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L'apprentissage de la langue maternelle chez les enfants modifier

Il est devenu plus que rebattu de soutenir que l’homme est un être social, ce que dit Aristote en ces termes : « [...] L'homme est naturellement fait pour la société politique »[1]. En tant qu’être vivant en société, c'est-à-dire avec ses semblables, le besoin, voire la nécessité de communication s’impose. Ce n’est pas Joseph Vendryes qui nous contredit, lui qui, dans le premier chapitre de la quatrième partie de son ouvrage Le Langage. Introduction linguistique à l’histoire, écrit que « la langue s’impose à [l’homme] comme un organisme tout préparé, comme un outil qu’on lui met en main. Il s’en sert à des fins variées : il l’emploie à des besognes vulgaires ou il en tire des effets de virtuosité »[2]. Étant d’une importance capitale en société, il va sans dire que son apprentissage l’est aussi. L'apprentissage de la langue ou des langues commence indéniablement par la langue maternelle. Mais qu'est-ce la langue maternelle ? Et Comment l’enfant l’apprend-elle ?

Éléments de définition modifier

Pour rendre le présent sujet plus explicite, il semble important d’expliquer ou de définir les termes clés qui le composent. Ce sont apprentissage, enfants et langue maternelle. Le premier peut être appréhendé ici comme l’intégration de nouvelles connaissances dans la mémoire de l’enfant ou, probablement, la modification des connaissances déjà acquises.

Quant à l’enfance, Jean Piaget pense qu’elle est comprise entre 0 et 12 ans. L’adjectif qualificatif maternelle contenu dans le second peut porter à confusion au sens de la notion de langue maternelle. Si la langue est un « système d’expression du mental et de communication, commun à un groupe social humain […] »[3], maternelle est relatif à la mère. Eu égard à ces deux vocables, la langue maternelle serait la langue de la mère apprise par un individu. Mais cette définition n’est pas tout à fait correcte. Lisons ensemble le sens que donne le Dictionnaire Larousse à la notion : « Langue maternelle, première langue apprise par un sujet parlant (dit alors locuteur natif) au contact de l'environnement familial immédiat » (Dictionnaire Larousse [en ligne]), ou le Dictionnaire de l’Académie française : « Langue maternelle, que l'on a parlée dès son plus jeune âge, dans son pays d'origine, par opposition aux langues étrangères »[4]. Il n’est en aucun cas question du rapport de la langue avec la mère. C’est justement pourquoi Urbain Jean-Didier pense que la langue maternelle n’est autre que « la langue des origines »[5]. Mieux, il s’agit de la première langue apprise par l’enfant dans sa communauté, notamment au sein de sa famille. Mais encore, la notion de langue maternelle peut-elle avoir des sens différents selon des pays (car elle peut être considérée comme langue nationale dans certains pays, tels que les États-Unis, la France, l’Espagne, l’Allemagne).

L’apprentissage de la langue selon Chomsky modifier

Noam Chomsky, linguiste.

La théorie de la grammaire générative développée par Chomsky s’oppose à la théorie piagétienne. D’après cette théorie, la production linguistique des jeunes enfants est un processus inné, dans lequel les structures de la langue ne se développent pas avec les interactions, ni correspondent au développement cognitif. C’est dire que la syntaxe et la grammaire sont déjà implantées dès la naissance. Cela s’explique par le fait que nombreuses règles générales sont communes à plusieurs langues qu’on maîtrise intuitivement sans les avoir apprises à l’école et dès un âge très court. Ce qu’il faut retenir de cette théorie, c’est que la langue n’est pas un apprentissage en soi, mais une capacité cérébrale qui s’active chez l’enfant lorsqu’il est exposé à la langue de son entourage.

L’apprentissage de la langue selon Skinner modifier

Burrhus Frederic Skinner, psychologue.

Reconnu comme un des fondateurs du béhaviorisme, Skinner a beaucoup travaillé sur la méthode d’apprentissage du conditionnement opérant. Selon Skinner, l’acquisition de comportement s’effectue par les renforcements, les comportements suivis par des récompenses sont plus susceptibles de se reproduire, alors que les comportements suivis par les punitions sont moins susceptibles de se reproduire. Pour favoriser l’apprentissage des langues, une réponse doit être effectuée immédiatement pour renforcer les comportements des apprenants.

L’apprentissage de la langue selon Piaget modifier

Jean Piaget, psychologue du développement suisse, définit l’intelligence selon deux points de vue :

  • Du point de vue fonctionnel : l’adaptation à des situations nouvelles
  • Du point de vue structurel : la construction des structures opératoires.
Jean Piaget, biologiste, psychologue, logicien.

En ce sens, pour lui, l’opération c’est une action intériorisée, mais une action susceptible d’être généralisée et surtout susceptible d’être réversible. Dès le niveau sensori-moteur, une action est toujours susceptible de se répéter, se généraliser. Ces actions subissent donc un processus d’adaptation. Ce processus fait alors appel à deux éléments distincts :

  • L’assimilation qui est le fait d’intégrer un nouvel objet dans le schème de l’action antérieure.
  • L’accommodation qui oblige l'objet nouveau ou la situation nouvelle à effectuer certaines modifications d’un schème.
Stades dans la théorie de Piaget

C’est grâce à ces différents processus que Piaget arrive à identifier 4 périodes dans le développement de l’enfant :

  1. Période sensori-motrice 0 à 2 ans avant le langage : période où la perception et mouvement sont principalement mis en vogue. C’est le niveau réflexe. Il y a la formation d’habitudes nouvelles et le début de la compréhension immédiate de situations nouvelles. Vers la fin de cette période, le langage devient possible ce qui va faciliter l'intériorisation des actions sous forme de représentations, de pensées pour les prochaines périodes.
  2. Période préopératoire : allant de 2 à 7 ans, elle se manifeste par exemple avec les non-conservations.
  3. Période des opérations concrètes : allant de 7 à 11 ans, des opérations qui fonctionnent qu’en présence d’objets manipulés par l’enfant lui-même ou bien dont les manipulations sont faciles à imaginer.
  4. Période des opérations formelles : à partir de 11,12 ans, l’enfant peut raisonner sur des hypothèses exprimées verbalement et sur des objets qu’il manipule.

L'apprentissage de la langue selon Vygotski modifier

Lev Vygotski, pédagogue psychologue.

Le véhicule de la communication humaine se fait par le langage qu’il soit verbal ou non verbal. L’apprentissage de la langue est source d’interaction sociale et est subordonné à certains mécanismes. En effet, selon Vygotski[6], l’apprentissage de la langue maternelle implique deux étapes. Premièrement, une étape qui distingue deux stades : le stade préverbal de l’intelligence et le stade pré-intellectuel du langage. Deuxièmement, l’étape qui découle de l’union des deux stades précédents a comme résultat le langage. Deux types de langues sont donc à distinguer : d’une part l’apprentissage de la langue maternelle qui se fait en immersion dans le milieu social, dans la vie quotidienne et d’autre part, l’apprentissage de la langue étrangère à l’école. La maîtrise de la langue maternelle est l’élément qui permet à l’enfant de conceptualiser le monde. L’enfant est influencé à sa naissance par la pensée verbale qui l’entoure et le fait entrer dans un système social d’organisation du monde.

Le langage étant selon Goody[7] le résultat et la condition préalable à la communication entre être humain, l’enfant par des associations, apprend de ses parents les codes et les signes. Tout d’abord, le flux de paroles à l’oral est continu alors qu’à l’écrit, les mots sont séparés et l’enfant doit extraire les mots de ce flux de paroles. L’enfant est appelé à mettre un sens sur chacun des mots, afin d’acquérir le vocabulaire. Puis, il combine les mots selon les règles de sa langue (la syntaxe) pour former des phrases et transmettre des informations. Les mots qui apparaissent fréquents dans leurs vies comme biberon seront mémorisés. Par ailleurs, la langue maternelle est la prémisse de l’apprentissage des langues secondes selon Vygotski[6]. En effet, pour lui, l’enfant réfléchit à partir du fonctionnement de sa langue maternelle. Et, celle-ci est le socle de tout autre apprentissage.

En somme, l'apprentissage de la langue chez les enfants est un processus dynamique qui implique des interactions sociales, culturelles et cognitives. Les adultes et les pairs jouent un rôle important dans ce processus en fournissant un environnement linguistique et culturel important aux enfants.

Notes et Références modifier

  1. Aristote., Politique, Paris, Presses universitaires de France, , p. 6 et p. 44
  2. Vendryes, J., Le Langage. Introduction linguistique à l’histoire, Éditions Albin Michel, Coll. « L'Évolution de l’Humanité », , p. 263
  3. Rey, A., Le Grand Robert de la langue française (2e éd.), Éditions Les Dictionnaires Robert, , p. 944
  4. Éditions Larousse, « Encyclopédie Larousse en ligne - Accueil », sur www.larousse.fr (consulté le )
  5. Urbain, J-D., « La langue maternelle, part maudite de la linguistique ? », Langue française,‎ , p. 7 (lire en ligne Accès libre)
  6. a et b Vygotski, L., Pensée et langage, Paris, La Dispute, p. 296
  7. Goody, J., Entre l’oralité et l’écriture, Paris, PUF,