX}} : à Londres, le Travellers' Club (1832) et le Reform Club (1841). Dans les années 1850, une banque de Bristol suit le modèle de la bibliothèque Marciana de Sansovino.
 
=== Racines de la crise écologique ===
La Renaissance s'est manifestée par un changement important de vision du monde par rapport au Moyen Âge, qui a eu des répercussions considérables aux époques moderne et contemporaine. Certains auteurs, tels Michel Maxime Egger et Jean-Claude Larchet, pensent que les racines de la [[crise écologique]] sont à situer à partir de la Renaissance. [[Jean-Claude Larchet]] distingue un ensemble de facteurs, parmi lesquels nous détaillons ci-dessous ceux plus directement en rapport avec la Renaissance telle que décrite dans cet article
<ref>{{Ouvrage |langue= fr|prénom1=Jean-Claude | nom1=Larchet |lien auteur1=Jean-Claude Larchet |titre=Les fondements spirituels de la crise écologique |sous-titre= |éditeur= Syrtes|collection= |lieu= |année=2018 |volume= |tome= |pages totales= |passage=p.71-77 |isbn=9782940523894 |lire en ligne= }}. </ref> :
 
;L'humanisme
L'[[humanisme]] est une exaltation de l'homme considéré en lui-même, pour lui-même. L'humanisme, même s'il ne nie pas [[Dieu]], le rejette dans l'au-delà et affirme la totale autonomie de l'homme par rapport à Lui. Ce n'est plus Dieu qui sert de référence, mais l'homme qui devient la mesure de toute chose<ref>[[Jean-Claude {{sfn|Larchet]], ''Les fondements spirituels de la crise écologique'', Systes, |2018|p. =72</ref>}}.
 
;Le naturalisme
La Renaissance se définit à la fois par un retour à l'[[Grèce antique|Antiquité grecque]] et par un retour à la [[nature]] (les deux étant liés), ouvrant la voie au [[Naturalisme (philosophie)|naturalisme]]. L'humanisme, en ramenant tout à l'homme (c'est-à-dire en excluant Dieu) ramène toute chose à une dimension purement naturelle, c'est-à-dire exclut le surnaturel ou réduit sa part. L'art de la Renaissance abandonne le caractère symbolique de l'[[art médiéval]] dans la représentation de l'homme et de la nature<ref>Ibid., {{sfn|Larchet|2018|p=72}}. 72</ref>
 
;Le rationalisme
La Renaissance fait de la [[raison]] la principale faculté de connaissance de l'homme, reléguant au second plan son esprit ou intellect, faculté de [[contemplation]] des réalités surnaturelles. La valorisation de la raison et de l'approche rationnelle des phénomènes favorise non seulement le développement d'une forme de philosophie qui s'affranchit de la [[théologie]] dont elle n'était jusqu'alors que la servante, mais encore l'essor des [[science]]s, qui se développeront considérablement à partir du {{s-|XVII}} à la suite de la [[révolution copernicienne]]<ref>Ibid., p. 73-74</ref>.
 
;L'individualisme
L'humanisme de la Renaissance a pour corrélat une [[Individualisme|exaltation de l'individu]]. Cela se manifeste dans l'[[art]] par la valorisation de l'[[artiste]] en tant que sujet créateur original. Cette tendance s'accentuera ultérieurement avec le ''[[Cogito ergo sum|Cogito]]'' de [[Descartes]] qui pose le sujet «  je » non seulement comme seule source, mais comme critère de la connaissance vraie et même de la réalité de soi et du monde. L'[[individualisme]] mènera par la suite à la [[concurrence]], fondement du [[capitalisme]] qui se développera à partir du {{s|XVIII}}, et aura pour conséquence l'affaiblissement du sens de la [[communauté<ref>Ibid., ]]{{sfn|Larchet|2018|p. =74</ref>}}.
 
;La conquête du Nouveau Monde
La conquête du [[Nouveau Monde]] a été fondée sur une volonté des États européens d'accroître leur pouvoir en étendant leurs territoires, mais aussi de développer leur économie grâce à une exploitation de ces terres nouvelles et de la commercialisation de leurs produits. Cela a sans doute contribué à modifier l'image de la nature qu'avaient les populations européennes, en y voyant un stock de ressources exploitables et monnayables. Les conquérants ont fait preuve d'une absence totale de scrupule vis-à-vis de la nature, en comparaison des populations indigènes qui avaient un sens développé de la [[Sacré|sacralité]] de la nature<ref>Ibid., {{sfn|Larchet|2018|p. =74-75</ref>}}.
 
À ces éléments Jean-Claude Larchet ajoute le [[rationalisme]], le [[Dualisme cartésien|dualisme corps-esprit]], la [[Animal-machine|mécanisation des corps]] et le [[Grand Architecte de l’Univers|Dieu horloger]], facteurs qui n'apparaîtront qu'avec la révolution scientifique du {{s-|XVII}}.
;Le dualisme âme-corps
Le christianisme, avec surtout [[saint Irénée de Lyon]], en développant une conception unifiée de l'être humain, avait rejeté le [[Dualisme (philosophie de l'esprit)|dualisme]] platonicien et ses avatars gnostiques des tout premiers siècles. Dans le sillage du rationalisme réapparaît, avec Descartes, un [[Dualisme cartésien|dualisme âme-corps]]. Le corps appartenant à la nature, la séparation entre l'âme et le corps a eu sans aucun doute un effet sur la relation de l'homme avec la nature, rendant l'homme moins proche et moins solidaire de celle-ci, la percevant comme une réalité extérieure à ce qu'il est<ref>Ibid., p. 75-76</ref>.
 
== Notes et références ==
L'ensemble de ces éléments, auxquels il faut ajouter la [[Animal-machine|mécanisation des corps]] et le Dieu horloger lointain, auront pour conséquence, selon le [[théologien]] [[orthodoxe]] [[Jean-Claude Larchet]], de poser les fondements spirituels de la [[crise écologique]] que nous connaissons aujourd'hui<ref>[[Jean-Claude Larchet]], ''Les fondements spirituels de la crise écologique'', Syrtes, p. 71-77</ref>.
{{Références nombreuses|taille=25}}
 
== Références ==
{{Références|colonnes=2}}
 
== Voir aussi ==
{{Autres projets
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}}
 
=== Bibliographie ===
{{légende plume}}
* Collectif, ''La Renaissance ? Des Renaissances ? ({{VIIIe}}-{{XVIe}} siècles)'', présentation de [[Marie-Sophie Masse]], introduction de [[Michel Paoli]], Paris, [[Klincksieck]], 2010. Le concept de ''renaissance'' utilisé pour aborder la Moyen Âge aussi bien que la Renaissance proprement dite, par des spécialistes des deux périodes.
* Collectif, ''La Renaissance ? Des Renaissances ? ({{sp-|VIII|-|XVI|s}})'', présentation de [[Marie-Sophie Masse]], introduction de [[Michel Paoli]], Paris, [[Klincksieck]], 2010. Le concept de ''renaissance'' utilisé pour aborder le Moyen Âge aussi bien que la Renaissance proprement dite, par des spécialistes des deux périodes.
* {{Ouvrage | titre = La philosophie de la Renaissance | auteur = [[Ernst Bloch]] | éditeur = Payot | langue = fr | traducteur = Pierre Kamnitzer | année = 2007 | lieu = Paris | collection = Petite Bibliothèque Payot | pages = 218 | isbn = 2228901628 | id = Bloch2007}}.
* {{Ouvrage | langue=fr | auteur1=[[Ernst Bloch]] | traducteur=Pierre Kamnitzer | titre=La philosophie de la Renaissance | lieu=Paris | éditeur=[[Payot (éditions)|Payot]] | collection=Petite Bibliothèque Payot | année=2007 | pages totales=218 | isbn=978-2-228-90162-8 | isbn2=2-228-90162-8 | id=Bloch2007}}.
* [[Jacob Burckhardt]], ''La Civilisation de la Renaissance en Italie'', t. I & II, Denoël, [[1981]]
* [[{{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Peter | nom1=Burke (historien)|P.lien auteur1=Peter Burke]], ''(historien) |titre=La Renaissance européenne'', |sous-titre= |éditeur=Seuil, coll. « |collection=Points Histoirehistoire »,|lieu= [[|année=2002]] |volume= |tome= |pages totales= |passage= |isbn= |lire en ligne= }}. {{plume}}
* {{Ouvrage |langue= |auteur1=Jean-Marc Chatelain|auteur2=Gennaro Toscano |titre=L'Invention de la Renaissance |sous-titre=L'humaniste, le prince et l'artiste |lieu= |éditeur=BnF éditions |collection= |année=2024 |volume= |tome= |pages totales=264 |passage= |isbn=978-2717729597 |lire en ligne= }}.{{plume}}
* [[Jean Delumeau]] :
** ''La peur en Occident, {{sp-|XIV|-|XVIII|s}}, une cité assiégée'', Fayard, 1978
** ''La Civilisation de la Renaissance'', Arthaud, coll. « Grandes civilisations », [[1993]]
** ''Une histoire de la Renaissance'', Perrin, [[1999]], {{ISBN|2-262-01288-1}} {{plume}}
* [[Jean Favier]], ''Les grandes découvertes, d'Alexandre à Magellan'', Fayard, 1991
* E. Garin (s. dir.), ''L'Homme de la Renaissance'', Seuil, coll. « Points Histoire », [[2002]]
* E. Garin (s. dir.), ''L'Homme de la Renaissance'', Seuil, {{coll.|[[Points histoire]]}}, [[2002]]
* [[Bertrand Gille (historien)|Bertrand Gille]], ''Les ingénieurs de la Renaissance'', Seuil, coll. « Points Sciences », 1978 {{ISBN|2-02-004913-9}}
* [[John Hale]], ''la civilisation de l'Europe à la Renaissance'', Perrin, [[1993]], trad. [[1998]] {{ISBN|2-262-01471-X}}
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* Thierry Wanegffelen (dir.) « La Renaissance », Ellipses, Paris, 2002, {{ISBN|2-7298-1273-3}}
* Colette H. Winn et Cathy Yandell, ''Vieillir à la Renaissance'', Éditions Honoré Champion, 2009, 416 p., {{ISBN|978-2-7453-1746-9}}
* [[Till-Holger Borchert]], directeur de Musea Brugge (les 16 musées de Bruges), ''"Le siècle de Van Eyck - 1430-1530 - Le monde méditerranéen et les primitifs flamands" -'' catalogue de l’exposition "Jan Van Eyck, les primitifs flamands et le sud, 1430-1530" organisée par le Groeningemuseum de ''Brugge''-Bruges - Ludion - 2002
* [[Till-Holger Borchert]], directeur de Musea Brugge (les 16 musées de Bruges), ''"Les portraits de Memling"'' - catalogue de l’exposition "Les portraits de Memling" : ''Museo Thyzzen-Bornemisza'' Madrid, Groeningemuseum ''Brugge''-Bruges, ''The Frick Collection'' New York - Ludion - 2005
* Textes réunis par Grégoire Hltz, Jean-Claude Laborie et Franck Lestringant, ''Voyageurs de la Renaissance'', Gallimard, 2019, 579 p.
* Véronique Ferrer, Olivier Millet, Alexandre Tarrête (dir.), ''La Renaissance au grand large. Mélanges en l'honneur de Frank Lestringant'', Droz, Genève, 2019, 864 p.
* Collectif, ''Le Grand livre des explorateurs et des explorations'', France Loisirs, préface de [[Paul-Émile Victor]], 1991 {{plume}}
 
=== Articles connexes ===
* ''[[Fra Angelico : Dissemblance et figuration|Fra Angelico Dissemblance et Figuration]]''
* [[Époque moderne]]
* [[Centre d'études supérieures de la Renaissance]]
* [[Mondialisation#Avant le XVIIe.C2.A0siècle siècle|Mondialisation avant le {{s-|XVII|e}}]]
* [[Sciences et techniques de la Renaissance]]
* [[Renaissance italienne]]
Ligne 403 ⟶ 509 :
* [[Renaissance anglaise]]
* [[Renaissance allemande]]
* [[Hermétisme]]
 
=== Liens externes ===
{{liens}}
* [http://www.academieroyale.be/cgi?usr=4y5ybynugw&lg=fr&pag=1026&tab=146&rec=6712&frm=385&par=secorig1025&par2=-1&id=6152&flux=45810453#detail Cycle de conférences consacré à la Renaissance à écouter].
* Exposition en réalité virtuelle, UMA-Universal Museumof Art https://the-uma.org/fr/
* Synthèse scolaire sur la Renaissance : [http://www.iloveschool.be/spip.php?article59 Fichier PDF] (Lien diffusé avec l'accord du site [http://www.iloveschool.be iLoveSchool.be])
 
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{{Portail|Renaissance|Europe}}
 
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