Utilisateur:Amandine13006/Brouillon

Antonio Tamayo alias Théophile, né le 24 décembre 1943 à Bad Durremberg (situé autrefois en Allemagne de l’Est) dans un camp de travail où son père Emmanuel Tamayo (républicain espagnol) et sa mère Maria Pritika (ukrainienne) étaient internés et décédé le 4 mai 1998 à Arfeuille Chatain en Creuse. Il devra vivre pendant les deux premières années de sa vie caché. A la libération ses parents choisissent de vivre en France (son père ayant la nationalité française) et s’installent dans la région lyonnaise où ils passeront toute leur vie, ouvriers et militants communistes.

Théo sera l’aîné d’une fratrie de 5 enfants. Théophile est bon élève mais il fera un rejet des langues et ne parlera ni espagnol ni russe ; il se rendra en Espagne après la mort de Franco mais n’ira jamais en URSS (sa maman se méfiant de ses opinions politiques).

Placé en pension à Yssingeaux dans la Haute-Loire, l’internat lui pèse et il fugue pour rentrer chez lui. Il passe ses vacances comme vacher chez un paysan dans la campagne environnante. Il souhaite continuer ses études mais les enseignants pensent que, vue la condition modeste de ses parents, une filière technique lui conviendrait mieux. Il suit donc une formation de bottier, métier qu’il n’exercera jamais. Il devance l’appel (en opposition à ses parents qui étaient pacifistes). Il souffre du vertige, refuse de sauter en parachute et devient chauffeur dans l’armée. Un soir, après une rencontre amoureuse, il oublie de rentrer. Il passe au tribunal militaire mais est relaxé en raison des conditions de sa naissance. Ses parents lui trouveront un travail en usine (les 3x8). Il ne supporte pas, décide de reprendre des études et entre à la faculté de Lyon (en droit) où il se fait des amis qu’il gardera longtemps. Il fait des petits boulots pour subvenir à ses besoins, récite du Rictus et ses propres poèmes. Il prend la route avec son sac rempli de livres et voyage en récitant ses poèmes aux terrasses des cafés, dans les restaurants. … Il rencontre Bernard Lavilliers avec qui il restera lié pendant de longues années ; celui-ci interprétant même quelques textes de Théophile – ils partiront ensemble pour des tournées spectacles mémorables ! Il partage son temps entre Lyon et Paris où il participera activement à mai 1968.

A Paris, il dort dans la chaufferie du théâtre du Vieux Colombier et à droite et à gauche, rencontre de nombreux artistes Coluche, Canetti….. Il fréquente les bouquinistes. Un soir, il entre dans un cabaret.... audition… il est programmé. Il crée avec d’autres artistes un groupe la Petite Truanderie qui essaie de retaper une salle rue de la petite Truanderie à Paris pour se produire. Faute de finances, ils ne peuvent finir les travaux de rénovation mais se produisent au festival d’Avignon pendant plusieurs années.

Théophile récite ses textes dans des cabarets (dont Le pétrin cabaret auto-géré), dans des MJC, festivals de la BD, maison de la culture, théâtres, fêtes pop, part en Angleterre pour un récital dans les facs … Quelques émissions de radio (France Culture), des chroniques dans des revues…. Toujours son carnet dans la poche, il notera des situations, des expressions qui lui serviront, retravaillées pour ses écrits. Il se lève tôt et passe la matinée à écrire. Il fait éditer son premier recueil Tramille-Pavail-Fatrie et continue ses tournées avec des monologues caustiques et poétiques. Il joue au San Piero Corso (restaurant où chacun paie selon ses moyens) D’autres ouvrages suivront : des poèmes, des chansons (interprétés par d’autres) une pièce de théâtre, plusieurs disques sont réalisés dont un recevra le grand prix de l’humour noir en 1984.

1973 et 1993 - Pendant tout cette période, il côtoiera des chanteurs, des peintres, des caricaturistes avec lesquels il se liera d’amitié et entretiendra une collaboration artistique. Il animera un café-théâtre La vingt-cinquième heure dans le quartier Mouffetard pendant deux saisons, créera avec des amis le CRAC en 1978 (Centre de Recherche Artistique et Culturelle), puis avec sa femme dirigera le Festival du Verbe et de la Création qui pendant dix ans accueillera de nombreux artistes et créateurs écrivains, chanteurs, plasticiens… Il écrit également des chansons pour différents interprètes et des groupes. Parallèlement, sur Radio-Libertaire, pendant une dizaine d’années, il animera chaque semaine les Chroniques de l’Ozone où les plus grands artistes et scientifiques passeront…. Fluide Glacial publie certains de ces textes. Il donne des cours de théâtre ; occupe un poste d’animateur culturel à temps partiel (programmateur de concerts). ….

Toute sa vie, il ressentira des angoisses existentielles qu’il pensait venir de ses deux premières années passées caché sous les jupes des femmes dans le camp de travail de sa naissance. Il se considérait en sursis et parfois ne saura pas résister au besoin de prendre la route ou d’oublier dans l’alcool. Compagnon des anarchistes, il ne prendra pourtant jamais sa carte à la F.A mais sera de tous les combats.

Fin 1993, il s’installe avec sa femme à Arfeuille-Châtain en Creuse dans une vieille ferme qu’il aménage. Il retrouve la nature et se sent plus serein. Il écrit d’En Creuse. Un texte court sur la nature qu’il inclura dans son prochain CD. Il continue à écrire, publie donc son premier CD « Mégots d’Amour » où ses textes seront mis en musiques et chantés par Tonio Gémène, continue ses émissions sur Radio-Libertaire, et dans le cadre du CRAC organise des animations autour du livre, des spectacles, commande des œuvres à des écrivains qu’il publie et fait monter en spectacle itinérant Nuages de passage, par exemple.

Il décède en 1998, est incinéré. Une stèle est érigée dans le cimetière de Châtain sur laquelle est mentionnée : Théophile, poète libertaire, grand prix de l’humour noir. Théophile était athée et il avait choisi le nom de Théophile par provocation ce qui a parfois causé quelques quiproquos

Avec sa voix singulière qu’il module, sa longue silhouette et son maquillage outrancier, il créé sur scène un personnage déroutant, provoquant et attachant. Les caricaturistes, photographes et peintres aimeront son image. Ses principaux spectacles (des monologues) porteront des titres évocateurs : Tramille, Pavail, Fatrie… Les dits de l’Anarchronique, La vie est un jingle…..

On a dit de lui qu’il était

le « chansonnier freak de l’amer et du marginalisme » le « plus grand anarchiste verbal de ce pays » « qu ’il se situait dans la tradition de nos grands diseurs populaires » « poésie vitriole, mots-poings dans la gueule de la tranquillité, de l’escroquerie, de la normalité et de la violence ; mots pinceaux pour tableaux surréalistes…… »

Ses textes parlent de la vie quotidienne, du mal de vivre, des tabous, de tout ce qui le révolte, de la politique, de la société….  Théophile raconte des histoires qui s’enchevêtrent comme des poupées russes, son écriture emploie un langage quotidien,  parfois  argotique, parfois précieux et poétique,  comprend des envolées lyriques….  Théophile joue avec les mots qu’il triture ou invente… 

Bibliographie

Tramille Pavail Patrie, 1974 God save the hot dog (distribué par Alternative, 1978 Cocorico..couac chansons avortées (Impression des Gueux, 1979 Elephantophobie : textes de Théophile, dessins de Coustalat (Théâtre bavard/Théâtre des Marmousets), 1980 De la partie supérieur d’un alambic (Impression des Gueux) – Pièce de théâtre Le rose et le noir avec le peintre/graveur Attali. Il y a partout des journées de chiens écrasés qui te font l’amour. Petite nouvelles du front qui plisse mais ne se rompt pas : textes de Théophile (recueil de chroniques parues dans des journaux, fanzines ou lues dans des radios) dessins de Andreï Balandine (caricaturiste de l’Oural, CRAC, 1992

La lettre de Théophile (revue d’humeur qui reprenait une partie de ses émissions sur RL complétées de critiques de livres et de réflexions sur des évènements sociaux ou politiques).

Discographie.

Théophile en public, La vie est un jingle enregistrement public du se son spectacle (Grand prix de l’humour noir 1984, 33 tours Cri-ratures Théophile mis en musiques et chanté : par G. Servat, C. Antonini, J. Barthes, Gemène, Gilles Elbaz, Amandine et Théophile, Crac, 33 tours Mégots d’amour Textes de Théophile mis en musique et chantés par Gémène, 33 tours