Stanislas Kubacki

résistant communiste d'origine polonaise

Stanislas Kubacki
Image illustrative de l’article Stanislas Kubacki

Surnom Ignace Kuba
Stefan Piglovski
Naissance
Siąszyce (Pologne)
Décès (à 35 ans)
Fusillé au Mont-Valérien (Suresnes)
Première incarcération
Centre pénitentiaire de Fresnes
Origine Pologne
Allégeance Brigades internationales
FFI
FTP-MOI
Cause défendue Communisme, Résistance
Hommages Médaille de la Résistance
Mort pour la France
Autres fonctions Bucheron

Stanislas Kubacki est un résistant communiste d'origine polonaise, membre des Forces françaises de l'intérieur et des Francs-tireurs et partisans - Main-d'œuvre immigrée, né le à Siąszyce, fusillé le au Mont-Valérien (commune de Suresnes). C'était un soldat volontaire des FTP-MOI au sein du Groupe Manouchian-Boczov-Rayman des FTP-MOI de la région parisienne, dont une dizaine avaient leur portrait sur l'Affiche rouge.

Biographie modifier

Stanislas Kubacki naît le à Siąszyce dans la voïvodie de Grande-Pologne. Il est le fils de Stanislas et Francisca Kubacki, née Wajtysiak. Il arrive en France en 1925. Il épouse sa compatriote Geneviève Klébek. Ils ont un fils, Édouard, né le à Avion (Pas-de-Calais). La famille aménage à Livry-Gargan (Seine-et-Oise)[1] puis à Sevran[2].

Stanislas milite au Parti communiste français. À la suite d'une manifestation devant l'église de Sevran, le , contre l'ancien chef d'État polonais Józef Piłsudski, lors de laquelle il moleste un militant nationaliste. Considéré comme « communiste acharné, chef de la cellule de Sevran »[2], il fait l'objet de trois condamnations pour « vol, coups et blessures, port d’arme, défaut de carnet, rébellion » et d'un arrêté d'expulsion notifié le puis d'une nouvelle condamnation, pour un motif inconnu, à trois mois de prison à Céret (Pyrénées-Orientales) et d'un nouvel arrêté d’expulsion signifié le [1]. Il parvient à s'enfuir et mène la lutte clandestine auprès de la communauté polonaise de Mitry-Mory[2].

Il s'engage dans les Brigades internationales. Il combat sur le front à Madrid, à la bataille de Guadalajara, à Saragosse. Affecté au bataillon Dombrowski puis à la XIIIe brigade, il est commissaire de compagnie puis chef de transport affecté au parc automobile pour lequel il n'hésite pas à procéder à des réquisitions forcées[2]. À son retour d'Espagne, il est interné au camp du Vernet puis au camp de Gurs[1].

Déporté vers l'Allemagne, il s'évade et rejoint les combattants des Francs-tireurs et partisans - Main-d'œuvre immigrée (FTP-MOI). Soupçonné de vol, il est interpellé et conduit au commissariat de Villeparisis (Seine-et-Marne) le . Les policiers saisissent sur lui deux feuillets de timbres de cotisation « Aidez les victimes du Fascisme », un carnet avec les mentions « Ne pas aller en Allemagne pour y travailler » et « Sabotage partisan », plusieurs fausses cartes d'identités et trois fiches de démobilisation en blanc du centre de Caussade (Tarn-et-Garonne). Il parvient à s'évader. Au début de l'été 1942, il travaille, sous le nom d'Ignace Kuba, comme bûcheron dans un chantier forestier à Montgeron (Seine-et-Oise). Se doutant qu'il est recherché, il quitte les lieux. Quelques jours plus tard le maire de Tremblay-les-Gonesse est agressé. Kubacki est soupçonné sans preuve. Le , Félix Kuc, ressortissant polonais, est tué. Kubacki est suspecté. Le , avec Gustave Migatulski et quatre autres hommes, il participe à l'attaque d'une ferme à Arnouville-lès-GonesseTremblay-lès-Gonesse d'où, sous la menace des leurs armes, ils emportent dix mille francs en argent et en bijoux[1],[3].

Le , des inspecteurs des Brigades spéciales l'arrêtent avec Antoine Kalita et Anna Finkelstein chez laquelle il loge à Puteaux. Il porte sur lui une fausse carte d'identité au nom de Stefan Piglovski et des feuillets avec des notes en polonais sur des opérations de sabotage dans le nord de la France. Sur ordre de l'officier allemand qui fait la liaison avec la préfecture de police, ils sont livrés à la Gestapo, 11 rue des Saussaies à Paris. Stanislas Kubacki y est interrogé et torturé à de multiples reprises pendant plusieurs jours. Il est ensuite incarcéré à Fresnes[1].

Il est l'un des vingt-quatre accusés qui comparaissent le devant le tribunal du Gross Paris rue Boissy-d'Anglas[4],[3].

Il est fusillé au Mont-Valérien le avec les vingt-deux autres condamnés à mort[5]. Il laisse à sa femme et à son fils une lettre dans laquelle il écrit : « je meurs pour la liberté, pour la France et pour la Pologne ». Il est inhumé dans le carré des corps restitués aux familles dans le cimetière parisien d'Ivry. Son nom figure sur les plaques commémoratives dédiées au groupe Manouchian[1] y compris au Panthéon[6],[7].

Sa tombe porte la mention « Mort pour la France »[8],[9], attribuée par le Secrétariat général aux Anciens Combattants en date du [10]. La Médaille de la Résistance française lui est octroyée par décret du publié au Journal officiel du [11]. Il a le grade militaire de sous-lieutenant des Forces françaises de l'intérieur[12]. Le bataillon polonais qui participa à la libération de Paris porte le nom de Stanislas Kubacki[1].

Liste des membres du « groupe Manouchian » exécutés modifier

La liste suivante des 23 membres du « groupe Manouchian » exécutés par les Allemands signale par la mention (AR) les dix membres que les Allemands ont fait figurer sur l'Affiche rouge.

Le nom de chacun des 23 est gravé sur la plaque de la crypte[13] et cité avec la mention « Mort pour la France » lors de l'entrée de Missak et Mélinée Manouchian au Panthéon le [14],[15].

Mémorial de l'Affiche rouge à Valence.

Notes et références modifier

  1. a b c d e f et g Jean-Pierre Besse et Daniel Grason, « KUBACKI Stanislas », sur Le Maitron
  2. a b c et d Sylvain Boulouque, « Stanislas Kubacki, l'intrus de l'Affiche rouge »,
  3. a et b Paris-Soir du 22 février 1944 : « Le procès des 24 terroristes judéo-communistes - Le Juif Rajman et Alfonso complices de Missak Manouchian font aux juges le récit de l'assassinat du Dr Ritter - Le Hongrois Poczor, les Juifs Glasz, Fingerzweig, Waisbrot, Goldberg, Schapira, et Elek organisaient les déraillements de trains »
  4. Paris-Soir du 21 février 1944 : « Le mouvement ouvrier immigré était dirigé par des Juifs qui prenaient leurs ordres de Moscou »
  5. Paris-Soir du 6 mars 1944 : « Épilogue du procès des terroristes judéo-communistes - Vingt-deux-des condamnées à mort ont été exécutés »
  6. Gérard Streiff, « Le Panthéon de Missak Manouchian », L'Humanité,‎ (lire en ligne)
  7. Philippe Bernard, « Panthéonisation de Manouchian : « L’identité composite des résistants de l’Affiche rouge constitue un retentissant rappel de ce que signifie “être français” » », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  8. « Base des fusillés du Mont-Valérien. Stanislas KUBACKI », sur Mémoire des hommes
  9. « Base des sépultures de Guerre. Stanislas KUBACKI », sur Mémoire des hommes
  10. « Base des fusillés du Mont-Valérien. Stanislas KUBACKI », sur Mémoire des hommes
  11. « Base des médaillés de la résistance. Stanislas KUBACKI », sur Mémoire des hommes
  12. « Base des militaires décédés durant la Seconde Guerre mondiale. Stanislas KUBACKI »
  13. Hugues Nancy, Manouchian et ceux de l'Affiche rouge, , documentaire
  14. Cérémonie d'entrée au Panthéon de Missak et Mélinée Manouchian
  15. Michel Lefebvre et Gaïdz Minassian, « Au Panthéon, Emmanuel Macron salue la mémoire de Missak Manouchian, « Français de préférence, Français d'espérance » », Le Monde,‎ (lire en ligne).

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier