Utilisateur:CambronneQc/Brouillon



Controverses :



La bataille de Saint-Charles a été, dès les lendemains de la défaite, source de nombreux débats.  Ceux si se sont concentrés sur la personnalité de Thomas Storrow Brown. Était-il à la hauteur de ses grandes responsabilités de général des forces patriotes? Les événements prouvèrent que non. Disparaissant au début du combat à la recherche d'hypothétiques renforts, plusieurs l'accusèrent de lâcheté. Or, c'était le même homme qui avait été l'un des plus fervents partisans d'une révolte armée et il portait encore les stigmates de sa résistance aux militants anglophones du Doric Club lors de leurs combats de rue contre les Fils de la Liberté à Montréal[1]. C'est d'ailleurs ce prestige des blessures qui lui assure sa position de général. Pas un lâche donc mais complètement ignorant de la chose militaire : il ne prend aucune initiative qui auraient pu transformer Saint-Charles en victoire et disparaît rapidement. L'autre reproche qui lui fut adressé dès 1837 fut à propos de sa consommation problématique d'alcool. Filteau affirme même que le manque de préparation des forces patriotes à Saint-Charles est imputable au temps qu'aurait passé Brown dans les caves à vin du seigneur Debartzch. Il n'était pas le seul choix possible: Alphonse gauvin, Rodolfe des Rivières, Simeon Marchessault étaient disponibles et jouissaient de la confiance des Patriotes présents. Contrairement à Saint-Denis, la bataille de Saint-Charles fut menée par des gens de l'extérieur du village, ne bénéficiant pas de la confiance et du respect des combattants du rang.


Le manque de discernement de Brown

On ne peut comprendre l'état d'esprit régnant en 1837 sans faire une grande place à la confusion et à l'incertitude. Les Patriotes, tout comme les Loyalistes d'ailleurs, ignorent en fait ce qui se passe hors de leur paroisse. Les plus folles rumeurs circulent, les faits les moins avérés prennent soudain valeur d'évangile dans le brouillard qui englobe les actions des protagonistes. Brown par exemple entend avec la plus grande surprise qu'on l'accuse d'avoir fui avec l'argent du parti patriote alors qu'il arrive blessé à Saint-Denis[2]. Dans cette confusion, la tâche du chef est de démêler le vrai du faux et il semble que Brown, affaibli par le passage à tabac récemment subi aux mains de du Doric Club, n'y soit pas parvenu. Surpris par les troupes britanniques alors qu'il s'occupe de la cuisson du pain, il ne se montre pas à la hauteur des circonstance[3].

L'ordre perdu

Il faut également souligner l'existence d'un ordre de Lord Colborne visant à annuler la bataille. Cet ordre, envoyé de Montréal par estaffette est intercepté par les guetteurs patriotes qui essaiment la campagne insurgée. Inquiet du sort de la brigade de Wetherall, isolée en plein territoire insurgé et sans possibilité de retraite en cas de défaite comme à Saint Denis. Cette crainte était militairement entièrement justifiée quand on prend en compte le rassemblement patriote de Pointe Olivier, sur les arrières de la brigade. L'ordre ne parviendra jamais à destination, Wetherall prenant sur lui d'attaquer. La victoire décisive britannique aurait ainsi pu être évitée sans la vigilance de quelques patrouilles patriotes.[4][5] Si les Patriotes ne l'avaient pas intercepté, ou s'ils avaient eu l'intelligence de le laisser passer, les forces britanniques se seraient repliées sans anéantir le centre logistique et militaire des Patriotes à Saint-Charles. Elles se seraient heurté aux forces patriotes regroupées à la Pointe-Olivier, où Édouard-Élisée Malhiot avait disposé près de 1000 combattants en embuscade. Une victoire aurait été possible, la destruction de cette brigade mobile britannique ôtant à Colborne la capacité d'aller ravager Saint-Eustache et la rive nord de Montréal.



  1. Laporte, Gilles, 1961- auteur., Brève histoire des patriotes (ISBN 978-2-89448-817-1 et 2-89448-817-3, OCLC 910984979, lire en ligne), p. 180
  2. L.-O. David, Les patriotes de 1837-1838, Lux, (ISBN 978-2-89596-050-8 et 2-89596-050-X, OCLC 141838424, lire en ligne), p. 140
  3. Elinor Kyte Senior, Les habits rouges et les patriotes, VLB, (ISBN 2-89005-665-1 et 978-2-89005-665-7, OCLC 37981794, lire en ligne), p. 137
  4. Senior, Elinor Kyte., Les habits rouges et les patriotes, VLB, (OCLC 645773419, lire en ligne), p. 134
  5. Gérard Filteau, Histoire des Patriotes, Septentrion, (ISBN 2-89448-341-4, 978-2-89448-341-1 et 978-2-89448-350-3, OCLC 52410854, lire en ligne), p. 338