« Cebus capucinus » : différence entre les versions

{{Confusion|Capucin à front blanc|Capucin à tête blanche|Sapajou du Panama}}{{sous-titre/TaxonTaxobox début |nv1=Capucin animal |nv2=Sapajou capucin''Cebus capucinus'' |nv3Cebus capucinus at the Bronx Zoo 001.jpg|Capucin moine du zoo du Bronx ([[New-York City]])| classification=Saïmsw }}

Il était, en effet, associé jusqu'en 2012 au [[Sapajou du Panama]] (''Cebus imitator''), considéré jusqu'alors comme une sous-espèce du capucin à face blanche (Cebus capucinus) et présent en Amérique centrale et, en particulier au Costa-Rica. Les nombreuses recherches menées sur les {{Citation|capucins à face blanche}} depuis le début des [[années 1980]] en Amérique centrale, se rapportent donc non pas à ''Cebus capucinus'' mais à ''Cebus imitator''.

Cette systématique traditionnelle est remise en cause au premier semestre 2012. Des recherches phylogénétiques sont en effet menées, en 2011, à l'université Javeriana de Bogota,de sur le [[Génome mitochondrial|génome]] [[Mitochondrie|mitochondrial]], transmis par les mères à leur descendance. Les généticiens ont noté l'existence de 3 [[Haplotype|haplotypes]] significativement différents en Colombie. Selon ces mêmes chercheurs, les sous-espèces ''Cebus capucinus imitator'' et ''Cebus capucinus limitaneus'' partagent le même haplotype. Ces chercheurs réfutent ainsi l'existence de deux sous-espèces en Amérique centrale (il n'y en aurait qu'une seule) et assurent qu'il existe par ailleurs des liens généalogiques entre l'un des halotypes colombiens et celui présent chez la sous-espèce (limitaneus/imitator) d'Amérique centrale<ref>{{Article|langue=en|prénom1=Manuel|nom1=Ruiz‐Garcia|prénom2=Maria Ignacia|nom2=Castillo|prénom3=Andrea|nom3=Ledezma|prénom4=Norberto|nom4=Leguizamon|titre=Molecular systematics and phylogeography of Cebus capucinus (Cebidae, Primates) in Colombia and Costa Rica by means of the mitochondrial COII gene|périodique=American Journal of Primatology|volume=74|numéro=4|date=2012-04|issn=0275-2565|issn2=1098-2345|doi=10.1002/ajp.20940|lire en ligne=https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/ajp.20940|consulté le=2023-10-06|pages=366–380}}</ref>. [[Fichier:Monkey sanctuary.jpg|alt=singe de type capucin, agrippré au tronc d'un arbre, avec une mangue dans les mains.|gauche|vignette|''Cebus versicolor,'' un capucin endémique des Andes colombiennes, espèce menacée par la destruction de son habitat (déforestation et exploitation minière)]]Or, deux mois avant, en février 2012, une autre étude génétique portant sur davantage d'allèles a été publiée par Jean-Philippe Boubli primatologue de l'[[université de Salford]], laquelle conclut que Cebus capucinus imitator doit être considéré comme une espèce à part entière. En effet, les deux lignées auraient divergé il y a deux millions d'années<ref name=":6">{{Article|langue=en|prénom1=Jean P.|nom1=Boubli|prénom2=Anthony B.|nom2=Rylands|prénom3=Izeni P.|nom3=Farias|prénom4=Michael E.|nom4=Alfaro|titre=C ebus Phylogenetic Relationships: A Preliminary Reassessment of the Diversity of the Untufted Capuchin Monkeys|périodique=American Journal of Primatology|volume=74|numéro=4|date=2012-04|issn=0275-2565|issn2=1098-2345|doi=10.1002/ajp.21998|lire en ligne=https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/ajp.21998|consulté le=2023-10-08|pages=381–393}}</ref>. Les plus porchesproches parents de C. capucinus seraient selon eux {{Lien|langue=en|trad=Cebus cesarae|fr=Cebus cesarae}} (le capucin à front blancSapajou du Rio César) et {{Lien|langue=en|trad=Cebus versicolor|fr=Cebus versicolor}} (le capucin à front blanc variable)<ref name=":6" />.

La reconnaissance de ''Cebus Imitator'' comme espèce séparée a été progressive. Une demi-douzaine d'années après la publication de l'étude de J.P. Boubli, certains biologistes continuent d'appeler le [[Sapajou du Panama]] ''Cebus capucinus imitator''<ref>{{Article|prénom1=Jeremy|nom1=Hogan|prénom2=Katharine M.|nom2=Jack|prénom3=Fernando A.|nom3=Campos|prénom4=Urs|nom4=Kalbitzer|titre=Group versus population level demographics: An analysis of comparability using long term data on wild white-faced capuchin monkeys (Cebus capucinus imitator)|périodique=American Journal of Primatology|volume=81|numéro=7|date=2019-07-09|pmid=31286542|doi=10.1002/AJP.23027|lire en ligne=https://www.wikidata.org/wiki/Q91731193|consulté le=2023-10-10|pages=e23027}}</ref>{{,}}<ref>{{Article|prénom1=Eva C.|nom1=Wikberg|prénom2=Katharine M.|nom2=Jack|prénom3=Linda M.|nom3=Fedigan|prénom4=Fernando A.|nom4=Campos|titre=Inbreeding avoidance and female mate choice shape reproductive skew in capuchin monkeys (Cebus capucinus imitator)|périodique=Molecular Ecology|volume=26|numéro=2|date=2016-11-30|pmid=27797426|doi=10.1111/MEC.13898|lire en ligne=https://www.wikidata.org/wiki/Q38802130|consulté le=2023-10-10|pages=653–667}}</ref>{{,}}<ref>{{Article|prénom1=Pedro Mendez|nom1=Carvajal|titre=Population Study of Coiba Howler Monkeys (Alouatta CoibensisCoibensis) and Coiba Capuchin Monkeys (Cebus Capucinus Imitator), Coiba Island National Park, Republic of Panama|périodique=Journal of primatology|volume=01|numéro=02|date=2014-09-03|doi=10.4172/2167-6801.1000104|lire en ligne=https://www.wikidata.org/wiki/Q113334176|consulté le=2023-10-10}}</ref>{{,}}<ref>{{Article|prénom1=Jeremy D.|nom1=Hogan|prénom2=Amanda D.|nom2=Melin|prénom3=Krisztina N.|nom3=Mosdossy|prénom4=Linda M.|nom4=Fedigan|titre=Seasonal importance of flowers to Costa Rican capuchins (Cebus capucinus imitator): Implications for plant and primate|périodique=American Journal of Biological Anthropology|volume=161|numéro=4|date=2016-08-05|pmid=27492752|doi=10.1002/AJPA.23059|lire en ligne=https://www.wikidata.org/wiki/Q39071438|consulté le=2023-10-10|pages=591–602}}</ref>. Il faut également noter que la plupart des études éthologiques ou socio-écologiques antérieures à 2012 et les études génétiques et phylogénétiques des années 2010 et du début des années 2020 ont toutespour leur immense majorité été réalisées au Costa-Rica, au Honduras ou au Nicaragua et concernent par conséquent le Sapajou du Panama et non le Capucin moine<ref>{{Lien web |langue=en-US |titre=Panamanian White-Throated Capuchin, Cebus imitator - New England Primate Conservancy |url=https://neprimateconservancy.org/panamanian-white-throated-capuchin/ |site=neprimateconservancy.org |date=2022-06-16 |consulté le=2023-10-15}}</ref>{{Note|texte=C'est en particulier le cas des articles et ouvrages de référence rédigés par la primatologue [[Linda Marie Fedigan]], dans le cadre du Santa Rosa Primate Field Project (Costa Rica) et des études génétiques du début des années 2020.|groupe=note|nom=note 2}}.

La distinction entre les [[Sapajus|sapajous]] ({{Latin|Sapaju}}) et les [[Cebus|capucins]] ({{Latin|Cebus}}) est la conséquence de recherches [[Phylogénie|phylogénétiques]] menée par la généticienne Jessica W. Lynch Alfaro de l'[[Université de Californie à Los Angeles|Université de Californie]] au début des années 2010. Elle arrive à la conclusion que les deux genres ont divergé durant le [[miocène]], puis que le genre ''Cebus'' s'est diversifié au [[Pliocène]] et au [[Pléistocène]]<ref>{{Article|langue=en|prénom1=Jessica W.|nom1=Lynch Alfaro|prénom2=Jean P.|nom2=Boubli|prénom3=Link E.|nom3=Olson|prénom4=Anthony|nom4=Di Fiore|titre=Explosive Pleistocene range expansion leads to widespread Amazonian sympatry between robust and gracile capuchin monkeys: Biogeography of Neotropical capuchin monkeys|périodique=Journal of Biogeography|volume=39|numéro=2|date=2012-02|doi=10.1111/j.1365-2699.2011.02609.x|lire en ligne=https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/j.1365-2699.2011.02609.x|consulté le=2023-10-05|pages=272–288}}</ref> .

Avec ''Cebus imitator'', c’est la seule espèce de [[cebus|capucin]] dont la fourrure est noire sur le corps, les jambes et la queue. La coloration noire s’étend jusqu’à l’arrière de la tête en formant un [[calot]], certainement à l’origine de son nom vernaculaire de « capucin moine ». Son pelage se distingue également par une coloration blanche de la tête, la gorge, les épaules et le haut des bras. Le visage est généralement rose et la quantité de fourrure blanche qui le recouvre est variable selon les classes d’âge et de sexe. La longueur corporelle d’un individu adulte se situe entre 33,5 à {{unité|45.3|cm}} et sa queue mesure entre 35 et {{unité|55.1|cm}}<ref>{{ouvrage|langue=en|auteur1=L. H. Emmons|auteur2=F. Feer|titre=Monkeys (Primates). Neotropical Rainforest Mammals: A Fiels Guide|éditeur=University of Chicago Press, Chicago.|année=1990|passage=134-153}}</ref>.

Depuis la modification de la Taxonomie de 2012, sa distribution géographique s'étend de la rive sud du canal de Panama à la région de Quito en [[Équateur (pays)|Équateur]], en passant par la Colombie, à l'Ouest de [[Carthagène (Colombie)|Cartagène]]. La sous-espèce ''Cebus capucinus curtus'' est strictement insulaire et peuple exclusivement l'[[Île Gorgona|'île de Gorgona]], dans l'océan Pacifique à l'Ouest de la Colombie. Au nord-ouest du canal de Panama, l'espèce est absente : on ne trouve que ''Cebus Imitator''<ref name=":1" /> et ''Cebus capucinus'' ''liminatus'' n'a plus été signalé depuis 1967<ref name=":5" />.

''Cebus capucinus'' est omnivore. Les fruits représentent une part importante de son bol alimentaire assez semblable à celui de l'espèce apparentée ''Cebus imitator''. Il se nourrit également des oeufs, de feuilles, de fleurs et de petits animaux (invertébrés et vertébrés){{Sfn|Camacho|Cooper|p=55|5=1976}}.

Sur l'île de Gorgona, il a été observé, dès le {{S|XVII}}, par le corsaire [[William Dampier]], dans son récit de voyage {{Anglais|New Voyage Round The World}}, ouvrant des huitres en s'aidant de pierres<ref>{{Ouvrage|auteur1=William Charles Osman Hill|titre=Primates: Comparative Anatomy and Taxonomy|tome=VI|lieu=Edimbourg|date=1960|titre chapitre=Cebidae}}</ref>.

[[Fichier:Cebus capucinus - 1818-1842 - Print - Iconographia Zoologica - Special Collections University of Amsterdam - UBA01 IZ20200178.tif|vignette|Le capucin moine (selon Jacques Christophe Werner, illustration d'un ouvrage de [[Isidore Geoffroy Saint-Hilaire|Geoffroy-Saint-Hilaire]] et [[Georges Cuvier|Cuvier]])|alt=<nowiki>Gravure en couleurs d'un capucin moine assis sur une branche tenant une [[grenade (fruit)]] dans sa main droite.</nowiki>]]Depuis 1977, cette espèce est inscrite parmi les espèces vulnérables (annexe II). En 2002, le complexe ''Cebus capucinus + imitator'', alors traité comme une seule espèce était considéré comme une préoccupation mineure par l'[[Union internationale pour la conservation de la nature|UICN]]<ref name=":2">{{Ouvrage|langue=en|prénom1=Dorothy M.|nom1=Fragaszy|prénom2=Elisabetta|nom2=Visalberghi|prénom3=Linda M.|nom3=Fedigan|titre=The Complete Capuchin: The Biology of the Genus Cebus|passage=33|éditeur=Cambridge University Press|date=2004-06-21|isbn=978-0-521-66768-5|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=A6TmtS_qOwgC&pg=PA20&hl=fr&source=gbs_selected_pages&cad=1#v=onepage&q&f=false|consulté le=2023-10-09}}</ref>, à l'exception de la sous-espèce ''Cebus capucinus curtus'' jugée vulnérable depuis 1996<ref>{{Article|langue=en|auteur institutionnel=UICN|titre=Gorgona White-fronted Capuchin|périodique=Red lists|date=26/01/2015|lire en ligne=https://www.iucnredlist.org/species/4087/17981356|format=pdf}}</ref>^{{,}}<ref name=":2" />, du fait de son statut endémique sur l'ïle de [[Île Gorgona|Gorgona]]<ref name=":2" />.

En 2012, P. Boubli et A. Rhyland concluaient leur article révisant la taxonomie du genre Cebus en insistant sur {{Citation|le capucin moine, une espèce apparemment largement distribuée et non menacée}} qui est en réalité un complexe spécifique pour lequel {{Citation|avec la fragmentation de l'habitat, il devient urgent de réétudier le statut de conservation}}<ref name=":6" />.

En mars 2020, l'espèce a été réévaluée comme vulnérable du fait de la déforestation, de sa capture comme animal de compagnie ou de sa chasse<ref name=":1" />.