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LE MASSACRE DE LA CASCADE DU BOIS DE BOULOGNE LE 16 AOÛT 1944[1]

Les 35 jeunes résistants qui avaient pour double objectif la recherche d'armes et l'élimination du poste allemand installé près du pont de Choisy le Roi au sud de Paris furent trahis par un homme : Alexandre de MARCHERET, dit Guy Glebb d'Eu de Marcheret, Alexandre ou Capitaine Jack.

La trahison[2]

Peu avant l'opération sur le poste allemand, Marcheret entre en contact avec des responsables de la Résistance dont Guy HEMERY et Jacques BERNARD grâce à deux résistants rencontrés auparavant : l'abbé BORNE et Sabine ZLATIN dit Jeanne. Un rendez-vous est pris porte Maillot à Paris le 16 août à 11 h. Trois camions attendent les résistants mais l'un partira très vite car le conducteur a aperçu des soldats allemands. Les 35 autres résistants sont arrêtés par les Allemands puis envoyés rue des Saussaies où ils sont effroyablement torturés. Seule la jeune Michèle BOURSIER dit Diane qui les accompagne est libérée par un officier allemand. Les 35 résistants sont ensuite amenés le soir du 16 août à la cascade du bois de Boulogne puis ils sont assassinés l'un après l'autre, notamment à la mitraillette.

Le massacre de la cascade du bois de Boulogne le 16 août 1944 (l'épisode de la mort des 35 jeunes résistants est relatée dans le film "Paris brûle-t-il ?") a été l'un des principaux facteurs qui ont encouragé les chefs de la Résistance à ordonner - plus rapidement que prévu - le déclenchement de l'insurrection de Paris.

Alexandre de MARCHERET[3] [4]

Journaliste né à Moscou le 24 juillet 1914, Alexandre de MARCHERET est le fils d'un russe d'ascendance française. Arrivé en France avec sa mère en 1927, il est mobilisé puis fait prisonnier par les Allemands en 1940. Il est ensuite libéré puis, par l'entremise d'un individu homosexuel comme lui appelé Philippe de BELLUNE dit "Patchiko", il entre en contact avec un officier allemand (Wilhelm). A partir de 1941, il collabore avec la Gestapo sous les ordres de Karl REHBEIN qui se fait appeler Charles Porel ou Capitaine Charles. Son supérieur hiérarchique à la Gestapo est le Dr KLAY.

MARCHERET en se faisant notamment passer pour un agent de l'Intelligence Service britannique avait réussi à gagner la confiance d'un certain nombre de responsables de la Résistance. Ainsi Jacques BERNARD fusillé à la cascade en compagnie de son jeune frère Roger avait-il confié à sa jeune épouse Juliette qu'il y avait vraisemblablement un traître parmi ses contacts en raison du nombre excessivement élevé d'arrestations et de disparitions inexpliquées. Outre le grand nombre de résistants qu'il a fait livrer à la Gestapo (au moins une centaine), MARCHERET a fait arrêter 64 aviateurs et parachutistes alliés (surtout britanniques, américains et australiens). Ainsi le capitaine de la Royal Air Force, James STEWART, déporté à Büchenwald. Les aviateurs et paras alliés qui furent livrés à la Gestapo par MARCHERET et sa principale complice Mme LALLIER étaient généralement logés provisoirement au 20, boulevard de Sébastopol à Paris.

Yvonne PROVIN, épouse LALLIER, était l'une des principales collaboratrices de MARCHERET : ex-secrétaire d'un directeur de Cabinet, très intelligente, instruite et polyglotte, elle travaille - comme indicatrice de la police allemande - sous les ordres du Dr KLAY; Après la fin des combats, elle sera condamnée à mort. Peine réduite par la suite à 20 ans de travaux forcés. Autre collaboratrice de MARCHERET : Mme LEMAIRE-BILLIEZ dont l'officier traitant était un certain YEVREMOVITCH alias "Draga". Parti rapidement à la fin du mois d'août en Allemagne en compagnie de la baronne Mabel de FOREST (1ère épouse du célèbre joueur de tennis, Jean BOROTRA), celui-ci n'a jamais été semble-t-il retrouvé contrairement à d'autres comme, en particulier, Karl REHBEIN emprisonné près de Paris puis libéré deux ans plus tard. Les tribunaux avaient alors jugé que, comme officier allemand, il avait toujours nécessairement agi sur ordre.

Arrestation et mort d'Alexandre de MARCHERET[5]

MARCHERET quitte la France à la fin août avec le Dr KLAY et leur collaboratrice Mme LALLIER. Il est arrêté au Danemark par les Américains qui le remettent ensuite, le 25 octobre 1945, à la disposition des Autorités françaises. Incarcéré à la prison de Fresnes, il est condamné à mort le 2 avril 1949 puis fusillé avec un autre détenu au fort de Montrouge le 20 décembre 1949. La mort d'Alexandre de MARCHERET a été contestée pendant un certain temps par quelques anciens responsables de la Résistance dont en particulier Albert OUZOULIAS dit le colonel André (FTP) en raison principalement de la confusion liée à deux pseudonymes : les capitaines Jack (MARCHERET) et Charles (Karl Rehbein). La mort de MARCHERET est toutefois confirmée par un rapport du Tribunal militaire de la caserne de Reuilly après l'exécution à 8h36 des co-détenus, en présence du commissaire du Gouvernement, M. LANGLOIS, et du chef d'Etat-Major de la Place de Paris, le colonel BOUQUET. Ce rapport ainsi que l'Acte de décès sont conservés à l'Hôtel de ville d'Arcueil près de Paris. Les rapports des experts psychiatres qui ont examiné MARCHERET font état d'un personnage très intelligent, polyglotte, homosexuel, mythomane, amoral et pervers.

Mabel de FOREST, épouse BOROTRA[6]

Après le massacre de la cascade, elle est partie en Allemagne avec l'agent de la Gestapo appelé Draga. Sans doute pour rejoindre le Dr KLAY dont elle était une amie et aussi vraisemblablement Hildegarde de RETH, une espionne allemande. Condamnée à mort par contumace, elle se réfugie en Suisse en 1946. L'ordre donné au plus haut niveau de l'Etat aux services français de la DGER puis du SDECE de l'éliminer physiquement ne fut jamais exécuté. Enfin, bénéficiant d'une amnistie Mabel de FOREST se constitue prisonnière le 3 mai 1952. Après quoi elle sera rapidement libérée.

Jean BOROTRA (grand joueur international de tennis - l'un des quatre fameux "Mousquetaires")[7]

Polytechnicien, secrétaire d'Etat aux Sports sous le régime de Vichy, Jean BOROTRA fut arrêté par les Allemands en 1943 alors qu'il cherchait à rejoindre l'Espagne. Déporté, il sera libéré en 1945 puis divorcera de Mabel de FOREST en 1948.

Les 35 fusillés de la Cascade[8]

François BELLENGER dit Bizet 21 ans, responsable militaire de la région parisienne des Jeunes chrétiens combattants (JCC) ; Jacques BERNARD dit Colbert, dit Burdeau 24 ans, commandant OCM (Organisation Civile et Militaire), arrêté trois fois par les Allemands, évadé trois fois ; Roger BERNARD 20 ans, membre de l'OCMJ ; Charles BIRETTE 47 ans, membre depuis 1942 de Résistance Fer ; Pierre BEZET 18 ans, membre du bataillon Hildevert (SOE britannique) ; Henri BLANCHET 28 ans, capitaine FFI principal responsable du groupe FFI-FTP de Chelles (77) ; Paul BOUCHAILLOT . Claude BOUVELLE ; Robert CHALARD ; Raymond COUNIL 21 ans, FFI-FTP de Chelles ; Jacques DELPORTE 17 ans, FFI-FTP de Chelles ; Jean DESFARGES, JCC ; Marcel DOURET, gardien de la paix, résistant d'un groupe du Mouvement de Libération Nationale MLN), assure les "planques" d'aviateurs alliés ; Jean-Pierre DUDRAISIL-ELIE 21 ans, JCC ; René FAUGERAS, FFI-FTP de Chelles ; Bernard GANTE, gardien de la paix, MLN, assure les "planques" d'aviateurs alliés ; Jean GAY, JCC ; Maurice GUILBERT 28 ans, FFI-FTP de Chelles ; Guy HEMERY 21 ans, OCMJ, arrêté et emprisonné à Toulouse en 1942, évadé en octobre 1943 ; Frank HEMON 23 ans, FFI-FTP de Chelles ; Michel-Henri HUCHARD 21 ans, JCC ; Georges LORIOZ . Robert MAGISSON 19 ans, lieutenant FFI ; Jacques RESTIGNAT 18 ans, JCC ; Pierre ROUILLON 20 ans, HEC, responsable de la société Saint-Vincent de Paul de la paroisse Saint-Marcel (Paris XIII), JCC ; Pierre SARRABEYROUSSE 18 ans, JCC ; Jacques SCHLOSSER 22 ans, FTP Chelles ; Arthur de SMET 20ans, FFI-FTP ; Maurice THIBAIRENCQ 19 ans, FFI-FTP Chelles ; Georges TRAPLETTI, FFI-FTP Chelles ; Luigi VANNINI 45 ans, FFI-FTP Chelles ; Roland VERDEAUX 19 ans, FFI-FTP ; Gabriel VERDIER 42 ans, FFI-FTP Chelles ; Jean VERON 24 ans ; Pierre WECZERKA 24 ans FFI-FTP Chelles.


  1. Ministère de la Culture, Archives de France mars 1993
  2. Catherine EHREL, « La veuve du lieutenant FFI », Le Nouvel Observateur,‎
  3. Ministère de la Culture, Archives de France mars 1993
  4. Juliette BERNARD, ex-officier d'Etat-Major DTAI/Lourcine
  5. Ministère de la Culture, Archives de France mars 1993
  6. Ministère de la Culture, Archives de France mars 1993
  7. Ministère de la Culture, Archives de France mars 1993
  8. Mairie de Paris, Direction Générale de l'Information et de la Communication juillet 2004