Dessin de presse en France

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Par définition, le dessin de presse porte un regard décalé et le plus souvent humoristique sur l'actualité. Il a pour principal but de faire réagir le lecteur et de faciliter la lecture de l'actualité. Un dessin de presse est dit efficace s'il ne sollicite pas longtemps l'attention: il doit dire le plus dans le moins d'espace possible. Il est souvent dit éphémère. En effet, un dessin de presse possède beaucoup de références à une ou plusieurs actualité(s) récente(s). C'est sa caractéristique journalistique. Un dessin ancien perd de fait de sa pertinence[1].L'expression "dessin de presse" apparaît en 1990 lors d'un colloque sur Daumier et se généralise par la suite[2].

Il faut distinguer le dessin politique qui paraît surtout dans les grands journaux d'information et qui commente l'actualité politique, du dessin d'illustration qui appuie des rubriques sur les spectacles, le sport, ou remplaçait la photo à l'époque ou elle était coûteuse, du dessin humoristique qui commente les mœurs et l'actualité culturelle sans forcément faire passer de message.

Le dessin a peu à peu subit l'essor de la photographie et de la télévision (hormis dans le cadre judiciaire) ce qui a entraîné la disparition de nombreux journaux publiant essentiellement des dessins.

Les différents types de dessins de presse

Les dessins de presses traitent différents types de sujets sociétaux. La politique est le thème de prédilection des dessinateurs. Mais certains autres thèmes sont apparus au fil du temps tel que la religion ou la vie médiatique des célébrités.

Le dessin de presse politique

Objectifs

Le dessin de presse politique a pour but de critiquer les personnalités de la classe politique ou leurs actions. Les dessinateurs utilisent généralement la caricature afin d'exagérer un trait de caractère ou un défaut. C'est le genre de dessin de presse le plus courant, avec le dessin d'actualité.

Période de la renaissance

Le dessin de presse naît une quarantaine d'années après la naissance de l'imprimerie en 1488. A l'époque on imprime sur de grandes feuilles de images gravées avec des récits imprimés. Ces publications sont appelées des "occasionnels" et relatent les fêtes à la cour, la vie des princes, ou encore des batailles. Les procédés de dessin sont longs et coûteux.

Période révolutionnaire

Les dessins de presse politiques, surtout les caricatures politiques, se développent lors de la Révolution Française aussi bien dans le camp des royalistes que dans celui des révolutionnaires. Cela en grande partie grâce à la suppression de la censure par la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen dans son article 11:« La libre communication des pensées et des opinions est un des biens les plus précieux de l’homme : tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi. »[3]. Ils sont surtout utilisés pour dénoncer le parti adverse, parfois son propre parti, et pour faire de la propagande. On assiste alors à une avalanche de dessins satiriques parfois très violents que les élites associent à un vecteur de désordre social. Ces caricatures se font souvent avec la représentation d'humains (principalement les personnes aux pouvoir) sous les traits d'animaux comme les caricatures de Louis XVI en cochon.

Ils sont d'autant plus redoutés des pouvoirs successifs que, contrairement aux écrits, ils parlent aux lettrés comme aux analphabètes ce qui augment leur diffusion et leur compréhension[4].

XIXe siècle

Caricature de Louis-Philippe Ier en poire par Charles Philipon

Le dessin de presse satirique naît en France après les Trois Glorieuses[5]. Il apparaît avec la publication de l'hebdomadaire La Caricature en 1830 avec notamment la présence du dessinateur Daumier mais aussi dans bien d'autres journaux. Mais ces publications, principalement des caricatures, agacent le pouvoir. Rapidement toute représentation du roi est interdite ou bien elle doit être faite de dos. Philipon est condamné en 1984 pour avoir publié la caricature de Louis Philippe en poire où le dessinateur suggère aux tribunaux de faire interdire la représentation des poires car la tête du roi a leur forme[6]. Le 9 septembre 1835, la loi rétablit la censure sur les caricatures qui ne traitent alors plus que de la satire des mœurs.

La liberté de la presse est rétablie avec la loi du 29 juillet 1881[7]. Après cette date ce ne sont pas moins de 250 journaux satiriques qui paraissent. C'est alors que s'ouvre une période exceptionnelle pour la caricature qui connaîtra son apogée à la fin du XIXème siècle. Elle peut parfois dériver dans la démagogie et les préjugés et voire même devenir antisémite avec notamment plusieurs dessins à charge contre Alfred Dreyfus et Zola. Mais ces thèmes de prédilection restent les femmes, la mode, l'argent, et certains métiers tels que les avocats, les militaires, ou les religieux.

XXe siècle

Le début du XXème siècle voit se continuer la période de gloire de la caricature. Certains dessins paraissent même dans les tranchées pendant la première guerre mondiale. Ils sont alimentés par plusieurs thèmes tels que la montée des populistes et l'arrivée du Front populaire. L'entre-deux-guerres voit un essor des dessinateurs de part le fait qu'ils acquièrent, pendant cette période, le statut de journaliste. Mais le dessin de presse disparait en France pendant la seconde guerre mondiale sous le régime de Vichy.

Il réapparaît après la guerre mais la caricature occupe alors moins d'espace et laisse place au dessin de presse politique tel qu'on le connaît aujourd'hui avec une illustration humoristique de l'actualité politique.

Le dessin de presse judiciaire

Définition

Le dessin de presse judiciaire ou croquis d'audience caractérise les illustrations publiées dans la presse dont le but est de représenter des scènes de procès. En effet, il est interdit d’y prendre des photographies[8] par loi du 6 décembre 1954. Ainsi des dessinateurs sont présents afin de représenter rapidement et le plus réellement possible ces scènes dans le but d’archiver ou d’illustrer. Cela permet de se faire une idée du procès et des ressenti des personnes dessinées. Cependant, en France, ils ne sont qu'une dizaine à pratiquer. Souvent ce n'est pas leur profession première et ils exercent un autre métier artistique à côté. Ils ne sont embauchés qu'à l'affaire par une agence de presse ou un journal en particulier[9].

Apparition

Le dessin de presse judiciaire moderne (il existait déjà avant du fait du coût de la photographie) est apparu le 6 décembre 1954 avec la loi mise en œuvre ce jour visant à définir la liberté de la presse en vue d'interdire la photographie, la radiodiffusion et la télévision dans les débats judiciaires. N’ayant plus de moyen de représenter les procès, les médias firent appel à des dessinateurs depuis ce jour.

Exemples

Les journaux nationaux

Liste (non exhaustive)

La place du dessin

Dans ces journaux, les dessins de presse n'ont pas une grosse place mais servent d'illustrations à certains. Dans Le Monde, Plantu a un vrai rôle d'éditorialiste avec ses dessins publiés en une du journal.

Les journaux satiriques

Un journal satirique est un journal qui utilise la satire, critique humoristique et moqueuse, pour présenter ses informations. En France ils ont le plus souvent un but humoristique et provocateur.

Listage (non exhaustif)

Place du dessin

En France, c'est le canard enchaîné qui accorde le plus de place au dessin de presse. Dans Charlie Hebdo, la une n'est constituée que d'un dessin avec un commentaire en guise de titre.

Les difficultés commerciales et financières

En 2014 le journal satirique Charlie Hebdo lance un appel aux dons à ses lecteurs dans le but de récolter 1 million d'euros. Charb, le directeur de l'époque déclare que le journal a perdu 50.000€ l'année précédente et qu'il risquait désormais d'en perdre le double. Il indique également que ses ventes étaient de 30.000 exemplaires chaque semaine contre 55.000 exemplaire vendus 5 ans plus tôt, le seuil d'équilibre étant de 35.000 exemplaires vendus par semaines[10].

Le difficultés financières de ce type de journaux sont d'autant plus fortes qu'ils ne bénéficient pas de recettes financières issues de la publicité de manière à éviter l'influence des annonceurs sur leurs contenus[11].

Les dessinateurs de presse en France

Les dessinateurs de presse en France possède depuis 1945 le statut de journalistes. Il ont ainsi les même droits et les mêmes protections. Un dessinateur de presse dépend de la ligne éditoriale du journal dans lequel il publie et donc de son rédacteur en chef. Il ne choisis pas la place qu'occuperont ses dessins ni leurs formats[12].

On dit habituellement d'un dessinateur de presse doit respecter la règle "des 5W": Who? (qui), What? (quoi), Where? (où), When? (quand), et Why? (pourquoi)[13].

Liste des principaux dessinateurs de presse français (non exhaustive)

Nom Dates Journal associé
Avoine 3 octobre 1939 (naissance) Le nouvel observateur
Jean Bosc 30 décembre 1924 - 3 mai 1973 Paris Match
Cabu 13 janvier 1938 - 7 janvier 2015 Charlie Hebdo, Le Canard enchaîné
Calvi 3 septembre 1938 (naissance) Le Monde, Le Figaro, France-Soir
Charb 21 août 1967 - 7 janvier 2015 Charlie Hebdo
Chaval 10 février 1915 - 22 janvier 1968 Paris Match, Le Figaro
Coco 21 août 1982 (naissance) Charlie Hebdo
Dubouillon 30 octobre 1943 (naissance) Le Progrès
Jean Effel 12 février 1908 - 11 octobre 1982 Le Canard enchaîné
André Escaro 1928 (naissance) Le Canard enchaîné, Libération
Jacques Faizant 30 octobre 1918 - 14 janvier 2006 Le Figaro, Le Dauphiné Libéré, La Voix du Nord
Claude Ferran 8 mai 1948 (naissance) Sud Ouest, Le Dauphiné Libéré
Jean Gourmelin 23 novembre 1920 - 9 octobre 2011 Le Point, Le Monde
Jul 11 avril 1974 (naissance) Charlie Hebdo, L'Obs
Marc Large 31 janvier 1973 Siné Hebdo, Sud Ouest
Luz 7 janvier 1972 (naissance) Charlie Hebdo
Pancho 9 avril 1944 (naissance) Le Canard enchaîné, Le Monde
René Pétillon 12 décembre 1945 (naissance) Le Canard enchaîné, Le Monde, Charlie Hebdo
Plantu 23 mars 1951 (naissance) Le Monde
Patrice Ricord 1er janvier 1947 (naissance) L'Obs, L'Express
Riss 20 septembre 1966 (naissance) Charlie Hebdo
Tignous 21 août 1957 - 7 janvier 2015 Charlie Hebdo
Georges Wolinski 28 juin 1934 - 7 janvier 2015 Charlie Hebdo

Evénements et actualités autour du dessin de presse

Attentats de Charlie Hebdo (7 janvier 2015)

Les risques encourus par les dessinateurs

Incendie des locaux du journal

Être dessinateur peut aujourd'hui s'avérer dangereux puisque certains caricaturistes de Charlie Hebdo et d'autres, ont reçu des menaces de mort. Lars Vilks, dessinateur suédois figure sur la liste des onze personnes à tuer parue dans un magazine djihadiste. Il est visé depuis le 18 aôut 2007 et la publication d'une caricature de Mahomet dans le journal suédois Nerikes Allehanda. Le caricaturiste suédois a été l'objet de plusieurs menaces et d'agressions depuis la publication de ce dessin représentant Mahomet dans un corps de chien.

Dans la nuit du 1er au 2 novembre 2011, les locaux de Charlie Hebdo sont incendiés et son site internet est piraté. Selon Patrick Pelloux qui tenait une chronique dans l'hebdomadaire, « tout a été detruit ». La direction du journal précise que l'incendie serait lié à la publication de Charia Hebdo, en ajoutant « sur Twitter, sur Facebook , on a reçu pas mal de lettres de protestation, de menaces, d'insultes »[14]. Mais cette affaire des caricatures remonte à 2006 lorsque le journal publie des caricatures de Mahomet parues dans un journal Danois[15].

Conséquences et résonance internationale

Logo du slogan "je suis Charlie"

Peu de temps après l'attaque, Joachim Roncin, graphiste français, crée le slogan Je suis Charlie. Il devient alors un symbole de la défense de la liberté d'expression et du soutien aux victimes en France et dans le monde[16].

Les 10 et 11 janvier 2015, des marches républicaines sont organisées dans toute la France en réaction aux attentats du 7 et 9 janvier. En tout ce sont plus de 3,7 millions de personnes qui se rassemblent dans tout le pays dont 1.5 millions rien qu'à Paris ce qui en fait un des plus grands rassemblement de l'histoire du pays[17]. Dans le même temps une marche rassemblant plus de 50 chefs d'Etats du monde entier a lieu à Paris[18] alors que d'autres manifestations de soutien ont lieu dans le monde entier[19].

Ces attaques ont suscité une vague de réactions de chefs d'Etats étrangers tels qu'Angela Merkel, chancelière Allemande, qui condamne "une attaque que rien ne peut justifier contre la liberté de la presse et d'opinion, un fondement de notre culture libre et démocratique" ou encore le conseil des Nations Unies qui dénonce une "attaque terroriste barbare et lâche"[20]. De nombreux journaux étrangers ont également dénoncé ces attaques et cette atteinte à la liberté de la presse avec en une une photo de l'attaque ou un dessin qui s'indigne de ces évenements[21].

Attaque similaire au Danemark

Le samedi 14 février 2015, un centre culturel de Copenhague est attaqué alors que s'y tenait un débat sur l'islamisme et le liberté d'expression. Le caricaturiste Lars Vilks semble avoir été la cible de l'attaque. Il avait auparavant publié des caricatures de Mahomet. Cette conférence était aussi un hommage aux victimes de l'attaque de Charlie Hebdo qui avait lieu un mois plus tôt en présence de l'ambassadeur de France[22]. Cette attaque fût perpétrée par 2 terroristes et fît 1 mort et 3 blessés[23].

Cartooning for peace

Création

Suite aux réactions sanglantes à la publication des caricatures de Mahomet dans le journal danois le Jyllands-Posten le 30 septembre 2005, le 16 octobre 2006, Kofi Annan, prix Nobel de la Paix et Secrétaire général des Nations Unies et Plantu, journaliste et dessinateur au journal français Le Monde réunissent douze dessinateurs internationaux autour d’un colloque «Désapprendre l’intolérance – dessiner pour la paix». C'est suite à cet événement qu'aurait été créée l'association[24].

Objectifs

Cartooning for Peace se définit lui même sur son site internet comme étant "un réseau international de dessinateurs de presse engagés qui combattent, avec humour, pour le respect des cultures et des libertés"[25]. L'association lutte pour le les libertés fondamentales telles que la liberté d'expression et la démocratie. Ils sont favorables au pluralisme des cultures des opinions et combattent les préjugés. Ainsi cette association forme un lieu de rencontre et de discussion pour les dessinateurs et soutien ceux qui sont empêchés d'exercer librement leur métier.

Notes et références

  1. Daniel Salles, « Le dessin de presse: croquer l'info », textes et documents pour la classe, no 792,‎
  2. Modèle {{Lien web}} : paramètre « titre » manquant. [1], sur http://www.cartooningforpeace.org/, p. 10
  3. « Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789 », sur http://www.conseil-constitutionnel.fr/ (consulté le )
  4. « HISTOIRE DE LA CARICATURE ET DE LA PRESSE SATIRIQUE EN FRANCE, DES ORIGINES A 1945 » (consulté le )
  5. « le dessin de presse face à la censure », sur www.caricaturesetcaricature.com (consulté le )
  6. « le dessin de presse face à la censure », sur caricadoc.fr (consulté le )
  7. « loi sur la liberté de la presse », sur lewebpedagogique.fr
  8. « interdiction photographie dans les tribunaux », sur legifrance.fr
  9. Modèle {{Lien web}} : paramètre « titre » manquant. [2], sur http://traitsdejustice.bpi.fr/ (consulté le )
  10. « Charlie Hebdo en difficulté financière », sur l'indépendant.fr (consulté le )
  11. « Les journaux satiriques en France », sur nouvelobs.com
  12. Modèle {{Lien web}} : paramètre « titre » manquant. [3], sur http://www.cartooningforpeace.org/, p. 11
  13. « Règle des 5 W » (consulté le ), p. 13
  14. « Le siège de Charlie Hebdo ravagé par un incendie criminel », sur http://www.humanite.fr/ (consulté le )
  15. « Attaque à «Charlie Hebdo»: Le journal était régulièrement la cible de menaces », sur http://www.20minutes.fr/ (consulté le )
  16. « Qui se cache derrière le slogan "je suis Charlie"? », sur http://www.lesinrocks.com/ (consulté le )
  17. « 11 janvier 2015, les marches républicaines en images et en sons », sur www.franceinfo.fr (consulté le )
  18. « Marche républicaine à Paris : un cortège historique de chefs d'Etat », sur http://www.metronews.fr/ (consulté le )
  19. « Hommages : le monde entier est "Charlie Hebdo" », sur http://www.lepoint.fr/ (consulté le )
  20. « Charlie Hebdo : le monde entier condamne l'attentat », sur http://www.europe1.fr/ (consulté le )
  21. « Charlie Hebdo : la presse française et internationale bouleversée », sur http://www.lesechos.fr/ (consulté le )
  22. « attaque Lars Vilks au Danemark », sur franctvinfo.fr
  23. « attaque au Danemark », sur Aleteia
  24. « présentation cartooning for peace: notre histoire », sur cartooningforpeace.com
  25. « présentation cartooning for peace », sur cartooningforpeace.com

Articles connexes

Liens externes