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→‎Wittgenstein : le dieu du T.
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* Le don de la fortune hérité de son père, [[Karl Wittgenstein]], qui fut un des industriel les plus puissant d'Autriche ;
* L'espoir et la crainte constante du [[Jugement dernier]] et sa lecture assidu des [[Évangile|évangiles]].
La plupart des biographies de Wittgenstein lui ont attribué une incapacité totale à adhérer à une religion, au sens classique du terme{{Sfn|Bouveresse|1973|p=91}}. Ludwig résume à son ami Maurice Drury son attitude religieuse : {{Citation|Je ne suis pas un homme religieux, mais je ne puis m'empêcher de voir chaque problème d'un point de vue religieux.{{sfn|Rhees|1984|p=94}}}}. Cette posture estcelle d'un homme refusant toute consolation, et qui n'attend rien du destin ni de l'histoire.
 
=== Éducation chrétienne ===
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{{Citation|Une des leçons du Christianisme, à ce que je crois, est que toutes les bonnes doctrines ne servent à rien. C'est la ''vie'' qu'il faut changer. (Ou l'''orientation'' de la vie).
La sagesse est sans passion. La Foi, en revanche, Kierkegaard la nomme une ''passion''.}}
 
La relation de Wittgenstein avec le [[christianisme]] et avec la [[religion]] en général, pour laquelle il a toujours professé une sympathie sincère et dévouée, évolue, tout comme ses idées philosophiques<ref>{{ouvrage|prénom=Ludwig|nom=Wittgenstein|titre=Culture and Value|lieu=Chicago|éditeur=University of Chicago Press|année=1984|ISBN=978-0-226-90435-1|url=https://books&#x3C;nowiki&#x3E;. google.com/books?id=3SOjrAgrlx0C|translator-last=Finch|translator-first=Peter}}.</ref>. À distance de la pratique religieuse – il lui est difficile de « plier le genou »{{Sfn|Ian Ground|F.A. Flowers III|5=2015|p=113}} – sa perception philosophique est cependant traversée par le « point de vue religieux »<ref group="n">Wittgenstein fait référence à [[Augustin d'Hippone]] dans ses ''Investigations philosophiques''.</ref>{{,}}<ref>Wittgenstein, Ludwig, revue dans ''Wittgenstein's Religious Point of View'', Tim Labron</ref>{{,}}<ref>{{article|prénom=Bruce R.|nom=Ashford|titre=Wittgenstein's Theologians: A Survey of Ludwig Wittgenstein's Impact on Theology|journal=Journal of the Evangelical Theological Society|volume=50|numéro=2|date=June 2007|url=https://www.etsjets.org/files/JETS-PDFs/50/50-2/JETS_50-2_357-375_Ashford.pdf|pages=357–75}}</ref>. Sa croyance religieuse se développe pendant son service dans l'armée autrichienne lors de la Première Guerre mondiale{{sfn|Monk|1990|p=148}}, corrélativement à sa lecture assidue des écrits religieux de Dostoïevski et de Tolstoï{{sfn|Monk|1990|p=136}}. Avec l'âge, l'approfondissement de sa spiritualité personnelle l'amène à plusieurs élucidations et clarifications, alors qu'il démêle les problèmes de langage en religion{{mdash}} en essayant, par exemple, de penser l'existence de Dieu comme une question scientifique<ref name=":0">Ludwig Wittgenstein, "Lectures on Religious Belief"</ref>. En 1947, trouvant plus difficile de travailler, il écrit :{{Citation bloc|J'ai reçu une lettre d'un vieil ami en Autriche, un prêtre. Il y dit qu'il espère que mon travail se passera bien, si c'est la volonté de Dieu. Or, c'est tout ce que je veux : ''si c'est la volonté de Dieu''<ref name="ReferenceA">Rush Rhees, "Ludwig Wittgenstein : Personal Recollections"</ref>.}}Vers la fin de sa vie, Wittgenstein note que « Bach a écrit sur la page-titre de son [[Orgelbüchlein]] : « À la gloire du Très-Haut et que mon prochain puisse s'en trouver bien. ». Voilà ce que j'aurais aimé dire à propos de mon travail. »<ref name="ReferenceA3">Rush Rhees, "Ludwig Wittgenstein: Personal Recollections"</ref>{{,}}{{Sfn|Chauviré|2019|p=109}}.
En 1947, trouvant plus difficile de travailler, il écrit :{{Citation bloc|J'ai reçu une lettre d'un vieil ami en Autriche, un prêtre. Il y dit qu'il espère que mon travail se passera bien, si c'est la volonté de Dieu. Or, c'est tout ce que je veux : ''si c'est la volonté de Dieu''<ref name="ReferenceA">Rush Rhees, "Ludwig Wittgenstein : Personal Recollections"</ref>.}}Vers la fin de sa vie, Wittgenstein note que « Bach a écrit sur la page-titre de son [[Orgelbüchlein]] : « À la gloire du Très-Haut et que mon prochain puisse s'en trouver bien. ». Voilà ce que j'aurais aimé dire à propos de mon travail. »<ref name="ReferenceA3">Rush Rhees, "Ludwig Wittgenstein: Personal Recollections"</ref>{{,}}{{Sfn|Chauviré|2019|p=109}}.
 
=== Le Dieu du ''Tractatus'' ===
Le ''[[Tractatus logico-philosophicus]]'' compte quatre occurrences du concept du [[Dieu|divin]], dont l'aphorisme {{Small|(6.432)}} montre le plus clairement l'approche de l'auteur des ''Carnets'' et du ''Tractatus'' de Dieu : {{Citation|Comment est le monde, ceci est pour le Supérieur parfaitement indifférent. Dieu ne se révèle pas ''dans'' le monde.}} L'équivalence éthique des faits, détaillée dans la [[section dédiée]], implique en particulier qu'« fait premier », comme la création d'un être divin, n'a en soi aucune [[Valeur (philosophie)|valeur]]. L'idée de Dieu n'est donc « pas ''dans'' le monde ».
 
[[Georg Henrik von Wright|G. H. von Wright]] et [[Norman Malcolm|Malcolm]] notent que bien que Wittgenstein n'a jamais donner un sens à la conception d'un [[Dieu le Père|Dieu créateur]] du monde, les idées divines de justices, jugements et rédemptions étaient des intérêts de premier ordre{{Sfn|Malcolm|1958|p=71}}{{,}}{{Sfn|Wittgenstein|1971|p=132}}. En cela, la conception de Dieu de Wittgenstein et son hostilité à toute ''preuve'' ou fondements ''rationnels'' de l'[[Arguments sur l'existence de Dieu|existence de Dieu]] le rapproche de [[Kierkegaard|Kierkegaard{{Sfn|Bouveresse|1973|p=88}}]]. La conception éthique de Wittgenstein se rapproche, selon [[Jacques Bouveresse]], de la [[Philosophie pratique d'Emmanuel Kant|théorie de Kant]] ; bien qu'ils s'opposent sur les trois postulats de la raison pratique kantienne : l'immortalité de l'âme {{Incise|la possibilité de concevoir une durée pour l'âme humaine à l'« accomplissement complet de la loi morale. »}} ; la liberté humaine {{Incise|condition nécessaire à l'existence de la loi morale}}<ref group="n">Wittgenstein est clair sur ce point : « le monde est indépendant de ma volonté » {{Small|(6.373)}}. Par là, Wittgenstein ne signifie pas que mon action sur le monde ne le transforme pas, puisqu'elle en fait partie{{Sfn|Bouveresse|1973|p=90}}.</ref> ; et l'existence de Dieu {{Incise|idée régulatrice qui assure la synthèse de la vertu et du bonheur dans l'autre monde.|v}}{{Sfn|Bouveresse|1973|p=97-90}}
 
Notons cependant que si Wittgenstein récuse les spéculations philosophiques sur la bonté ou la méchanceté de l'homme, le progrès moral, ou la valeur de la vie, il n'intervient pas dans les entreprises d'amélioration des ''conditions de vie'' de l'homme. En effet, si la question du [[sens de la vie]] est dénué de sens (''sinnlos'') et est donc une pseudo-question; la question de la forme et de la condition de la vie est empiriquement lourde de sens. Tous les problèmes résolus par la science et posés par l'existence, mentionne le ''Tractatus,'' pourrait très bien être résolus que la question de la ''signification'' de la vie ne pourrait ne pas avoir été abordé. La raison étant que ce n'est pas une question, et sa résolution revient à cesser de la vivre comme problématique : {{Citation|La solution au problème de la vie, on le remarque à la disparition de ce problème (Cela n'est-il pas la raison pour laquelle des hommes pour qui le sens de la vie est devenu clair au terme de longs doutes n'ont pas pu dire en quoi ce sens consistait.)}} {{Small|(6.521)}}{{Sfn|Bouveresse|1973|p=91-92}}.
 
Résoudre le problème éthique consiste selon Wittgenstein I non pas en la reconnaissance d'une valeur intrinsèques de certains faits privilégiés, mais {{Citation|on parvient au but de l'existence [lorsqu'on] a plus de buts en dehors de la vie. C'est-à-dire celui qui est apaisé.}}{{Sfn|Wttgenstein|1971|p=145}} C'est donc accepté que le monde soit monde. En cela, Wittgenstein reformule la croyance en un Dieu comme suit dans ses ''Carnets :''
{{Citation bloc|Croire en un Dieu signifie comprendre la question du sens de la vie.
 
Croire en un Dieu signifie voir que les faits du monde ne résolvent pas tout.
 
Croire en un Dieu signifie voir que la vie a un sens.|référence={{sfn|Wittgenstein|1971|p=141}}}}
 
=== La quête d'explication ===
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* {{Ouvrage|auteur1=Ludwig Wittgenstein|traducteur=Gérard Granel|titre=Remarques mêlées|titre original={{langue|de|Vermischte Bemerkungen}}|éditeur=TER|date=1984|isbn=2-905670-25-8|isbn2=978-2-905670-25-0|oclc=24799984|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/24799984|consulté le=2022-12-03}}{{Plume}}
* {{Ouvrage|prénom1=Ludwig|nom1=Wittgenstein|traducteur=[[Gilles Gaston Granger]]|titre=Tractatus logico-philosophicus|éditeur=Gallimard|date=2001|isbn=2-07-075864-8|isbn2=978-2-07-075864-7|oclc=49183962|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/49183962|consulté le=2022-12-03}}{{Plume}}
* {{Ouvrage|auteur1=Ludwig Wittgenstein|traducteur=[[Gilles-Gaston Granger]]|titre=Carnets 1914-1916|éditeur=Gallimard|date=1971}}{{Plume}}
* {{Article|auteur1=Gilles Gaston Granger|titre=Wittgenstein le Problème d'une philosophie de la science|périodique=Editions du CNRS|date=1970}}{{Plume}}
* {{Ouvrage|prénom1=Jacques|nom1=Bouveresse|titre=Le Mythe de l'intériorité : expérience, signification et langage privé chez Wittgenstein|éditeur=Éditions de Minuit|date=1976|isbn=2-7073-0110-8|isbn2=978-2-7073-0110-9|oclc=2677906|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/2677906|consulté le=2022-12-03}}{{Plume}}
* {{Ouvrage|prénom1=AnatJacques|nom1=BiletzkiBouveresse|prénom2titre=Anat|nom2=MatarWittgenstein : la rime et la raison|sous-titre=Ludwigscience, Wittgensteinéthique et esthétique|éditeur=TheÉditions Stanfordde Encyclopedia of PhilosophyMinuit|date=20211973|isbn=9782707302991|isbn2=|oclc=|lire en ligne=https://plato.stanford.edu/archives/win2021/entries/wittgenstein/|consulté le=2022-12-07}}{{Plume}}
* {{Ouvrage|prénom1=Anat|nom1=Biletzki|prénom2=Anat|nom2=Matar|titre=Ludwig Wittgenstein|éditeur=The Stanford Encyclopedia of Philosophy|date=2021|lire en ligne=https://plato.stanford.edu/archives/win2021/entries/wittgenstein/|consulté le=2022-12-07}}{{Plume}}{{Ouvrage|auteur1=Alain Badiou|titre=L'antiphilosophie de WIttgenstein|éditeur=[[Éditions Nous|Nous]]|collection=Antiphilosophique Collection|date=2017|pages totales=140|isbn=978-2-370840-43-1}}{{Plume}}
* {{Ouvrage|auteur1=[[Sandra Laugier]]|directeur1=[[Sandra Laugier]]|titre=Wittgenstein, métaphysique et jeux de langage|lieu=Paris|éditeur=[[PUF]]|collection=Débats philosophiques|date=2001}}{{Plume}}
* {{Ouvrage|auteur1=[[Jacques Bouveresse]]|titre=Les Vagues du langage|sous-titre=Le « paradoxe de Wittgenstein » ou comment peut-on suivre une règle ?|éditeur=[[Liber]]|date=2022|pages totales=672|ean=9782020787710}}
* {{Ouvrage|langue=en|auteur1=[[Norman Malcolm]]|titre=Ludwig Wittgenstein : A Memoir|éditeur=B. Blackwell|date=1958}}{{Plume}}
* {{Ouvrage|auteur1=Ludwig Wittgenstein|traducteur=Jacques Fauve|titre=Leçons et conversation sur l'esthétique, la psychologie, et la croyance religieuse|éditeur=[[Gallimard]]|date=1971}}{{Plume}}
* {{cite book|last=Kripke|first=Saul|author-link=Saul Kripke|title=Wittgenstein on Rules and Private Language.|publisher=Harvard University Press|year=1982|isbn=0-674-95401-7}}
* {{Ouvrage|auteur1=Stanley Cavell|traducteur=Sandra Laugier|titre=Les voix de la raison|sous-titre=Wittgenstein, le scepticisme, la moralité et la tragédie|éditeur=L'ordre philosophique|date=2012|pages totales=736|ean=9782021072396}}