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Les relevailles

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Les relevailles , ou amessement (en anglais churching ), sont une cérémonie de l'Église catholique qui consiste à purifier une jeune mère, qui était considérée comme souillée par le fait d’avoir accouché, 40 jours après la naissance de son enfant s’il s’agit d’un garçon et 80 jours s’il s’agit d’une fille. Elle avait pour but de réintégrer l’accouchée, qui n’avait pu se rendre à l’église pendant sa période de quarantaine, dans le cercle des fidèles et auprès de Dieu. Ce rituel présentait plusieurs variantes en fonction des régions d’ Europe, notamment en France où il était particulièrement répandu. Le mot “relevailles” en lui-même provient du fait que la femme se “relève” après une période de repos pour rendre grâce à Dieu.

Aujourd’hui, il ne subsiste de cette pratique qu’une simple bénédiction de la mère donnée si cette dernière n’a pu participer au baptême du nouveau-né.

Historique

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Les origines

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La première mention du rituel des relevailles provient de l' antiquité hébraïque et plus précisément du Lévitique, troisième des cinq livres que comptent la Torah. Il y est dit qu’à partir de la naissance de son enfant, la mère doit s’éloigner des lieux de culte et ne peut assister aux cérémonies religieuses à cause de son impureté. Cette impureté ne présente à cette époque pas de lien avec un quelconque pêché, il s’agit d’une “impureté légale” qui n’était pas encore considérée comme une souillure, ce qui ne sera plus le cas au Moyen-Âge. On considérait que la mère était simplement en convalescence durant la période suivant son accouchement.

Au Moyen-Âge

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C’est véritablement au VII e et au VIII e siècle que se met en place une cérémonie des relevailles, dont le but premier était de répondre à la demande des populations en bénédictions contre les malédictions[1].

Au cours du Moyen-Âge, ce rituel consistait en une messe célébrée à l’intention de la mère, où celle-ci était aspergée d’eau bénite pour être purifiée. Cependant, on remarque la coexistence de différentes modalités pour le déroulement de cet office, probablement dû au fait qu’aucune prescription de l’Eglise ne rend obligatoire les relevailles. L’un de ces rites, en vigueur à Limoges, voulait que la femme assiste à la messe seule avec un cierge à la main. Elle devait ensuite déposer un baiser sur l’étole du prêtre avant d’être aspergée d’eau bénite pour pouvoir rejoindre les autres fidèles. Un autre, cette fois-ci appliqué à Châlons, prescrivait que le prêtre, après avoir officié une messe en l’honneur de la jeune mère, dise “Adjutorium, sit nomen Domini, Oremus” , il bénissait ensuite le pain et le donnait à manger à la future relevée. I l terminait par lui présenter “la paix” à baiser et l’aspergeait d’eau bénite[2].

Durant la période entre l’accouchement et la cérémonie des relevailles, soit pendant quarante jours, la mère était considérée comme impure. Il lui était donc interdit de s’adonner à ses activités habituelles. On considérait en effet qu’elle était porteuse d’une souillure pouvant s’avérer contagieuse[3].

Mais, si cette quarantaine était facilement respectable par les plus riches, elle ne l’était pas pour les plus pauvres, notamment dans les milieux ruraux où il y avait un grand besoin de main d'oeuvre. Cela réduisait donc parfois cette période à une durée de trois jours[4].

Pourtant, en 600, Grégoire le Grand désirait déjà permettre une plus grande souplesse à ce délai de quarante jours, en laissant les jeunes mères se rendre à l’église après l’accouchement si elles le voulaient. Ce n’est qu’en 1140, soit plus de cinq cent ans plus tard, que cet assouplissement fit autorité avec la parution de la première compilation raisonnée du droit canon. Par la suite, en 1234, le pape Innocent II décréta que les jeunes mères pouvaient s’abstenir pendant un certain temps d’aller à l’église si elles le souhaitaient. Si elles faisaient ce choix, elle étaient alors réintroduites par un simple acte de grâce[5].

Cette cérémonie était l’occasion de réjouissance chez les plus humbles comme dans l’aristocratie. De grandes fêtes ont notamment été célébrées dans le cadre des relevailles de la reine d’Angleterre Philippa de Hainaut en 1338. De même en 1377, on organisa des fêtes en l’honneur de la duchesse d’Anjou , Marie de Blois , pour ses relevailles à Toulouse [6].

Le rituel romain de 1614

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Entre 1614 et jusqu’au concile Vatican II , la cérémonie des relevailles était un rituel tourné plus vers la bénédiction de la femme revenant à l’Église que sur sa purification après l’accouchement. Le prêtre se contentait de poser son étole sur la main de la femme et, par ce geste, il lui permettait de revenir participer aux cérémonies religieuses. La femme, qui à cette époque n’avait en général pas l’occasion d’accompagner son enfant lors du baptême, était à nouveau lié à ce dernier grâce au rituel.

Les conséquences de la réforme liturgique de Vatican II

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Lors du concile de Vatican II, qui débuta en 1962 à la demande du pape Jean XXIII et qui prit fin sous le pontificat de Paul VI, une série de réformes liturgiques furent décrétées pour simplifier les rites au sein de l’Eglise catholique, en les rendant ainsi plus accessibles et compréhensibles aux fidèles. Il fallait que ceux-ci soient plus courts, qu’il n’y ait plus de répétitions et qu’on ne doive plus fournir une trop longue série d’explications à leur sujet, tout en conservant leur substance. Cependant, le concile ne donna pas lui-même les détails des changements devant s’opérer dans rites. Il laissa au travail postconciliaire et aux conférences épiscopales le soin de les simplifier.

Après le concile, il fut décidé de supprimer le rituel des relevailles. Il ne subsistera plus de cette cérémonie qu’une modeste bénédiction de la mère, et pour la toute première fois du père, après le baptême de l’enfant.

Les apports du De Benedictionibus

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En 1984, un nouveau livre, le De Benedictionibus , proposera une série de modifications dans la liturgie catholique. Cet ouvrage va apporter une dimension d’avantage moderne des cérémonies, en particulier celles qui concernent les bénédictions familiales. Une liturgie de la Parole, des actions de grâces, le chant du Magnificat, et la bénédiction de la mère avec son enfant font entre autres partie de son contenu. En ce qui concerne les relevailles, ou plutôt ce qu’il en reste depuis le concile de 1962, cet ouvrage propose de grandes réformes, notamment celle d’abolir la cérémonie d’introduction de la mère dans l’église. Aucune indication ne sera donnée à propos du lieu du rite et celui-ci ne sera dorénavant célébré que si la mère n’a pu être présente au baptême du nouveau-né

Références

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  1. Ambrogi PascalRaphael, le sens chrétiens des mots. noms propores et communs du catholicisme,perpignan, tempora, 2008, p. 235.
  2. Gabrien Martin R., le dictionnaire du christianisme. the dictionary of christian words, paris, publibook, 2007, p. 254.
  3. Lemaître Nicole, Quinson Marie-Thérèse et Sot Véronique, dictionnaire culturel du christianisme, paris, cerf, 1994 (nathan), p. 253.
  4. MATHON G., B AUDRY G.H., THIERY E., Catholicisme. Hier. Aujourd’hui. Demain. t.12, Paris, Letouzey et Ané, 1990, p. 767-768
  5. GASCARD A., « La naissance au Moyen-âge d’après des miniatures de manuscrits », dans Revue Archéologique, Quatrième Série t.24, juillet-décembre,1914, p. 289-290.
  6. LEROY Fernand, Histoire de naître. De l’enfant primitif à l’accouchement médicalisé , Bruxelles, De Boeck, 2001, p. 96=97
  7. GASCARD A., « La naissance au Moyen-âge d’après des miniatures de manuscrits », dans Revue Archéologique, Quatrième Série t.24, juillet=décembre,1914, p. 292.
  8. Féron A., Liturgie familiale. La Maison, La Mère, L’Enfant., Paris, Éditions Mariage et Famille, 1934.