« Piles gallo-romaines de Betbèze » : différence entre les versions
Contenu supprimé Contenu ajouté
→Fonction : relecture |
m →Sépultures : retouche de la modification précédente |
||
(78 versions intermédiaires par 8 utilisateurs non affichées) | |||
Ligne 1 :
{{Infobox Monument}}
Les '''piles gallo-romaines de Betbèze''' sont deux anciennes tours gallo-romaines en pierre, aussi appelées [[Pile (monument)|piles]], situées sur la commune de [[Mirande]], dans le [[département français]] du [[Gers (département)|Gers]].
L'une, généralement appelée {{nobr|pile 1}} dans la bibliographie, est conservée sur une partie de son élévation ; elle est visible au milieu d'un champ. La {{nobr|pile 2}}, voisine, est arasée au niveau de ses fondations. Ces deux [[monument funéraire|monuments]], liés chacun à un enclos funéraire, sont très probablement élevés à la mémoire d'un notable local. Ils sont deux éléments d'une [[nécropole]] forte d'au moins une trentaine de sépultures {{incise|son étendue n'est pas connue}} et fréquentée entre le {{s-|I}} et le {{sap-|IV}}
Le site ne semble redécouvert qu'au milieu du {{s-|XIX}} et c'est en 1965 seulement qu'il fait l'objet de [[fouille]]s qui durent jusqu'en 1968. Bien que partielles et parfois imprécises, ces opérations
== Localisation ==
Le département du [[Gers (département)|Gers]] compte à lui seul douze piles, presque toutes localisées à l'ouest d'[[Auch]]. Au {{s-|XXI}}, quatre de ces monuments funéraires gallo-romains ont disparu mais huit sont partiellement conservés{{Sfn|id=C16|texte=Pascale Clauss-Balty et Georges Soukiassian, « Catalogue des piles funéraires du Sud-Ouest » dans Clauss-Balty (dir.) 2016|p=13|gr=C}},
Les piles de Betbèze sont
La Baïse est l'un des cours d'eau qui descendent du [[plateau de Lannemezan]] vers la Garonne, créant ainsi autant de vallées parallèles ; celles-ci ont entaillé le substrat, calcaire au niveau de Mirande, et le fond de la vallée est couvert d'[[alluvion]]s récentes{{Sfn|Lapart|Petit|1993|p=26-28|gr=LP}}. Il est possible que la Baïse ait été dans l'Antiquité navigable vers l'aval au moins à certaines périodes de l'année et pour des barques à faible [[tirant d'eau]]{{Sfn|Lapart|Petit|1993|p=35|gr=LP}}.
== Chronologie du site ==▼
Avant la construction de ces piles, le site a déjà servi de [[nécropole]] : une couche de charbons et de cendres sous les fondations de l'{{nobr|enclos 1}} démontre la présence d'anciennes sépultures à incinération. Aucune information n'est disponible sur cette nécropole « primitive » (datation, importance, étendue){{Sfn|id=C16|texte=Michel Vidal, « Fouilles des piles funéraires de Betbèze à Mirande. Essai de synthèse »|p=152|gr=C}}.▼
== Historique ==
▲=== Chronologie du site ===
▲Avant la construction de ces piles, le site a déjà
Concernant la phase initiale, même si les deux monuments et leurs enclos associés présentent de fortes similitudes (forme, dimensions et techniques de construction), rien ne prouve qu'ils soient strictement contemporains<ref>{{Article|auteur=Fabrice Couvin|et alii=oui|titre=Note sur la découverte d’un petit monument funéraire à proximité d’une villa, à La Chapelle-Vendômoise (Loir-et-Cher)|périodique=[[Revue archéologique du Centre de la France]]|tome=LVII|année=2018|page=15|url=https://journals.openedition.org/racf/pdf/2969}}.</ref>. La phase d'abandon, pour sa part, peut avoir été progressive et les dernières inhumations réalisées alors que les piles et les enclos eux-mêmes sont déjà en cours de délabrement{{Sfn|id=C16|texte=Michel Vidal, « Fouilles des piles funéraires de Betbèze à Mirande. Essai de synthèse » dans Clauss-Balty (dir.) 2016|p=152|gr=C}} ; c'est d'ailleurs le cas pour une inhumation dont la fosse est creusée dans les décombres de l'un des enclos{{Sfn|id=C16|texte=Michel Vidal, « Fouilles des piles funéraires de Betbèze à Mirande. Essai de synthèse » dans Clauss-Balty (dir.) 2016|p=143|gr=C}}.
== Mentions bibliographiques et études ==▼
Le premier signalement de ces monuments semble remonter à 1856 et à cette époque les deux piles, ainsi qu'une partie de chacun des enclos, doivent encore visibles en élévation ; c'est l'érudit et homme politique local [[Justin Cénac-Moncaut]] qui fait ces observations<ref>{{ouvrage|auteur=[[Justin Cénac-Moncaut]]|titre=Voyage archéologique et historique dans l'ancien comté de Comminges et dans celui des Quatre-Vallées|année=1856|éditeur=Th. Telmon|pages totales=171|passage=31 (note 1)|url=https://books.google.fr/books?id=y4LjxJphWIcC&pg=PA31#v=onepage&q&f=false}}.</ref>. Il suggère alors que l'État, devant le mauvais état des monuments, rachète tous les terrains où se trouvent des piles dans le département<ref>{{Article|auteur=[[Jules Quicherat]]|titre=Communication de M. Cénac-Moncaut|périodique=Revue des sociétés savantes de la France et de l'étranger|année=1863|page=487-488|url=https://books.google.fr/books?id=A3FEAQAAMAAJ&pg=PA487}}.</ref>. Si l'opération se fait à [[pile de Saint-Lary|Saint-Lary]] et à [[Tourraque de Lacouture|Biran]], elle n'aboutit pas à Mirande face au refus du propriétaire<ref>{{Article|auteur=Jacques Lapart|titre=Bulletin académique de l'année 2003-2204|périodique=Mémoires de la [[Société archéologique du Midi de la France]]|année=2004|tome=LXIV|page=233|url=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6580302g/f235}}.</ref>. [[Philippe Lauzun]] fait part de cette situation dans son « Inventaire général des piles gallo-romaines du sud-ouest de la France et plus particulièrement du département du Gers » (1898){{Sfn|Lauzun|1898|p=23}}.▼
▲=== Mentions bibliographiques et études ===
Des relevés sont effectués en 1965 puis des campagnes de fouilles conduites en 1966 et 1968 (neuf semaines réparties sur les trois années) par le bureau d'architecture antique du Sud-Ouest sous la direction de [[Jean Lauffray]] avec la collaboration de [[Georges Fouet]] ([[Centre national de la recherche scientifique|CNRS]])<ref name="G66">{{Article|auteur=[[Michel Labrousse]]|titre=Midi-Pyrénées|périodique=[[Gallia (revue)|Gallia]]|tome=XXIV|numéro=2|année=1966|pages=435-436|url=https://www.persee.fr/doc/galia_0016-4119_1966_num_24_2_2454}}.</ref>{{,}}<ref name="G68">{{Article|auteur=[[Michel Labrousse]]|titre=Midi-Pyrénées|périodique=[[Gallia (revue)|Gallia]]|tome=XXVI|numéro=2|année=1968|pages=542-543|url=https://www.persee.fr/doc/galia_0016-4119_1968_num_26_2_2511}}.</ref> ; ce site est choisi parce que, selon les fouilleurs, il promet une « fouille facile et rentable »{{Sfn|Lapart|2002|p=19}}. Ces investigations, bien que partielles, sont riches d'enseignements sur la fonction des piles en général car il est très rare que des monuments de ce type en soient l'objet{{Sfn|Lapart|2002|p=19}}.▼
▲
▲Des relevés sont effectués en 1965 puis des campagnes de fouilles conduites en 1966 et 1968 (neuf semaines réparties sur les trois années) par le bureau d'architecture antique du Sud-Ouest sous la direction de [[Jean Lauffray]] avec la collaboration de [[Georges Fouet]] ([[Centre national de la recherche scientifique|CNRS]])<ref name="G66">{{Article|auteur=[[Michel Labrousse]]|titre=Midi-Pyrénées|périodique=[[Gallia (revue)|Gallia]]|tome=XXIV|numéro=2|année=1966|pages=435-436|url=https://www.persee.fr/doc/galia_0016-4119_1966_num_24_2_2454}}.</ref>{{,}}<ref name="G68">{{Article|auteur=[[Michel Labrousse]]|titre=Midi-Pyrénées|périodique=[[Gallia (revue)|Gallia]]|tome=XXVI|numéro=2|année=1968|pages=542-543|url=https://www.persee.fr/doc/galia_0016-4119_1968_num_26_2_2511}}.</ref> ; ce site est choisi parce que, selon les fouilleurs, il promet une
Jacques Lapart et Catherine Petit (''Carte archéologique de la Gaule - le Gers (32)'', 1993) et Pascale Clauss-Balty (''Les piles funéraires gallo-romaines du Sud-Ouest de la France'', 2016) font le point des connaissances sur ce sujet. Dans ce dernier ouvrage, un chapitre spécifique est consacré à la synthèse commentée des fouilles des années 1960, dont les résultats n'avaient pas été intégralement exploités ni publiés ; toutefois, cette synthèse est réalisée après le décès des deux responsables des fouilles, ce qui complique l'interprétation de données brutes parfois imprécises{{Sfn|id=C16|texte=Michel Vidal, « Fouilles des piles funéraires de Betbèze à Mirande. Essai de synthèse »|p=129-155|gr=C}}.▼
▲Jacques Lapart et Catherine Petit (''[[Carte archéologique de la Gaule]] - le Gers (32)'', 1993) et Pascale Clauss-Balty (''Les piles funéraires gallo-romaines du Sud-Ouest de la France'', 2016) font le point des connaissances sur ce sujet. Dans ce dernier ouvrage, un chapitre spécifique est consacré à la synthèse commentée des fouilles des années 1960, dont les résultats n'avaient pas été intégralement exploités ni publiés ; toutefois, cette synthèse est réalisée après le décès des deux responsables des fouilles, ce qui complique l'interprétation de données brutes parfois imprécises{{Sfn|id=C16|texte=Michel Vidal, « Fouilles des piles funéraires de Betbèze à Mirande. Essai de synthèse » dans Clauss-Balty (dir.) 2016|p=129-155|gr=C}}.
== Description ==
=== Piles et enclos ===
[[Fichier:Mirande - piles de Betbèze plan.svg|vignette|redresse=1.2|alt=Plan en couleurs de deux enceintes trapézoïdales.|Plan des piles de Betbèze.]]
Le complexe, autant qu'il soit possible d'en juger, se compose de deux piles et de deux enclos associés. La {{nobr|pile 1}}, ainsi dénommée par convention dans le bibliographie, est celle dont les vestiges sont encore apparents ; elle forme avec son enclos l'{{nobr|ensemble 1}}. La {{nobr|pile 2}}, au sud de la précédente, n'est plus visible en élévation ; l'{{nobr|ensemble 2}} est constitué de cette pile et de son enclos associé. Aucun vestige
==== Ensemble 1 ====
Le massif de fondations du monument lui-même,
[[Fichier:Mirande - plan pile 1 de Betbèze.png|vignette|gauche|alt=Dessin en 3D d'une tour et d'un mur d'enceinte.|Évocation de l'{{nobr|ensemble 1}}.]]▼
Les restitutions qui sont faites de cette pile suggèrent un monument haut d'environ {{unité|8|m}}, pourvu d'une niche à fond plat{{Sfn|id=C16|texte=Pascale Clauss-Balty et Georges Soukiassian, « Étude typologique des piles funéraires du Sud-Ouest »|p=186|gr=C}} surmontée d'un arc en plein cintre sur sa face orientale et coiffé d'une toiture en pyramide ou, plus probablement en raison du plan [[massif barlong|barlong]] de la pile, en [[bâtière]]{{Sfn|id=C16|texte=Michel Vidal, « Fouilles des piles funéraires de Betbèze à Mirande. Essai de synthèse »|p=134|gr=C}}. La technique de construction, courante dans le sud-ouest de la France pour ce type de monument, fait appel à un noyau en {{latin|[[opus caementicium]]}} recouvert d'un [[parement]] en {{latin|[[opus vittatum]]}} de moellons calcaires{{Sfn|id=C16|texte=Pascale Clauss-Balty et Georges Soukiassian, « Catalogue des piles funéraires du Sud-Ouest »|p=36|gr=C}} ; aucun [[pilastre]] ne semble décorer les angles du podium dont l'[[entablement]] est simplement composé d'assises de pierres de teinte plus claire disposées en [[encorbellement]] ; cette sobriété décorative est généralement observée sur les piles de dimension « modeste », comme celle-ci{{Sfn|id=C16|texte=Pascale Clauss-Balty et Georges Soukiassian, « Étude typologique des piles funéraires du Sud-Ouest »|p=184|gr=C}}. Un fragment d'inscription illisible {{incise|seules les deux lettres « RO » sont déchiffrables}} est découvert à la base du monument{{Sfn|id=C16|texte=Pascale Clauss-Balty et Georges Soukiassian, « Catalogue des piles funéraires du Sud-Ouest »|p=36|gr=C}}.▼
▲[[Fichier:Mirande - plan pile 1 de Betbèze.
La pile est adossée au fond d'un enclos légèrement trapézoïdal dont l'entrée, large de deux mètres dans l'axe du monument, est tournée vers l'est ; elle est encadrée de pilastres{{Sfn|id=C16|texte=Michel Vidal, « Fouilles des piles funéraires de Betbèze à Mirande. Essai de synthèse »|p=130|gr=C}}. Cet enclos mesure {{unité|12.95|à=13.30|m}} sur {{unité|16.65|à=17.75|m}} et son mur, large d'un peu moins de {{unité|0.60|m}}, est haut de {{unité|1.90|m}} au niveau où il se raccorde à la pile<ref name="G66"/>{{,}}{{Sfn|id=C16|texte=Pascale Clauss-Balty et Georges Soukiassian, « Catalogue des piles funéraires du Sud-Ouest »|p=36|gr=C}}. De part et d'autre du seuil, le sol est recouvert d'en empierrement dispersé{{Sfn|id=C16|texte=Michel Vidal, « Fouilles des piles funéraires de Betbèze à Mirande. Essai de synthèse »|p=131|gr=C}}.▼
▲Les restitutions qui sont faites de cette pile suggèrent un monument haut d'environ {{unité|8|m}}, pourvu d'une [[Niche (architecture)|niche]] à fond plat{{Sfn|id=C16|texte=Pascale Clauss-Balty et Georges Soukiassian, « Étude typologique des piles funéraires du Sud-Ouest » dans Clauss-Balty (dir.) 2016|p=186|gr=C}} surmontée d'un [[arc en plein cintre]] sur sa face orientale
Les fouilleurs identifient deux états de construction du site. Du premier état subsisteraient la pile elle-même ainsi que le mur oriental de l'enclos. Dans un second temps ({{s-|III}}), les autres murs de l'enclos seraient reconstruits et un dispositif, peut-être une galerie couverte, adossé intérieurement aux trois murs libres de l'enclos. L'existence de cette galerie est très discutée car elle ne repose que sur des indices à l'interprétation difficile : des clous retrouvés et attribués à sa charpente peuvent provenir d'autres objets (assemblage des [[bûcher funéraire|bûchers funéraires]], coffres voire chaussures) en l'absence de description précise ; en outre, aucun trou des poteaux devant supporter cette galerie n'a été mis en évidence à l'intérieur des enclos{{Sfn|id=C16|texte=Michel Vidal, « Fouilles des piles funéraires de Betbèze à Mirande. Essai de synthèse »|p=131|gr=C}}.▼
▲La pile est adossée au fond d'un enclos légèrement trapézoïdal dont l'entrée, large de deux mètres dans l'axe du monument, est tournée vers l'est ; elle est encadrée de pilastres{{Sfn|id=C16|texte=Michel Vidal, « Fouilles des piles funéraires de Betbèze à Mirande. Essai de synthèse » dans Clauss-Balty (dir.) 2016|p=130|gr=C}}. Cet enclos mesure {{unité|12.95|à=13.30|m}} sur {{unité|16.65|à=17.75|m}} et son mur, large d'un peu moins de {{unité|0.60|m}}, est haut de {{unité|1.90|m}} au niveau où il se raccorde à la pile<ref name="G66"/>{{,}}{{Sfn|id=C16|texte=Pascale Clauss-Balty et Georges Soukiassian, « Catalogue des piles funéraires du Sud-Ouest » dans Clauss-Balty (dir.) 2016 dans Clauss-Balty (dir.) 2016|p=36|gr=C}}. De part et d'autre du seuil de l'enclos, le sol est recouvert d'
▲Les fouilleurs identifient deux états de construction du site, à la chronologie toujours incertaine. Du premier état (fin du {{sap-|I}}) subsisteraient la pile elle-même ainsi que le mur oriental de l'enclos. Dans un second temps ({{s-|III}}), les autres murs de l'enclos seraient reconstruits et un dispositif, peut-être une galerie couverte, adossé intérieurement aux trois murs libres de l'enclos. L'existence de cette galerie est très discutée car elle ne repose que sur des indices à l'interprétation difficile : des clous retrouvés et attribués à sa charpente peuvent provenir d'autres objets (assemblage des [[bûcher funéraire|bûchers funéraires]], coffres, voire chaussures) en l'absence de description précise ; en outre, aucun trou
==== Ensemble 2 ====
Hormis le massif de fondations mesurant {{dunité|3.10|2.65|m}}, soit un peu moins que celui de la {{nobr|pile 1}}, aucun vestige de la pile elle-même ne subsiste et aucune restitution de son élévation ne peut être proposée{{Sfn|id=C16|texte=Michel Vidal, « Fouilles des piles funéraires de Betbèze à Mirande. Essai de synthèse » dans Clauss-Balty (dir.) 2016|p=134|gr=C}}. Tout au plus est-il possible d'estimer que son soubassement pourrait mesurer {{dunité|2.85|2.40|m}}{{Sfn|id=C16|texte=Pascale Clauss-Balty et Georges Soukiassian, « Catalogue des piles funéraires du Sud-Ouest » dans Clauss-Balty (dir.) 2016|p=37|gr=C}}.
Comme dans le cas de la {{nobr|pile 1}}, le monument principal est adossé au mur occidental d'un enclos qui s'ouvre à l'est dans l'axe de la pile. Cet enclos,
==== Autour des enclos ====
Le voisinage extérieur des enclos reste mal connu car il n'a fait l'objet d'investigations que sur une faible surface : seule la moitié de l'espace séparant les deux enclos a été étudiée {{incise| les grands côtés des enclos qui se font face, séparés d'un peu plus de {{unité|8|m}}, sont parallèles.}}{{Sfn|id=C16|texte=Michel Vidal, « Fouilles des piles funéraires de Betbèze à Mirande. Essai de synthèse » dans Clauss-Balty (dir.) 2016|p=151|gr=C}} ; quant à la zone fouillée en périphérie des enclos, les plans montrent que sa largeur ne dépasse jamais {{
Les résultats des fouilles des années 1960 suggèrent qu'une zone d'empierrement signalée à quelques mètres à l'est des seuils des enclos pourrait être le vestige d'une voie antique nord-sud longeant les enclos, et vers laquelle les piles et eux-mêmes seraient orientés. Ces conclusions ne sont cependant pas validées par les interprétations récentes, les données étant jugées trop parcellaires.
La présence d'une {{latin|[[villa romaine|villa]]}} est attestée sous l'église de [[Mouchès]], à {{unité|1.8|km}} au nord de Betbèze{{Sfn|Lapart|Petit|1993|p=258-259|gr=LP}} : il est envisageable d'associer cette {{latin|villa}} aux piles qui seraient érigées par
=== Sépultures ===
Ce sont au total trente-et-une sépultures qui sont découvertes, dans les deux enclos (treize au total) ou à leur proximité immédiate (au nombre de dix-huit), sachant que les fouilles n'ont pas été exhaustives sur tout ce périmètre{{Sfn|id=C16|texte=Michel Vidal, « Fouilles des piles funéraires de Betbèze à Mirande. Essai de synthèse » dans Clauss-Balty (dir.) 2016|p=134 et 152|gr=C}}. Vingt-sept sont des sépultures à [[Crémation|incinération]]
Dans le cas des sépultures à incinération, les cendres ne sont pas toujours contenues dans une [[urne funéraire]] ; il arrive qu'aucune urne ne soit présente ou bien qu'elle soit retrouvée, fragmentée à côté des cendres, dans la fosse d'inhumation qui est parfois scellée d'une simple pierre ou {{latin|mensa}} signalant son emplacement<ref>{{Ouvrage|auteur=Jean-Luc Laffont|directeur=oui|titre=Visages de la mort dans l'histoire du Midi toulousain (IVe-XIXe siècles)|éditeur=Pyrégraph |année=1999|pages totales=201|isbn=978-2-4023-6578-9|passage=16|url=https://books.google.fr/books?id=Ht3_EAAAQBAJ&pg=PA16}}.</ref>. Les inhumations sont généralement réalisées dans des fosses creusées dans le substrat, sans cercueil
L'une des sépultures à incinération de l'{{nobr|enclos 1}} est placée au pied de la pile, dans l'axe de la porte de l'enclos ; elle est recouverte par un sol de béton au [[tuileau]] et semble avoir été pillée. Sa position privilégiée et son ancienneté par rapport à d'autres structures suggèrent qu'elle pourrait être celle du personnage pour qui la pile et l'enclos sont initialement édifiés{{Sfn|id=C16|texte=Michel Vidal, « Fouilles des piles funéraires de Betbèze à Mirande. Essai de synthèse » dans Clauss-Balty (dir.) 2016|p=137|gr=C}}.
Le regroupement de dix sépultures à incinération à l'extérieur de l'{{nobr|enclos 2}}, sur une superficie d'environ {{unité|15|m|2}} contre son mur méridional, reste à expliquer ; la plupart de ces sépultures sont qualifiées de
=== Mobilier archéologique ===
{{média externe|image1=[https://www.persee.fr/renderIllustration/acths_0000-0001_2002_act_126_1_T1_0029_0000_1.png Homme tenant un lièvre] sur le portail [[Persée (portail)|Persée]].}}
Les fouilles ont mis au jour plusieurs statues, ou fragments de statue, dans ou autour de l'{{nobr|enclos 2}} ; elles sont confectionnées en calcaire tendre ou en grès d'origine
[[Fichier:MSR-PC-2126-24̠PM(3).jpg|vignette|gauche|alt=Photographie en couleurs d'un récipient antique en céramique brune.|Céramique sigillée de Montans.]]
De nombreux fragments de céramique, simple ou [[céramique sigillée|sigillée]]{{Sfn|Lapart|2002|p=31}}, ayant appartenu à des récipients de formes variées (gobelets et coupes, assiettes et écuelles, cruches et vases) proviennent manifestement d'ateliers locaux non identifiés qui reproduisent souvent des formes connues. Une coupe sigillée fait exception : elle semble issue d'un [[Ateliers de poterie antique de Montans|atelier de Montans]] ([[Tarn (département)|Tarn]]){{Sfn|id=C16|texte=Michel Vidal, « Fouilles des piles funéraires de Betbèze à Mirande. Essai de synthèse »|p=142|gr=C}}. Ces céramiques sont toujours retrouvées dans les fosses d'inhumation et, dans certains cas, elles sont volontairement brisées avant d'être ensevelies{{Sfn|id=C16|texte=Michel Vidal, « Fouilles des piles funéraires de Betbèze à Mirande. Essai de synthèse »|p=136-146|gr=C}}, pratique répandue dans les [[rite funéraire|rites funéraires]] en [[Gaule romaine]]<ref>{{Article|auteur1=Anne Ahü-Delor|auteur2=Pierre Marty|auteur3=Céline Mauduit|auteur4=Sylvie Mouton-Venault|titre=Des coupelles pour les morts en gaule romaine ?|périodique=[[Revue archéologique de l'Est]]|tome=71|année=2022|url=http://journals.openedition.org/rae/16176}}.</ref>.▼
▲De nombreux fragments de céramique, simple ou [[céramique sigillée|sigillée]]{{Sfn|Lapart|2002|p=31}}, ayant appartenu à des récipients de formes variées (gobelets et coupes, assiettes et écuelles, cruches et vases) proviennent manifestement d'ateliers locaux non identifiés qui reproduisent souvent des formes connues.
[[Fichier:HedemuendenNemaususmuenzen.jpg|vignette|alt=Photographie en couleurs, avers et revers, de deux pièces de monnaies.|[[Dupondius de Nîmes|{{latin|Dupondii}} de Nîmes]].]]
Près d'une vingtaine de monnaies sont découvertes ; la plus ancienne est la moitié d'un [[Dupondius de Nîmes|''dupondius'' de Nîmes]] (période [[Auguste|augusto]]-[[Tibère|tibérienne]]){{note|group=N|Dans les premières décennies du {{sap-|I}}, la bipartition des {{latin|dupondii}} est une pratique courante dans les provinces romaines pour obtenir deux pièces de la valeur d'un [[as (monnaie)|as]], à une époque où ces petites monnaies sont en nombre insuffisant<ref>{{chapitre|auteur=Stéphane Martin|titre=''Dimidii asses''. La chronologie des bronzes coupés de la République romaine et du début du Principat|titre ouvrage=Rome et les provinces. Monnayage et histoire. Mélanges offerts à Michel Amandry|éditeur=Ausonius éditions|année=2017|pages totales=470|passage=151|isbn=978-2-3561-3197-3|url=https://hal.science/hal-01583065v2/document}}.</ref>. Cette opération peut aussi avoir pour objet de retirer sa valeur pécuniaire à l'offrande tout en conservant sa valeur sacrée symbolique<ref>{{Ouvrage |langue=fr |auteur1=Isabelle Fauduet |titre=Les temples de tradition celtique en Gaule romaine |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions Errance|Errance]] |année=1993 |pages totales=159 |isbn=2-8777-2074-8|passage=105}}.</ref>.}} et les plus récentes sont émises sous le règne de [[Constance II]]. Une sépulture par inhumation, située contre le mur extérieur de l'{{nobr|enclos 2}}, renferme à elle seule une quinzaine de {{latin|[[nummus|nummi]]}}, parmi les pièces les plus récentes ({{s-|IV}}){{Sfn|Lapart|Petit|1993|p=254|gr=LP}}{{,}}{{Sfn|id=C16|texte=Michel Vidal, « Fouilles des piles funéraires de Betbèze à Mirande. Essai de synthèse » dans Clauss-Balty (dir.) 2016|p=146|gr=C}}.
Les cendres et les ossements humains, dont les mentions dans les différents compte rendus de fouilles ne sont pas toujours concordantes, n'ont pas été analysés ; en outre, aucun document n'évoque la découverte d'ossements animaux{{Sfn|id=C16|texte=Michel Vidal, « Fouilles des piles funéraires de Betbèze à Mirande. Essai de synthèse » dans Clauss-Balty (dir.) 2016|p=146|gr=C}}.
== Fonction ==
Les piles de
{{média externe|image1=[https://www.persee.fr/renderIllustration/galia_0016-4119_1966_num_24_2_T1_0437_0000_1.png Statue acéphale] sur le portail [[Persée (portail)|Persée]].}}
Après les études des années 1960, l'existence d'enclos et les nombreuses sépultures retrouvées dans et autour de ceux-ci ne laissent plus aucun doute sur la fonction initiale des monuments. Les deux piles sont des [[mausolée]]s
Les résultats des fouilles montrent que les deux piles sont conçues comme des éléments d'une [[nécropole]] étendue et fréquentée pendant plus de trois siècles{{Sfn|id=C16|texte=Michel Vidal, « Fouilles des piles funéraires de Betbèze à Mirande. Essai de synthèse » dans Clauss-Balty (dir.) 2016|p=153|gr=C}}{{,}}{{Sfn|Sillières|Soukiassian|1993|p=302}}, qui ne se limite sans doute pas à ces monuments et leurs enclos{{Sfn|Sillières|Soukiassian|1993|p=304}}.▼
== Notes et références ==
▲Après les études des années 1960, l'existence d'enclos et les nombreuses sépultures retrouvées dans et autour de ceux-ci ne laissent plus aucun doute sur la fonction initiale des monuments. Les deux piles sont des [[mausolée]]s, ou plus probablement des [[cénotaphe]]s car elles ne renferment sans doute pas de sépulture, destinées à perpétuer le souvenir d'une ou plusieurs des personnes dont les tombes se trouvent sur le site. Les statues retrouvées sont bien des objets à vocation religieuse mais leur valeur symbolique reste à préciser (offrandes, éléments de décoration des enclos). Rien ne prouve en l'état actuel des connaissances que ces sculptures, à commencer par l'homme au lièvre et la statue acéphale, soient liées aux enclos en tant qu'espaces funéraires. Dans ces conditions, la question de la transformation ultérieure de tout ou partie de la nécropole en sanctuaire païen {{incise|la reconversion en sanctuaire chrétien semble à écarter pour ce type de monument<ref>{{Article|auteur=Thomas Creissen|titre=Les mausolées de la fin de l’Antiquité au Moyen Âge central : entre gestion d’un héritage et genèse de nouveaux modèles|périodique=[[Gallia (revue)|Gallia]]|tome=LXXVI|numéro=1|année=2019|titre numéro=''Monumentum fecit'' : Monuments funéraires de Gaule romaine|page={{Alinéa|12 et 70}}|doi=10.4000/gallia.4560}}.</ref>}}, où ces statues auraient une fonction toute différente, est posée{{Sfn|id=C16|texte=Michel Vidal, « Fouilles des piles funéraires de Betbèze à Mirande. Essai de synthèse »|p=150|gr=C}}. Dès 1898 d'ailleurs, Philippe Lauzun évoque cette possible reconversion{{Sfn|Lauzun|1898|p=24}}.
=== Notes ===
=== Références ===
▲Les résultats des fouilles montrent que les deux piles sont conçues comme des éléments d'une [[nécropole]] étendue et fréquentée pendant plus de trois siècles{{Sfn|id=C16|texte=Michel Vidal, « Fouilles des piles funéraires de Betbèze à Mirande. Essai de synthèse »|p=153|gr=C}}{{,}}{{Sfn|Sillières|Soukiassian|1993|p=302}}, qui ne se limite sans doute pas à ces monuments et leurs enclos{{Sfn|Sillières|Soukiassian|1993|p=304}}.
* ''Le Gers'', Académie des inscriptions et belles-lettres (coll. « Carte archéologique de la Gaule »), 1993 :
{{Références|group=LP}}
▲== Références ==
* ''Les piles funéraires gallo-romaines du Sud-Ouest de la France'', Presses universitaires de Pau et des Pays de l'Adour, 2016 :
{{Références|group=C}}
Ligne 92 ⟶ 110 :
|commons = Category:Piles gallo-romaines de Betbèze
}}
=== Bibliographie ===
{{Légende plume}}
Ligne 99 ⟶ 118 :
* {{Chapitre|auteur=Jean-Michel Lassure|titre=Le Mirandais à l'époque romaine|titre ouvrage=Mirande et son pays|auteur ouvrage=[[Maurice Bordes]] (dir.)|année=1981|lieu=Auch|éditeur=Bouquet|pages totales=304|passage=27-47}}.
* {{Article|auteur=[[Philippe Lauzun]]|titre=Inventaire général des piles gallo-romaines du sud-ouest de la France et plus particulièrement du département du Gers|périodique=Bulletin Monumental|lieu=Caen|éditeur=Henri Delesques imprimeur-éditeur|année=1898|tome=LXIII|pages=5-68|doi=10.3406/bulmo.1898.11144|plume=oui}}
* {{
=== Articles connexes ===
▲* [[Pile (monument)]]
* [[Rite funéraire de la religion romaine]]
Ligne 111 ⟶ 129 :
{{Palette|Monuments funéraires romains}}
{{Portail|Rome antique|archéologie|Gers}}
{{Article potentiellement de qualité|oldid=215485768|date=29 mai 2024}}
[[Catégorie:Pile (monument)|Betbèze]]
|