« Barrage » : différence entre les versions

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Selon le type de construction le barrage mobile peut être :
* '''à aiguilles''', créé par l’ingénieur [[Charles Antoine François Poirée]] en 1834, qui, s’inspirant des anciens [[pertuis (écluse)|pertuis]], étendit le système à toute la largeur du lit, améliorant considérablement la navigation fluviale dès la moitié du {{s-|XIX|e}}. Le premier fut établi par Charles Antoine François Poirée sur l'[[Yonne (rivière)|Yonne]], à Basseville, près de [[Clamecy (Nièvre)|Clamecy]] ([[Nièvre (département)|Nièvre]]). Le ''système Poirée'' consiste en un rideau de madriers mis verticalement côte à côte et barrant le lit du fleuve. Ces madriers ou ''aiguilles'' d’une section de 8 à {{unité|8|à=10|cm}} et longs de 2 à {{unité|2|à=4|m}}, selon les barrages, viennent s’appuyer contre un ''butoir'' (ou heurtoir) du ''radier'' (sur le fond) et sur une ''passerelle'' métallique constituée de ''fermettes''. Ces ''fermettes'' peuvent pivoter pour s’effacer sur le fond en cas de crue et laisser le libre passage aux eaux. Les fermettes sont reliées par une ''barre d’appui'' qui retient les aiguilles et une ''barre de réunion'', de plus elles constituent la passerelle de manœuvre. Les aiguilles à leur sommet présentent une forme qui permet une saisie aisée. Néanmoins c’est un travail fastidieux, long et dangereux (il faut plusieurs heures et plusieurs hommes pour mener à bien la tâche). Ce type de barrage est désormais remplacé par des techniques plus modernes et automatiques ; sur certains barrages encore existants, les aiguilles de bois sont remplacées par des aiguilles en aluminium remplies de [[polystyrène]] (pour la flottabilité en cas de chute dans la rivière), d’un poids bien moindre et plus facilement manœuvrables ;
* '''à effacement''' sur le fond de la rivière ([[seuil (barrage)|seuil]]) pour permettre l’écoulement total ou en position intermédiaire pour créer un [[déversoir]].
 
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Un défaut de conception ou d'entretien peut conduire à une catastrophe : si le barrage cède alors que la retenue d'eau est relativement importante, une onde de rupture peut déferler sur les populations en aval, plus ou moins canalisée par la topographie du thalweg dans lequel le barrage était implanté (voir l'article [[Catastrophe]]). En [[France]], une telle catastrophe a eu lieu en 1959 près de Fréjus, au [[barrage de Malpasset]].
 
Le film ''[[La Folie des hommes]]'' (2001) relate la catastrophe du [[barrage de Vajont]], en [[Italie]], le {{Date-|9|octobre|1963}}. Le film montre les causes et l'enchaînement des évènements qui conduisirent à un glissement de terrain de {{nobr|270 millions}} de mètres cubes dans les eaux du lac de retenue du barrage. La vague gigantesque qui s'ensuivit et qui passa sur le barrage sans le rompre fit {{nb|2000 victimes}},.
 
La plus meurtrière des catastrophes provoquées par un barrage survint sur celui de [[barrage de Banqiao|Banqiao]] en [[Chine]] en 1975 : l'onde de rupture causa la mort de {{nombre|26000|personnes}}.
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Les trois classes sont :
* A : barrages avec H supérieure ou égale à {{unité|20|m}} et H{{exp|2}} × V{{exp|1/2}} supérieur ou égal à [[{{nb|1500]]}} ;
* B : barrages non classés en A avec H supérieure ou égale à {{unité|10|m}} et H{{exp|2}} × V{{exp|1/2}} supérieur ou égal à 200 ;
* C : barrages non classés en A ou en B, avec H supérieure ou égale à {{unité|5|m}} et H{{exp|2}} × V{{exp|1/2}} supérieur ou égal à 20, ou H supérieur à {{unité|2|m}} et V supérieur à 0,05 et il existe une ou plusieurs habitations à l'aval du barrage, jusqu'à une distance par rapport à celui-ci de 400 mètres.
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Si la gestion du barrage n'est pas adéquate, il peut bouleverser le débit naturel et saisonnier du cours d'eau, affecter le niveau des nappes et le transfert des matières en suspension et sédiments. Il peut avoir des effets différés sur les [[écosystème]]s d'une vaste zone en raison de l'inondation de la zone [[Cours d'eau|amont]], et de la forte modification du [[régime d'écoulement des eaux]] de la zone [[Cours d'eau#Aval|aval]], ainsi que de la modification de la qualité des eaux provoquée par la retenue. Le fleuve recueille en aval des eaux ayant dans certains cas servi à l’irrigation des villes et industries, polluées. De nombreuses maladies, provoquées ou favorisées par la pollution de l’eau, ont par exemple fait leur apparition en Égypte<ref name="Amrawy">M. A. Amrawy, J. L. Ballais, « Les risques naturels dans le gouvernorat d'Assouan (Égypte): le rôle du Haut Barrage », ''Physio-Géo. Géographie, physique, et environnement'', Volume 8, 2014, pages 121-148.</ref>.
 
Un barrage peut générer une modification des structures écologiques et faciliter des « [[invasion (écologie)|invasions biologiques]] ». Un [[écosystème]] sub-naturel et plus ou moins équilibré se reconstitue dans ces zones plus ou moins rapidement (en l'espace d'environ 30 ans, un écosystème serait recréé à 99 %{{référence nécessaire}}, notamment en aval dans les anciennes zones asséchées. Néanmoins, cet écosystème n'est jamais identique à celui d'origine : la disparition des courants en amont, et la très forte diminution du débit en aval, ainsi que la disparition ou le lissage des débits saisonniers provoque généralement la disparition de certaines espèces autochtones. De plus, une étude<ref>{{article| langue = en| prénom1 = Pieter TJ| nom1 = Johnson| prénom2 = Julian D| nom2 = Olden| prénom3 = M Jake Vander| nom3 = Zanden| titre = Dam invaders: impoundments facilitate biological invasions into freshwaters| périodique = Frontiers in Ecology and the Environment| volume = 6| numéro = 7| mois = Septembre| année = 2008| issn = 1540-9295| doi = 10.1890/070156| pages = 357-363}}.</ref> publiée en septembre 2008 a confirmé aux États-Unis que dans les [[bassins versants]], les milieux artificiels, que sont les lacs de retenues, étaient beaucoup plus propices au développement d’espèces aquatiques dites « [[Espèce invasive|invasive]]s » que les lacs naturels. Cette étude a cherché à corréler dans la [[Grands Lacs (Amérique du Nord)|région des grands lacs]] l’importance des invasions biologiques avec la physico-chimie de la masse d’eau, l’intensité et la nature des activités nautiques avec la distribution géographique de cinq espèces non indigènes{{Note|groupe=N|texte=Espèces choisies parce que considérées comme très invasives en Amérique du Nord et représentatives de quatre groupes d'organismes aquatiques (plante, crustacé, poisson, mollusque) ; ce sont un [[myriophylle]] eurasiatique, la [[moule zébrée]], un crustacé ''spiny water fleas'' (''{{Lien|Bythotrephes longimanus}}'') qui est source d'une réduction de la diversité planctonique<ref>N.D. Yan, R. Girard, S. Boudreau, « An introduced invertebrate predator (Bythotrephes) reduces zooplankton species richness », ''Ecology Letters'', {{n°|5}}, 2002, {{p.}}481–485.</ref>, l'[[Osmerus mordax|éperlan arc-en-ciel]] et une espèce introduite d'[[écrevisse]]. Cette étude a porté sur {{nb|4200 lacs}} naturels et plus de {{nombre|1000|lacs}} de retenue (dans le [[Wisconsin]] et le [[Michigan]])}}. L’étude a montré que le risque d’invasion biologique est (pour la région des grands lacs) de {{nobr|2,4 à {{nobr|3 fois}} plus élevé dans les lacs de retenue que dans les lacs naturels (vers 2005/2008). Ce risque a augmenté avec le temps, et la menace augmente pour les lacs naturels car l’augmentation du nombre de retenues touchées a presque partout diminué la distance entre eaux « contaminées » et eaux naturelles. C’est dans ce cas l’homme qui joue le rôle principal de colporteur et en particulier selon [[Pieter TJ Johnson]] l'un des auteurs de l'étude, les activités de pêche et de nautisme qui favorisent la dissémination de nombreux organismes, dont la [[moule zébrée]] (accrochée sous les bateaux), les [[myriophylle]]s invasifs accrochés aux remorques porte-bateaux, les [[éperlan]]s arc-en-ciel et une [[écrevisse]] invasive qui a été utilisée comme appât (aujourd’hui interdit).
 
Alors que l’[[Énergie hydroélectrique|hydroélectricité]] est traditionnellement considérée comme une [[énergie propre]], les retenues de barrages peuvent émettre des gaz à [[effet de serre]] par la déforestation, la submersion de la végétation dans le réservoir ou l'activité bactériologique dans le réservoir et dans la zone périodiquement exondée qui relâchent d'importantes quantités de [[dioxyde de carbone]] et/ou de [[méthane]]<ref>{{Ouvrage|auteur1=Catherine Gautier|auteur2=Jean-Louis Fellous|titre=Eau, pétrole, climat|sous-titre=un monde en panne sèche|éditeur=Odile Jacob|année=2008|passage=156|isbn=|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=bzMTc-vbakAC&printsec=frontcover}}</ref>{{,}}<ref>{{en}} C. Deshmukh, D. Serça, C. Delon, R Tardif, M. Demarty, C. Jarnot, Y. Meyerfeld, V. Chanudet, P. Guédant, W. Rode, S. Desclou, F. Guérin, [http://www.biogeosciences.net/11/4251/2014/bg-11-4251-2014.pdf {{pdf}} Physical controls on CH4 emissions from a newly flooded subtropical freshwater hydroelectric reservoir: Nam Theun 2], ''Biogeosciences'', 13 août 2014.</ref>.
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Un lac de barrage peut être un lieu d'accueil d'oiseaux migrateurs, un lieu de reproduction de certaines espèces aquatiques,
 
Un lac de barrage peut améliorer les conditions d'écoulement en [[étiage]]. De plus en plus, les [[barrages hydroélectriques]] participent à un soutien d'étiage, permettant une vie estivale de rivières par ailleurs affectées par de nombreux prélèvements (autorisés ou non), d'améliorer le refroidissement des eaux, et la dilution des pollutions en aval. En France, depuis la même Loi Pêche de 1984, tous les obstacles sur les rivières françaises doivent obligatoirement laisser dans le cours d'eau 1/40 du module (moyenne de débit), et 1/10 pour tous les ouvrages neufs ou dont le titre est renouvelé. Afin de mettre fin à cette situation inégalitaire (posant de nombreux problèmes de variation des débits sur un même cours d'eau), la nouvelle [[loi sur l'eau et les milieux aquatiques]]<ref>[[loiLoi sur l'eau et les milieux aquatiques]], dite « LEMA », loi {{n°|2006-1772}} du 30 décembre 2006.</ref> a fixé au {{date-|1 janvier 2014}} la date limite de délivrance de 1/10 pour tous les ouvrages. Cette LEMA introduit cependant l'exception des barrages de haute chute, assurant le soutien du réseau électrique, auxquels le débit réservé pourra être limité à 1/20 (une liste devant être fixée par décret). De même, sur justification par une étude adaptée, le débit pourra être modulé sur l'année (régime réservé).
 
Un lac de barrage peut être une source de production d'[[énergie renouvelable]], lorsqu'il s'agit d'un barrage hydroélectrique.
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Par exemple, dans le cas de la Chine et du [[barrage des Trois-Gorges]], devenu la plus grande centrale hydroélectrique du monde par sa production annuelle de {{nobr|84,7 milliards}} de kilowatts-heures, on a constaté une amélioration de la qualité de l'air dans la région, grâce à l'économie en Chine de {{unité|50000|tonnes}} de charbon chaque année<ref>{{en}} P. H. Gleick, « Three Gorges Dam Project, Yangtze River, China », ''The World’s Water 2008-2009 : the biennal report of freshwater ressources'', pages 139-150.</ref>.
 
La conception d’un barrage, comme le [[haut barrage d'Assouan]], permet de gérer ainsi que de rationaliser l’utilisation de la crue du fleuve. Sans cette innovation technologique, dans l’exemple du cas d’Assouan, les périodes de sécheresses et de crues exceptionnelles n’auraient cessé de conditionner la population égyptienne en forte augmentation ; celle-ci doublant tous les {{nobr|20| ans}} : {{vnobr|20 millions}} en 1950, à {{nobr|40 millions}} en 1970 ; en continuant ainsi, elle aurait pu atteindre les {{nobr|80 millions}} d’Égyptiens en 1990<ref name="Ayeb">H. Ayeb, « L'Égypte et le barrage d'Assouan », ''Hérodote'' (4), 2001, pages 137-151.</ref>, alors que ce chiffre n’est atteint qu’en 2012. En effet, la réserve d’eau du [[lac Nasser]] ({{nobr|157 milliards}} de mètres ubescubes), créée grâce à la construction du haut barrage d’Assouan, permit la bonification de plusieurs centaines de milliers d’hectares de terres désertiques<ref name="Leclant">J. Leclant, « Abou Simbel et la Nubie, vingt-cinq ans après », ''Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres'', ''130''(4), 1986, pages 686-700.</ref>. Le fonctionnement, rendu possible tout au long de l’année, du système d’irrigation a permis un accroissement de la production agricole. Le nombre de récoltes a doublé, même triplé grâce à la gestion des crues, ainsi qu’à la modernisation de l’irrigation et du drainage. La superficie cultivée s’est vue multipliée par deux entre 1970 (avant la création du lac Nasser) et le début des années 2000<ref name="Ayeb"/>.
 
Les barrages d'[[irrigation]] ou d'[[eau potable]] sont aussi construits pour apporter des bienfaits pour l'[[agriculture]] et l'[[alimentation en eau]]. Ces impacts doivent donc être pesés au même titre que les inconvénients portés au milieu aquatique ou à la [[Pêche (halieutique)|pêche de loisir]].
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