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Présentation

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Incendies est le deuxième volet de la tétralogie Le Sang des promesses amorcée avec Littoral en 1997 et qui sera suivi par Forêts et Ciels. L'œuvre est écrite au cours de répétitions avec une troupe de comédiens. Selon plusieurs sources, les diverses personnalités de la troupe auraient fortement influencé celle de plusieurs personnages. Cependant, l’influence de la vie de l’auteur sur son œuvre est manifeste, notamment en ce qui concerne l’impact de l’expérience de réfugiés de guerre que Wajdi Mouawad vécut dans sa jeunesse.

Cette pièce contemporaine s’illustre par un récit d’actualité, inspiré notamment de la vie de Souha Bechara, une militante libanaise. Ses racines puisent cependant dans la tragédie antique, plus spécifiquement dans le mythe d’Œdipe, ce qui fait d’Incendies une œuvre complexe jouant à différents niveaux.

De plus, Wajdi Mouawad affirme avoir eu une sorte de révélation pour Incendies. C'est lors d'une rencontre avec la photographe québécoise Josée Lambert que cela s'est produit. Elle a beaucoup photographié le sud du Liban, partie que Mouawad n'avait jamais visité. Elle lui dit qu'il y a certaines photos qu'elle n'osait pas prendre, car elle se méfiait de ce que les autres pouvaient en faire. Elle est remplie de photos «invisibles», qui «ne vivent que dans ses yeux». Par exemple, elle lui apprit l’existence de la prison de Khiam, inspiration pour la prison Kfar Ryat de sa pièce. Wajdi Mouawad avait comme idée de représenter ces images invisibles dont Josée parlait. De faire vivre ses souvenirs. Josée Lambert lui raconte un témoignage sur une femme à cette prison qui a été torturée devant sa propre fille pour que les soldats sachent où étaient cachés ses petits-fils. La femme dit avoir soudainement regardé son bourreau droit dans les yeux et lui aurait dit: «Regarde-moi. Comment peux-tu faire ça? Je pourrais être ta mère». En une fraction de seconde, Wajdi Mouawad dit avoir été frappé pas d'une idée, mais d'une sensation. Le récit lui serait donc apparu avec la pensée que chaque bourreau qui agresse une femme peut de près ou de loin agresser sa propre mère. S'en ai suivi des répétitions avec les comédiens pour définir le reste de l'histoire, car Wajdi Mouawad utilise beaucoup l'aide de ses comédiens pour guider ses textes et ses spectacles. [1]

Tétralogie de Wajdi Mouawad

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La tétralogie de Wajdi Mouawad nommée Le Sang des Promesses, est composée de ses pièces Littoral en 1997, Incendies en 2003, Forêts en 2006 et Ciels en 2009. Ces quatre pièces sont liées par les promesses de sang. Le sang dans la cruauté et sang dans la famille. Elles sont indépendantes les unes des autres, mais partagent un univers qui se veut cohérent. Chaque pièce représente un des quatre éléments: Littoral (l'eau), Incendies (le feu), Forêts (la terre) et Ciels (l'air). Wajdi Mouawad à un rapport très fort avec le mythe et l'Antiquité dans ses œuvres. Entre autres, le mythe d’œdipe dans Œdipe Roi et Antigone de Sophocle qui sont bien présent dans sa tétralogie, surtout avec Incendies et Littoral. En effet, son personnage de Nihad est en quelque sorte à l'image d’œdipe, c'est-à-dire un homme qui ne peut échapper à son destin tragique. Dans le cas de Sophocle, son personnage assassine son père, mari sa propre mère et lui fait des enfants. Pour Mouawad, Nihad, abandonné à la naissance, retrouve sa mère sans le savoir et devient son bourreau. Tout comme Œdipe, il lui fera des enfants. C'est un peu la même idée avec ses personnages de Wilfrid et Joséphine dans Littoral et Antigone. D'abord, Wilfrid cherche un endroit pour enterrer son père ce qui rappelle la quête d'Antigone. Pour Joséphine, dans la pièce elle mémorise le nom de tous ceux qui n'ont pas eu le droit à la sépulture dû à la guerre et du manque de place. Elle est en quelque sorte porteuse de la loi morale tout comme Antigone, qui entreprend malgré l'ordre du roi, son oncle, de tenter une cérémonie funeste à son frère Polynice, pour qu'il puisse reposer en paix dans le monde des morts. Joséphine est alors une lueur vagabonde et autosuffisante apportant solution au malheur du monde par la vertu de la protection de la mémoire collective. Étant d'origine libanaise, les thèmes de l'Orient, le Liban et la guerre sont des inspirations importantes chez lui. Par exemple, la guerre dans laquelle le personnage de Nawal tente de retrouver son fils dans Incendies et l'Orient, où le personnage de Wilfrid tente de convaincre un juge de pouvoir ramener le corps de son père dans son pays natal. Les œuvres de la tétralogie sont en quelque sorte reliées par des promesses faites aux morts. Wilfrid pour son père, Jeanne et Simon pour leur mère et Loup pour sa mère aussi.

Thèmes principaux

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Plusieurs thèmes sont abordés dans la pièce. D'ailleurs, ces mêmes thèmes sont souvent présents dans toutes les œuvres de Wajdi Mouawad, surtout dans sa tétralogie. Tout d'abord, le thème de la guerre. La pièce, ayant recourt à des analepses, retourne dans le passé, au Liban, où a lieu une guerre. C'est à travers celle-ci que Nawal va tenter de retrouver son fils et dans celle-ci qu'elle va le retrouver. C'est dans ce contexte aussi que celui qu'elle a tant cherché va devenir son bourreau et éventuellement la raison de son silence jusqu'à sa mort. La guerre au sens propre, mais aussi la guerre intérieure. Nawal est déchirée entre l'amour pour son premier fils et sa haine pour ce qu'il lui a fait vivre. De plus, la guerre intérieure entre les jumeaux Jeanne et Simon. Ils sont eux-mêmes en conflit intérieur à l'idée d'accomplir les volontés de leur mère, après qu'elle fasse le choix de ne pas leur avoir parlé, par pacte de silence, pendant des années. S'en suit, de la guerre intérieure qu'ils ont après avoir appris qu'ils étaient en réalité des enfants nés d'un viol, puis d'apprendre qu'il s'agissait d'un viol incestueux.

Ensuite, un autre thème important est celui de la violence. Il s'agit d'un autre thème important pour Wajdi Mouawad. Il traite de la violence au sein d'une société, au sein d'une famille et d'un couple. Par conséquent, il ne cherche pas exposer cette violence. Lorsqu'il était en processus de création pour Incendies, il n'avait pas en tête ce thème. C'est une fois le processus complété qu'il s'est posé la question de la violence. Wajdi Mouawad affirme qu'il ne faut pas se poser la question de la violence avant de l'avoir raconté et de l'avoir fait resurgir.

De plus, il utilise beaucoup le thème de la famille dans ses œuvres. C'est le cas dans sa tétralogie au complet. D'abord avec Littoral, qui met en scène Wilfrid, qui cherche un lieu pour enterrer son père, et dans le processus en apprend sur sa famille et sur ses origines. Dans Incendies, qui montre Jeanne et Simon, deux jumeaux, effectuer les dernières volontés de leur défunte mère, qui est de retrouver leur père et leur frère. Dans la pièce, tout comme dans Littoral, ils apprennent de troublantes choses sur leur famille et origines. La question de la famille est aussi présente dans le troisième livre, Forêt. Dans la pièce, «Loup cherche à élucider, suite au décès de sa mère, le secret qu’elle portait en elle»[2]. Dans le cas de Ciels, c'est différent, car l'auteur souhaitait contredire ses propos présentés dans les trois livres précédents.

Puis, sans doute le thème du Moyen-Orient. Les origines libanaises de Mouawad ne sont pas mises de côté, elles font partie de lui. Sa tétralogie n'en fait pas exception en débutant avec Littoral et cela se poursuit avec Incendies. Les histoires se déroulent souvent en parallèle avec le Québec et un pays de l'Orient. C'est ce que l'on constate dans Incendies entre le présent des jumeaux et le passé de Nawal. Les témoignages et les expériences qu'il a entendues et vécues sont au cœur de sa plume. Le témoignage dont lui a fait part la photographe Josée Lambert en est un exemple parfait. Il prend ce qu'il l'inspire dans ses racines et origines, puis créer avec cette idée.

Représentations

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Wajdi Mouawad a une façon très précise de monter ses spectacles. Son travail de répétitions et de construction de personnages sollicite beaucoup les acteurs. Il n'écrit pas toutes les répliques d'emblée, car il fait confiance à l'acteur pour développer le texte et le personnage. Il dit: «Je me suis rendu compte que je dois davantage penser au spectacle qu'au texte». Ses spectacles sont l'effort de plusieurs rencontres et de consultations à prime à bord.

Incendies a été montée plusieurs fois sur les scènes québécoises. Entre autres, sur les planches du Théâtre de Quat' Sous à Montréal en 2004, le Théâtre du Nouveau Monde à Montréal en 2006 et le Théâtre du Trident à Québec en 2018.

Le spectacle a été produit du 12 avril au 22 mai 2004. La mise en scène, d'une durée de 3 heures, fut prise en charge par l'auteur lui-même, Wajdi Mouawad.

Distribution:

Concepteurs:

La pièce a été jouée du 31 octobre 2006 au 25 novembre 2006. Quelques supplémentaires ont été ajoutées par la suite, les 28,29 et 30 novembre 2006, ainsi que les 1er et 2 décembre de la même année. Une tournée a eu lieu du 26 janvier 2007 au 20 février 2007. La mise en scène est une fois de plus une signature de Wajdi Mouawad avec l'assistance à la mise en scène d'Alexandre Brunet, qui sera ensuite remplacé par Alain Roy pour les dates ultérieures. La pièce était une présentation du Théâtre Abé carré cé carré et une création du Théâtre de Quat’ Sous.

Distribution:

  • Isabelle Roy : Nawal 14 ans.
  • Richard Thériault : Hermile Lebel et plusieurs personnages.

Concepteurs:

La production de Québec a été jouée du 6 mars 2018 au 31 mars 2018. Le spectacle est d'une durée de 2 heures et vingt minutes sans entracte. La mise en scène sera cette fois entre les mains de Marie-Josée Bastien avec l'assistance à la mise en scène de Joée Lachapelle. Aucune supplémentaire n'a été ajoutée dans la capitale québécoise.

Distribution:

Concepteurs:

Critiques

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Incendies a été vu par des milliers de spectateurs dans ses nombreuses représentations dans les théâtres au Québec, mais aussi par plusieurs critiques. Les opinions de ceux-ci divergent selon le théâtre dans lequel ils ont assistés à la pièce, mais de même que la distribution.

Théâtre de Quat' Sous
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  • «Enfin, la petite scène du Quat' Sous ne me semblait pas du tout appropriée à un texte qui mériterait un déploiement scénographique plus imposant. On peut bien tenter de nous faire croire que les étendues nord-africaines peuvent entrer dans une case, ici, ça ne marche pas.» - Étienne Bourdages [6]

Théâtre du Trident

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  • «Bien rythmé, ce ballet pour 10 acteurs se déploie dans un décor traversé d’une passerelle et échafaudé dans un enchevêtrement de chaises et d’objets chinés, qui s’éparpillent pour créer un environnement de plus en plus chaotique à mesure que se déploie cette fresque familiale tordue.» - Geneviève Bouchard[7]
  • «Le jeu des acteurs s’avère ici crucial pour faire honneur à ce texte costaud, bouleversant et pas nécessairement facile. On peut dire que la troupe dirigée par Marie-Josée Bastien ne faillit pas à la tâche.»- Geneviève Bouchard.[8]

Références

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  • Jardon-Gomez, F. (2013). «Mémoire présenté à la faculté des études supérieures et postdoctorales», Un tragique de l'ébranlement: usages et enjeux de la catharsis dans Le sang des promesses (Littoral, Incendies, Forêts, Ciels) de Wajdi Mouawad. https://papyrus.bib.umontreal.ca/xmlui/bitstream/handle/1866/10702/Jardon-Gomez_Francois_2013_memoire.pdf?sequence=4&isAllowed=y[9]
  • Mouawad, W. (2009). Incendies. « Le sang des promesses /2 ». Montréal: Éditions Nomades.
  • Davez Libeta, G. (2016). «Thèse de doctorat. Littérature française et civilisations comparées», Forme et sens dans la tétralogie de Wajdi Mouawad: lecture du thème de la transmission de la mémoire. https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01539356/document[10]
  1. « Wajdi Mouawad sur la question de la violence dans Incendies » (consulté le )
  2. Caroline Jouffre, « Forêts Wajdi Mouawad. Dossier pédagogique », CRDP Académie de Versailles. Maison de l'éducation Yvelines,‎
  3. « BAnQ numérique », sur numerique.banq.qc.ca (consulté le )
  4. « MonTheatre.qc.ca - Quat'Sous - Incendies », sur www.montheatre.qc.ca (consulté le )
  5. « Incendies », sur Le Théâtre du Trident (consulté le )
  6. Étienne Bourdages, « L’épreuve du sang : incendies », Jeu : revue de théâtre, no 109,‎ , p. 130–133 (ISSN 0382-0335 et 1923-2578, lire en ligne, consulté le )
  7. « «Incendies»: toujours brûlant de pertinence », sur Le Soleil, (consulté le )
  8. « «Incendies»: toujours brûlant de pertinence », sur Le Soleil, (consulté le )
  9. François Jardon-Gomez, « Un tragique de l’ébranlement : usages et enjeux de la catharsis dans Le Sang des promesses (Littoral, Incendies, Forêts, Ciels) de Wajdi Mouawad [en ligne] », Département des littératures de langue française Faculté des arts et des sciences de l'Université de Montréal,‎ août, 2013
  10. Galbert Davez Libeta, « Formes et sens dans la tétralogie de Wajdi Mouawad: lecture du thème de la transmission de la mémoire. [en ligne] », Thèse de doctorat. Littérature française et civilisations comparée,‎