Thérèse Sclafert
Thérèse Sclafert, née Jeanne Sclafert le à La Bachellerie et morte le à Fontenay-aux-Roses, est une historienne et géographe française.
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(à 83 ans) Fontenay-aux-Roses |
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Biographie
modifierJeunesse et identité
modifierSelon une nécrologie parue dans le Bulletin de la Société d'études des Hautes-Alpes en 1962, Thérèse Sclafert serait née le à La Bachellerie[1], en Dordogne[2],[3]. En fait, il s'agit d'une erreur typographique car elle est bien née le 18 mars 1876 à La Bachellerie comme en témoigne son acte de naissance (n°11) avec le prénom de Jeanne. Dans le Journal officiel, elle apparaît sous le nom de Jeanne Sclafert[4](ou Jeanne-Thérèse Sclafert[5]), tout comme dans le recensement de population de la ville de Paris de 1936[6].
Carrière
modifierThérèse Sclafert devient institutrice (ou enseignante dans l'enseignement secondaire[3]) à Bordeaux ; elle rencontre Anne-Marie Grauvogel, qui est directrice de l'école primaire supérieure de Bordeaux[3]. Cette dernière est mutée à Grenoble, en Isère, avant 1914, où Thérèse Sclafert la rejoint pour être directrice de l’École d’application associée[3]. Thérèse Sclafert entreprend en parallèle des études universitaires ; l'un de ses professeurs d'alors est Raoul Blanchard[3], géographe, qui l'a « préparée à la licence avant 1914 »[7]. Elle effectue également des recherches dans les archives iséroises[3]. Elle se spécialise dans la géographie historique, où elle rassemble ses deux spécialités : la philologie et la géographie.
En 1919 (ou en 1917), Anne-Marie Grauvogel prend la direction de l’École normale supérieure de Fontenay-aux-Roses[3]. Thérèse Sclafert devient répétitrice de grammaire et de latin dans cette même école normale supérieure[2] et s'inscrit en doctorat d'histoire à Paris[3], sous la direction de l'historien médiéviste Ferdinand Lot (1866-1952)[8]. Elle soutient sa thèse de doctorat ès lettres, Le Haut Dauphiné au Moyen Âge, en 1926[2],[3] à Paris, après 15 années de recherches, et obtient la mention très honorable[9]. Dans l'introduction de sa thèse, elle remercie notamment « des maîtres et amis qui nous ont éclairé de leur science et soutenu de leur sympathie »[10], parmi lesquels on peut noter plusieurs historiens et géographes : Paul Fournier, professeur à la faculté de droit de Paris, Raoul Blanchard, professeur à l'université de Grenoble, Robert Caillemer, professeur à la faculté de droit de Paris, Lucien Gallois, professeur à l'université de Paris, élève et successeur de Paul Vidal de La Blache, Ferdinand Lot, professeur à la faculté de lettres de Paris, Georges de Manteyer, archiviste des Hautes-Alpes et historien français, monsieur Letonnelier, archiviste de l'Isère, et Paul Thomé de Maisonneuve, archiviste bénévole de Briançon[10]. L'historien renommé Marc Bloch fait un compte-rendu favorable de cette thèse dans la revue des Annales en 1930[3].
Malgré la publication de sa thèse en histoire en 1926, Thérèse Sclafert continue son métier d'enseignante en grammaire et en latin à l’École normale supérieure de Fontenay[11],[3]. Selon l'historienne Natalie Zemon Davis en 2017, l'obtention d'une thèse aurait constitué pour un homme une étape vers une promotion[3]. Toutefois, Thérèse Sclafert continue ses travaux de manière indépendante et publie quelques articles de recherche[3].
Les historiennes professionnelles sont encore rares à cette époque et Thérèse Sclafert devient l'une d'elles. Elle et Lucie Varga sont les deux seules femmes à avoir publié chacune un article (« Les routes du Dauphiné et de la Provence sous l’influence du séjour des papes à Avignon », pour Thérèse Sclafert) dans la Revue des annales entre 1929 et 1944[12],[11],[13]. Elle est également l'une des rares à avoir reçu une reconnaissance académique avant 1945. Cependant, il semble que le fait que Thérèse Sclafert ait été une femme à cette époque ait empêché qu'elle puisse réellement se professionnaliser dans le métier de géographe universitaire[8],[3]. En 1935, Anne-Marie Grauvogel est licenciée de l'école de Fontenay-aux-Roses ; Thérèse Sclafert quitte alors Paris et s'installe à Manosque, où elle poursuit ses travaux de recherche sur les Alpes méridionales.
Thérèse Sclafert a publié de nombreux articles dans des revues telles que la Revue de géographie alpine, les Annales d'histoire économique et sociale, les Annales de géographie.
Mort
modifierElle meurt le , âgée de 82 ans, à Fontenay-aux-Roses, dans le département des Hauts-de-Seine[1],[2]. Elle travaillait alors sur son deuxième ouvrage majeur, qui est publié sous le titre Cultures en Haute-Provence en 1959[3].
Travaux de recherche
modifierParmi ses recherches historiques et géographiques, Thérèse Sclafert s'est notamment intéressée à l'économie rurale et aux Alpes françaises ; selon le médiéviste Louis Stouff en 1961, elle fait partie des auteurs connus à l'époque pour s'être penchés sur le sujet[14].
Publications
modifierThèses de doctorat (éditées)
modifierLa soutenance de thèse pour le doctorat ès lettres de Thérèse Sclafert a eu lieu en 1926 à Paris[15],[11],[16]. Dans un compte-rendu de lecture qu'il fait lors de son édition, Lucien Gallois indique qu'elle « appartient à la géographie autant qu'à l'histoire »[15].
- Le Haut Dauphiné au Moyen Âge[10],[17], Paris, Société anonyme du Recueil Sirey, 1926, XIX-765 pages (thèse principale)[18],[16].
- L'Industrie du fer dans la région d'Allevard au Moyen Âge, Grenoble, Impr. Allier père et fils, 1926, 120 pages (thèse complémentaire)[16].
Ouvrages
modifier- Cultures en Haute Provence. Déboisements et pâturages au Moyen-Age, Paris, S.E.V.P.E.N. (publications du Centre de recherches historiques de l’École pratique des Hautes études), 1959 (livre posthume)[14],[3].
- en tant que coauteure avec Jean-Gérard Lapacherie[2] (éditeur scientifique), Le Queyras au Moyen âge, éditions Transhumances, 2015.
Articles
modifier- « La vie chère dans le Dauphiné : au XVe siècle », Nouvelle revue historique de droit français et étranger, Paris : Recueil Sirey, 1925.
- « L'Industrie du fer dans la région d'Allevard au Moyen-Âge », Revue de géographie alpine, 1926, vol. 14, n°2, pp. 239-355[19].
- « Sisteron au début du XVIe siècle [D'après un cadastre] », note critique, Annales de géographie, 1928, vol. 37, n°206, pp. 167-173.
- « Le Pillage du château de Vitrolles au XVe siècle », extrait du "Bulletin de la Société d'études des Hautes-Alpes", 47e année, 5e série, 1928.
- « La vallée de l'Avance au Moyen Age : XIIIe – XVIe siècles », extrait du : "Bull. de la Société d'études des Hautes-Alpes", 3e trimestre 1928.
- « Problèmes d'histoire routière. II. - Les Routes du Dauphiné et de la Provence sous l'influence du séjour des papes à Avignon », Annales d'histoire économique et sociale, 1929, vol. 1, pp. 183-192[lire en ligne (page consultée le 2022-03-15)][3].
- « La Vie dans la montagne de Séuse du XIVe au XVIe siècle », extrait du "Bulletin de la Société d'études des Hautes-Alpes", 48e année, Gap : impr. de L. Jean, 1929.
- « Comptes de péages de Montmélian de 1294 à 1585. Le Passage des draps de France en Savoie et en Piémont. L'Itinéraire des grandes voitures entre Lyon et Milan », Revue de géographie alpine, 1933, vol. 21, n°3, pp. 591-605.
- « À propos du déboisement des Alpes du Sud (premier article) », Annales de géographie, 1933, vol. 42, n°237, pp. 266-277.
- « À propos du déboisement des Alpes du Sud (deuxième article) », Annales de géographie, 1933, vol. 42, n°238, pp. 350-360.
- « À propos du déboisement des Alpes du sud - Le rôle des troupeaux », Annales de géographie, 1934, vol. 43, n°242, pp. 126-145.
- « Un aspect de la vie économique dans les hautes vallées des Alpes du Sud : La Surcharge pastorale », Bulletin de l'Association de géographes français, 1939, vol. 16, n°120, pp. 58-66.
- « L'Apprentissage à Manosque du XIVe au XVIIIe siècle », extrait du Bulletin de la Société scientifique et littéraire des Basses-Alpes. T. 28. Fasc. 179.
- « Usages agraires dans les régions provençales avant le XVIIIe siècle. Les Assolements », Revue de géographie alpine, 1941, vol. 29, n°3, pp. 471-492.
- « Les Haches en pierre polie et leurs sites d'accumulation dans le sud-est de la France », Annales de géographie, 1946, vol. 55, n°298, pp. 130-131.
- « Les Monts de Vaucluse. L'Exploitation des bois du XIIIe à la fin du XVIIIe siècle », Revue de géographie alpine, 1951, vol. 39, n°4, pp. 673-707.
Notes et références
modifier- « Nécrologie. Mademoiselle Sclafert (1876-1959) », sur Gallica, Bulletin de la Société d'études des Hautes-Alpes, (consulté le ), p. 156-159
- « Thérèse Sclafert (1876-1959) », sur data.bnf.fr (consulté le )
- Natalie Zemon Davis (trad. Christelle Rabier), « Les femmes et le monde des Annales » [« Women and the world of the Annales »], Tracés. Revue de Sciences humaines, no 32, , p. 173–192 (ISSN 1763-0061, DOI 10.4000/traces.6902, lire en ligne, consulté le )
- « Sclafert (Jeanne) », sur Gallica, Journal officiel de la République française. Lois et décrets, (consulté le ), p. 1900
- « Mlle Sclafert (Jeanne-Thérèse) », sur Gallica, Journal officiel de la République française. Lois et décrets, (consulté le ), p. 7931
- Jeanne Sclafert, Recensement de population, Population de résidence habituelle, 1936, 5e arrondissement, quartier Saint-Victor, 7 boulevard saint-Germain, Archives de Paris en ligne [lire en ligne] (vue 353/404)
- « Thérèse Sclafert, Cultures en Haute Provence. Déboisements et pâturages au Moyen-Age [compte rendu, par Raoul Blanchard] », sur www.persee.fr (consulté le )
- « Les premières géographes universitaires en France : enquête sur les débuts d’une féminisation disciplinaire (1913-1928) », sur cybergeo.revues.org (consulté le )
- « Sclafert (Thérèse). — Le Haut-Dauphiné au Moyen Age. [compte rendu, par Raoul Blanchard] », sur www.persee.fr (consulté le )
- « Le Haut-Dauphiné au Moyen Age : Thèse pour le doctorat ès lettres / par Thérèse Sclafert », sur gallica.bnf.fr (consulté le )
- Chloé Leprince, « Il paraît que les femmes ont une histoire (mais pas depuis longtemps) », sur France Culture, (consulté le )
- « L'histoire des femmes et l'histoire des genres aujourd'hui, par Fabrice Virgili », sur www.univ-paris1.fr (consulté le )
- Valérie Theis, « La montagne au Moyen Age, un laboratoire d’innovation : Rapport d'étonnement », Le Monde.fr, (lire en ligne , consulté le )
- Louis Stouff, « Thérèse Sclafert, Cultures en Haute- Provence, déboisements et pâturages au Moyen Age », Études rurales, vol. 1, no 1, , p. 81–83 (lire en ligne, consulté le )
- Lucien Gallois, « Le Haut-Dauphiné au Moyen Age », Annales de géographie, vol. 35, no 198, , p. 537–543 (DOI 10.3406/geo.1926.8535, lire en ligne, consulté le )
- Françoise Huguet, « Les thèses de doctorat ès lettres soutenues en France de la fin du XVIIIe siècle à 1940 », sur rhe.ish-lyon.cnrs.fr, (consulté le )
- « Ressources numériques en histoire de l'éducation », sur rhe.ish-lyon.cnrs.fr (consulté le )
- Bibliothèques d'Avignon, « Le Haut-Dauphiné au Moyen Age : Thèse pour le doctorat ès lettres / par Thérèse Sclafert », sur bibliotheques.avignon.fr (consulté le )
- « Sclafert, Thérèse », sur www.persee.fr (consulté le )
Articles connexes
modifierLiens externes
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- Ressources relatives à la recherche :