« Goulag » : différence entre les versions

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{{Voir homonymes|Goulag (homonymie)}}
Le '''Goulag''' est l’organisme central gérant les [[camp de travail|camps de travail forcé]] en [[Union des républiques socialistes soviétiques|Union soviétique]]. La [[police politique]] placée à la tête du système pénal développa le Goulag comme instrument de terreur et d'expansion industrielle. Cette administration pénitentiaire connut une croissance constante jusqu'à la mort de [[Staline]], à mesure que de nouveaux groupes étaient incarcérés et déportés, et que ses prérogatives économiques se développaient.
[[Fichier:Gulag Location Map.png|thumb|upright=1.5|Les principaux camps du Goulag entre 1923 et 1961, selon les travaux de la fondation russe [[Memorial]].]]
 
Le '''Goulag''' (en [[russe]] : {{Langue|ru|Гулаг}}) est l’organisme central gérant les [[camp de travail|camps de travail forcé]] en [[Union des républiques socialistes soviétiques|Union soviétique]]. La [[Police_politique#Russie et URSS|police politique]] placée à la tête du système pénal développa le Goulag comme instrument de terreur et d'expansion industrielle. Cette administration pénitentiaire connut une croissance constante jusqu'à la mort de [[Joseph Staline]], à mesure que de nouveaux groupes étaient incarcérés et déportés, et que ses prérogatives économiques se développaient.
Le terme ''GOULAG'' est un [[acronymie|acronyme]] apparu en 1930 et formé d'après le [[russe]] Главное управление лагерей, '''''G'''lavnoïé '''ou'''pravlénié '''lag'''uéreï'', qui signifie « Administration principale des camps ». Cette division administrative de la police politique russe a été créée en juillet [[1934]] lors de la réorganisation de la [[Guépéou]] et de son rattachement au [[NKVD]], nouvellement créé. Avant la création du ''Goulag'', les camps de travail étaient placés sous l'autorité de chaque ministère des Républiques concernées : jusqu'en 1930, le ministère de l'Intérieur, puis de 1930 à 1934 le ministère de la Justice<ref>{{Article |langue= fr|prénom1= Nicolas |nom1=Werth|lien auteur1=Nicolas Werth |titre= Goulag:les vrais chiffres |périodique= L'Histoire|volume= |numéro=169 |date=septembre 1993 |pages=p.49 |issn= |e-issn= |lire en ligne= |consulté le= |id= }}. </ref>. Le dernier camp correctionnel de travail, Perm-35, fut fermé en 1991. [[Perm-36]], le dernier encore sur pied en Russie, abrite le musée de l'histoire de la [[Terreur rouge (Russie)|répression politique]] et du [[totalitarisme]] en URSS. Jusqu’à {{nobr|18 millions}} de personnes seraient passées par le Goulag à l'époque de la dictature stalinienne.
[[Fichier:Gulag Location Map.png|thumbvignette|upright=1.5|Les principaux camps du Goulag entre 1923 et 1961, selon les travaux de la fondation russe [[Memorial]].]]
 
Le terme ''GOULAG''« Goulag » est un [[acronymie|acronyme]] apparu en 1930 et formé d'après le [[russe]] {{Langue|ru|Главное управление лагерей}}, '''''G'''lavnoïé{{Langue|ru-Latn|Glavnoïé '''ou'''pravléniéoupravlenie '''lag'''uéreïlaguereï}}'', qui signifie « Administration principale des camps ». Cette division administrative de la police politique russe a été créée en juillet [[1934]] lors de la réorganisation de la [[Guépéou]] et de son rattachement au [[NKVD]], nouvellement créé. Avant la création du ''Goulag'', les camps de travail étaient placés sous l'autorité de chaque ministère des Républiquesrépubliques concernées : jusqu'en 1930, le ministère de l'Intérieur, puis de 1930 à 1934 le ministère de la Justice<ref>{{Article |langue= fr|prénom1= Nicolas |nom1=Werth|lien auteur1=Nicolas Werth |titre= Goulag:les vrais chiffres |périodique= L'Histoire|volume= |numéro=169 |date=septembre 1993 |pages=p.49 |issn= |e-issn= |lire en ligne= |consulté le= |id= }}. </ref>. Le dernier camp correctionnel de travail, Perm-35, fut fermé en 1991. [[Perm-36]], le dernier encore sur pied en Russie, abrite le musée de l'histoire de la [[Terreur rouge (Russie)|répression politique]] et du [[totalitarisme]] en URSS. Jusqu’à {{nobr|18 millions}} de personnes seraient passées par le Goulag à l'époque de la dictature stalinienne.
 
== Définition ==
Le terme de ''goulag'' est parfois utilisé pour désigner un « camp correctionnel de travail » ({{lang|ru|Исправительно-трудовой лагерь}}). Il s'agit d'un [[abus de langage]], l'appellation d'un tel camp étant « camp du Goulag ». Le terme « Goulag » désignant une administration, comprend deux grandes catégories (administratives) de lieux de travail forcé : les « camps de travail » et les « colonies de travail »{{sfn|Werth|1993|p=41|loc=|id=}}>. Considérés comme caractéristiques du régime soviétique, les [[camp de travail|camps de travail]] du Goulag ont détenu en nombre des victimes du système [[Totalitarisme|totalitaire]] en place : outre des criminels de droit commun, y ont été également enfermés des [[Dissidence|dissidents]] et des opposants réels ou supposés de toutes sortes. Le nombre de camps a varié, culminant en URSS à plusieurs milliers, regroupés en {{Nombre|476 complexes}} en [[1953]], à la mort de [[Joseph Staline]]<ref>N.G. Okhotine, A.B. Roginski, ''Sistema ispravitelno-troudovykh laguerei v SSR, 1923-1960 : spravotchnik'', Moscou, 1995.</ref>. Un grand nombre de camps se trouvaient dans les régions [[arctique]]s et subarctiques, comme les camps notoires de l’[[Oural]] septentrional : [[Vorkouta]] et le réseau du bassin de la [[Petchora (fleuve)|Petchora]], les [[îles Solovki]] en [[mer Blanche]], et un grand nombre en [[Sibérie]] (notamment ceux de la [[Kolyma]]).
[[Fichier:La "Grande Purge" de 1936.png|thumbvignette|La « Grande Purge » de 1936.|296x296px]]
 
Les statistiques divisent les historiens depuis l'ouverture des archives soviétiques en 1989. Selon certains historiens, {{Nombre|10 à 18 |millions}} de personnes séjournèrent dans les camps du Goulag (1,6 million de détenus y mourant, victimes de maladies et de traumatismes provoqués par la faim, l'épuisement et le froid, ou sous les balles des gardiens)<ref name="Jego"/>{{,}}{{sfn|Applebaum|2003|p=9|loc=|id=}} et plusieurs millions furent exilées ou déportées dans diverses régions de l'Union soviétique<ref>{{en}} [https://query.nytimes.com/gst/fullpage.html?res=9D00EED61F3DF932A25756C0A9659C8B63&sec=&spon=&pagewanted=print ''The Other Killing Machine'']</ref>{{,}}<ref>{{en}} [https://www.telegraph.co.uk/news/main.jhtml?xml=%2Fnews%2F2003%2F03%2F02%2Fwgulag02.xml Les victimes oubliées de Staline prisonnières du Goulag.]</ref>. Pour d'autres le nombre impressionnant de détenus se limite à quelques millions entre 1934 et 1953. {{nb|963766}} d'entre eux périrent de faim et d'épuisement ; mais surtout pendant les années de guerre 1941-1945 imposées à l'URSS par l'invasion allemande. Entre 1921 et 1953, sur {{Unité|4060306|personnes}} condamnées, {{nb|799455}} furent exécutées, dont {{nb|681692}} dans les années 1937-1938<ref>Nicolas Werth, "« Le phénomène concentrationnaire soviétique au {{S-|XX}}" », ''La Terreur et le désarroi'', Paris, Perrin, 2007 (d’après ''Les tumultes d’un siècle'', Bruxelles, Complexe, 2000, {{p.|157-175}}).</ref>. Toujours en 1993, Nicolas Werth citait un chiffrage légèrement inférieur sur la base d'une autre source d'archive : le {{date-|14 février 1954}}, le procureur de l’URSS, le ministre de la justice et le ministre de l’intérieur envoyèrent une note à Nikita Khrouchtchev communiquant des estimations pour une période un peu plus étendue {{Citation|entre le {{1er}}Date-|1 janvier 1921}} et le {{1er}}Date-|1 février 1954}} : {{nb|3777380}} condamnations pour « activités contre-révolutionnaires » par les « collèges spéciaux » et les « troïkas » de l’OGPU et du [[NKVD]] ; le collège militaire de la Cour suprême et les tribunaux militaires}}. {{nb|642980}} d'entre eux furent condamnés à mort{{sfn|Werth|1993|p=50|loc=|id=}}. On y ajoutera la déportation de {{nb|2100000}} personnes lors de la [[dékoulakisation]] entre 1929 et 1933, dont en 1930 et 1931 {{Unité|1800000|paysans}} qualifiés de ''[[koulak]]s''. Parmi eux {{nb|530000}} à {{nb600000|600000hommes}} hommes, femmes et enfants moururent<ref>Nicolas Werth, « Un EtatÉtat contre son peuple. Violence, répressions, terreur en Union soviétique », dans {{Harvsp|Courtois|1997|p=165|loc=|id=}}165</ref>. En 2017, Nicolas Werth et Luba Jurgenson évoquent les chiffres de {{Nombre|20 millions}} de détenus et {{Nombre|4 millions}} de morts dans leur ouvrage ''Le Goulag'' entre 1929 et 1954<ref>{{Lien web|langue=fr|nom1=Douroux|prénom1=Philippe|titre=Le Goulag, la chair et les chiffres|url=https://www.liberation.fr/debats/2017/10/18/le-goulag-la-chair-et-les-chiffres_1604025|site=libération.fr|date=2017-10-18|consulté le=2020-02-11}}.</ref>.
 
== Débats sur la réalité du phénomène ==
Pendant toute la [[guerre froide]], l'existence de lieux de détention en URSS comme dans tout autre pays était admise, mais celle du Goulag en tant que réseau massif de camps de [[travaux forcés]] utilisé pour la [[répression]] politique, était niée non seulement par les autorités soviétiques, mais aussi contestée par la presse communiste internationale<ref name=tablerase>{{Ouvrage |langue= |prénom1=Stéphane Stéphane|nom1=Courtois Courtois|lien auteur1=Stéphane Courtois |directeur1=oui |titre= Du passé faisons table rase|sous-titre= |éditeur=[[Éditions Robert Laffont|collection=Robert |lieu=Laffont]] |année= 2007|volume= |tome= |pages totales= |passage= |isbn= 978-2221095003|lire en ligne= }}. </ref>, y compris par des historiens universitaires reconnus et par des écrivains ou journalistes comme, aux États-Unis, [[Walter Duranty]]<ref>Pendant les années 1930, Walter Duranty, correspondant du ''[[The New York Times|New York Times]]'' à [[Moscou]] et [[prix Pulitzer]] en 1932, contredit avec véhémence les témoignages d'autres journalistes comme [[Malcolm Muggeridge]] ou [[Gareth Jones (journaliste)|Gareth Jones]] : cf. {{article|auteur= [[Nicolas Werth]]|url=https://www.lhistoire.fr/cin%C3%A9ma/le-journaliste-face-%C3%A0-la-famine-ukrainienne|titre= Le journaliste face à la famine ukrainienne |périodique=[[L'Histoire]]|date=avril 2020|pages=95}}. En 1990, un éditorial de {{Lien|Karl E. Meyer}} dans le ''New York Times'' reconnaît que Walter Duranty fut l'auteur de {{citation|quelques-uns des pires reportages jamais parus dans ce journal}} : cf. {{Article|langue=en|prénom1=Jacques| nom1=Steinberg|titre=Times Should Lose Pulitzer From 30’s, Consultant to Paper Says|périodique=The New York Times|jour=23|mois=octobre|année=2003|url=https://www.nytimes.com/2003/10/23/national/23PAPE.html|consulté le=9 octobre 2014}}.</ref> et en France, [[Louis Aragon]], [[Jean Bruhat]], [[Vercors (écrivain)|Jean Bruller]], [[Pierre Courtade]], [[Pierre Daix]], [[Roger Garaudy]], [[Fernand Grenier]], [[Jacques Jurquet]]<ref>Jacques Jurquet nie aussi le [[Crimes du régime khmer rouge|génocide]] commis par les [[Khmers rouges]] : cf. {{Ouvrage|titre=La fin du PCF|sous-titre=vers un néo-communisme?|éditeur=[[Éditions L'Âge d'Homme|L'Âge d'Homme]]|année=2002|pages totales=276|isbn=2-8251-1799-4|lire en ligne=https://books.google.be/books?id=9hZOgNC_YiwC&pg=PA185&dq=n%C3%A9gationnsime+pcf+-garaudy}}.</ref>, [[Louis Martin-Chauffier]], [[Claude Morgan]], ou [[André Wurmser]]. Les témoins, tels [[Jacques Rossi]], [[David Rousset]], [[Boris Souvarine]]<ref>Boris Souvarine, ''Staline'', Plon, Paris, 1935.</ref> ou [[Alexandre Soljenitsyne]] étaient considérés par ces auteurs comme des agents d'influence de la [[Central Intelligence Agency|CIA]] ou des affabulateurs mus par un [[anticommunisme]] « viscéral »<ref>Le communisme étant officiellement « scientifique », l'anticommunisme ne pouvait être que « viscéral » : cf. Jean-Jacques Becker et Serge Berstein, « L'anticommunisme en France », revue ''Vingtième Siècle'' n° 15, dossier : « Quatre visages d'une modernisation française », 1987, pp. 17-28, [https://www.persee.fr/doc/xxs_0294-1759_1987_num_15_1_1880].</ref>.
 
Après 1986, à partir de la ''[[glasnost]]'', les archives commencent à s'ouvrir, les autorités soviétiques reconnaissent les faits et les journalistes et historiens sympathisants cessent de les nier (tout en continuant, pour certains, à les relativiser)<ref name=tablerase/>. Une polémique résiduelle, au sujet de l'accès aux archives soviétiques, perdure depuis la [[dislocation de l'URSS]] : Nicolas Werth et [[Jean-Louis Margolin]] estiment que « les statistiques du Goulag et des exécutions staliniennes ont été établies avec un haut degré de précision » et que présenter les archives des ex-pays communistes comme très peu ouvertes « fera sourire tout historien des communismes d'Europe et de Russie », tandis que Stéphane Courtois affirme : « Une telle remarque ne fait pas rire du tout l'historien du communisme que je suis. […] Chacun sait que les archives du KGB et de l'Armée rouge demeurent largement fermées »<ref>>{{Ouvrage |langue= |prénom1=Stéphane Stéphane|nom1=Courtois Courtois|lien auteur1=Stéphane Courtois |titre= Communisme et totalitarisme |sous-titrelieu=Paris |éditeur=[[Éditions Perrin|collection= |lieu=ParisPerrin]] |année= 2009|volume= |tome= |pages totales= |passage=p.464-465 |isbn=|lire en ligne= }}. </ref>. En fait, c'est surtout depuis 2015 que l'accès à ces archives est redevenu difficile et que les crimes de la période soviétique sont à nouveau sinon niés, du moins largement occultés, tandis que leur évocation est criminalisée<ref>{{Article |langue= fr|auteur1=Isabelle Mandraud |titre=Comment Vladimir Poutine bâillonne les historiens pour mieux réécrire l’histoire de la Russie |périodique=Le Monde |volume= |numéro= |date= 10 juin 2021 |pages= |issn= |e-issn= |lire en ligne= https://www.lemonde.fr/international/article/2021/06/10/comment-vladimir-poutine-baillonne-les-historiens-pour-mieux-reecrire-l-histoire-de-la-russie_6083548_3210.html|consulté le= |id= }}. </ref>.
 
=== Sources et historiographie ===
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==== Débats historiographiques ====
Une fois l'existence du Goulag et les conditions de vie des détenus admises par tous, certains historiens comme [[Stéphane Courtois]] et ses coauteurs dans ''[[Le Livre noir du communisme]]'', se livrèrent à des comparaisons entre les [[camps de concentration nazis]] et les camps soviétiques{{sfn|Courtois|1997|p=21-22|loc=|id=}}, soulignant que le Goulag commençant, observé par les officiers de la [[Reichswehr]] allemande en manœuvre en URSS pour contourner les interdictions du [[Traité de Versailles|Diktat de Versailles]], a pu techniquement servir de modèle aux [[camp de concentration|camps de concentration]] allemands : même disposition intérieure des baraquements et des camps, mêmes rythmes de travail, même utilisation économique, mêmes méthodes d'arrestation, d'interrogatoires et de transport des prisonniers, et une similitude idéologique dans la définition préalable d'une {{citation|humanité nouvelle délivrée de toute aliénation bourgeoise}} d'un côté, et d'un {{citation|ramassis de parasites, de nuisibles, de corps étrangers au peuple}} de l'autre{{sfn|Applebaum|2003|p=|loc=|id=}}{{,}}<ref>[[Alexandre Soljenitsyne]] : ''[[L'Archipel du Goulag|L’Archipel du Goulag]]'', Seuil, Paris, 1973</ref>, à ceci près qu'en [[République socialiste fédérative soviétique de Russie|Russie soviétique]] les discriminations contre ces « ennemis du peuple » étaient, dans un premier temps, surtout sociales, alors qu'en [[Troisième Reich|Allemagne nazie]] elles furent surtout ethniques. Dans les deux cas, les victimes furent enfermées et déportées soit pour ce qu’elles étaient (« asociaux », [[Juifs]], [[Roms]], [[Homosexualité|homosexuels]], anciens [[Bourgeoisie|bourgeois]], [[Aristocratie|aristocrates]], [[koulak]]s, [[Témoins de Jéhovah]]), soit pour ce qu'elles faisaient (dissidents, opposants, résistants, saboteurs pendant la Seconde Guerre mondiale). Si les nazis ont, en outre, tenté d'exterminer les [[handicap]]és, le régime soviétique, de son côté, a aussi déportépratiqué les discriminations sur critère ethnique<ref>{{Chapitre|langue=en|auteur1=[[Nicolas Werth]]|titre chapitre=Mass Deportations, Ethnic Cleansing, and Genocidal Politics in the Later Russian Empire and the USSR|auteurs ouvrage=Donald Bloxham, A. Dirk Moses (ed.)|titre ouvrage=The Oxford Handbook of Genocide Studies|lieu=New York|éditeur=Oxford University Press|année=2010|isbn=978-0-19-923211-6|passage=387|extrait=At that time [in the mid-1930s] we see a remarkable change in the criteria of discrimination: class criteria are replaced by ethnic discriminations that culminate in the great wave of deportations of vast numbers of ‘punished peoples’ from 1941 to 1944.}}</ref>, voire de diplôme (les personnes instruites, les officiels et les officiers) parmien déportant, en partie ou dans leur totalité, les peuples des [[pays baltes]], de [[Pologne]] ([[massacre de Katyń]]), d'[[Ukraine]], de [[Biélorussie]], de [[Moldavie]], de [[Crimée]] (les [[Tatars]]) et, du [[Caucase]] (les [[Karatchaïs]], les [[Tchétchènes]], les [[Ingouches]], les [[Balkars]], les [[Meskhètes]]) furent déportés, leetc.<ref>Le nombre total des déportations ethniques en URSS s'élevantélève à 38<ref> : {{Ouvrage|langue=ru|auteur1=Н. Поболь|auteur2=П. Полян|champ libre=sous la direction de А. Н. Яковлев|titre=Сталинские депортации|sous-titre=1928–1953|lieu=Moscou|éditeur=Международный фонд «Демократия»: Материк|lieu=Moscou|année=2005|pages totales=904|passage=13|isbn=|lire en ligne=https://imwerden.de/pdf/stalinskie_deportatsii_1928-1953_2005__izd.pdf|format électronique=pdf}}.</ref>){{,}}<ref>En moyenne, 2 % de la population de chaque pays ont été déportés d'après David, E. Murphy, ''Ce que savait Staline, l'énigme de l'opération Barberousse'', éd. Stock, 2006.</ref>, sous toutes sortes de prétextes (le plus courant étant qu'ils étaient susceptibles de s'allier à l'Allemagne contre la Russie). Côté soviétique toujours, même s'il n'y eut pas de politique visant à déporter la totalité des Juifs, on déporta néanmoins les Juifs du « Comité juif antifasciste »<ref>''Le Monde diplomatique'' [http://www.monde-diplomatique.fr/1995/12/RUCKER/2052.html Pourquoi Staline liquida le Comité antifasciste juif], décembre 1995.</ref> en 1946 comme « ennemis du peuple ».
 
D'après [[Alexandre Zinoviev]]<ref>[[Alexandre Zinoviev]], ''Les confessions d'un homme en trop'', éd. Folio, 1991.</ref>, le phénomène « communaliste »<ref>[[Alexandre Zinoviev]], ''Le communisme comme réalité'', Julliard, 1982</ref> a pu également jouer un rôle dans cette terrifiante concentration de prisonniers : de nombreuses personnes ont été emprisonnées au Goulag pour des faits que l'on pourrait qualifier d'anecdotiques, absurdes et sans intérêt (avoir posé une veste sur un buste de Lénine parce qu'il n'y avait pas de porte-manteau dans la pièce, ou avoir enveloppé du poisson dans un journal représentant Staline), voire sans accusation motivée, simplement parce que les sections locales de la [[Tchéka]]-[[Guépéou|GPU]]-[[NKVD]] avaient un « plan d'arrestations » à tenir<ref>[[Sergueï Melgounov]], ''La Terreur rouge en Russie 1918-1924'', éd. Des Syrtes, 368 p., {{ISBN|2-84545-100-8}}, et [[Alexandre Rogojkine]] : film russe ''Le Tchékiste'', 1992 (d'après le roman de [[Vladimir Zazoubrine]], 1923)</ref>. Cette concentration n'est pas issue d'un programme d'extermination comme ce fut le cas pour les camps nazis, mais des discriminations sociologiques du [[Bolchevik|communisme soviétique]] élargies jusqu'à l'absurde avec son évolution en [[stalinisme]]. Sans programme d'extermination initial, elle a quand même atteint environ 18 millions de personnes en URSS, dont environ 2 millions sont mortes avant la fin de leur peine, mais sur une période plus longue que pour les camps nazis ; il n'y a pas de chiffres permettant d'évaluer le nombre de morts après la fin de la peine (à laquelle succédait, généralement, une relégation dans la région où la peine avait été effectuée) ; il est possible que nombre des ex-détenus mouraient peu de temps après leur libération, en raison des séquelles physiologiques<ref name=borodkine/>{{,}}<ref name=goda>{{Article |langue=ru |auteur1=Nikolaï Feodorovitch Bugaï |titre=Goda 30-40 : narodov SSSR deportatsii kvoprosu|sous-titre=La question de la déportation des peuples de l'URSS dans les années 1930 et 1940 |périodique= Istoriia SSSR|volume= |numéro=6 |date=1989 |pages= |issn= |e-issn= |lire en ligne= |consulté le= |id= }}. </ref>{{,}}<ref>''Deportatsiia: Dokladyvaet Stalinu de Beriia'' [La déportation : Rapports de [[Lavrenti Beria|Béria]] à Staline]. Revue "Kommounist" {{n°|3}}, 1991.</ref>.
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En 1970, Soljénitsyne évaluait à 10 millions le nombre de personnes passées dans les camps soviétiques ; les historiens du ''Livre noir du communisme'' auquel adhère la journaliste du ''Monde'', Marie Jego, parlent de 15 à 18 millions de détenus au total<ref name="Jego">Marie Jégo,« 7 avril 1930, le bureau politique instaure le Goulag », dans ''[[Le Monde]]'' du 3 mars 2003, {{Lire en ligne|lien=http://www.iranvajahan.net/cgi-bin/printarticle.pl?l=fr&y=2003&m=03&d=03&a=2}}</ref>. Peut-être ajoutent-ils des gens morts pendant le transport et des déportés hors-Goulag (les trains débarquaient les déportés et leurs gardiens armés en Asie centrale et en Sibérie, avec des vivres pour quelques semaines, des pelles, des pioches et des scies, et l'ordre formel de s'installer et de rester là, non en camp, mais en construisant un village<ref name=goda/>, sans condamnation ni peine (mais avec les encouragements du Parti). De son côté, le chercheur [[Nicolas Werth]] indique que la grande majorité des personnes déportées dans les [[années 1930]] étaient des innocents pris dans la rue pour compléter les quotas de déportation, et qui purgeaient, sauf exception, des peines de [[Ius commune|droit commun]] n’excédant pas cinq ans. Celui-ci, coauteur du ''[[Livre noir du communisme]]'', se faisait reprocher en 1997 par l'historienne politologue [[Lilly Marcou]] dans ''le Monde'' d'avoir repris en quelques années les anciens chiffres astronomiques de [[Robert Conquest]] (20 millions de morts) qu'il s'était fait fort de dégonfler en 1993 (2 millions de morts) <ref>Lilly Marcou, « Tardives querelles d'Allemands », ''Le Monde'', 14 novembre 1997</ref>.
Il s’agissait d’une abondante main-d’œuvre servile pour les gigantesques chantiers de l'URSS, et d’un moyen de peupler des régions lointaines au climat difficile, tout en les [[Russification|russifiant]] (puisque la seule langue commune entre déportés et autochtones est le [[russe]]). Le renouvellement considérable de la population des camps rend très difficile un bilan définitif. Les confusions entre le nombre total de personnes déportées pendant la période stalinienne et le nombre de personnes détenues à un moment donné produit parfois des estimations exagérées du nombre de victimes, même chez des auteurs dont le sérieux est indiscutable, mais qui ont travaillé avant [[1991]], comme [[Rudolph Joseph Rummel]] sur [http://www.hawaii.edu/powerkills/PERSONAL.HTM Présentation de l’auteur en anglais], professeur émérite à l’université d’Hawaï; inversement, la minimisation ou la relativisation du phénomène existent aussi dans certains ouvrages comme ''[[Le Siècle des communismes]]'' notamment sous la direction de [[Bernard Pudal]], ouvrage qui ne nie rien, mais passe le Goulag et ses victimes par les ''profits et pertes'' d'une {{citation|expérience}} politique et sociale aux idéologues de laquelle toute {{citation|intention criminelle}} est déniée.
 
Dans les années 2000, [[Nicolas Werth]] reprend l'enquête et les chiffrages de 1993. Il y estime la mortalité dans les camps de concentration soviétiques dans l'avant-guerre entre 3 et 7 %, et, dans l'après-guerre, entre 0,4 et 1,2 %. Abordant la question du parallèle entre les camps de concentration soviétiques et nazis (qu'ils soient d'extermination de races ou de travail forcé pour les prisonniers politiques), il écrit : « point important à préciser : en aucun lieu, ni à aucun moment, la mortalité des camps de travail soviétiques n’a atteint celle que l’on a pu observer dans les camps de concentration nazis durant la guerre, et qui était de l’ordre de 50 à 60 % »<ref>Nicolas Werth, « Le phénomène concentrationnaire soviétique au {{S-|XX}} » ''Les Tumultes d’un siècle'', Bruxelles, Complexe, 2000, {{p.|157-175}} ; ''La Terreur et le désarroi Staline et son système'', Paris Perrin, 2007, 614 p., {{p.|199-221}} (205).</ref>. Il souligne également la qualité des travaux réalisés par les historiens russes sur ce sujet, notamment ''Istoria Stalinskogo Gulaga'', publiée en 7 volumes par les éditions Rosspen en 2004<ref name="Werth2015">[[Nicolas Werth]], [https://ihtp.hypotheses.org/1322 Les historiens russes face au passé soviétique], ihtp.hypotheses.org, 19 novembre 2015</ref>.
 
En 2004, l'ONG russe de défense des droits de l'homme [[Memorial]] publie, après dix ans de recherches, un CD-ROM contenant les noms d'de 1,3 million de victimes de la répression stalinienne. Elena Jemkova, directrice exécutive de Memorial, estime qu’il y a eu au moins dix fois plus de victimes : « Pour terminer ce travail, il nous faudrait logiquement encore cent ans de recherches ! À ce jour, nous avons répertorié sur nos cartes seulement 1 % des cimetières du goulag, éparpillés sur tout le territoire russe<ref>Thérèse Obrecht, ''Russie, la loi du pouvoir : Enquête sur une parodie démocratique'', Paris, Autrement, 2006, p. 179.</ref>. »
 
==== Camps soviétiques vus de l’Occident ====
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En [[mai 1944]], le [[vice-président des États-Unis|vice-président]] américain [[Henry Wallace]] se rend dans la région de la Kolyma. Les autorités soviétiques lui font visiter la ville de [[Magadan]] en prenant soin de cacher les prisonniers. Des membres des [[Komsomol|jeunesses communistes]] se déguisent en mineurs et répondent à ses questions. Il repart admiratif, mais trompé, car il faut que les États-Unis continuent à envoyer de la nourriture et du matériel à son allié soviétique pour terminer la guerre. Avec la [[guerre froide]], les choses changent : en [[1949]], la [[bibliothèque du Congrès]] et l’[[American Federation of Labour - Congress of Industrials Organisations|AFL]] présentent un rapport à l’[[Organisation des Nations unies|ONU]] dénonçant les camps{{sfn|Applebaum|2003|p=500|loc=|id=}}.
 
En France, une partie de la gauche s’est longtemps livrée à la [[Négationnisme|négation des crimes]] soviétiques : en [[1945]], [[Joseph Staline|Staline]] apparaît en Occident comme « le libérateur de l’Europe de l’Est ». Par [[Dogme|dogmatisme]] [[Idéologie|idéologique]] ou par intérêt électoraliste, cette gauche considère les témoignages des survivants des camps comme des affabulations, et traite ces derniers d’« agents provocateurs » probablement « stipendiés par l’impérialisme capitaliste » : ils se sentent alors « condamnés une seconde fois ». En [[1946]], [[Viktor Kravchenko (transfuge)|Victor Kravtchenko]], haut fonctionnaire soviétique, publie ''J’ai choisi la liberté'' aux États-Unis, où il est réfugié. Il y décrit la terreur stalinienne et les camps. En France, l’éditeur reçoit des menaces et ''[[les Lettres françaises]]'' traitent l’auteur de menteur et l’attaquent en justice<ref>{{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Jean |nom1=Sévillia |lien auteur1= Jean Sévillia |titre=Le Terrorisme intellectuel |sous-titrelieu=Paris |éditeur=Perrin[[Éditions Perrin|collection=Perrin]] |lieu= Paris|année= 2004|volume= |tome= |pages totales=453 |passage= p.2526 |isbn=2262017727 |lire en ligne= }}. </ref>. [[David Rousset]], ancien déporté, crée en {{date-|octobre 1950}} la Commission internationale contre le régime concentrationnaire (CICRC), qui entreprend des enquêtes sur les situations espagnole, grecque, yougoslave et soviétique. Pour la première fois en France, il utilise le terme russe de « Goulag » pour désigner le système concentrationnaire soviétique. Ceci lui vaudra d’être traité de « trotskyste falsificateur » par ''les Lettres françaises'' à qui il intentera un procès qu’il gagnera en [[1951]]. Lors des audiences, la députée communiste [[Marie-Claude Vaillant-Couturier]] déclare : {{citation|Je considère le système pénitentiaire soviétique comme indiscutablement le plus souhaitable dans le monde entier}}{{sfn|Sévillia|2004|p=29|loc=|id=}}. À la lecture du rapport secret du [[XXe congrès du Parti communiste de l'Union soviétique|{{XXe}} congrès du Parti communiste d’Union soviétique]] publié dans le journal ''[[Le Monde]]'' en {{date-|juin 1956}}, [[Maurice Thorez]] et [[Jacques Duclos]] crient au faux grossier{{sfn|Sévillia|2004|p=32|loc=|id=}}.
 
Il faut attendre les [[années 1970]] pour que le [[négationnisme]] du Goulag reflue. Les écrits d’[[Alexandre Soljenitsyne]], les mémoires des détenus paraissent en Occident et décrivent les conditions de vie des [[zek]]s (détenus). Les procès en URSS de plusieurs écrivains russes soulèvent l’indignation : l’internement de [[Jaurès Medvedev]] en [[hôpital psychiatrique]] provoque de nombreuses protestations. La dissidence soviétique informe le public au moyen des [[samizdat]]s qui sont des journaux clandestins. Les rapports d’[[Amnesty International]] prennent désormais en compte la réalité du système concentrationnaire. Les États-Unis défendent les [[refuznik (URSS)|refuzniks]] et dénoncent les atteintes aux [[Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe|Accords d’Helsinki]]. Le {{date|9|octobre|1975}}, le [[prix Nobel de la paix]] est attribué à [[Andreï Sakharov]] ; son exil à [[Nijni Novgorod|Gorki]] dans les [[années 1980]] provoque des mouvements internationaux de soutien.
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[[Fichier:Solovki-1--07.2004.jpg|thumb|Le monastère de l’île Solovetski, archipel des [[îles Solovki]]]]
 
Pendant la [[guerre civile russe]] ([[1918]]-[[1921]]), la ''[[Terreur rouge (Russie)|Terreur rouge]]'' expédie dans les camps (principalement dans les Îles Solovki) un total de {{formatnum:150000}} à {{Unité|400000|personnes}} qualifiées d’{{citation|[[ennemi du peuple|ennemis du peuple]]}} : [[menchevik]]s, {{citation|contre-révolutionnaires}}, membres {{citation|déviationnistes}} du parti communiste, victimes de l’[[épuration (politique)|épuration]] politique. [[Lénine]] engagea la répression pour sauver la Révolutionrévolution russe et maintenir les bolcheviks au pouvoir. Il décide en {{date-|janvier 1918}}, en accord avec le gouvernement révolutionnaire, {{citation|l’arrestation des [[sabotage|saboteurs]]-millionnaires, qui voyageaient en train dans des compartiments de première ou deuxième classe. Je suggère de les condamner à six mois de travaux forcés dans une mine}}<ref>Mikhaïl Geller, ''Kontsentratsionny mir i sovetskaïa literatoura'', Londres, 1974, {{p.|23-24}}.</ref>. Les catégories arrêtées par la [[Tchéka]] sont dès le départ très floues et aléatoires : la qualification {{citation|[[ennemi de classe]]}} est employée de manière arbitraire, comme sous la [[Terreur (Révolution française)|Terreur]] de la [[Révolution française]]. Les condamnations des tribunaux révolutionnaires se font dans la précipitation. Des banquiers, des marchands, des prêtres sont alors expédiés dans les prisons qui sont vite surpeuplées. [[Léon Trotski|Trotski]] puis Lénine décident d’utiliser des {{citation|camps de concentration}} ''(kontslaguer)'' en reprenant l’infrastructure des camps de prisonniers de guerre qui viennent d’être vidés après le [[traité de Brest-Litovsk]] ({{date|3|mars|1918}}). L'idée originelle de ces camps est d'être un remplacement à la prison bourgeoise qui, selon la propagande communiste, conduit à la dégradation de l'individu et empêche sa réinsertion, alors que le goulag favorise la rééducation par le travail collectif<ref>{{Ouvrage|auteur1=[[Alexandre Soljenitsyne|Aleksandr Isaevich Solzhenit︠s︡yn]]|titre=L'Archipel du Goulag, 1918-1956 : essai d'investigation littéraire, première et deuxième parties|éditeur=[[éditions du Seuil]]|année=1974|passage=81|isbn=}}.</ref>.
 
Le {{date|15|avril|1919}}, le décret {{n°|45}}, ''Au sujet des camps de travaux forcés'', paraît dans le {{n°|81}} des ''[[Izvestia]]'', l'organe du gouvernement soviétique. Il est signé par le chef de l'État, [[Mikhaïl Kalinine]]. Son rédacteur est le chef de la [[Tchéka]], [[Félix Dzerjinski]], appliquant la directive de [[Lénine]] et du gouvernement<ref>{{ru}} [[s:ru:Декрет ВЦИК Советов о лагерях принудительных работ|Texte du décret 45 au 15 avril 1919]]</ref>.
 
Entre [[1920]] et [[1923]], la Russie soviétique compte 84 camps{{sfn|Applebaum|2003|p=10|loc=|id=}} regroupant environ {{Unité|25000|prisonniers}}, soit un peu plus du tiers de la population carcérale en Russie soviétique estimée à {{formatnum:70000}} détenus<ref>Jean-Jacques Marie ''Le Goulag'', PUF, collection ''{{coll.|[[Que sais-je ?'']]}}, {{p.|31-33}}.</ref>. Mais bientôt, la place venant à manquer, il faut créer des camps spécifiquement soviétiques : en [[1923]], les camps des [[îles Solovki]] deviennent un modèle pour le régime. Afin de stimuler la production, les rations alimentaires sont distribuées en fonction du travail effectué<ref name=brodsky>{{Ouvrage |langue=it it|auteur1=Juri Brodsky |titre=Solovki : |sous-titre=Le Isole del Martitio |sous-titrelieu=Rome |éditeur= |collection= |lieu=Rome |année= 1998|volume= |tome= |pages totales= |passage=p.75 |isbn= |lire en ligne= }}.</ref>.
 
==== Goulag soviétique ====
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Selon les chiffres du [[NKVD]], des opérations similaires entre {{date-|juillet 1937}} et novembre 1938 comptabilisèrent l'arrestation de {{nombre|335513|personnes}}, dont 75 % furent classées catégorie {{numéro|1}}<ref>Nicolas Werth, « Repenser la Grande Terreur », ''Le Débat'', {{n°|122}}, novembre-décembre 2002, extraits [http://www.sciences-sociales.ens.fr/forma/agreg/hss2002/coursCorriges/conflits-travail.html#Heading53 ici].</ref>.
 
À la fin de l'année 1940, les koulaks constituent près de 90 % des déplacés spéciaux<ref name=gousseff/>. À la fin de 1943, le nombre de ces derniers tombe à 670 000, grâce à la libération de 80 000 enfants et, surtout, à l'enrôlement d'hommes de seize à cinquante ans (excepté les « chefs de famille anciennement koulaks »). À la fin des années 1940, le contingent des ex-koulaks se réduit considérablement (environ 120 000 au début de 1949, moins de 25 000 au 1{{er}} janvier 1953), une baisse due essentiellement à l'extinction naturelle des koulaks dont une petite partie seulement s'est vue libérer<ref>{{Ouvrage|auteur1=Nicolas Werth|titre=Le cimetière de l'espérance|sous-titre=Essais sur l'histoire de l'Union soviétique 1914-1991|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions Perrin|lieu=ParisPerrin]]|année=2019|passage=292|isbn=|id=werth}}.</ref>. Ils sont alors remplacés par de nouveaux contingents constitués de peuples déportés, de ressortissants des territoires annexés de l'Ouest et de rapatriés de l'étranger{{sfn|texte=|Werth|2019|id=werth|p=292-294}}{{,}}<ref name=gousseff>{{Article|langue=fr|prénom1=Catherine|nom1=Gousseff|titre=[[Viktor Zemskov|V. N. Zemskov]], Specposelency v SSSR, 1930-1960|périodique=Cahiers du monde russe. Russie - Empire russe - Union soviétique et États indépendants|volume=44|numéro=44/4|date=2003-10-01|issn=1252-6576|lire en ligne=http://monderusse.revues.org/4115|consulté le=2017-11-01|pages=740–742}}</ref>.
 
==== Grande Terreur et Grandes Purges (1936-1938) ====
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==== Apogée du Goulag (1945-1953) ====
L’administration du Goulag est réorganisée : en 1946, le NKVD est scindé en deux et le Goulag dépend désormais du MVD, le Ministère des Affaires intérieures. Les années qui suivent la Seconde Guerre mondiale marquent l’apogée du système concentrationnaire : le nombre de détenus augmente jusqu’en 1950 pour dépasser les deux millions. La course aux armements déclenchée par la [[Guerre froide]] nécessite une main d’œuvre servile toujours plus nombreuse. La fermeture du pays aux influences occidentales, en particulier américaines, entraîne des mesures radicales àcontre l’encontre desles étrangers. Des camps spéciaux sont mis en place et accueillent les prisonniers politiques condamnés à de longues peines. Le régime crée des ''lagpounkts'' disciplinaires. Dans la compétition qui oppose Staline aux États-Unis, les grands travaux sont relancés pour le prestige de l’URSS (port de Donetsk, grands canaux, barrages, etc.) pour lesquels les [[zek]]s sont réquisitionnés. Les révoltes, les grèves du travail ou les [[Grève de la faim|grèves de la faim]] secouent les camps. Durant l’hiver 1949-1950, les prisonniers de la Kolyma se soulèvent. La fin de règne de Staline est marquée par le [[complot des blouses blanches]] qui provoque l’arrestation de centaines de médecins juifs.
 
==== De la mort de Staline à la fin du Goulag ====
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== Camps ==
Par [[abus de langage]], on parle de goulags au pluriel, confondant les camps (appelés ''{{lang|ru|lag}}'', abréviation de ''{{lang|ru|laguer}}'', en russe) et l'administration politique chargée de les gérer, le Goulag<ref>{{Détournement de la source}} {{Ouvrage|auteur1=[[Alexandre Soljenitsyne|Aleksandr Isaevich Solzhenit︠s︡yn]]|titre=L'Archipel du Goulag, 1918-1956 : essai d'investigation littéraire, première et deuxième parties|éditeur=[[éditions du Seuil]]|année=1974|passage=58|isbn=}}.</ref>.
 
Le Goulag impose deux formes majeures d'enfermement et de contrainte au travail : le complexe pénitentiaire subdivisé en plusieurs unités pénitentiaires comprenant typiquement une zone d'habitation ceinte de barbelés et gardée de [[Mirador (surveillance)|miradors]] et une zone de production où travaillent les détenus ; le village d'exil où les [[Déportation|déportés]] (parfois une famille entière de paysans [[Dékoulakisation|« dékoulakisés »]]) sont assignés à résidence sous l'autorité d'un commandement de la [[police politique]] qui décide de leur affectation au travail.
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|-----
|[[Dmitlag]]
|nordNord de [[Moscou]]
|Canal
| align="center" | {{unité|200000}}
|- {{ligne grise}}
|[[Canal de la mer Blanche|Belomorkanal]]
|[[République de Carélie]], <br /> [[Oblastoblast de Léningrad]]
|Canal
| align="center" | {{unité|170000}}
Ligne 189 ⟶ 190 :
|- {{ligne grise}}
|[[Oukhtpetchlag]]
|[[République des Komis]]
|Charbon et pétrole
| align="center" | {{unité|17852}}
Ligne 197 ⟶ 198 :
|Mines
| align="center" | {{unité|200000}}
|-----
|- {{ligne grise}}
|[[Gorlag]]
|[[Norilsk]]
|Nord de la Sibérie centrale
|Mines
| align="center" | {{unité|69000}}
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Les camps dépendaient de directions régionales (par exemple la Direction sibérienne des camps ou Siblag OGPU). Des formations paramilitaires (« commandements » ou ''komendatury'' en russe) administraient les colonies spéciales et jouissaient d’un statut d’exterritorialité<ref>[[Jean-Paul Depretto]], « Un grand chantier du premier plan quinquennal soviétique : Kuznetskstroï », dans CAIRN, {{n°|39}}, 200/2, {{Lire en ligne|lien=http://www.cairn.info/article.php?ID_REVUE=GEN&ID_NUMPUBLIE=GEN_039&ID_ARTICLE=GEN_039_0005}}</ref>. La garde des détenus était confiée à un corps militaire, la [[Vokhra]].
 
[[Nicolas Werth]] estime que {{nombre|200000|personnes}} étaient employées par le Goulag vers 1953<ref>Nicolas Werth, article « goulag » dans ''Dictionnaire historique et géopolitique du {{s-|XX|e}}'', La Découverte, 2002.</ref>. Le contrôle de Moscou sur les camps se renforça avec Staline, en particulier pendant la Seconde Guerre mondiale : cela entraîna un renforcement de la [[bureaucratie]] et des visites des inspecteurs venus de la capitale. En principe, les [[zek]]s avaient le droit de se plaindre des mauvais traitements aux commissions des camps. Mais en réalité, un petit nombre de ces plaintes aboutissaient finalement à des sanctions àcontre l’encontre dule personnel encadrant. Les procureurs du Goulag étaient chargés de faire connaître les rapports d’inspection des camps.
{{clr}}
 
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==== Bains, latrines, infirmerie, entrepôts et ateliers ====
Ils étaient séparés des baraquements{{Référence nécessaire|date=21 avril 2022}}.
 
==== Cachot ====
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[[Fichier:Canal Mer Blanche.jpg|thumb|left|Chantier du canal de la mer Blanche]]
 
Après l'invasion allemande du {{date|22|juin|1941}}, Béria décrète la [[loi martiale]] au Goulag. Les conditions de détention se dégradent : la journée de travail s'allonge jusqu'à 10 heures, les jours fériés sont supprimés. Les éléments suspects sont systématiquement « épurés ». Le travail s'intensifie : les camps fournissent le front en charbon, munitions, uniformes, céréales… En 1943, le bagne est créé pour des coupables de haute trahison (12h/ par jour, rations réduites). Dans certains camps, la journée de travail est estimée à 16h/ par jour (par exemple au [[Viatlag]]). Pour équilibrer les pertes au front, des détenus et des gardes y sont envoyés ({{unité|975000|détenus}} et {{unité|93000|gardes}}).
 
{{refnec|[[Jean-Jacques Marie]] estime à 40 % le poids du Goulag dans l'économie de l'URSS|date=3 novembre 2017}}. Mais le Goulag n'atteint que 1,2 % de la production industrielle nationale et 12 % de la production du bois. Les détenus n'ont qu'une faible [[productivité]], inférieure à celle des travailleurs libres ; cette productivité ne compense même pas le peu que coûte la main-d'œuvre. {{refnec|Les camps coûtent davantage à l'État qu'ils n'apportent de bénéfices.}} Le sabotage, l'encadrement coûteux et la négligence en sont partiellement les causes. Seulement 70 % de détenus travaillent : certains d'entre eux sont enfermés en isolateurs, d'autres sont handicapés, la [[Crime organisé|pègre]], tout comme l'administration, ne travaille pas. Les mauvaises conditions de vie ne font qu'affaiblir les détenus. Certains chantiers se révèlent impraticables et vains.
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===== Taux de mortalité =====
Le taux de mortalité dans les camps a considérablement varié dans le temps : de 2,5 % à la veille des [[procès de Moscou]] (1936) on passe à 17,6 % au plus fort de la guerre (1942)<ref name="NWp41"/>. Selon Conquest, le taux de mortalité s'élevait à 10 % par an entre 1939 et 1953 (au total, 12 millions de morts), ce qui aurait fait une moyenne de {{unité|855000|morts}} par an. D'après les archives au début des années 1990, le chiffre, en temps de paix, était de 49 pour mille (4,9 %)<ref>{{Harvsp|Radvanyi|2007|p=63|loc=|id=}}, arrondi à 40 pour mille soit 4 % .</ref>. Les conditions effroyables du temps de guerre contre l'Allemagne multiplient le taux de mortalité par 4, ainsi il monte à 194 pour mille, soit 19, 4 %, par an <ref>{{Harvsp|Radvanyi|2007|p=63|loc=|id=}}, arrondi à 200 pour mille soit 20 % </ref>. Et on compte entre le {{date-|1 janvier 1934}} et le {{date-|31 décembre 1947}}, 963.766 décès parmi les populations de prisonniers qui y entrèrent, politiques et droits communs confondus <ref>Moshe Lewin, ''Le Siècle soviétique'', Paris, Fayard/ ''Le Monde diplomatique'', 2003, p.515</ref>.
 
Ainsi, les décès dans les camps augmentaient pendant la secondeSeconde guerreGuerre mondiale avec la famine, le froid, les épidémies ([[typhus]]) ou encore pendant les purges de 1937-1938 avec les vagues d’exécutions. Les cadavres étaient enterrés dans des fosses communes ou dans les cimetières du camp. Edward Buca témoigne de ces inhumations collectives :
{{citation bloc|On les chargea [les cadavres des prisonniers] nus, sur des traîneaux, tête à l’extérieur et pieds dedans. Chaque corps portait une plaquette de bois, une ''birka'', attachée au gros orteil du pied droit, et indiquant son nom et son matricule. Avant que le traîneau ne franchisse le portail du camp, le ''nadziratel'', un officier du NKVD, prenait un pic qu’il enfonçait dans chaque crâne. Il s’agissait de vérifier que nul ne sortît vivant. Une fois hors du camp, les corps étaient jetés dans une ''transeïa'', une des grandes fosses creusées au cours de l’été à cette fin|Edward Buca|Vorkuta, Londres, 1976, {{p.|152}}.}}
 
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* Déportations ethniques pendant la Seconde Guerre mondiale : [[Polonais]], [[Ukrainiens]], [[Baltes]], [[Moldaves|Roumains de Bessarabie]] en 1939-1941 ; [[Allemands de la mer Noire]] ou [[Allemands de la Volga|de la Volga]] en 1941 ; [[Tatars de Crimée]] en 1943 ; [[Tchétchénie|Tchétchènes]] en 1944. Mais ces populations avaient plutôt le statut d’exilés ou déportés spéciaux. La plupart étaient assignés à résidence dans des villages surveillés{{sfn|Applebaum|2003|p=9|loc=|id=}} ;
* Pendant la Grande Terreur, les femmes des ennemis du peuple sont déportées, par exemple, dans le camp de Temnikovski en [[Mordovie]] ;
* Étrangers : communistes polonais et occidentaux (notamment antifascistes allemands et italiens comme {{Lien|lang=it|trad=Dante Corneli|fr=Dante Corneli}}), Chinois ayant franchi illégalement la frontière, ressortissants de l’[[Axe Rome-Berlin-Tokyo|Axe]] (Japonais, Allemands), Français émigrés en Russie depuis [[1917]] ou [[vichyste]]s, {{unité|10000|Arméniens}} français retournant dans leur pays après la Seconde Guerre mondiale<ref>{{Ouvrage|langue=fr|nom1=[[Pierre Rigoulot]]|titre=Des Français au goulag|sous-titre=(1917-1984)|lieu=Paris|éditeur=[[Librairie Arthème Fayard|lieu=ParisFayard]]|année=1984|pages totales=367|isbn=2-213-01464-7}}</ref> ; les étrangers se trouvaient isolés par la barrière de la langue (Japonais, Chinois) ; les Polonais, les Ukrainiens et les Baltes se regroupent entre eux et constituent des réseaux de solidarité à l’intérieur des camps. Cependant, la grande majorité des détenus étaient des Russes et Ukrainiens<ref>[[Pierre Rigoulot]], « Les étrangers du Goulag », émission ''La marche de l'histoire'' sur France Inter, 6 avril 2011</ref> ;
* Religion : orthodoxes, protestants, catholiques polonais, lettons (comme [[Janis Mendriks]]), ou lituaniens, Témoins de Jéhovah et sectaires ;
* [[Juifs]] au moment du [[complot des blouses blanches]].
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[[Fichier:Isxodiwozwr1.jpg|thumb|Le transport des déportés se faisait notamment par trains dans des wagons “40-8” (« hommes 40, chevaux 8 »).]]
 
Dans la circulaire interne au ministère de l'Intérieur datée du {{date-|4 avril 1953}}, soit un mois après la mort de Staline, Beria dénonçait lui-même « des violations flagrantes de la législation soviétique, des arrestations de citoyens soviétiques innocents, la falsification effrénée d'éléments de preuve, le recours généralisé à diverses méthodes de torture » dans des locaux « spécialement équipés à cet effet », autant des d'agissements qui faisaient perdre à certains prévenus « toute apparence humaine » tout en permettant aux juges d'instruction d'obtenir des « "aveux" préfabriqués »<ref>{{Ouvrage|langue=ru|auteur1=В. Наумов|auteur2=Ю. Сигачев|champ libre=sous la direction de А. Н. Яковлев|titre=Лаврентий Берия. 1953|sous-titre=Стенограмма июльского пленума ЦК КПСС и другие документы|lieu=Moscou|éditeur=Международный фонд «Демократия»|lieu=Moscou|année=1999|pages totales=512|passage=28|isbn=|lire en ligne=https://imwerden.de/pdf/lavrentiy_beria_1953_dokumenty_1999.pdf|format électronique=pdf}}.</ref>.
 
La mortalité était très forte pendant le transfert des détenus vers leur camp de travail : ainsi, dans les années 1930, sur les {{unité|16000|prisonniers}} envoyés dans la région de la Kolyma, seuls {{formatnum:9928}} étaient arrivés vivants<ref>John Stephan, ''The Russian Far East : A History'', Stanford, 1994, {{p.|227}}.</ref>. Dans les trains de prisonniers, le manque d’eau, de nourriture et d’hygiène affaiblissait les passagers<ref>Anne Applebaum, ''Goulag : Une histoire'', 2005, {{p.|204-206}}.</ref>. Le voyage pouvait durer plusieurs semaines. Pour rejoindre leur camp, les convois utilisaient le bateau sur les fleuves sibériens ou en Extrême-Orient. Les témoignages décrivent des conditions effrayantes : promiscuité, viol des femmes, indifférence des gardiens, froid, etc.
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: La condition d'un prisonnier du Goulag dépend de la région où il se trouve enfermé, du contexte national, de son crime, mais aussi de son travail : les hommes utilisés pour construire le [[canal de la mer Blanche]] n’ont pas les mêmes chances de survie que les ingénieurs ou les techniciens employés dans l’aéronautique ou l’armement. Certains scientifiques emprisonnés vivaient dans un certain confort{{sfn|Applebaum|2003|p=33|loc=|id=}} au sein des [[charachka]]s ([[Lev Kopelev]], [[Andreï Tupolev]], [[Vladimir Petliakov]]). Certains détenus travaillaient pour le camp : ils effectuaient diverses tâches (organisation du travail et des chantiers, préparation des repas, nettoyage, soin, etc.) au service du Goulag et les autres [[zek]]s les appelaient les « planqués ». Leur travail était en effet considéré comme moins pénible et on estimait qu’ils étaient au service du système concentrationnaire. Ils étaient choisis et destitués par l’administration et travaillaient dans l’enceinte du camp. Pendant les périodes de guerre (1918-1921 et 1939-1945), les détenus soviétiques doivent participer à l’effort de défense nationale en creusant des tranchées et en fabriquant des armes.
; Durée du travail
: La durée et les horaires de travail varient en fonction des périodes, de la saison et du commandement des camps. Pour répondre aux besoins économiques engendrés par la Seconde Guerre mondiale, le temps de travail est allongé, pour les [[zek]]s comme pour les travailleurs libres. Dans le Grand Nord sibérien, les journées de travail sont réduites en hiver, à cause du froid et de la nuit. La direction centrale du Goulag tente de limiter le temps de travail. Mais ces directives ne sont pas souvent respectées et les prisonniers doivent terminer leur tâche avant de pouvoir se reposer : dans les années 1930, les zeks travaillent douze heures par jour<ref>David Nordlander, ''Capital of the Gulag. Magadan in the Early Staline Era, 1929-1941'', thèse, UNC Chapel Hill, 1997, {{p.|159}}.</ref>. Au Viatlag, la durée quotidienne du travail pendant la guerre est de 16 heures de travail<ref>Viktor Berdinskikh, Viatlag, Kirov, 1998, {{p.|24-43}}.</ref>. Certains zeks se mutilent, feignent d’être malademalades ou foufous pour passer quelque temps de repos à l’infirmerie<ref>Les stratégies de survie et de fraude des zeks s’appellent la « ''toufta'' ».</ref>. Enfin, le mécontentement des détenus pouvait tourner à la grève de la faim ou à l’émeute.
 
[[Fichier:Kolyma road00.jpg|thumb|Travail forcé sur une route de la Kolyma]]
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==== Séparation entre hommes et femmes ====
En principe, les hommes et les femmes sont séparés dans des zones ou des camps différents<ref>Olga Adamova-Sliozberg ''et al.'', ''L’Aujourd’hui blessé'', 1997.</ref>. Les femmes étaient minoritaires (de l'ordre de moins d'une pour sept hommes<ref>{{Ouvrage|auteur1=[[Vychinski]]|directeur1=[[Vychinski]]|titre=Des prisons aux établissements rééducatifs|titre original=Ot tiourem k vospitatelnym outchrejdéniam|lieu=Moscou|éditeur=La législation soviétique|lieu=Moscou|nature ouvrage=Recueil de l'Institut de politique pénale|année=1934|passage=358}}</ref>) et très peu nombreuses dans les camps du Grand Nord. Cependant, il arrivait que certaines femmes tombent enceintes dans les camps : elles accouchaient dans les hôpitaux des complexes concentrationnaires. Il existait des crèches dans certains camps puis les enfants étaient envoyés dans des orphelinats. Les foyers accueillaient les enfants des camps ou les enfants des zeks. Les enfants délinquants et criminels étaient enfermés dans des colonies spéciales{{sfn|Applebaum|2003|p=372-373|loc=|id=}}.
 
=== Personnel du camp ===
La VOKHR (garde armée des camps) était composée d’hommes libérés du Goulag ou d’anciens membres de la police secrète tombés en disgrâce. Pendant l’ère stalinienne, on envoie les incompétents, les suspects ou les ivrognes encadrer les camps{{sfn|Applebaum|2003|p=303|loc=|id=}}. L’encadrement des camps a toujours souffert du manque de volontaires ; cette situation s’explique par les conditions de vie difficiledifficiles et le manque de prestige de la fonction. La ration reçue par chaque garde était proportionnelle à son grade{{sfn|Applebaum|2003|p=305|loc=|id=}}. Les journées de travail étaient interminables et les maladies touchaient tout le personnel du camp. Cependant, certains commandants de complexes concentrationnaires pouvaient vivre dans le luxe. Les comptables, les techniciens, les normeurs, les médecins ou les instructeurs du camp de la KVTCH vivaient sans doute un peu mieux que les gardes.
 
La propagande poussait les gardiens à détester les « ennemis du peuple ». Les objectifs de production devaient être réalisés par tous les moyens. Enfin, les gardes les plus méritants pouvaient monter en grade.
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* [[Casimir Świątek]], [[prêtre catholique]] [[biélorusse]], de 1944 à 1954 (par la suite, après la chute du [[mur de Berlin]], il est devenu [[évêque]] et [[Cardinal (religion)|cardinal]])
* [[Berta Pīpiņa]], née Ziemele (1883-1942), enseignante, écrivaine, journaliste, femme politique et militante féministe lettonne.
* Oleg Volkov, essayiste et romancier
 
=== Témoignages ===
 
*<!-- livre important qui manque dans les témoignages et bibliographie: Ante CILIGA, 1977 10 ans au pays du mensonge déconcertant, ed Champ Libre, Paris -->
* [[Alexandre Soljenitsyne]] dans ''[[Une journée d'Ivan Denissovitch]]'' (1962) puis ''[[L'Archipel du Goulag|L’Archipel du Goulag]]'' (1973) a porté son témoignage à la connaissance d’un très large public en Occident, ce qui lui a valu l’exil. Il y décrit les conditions de vie dégradantes dans les camps (travail forcé, froid, faim, gardiens inhumains), mais aussi la volonté de rééduquer le détenu par le biais de « sections politiques et éducatives » (des brigades politiques et éducatives) destinées à « remplacer aumôniers et services religieux des prisons d’antan ».
* [[Gustaw Herling-Grudziński|Gustaw Herling]], ''Un autre monde à part'', Denoël, 1985 (Folio, 1995). Cet ouvrage, publié en anglais en 1951, est un des tout premiers dépeignant les camps soviétiques<ref>{{harvsp|2018|passage=10|Préface|id=Zaremba2}}</ref>. Herling y décrit son année et demi passée dans un camp de travail soviétique du complexe de Kargopol, sur la [[mer Blanche]] de 1940 à 1942. Publié en [[1951]].
* [[Varlam Chalamov]], ''[[Récits de la Kolyma]]'', [[éditions Maspero]], 1980 (réédition Fayard 1986, puis Éditions Verdier, [[2003]]).
* [[Varlam Chalamov]], ''[[Vichéra (antiroman)|Vichéra]]'', éditions Verdier, Lagrasse, 2000.
* [[Jacques Rossi]], dans son ''Manuel du Goulag'', publié en 1987 (en anglais) et 1997 (en français, ''[[Le Cherche midi]]'', {{ISBN|2862745324}}), écrit : {{citation|Le goulag servait de laboratoire au régime soviétique, dans le but de créer une société idéale : garde-à-vous et pensée unique}}.
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* [[Julius Margolin|Jules Margoline]], ''La Condition inhumaine'', Paris, Calmann-Lévy, 1949, nouvelle éd. complète, [[Julius Margolin]], ''Voyage au pays des Ze-Ka'', Paris, Le bruit du temps, 2010.
* [[Józef Czapski]], ''Terre inhumaine'', éditions Îles d’Or, 1949.
* [[Jean Nicolas (missionnaire)|Jean Nicolas]], ''Onze ans au paradis'', éd. [[Fayard (maison d'édition)|Fayard]], Paris, 1958.
* [[Evguénia Guinzbourg]], ''Le Vertige'' (2 tomes) et la suite ''[[Le Ciel de la Kolyma]]'', Seuil, 1967.
* Elinor Lipper, ''Onze ans dans les bagnes soviétiques'', Nagel, 1950.
* [[Alexander Dolgun]] avec la collab. de [[Patrick Watson (acteur) |Patrick Watson]], {{en}} ''Alexander Dolgun's Story : An American in the Gulag'', New York, Alfred A. Knopf, 1975; trad. franç. de Gilles Garnet, ''Histoire d'Alexandre Dolgun, un Américain dans le Goulag'', Paris, Albin Michel, 1976.
* [[Dantsig Baldaev]], gardien de camp. ''Tatouages et dessins du goulag''. Édition des Syrtes.
* Daniel. E. Durdu, ''Sinécure au pays du goulag'', éditions Rencontres, 2017. Préface de Christian Robin {{ISBN|9782873070694}}. Un témoignage sur les internements à l'époque de Brejnev.
* [[Hava Volovich]], ''Till my Tall is Told,'' Indiana University Press, 1999.
* [[:es:Ruta_Sepetys|Ruta Sepetys]], ''Ce qu'ils n'ont pas pu nous prendre'', 2011.
* [[Alain Blum]], Marta Craveri et Valérie Nivelon, ''Déportés en URSS'', Autrement-RFI, 2021, 318 p. Recueil de 18 témoignages.
* ''[[Envers et contre tout (Kersnovskaïa)|Envers et contre tout]] : chronique illustrée de ma vie au Goulag'', [[Eufrosinia Kersnovskaïa]], 2021.
* Oleg Volkov, ''Les Ténèbres'', Paris, J.C. Lattes, 1991, 590 p. (1ère édition Moscou 1987)
 
=== Documentaires ===
* [[Hélène Châtelain]], Iossif Pasternak ''Goulag'', 220 min, 2000, 13 Production<ref>{{Lien web|titre=Goulag|url=http://www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_fiche_film/7567_0|site=film-documentaire.fr|date=|consulté le=14 août 2017}}</ref>, le documentaire se limite aux grands camps du Nord de l'URSS, les plus extrêmes, les plus mythiques (l'archipel) : des îles des Solovki, au milieu de la Mer Blanche, au Nord-Ouest jusqu’à la Kolyma.
* [[Emmanuel Amara]], ''Le Goulag oublié'', 50 min, Rue Charlot productions, 2006, avec la participation d'Anatol Prokopienko (Archives de l'état russe) et de [[Vladimir Vinogradov (historien)|Vladimir Vinogradov]] (archives du [[NKVD]]), à l'occasion du {{date-|30 octobre}}, jour commémoratif du Goulag en Russie.
*[[Patrick Rotman]], ''Goulag, une histoire soviétique'' 1917-1953, 2017. Se fonde notamment sur les recherches de l'historien Nicolas Werth et des extraits d'interviews de témoins directs.
*[[Michaël Prazan]], ''Goulags'', 2019, co-production TV Presse Productions et [[France Télévisions]].
 
== Romans ==
* {{Ouvrage|langue=fr|langue originale=pl|auteur1=[[Marek Hłasko]]|traducteur=Charles Zaremba|préface=Charles Zaremba|titre=Converti à Jaffa|titre original=Nawrócony w Jaffie|lieu=Bordeaux|éditeur=[[Mirobole éditions|Mirobole]]|collection=Horizons blancs|lieu=Bordeaux|année=2018|année première édition=1966|pages totales=176|isbn=978-2-37561-097-8|id=Zaremba2|plume=oui}}
* [[Vassili Axionov]], ''[[Une saga moscovite]]'', Paris, éditions Gallimard, 1997.
* [[Vassili Grossman]], ''Tout passe'', Lausanne, Éditions L'Âge d'Homme, 1984. Réédition ''in'' [[Vassili Grossman]], ''Œuvres'', Paris, édition Robert Laffont, 2006.
* [[Éric-Emmanuel Schmitt]], ''Le plus beau livre du monde'' du recueil ''[[Odette Toulemonde et autres histoires]]'', Paris, Albin Michel, 2006, {{p.|255-279}}.
* [[Alexandre Soljenitsyne]], ''[[Une journée d'Ivan Denissovitch]]''
* Josef Martin Bauer{{qui}} (auteur allemand) "Aussi loin que mes pas me portent" 1955 (édition Libretto)
 
=== Bibliographie ===
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1langue originale=Anneen |nom1auteur1=Anne Applebaum |auteur1prénom1=Anne |nom1=Applebaum |traducteur=Pierre-Emmanuel Dauzat |titre= Goulag : Une histoire|sous-titre=Une |éditeur=Bernard Grasset |collection=histoire |lieu=Paris |annéeéditeur=2003Bernard |volume=Grasset |tomeannée=2003 |pages totales= |passage=716 |isbn=2246661218 |lire en ligne= }}.
* [[Paul Barton]], ''L'Institution concentrationnaire en Russie (1930-1957)'', Plon, 1959, 516 pages.
* {{Ouvrage|auteur1=[[Juliette Cadiot]]|auteur2=Marc Elie|titre=Histoire du Goulag|éditeur=[[La Découverte]]|année=2017|pages totales=145|isbn=|lire en ligne={{Google Livres|0IopDwAAQBAJ}}}}
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1= Stéphane |nom1= Courtois |lien auteur1=Stéphane Courtois |directeur1=oui |et al.= oui |titre=Le Livre noir du communisme |sous-titre=Crimes, terreur, répression |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions Robert Laffont|collection=Robert |lieu=ParisLaffont]] |année=1997 |volume= |tome= |pages totales= |passage=923 |isbn= 2221088611|lire en ligne= }}.
* [[Raymond Duguet]], ''Un Bagnebagne en Russie rouge., Solovki : l’îlel'île de la faim, des supplices, de la mort'', Paris, Ballandéditions Jules Tallandier, [[2004]]1927 (réed. {{ISBN|2715814895}}
{{Ouvrage
| langue=fr
| prénom1=Raymond
| nom1=Duguet
| titre=Un bagne en Russie
| sous-titre=Solovki
| lieu=Paris
| éditeur=[[Éditions Balland|Balland]]
| année=2004
| pages totales=286
| isbn=978-2-7158-1489-9
| isbn2=2715814895
}})
* [[Michel Heller]], ''Le Monde concentrationnaire et la littérature soviétique'', Paris, L’Âge d’Homme, 1974.
* [[Gustaw Herling-Grudziński]], ''Un monde à part''. Gallimard, Paris, 1995, 464 p., trad. du polonais par William Desmond. Préface de Jorge Semprun. {{ISBN|978-2-070-393-81-7}}  Denoël, Paris, 1985, 312 p., trad. du polonais par William Desmond. Préface de Jorge Semprún {{ISBN|2207230651}} ''A World Apart.'' 1ère édition. Préface de Bertrand Russel. Arbor House, London, 1951. Nouvelle édition 2005. – ‘‘Inny Świat. Zapiski sowieckie.‘‘ Londres, 1953. (En polonais.) – Édition révisée, trad. de l’anglais par Andrzej Ciolkosz. Paris, 1965, 336 p. – Édition polonaise, underground press, 1980. – Édition polonaise officielle 1988. Introduction par [[Anne Applebaum]]. {{ISBN|978-8308044926}}
* Marie Jégo, « {{date-|7 avril 1930}}, le bureau politique instaure le Goulag », dans ''[[Le Monde]]'' du 03/03/2003, {{Lire en ligne|lien=http://www.iranvajahan.net/cgi-bin/printarticle.pl?l=fr&y=2003&m=03&d=03&a=2}}
* [[Tomasz Kizny]], ''Goulag'', Paris, éditions Solar, [[2003]], {{ISBN|2735702413}}, recueil de photos d’archives et actuelles sur les camps du Goulag
* [[Joël Kotek]], [[Pierre Rigoulot]], ''Le Siècle des camps : emprisonnement, détention, extermination, cent ans de mal absolu'', Paris, éditions J.-C. Lattès, 2000. {{ISBN|2709618842}}
* [[Moshe Lewin]], ''Le Siècle soviétique'', Paris, Fayard-''Le Monde Diplomatique'', 2003, {{p.|513-518}}.
* [[Julius Margolin]] ''Voyage au pays des Ze-Ka'', [« Путешествие в страну зэ-ка »] (1947), trad. de [[Nina Berberova]] et Mina Journot, révisée et complétée par [[Luba Jurgenson]], Paris, Éditions Le Bruit du temps, [[2010 en littérature|2010]], 781 p. {{ISBN|978-2-35873-021-1}}<ref name="zeka">{{Lien web
| auteur = Antoine Perraud
| titre = La traversée du goulag
| url = http://www.la-croix.com/Culture/Livres/Livres/La-traversee-du-goulag-_NG_-2010-11-24-559359
| site = La-Croix.com
| en ligne le = 24/11/10
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}}</ref>
* [[Jean-Jacques Marie]], ''Le Goulag'', Paris, PUF, 1999.
* {{Ouvrage|langue=fr|langue originale=en|prénom1=Simon|nom1=Sebag Montefiore|lien auteur1=Simon Sebag Montefiore|traducteur=Florence La Bruyère et Antonina Roubichou-Stretz|titre=Staline|sous-titre=La cour du tsar rouge|volume=I. 1929-1941|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions Perrin|Perrin]]|lieu=Paris|année=2010|pages totales=723|isbn=978-2-262-03434-4|id=Montefiore, la cour du tsar rouge, t. I|plume=oui}}
* {{Ouvrage |langue= fr |prénom1=Jean Jean|nom1=Radvanyi Radvanyi|titre=La Nouvelle Russie |sous-titrelieu=Paris |éditeur= [[Armand Colin]] |collection=Collection U |lieu= Paris|année= 2007 |numéro d'édition=4|volume= |tome= |pages totales= |passage= |isbn= |lire en ligne= }}.
* [[David Rousset]], ''Le Procès des camps de concentration soviétiques'', D. Wapler, 1951.
* Sergueï Sigatchev, ''Le Système des camps de redressement par le travail en URSS'', réalisé et édité par le Centre d’information scientifique et de vulgarisation Memorial, Moscou, 1998.
Ligne 411 ⟶ 431 :
* [[Nicolas Werth]],
** « GOULAG : les vrais chiffres », ''L'Histoire'' {{n°|169}}, {{date-|septembre 1993}}, {{p.|38-51}}, Paris.
** « Le phénomène concentrationnaire soviétique au {{S-|XX}} », ''La Terreur et le désarroi Staline et son système'', Paris Perrin 2007, p.199-221. (d'après ''Les Tumultes d’un siècle'' Bruxelles, Complexe, 2000, p.157-175)
** {{Ouvrage|auteur1=Nicolas Werth, François Aymé et [[Patrick Rotman]]|titre=Goulag, une histoire soviétique|éditeur=Arte Éditions, Seuil|année=2019|pages totales=220|isbn=}}
* {{en}} [[Paul Gregory]], [[Valery Lazarev]], ''The Economics of Forced Labour: The Soviet Gulag'', Stanford, Hoover Institution Press, 2003 ([http://www-hoover.stanford.edu/publications/books/gulag.html voir aussi]).
* {{ru}} [[V. N. Zemskov]], ''Specposelency v SSSR, 1930-1960'' Moscou, 2003, (306 p.), voire le compte-rendu de [http://monderusse.revues.org/4115 Catherine Gousseff, « V. N. Zemskov, Specposelency v SSSR, 1930-1960 », ''Cahiers du monde russe'' 44/4 | 2003]
 
=== Articles connexes ===
{{colonnes|taille=30|
* [[Vorkoutlag]]
* [[Katorga]]
* [[Perm-36]]
Ligne 445 ⟶ 466 :
* {{Article |langue= |auteur1=Madeleine Vatel |titre=A Moscou, les rescapés du goulag se rassemblent contre l’oubli |périodique= Le Monde|volume= |numéro= |date=1 novembre 2006 |pages= |issn= |e-issn= |lire en ligne=https://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3214,36-829336@51-829440,0.html |consulté le= |id= }}.
* {{en}} [http://www.memo.ru/eng/Site de l’association russe ''Mémorial''], fondée par [[Andreï Sakharov]] en 1988. Voir en particulier les productions du [http://www.memo.ru/museum/endex.htm Memorial Museum]
* {{en}} [https://www.youtube.com/watch?v=3gtIYa5ao2o ''Brutal!'' «  Dessins du goulag  » de Danzig Baldaev, un gardien de prison soviétique à la retraite] (YT)
* {{lt}} [http://www.angelfire.com/de/Cerskus/english/Gulag1.html Album du Goulag (prisonniers de Kolyma et de Tchoukotka, 1951-1955)]
* {{ru}} [http://www.memo.ru/history/NKVD/GULAG/maps/ussri.htm Carte détaillée interactive du Goulag]
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